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1346 résultats pour “vie parfaite

Le passé de Tessa HADLEY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

Alice, Fran, Harriet et leur frère Roland se retrouvent dans la maison de leurs grands-parents à Kington dans la campagne anglaise durant l'été. Ils ont prévu de passer quelques semaines dans la maison familiale pour discuter notamment de l'éventualité de la vendre. Les enfants de Fran trouvent une compagnie agréable en la personne de Kasim, le beau-fils d'Alice, et de Molly, la fille de Roland. Harriet quant à elle se rapproche de Pilar, la nouvelle femme de Roland, d'origine argentine.

Tandis que les adultes discutent et reviennent sur le passé, les enfants errent dans la campagne et font une découverte déconcertante. Les relations familiales sont difficiles à gérer, entre tensions et amour inconditionnel.

Ce que j'ai aimé :

- Le style est magnifique, lyrique dans les descriptions de la campagne anglaise, poétique quand il évoque les souvenirs, il nous fait vibrer plus intensément, à l'unisson des sentiments et sensations des personnages.

- Les différentes générations sont admirablement bien décrites, entre l'enfance violente et avide de braver les interdits, l'adolescence et l'éveil à l'amour, puis l'âge adulte et son cortège de choix pas toujours évidents ou assumés. Les uns et les autres essaient de se soustraire au groupe, sans grand succès tant la famille possède des rets puissants et inaliénables.

"Je trouve la vie assez terrifiante, pas toi ? Et je suis une telle froussarde. C'est sûr, je ne sais rien de tout ce que cela veut dire. C'est vrai, même les choses les plus banales me fichent la trouille : la tristesse du changement, vieillir, les opportunités ratées. Sans compter la façon horrible dont les choses évoluent - ce qui se passe avec l'environnement par exemple. Je sais que je te barbe quand j'ai la nostalgie d'avant, comme si tout était mieux par le passé. Ce n'était peut-être pas le cas".

Ce que j'ai moins aimé :

J'ai trouvé les chapitres sur le passé inutiles et beaucoup moins bien écrits.

Bilan :

Un charme certain.

 

Présentation de l'éditeur : 10/18

D'autres avis : Charlotte

Publié dans Littérature Europe

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Douze nouvelles contemporaines. Regards sur le monde

Publié le par Hélène

♥ ♥

Trois parties divisent ce recueil de nouvelles d'auteurs contemporains :

Portraits des hommes et des femmes d'aujourd'hui, de la naissance à la mort

Claude Bourgeyx Lucien

Sylvain Tesson La crique couple qui mouille dans une crique hantée

Pascal Mérigeau Quand Angèle fut seule enterrement

Frédric Brown Cauchemar en gris homme alzheimer

Sylvain Tesson La particule 

Regards sur l'histoire du XXème siècle 

Dino Buzzati Pauvre petit garçon 

Antonio Skarmeta La rédaction chili

Jean Christophe Rufin Garde Robe 

Critique de la société contemporaine

Romain Gary J'ai soif d'innocence 

Sylvain Tesson Le courrier

Didier Daeninck Le reflet 

Jacques Sternberg Le credo

 

Les nouvelles sont assez pessimistes prouvant que l'homme qui ne maîtrise pas son destin, emporté par le cycle de la vie. Les êtres sont en quête d'absolu comme le narrateur de Romain Gary qui part à l'autre bout du monde pour rechercher la pureté des rapports humains, mais rencontre là-bas les mêmes faiblesses de la nature humaine "Dans les grandes capitales comme dans le plus petit atoll du Pacifique, les calculs les plus sordides avilissent les âmes humaines." (J'ai soif d'innonence). Les défauts humains s'accumulent au fil des histoires : cupidité, jalousie, intolérance, racisme... 

De la société du XXème siècle, ce choix de nouvelles ne retient que les abus de pouvoir, le totalitarisme, le terrorisme ou de façon plus légère l'enfer de la société de consommation... Ces nouvelles constituent une véritable critique de la société contemporaine, avec juste quelques minces lueurs d'espoir comme le petit garçon de La rédaction qui résiste malgré les idées que l'on cherche à lui inculquer.

Ce recueil a nénamoins l'avantage de permettre de découvrir le genre de la nouvelle à chute, au travers d'écrivains de renom, mais il assombrit sincèrement la vision de la société contemporaine ...

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard 

 

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Déception et abandon du mois d'août

Publié le par Hélène

                                  

A l'orée de la nuit de Charles FRAZIER

Présentation : Dans l’Amérique des Sixties, au fin fond des Appalaches où elle vit retranchée, loin des soubresauts du monde, Luce, jeune femme farouche et indépendante, se voit confier la charge des jumeaux de sa sœur défunte. Ayant vu leur père, Bud, une brute épaisse, assassiner leur mère, les orphelins traumatisés se sont réfugiés dans un mutisme inquiétant, où sourd une violence prête à exploser à tout moment. Patiemment, Luce va tenter de réapprendre la vie à ces deux écorchés vifs, et elle-même de reprendre goût à l’amour et à la compagnie des hommes. À celle, en particulier, de Stubblefield, nouveau propriétaire des terres où elle s’est établie. Mais leur idylle est menacée par le retour de Bud, blanchi du meurtre de sa femme et bien décidé à retrouver le magot que les deux enfants, croit-il, lui ont volé. C’est le début d’une longue « nuit du chasseur » : un western d’une beauté crue et crépusculaire, où Charles Frazier se révèle une fois de plus, après l’immense succès de Retour à Cold Mountain, comme l’un des grands romanciers des espaces américains. 

Mon avis : J'ai tenté deux fois cette lecture, sans parvenir pour autant à m'attacher aux personnages ou à l'intrigue. Luce et ses récriminations contre le monde "tout le monde te fait du mal.", les deux enfants taciturnes mais qui s'éveillent peu à peu sous l'oeil attendri de Luce, l'esquisse d'intrigue sentimentale entre Stubblefiels et Luce, le méchant Bud qui rôde, tout cela m'a semblé factive, forcé. Je n'ai pas trouvé de similitudes avec "La nuit du chasseur", j'ai abandonné !

D'autres avis : Page Le magazine littéraire Babélio 

 

Merci à l'éditeur.

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Les mouches de Jean-Paul SARTRE

Publié le par Hélène

"Car je suis un homme, Jupiter, et chaque homme doit inventer son chemin."

Alors qu'Agammemnon et Clytemnestre règnent sur la ville d'Argos, Egisthe et Clytemnestre, fomentent l'assassinat du roi pour vivre au grand jour leurs amours illicites. Après le meurtre sanglant, les mouches envahissent la ville, incarnant les remords des habitants. Oreste, le fils d'Agammemnon et Clytemnestre revient à cette période dans la ville. Il ne révèle pas son identité, préférant se faire passer pour Philèbe, habitant de Corinthe. Il retrouve sa soeur Electre, malmenée par le couple royal. Le rôle d'Oreste se dessine peu à peu : il se doit de venger la mort de son père et d'assassiner Clytemnestre, sa mère et son amant Egisthe. Seul contre tous, il prend les armes pour délivrer la cité.

Oreste devra faire des choix cruciaux : à partir du moment où il se défait de l'influence de Jupiter, il devient libre, libre de ses choix, libre d'être qui il souhaite. Mais le prix à payer est sa solitude... En effet, les mouches peuvent personnifier la tyrannie. Un seul homme peut résister, même s'il y a un prix à payer, comme Jean dans Rhinocéros de Ionesco, comme Diego dans L'état de siège de Camus. Mais l'espoir est permis car l'effort d'un seul peut changer la donne.

Jean-Paul Sartre explique : « Ce que j’ai voulu démontrer dans Les Mouches, c’est qu’il faut être lucide pour pouvoir dépeindre la liberté individuelle des comédies où elle se perd. Et le seul outil possible dans ce cas, c’est la responsabilité. Il faut savoir juger du degré de responsabilité individuelle que nous mettons dans nos actes. C’est ce que vivra d’ailleurs Oreste. Oreste ne prendra pas conscience qu’il peut être libre, mais qu’il l’est. Si j’ai utilisé un cadre mythique, c’est pour montrer l’absolu de la liberté, à travers le temps et l’espace. La liberté n’est pas une invention du XXe siècle. Elle est là depuis que l’Homme est Homme. Il ne faut qu’en prendre conscience. ».

Oreste assume ses responsabilités car pour lui la vie commence de l'autre côté du désespoir. "Le plus lâche des assassins, c'est celui qui a des remords" dira-t-il. Il faut écouter sa conscience, oser devenir ce que l'on veut et en assumer les conséquences sans faire oeuvre de mauvaise foi, principes de la philosophie existentialiste...

Un très beau texte à lire et relire !

 

Présentation de l'éditeur : Folio

Publié dans Théâtre

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Huis clos de Jean-Paul SARTRE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Tu n'es rien d'autre que ta vie."

Dans un salon empire, débarquent trois personnages, trois pécheurs, Garcin, Inès et Estelle. Ils en se connaissent pas, ne se sont jamais croisés, sont issus de milieux différents, mais vont devoir apprendre à vivre ensemble, dans cette pièce. Chacun des trois personnages sera jugé par les deux autres sur les actes qui ont constitué son existence. La pièce ne comporte pas de miroir, de fait c'est le regard de l'autre qui sert de jugement. Pas de bourreau dans cette antichambre des enfers, l'autre se chargera bien assez facilement du travail !

"Ouvrez ! Ouvrez donc ! J’accepte tout : les brodequins, les tenailles, le plomb fondu, les pincettes, le garrot, tout ce qui brûle, tout ce qui déchire, je veux souffrir pour de bon. Plutôt cent morsures, plutôt le fouet, le vitriol, que cette souffrance de tête, ce fantôme de souffrance, qui frôle, qui caresse et qui ne fait jamais assez mal."

L'enfer c'est le regard que nous portons sur les autres, du fait de l'image que nous leur renvoyons. cela ne signifie pas que tout rapport à l'autre est impossible,  mais qu'il faut s'abstraire de cette dépendance au jugement d'autrui.

"- Estelle, est-ce que je suis un lâche ?

- Mais je n'en sais rien, mon amour, je ne suis pas dans ta peau. C'est à toi de décider."

L'enfer, ce sera de trop porter attention au moindre haussement de sourcil de l'autre, au moindre mot à double sens, alors qu'au fond, notre vérité est en nous et non pas en l'autre.

"Alors c'est ça l'enfer. je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! Quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres."

L'homme est englué dans sa mauvaise foi, Garcin dans la pièce est lâche quand Estelle n'assume aucunement ses actes. Inès seule assume l'entièreté de ses actes, elle est la seule "authentique" de la pièce. Et sans ce réveil nécessaire, nous sommes des morts vivants, des "encroutés", nous sommes libres de nous détacher de ces contingences

"On est ce qu'on veut. (...) Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu"

Nous pouvons changer des actes par d'autres actes, nous pouvons briser le cercle infernal, l'homme est libre et responsable de son existence, comme le répète les existentialistes. L'homme existe et se construit ensuite, et de fait, il est responsable de ses actes.

Un texte terriblement d'actualité au regard des réseaux sociaux, l'Autre par excellence...

 

Présentation de l'éditeur : Folio

 

Huis clos, Jean-Paul Sartre, Folio, 256 p., 7.80 euros

 

Publié dans Théâtre

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Sur le ciel effondré de Colin NIEL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Parce qu'elle a sauvé des vies lors d'un attentat en métropole, l’adjudante Angélique Blakaman a obtenu le privilège d'être en poste à Maripasoula, dans le Haut-Maroni, pays de son enfance. Ainsi, quand le fils de Tapwili Maloko, disparaît, Angélique accompagnée du capitaine Anato, noir marron comme elle, se lance dans cette enquête. Ils se heurtent à plusieurs pistes : le jeune Tipoy se serait-il suicidé en butte au mal être de ces jeunes qui ne trouvent pas leur place entre les traditions qui disparaissent, l'orpaillage clandestin et une absence totale de perspective ? Parallèlement une série de cambriolages et de braquages violents installe une insécurité dans la région.

C'est un monde déboussolé que nous peint l'auteur en dressant le portrait des jeunes, mais aussi des différentes communautés, les Wayanas, les Tekos, les Ndjukas. Leurs croyances et leur mythologie se heurtent à la modernité et leur font ressentir des difficultés pour trouver une place dans la Guyane moderne. Pour un des personnages, il s'agit d'un véritable ethnocide, l'Etat, les collectivités, tout le monde ayant sa part de responsabilité.

La question de l'orpaillage clandestin est aussi au cœur du roman, tout comme dans le remarquable Ce qui reste en forêt, appartenant à la trilogie guyanaise de l'auteur.

"C'était le début d'un autre temps, d'une histoire sans magie. Le temps d'une humanité rivée au sol. Le temps des regrets que les anciens formulaient encore certaines soirs. Le temps de la séparation, les hommes à jamais privés d'accès à cet autre monde, à ce monde originel que de ténues passerelles leur faisaient quelquefois entrevoir.

C'était le temps des Indiens d’aujourd’hui.

Lourds et figés sur leur ciel effondré."

Ce que j'ai moins aimé : un peu long.

Bilan : Un roman passionnant qui ouvre le regard sur la Guyane et ses difficultés.

 

Présentation de l'éditeur : Le Rouergue

Du même auteur : Seules les bêtes ;

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Meurtre à Montaigne de Estelle MONBRUN

Publié le par Hélène

♥ ♥

En Dordogne, aux alentours du château de Montaigne des évènements étranges semblent avoir lieu : un jeune homme tombe d'une des plus hautes fenêtres du château et les petites filles de Michel Lespignac, spécialiste de Montaigne, se font enlever. A la croisée des chemins, une mystérieuse jeune fille Caroline Martin...

Pour résoudre ce cas épineux, l'enquête est confiée à Leïla Djemani, récemment promue commissaire et à Jean-Pierre Foucheroux, son ancien chef. Entre secrets de famille et vengeance, tout semble tourner autour d'un manuscrit inédit, un fragment du Supplément au Voyage en Italie rédigé en 1583 par Montaigne.

Ce que j'ai aimé :

- Les références littéraires

« Mes livres peuvent être lus comme de simples romans policiers, mais, si on connaît le texte source sur lequel je m’appuie, on peut s’amuser à reconnaître des citations cachées, des références stylistiques, des noms de personnages codés… C’est comme un clin d’œil permanent, une complicité à trois : un écrivain, une romancière, un lecteur. » dit l'auteur qui s'est spécialisée dans les romans qui entremêlent la vie d'un grand auteur et le polar (Proust, Colette, Yourcenar)

- La peinture du petit monde littéraire d'universitaires, entre rivalités et ambitions démesurées, faux manuscrits, est admirablement bien décrite.

Ce que j'ai moins aimé :

- La temporalité bousculée : les chapitres assez courts ne sont pas chronologiques, si bien que l'on se perd dans l'histoire.

- La fin de certains personnages, assez théâtrale et artificielle

- La psychologie des personnages, notamment de Véronica est difficile à cerner, surtout vers la fin

Bilan :

Une petite déception, l'alliance entre érudition et polar n'étant pas totalement aboutie à mes yeux.

 

Présentation de l'éditeur : Viviane Hamy

D'autres avis : Sans connivence

Merci à Babélio et à l'éditeur !

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L'amour viendra, petite ! de Jérôme FANSTEN

Publié le par Hélène

               

             

    ♥ ♥  

Ce que j'ai aimé :

J. est un privé qui peine à gagner sa vie. Aussi a-t-il tendance à accepter toute enquête qui pourrait lui rapporter potentiellement de l'argent. Aussi a-t-il tendance à se placer dans des postures dangereuses, à l'insu de son plein gré. Surtout que J. aime les femmes, il aime leur musique jazzy quand il plonge entre leurs jambes, il aime leur chant jouissif et aime les duos endiablés... Et J. a tout pour leur plaire, un peu raté, c'est certain, mais tellement doué dans le maniement des mots et des caresses...

Trois enquêtes sont menées dans cet opus, placées sus l'égide de la poésie, comme quand J. doit partir à la recherche de la confance d'une jeune femme :

"Où c'est que tu l'as vu la dernière fois ?

- Qui ?

- Confiance ?

- Dans un miroir." p. 167

L'ensemble est inventif, drôle, truculent entre Audiard et Vian, le héros rencontrant fréquemment Simenon ou encore Brautigan ou des allégories :

"Tristesse était belle. Un peu ravaudée, mais... Elle a posé son front sur ma poitrine ; j'ai fait glisser ma main sur sa nuque. Ma langue a picoré sa peau, jusque sous son oreille. J'ai senti son pouls s'accélérer. J'ai pensé à lui mordiller le lobe, très tendre. Mais... Je l'ai baisée à mort, à même le canapé." p. 185

Ce que j'ai moins aimé :

-J'ai regretté une absence de structure, un aspect décousu, avec des retours en arrière, et finalement pas d'enquête qui serait menée de bout en bout.

-L'absence de noms, l'emploi de simples initiales fait qu'on se perd un peu dans les personnages qui manquent de consistance, d'humanité devenant juste des silhouettes esquissées qui apparaissent, disparaissent, meurent ou pas...

Jérôme Fansten fait preuve d'un talent certain pour les mots, avec des idées originales mais il manque selon moi une véritable intrigue, qui ne résumerait pas le roman à des saynètes.

Premières phrases :

"Elle ne serait pas morte si j'étais venu. Elle a le visage tout bleu, le regard encore fou d'un cheval apeuré. Pauvre Catrina.

- Tu la connais ?

- Oui.

- Tu peux l'identifier ?

Je pourrais, oui. Quel intérêt ? Et si je refuse, moi, de voir dans ce tas d'immondices la femme étrange, belle et séductrice qu'elle a toujours été ? Dès le matin, elle s'attifait de soleil, dorée jusqu'au bout des seins, parfumée de frais. Alors ? Ce bout de viande froide : la Catrina ?"

D'autres avis :

Yves

 

L'amour viendra, petite ! de Jérôme Fansten, Flamant noir éditions, mai 2014, 15 euros

 

Merci à Yves pour le prêt.

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Pur de Antoine CHAINAS

Publié le par Hélène

 

"Ce ne sont pas les races ni les religions qui nous posent problème, mais la misère."

Tout commence par une sortie de route. Patrick Martin recouvre ses esprits après un accident de voiture qui a couté la vie à sa femme. Or les circonstances de l'accident restent vagues : ont-ils subi les tirs de deux arabes avec qui ils s'étaient disputés un peu plus tôt dans le voyage sur une aire d'autoroute ? Ont-ils été tué par "le tueur de l'autoroute" qui prend pour cible habituellement des arabes ? Se sont-ils violemment disputés ce qui aurait occasionné une sortie de route ? Dans ce monde aseptisé, les politiques s'empressent de récupérer l'accident pour créer un climat insurrectionnel propre à renforcer le rôle de la police judiciaire dans la ville.

Le point de vue des personnages alterne entre Durantal, flic obèse, Alice, jeune policière arriviste, Julien, jeune homme vivant dans l'ombre d'un père tyrannique, et Patrick, qui semble cacher des éléments.

Dans cette légère dystopie, les français vivent dans des résidences sécurisées, puisque la sécurité et l'ostracisme sont devenus des sujets de préoccupation essentiels. Chacun surveille son prochain par un système pointu de vidéosurveillance sur laquelle on peut se brancher en permanence chez soi pour encourager les dénonciations de ceux qui troubleraient cet ordre quasi totalitaire.

Un roman glaçant d'un monde perdu dans ses dérives...

Ce que j'ai moins aimé :

Je l'ai trouvé relativement long, doté de personnages peu attachants, assez froids. Le manque de lumière prégnant déshumanise et les personnages et l'intrigue.

Bilan : Un roman qui colle à l'actualité et est utile dans sa dimension politique, mais reste décevant dans sa dimension policière.

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard

D'autres avis : Babélio ; Télérama

 

Ce roman appartient à la sélection du Prix SNCF du polar et il est accessible ce mois-ci en ligne en format numérique sur le site de la SNCF

Voici certains des autres titres :

Catégorie Roman :

Gravesend de William BOYLE

911 de Shannon BURKE

Catégorie Courts métrages :

Ici

Catégorie BD :

L'été Diabolik de Thierry Smolderen et Alexandre Clerisse

Watertown de Jean-Claude GOTTING

Chaos debout à Kinshasa de Thierry Bellefroid et Barly BERUTI

 

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Ce qui reste en forêt - Une enquête du capitaine Anato en Amazonie française de Colin NIEL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

Aux abords de la station scientifique de Japigny, en Amazonie Française, un naturaliste est retrouvé noyé. Qui a pu souhaiter sa mort ? Alors que les premiers soupçons se portent sur les orpailleurs dont le chantier clandestin jouxte la station scientifique, le lieutenant Gibral tente d'établir un lien entre le meurtre et la découverte d'un albatros mort sur la plage, oiseau qui aurait dû se trouver dans les terres australes. 

Le capitaine Anato enquête tout en menant de front une quête plus personnelle : il se découvre en effet l'existence d'un frère inconnu. 

Roman passionnant et dépaysant Ce qui reste en forêt nous emmène sur des terres éloignées de la Guyane aux côtés de scientifiques qui tentent de préserver ses espaces sauvages .

"Cette station est bien plus que quelques carbets perdus au milieu de la jungle. C'est trente ans de travail et l'avenir de l'écologie tropicale qui est en jeu. C'est ici que l'on comprend l'importance des forêts dans la lutte contre le réchauffement climatique, que l'on découvre les dernières espèces de mammeifères inconnues, que l'on étudie le cycle permanent de l'écosystème le plus complexe de la planète, que se joue le sort réservé à l'Amazonie par les grands de ce monde." p. 416

@rfi 

L'enquête poliière est prétexte pour aborder le milieu de l'orpaillage clandestin et de ses garimpeiros : "Chaque jour, de nouveaux Brésiliens pénétraient clandestinement sur le territoire de la Guyane, prêts à tout pour gagner leur vie en exploitant l'or. Voilà qu'on en retrouvait perdus au milieu de la jungle, affamés, à peine vivants. Des déchets recrachés par les chantiers qui dévoraient la forêt." p. 94 

A travers l'histoire personnelle de chacun, l'auteur met également en lumière les moeurs et croyances du pays, offrant ainsi un tableau complet très documenté du pays.

Une belle réussite pour ce roman alliant suspense et intérêt documentaire. Il s'agit du deuxième roman de l'auteur, un troisième est prévu en octobre 2015, pour mon plus grand bonheur.

 

Pour en savoir plus sur l'orpaillage clandestin : sur France Info 

Présentation chez l'éditeur : Actes sud, Babel noir 

D'autres avis sur Babelio

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