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1368 résultats pour “grand prix des lectrices

Une année à la campagne de Sue HUBBELL

Publié le par Hélène

                             

♥ ♥ ♥ ♥

Comme le dit J.M.G LE CLEZIO dans la préface :

voici un livre complet.

   

L’auteur :

Sue Hubbell était bibliothécaire et biologiste avant de tout quitter avec son mari pour les Ozarks, une région montagneuse au sud est du Missouri. Là, loin de la société de consommation qu’ils réprouvent, ils  vivent du produit de leurs ruches. Quelques années plus tard, son mari la quittera et c’est désormais seule qu’elle évoluera dans le monde des « fervents de la vie simple ».

L’histoire :

Sue Hubbell vit depuis douze ans dans sa ferme aux abeilles quand elle commence ce récit. Elle nous fait partager une année de sa vie (d’où le titre…), saisons après saisons. 

Ce que j’ai aimé :

-       L’harmonie avec la nature : Sue Hubbell respecte et admire le monde qui l’entoure, du coyote au serpent venimeux en passant par les parasites et les moustiques. Elle nous apprend à comprendre le cercle de la nature, cercle dans lequel les humains ont un rôle particulier à jouer, puisqu’ils sont les seuls nantis d’un cerveau

« qui me permet de m’apercevoir que lorsque je manipule et modifie n’importe quelle partie du cercle, il y a des répercussions sur tout l’ensemble. » (p. 106)

 

-       L’humilité de Sue Hubbell : humilité presque socratique :

« Pendant ces douze années, j’ai appris qu’un arbre a besoin d’espace pour pousser, que les coyotes chantent près du ruisseau en janvier, que je peux enfoncer un clou dans du chêne seulement quand le bois est vert, que les abeilles en savent plus long que moi sur la fabrication du miel, que l’amour peut devenir souffrance, et qu’il y a davantage de questions que de réponses. » (p. 22)

-       L’hymne à la vie

« Nous sommes toutes deux [l’araignée tisseuse de toiles et Sue] des amalgames animés de produits chimiques communs à tous les êtres vivants : carbone, hydrogène, oxygène, azote, soufre et phosphore. Toutes deux sommes confrontées à une série de problèmes posés par notre chimie et notre sensibilité propre, entre autres comment grandir et comment gagner notre vie. Ce sont là de grandes questions et comme c’est souvent le cas avec les Grandes Questions, nous avons trouvé des réponses différentes. (…)

Vivre dans un monde où les réponses aux questions peuvent être si nombreuses et si valables, voilà ce qui me fait sortir du lit et enfiler mes bottes tous les matins. » (p. 85)

Ce que j’ai moins aimé :

-       Absolument rien.

Premières phrases :

« Le mur sud de mon chalet est occupé par trois grandes baies qui vont du sol au plafond. J’aime être assise au creux du fauteuil en cuir marron, dans le crépuscule des soirées d’hiver, à regarder les oiseaux voleter autour de la mangeoire installée en travers des fenêtres. »

Vous aimerez aussi :

Un été prodigue de Barbara KINGSOLVER

 

Merci à Bénédicte qui fut la première à m’avoir fait découvrir ce sublime récit. Un autre avis chez Keisha, aussi enthousiaste que moi…

Une année à la campagne, Sue HUBBELL, Gallimard, Sept. 1988, 248 p.

POCHE : Une année à la campagne, Sue HUBBELL, Folio, juin 1994, 259 p., 5,60 euros   

TAGS : Littérature américaine - Nature - Solitude

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Juste après la pluie de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

                                                  

 

♥ ♥ 

« La vie est un voyage infâme sur le dos d’une bulle d’air

C’est fou ce que ça brille une larme. » (p. 243)

 

L’auteur :

http://etc-iste.blogspot.fr/

 

L’histoire :

« Songer, certains dimanches de grands vents pleins de poussières et de lumière, à s’ouvrir le ventre du sol au plafond. Pour aérer à l’intérieur ». C’est par ces mots que commence Juste après la pluie.

Tandis que d’autres s’étirent et ouvrent les volets Thomas Vinau, depuis longtemps, écrit de la poésie. Chaque matin.

Après Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (2011), Ici ça vaet Le Bric à brac hopperien, (2012) voici donc, écrit dans la même veine que les romans, un gros livre de petits poèmes conçu comme un livre d’usage et de combat pour tous les jours. Un livre qui caresse, tempête et tient tête.

« Je défends une poésie sans chichis, une poésie du présent. Je veux qu’elle dise cet au-delà de nous, qu’elle écope cet essentiel, ce qu’il nous reste après la tempête et les mensonges, mais sans grands gestes. Je travaille beaucoup sa simplicité. Elle doit sentir l’odeur de chaque matin, être comme ces nuages suaves et sombres formés par des milliers d’oiseaux dans l’automne. » (Présentation de l’éditeur)

 

Mon avis :

Thomas Vinau prône une poésie de l’infime, du quotidien dans lequel il ne se passe pas grand-chose si ce n’est une femme qu’on aime, un enfant qui s’amuse et la pluie qui tombe sur le monde et sur nos espoirs et désillusions.

« Je défends une poésie sans chichi, sans lyrisme excessif, une poésie du présent. » (p. 271)

Continuer

« Beaucoup de choses

Se bousculent en moi

Beaucoup de colère

Et d’amour

De la peur aussi

Bien sûr

Cette tendresse

De prédateur

Cette impression de vivre

Comme un ciel d’orage

Orange

Balafré de soleil. » (p. 24

Recyclage

« Je me sers

D’un toboggan d’enfant

Comme chaise longue

Je me sers

De l’herbe haute

Comme déodorant

Je me sers

Du ciel foutraque

Comme cahier de brouillon. » (p. 147)

Mais il est très difficile de dire l’infime,  et quelquefois un éclat de magie transparait entre les lignes, mais quelquefois aussi le poème tombe à plat, trop banal pour être noté.

A flirter avec la simplicité, on risque de rencontrer la médiocrité, tant la frontière est ténue.

Un recueil que je qualifierais donc d'inégal, je n'ai pas été totalement charmée par cette poésie chantre de la simplicité.

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Nos cheveux blanchiront avec nos yeux Ici ça va  ; Bric à brac hopperien  

Autre : les livres de Christian Bobin :  Les ruines du ciel  La part manquante  ; L’homme-joie Eloge du rien  ; La dame blanche 

 

D’autres avis :

Antigone ; Nadael ; Aifelle

 

Juste après la pluie, Thomas Vinau, Alma éditeur, 2014, 281 p., 17 euros

 

tous les livres sur Babelio.com

Publié dans Poésie française

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Meursault contre-enquête de Kamel DAOUD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"La mère, la mort, l'amour, tout le monde est partagé, inégalement, entre ces pôles de fascination."

Ce que j'ai aimé :

Haroun est le frère de "l'arabe" tué par Meursault dans le célèbre roman de Camus. Ayant vécu dans l'ombre de ce grand frère disparu, il souhaite redonner un nom à celui qui n'était pas seulement "l'arabe", mais Moussa, mort sur une plage ensoleillée. Hantant les bars, ce vieil homme rencontre "un jeune universitaire à l'oeil sceptique" à qui il va raconter son histoire et celle de son frère. Lui aussi est étranger au monde et à lui-même, condamné comme son frère à n'être qu'un "arabe" à cause de l'histoire torturée de son pays l'Algérie et de ses rapports avec la France.

 "Ce détail est un incommensurable mystère et donne le vertige, quand on se demande ensuite comment un homme peut perdre son prénom, puis sa vie, puis son propre cadavre en une seule journée. Au fond, c'est cela, oui. Cette histoire - je me permets d'être grandiloquent - est celle de tous les gens de cette époque. On était Moussa pour les siens, dans son quartier, mais il suffisait de faire quelques mètres dans la ville des Français, il suffisait du seul regard de l'un d'entre eux pour tout perdre, à commencer par son prénom, flottant dans l'angle mort du paysage." p. 72

La guerre d'Algérie couplée à la mort de son frère ont fait basculer Haroun qui ne peut qu'interroger le monde qui l'entoure et cet homme qu'il rencontre un soir de désoeuvrement dans un bar. Que siginifie notre présence au monde, quel sens lui donner ? La religion ? Comme Camus, il refuse sa facillité "La religion pour moi est un transport collectif que je ne prends pas. J'aime aller vers ce Dieu, à pied s'il le faut, mais pas en voyage organisé." p.76

Il interroge ses liens à sa terre, sa relation à la mère, le traumatisme de la mort du frère, les femmes qui passent, font semblant de s'arrêter, prennent la fuite, plus volatiles que la plus infime des fumées. Il interroge le mystère de la vie et cherche une identité.  

"Pardonne au vieillard que je suis devenu. c'est d'ailleurs un grand mystère. Aujourd'hui je suis si vieux que je me dis souvent, les nuits où les étoiles sont nombreuses à scintiller dans le ciel, qu'il y a nécessairement quelque chose à découvrir quand on vit aussi longtemps. Autant d'efforts à vivre ! Il faut qu'au bout, nécessairement, il y ait une sorte de révélation essentielle. Cela me choque, cette disproportion entre mon insignifiance et la vastitude du monde. Je me dis souvent qu'il doit y avoir quelque chose, quand même, au milieu, entre ma banalité et l'univers !" p. 147

La frontière entre fiction et réalité devient floue, la puissance littéraire de Kamel Daoud agit comme par magie. Puissance de l'idée de ce premier roman, puissance du style, puissance des mots qui signifient au-delà des frontières temporelles et géographiques, puissance des fantômes qui hantent les vivants, puissance de lecture...  Un grand roman !

Ce que j'ai moins aimé :

- rien.

Présentation de l'éditeur :

Actes sud

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le Minotaure 504

Autre : L'étranger de FERRANDEZ d'après l'oeuvre de Albert Camus

D'autres avis :

Marilyne, Jérome, Luocine

Merci à Valérie et aux autres acolytes du salon du livre pour ce beau conseil !

 

Meursault contre-enquête, Kamel Daoud, Actes sud, 2014, 19 euros

 

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La recette magique de tante Palma de Francisco AZEVEDO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Quels sont les ingrédients pour une famille unie ?

L’auteur :

 Romancier, dramaturge, scénariste et poète, Francisco Azevedo (Rio de Janeiro, 1953) a aussi travaillé pour le cinéma et la télévision. Nombre de ses pièces de théâtre - Unha e carne, Coraçao na boca, A casa de Anais Nin- ont connu un grand succès. O arroz de Palma (La recette magique de tante Palma), son premier roman, est un best-seller au Brésil. (Source : babélio)

 

L’histoire :

  Tante Palma était une sorte de mère. C'est la première féministe que j'ai connue. Elle disait que "célibataire" n'était pas un état civil mais un état de grâce. »

Au beau milieu de la grande cuisine familiale de la fazenda, Antonio attend l'arrivée de son arrière-petit-fils. Son esprit s'envole, les souvenirs l'assaillent. Tante Palma surgit.
Jeune, audacieuse, indépendante, elle captive ses neveux et nièces. Un véritable théâtre à elle seule, créant chaque jour la surprise. À commencer par cet étrange cadeau de mariage qui rythmera les joies et désespoirs de toute la famille sur quatre générations : le riz ramassé sur le parvis de l'église, le jour du mariage de José et de Maria Romana. Qui aurait pu imaginer que, presque cent ans plus tard, leur fils Antonio serait encore en train de cuisiner ce riz aux vertus saisissantes... (Source : éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 Pour faire une famille, il faut savoir être un cuisinier hors pair tant l'alliance des ingrédients est délicate. Antonio l'a bien compris, lui qui a été attentif toute sa vie à sa famille et à son union ou désunion. A quatre vingt huit ans, il se souvient de ses efforts, et évoque avec tendresse et bienveillance sa tante Palma, pilier de la famille, philosophe et magicienne à ses heures. 

« Ce que je peux dire, moi, cuisinier vétéran, c’est que, même si cela manque d’inspiration, même si cela est insipide, la famille est un plat que vous devez tenter de faire et de goûter. Si vous pouvez le savourer, savourez-le. »

 « Créateurs de nous-mêmes, nous nous inventons et réinventons sans trêve, au quotidien. A chaque expérience, bonne ou mauvaise, naît un autre moi dont nous sommes l’auteur. Le talent est donné à tous, sans exception. Par instinct et par vocation, nous tous nous concevons, nous esquissons, nous mettons au propre et nous présentons au public dans la version que nous jugeons la moins mauvaise la plus convaincante. »

Antonio nous donne une magnifique leçon de vie et d'amour, sans pour autant occulter ses propres errements et erreurs. 

Pour une fois un roman sans catastrophes, sans pathos excessif, juste la vie, comme elle va, de la vie à la mort, avec ses naissances, ses mariages, ses disputes, ses mésententes, ses réconciliations, ses apprentissages au fil des années.  

Un doux récit nostalgique agréable. 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 -Rien 

  Premières phrases :

 « Me voici dans la fazenda. Me voici dans la cuisine, à quatre heures et quelque du matin. Isabel dort, le soleil tarde. Me voici, un vieillard de quatre-vingt-huit ans. Pour les plus jeunes, Grand père éternel, celui qui n’a pas eu de début et n’aura pas de fin, celui qui est venu au monde avec ce visage ridé. »

 

Vous aimerez aussi :

Chocolat amer de Laura ESQUIVEL 

 

D’autres avis :

 Lecture commune avec Loo

 

 

La recette magique de Tante Palma, Francisco Azevedo, traduit du portugais (Brésil) par Daniel Matias, Autrement, janvier 2014, 21 euros

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Champagne de Monique PROULX

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Champagne et campagne, même combat. Mêmes bulles d'allégresse. Même mot, fondamentalement. Qui sait encore qu'au Moyen-Age tout ce qui n'était pas la ville, tout ce qui était territoire sauvage s'appelait la champagne ?" p. 207

Au bord du lac de l'Oie dans les Laurentides se côtoient des amoureux de la nature venus se réfugier loin des contingences bruyantes et aliénantes de la ville. Lila Szach est la propriétaire de ce domaine qu'elle défend jalousement. D'autres écorchés de la vie sont venus se réfugier sur ces terres préservées : Claire qui écrit des scénarios, Simon et son kayak, Jérémie le neveu de Simon, Violette qui fuit l'horreur de sa vie. Autour d'eux rôdent les Clémont, prédateurs inquiétants.

En pleine nature, l'être humain a tendance à revenir à l'essentiel, à retrouver l'accord perdu avec ce qui l'entoure. Si Lila aime se rouler dans la mousse, Simon préfère se laisser porter par l'eau sur son kayak pour que ses soucis coulent dans les tréfonds du lac. Dans l'innocence de l'enfance, Jérémie quant à lui communique avec les esprits de la nature. La forêt devient à la fois lieu de guérison et d'émerveillement pour ces êtres déracinés, perdus dans un monde trop grand pour eux. 

"C'était l'été, comment avait-elle osé douter de l'été ? c'était l'été dans son infinie luxuriance, trente degrés à l'ombre et le soleil au zénith, c'était l'aboutissement grandiose de toutes les explosions commandées par le jeune roi été, et elle Lila Szach, mortelle si incomplète, on lui permettait de se rouler dans la jeunesse parfaite de l'été aux côtés des grives solitaires, des frédérics mélodieux, des rudbeckias, des marguerites foisonnantes, de la sève ruisselant aux doigts des épinettes, des petits chevreuils sur leurs pattes de deux mois, des vanesses amiral aux robes de satin noir et blanc, des maringouins à la musique aigrelette et des chanterelles recommencées, des sublimes chanterelles..." p. 180

Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Laurentides/Panorama

La nature qui entoure les êtres est aussi source d'apprentissage, ils retrouvent leur statut animal, avec ses pulsions, ses heurts, la paix intérieure ne s'offrant pas si facilement.  Mais ils prennent aussi conscience de la beauté du monde à préserver, à observer dans un amour inconditionnel pour l'infiniment petit.

"Elle se voyait affalée sur elle-même à dorloter sa noirceur et à en redemander et ça lui faisait soudain horreur. Quitte ça, quitte ça. Elle sortait de sa tête à grands coups de respiration et elle recommençait à voir et à entendre, les fougères, les monotropes et les pyroles, et tout ce temps la cigale qui n'avait pas cessé de l'interpeller ni les frédérics et les troglodytes de s'épuiser en récital, et elle se redressait vite au risque de s'occasionner des étourdissements - quel sacrilège d'ignorer les vrais spectacles réjouissants pour s'en inventer des douloureux, quel sacrilège et quelle sottise." p. 173

Cette nature millénaire leur apprend la vie qui passe et ne revient pas, comme les saisons, la mort qui les guette au détour d'un chemin, les épreuves de la vie, faites de hasards et d'aléas... 

Lila est comme la grande prêtresse des lieux, sauvage et humaine à la fois. Elle enseigne au petit Jérémie la sagesse , en transformant par exemple son "Faites que le mois d'août n'arrive jamais." en "Faites que je traverse le mois d'août sans encombre." "Tout était dit dans cette formule en apparence anodine. Ne crois jamais que les obstacles - en l’occurrence le mois d'août- vont se dissiper par miracle. Ne crois jamais que tu ne pourras pas les affronter." p. 175

Un récit magnifique aux confins du monde qui nous enjoint à ne pas perdre notre capacité d'émerveillement !

Présentation de l'éditeur :Editions Boréal 

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Quatre soeurs tome 1 et 2 de Malika FERDJOUKH et Cati BAUR

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Ce que j'ai aimé :

La famille Verdelaine est composée de cinq soeurs : Charlie l'aînée, Geneviève, la ménagère accomplie, Bettina, l'adolescente superficielle, Hortense, plus effacée et Enid la petite dernière. Les filles habitent la Vill'Hervé, une grande maison au bord de la mer, pleine de courants d'air. Malgré tout elles restent attachée à cette grande villa qui constitue leur foyer, leur refuge et point d'ancrage dans une vie marquée par la disparition brutale des parents deux ans auparavant dans un accident de voiture. Ces derniers apparaissent  sporadiquement à l'une ou l'autre des filles en détresse pour conseiller, orienter... Ces apparitions fantômatiques pallient au manque difficilement exprimable, à l'l'absence qui aspire comme un trou d'air ces filles qui ont encore besoin d'être secondée par des adultes dans leur vie. La tante Lucrèce est chargée de veiller sur elles, même si ses apparitions rocambolesques laissent dans leur sillon une amertume, un rappel de leur situation précaire d'orphelines. Mais leur cohérence et le tourbillon du quotidien les sauve. En se créant une bulle confortable, malgré la mort des parents, la pauvreté, la vivacité et la dynamique du groupe leur donne le sourire.

Dans le tome 1 les projecteurs sont braqués sur Enid, 9 ans, encore dans l'enfance. A la suite d'une tempête, elle s'inquiéte pour ses animaux "domestiques" dont une chauve-souris. De plus, des hurlements lugubres retentissent aux alentours de la villa, poussant cette jeune Enid avide d'aventures à enquêter. Les cinq soeurs accueillent également pour les vacances scolaires la jeune Colombe dont Bettina sera farouchement jalouse. 

Dans le tome 2, Hortense est mise en lumière : jeune adolescente elle peine à trouver sa place dans le monde. Son caractère est aux antipodes de celui de sa soeur Bettina, et les disputes sont monnaie courante entre elles. Hortense cherche sa vocation, elle aimerait gagner en confiance et ne plus être tétanisée par sa timidité. Elle rencontre une jeune voisine malade avec qui elle entretient des rapports privilégiés.

Cette adaptation des romans de Malika Ferdjoukh, édités initialement par l'Ecole des Loisirs, est parfaitement réussie, la grâce des dessins accompagnant avec douceur le quotidien des ces cinq soeurs. Ces deux premiers tomes font montre d'une psychologie parfaitement maîtrisée : avec humour et profondeur, l'auteur saisit parfaitement les pensées, préoccupations, rêves des adolescentes, et ce en fonction de leur âge. Enid est encore dans le monde édulcoré de l'enfance durant lequel tout est mystère et peuplé de créatures imaginaires auxquelles elle peut se confier. Hortense quant à elle quitte doucement ce monde et ses interrogations deviennent plus graves : il s'agit à présent de trouver son identité, de se faire une place dans la micro-société des copines et copains, de s'épanouir au mieux à un âge relativement ingrat. La tendresse et l'humour de leurs soeurs leur permettent de se lover au besoin au creux de la grande villa comme dans un cocon confortable. 

Le tome 3 en préparation sera consacré à Bettina, le 4 à Geneviève. De belles lectures encore en perspective !

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien.

Présentation de l'éditeur :

Delcourt 

Vous aimerez aussi :

Les romans à L'Ecole des Loisirs.

D'autres avis :

AifelleAntigone  ; Saxaoul  ; StéphieEnna 

 

Quatre soeurs, Enid tome 1, Hortense tome 2, Delcourt, 2011, 7 euros le tome

 

 Chez  Yaneckcette semaine

Publié dans Jeunesse BD

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Les grands espaces de Catherine MEURISSE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

L'auteure raconte ici son enfance passée à la campagne dans le Poitou, aux côtés de ses parents qui rénovaient une ruine tout en construisant autour un espace dédié à la nature, un endroit pur et serein dans lequel leurs deux fillettes ont pu s'épanouir. Elles musardent dans les alentours, s'adaptant à leur environnement et créant des bulles de bonheur hors du temps, bulles qui auront leur importance à l'heure de l'horreur, quand les attentats de Charlie Hebdo surgiront dans la vie de l'auteure des années plus tard.

La littérature est aussi au cœur de cet univers enchanté, notamment Proust :

"Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres..." Marcel Proust

 Un charme indéniable s'échappe de ces souvenirs heureux aux accents écologiques.

Mes réticences :

J'ai été un peu moins sensible aux dessins qu'à l'histoire.

 

Présentation de l'éditeur : Dargaud

Découvrez d'autres Bd chez Stephie

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Nos embellies de Gwénola MORIZUR et Marie DUVOISIN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥ 

Alors que Lily apprend qu'elle est enceinte, son compagnon lui annonce qu'il part en tournée et qu'il lui laisse en garde  son neveu Balthazar dont il avait promis de s'occuper avant l'annonce de la tournée. Balthazar vient du Canada et voudrait voir les montagnes et la neige, si bien que Lily décide de quitter Paris pour prendre la direction des montagnes. En chemin, elle prend en stop Jimmy, un jeune homme désoeuvré qui s'attache à leurs pas. Les trois compagnons trouvent refuge chez un berger qui élève seul ses brebis avec son chien.

A la croisée des chemins, se retrouvent des âmes esseulés, qui se sentent abandonnés, Balthazar et Jimmy par leurs parents, Lily par son compagnon, et le berger par sa femme, partie trop tôt. ces compagnons d'infortune s'épaulent, se comprenant à demi-mots, ils s'ouvrent à l'autre, à cet inconnu que le hasard a placé sur leur route, et en sortent grandis. 

Une bd touchante, emplie d'humanité et de bienveillance.

 

Présentation de l'éditeur : Grand Angle

 

Retrouvez cette Bd dans votre librairie la plus proche 

D'autres BD chez Stephie

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Qui a tué Heidi ? de Marc VOLTENAUER

Publié le par Hélène

A Gryon dans les Alpes vaudoises nous sommes bien loin des clichés liés à la Suisse : ici il s'agit plutôt de concours de vaches que de comptes bancaires. Justement, l'une de ces vaches trouve la mort  et les paysans s'enflamment, les vengeances résonnent. Puis des femmes de la région disparaissent mystérieusement. Les deux enquêtes s'entremêlent et Andréas Auer et son ami Mikaël vont tenter de démêler les fils entrelacés.

Pas de grandes surprises dans ce roman à l'enquête assez classique avec suspens et rebondissements savamment dosés. Un brin attendu, mais néanmoins efficace avec des chapitres courts qui accélèrent la lecture !

 

Présentation de l'éditeur : chez Pocket

Il s'agit d'une série autour de l'inspecteur Auer, si vous le souhaitez, vous pouvez les lire dans l'ordre :

1. Le dragon de Murevan 2. Qui a tué Heidi ? 3. L'aigle de sang 4. Les protégés de Sainte Kinga

 

Publié dans Roman policier Europe

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Le ver à soie de Robert GALBRAITH

Publié le par Hélène

♥ ♥

Alors que l'écrivain Owen Quine vient de terminer son dernier manuscrit et que celui-ci fait grand bruit dans le monde de l'édition qu'il peint au vitriol, il disparait mystérieusement. Cormoran Strike est chargé de l'enquête par sa femme, inquiète. Cette disparition aurait-elle un lien avec ce roman sulfureux ?

Il s'agit du deuxième tome des enquêtes de Cormoran Strike, détective privé unijambiste, fils d'une rock-star et affublé d'une jeune secrétaire ambitieuse mais aux prises avec un petit ami jaloux de ce travail trop prenant à son goût.

Après s'être intéressé au monde de la mode dans L'appel du coucou, l'auteur nous plonge ici dans monde de l'édition, tout aussi nébuleux, peuplé d'êtres torturés à l'égo démesuré.

Ce que j'ai moins aimé :

- Des longueurs.

- Des personnages toujours aussi stéréotypés.

- Une fin assez prévisible.

Bilan :

Un bon moment de lecture malgré tout.

 

Vous aimerez aussi : le premier tome L'appel du coucou

Publié dans Roman policier Europe

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