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1261 résultats pour “vie parfaite

Chercher le vent de Guillaume VIGNEAULT

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Un beau matin, Jack décide d'embarquer son beau-frère maniaco dépressif pour prendre la route et se laisser porter par le vent. Ils quittent l'hopital décidés à vivre autrement, loin des angoisses, loin des souvenirs, des femmes, de la vie. Comme s'il fallait fuir. Comme si on pouvait fuir. Jack cherche-t-il à fuir son passé d'aviateur et les catastrophes qu'il a provoqués ? Fuir sa destinée de photographe ? Ou partir pour simplement trouver son identité ? 

Les deux comparses rencontrent en chemin Nuna qui se joint à eux dans leur road-movie. Leur quête aérienne ne sera pas sans heurts, tant la pesanteur du monde a tendance à nous amarrer au monde... Mais peut-être la légèreté est-elle possible malgré tout ? 

Mes réservesUn peu convenu dans le genre du road movie mais une lecture agréable.

 

Présentation de l'éditeur : Editions Boréal  ; Editions Points

D'autres avis : Babélio 

 

Chercher le vent, Guillaume Vigneault, Seuil,2005, 267 p., 18 euros

 

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Dans l'or du temps de Claudie GALLAY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"En terre hopi, l'individu seul n'existe pas. Chaque homme fait partie d'un Tout. Du vivant et de l'inerte.

Il n'y a pas de solitude." p. 159

Un été en Normandie. Le narrateur passe l'été dans sa maison Le téméraire avec sa femme et ses jumelles de 7 ans.  Mais une langueur l'envahit, le poussant à quitter la maison et la vie familiale dés qu'il le peut. Au fil de ses errances, il rencontre une vieille dame, Alice, et sa soeur Clémence. Irrémédiablement attiré par cette femme, il revient vers elle, s'éloignant peu à peu de sa vie de famille. Les deux comparses se laissent couler dans le temps qui passe, ils boivent du loupiac au Grand Hôtel de Cabourg, visitent l'église de Varengeville...

"J'aime venir ici. Dans les églises en général, mais dans celle-ci tout particulièrement. On croit toujours qu'on va trouver des solutions. Dans ces endroits... Des réponses à toutes les questions. Mais c'est un leurre." p.52

Jour après jour, Alice dévoile des pans de sa jeunesse et notamment sa relation avec les surréalistes. Cette femme étonnante a en effet côtoyé Breton, ami de son père, lors de son voyage aux Etats-Unis en Arizona dans les années 40. Elle raconte la fascination du chef de file des surréalistes pour les indiens hopis.

"De profondes affinités existent entre la pensée dite "primitive" et la pensée surréaliste, elles visent l'une et l'autre à supprimer l'hégémonie du conscient, du quotidien, pour se porter à la conquête de l'émotion révélatrice." 

"C'est un monde étrange... Un monde où les croyances s'expriment dans toute chose. Dans les kachinas mais aussi dans les dessins, les fresques de sable. Elles s'expriment , hurlantes, dans les masques." p. 71

Breton dira dans sa correspondance qu'il "trouve ici, enfin, la preuve de la communication possible entre l'homme et la nature." p. 159

Alice initie le narrateur à cette pensée lointaine qu'il connaît également puisque son père tenait une galerie d'art. Il trouve chez Alice des kachinas, poupées sacrées qui incarnent les esprits chez les hopis, figurines que Breton voudra posséder à tous prix, parce qu'elles lui donnent l'impression qu'il peut dialoguer avec l'invisible. "Je veux m'approprier leur pouvoir." Sa rencontre avec Don C. Talayesva, auteur du célèbre Soleil hopi, sera décisive pour lui. Les surréalistes lui écriront une lettre dans laquelle ils lui rendront hommage :

"Contre toutes les formes d'oppression et d'aliénation de la société moderne, que nous combattons de notre place, tu es pour nous l'homme dans toute sa vérité originelle merveilleusement sauvegardée et aussi dans toute sa dignité." p 85

Plongée passionnante dans l'univers des surréalistes et des indiens hopis, ce beau roman porté par le style pur et incandescent de Claudie Gallay, se glisse dans les interstices de la vie, dans les silences plus parlants que tous les mots.

"Je pensais à Otto.

A ces destins croisés. Ces violences qui, sous couvert d'ndfférence, brisent la quiétude des hommes. Tous ces rêves qe l'on fait . Qui nous portent et parfois nous tuent. Et s'ils ne nous tuent pas, ils nous amenuisent. Comme autant de déceptions. D'amours déçus. " p. 312

Avec discrétion l'auteure exprime le mal-être lancinant qui s'installe jour après jour dans la répétition d'un quotidien dans lequel on ne trouve plus sa place. Le narrateur aimerait être envoûté par sa vie de famille, mais l'aventure de Alice le passionne davantage.

"La mer, la plage, la lumière pâle de cette fin d'après-midi. Anna et les filles marchaient devant moi. Je les regardais. Sans doute le bonheur était encore possible.

Anna s'est retournée. Elle m'a attendu. Elle a dit, "C'est quand même bien l'été, c'est un peu comme à Saint Malo dans les films de Rohmer."

- C'est à Dinard,, Rohmer, j'ai répondu.". p. 119

Un très beau roman tout en retenue.

 

Présentation chez Actes Sud

Du même auteur : Les déferlantes   ; L'amour est une île  ; Une part du ciel 

Extraits de presse :

“L’envoûtant récit d’une rencontre et d’une initiation, d’une grande beauté formelle.” Michel Abescat, Télérama
“L’écriture de Claudie Gallay tient de la magie.” Robert Verdussen, La Libre Belgique
“Une fiction très singulière qui ne cesse d’ouvrir et de refermer des portes sur des secrets enfouis.” Christine Ferniot, Lire
“Avec finesse, Claudie Gallay transmet la tentation de l’aventure.” Daniel Martin, L’Express
“Un texte passionnant, original et très émouvant.” Laurence Patrice, Page 
“D’une plume aux beautés marginales, Claudie Gallay écrit le quotidien, rêves inclus. Sans les trahir.” Pascale Haubruge, Le Soir
“Une histoire poétique et fascinante.” Nathalie Vallez, Elle

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Espaces sauvages de Jim FERGUS

Publié le par Hélène

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♥ ♥

 

L'auteur :

 

Né à Chicago en 1950, d'une mère française (aristocrate originaire de Bourgogne) et d'un père américain, Jim Fergus est chroniqueur dans de nombreux journaux américains. Passionné par l'histoire des Indiens d'Amérique, il avait depuis toujours le projet d'écrire une biographie de Little Wolf. Afin de trouver matière à son livre, il s'est beaucoup documenté et a silloné le Middle West, de l'Oklahoma au Montana, seul pendant plusieurs mois, sur les pistes des Cheyennes. À partir d'un fait authentique, Jim Fergus a imaginé le journal d'une des femmes qui ont été données en mariage aux Indiens en 1875. Mille femmes blanches (2000), son premier roman, qui a obtenu le prix du premier roman étranger, La fille sauvage (2004) et Marie blanche (2011) ont paru au Cherche Midi. (Présentation de l'éditeur)

Retrouvez l'auteur sur son site : www.jimfergus.com

 

L'histoire :

 

C'était le rêve d'un petit garçon du Midwest.

Ce rêve, trente ans plus tard, Jim Fergus l'a réalisé : cinq mois de chasse itinérante sur le continent nord-américain. 30 000 kilomètres, 24 États – du Maine au Montana, en passant par New York et la Floride –, avec son truck, son fusil et son chien Sweetzer, ainsi que tous les anonymes, écrivains et passionnés croisés au fil de la route.

Entre forêts, marais, dinerset bivouacs, Jim Fergus nous entraîne dans une balade sauvage qui révèle « le vrai monde derrière l'Amérique »... (Présentation de l'éditeur)

 

Ce que j'ai aimé :

 

Contrairement aux apparences, ce livre n'est pas un livre sur la chasse mais plus sur le charme des rencontres, les contrées traversées, la chasse n'étant au final qu'un prétexte pour gouter à la "vie sauvage". Paradoxalement aussi, c'est cette même chasse qui permet une harmonie avec la nature  et avec les oiseaux.

 

« Je ne vois aucune raison de m'excuser d'être un chasseur, particulièrement à notre époque. Peut-on éprouver pareil émerveillement – fait de douceur et de mystère – devant des aliments sous film en barquette de polystyrène ? Ou devant les blancs de poulet sans os ni peau qu'on trouve aux étals de boucherie de son supermarché ? » (p. 40)

 

« Ce sont les chasseurs qui accordent une certaine valeur à ces oiseaux et sans cela il n'y en aurait plus, explique Gulion, qui était chercheur dans ce milieu depuis suffisamment longtemps pour avoir compris les réalités de la gestion de la vie sauvage. Sans l'intérêt qu'ils leur portent et la valeur économique qui en résulte, il n'y aurait aucune raison de faire des concessions aux pratiques habituelles de gestion de la forêt. J'espère que les forces anti-chasse ne finiront pas l'emporter, car je vous garantis que ce sera alors le déclin de toute vie sauvage. Il est important que les gens comprennent ça. » (p. 149)

 

Jim Fergus bouscule donc les idées reçues sur la chasse pour nous conter ses pérégrinations à travers différentes régions, en amoureux absolu de son pays et ce cette nature qu'il souhaite protéger et louer.

 

Les recettes en fin de chapitre font saliver et sont comme le point d'orgue des récits et de la philosophie de l'auteur : il prône une vie simple, harmonieuse, comblée par un bon repas, une belle promenade et des rencontres amicales. What else ?

 

« Bécassine grillée

Griller les oiseaux sur des braises de charbon de bois, pendant 6 à 8 minutes. Les retourner fréquemment pendant la cuisson en les arrosant de beurre fondu ou d'huile d'olive mélangée de sauce Worcester, de poivre et de jus de citron. »

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

Un peu répétitif et lassant.

 

Premières phrases :

 

« Je ne peux pas vous dire ce qui fait d'un homme un chasseur. Mai si je peux vous révéler comment tout s'est passé pour l'un d'entre eux.

Tout a commencé quand j'étais un petit garçon grandissant dans un faubourg du Midwest. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur :  Mon Amérique de Jim FERGUS

Autre : les romans de Jim Harrison

 

D'autres avis :

 

Babélio

 

Espaces sauvages, Voyage à travers les États-Unis avec un chien et un fusil, Jim Fergus, traduit de l'américain par Nicolas DE TOLDI, Pocket, octobre 2013, 7,8 euros

Publié dans Récits de voyage

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Mes seuls dieux de Anjana APPACHANA

Publié le par Hélène

                                                    

 ♥ ♥ ♥

 

 « Il y a tant de cruauté et de frustration sous le vernis des apparences distinguées. » (p. 9)

 

L’auteure :

 Originaire du sud de l’Inde, dans l’État du Kodagu, Anjana Appachana partage sa vie entre l’Arizona et Delhi. AvecMes seuls dieux, elle poursuit une investigation quasi sociologique de l’imaginaire indien, en y ajoutant cette ampleur intimiste, frémissante de nuances, qui nous rend si proches ses personnages. En rupture avec la respectabilité et les conventions, Anjana Appachana place le lecteur au cœur même de la sensibilité féminine indienne.

Vient de paraître, chez Zulma : L’Année des secrets. Ainsi que la réédition (poche) de Mes seuls dieux. (Présentation de l’éditeur)

  

L’histoire :

 Pleines d’inventions narratives, les nouvelles d’Anjana Appachana entrelacent enchantement amoureux et cruauté inconsciente, songeries amères et tendres, conflits cocasses ou tragiques. Elles nous font découvrir l’Inde du point de vue de la femme, de l’enfance vulnérable aux déboires des épousailles ; de la fillette qui s’invente une vie sentimentale en lisant Jane Eyre au moment où sa sœur aînée se marie, à celle qui porte une dévotion folle à sa mère — au point de la croire en communication directe avec le panthéon des divinités hindoues ! Les situations se répondent ; si bien qu'on éprouve le sentiment d'être dans l'espace multiple et concentré du roman, au sein d'une famille de la bourgeoisie indienne. 

D’une histoire à l’autre, on se laisse envoûter par l’univers d’Anjana Appachana.

 

Ce que j’ai aimé :

 Ce petit recueil de nouvelles nous plonge au coeur de familles indiennes en pleine évolution. Dans « Bahu » une femme mariée oppressée par sa belle-mère ressent au fond d'elle un profond besoin de liberté. Le couple ne lui apporte pas la satisfaction salvatrice qu'elle s'imaginait recontrer, au contraire, il fonctionne comme un carcan inconfortable :

« Les livres parlent de l’instant de la révélation, la soudaine et absolue prise de conscience de son propre malaise. En réalité ça ne se produit pas comme ça. Il n’y a pas d’instant unique. Chaque fois que vous cédez, vous vous persuadez que l’adaptation est indispensable au mariage. Inutile de contrarier les gens quand vous vivez avec eux. Il n’y aura pas de prochaine fois. Mais si, il y en a une. Vous cédez encore, et encore, et encore. (…) Insensiblement, mais irrévocablement, vous glissez dans le genre de vie qui est l’opposé total et affreux de tout ce à quoi vous croyez. Le genre de vie dont vous parliez avant le mariage (un temps de bonheur parfait en principe) en disant, jamais je n’accepterais une telle chose. Plutôt partir. Maintenant cette situation est la vôtre. Vous n’êtes pas partie. Vivrez-vous toujours comme ça ? » (p. 12)

 Au-delà du couple l'emprisonnement est surtout le fait d'une société percluse dans des moeurs rétrogrades oppressantes, à l'image des deux jeunes femmes de  « Prophétie » dont l’une est enceinte. La société indienne est comme leur université, une véritable prison qui ne leur permet pas de s'épanouir et es oblige à se cacher, à fuguer, à louvoyer sans cesse. Dans « Incantations » une jeune fille de douze ans est la confidente de sa sœur aînée violée qui n’ose en parler à personne à cause des risques qu'elle encourt : répudiation, honte, solitude... C’est à sa petite sœur qu’elle confie le dur fardeau de sa peine, un fardeau beaucoup trop lourd pour une enfant.

Anjana Appachanah peint un tableau sans fards de la société indienne, et des portraits émouvants de jeunes femmes tiraillées entre la modernité et l’appel de la liberté et la famille traditionnelle qui ne les comprend pas. Les hommes profitent de cette situation et bien souvent les femmes ne peuvent compter que sur leurs amies pour les épauler. 

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 - J'ai moins aimé les deux nouvelles consacrées à un employé arrivant au retard à son travail : « Sharmaji » et « Sharmaji et les sucreries de DIwali »

 

Premières phrases :

« Ce jour-là c’était le premier film que l’on voyait depuis des mois. Nous n’avions plus jamais de temps pour ces choses-là. J’avais (bêtement) imaginé que mon mari et moi nous irions seuls tous les deux, mais la famille au grand complet décida qu’elle voulait nous accompagner. Si bien qu’à la fin nous étions sept : mes beaux-parents, ma belle-sœur, mon beau-frère, leur fils âgé de huit ans, mon mari et moi. Cela faisait un an que nous n’étions pas sortis juste nous deux. »

 

Vous aimerez aussi :

Une interview de Sarojini Sahoo dans l'Humanité sur la condition des femmes en Inde

 Du même auteur :  L’année des secrets d’Anjana APPACHANA

 

D’autres avis :

Loumina 

 

Mes seuls dieux, Anjana Appachana, nouvelles traduites de l’angais (Inde) par Alain Porte, Zulma, 2013, 8.95 euros 

♥ ♥ ♥ 
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Persuasion de Jane AUSTEN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

 

Jane Austen est l'avant-dernière et deuxième fille d'une fratrie de huit enfants. Son père, George Austen, est pasteur ; sa mère, Cassandra Austen née Leigh, compte parmi ses ancêtres sir Thomas Leigh qui fut lord-maire au temps de la reine Elisabeth. Les revenus de la famille Austen sont modestes mais confortables ; leur maison de deux étages et un grenier, le Rectory, est entourée d'arbres, d'herbes ainsi que d'une grange.
En 1782, Cassandra et Jane (sa sœur) furent envoyées à l'école, d'abord à Oxford, puis à Southampton, enfin à l'Abbey School de Reading.  Son éducation fut brève, et en retournant à sa maison elle dut la terminer grâce à la bibliothèque paternelle et aux conversations familiales. C'est à ce moment qu'elle commença à écrire. Elle vécut une relation amoureuse douloureuse. Puis dut affronter la mort de son père. Elle travailla ses textes avec acharnement malgré la maladie (qui l'emporta jeune). Elle laissa des romans comme: Raison et Sensibilité, Orgueil et Préjugés, Emma, Mansfield Park, Northanger Abbey... (source : Babélio)

 

L’histoire :

L'histoire

 Depuis quand une jeune fille a-t-elle besoin qu'on lui dicte sa conduite ? Si elle s'est laissé persuader trop jeune de rompre ses fiançailles, Anne Eliott n'est plus dupe. Et lorsque son ancien amant réapparaît, auréolé de gloire, l'heure n'est pas à l'indécision. Pour Anne, il est temps de faire fi des convenances et de la vanité de son entourage !

« À lire yeux baissés et genoux serrés pour goûter en secret le délicieux plaisir de la transgression des interdits. »

Anne Barbe, Libération (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Persuasion : influence d’une pensée sur une autre.

Le mot désigne ici l’acte de conseillère de Lady Russell sur Anne : dans sa prime jeunesse la discrète Anne s'est laissée convaincre de rompre ses fiançailles alors qu'elle était très amoureuse de son fiancé. Avec les années, elle s'est flétrie, en gardant toujours en une page de son coeur ce bel et intelligent marin qui avait fait son bonheur. Aussi, quand il réapparaît dans son environnement proche, se repose la question de ses choix passés.

 Cette histoire d'amour entre deux héros désignés dés le début est surtout prétexte pour Jane Austen à s'interroger sur les travers de son époque.

En plongeant dans la psychologie de la jeune Anne et dans la société du XIXème, elle met à jour des questions qui demeurent universelles. Elle lance ainsi la question du devoir : faut-il obéir ou se risquer à dire non ? Question centrale pour Anne qui se rendra vite compte que c'est finalement la vie qui nous apprend à savoir agir. Pour Jane Austen par la vie qu’on a vécu, on apprend à diriger son destin. Le contexte natal  et social influe sur la personnalité, tout  se construit par des choses qui nous conditionnent, la vie quotidienne nous façonne. La société pèse comme un poids sur le comportement de l'individu qui doit par la force de son intériorité, se battre avec patience et modestie pour atteindre son objectif. Entre raison et sensibilité, les personnages de Jane Austen apprennent à faire des choix, à réfléchir sur eux-mêmes et à savoir juger l'autre avec justesse. 

La mer est ici comme une métaphore des risques et des incertitudes inhérents à la vie. Un monde trouble dans lequel Jane Austen navigue avec finesse et intelligence.


Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien.

 

Premières phrases :

 

« Sir Walter Elliott, du château de Kellynch, en Somerset, était un homme qui, pour se divertir, ne prenait jamais d’autre livre que le Baronnetage ; c’est à qu’il trouvait l’occupation d’une heure de loisir et la consolation d’une heure d’affliction : c’est là qu’il s’élevait à l’admiration et au respect en contemplant les restes limités des anciens titres, c’est là que toute sensation fâcheuse due à des ennuis domestiques se transformait naturellement en pitié et en mépris. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Orgueil et préjugés

Autre : Jane Eyre de Charlotte BRONTE

 

D’autres avis :

 

Télérama

Papillon


 

 Sur son adaptation : télérama 

 

 

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Persuasion, Jane Austen, traduit par ANdré Belamich, 10/18, 7.10 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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La lettre à Helga de Bergsveinn BIRGISSON

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

"La vie n'est que trame et rêve,

calme plat et dur ressac,

écueil et courant rapide,

tempête, neige et brouillard.

Avec fleurs et soleil aussi.

Mais derrière les hautes montagnes -

personne n'est encore allé voir." (p. 102)

 

L'auteur :

Bergsveinn Birgisson est né en 1971. Titulaire d’un doctorat en littérature médiévale scandinave, il porte la mémoire des histoires que lui racontait son grand-père, lui-même fermier et pêcheur dans le nord-ouest de l’Islande.

Immense succès dans les pays scandinaves ainsi qu’en Allemagne, la Lettre à Helga est enfin traduit en français.

 

L'histoire :

« Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l’été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » Ainsi commence la réponse – combien tardive – de Bjarni Gíslason de Kolkustadir à sa chère Helga, la seule femme qu’il aima, aussi brièvement qu’ardemment, d’un amour impossible.

Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l’âpre existence qui fut la sienne tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d'attention émerveillée à la nature sauvage.

Ce beau et puissant roman se lit d’une traite, tant on est troublé par l’étrange confession amoureuse d’un éleveur de brebis islandais, d’un homme qui s’est lui-même spolié de l’amour de sa vie.

 

Ce que j'ai aimé :

Bjarni Gislason est un vieil homme qui, à l'orée de sa mort, souhaite alléger le fardeau avec lequel il affrontera l'au-delà. Il se confie à Helga, son grand amour inassouvi, celle sui aurait pu être la seule et l'unique, celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer, même si leur amour était impossible. Il lui écrit une longue lettre, une déclaration enflammée dans lequel il se souvient avec délices et intensité des premiers émois, des premiers regards, des premiers gestes... Mais il livre aussi sa vie, nue, l'élevage des moutons, son travail de contrôleur de fourrage, et surtout, surtout, son amour inconditionnel pour la nature sauvage si différente des villes telles que Reykjavik.

"Je ne veux pas dire que tout est tellement merveilleux par ici, ni que les gens sont des anges. Bien sûr, ici il y a les ragots, la jalousie, et toutes sortes de conneries qui vont avec l'espèce. Mais ces gens-là vous dépanneront d'un pneu de tracteur en cas de besoin. " (p. 103)

Avec une poésie sans pareille il chante son monde, comme pour enchanter ses choix et abnégations. Parce qu'il ne peut pas partir sans expliquer, sans expier, sans aimer, une dernière fois...

"J'ai appris à déchiffrer les nuages, le vol des oiseaux et le comportement du chien. J'ai éprouve l'étonnement du premier colon et mesuré l'envergure des premiers habitants de ce pays. J'ai perçu l'angoisse du feuillage aux éclipses de lune, j'ai levé les yeux dans les côtes et senti mon âme s'élever hors de moi tandis que je conduisais mon tracteur. (...) Je me suis baigné dans une eau pleine de l'écalt du soleil, et no celle qui sont noires des  tuyaux de lieux civilisés et j'ai perçu la différence. (...) L'amour ne se réduit pas au romantisme citadin où il s'agit de trouver la seule, la vraie qui comblera votre âme jusqu'à la faire déborder et dégouliner telle une pompe intarrissable. L'amour est présent aussi dans cette vie que j'ai menée ici, à la campagne." (p. 105)

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Un magnifique chant d'amour poétique, beau comme un coucher de soleil sur une vallée islandaise. Bjarni s'éteindra peut-être doucement bercé par le bêlement de ses moutons, mais son chant restera longtemps lové dans l'âme de ses lecteurs...

A lire, à relire, à offrir, à savourer, à aimer...

 

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien

Premières phrases :

"Chère Helga,

 

Certains meurent de causes extérieures. D'autres meurent parce que la mort depuis longtemps soudée à leurs veines travaille en eux, de l'intérieur. Tous meurent. Chacun à sa façon. Certains tombent par terre au milieu d'une phrase. D'autres s'en vont paisiblement dans un songe. Est-ce que le rêve s'éteint alors, comme l'écran à la fin du film ? Ou est-ce  que le rêve change simplement d'aspect, acquérant une autre clarté et des couleurs nouvelles ? Et celui qui rêve, s'en aperçoit-il tant soit peu ?"

 

Vous aimerez aussi :

Rosa candida de Audur Ava OLAFSDOTTIR

 

D'autres avis :

Babélio A noter qu'il est rare pour un roman de connaître un tel avis positif quasi unanime.

 

La lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, Zulma, août 2013, 130 p., 16.5 euros

 

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Publié dans Littérature Europe

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Un peu de bois et d’acier de Christophe CHABOUTE

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

 L’auteur :

 

Né en 1967, d'origine alsacienne, Christophe Chabouté publie en 1993 ses premières planches chez Vents d'Ouest dans les Récits, un album collectif sur Arthur Rimbaud. En 1998, il réalise Sorcières au Téméraire et Quelques jours d'été chez Paquet. Deux albums remarqués et primés, le premier au festival d'Illzach, le second à Angoulême où il décroche l'Alph' Art Coup de Cœur.

Avec Zoé paru en 1999 chez Vents d'Ouest, Chabouté prouve que son talent a atteint sa pleine maturité. Ce qu'il démontre avec encore plus d'évidence dans Pleine Lune, qui a reçu le prix Extrapole 2001, le prix de la ville de Limoges, celui du meilleur scénario à Chambéry et deux nominations à Angoulême 2001. En 2001, il réédite Sorcières chez Vents d'Ouest, dont la moitié des nouvelles qui le composent sont inédites. Il publie la même année Un Îlot de Bonheur chez Paquet, album récompensé par une mention spéciale du jury œcuménique de la BD à Angoulême 2002. En 2002 toujours, il collabore à l'ouvrage collectif Léo Ferré en BD et publie surtout La Bête dans la collection Intégra et Purgatoire, en couleurs, pour la collection Equinoxe de Vents d'Ouest.

En 2006, paraît Landru, suivi par Construire un Feu en 2007, adapté d'une nouvelle de Jack London, puis en 2008 par Tout Seul. En 2009, les éditions Vents d'Ouest ont le plaisir de publier une nouveauté de Chabouté, Terre Neuvas, mais aussi de rééditer plusieurs de ses œuvres : une intégrale de Purgatoire, ainsi qu'un opus réunissant Quelques Jours d'été et Un Îlot de Bonheur. En 2010 paraît Fables Amères.

L'œuvre très personnelle de Chabouté connaît un succès grandissant et a été récompensée de nombreux prix.

  

L’histoire :

 

Chabouté revient, avec son regard particulier et son exceptionnelle maîtrise du noir & blanc...

L'histoire d'un banc, un simple banc public qui voit défiler les gens à travers les heures, les jours, les saisons, les années... Ceux qui passent, qui s'arrêtent, d'autres qui reviennent, certains qui attendent... Le banc devient un havre, un îlot, un refuge, une scène... Un ballet d'anonymes et d'habitués évoluant dans une chorégraphie savamment orchestrée ou les petites futilités, les situations rocambolesques et les rencontres surprenantes donnent naissance à un récit drôle et singulier. Chabouté tisse avec brio une histoire où plane la magie d'un Tati, agrémentée d'un soupçon de Chaplin, quelques miettes du mime Marceau et d'une pincée de Keaton ... 330 pages d'une aventure dont le héros est un banc, un simple banc public... Juste un peu de bois et d'acier... (présentation de l’éditeur)

 

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 Ce que j’ai aimé :

 

 Christophe Chabouté nous offre là encore un album poétique, beau, mimant la vie comme elle va, qui s’écoule, douce et tranquille. Ce vieux banc est témoin de tranches de vie de quelques personnages : le clochard chassé régulièrement par le policier zélé, le couple de retraités qui aime partager une pâtisserie, le jeune éconduit avec ses fleurs, les joggeurs, musiciens… Le banc devient comme un havre de paix, une pause dans une vie mouvementée, une parenthèse enchantée. Puis, la vie continue, ailleurs, autre part...

 chaboute2.jpg

  

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Le prix : 30 euros pour une BD muette, cela me semble tout  de même un peu cher.

- J'ai trouvé cet album assez banal par rapport à la claque qu'avait été Tout seul. Ici, beaucoup moins d'originalité, d'inventivité, même la fin est somme toute assez prévisible !

  Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  Tout seul de Christophe CHABOUTE

 

D’autres avis :

Lecture commune avec Jérôme

Télérama 

Babélio 

 

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De bois et d’acier, Christophe Chabouté, Vents d’ouest, septembre 2012, 336 p., 30 euros

 

BD Mango bleu

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Les oubliés de la lande de Fabienne JUHEL

Publié le par Hélène

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♥ ♥

 L’auteur :

Née en 1965 à Saint-Brieuc, Fabienne Juhel vit en Bretagne. Elle est notamment l'auteur des Hommes Sirènes (2011} et de À l'angle du renard (2009), prix du roman Ouest-France/Étonnants voyageurs.

 L’histoire :

C'est un endroit si isolé qu'aucun chemin n'y mène. Une contrée sauvage qu'aucune carte ne mentionne. C'est un village sans nom. Un trou noir. Ils sont une trentaine à vivre là, oubliés dans la lande. Tous ont une bonne raison de s'y être réfugiés. Il y a ceux qui craignaient la mort. Ceux qui ne pouvaient imaginer leur vie sans l'homme qu'ils aimaient. Et les autres, aux motivations moins avouables. Mais cette quiétude éternelle va être foudroyée, le premier jour de l'été. Tom, l'unique enfant de la communauté, fait une découverte macabre : le corps d'un inconnu, aux portes du village. Il a déjà été témoin d'autres événements inexplicables. Quelqu'un aurait-il réveillé les vieux démons ?

Dans son cinquième roman, Fabienne Juhel mène l'enquête avec une redoutable efficacité, fouillant le passé de chacun de ses personnages pour en dévoiler les plus funestes secrets. Roman à suspense, Les Oubliés de la lande nous offre une remarquable réflexion sur le sens de la vie, ce temps compté qui donne tout son prix aux instants vécus.

 Le mot de l'auteur

Mai 2011. Mon père me conduit à l'aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande. J'ai accepté de me rendre à La Comédie du livre parce que Montpellier est une ville solaire qui m'a sauvée, un jour, d'une envie de déserter ce monde. Nous roulons en silence. Toujours cette peur de prendre l'avion, cette angoisse de mourir. Mon père me raconte, qu'avec un ami, il a rendu visite à un homme retiré du monde. Il faut marcher longtemps, emprunter des pistes foulées par des sangliers, pour atteindre sa cabane.» Eh bien ! la Mort, elle n'est pas prête de te trouver !», dit l'ami. Alors, mon angoisse combinée à ma dette envers la ville solaire et cet aéroport qui a eu la bonne idée de mettre «lande» au bout de son nom, ont tissé Les oubliés de la lande. Parce que la mort n'est pas une échéance, mais un lâcher prise. Avion ou pas, en l'attendant, moi, je ne lâche rien.

 

Ce que j’ai aimé :

Vivre dans un « No death’s land », dans un pays isolé que la mort aurait oublié, un village dans lequel le temps aussi s’est arrêté, comme suspendu entre vie et mort… Vivre sans angoisse de la mort, libre… Mais peut-on être libres, êtres de chair et de sang que nous sommes, hommes et femmes de mémoire qui portons à chaque instant les stigmates du passé ? Les pistes de réflexion sont foisonnantes dans ce roman au thème fantastique discret, placé dans une réalité cohérente. En voulant écarter la mort, les personnages du roman en font finalement le thème principal de leur vie…

Fabienne Juhel est une conteuse hors pair, hantée par les légendes bretonnes, elle ancre ses romans dans des paysages de landes désertés, baignés par des lueurs surnaturelles inquiétantes et fascinantes à la fois créant ainsi des mondes interlopes.

 « Si quelqu'un avait aperçu la silhouette du voyageur griffant le ciel bleu depuis la lande rousse, il aurait pensé à un sarment tout sec ou aux racines d'une souche fossilisée interrogeant le ciel à l'envers. Peut-être aussi à un épouvantail enlevé par les vents d'hiver et planté là, par hasard, dans cette terre aride et sèche qui n'enfantait plus que des cailloux. » (début)

 Ce que j’ai moins aimé :

 Puis, tout à coup le monde interlope devient réellement glauque avec la description d’une scène particulièrement horrible. A tel point que j’en ai ressenti physiquement le choc, la révélation finale m’a donné des réels hauts de cœur. Je lis beaucoup de romans policiers et j’ai rarement autant été secouée…

De fait un bilan en demi-teinte…

 Premières phrases :

« Le voyageur arriva épuisé aux portes du village.

Il avait marché de longues heures dans une lande tout à fait déserte, ravinée par les déluges qui s’abattaient souvent dans la région, aujourd’hui mangée de soleil. La godasse achoppant sur de petits cailloux têtus. Il s’était emmêlé les pieds dans des barbelés de ronciers où s’accrochait du crin de sanglier – un peu de fibre de ses chaussettes maintenant. Sa progression était lente. Les stridulations assourdissantes des grillons pesaient comme du goudron frais collé à ses semelles. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : A l’angle du renard de Fabienne JUHEL

 

 D’autres avis :

Clara  

Les oubliés de la lande, Fabienne Juhel, Editions du Rouergue, août 2012, 282 p., 21 euros

 challenge rentrée littéraire 2012 

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Sur les jantes de Thomas MCGUANE

Publié le par Hélène

                                              sur les jantes

          

    ♥ ♥

 « Chacun doit savoir réexaminer sa vie et se demander quelles grosses erreurs il a commises. » (p. 397)

      

L’auteur :

 

Thomas McGuane est né de parents irlandais catholiques qui avaient déménagé du Massachusetts vers le Midwest. Son éducation primaire comprend des études à la Cranbrook Kingswood School, dont il obtient le diplôme en 1958, mais aussi le travail dans un ranch du Wyoming, la pêche et la chasse un peu partout.

 

Il commence à se consacrer sérieusement à l’écriture vers l’âge de 16 ans. Il étudie à la Michigan State University, où il rencontre son ami de longue date, Jim Harrison. À l’université Yale, il étudie l’écriture théâtrale et dramatique, et une bourse de la Wallace Stegner Fellowship pour l’université Stanford (1966-67) lui fournit le temps et les ressources pour finir son premier roman publié, The Sporting Club.

 

Il vit maintenant dans le Montana avec sa femme Laurie, dans un ranch situé au pied des montagnes Absaroka. Il y élève du bétail, ainsi que des chevaux de ranch, de course et de rodéo. Il a, par ailleurs, été trois années consécutives champion de rodéo du Montana.

Après de nombreuses expériences d'écriture pour Hollywood (The Missouri Breaks, Rancho Deluxe, Tom Horn...), McGuane a abandonné toute collaboration avec le cinéma pour se consacrer à la littérature. Ses principaux textes parus en France sont L'homme qui avait perdu son nom, Rien que du ciel bleu et La source chaude. (Source Babélio)

 

L’histoire :

 

Médecin à Livingston, une petite ville du Montana, Berl Pickett aurait pu mener une vie sans histoire. C'était compter sans les rencontres mémorables et les nombreux écueils qui ont marqué son existence. Poursuivi par la calomnie et abandonné de presque tous ses proches, il se voit contraint de renouer avec son activité antérieure de peintre en bâtiment. Son temps, désormais plus libre, lui laisse tout loisir de se remémorer les événements qui ont rythmé son passage à l'âge adulte.

 

Ce que j’ai aimé :

 

Berl est un être errant, éternel adolescent romantique et idéaliste, qui n’a pas encore tout à fait coupé les liens du cordon ombilical et qui se laisse porter par le rythme lancinant de l’univers. Il ne cherche pas à aller à l’encontre des évènements, ni à leur rencontre, et souvent, quand il pense mener enfin les brides de sa vie dans la bonne direction, il se fourvoie dans des chemins de traverse. Il est un être humain qui essaie au mieux de mener sa barque dans l’immensité mouvante des évènements.

 

« Je me dis que si je pouvais revivre toutes les forces qui avaient agi sur ma vie – mes parents, ma tante nymphomane, le Dr. Olsson, mes professeurs, mes avocats, collègues, voisins, Jocelyne, même mes patients, mes rêves les plus fous, mon amour de la terre, mes érections les plus fortuites, mes tentatives d’aller à l’église, et mon travail -, par déduction, je finirais par savoir qui j’étais. J’avais volontairement laissé Jinx hors de cette liste, parce que, pour l’y inclure, il m’aurait fallu sortir de l’ombre de toutes ces choses qui me disaient ce que j’étais pour tenter d’en émerger comme un véritable être humain. » (p. 482)

 

Les seuls moments de pause et de rédemption sont ceux passés au cœur d’une nature sauvage qui ne réclame rien. Ces pages sont l’occasion de descriptions des paysages lyriques magnifiques, qui contrastent avec le monde étriqué de cette petite ville de province dans laquelle tout le monde juge, espionne, se trompe.

 

Un beau roman sur la recherche de soi et le passage à la maturité.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-         Les errances psychologiques du narrateur, appelant à lui de multiples souvenirs, digressions, créent une œuvre longue, lente, à laquelle il faut s’accrocher pour espérer toucher à sa fin.

 

Premières phrases :

 

« Je suis Berl Pickett, le Dr. Berl Pickett. Mais je signe chèques et documents « I.B. Pickett », et il faut sans doute que je m’explique. Ma mère, une femme énergique qu’il en fut, ardente patriote et chrétienne évangélique, choisit mes prénoms en l’honneur du compositeur de God Bless America. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : La source chaude

Autre : Mr.Peanut d’Adam ROSS 

  

D’autres avis :

 

Presse : le Monde , Les Echos 

  

Sur les jantes, Thomas MCGUANE, Traduit de l’anglais (EU) par Marc Amfreville, Christian Bourgois Editeur, 2012, 494 p., 23 euros

 

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L’aiguillon de la mort de SHIMAO Toshio

Publié le par Hélène

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♥ ♥

« L’eau qui a été renversée une fois ne retourne plus jamais au récipient. » (p. 17)

 

L’auteur :

 

Shimao Toshio (1917-1986) sera confronté à la mort en 1944 en qu'officier de commando kamikaze, une expérience qui sera à la source de nombreux romans qu'il écrira après la guerre. Mais la folie qui s'empare de sa femme lorsqu'elle découvre son infidélité le conduira à écrire L'Aiguillon de la mort, long roman autobiographique rédigé durant dix-sept années et qui connaît toujours une grande célébrité au Japon. (Présentation de l’éditeur)

 

L’histoire :

 

L’entremêlement inextricable de la littérature et de la vie peut donner parfois des oeuvres magistrales. Ainsi en est-il de L’Aiguillon de la mort, un roman autobiographique d’une sincérité stupéfiante où le narrateur tente de révéler ce qu’est l’amour dans une écriture vécue comme une expérience des limites.

Un couple s’est lié autrefois d’amour passionné dans une petite île du Japon pendant la guerre. Elle apprend un jour que son mari a une maîtresse. Pour elle, qui croyait à sa vie d’amour et de confiance absolus, tout à coup, l’univers s’effondre et l’emporte progressivement vers la folie. Commence alors l’histoire extraordinaire d’un couple vivant l’extrémité du possible, au rythme d’une vie quotidienne faite de suppliques, d’aveux et de dévouement que nous fait partager le narrateur dans le même souffle où lui les a éprouvés au quotidien. Et le lecteur en vient à entrer avec fascination au coeur de cette histoire et à vivre de l’intérieur cette vertigineuse descente dans les abîmes du désespoir, qui est aussi une recherche obsessionnelle, éperdue, de la vérité. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Shimao Toshio emprunte le titre de son œuvre à la Première Epitre de saint Paul aux Corinthiens (chap. 15, 55-56) :

« Où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la puissance du péché, c’est la Loi. » (p. 41)

Cet aiguillon est donc le péché, ici l’infidélité du narrateur, qui, pendant dix ans a cédé à la tentation et  a connu différentes maîtresses. Le jour où sa femme l’apprend, commence alors une lente descente aux enfers.  Les différents stades sont décrits méthodiquement, minutieusement, de l’intérieur : l’ impression de vivre en cage, la peur des crises imminentes, les interrogations sans fin nourries par des fatigues liées aux nuits d’insomnie, les mensonges inévitables,  la jalousie insidieuse, l’autre femme, toujours présente, quoi qu’il arrive, ombre de malheur planant sur le couple… Le narrateur espère que le temps atténuera les douleurs, mais sa femme ne fait que s’emmurer dans sa folie, loin de relâcher son étreinte fatale, elle emprisonne son mari jour après jour.

« Je dois me dire que tout ce qui m’entoure, sans exception, est passé au crible de la sensibilité anormale, obsessionnelle de ma femme. » (p.86)

 « La gaieté qui était revenue sur le visage de ma femme grâce qu plaisir de la journée s’ajoutait à cette impression, nous étions joyeusement  animés, mais il m’était impossible de perdre ma méfiance, car c’était comme si j’avais tenu dans mes mains une chose aussi fragile qu’un jouet en verre. » (p. 205)

Les enfants, âgés de quatre et six ans, pauvres témoins innocents de ces batailles sans fin, sont les dernières victimes de ce duel, êtres en souffrance qui ne se relèveront probablement pas d’une telle tension quotidienne.

« Chaque jour après l’autre était une image de l’enfer, mais ce n’était ni la souffrance d’un être humain en proie à la torture, ni la douleur de celui qui attend dans la solitude d’être jugé. Le tribunal n’était pas un endroit où tous les liens étaient coupés, c’était le lieu de vie d’un couple et de deux enfants. (.. .) Ce monde restait creux, obscur, et j’ignorais quand il m’attaquerait à coups de tentations et de châtiments qui venaient se superposer à mes péchés. » (p.123)

Un roman puissant sur l’infidélité, mais surtout sur la jalousie maladive qui peut ronger les êtres plus sûrement que la plus tenace des maladies mentales.

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Ce que j’ai moins aimé :

 

Un peu trop long à mon goût.

 

Premières phrases :

 

« Ce soir-là, nous avons cessé de suspendre la moustiquaire. Les insectes avaient disparu, sans qu’on sache pourquoi. Il y avait trois jours que nous ne dormions pas, ma femme et moi. J’ignore si c’est une chose réellement possible. Peut-être nous étions-nous assoupis sans nous en rendre compte, en tous cas ma mémoire n’en a pas gardé trace. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Sélection littérature japonaise

 

D’autres avis :

 

Télérama

 

L’aiguillon de la mort, Shimao Toshio, roman traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, Picquier, 2012, 640 p., 23 euros

 

Merci aux Editions Picquier.

Publié dans Littérature Asie

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