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1261 résultats pour “vie parfaite

Les grandes marées de Jacques POULIN

Publié le par Hélène

♥ ♥

Quand son patron demande à Teddy Bear ce qui le rendrait heureux, il n'hésite pas, il souhaite vivre sur une île déserte. Ainsi, il devient le gardien de l'île Madame, tout en assurant ses traductions de bandes dessinées. Toutes les semaines il reçoit la visite de son patron qui reprend ses traductions et lui amènent de nouvelles bandes dessinées ainsi que des provisions. Teddy Bear mène la vie sereine dont il avait rêvé. Il est heureux. Bonheur que vient troubler la visite tout d'abord de Marie qui, elle aussi s'installe dans l'île, bientôt suivie à chaque grande marée par d'autres individus plutôt loufoques. Peu à peu la tranquillité de Teddy Bear est affectée par ces visites et les égos des uns et des autres. Son bonheur vacille.

Comment vivre avec les autres harmonieusement alors qu'ils ont tendance à envahir notre espace physique et psychique ? Malgré son envie de solitude, Teddy a conscience que son bonheur peut aussi venir de ces rencontres lumineuses  qui enrichissent le coeur et l'âme. Quand Marie lui demande ce qui compte le plus pour lui, il répond :

"R. C'est difficile à dire.

Q. : Dieu ?

R. : Non.

Q : Les gens ?

R. : Non

Q : L'amour ?

R. : Je pense que non.

Q : La nature ?

R. : Non.

Q : Les livres ?

R. : Je pense que non.

Q : Les chats ?

R. : Non.

Q : Le tennis ?

R. : Non.

Q : Le gruau Quaker ?

R. : Tu ris de moi...

Q : Qu'est-ce qui reste ?

R. : Il y a une chose que j'aime bien. C'est quand, dans les yeux des gens, parfois, on voit passer quelque chose. Une sorte d'éclair qui brille, unesorte de chaleur. C'ets une chose que j'iame beaucoup." p. 184

Mais son bonheur est aussi mis à mal par ces mêmes autres, là réside un des paradoxes de la vie en société... Ces Grandes Marées fonctionnent comme une parabole, allégorie de la vie en société : Teddy apprendra que le paradis sur terre ne dure jamais longtemps et que le précepte de Sartre "l'enfer c'est les autres" peut malheureusement s'avérer tristement vrai...

Mes réserves : Ce texte est assez différent des autres oeuvres de Poulin, beaucoup plus pessimiste, comme si l'auteur lui-même avait perdu sa quiétude, envahi par le monde.  Même si on retrouve avec plaisir la poésie de l'auteur et son univers habité par la mer et les chats, une amertume lancinante court dans ces pages.

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud 

Du même auteur La tournée d'automne Le vieux chagrin  Volkswagen blues

D'autres avis : Babelio 

 

Les grandes marées, Jacques Poulin, Actes sud Babel, 1986, 213 p., 6.60 euros

 

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La petite lumière de Antonio MORESCO

Publié le par Hélène

♥ ♥ 

"La petite lumière sera comme une luciole pour les lecteurs qui croient encore que la littérature est une entreprise dont la portée se mesure dans ses effets sur l'existence."

(Présentation de l'éditeur)

Un homme s'est retiré du monde dans un hameau abandonné. Il est le seul habitant du lieu entouré de montagnes et de forêts, loin du tumulte tonitruant du monde.

"Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant." 

Il a choisi sa solitude, et s'il retourne quelquefois vers la civilisation pour garnir son garde-manger, il revient rapidement vers son havre isolé. On ne connait pas ses raisons, ses motivations profondes, on imagine seulement... La nature gronde autour de lui et loin d'être un idéal de pureté et de beauté, elle renferme des dangers insoupçonnés, des tremblements de terre ébranlent sa maison, et chaque jour, tout autour de lui une vie inconnue grouille et l'effraie : "Pourquoi il y a tout ce sous-bois mauvais ?, je me demande. Qui essaie d'envelopper et d'effacer les arbres plus grands. Pourquoi toute cette férocité misérable et désespérée qui défigure toute chose ? Pourquoi tout ce grouillement de corps qui tentent d'épuiser les autres corps en aspirant leur sève de leurs mille et mille racines déchaînées et de leurs petites ventouses forcenées pour détourner vers eux la puissance chimique, pour créer de nouveaux fronts végétaux capables de tout anéantir, de tout massacrer ? Où je peux aller pour ne plus voir ce carnage, cette irréparable et aveugle torsion qu'on a appelée vie ?" p. 16

Comme un espoir, comme un havre de paix, l'homme observe tous les soirs une petite lumière qui s'allume sur le versant opposé de la colline. Nul hameau ne peuple cette colline, personne ne sait qui pourrait allumer cette petite lueur le soir, le mystère tremble autour d'elle. L'homme décide finalement d'aller explorer cet endroit. Il y rencontre un enfant. Seul. Etrange. Les deux êtres solitaires vont s'approcher, se frôler, échanger, partager un peu de leur vie pour mieux cheminer vers ailleurs...

Dans cette fable aux accents métaphysiques, rien n'est stable, à l'image des tremblements de terre qui secouent la colline du vieil homme. Les apparences sont trompeuses, il devient rapidement nécessaire de ne pas rester à la surface des choses pour espérer s'approcher de l'absolu. Dans une interview de la librairie Mollat, Antonio Moresco explique ce besoin de solitude  : 

"Parfois il faut faire le noir autour de soi et en soi et il faut faire silence pour entendre ce qu'on ne pourrait pas entendre dans le vacarme et la lumière éblouissante de notre époque."

La fin surprenante du récit encourage chaque lecteur à choisir sa propre interprétation, de la même façon que chacun perçoit le monde et son étrangeté différemment... La petite lumière rayonne en nous longtemps après les dernières pages tournées, cette petite fable "intime et secrète" crée un halo d'une lumineuse beauté...

 

Présentation de l'éditeur : Verdier 

D'autres avis : Télérama ;

Dominique ; Aifelle 

 

La petite lumière, Antonio Moresco, traduit de l'italien par Laurent Lombard, Verdier, 2014, 123 p., 14 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Le dernier hiver de Ake EDWARDSON

Publié le par Hélène

                              

♥ ♥ ♥ ♥ 

Ce que j'ai aimé :

Cet opus est le dixième et dernier des aventures de Erik WInter. Erik Winter est un enquêteur fort, qui ne se laisse pas décontenancer, un homme équilibré, avec une femme aimante et deux filles, un homme qui consacre beaucoup de temps à son métier mais qui ne peut pas faire autrement, par vocation : "Il ne se sentait jamais autant en vie que quand il travaillait avec la mort." Bien sûr il a quelques failles, des migraines, des cauchemars, la peur que la mort ne vienne s'inviter dans son cercle familial mais il sait pourquoi et pour qui il fait son métier. Quand un homme demande à un des policiers comment ils font pour supporter la mort, "Tous ces morts ! Jour après jour ?!", celui-ci répond : "- Nous ne sommes pas directement concernés."  

Et c'est aussi la puissance de ces romans policiers suédois et de son héros hors pair, de parvenir à nous montrer la mort sans pour autant que le pathos de nos vies ne refassent surface et ne nous angoisse. 

Dans cette enquête il se retrouve confronté à deux scènes de crime atypiques : deux femmes sont retrouvées mortes dans leur lit au petit matin, leurs maris faisant office de coupable idéal puisque aucune effraction n'a pu être constatée. Et pourtant ces derniers crient leur innocence. Winter va bénéficier des lumières d'une jeune auxiliaire de police observatrice pour résoudre cette enquête.

L'intrigue est ben menée, un contre la montre accélère le suspens tandis que Winter essaie de passer un Noël reposé en famille. Mais par delà l'intrigue, c'est bien sûr l'humanité de Winter qui transperce ses pages. Il va nous manquer...

Ce que j'ai moins aimé :

-Rien, juste une déception si il s'agit effectivement de la dernière enquête de Winter.

Premières phrases :

"On avait composé le 112 à 5h32 et 18 secondes. une vie à sauver. "Je n'arrive pas à ranimer ma compagne !" L'heure exacte importait peu, ce serait pour plus tard, lorsque l'enquête préliminaire en serait à chercher le quand, le comment, voire le pourquoi. Le coupable. S'il y avait enquête préliminaire."

Présentation de l'éditeur :

Chez JC LATTES  et 10/18 

Vous aimerez aussi :

La série dans l'ordre :

  1. Dans med en ängel, 1997 (*) / Danse avec l'ange, 2002Death Angels, 2009
  2. Rop från långt avstånd, 1998 / Un cri si lointain, 2003 / The Shadow Woman, 2010
  3. Sol och skugga, 1999 / Ombre et soleil, 2004 / Sun and Shadow, 2005
  4. Låt det aldrig ta slut, 2000 /   Je voudrais que cela ne finisse jamais , 2005 / Never End, 2006
  5. Himlen är en plats på jorden, 2001 (*) / Le ciel se trouve sur Terre, 2011 / Frozen Tracks, 2007
  6. Segel av sten, 2002 / Voile de pierre, 2006 / Sail of Stone, 2011
  7. Rum nummer 10, 2005 / Chambre numéro 10, 2007
  8. Vänaste land, 2006 / Ce doux pays, 2007
  9. Nästan död man, 2007 / Presque mort, 2009
  10. Den sista vintern, 2008 / Le dernier hiver, 2010

Sur ce blogJe voudrais que cela ne finisse jamais   ; Presque mort  ; Le ciel se trouve sur terre , Ce doux pays 

Autre : Policiers nordiques

 

Le dernier hiver, Ake Edwardsson, traduit du suédois par Maiie-Hélène Archambeaud ,10/18, 2011, 480 p., 8.8 euros

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Les 10 amours de Nishino de KAWAKAMI Hiromi

Publié le par Hélène

                                       10-amours-de-nishino.jpg

♥ ♥


L’auteur :

 Hiromi Kawakami est une romancière japonaise. Elle est diplômée de l'université pour femmes d'Ochanomizu.

Sa première nouvelle, Kamisama (littéralement : Dieu), fut publiée en 1994. 
En 1996, elle fut récompensée par le Prix Akutagawa pour Hebi wo fumu (littéralement : Marcher sur un serpent). 

En 2000, elle reçut le Prix Tanizaki pour sa nouvelle Sensei no kaban (Les Années Douces, littéralement : La sacoche du professeur), racontant la naissance d'une histoire entre une jeune femme trentenaire, Tsukiko, et l'un de ses anciens professeurs de littérature, septuagénaire, rencontré par hasard dans un café qui verra l'évolution de leur relation au fil des saisons et de rencontres épisodiques et toujours aléatoires. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 

 Qui était Nishino, cet homme insouciant et farouche comme un chat, et qui comme lui s’immisçait avec naturel dans la vie des femmes dont il faisait battre le coeur trop fort ?

Dix voix de femmes composent ce roman dont un homme est le centre de gravité et dont l’existence nous est progressivement révélée par celles qui l’ont tant aimé aux différentes époques de sa vie. Chacune d’elles à son tour prend la parole : elles tissent un à un les fils séparés d’une existence qui se rejoignent pour dessiner en creux le visage d’un homme plein de charme et de mystère, nonchalant, touchant, insaisissable. Et en faisant son portrait c’est elles-mêmes finalement qu’elles révèlent.

Dix variations tissées de poésie, de mélancolie, de drôlerie, pour tenter de comprendre cet étrange sentiment que l’on nomme l’amour. (Source : Babélio)

 

 Mon avis :

 

 Dix femmes se racontent. Leur vie, la rencontre avec cet homme fuyant, Nishino, les sentiments qui naissent au fil des jours, s'évanouissent, ou ne voient jamais le jour… Le mystère de l’amour est au centre de ces récits : pourquoi aime-t-on quelqu’un, pourquoi pas, pourquoi Nishino papillonne-t-il de fille en fille sans réussir à être fidèle, qu’est-ce qui fait l’essence d’une relation ?

 

« Mais peut-on s’aimer, si on ne se fait pas d’illusions sur l’autre ? C’est seulement à condition d’être indulgent, de ne pas être sur ses gardes, de se méprendre un peu, qu’on peut s’aimer l’un l’autre. » (p.66)

Au travers ces multiples récits, se dessine le portait en creux de ce Nishino, un être perdu entre ces femmes qui semblent davantage savoir qui elles sont. 

 Le charme des romans de Kawakami Hiromi est tellement diffus, diaphane, qu’il vous enveloppe doucement mais quand il s’agit de l’expliquer, le mystère reste entier, intraduisible. Moins fort que Les années douces, de ce récit émane un charme indéfinissable.

 

Premières phrases :

 « Minami était âgée de sept ans à l’époque.

C’était une enfant réservée. Elle passait son temps à faire des origamis de ses doigts graciles : un orgue, une belle-de-jour, une perruche, un petit plateau monté sur pieds… Elle confectionnait sans se lasser toutes sortes d’objets, qu’elle rangeait ensuite délicatement dans une boîte en carton tapissée de papier gaufré. J’étais très jeune quand je l’ai mise au monde. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Les années douces de Hiromi KAWAKAMILe temps qui va, le temps qui vient de Hiromi KAWAKAMI

Autre :  Littérature Asie de l'Est

 

D’autres avis :

 TéléramaLireMango 

 

Les 10 amours de Nishino, Kawakami Hiromi, traduit par Lisabeth Suetsugu, Picquier, février 2013, 18.50 euros

 

Publié dans Littérature Asie

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L’arrière-saison de Philippe BESSON

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

« L’important, c’est l’instant, sa fragilité et son intensité. (p. 185)

 

L’auteur :

 http://www.philippebesson.com

 

L’histoire :

« Au commencement, il y a cette peinture d'Edward Hopper qu'on peut voir à Chicago. J'ai dû l'apercevoir à plusieurs reprises avant de m'en procurer une reproduction, un dimanche d'ennui. Un soir, sans intention particulière, j'ai observé la femme en robe rouge de la peinture, assise au comptoir d'un café nommé Phillies, entourée de trois hommes. Alors, ça s'est imposé à moi, sans que j'aie rien cherché. J'ai eu l'envie impérieuse de raconter l'histoire de cette femme et des trois hommes autour d'elle, et d'un café de Cape Cod. »

Philippe Besson (Quatrième de couverture)

 hopper_nighthawks.jpg

 

Ce que j’ai aimé :

 Le temps est comme figé autour de ce bar, de ces trois personnages. Philippe Besson ébauche une histoire en filigrane : la femme en rouge attend un homme, retenu auprès d'une autre femme et elle espère être à l'orée d'une nouvelle vie, plus lumineuse, plus franche. Puis l'homme au chapeau pénètre dans le bar et réinvestit la vie de cette belle femme. Ce n'est pas lui qu'elle attendait, mais il va pourtant trouver sa place dans le tableau.  Le serveur est le complice muet de leurs retrouvailles, le troisième homme un client de passage.

Les descriptions parlent directement aux sens : le lecteur est comme transporté dans cette scène, le style pictural de l'auteur fait mouche :

  « Le crépuscule de Cape Cod tombe sur les vérandas des villas avoisinantes, où de jeunes femmes aux épaules découvertes ont profité jusqu’au dernier moment des rayons du soleil. Des chaises à bascule grincent avec le vent léger qui se lève, qui arrive maintenant de l’océan. Une balançoire bouge sans que nul ne l’actionne. Un frisson parcourt les dunes et agite les fils électriques pendus aux poteaux qui longent la route de la côte. Un drapeau américain claque dans l’indifférence. Ici, on ferme une fenêtre ; là, on allume une lumière. Un peu plus loin, sous un ciel orangé, les barques tanguent comme des ombres et des mâts font entendre leurs grelots. C’est un instant de Chatham, Massachusetts. » (p. 153)

 La scène est comme un cocon dans lequel les personnages évoluent, éprouvent des sentiments, pour s’évanouir ensuite aux portes du tableau et des pages. Le grand talent de l’auteur est d’avoir réussi à donner vie à ces marionnettes inanimées.

« En fin de compte, les souffrances font partie de l’existence, elles valent cent fois mieux que des moments insipides, elles sont le prix à payer pour affirmer ce qu’on est et accomplir ce qu’on a décidé. C’est son rêve américain à elle. L’or qu’elle cherche à conquérir, à la manière des pionniers, les ambitions qu’elle nourrit ou les chimères après lesquelles elle court, elle les traque en elle-même. » (p. 182)

 Un très beau texte simple et lumineux…

 

 Ce que j’ai moins aimé :

-Rien.

 Premières phrases :

 « Donc, au début, elle sourit.

C’est un sourire discret, presque imperceptible, de ceux qui se forment sur le visage parfois, sans qu’on le décide, qui surgissent sans qu’on les commande, qui ne semblent reliés à rien en particulier, qu’on en saurait pas forcément expliquer.

Voilà : c’est un sourire de presque rien, qui pourrait être le signal du bonheur. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La trahison de Thomas Spencer

Autre : Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE 

 

D’autres avis :

L’Express 

   

POCHE : L’arrière-saison, Philippe Besson, 10-18, janvier 2009, 6.60 euros

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Joséphine l’intégrale tome 1 à 3 de Pénélope BAGIEU

Publié le par Hélène

josephine.jpg

 

L’auteur :

 http://www.penelope-jolicoeur.com/

L’histoire :

Joséphine a "la trentaine", comme elle dit pudiquement. Elle n’est pas mariée, n'a pas d'enfant, mais elle a un chat. Elle est blonde et menue, mais s'épaissit sensiblement au niveau des hanches. Elle travaille dans un bureau, avec plein de gens qui ne connaissent pas son nom, et un macho abject dont elle ne parvient pas à clouer le bec. Elle a aussi une sœur qui est mariée, et a des enfants blonds, souriants et polis plein sa grande maison.

Elle a des parents qui n’habitent pas la même ville mais qui réussissent à l’envahir et à la culpabiliser par téléphone. Elle a des copines mais aucune n’arrive à la cheville de Rose, sa meilleure amie, solidaire de ses misères quotidiennes. Elle est terriblement fleur bleue et ne désespère pas de rencontrer l'homme idéal, ce à quoi elle s'emploie activement (bars, salles de gym, clubs d'œnologie, Meetic...). En attendant, elle pleure devant les films à l'eau de rose.
Joséphine a des tas de malheurs dont elle est bien souvent à l'origine : elle est maladroite, ne gère pas très bien ses relations professionnelles, peine à se faire entendre, fait des gaffes assez embarrassantes, et enchaîne les faux-pas dans sa vie amoureuse. Elle est en quelque sorte l'artisan de son propre malheur, mais veille à ne surtout jamais tirer de leçons de ce qui lui tombe dessus. (Quatrième de couverture)

Ce que j’ai aimé :

Joséphine est un personnage attachant, proche de la bonne copine addictive incontournable…

Les situations décrites sont très justes : Joséphine dépitée devant l’homme de sa vie (le trois-centième) qui lui expose son programme : « La vie à deux, l’engagement, le mariage, les enfants… Toutes ces inepties inventées par la société ! Je suis bien content qu’on soit sur la même longueur d’ondes, toi et moi ! Du sexe, des restos et pas de prise de tête ! » (« Joséphine a comme un doute »), Joséphine prête à tout pour éviter une séance de sport qui pourtant lui permettrait de perdre ses capitons enrobant ses fesses… (« Joséphine se demande vraiment à quoi sert la recherche scientifique »), Joséphine sœur indigne, tante indigne, mais avalant mojitos sur mojitos avec ses copines…

josephine--1-.jpg 

Ce que j’ai moins aimé :

Mais l’ensemble reste très banal, consensuel, attendu, trop proche de ce que vivent la plupart des célibataires, sans véritable recul ou situations originales cocasses... Sans parler du profond conformisme du troisième tome très décevant qui transforme notre chère Joséphine en.. mais chuuut…

La femme représentée par l’héroïne est très caricaturale ne pensant qu’à trouver le prince charmant et à fonder une famille, pas très bien dans sa peau à cause de quelques kilos superflus...

josephne-2.jpg

Une bd distrayante mais très convenue... 

Vous aimerez aussi :

J’aurais voulu être ethnologue de Margaux MOTIN

 

Joséphine, L’intégrale, Pénélope Bagieu, Jean-Claude Gausewitch Editeur, octobre 2010, 35.50 euros

 

BD Mango bleu

 

Top-bd-2012

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Peste et choléra de Patrick DEVILLE

Publié le par Hélène

                                           peste-et-cholera.jpg

 

Prix fémina 2012 

 

L’auteur :

Grand voyageur, esprit cosmopolite, Patrick Deville, né en 1957, dirige la Maison des Écrivains Étrangers et Traducteurs (MEET) de Saint-Nazaire. Son œuvre a été traduite en dix langues. Rappelons ses derniers livres publiés au Seuil: sa trilogie Pura Vida (2004), Equatoria (2006), Kampuchéa (2011)

 

 L’histoire :

 Parmi les jeunes chercheurs qui ont constitué la première équipe de l’Institut Pasteur créé en 1887, Alexandre Yersin aura mené la vie la plus mouvementée. Très vite il part en Asie, se fait marin, puis explorateur. Découvreur à Hong Kong, en 1894, du bacille de la peste, il s’installe en Indochine, à Nha Trang, loin du brouhaha des guerres, et multiplie les observations scientifiques, développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina. Il meurt en 1943 pendant l’occupation japonaise. Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, Patrick Deville a suivi les traces de Yersin autour du monde, et s’est nourri des correspondances et documents déposés aux archives des Instituts Pasteur. (Présentation de l’éditeur)

 

 Mon avis  :

 Alexandre Yersin est un personnage en perpétuel mouvement, toujours prêt à tenter de nouvelles aventures. S’il est un scientifique, il a au fond de lui une âme d’aventurier, il rêve de découvrir des territoires, des peuples, tel Livingstone, et c’est un peu par hasard qu’il découvre le bacille de la peste. Homme curieux, éveillé, il parcourt le monde en découvrant avec des frissons son foisonnement infini.

 « Ne pas avoir découvert le bacille de la peste le condamnerait à mourir explorateur inconnu parmi les milliers d’explorateurs inconnus. Il suffit d’une piqûre au bout du doigt comme dans les contes de fées. Mais c’est toujours ainsi la vie romanesque et ridicule des hommes. Qu’on soigne la peste ou meure de la gangrène. » (p. 92)

 Je n’ai pas été sensible au style, ni réussi à m’attacher au destin de ce personnage. Peste et choléra est à mi-chemin entre le roman et la biographie et ravira sans doute davantage les amateurs de biographie.

 

Premières phrases :

 « La vieille main tavelée au pouce fendu écarte un voilage de pongé. Après la nuit d’insomnie, le vermeil de l’aube, la glorieuse cymbale. La chambre d’hôtel blanc neige et or pâle. Au loin la lumière à croisillons de la grande tour en fer derrière un peu de brume. En bas les arbres très verts du square Boucicaut. La ville est calme dans le printemps guerrier. Envahie par les réfugiés. Tous ceux-là qui pensaient que leur vie était de ne pas bouger. La vieille main lâche la crémone et saisit la poignée de la valise. Six étages plus bas, Yersin franchit le tambour de bois verni et de cuivre jaune. Un voiturier en habit referme sur lui la portière du taxi. Yersin ne fuit pas. Il n’a jamais fui. Ce vol, il l’a réservé des mois plus tôt dans une agence de Saigon. »

 

D’autres avis :

Presse : Télérama Le Figaro Le point

Blogs : Mimi Chroniques de la rentrée littéraire  Val 

 

Peste et choléra, Patrick Deville, Seuil, août 2012, 228 p., 18 euros

challenge rentrée littéraire 2012 

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Les chagrins de Judith PERRIGNON

Publié le par Hélène

les chagrins

♥ ♥

 Un très beau roman sur les relations mère-fille

  

L’auteur :

 

Judith PERRIGNON est journaliste et auteur de plusieurs ouvrages mais Les Chagrins est son premier roman.

  

L’histoire :

 

A la mort de sa mère, Angèle apprend qu’elle est née en prison pendant la détention d’Hélèna, sa mère. Grâce à des lettres de Mila, sa grand-mère, à Hélèna et à des articles de journaux, Angèle va reconstituer son histoire et sonder les rapports opaques qu’elle entretenait avec sa mère.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’écriture ciselée :

 

« Une nuit sans sommeil commence. Pleine de murmures, de regrets, de prières et de berceuses. Des fées embastillées promettent à l’enfant la vie qu’elles n’ont pas eue. C’est toujours flou la vie qu’on n’a pas eue, parce qu’on ne sait pas à quel moment on s’est trompé, même quand on est en prison. Alors elles cousent des mots les uns aux autres, ressortent de vieux rêves jetés aux chiffons, convoquent la beauté, hésitent avec l’amour, se méfient des chimères qu’on raconte aux petites filles, tout en rêvant de s’envoler vers la rue juste derrière l’enceinte, rue Merlin elle s’appelle, comme l’enchanteur. » (p.19)

 

-          L’alternance de supports de narration (lettres, articles de presse, récit de Mila, récit d’Angèle…) apporte de la profondeur au personnage si fantômatique d’Hélèna.

 

-          La relation floue entre Angèle et Hélèna est minée par les chagrins de l’enfance : Angèle fut élevée par Mila, puis à cinq ans elle retrouva une Hélèna froide et distante, incapable d’aimer encore. Aujourd’hui, elle cherche à comprendre cette femme qui lui a obscurci la luminosité de l’enfance.

 

« Elle était la prisonnière consentante d’un court moment de sa vie. » (p.109)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Pourquoi ne pas avoir mis trois ou quatre étoiles ? La raison est simple : j’ai pleuré d’un bout à l’autre de cette lecture. Et mon cœur (et mes yeux bouffis) me murmurent que je ne peux pas m’enthousiasmer pour un roman qui a fait couler autant de larmes… Alors, comme hier avec « Une année en haut », j’ai décidé d’écouter mes émotions… Mais sachez que c’est un avis très personnel sur ce roman à la qualité indéniable.

 

Premières phrases :

 

"Au premier mars mille neuf cent soixante-treize, plus aucun fourgon n'avait passé la porte. Personne ne s'était assis au café Les Platanes, juste au coin de la rue, dans l'attente d'une visite. La prison était vide. Au-dessus du porche d'entrée, adossé au drapeau français, un panneau disait : Terrassement. Démolition. Entreprise Bonaldy."

 

Vous aimerez aussi :

 

Leur histoire de Dominique MAINARD

 

 Les chagrins, Judith PERRIGNON, Stock, août 2010, 204 p., 17 euros

 

Merci à Karine VINCENT des Editions Stock.

 

Lu dans de cadre du challenge du 1% littéraire : 1pourcent

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A l'orée du verger de Tracy CHEVALIER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Des pommes de la discorde aux arbres de l'espérance...

En 1838, dans l'Ohio, James Goodenough cultive des pommes. Mais les malheurs s'accumulent sur sa famille : à chaque fin d'hiver un de ses enfants meurt à cause de la fièvre des marais, les caprices du temps peuvent détruire en un instant ses récoltes, sa femme, Sadie, a tendance à trop apprécier l'eau de vie, les voisins sont rares bref, la vie est rude pour cette famille de cultivateurs... Les dissenssions s'exacerbent au sein du couple, James souhaitant cultiver avant tout une variété de pommes chère à son coeur la reinette dorée, pomme sucrée "au parfum de noix, de miel avec une note finale d'ananas" quand sa femme préfère les pommes à cidres qui lui permettent de fabriquer son eau de vie, encouragée en cela par John Chapman, vendeur d'arbres fruitiers itinérant. Leurs conflits permanents impacteront durablement leurs enfants. 

Enfants que l'on retrouve des années plus tard, après l'éclatement de la famille. Robert a quitté l'Ohio pour tenter sa chance dans l'Ouest. Il suit William Lobb, un exportateur chargé de prélever des pousses de séquoia pour les envoyer en Angleterre. Martha, quant à elle sillonne le pays à la recherche de son frère tant aimé.

Dans ce roman foisonnant très documenté, les arbres, tout comme les hommes voyagent : les pommiers à reinettes dorées viennent d'Angleterre et les séquoias géants ainsi que les redwoods font le chemin inverse. Mêlant savamment personnages fictifs et personnages réels, Tracy Chevalier rend hommage à la mémoire de ces pionniers venus construire l'Amérique. Si les êtres qui parcourent A l'orée du verger parlent peu, leur silence dit l'essentiel. Les rapports humains, amoureux ne coulent pas de source et demandent eux aussi des sols fertiles. Chacun est méfiant, comme pour se protéger d'un monde trop grand. 

Ce que j'ai moins aimé : Dans la première partie l'alternance de point de vue est déconcertante : d'abord celui de James à la troisième personne, puis celui de Sadie le personnage le plus détestable du roman -selon moi, d'autres comme Séverine l'ont adorée- qui, elle, parle à la première personne, dans un style qui se veut le sien. 

La construction est elle aussi déconcertante, avec des retours en arrière, des échanges épistolaires entrecoupant l'action et permettant des ellipses temporelles de plusieurs années.

En conclusion : Même si ce roman ne bénéficie pas des qualités narratives ni du souffle romanesque de La dernière fugitive, il aborde d'un point de vue original l'histoire de ces nomades anonymes qui ont contruit les Etats-Unis. 

 

Présentation de l'éditeur : Editions de la Table Ronde

Du même auteur : Mon préféré La dernière fugitive ;  Prodigieuses créatures

D'autres avis : Séverine

Télérama

 

A l'orée du verger, Tracy Chevalier, traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff, éditions la Table Ronde, mai 2016, 336 p., 22.50 euros

 

Merci à l'éditeur.

Ma rencontre avec l'auteure est ICI : rencontre avec Tracy Chevalier

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Le collier de la reine et autres nouvelles de Maurice LEBLANC

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 

 L’auteur :

 Maurice Leblanc est né en 1864 à Rouen. Après des études de droit, il se lance dans le journalisme. En 1907 paraît son premier ouvrage « policier » : Arsène Lupin gentleman cambrioleur. Le personnage devient immédiatement populaire et Leblanc en fait le héros d’une longue série d’aventures. Au total trente récits, parmi lesquels Arsène Lupin contre Herlock Sholmès (1908), L’Aiguille creuse (1909), Le Bouchon de cristal (1912), Les Huit Coups de l’horloge (1921), La Cagliostro se venge (1935)… Maurice Leblanc est mort en 1941 à Perpignan. (Présentation de l’éditeur)

 

L’histoire :

Un soir, ainsi qu’elle en a l’habitude à l’occasion de grandes solennités, la comtesse de Dreux-Soubise décide de porter le magnifique collier autrefois destiné à Marie-Antoinette et qui avait donné lieu à l’« affaire du collier ». Avant de se coucher, elle le confie à son mari qui le dépose à sa place habituelle, dans un petit cabinet attenant à la chambre et dont le verrou est fermé de l’intérieur. Au réveil, le collier demeure introuvable… Dans les cinq nouvelles de ce volume, on retrouve Arsène Lupin sous diverses identités, à la fois enquêteur et voleur, gentleman et cambrioleur.

Ce volume comprend : Le Collier de la reine, La Perle noire, Au sommet de la tour, La Carafe d’eau et La Lettre d’amour du roi George.

(Présentation de l’éditeur)

  

Ce que j’ai aimé :

Arsène Lupin, homme  élégant, racé, sarcastique s’en prend aux riches avec classe et intelligence. C'est un homme charmant, prêt à tout pour défendre la veuve et l’orphelin, homme vif, drôle aussi, il est le gentleman par excellence.

 L’alliance de roman policier et roman d’aventures rythme allègrement le récit servi par un style tout aussi vivace.

  « Ce que j’ai voulu d’abord, c’est vous distraire. Votre vie était monotone et manquait d’imprévu. En fut-il de même aujourd’hui ?

-          Comment pouvez-vous poser une telle question ? J’ai vécu les minutes les plus fortes et les plus étranges.

-          C’est cela, la vie, dit-il, quand on sait regarder et rechercher. L’aventure est partout, au fond de la chaumière la plus misérable, sous le masque de l’homme le plus sage. Partout, si on le veut, il y a prétexte à s’émouvoir, à faire le bien, à sauver une victime, à mettre fin à une injustice. »

Elle murmura, frappée par ce qu’il y avait en lui de puissance et d’autorité :

« Qui donc êtes-vous ?

-          Un aventurier, pas autre chose. Un amateur d’aventures. La vie ne vaut d’être vécue qu’aux heures d’aventures, aventures des autres ou aventures personnelles. » (p. 71)

L'action endiablée, le mouvementcontinuel et la vitesse de l’écriture font de ces petites nouvelles un régal de lecture... 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 J’aurais préféré choisir un recueil plus complet maintenant que je suis tombée amoureuse de Arsène, ce recueil-ci a tout juste fait office de préliminaires et m’a laissé sur ma faim…

 

Premières phrases :

« Deux ou trois jours par an, à l’occasion de solennités importantes, comme les bals de l’ambassade d’Autriche ou les soirées de Lady Billingstone, la comtesse de Dreux-Soubise mettait sur ses blanches épaules le « Collier de la Reine. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Les huit coups de l’horloge

 

D’autres avis :

Lu dans le cadre du Blogoclub  

Le collier de la reine et autres nouvelles, Maurice Leblanc, Le livre de poche, 2 euros

 blogoclub  

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