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1346 résultats pour “vie parfaite

Le silence de Dennis LEHANE

Publié le par Hélène

♥ ♥ 

"Nous ne sommes pas qu'une seule chose. Nous sommes des êtres humains. Le pire d'entre nous a du bon en lui. Le meilleur d'entre nous a le cœur qui renferme une part de mal pur. Nous bataillons. C'est tout ce que nous pouvons faire."

En 1974, à South Boston, quartier irlandais de Boston, Mary Pat se fond dans la vie du quartier. La ville est en ébullition en raison d'une récente politique de déségrégation accentuant les luttes raciales. Encore marquée par la perte de son fils,  elle veille sur sa fille Jules, dix-sept ans. Or son monde s'effondre quand un soir, la jeune fille ne rentre pas et demeure introuvable. La même nuit, au même endroit où elle a été aperçue pour la dernière fois, un jeune Noir meurt dans des circonstances suspectes. Mary Pat cherche frénétiquement les traces de sa fille, découvrant peu à peu l'univers secret de la jeune femme. Elle est rapidement freinée dans ses recherches par ceux qui tiennent le quartier appartenant à la mafia irlandaise. Mais rien ne peut arrêter une mère brisée qui n'a plus rien à perdre...
Les personnages de Dennis Lehane sont des êtres perdus, cherchant désespérément un sens dans ce monde tourmenté, et déchirés entre une loyauté envers les leurs et une rage soudaine qui éclate malgré eux. L'humanité les sauve malgré tout, une amitié improbable se profile entre Mary et Bobby, personnage profondément humain qui incarne l'espoir et ne se contente pas de subir mais questionne ce qui l'entoure.

"Vous ne pouvez pas tout enlever aux gens. Il faut leur laisser quelque chose. Une miette. Un poisson rouge. Quelque chose à protéger. Quelque chose qui soit une raison de vivre. Parce que si vous ne faites pas ça, qu'est ce qui va vous rester pour négocier ?"

Un roman très sombre plongeant dans les tréfonds des quartiers gangrénés par la misère sociale et les luttes raciales et un magnifique portrait de mère aimante prête à tout pour protéger et défendre les siens. A lire !

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur :  Gone baby gone ♥ ♥ ♥ ♥ (policier) Shutter island ♥ ♥ ♥ (policier) Ténèbres, prenez-moi par la main ♥ ♥ ♥ ♥ (policier) ; Moonlight mile ♥ ♥ (policier)

 Thème du mois : roman noir

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Miss Islande de Audur Ava OLAFSDOTTIR

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Il fallait ... porter en soi un chaos... pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse..."

En Islande en 1963 Hekla, 21 ans part pour la capitale, et s'installe chez son ami Jon John. Les deux amis se protègent mutuellement, conscients d'être des êtres à part qui trouvent difficilement leur place dans la société islandaise de l'époque : elle, parce qu'elle est une femme qui écrit, lui parce qu'il préfère les hommes aux femmes. Ils se trouvent, se rassemblent, se complètent, s'épaulent dans l'adversité. Chacun tente de poursuivre ses rêves malgré un climat peu propice : Jon rêve de travailler dans un théâtre pour fabriquer des costumes quand Hekla aimerait éditer son roman. Mais Jon est malmené, battu, et tout ce qu'on propose à la narratrice est de devenir Miss Islande, de vendre sa beauté et non pas ses écrits.

Hekla est soutenue aussi par son amie Isey, une jeune femme qui prend peu à peu conscience aussi des ses limites en tant que femme : si elle ressent des besoins d'écrire également, ce qu'elle réalise dans son journal intime, elle est obligée de le ranger dans un seau, de le cacher à son mari. Avec l'arrivée d'un enfant, elle est rattrapée par des envies de maison, de confort, de couleur de papier peint, laissant son journal au fond du seau.

Ces personnages sont prisonniers d'un monde conservateur, alors qu'ils sont prêts à éclater, et leur seul échappatoire est l'art qui transcende et leur permet de survivre. Une luminosité s'échappe de ces vies, de ces femmes qui tentent d'être libres et de s'accomplir en suivant leurs choix. Hekla, fidèle au nom du volcan qu'elle porte est tempétueuse, bien décidée à faire entendre sa voix et à envoyer au tapis ceux qui ne la louent que pour sa beauté...

Ce magnifique roman de Audur Ava Olafsdottir rappelle combien il est important de s'accrocher à ses rêves, envers et contre tout. Peu à peu, tous les personnages font un bout de chemin vers la liberté et même s'ils n'arrivent pas encore au bout, ils avancent grâce à ce lien particulier qu'ils tissent et consolident. L'amitié scintille au cœur du roman, éclairant les êtres et les empêchant de renoncer, malgré un climat clairement réfractaire à leurs idées.

Un coup de cœur !

Présentation de l'éditeur : Zulma

Du même auteur :  Rosa candida ♥ ♥ ♥ ♥ ;  L’embellie  ♥ ♥ ♥ ; L'exception ♥ ♥ ♥ ♥ ; Le rouge vif de la rhubarbe ♥ ♥ ♥ ♥ ;  Ör ♥ ♥ ♥ ; Miss Islande ♥ ♥ ♥ ♥ ; La vérité sur la lumière ♥ ♥ ♥ ♥  ; Eden ♥ ♥ ♥ 

Publié dans Littérature Europe

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Bivouac de Gabrielle FILTEAU-CHIBA

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Face à la destruction de son habitat, le peuple a un devoir d'opposition."

Bivouac est le troisième volet du triptyque constitué de Encabanée et Sauvagines. Dans le premier tome Anouk décide d'aller vivre en ermite dans la forêt, dans le deuxième tome elle rencontre Raphaëlle garde chasse et elles ont passé l'hiver en Gaspésie dans leur cabane, à l'écart de tout. A l'approche du printemps, Raphaëlle souhaite rejoindre la communauté de la Ferme Orléane pour explorer la possibilité d'une agriculture et d'un vivre-ensemble révolutionnaires... Anouk l'accompagne mais la vie en collectivité pèse rapidement et la jeune femme décide de regagner sa cabane au Kamouraska. Elle recroise Riopelle / Robin, militant écologique qui prépare une nouvelle mission pour empêcher un projet d'oléoduc qui doit traverser les terres du Bas Saint Laurent et menace de raser une forêt, véritable bijou de biodiversité.
"J'pense que tous les êtres sensibles ressentent la souffrance de la Terre. C'est la maladie de notre génération, l'éco-anxiété. Et j'espère qu'elle est contagieuse, cette peur, cette angoisse-là, parce qu'il faut agir. Pis ça presse."
Raphaëlle et ses alliées de la Ferme rejoindront rapidement Anouk et Robin pour lutter à leurs côtés contre ceux qui veulent ne voir dans les forêts que des ressources à exploiter, sans comprendre qu'ils détruisent tout un écosystème, mais cette lutte se fera à leurs risques et périls...
Ce que j'ai aimé

J'ai apprécié de découvrir le fonctionnement de ces organisations écologiques portées par des militants prêts à tout pour défendre la nature et ses ressources.

Ce que j'ai moins aimé :

J'ai trouvé que trop de romances et de réflexions autour du polyamour étouffaient le texte. J'ai nettement préféré les deux premiers tomes à celui-ci !

Bilan :

Une déception !

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur : Encabanée ♥ ♥ ♥ ♥ ; Sauvagines ♥ ♥ ♥ ♥

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Le marin de Gibraltar de Marguerite DURAS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"On cherche toujours plus ou moins quelque chose, dis-je, que quelque chose sorte du monde et vienne vers vous."

Alors qu'il passe ses vacances en Italie à Florence avec sa femme, le narrateur réalise qu'il n'est pas épanoui dans sa vie. Il rencontre un homme qui évoque un petit village italien à l'embouchure d'un fleuve, Rocca, et décide sur un coup de tête de se rendre là-bas. L'homme mentionne aussi une mystérieuse femme propriétaire d'un yacht, Anna, femme très belle et très riche, qui passe aussi quelques temps à Rocca. Le narrateur se rend là-bas avec sa femme et trouve le courage de la quitter et de se présenter à Anna pour arpenter les mers à ses côtés sur son yacht plutôt que de retourner à son travail routinier. Celle-ci est à la recherche de celui qu'elle nomme "le marin de Gibraltar", un homme qu'elle a aimé et qui l'a abandonné. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S'ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Étrange contradiction. De Sète à Tanger, de Tanger à Abidjan, et d'Abidjan à Léopoldville, leur recherche se poursuit.

Le rythme est lent, pareil à la course du bateau se laissant porter par les flots, le narrateur et Anna vivant au rythme du bateau et de ses escales, et se découvrant l'un et l'autre peu à peu. Leur relation est tout aussi lancinante, oscillant sur les vagues du souvenir qui relie Anna au marin et sur celles du présent lié au narrateur qui a largué ses amarres pour elle. A l'entrecroisement de leurs quêtes respectives, ils vont se rencontrer et peut-être s'aimer...

Un très beau roman délicat par lequel il faut se laisser porter pour en saisir tout le charme.

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur : L’amant ♥ ♥ ♥ ; Moderato Cantabile ♥ ♥ ♥ ♥ ; Dix heures et demie du soir en été ♥ ♥ ♥ ♥

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La longue vue de Elizabeth Jane HOWARD

Publié le par Hélène

♥ ♥

"L'idée qu'on se faisait à l'avance de quelque chose était un poids plume voué à affronter l'inévitable masse du réel, tellement plus convaincante."

Londres, 1950. Antonia et Conrad Fleming préparent les fiançailles de leur fils Julian dans le quartier chic de Campden Hill Square. Antonia fait alors le point sur son propre mariage et force lui est de constater son échec... Sa fille ne semble pas mieux partie et quant à Julian, il a choisi une jeune fille fade très effacée qui lui promet un ennui profond ! La narration remonte alors le cours du temps pour retrouver Antonia en 1942 à Londres, puis en 1937 à Saint Tropez, à Paris en 1927 durant sa lune de miel, et enfin en 1926 dans le Sussex alors qu'à dix-neuf ans, elle rêve au mariage et à ses perspectives...

Elizabeth Jane HOWARD fait preuve là encore d'un talent indéniable pour explorer les intrications et les tensions des relations humaines au sein d'une famille bourgeoise. En proposant cette structure à rebours, elle déploie une vie entière qui permet de mettre en lumière les illusions perdues d'Antonia. Cette perspective multigénérationnelle de la famille permet d'examiner les évolutions et les dysfonctionnements qui surviennent au fil du temps. L'autrice puise dans ses expériences personnelles et dans son observation de la société pour former un portrait caustique de cette famille Fleming. "Jai été extraordinairement amoureux de toi, autrefois. » Cette phrase cruelle prononcée par Conrad, le mari d'Antonia, l’écrivaine l’a entendue de Kingsley Amis, son troisième mari : elle le raconte à sa biographe, la critique littéraire Artemis Cooper (A Dangerous Innocence, éd. John Murray, 2016, non traduit).

Présentation de l'éditeur : Editions La Table Ronde

Du même auteur La saga des Cazalet t1 ; Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5

Publié dans Littérature Europe

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Buffalo Blues de Keith MCCAFFERTY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

A la veille de la fête du 4 juillet, dans la vallée de la Madison, un troupeau de bison est tombé dans le vide. La shérif Hyalite Martha Ettinger et son adjoint Harold Little Feather doivent enquêter pour déterminer si ils sont tombés accidentellement ou poussés par d'autres protagonistes, qui auraient perpétuer ainsi une pratique de chasse vieille de milliers d'années. Quand un indien est retrouvé mort sur la scène, une flèche dans la jambe, les doutes s'intensifient !

Parallèlement, une belle sirène se présente à Sean Stranahan en lui demandant de retrouver son ancien amoureux John Running Boy. Si, de prime abord, les deux affaires ne semblent pas liées, il s'avèrera qu'elles mènent toutes deux au bord des falaises...

En choisissant le biais de l'intrigue policière, l'auteur reste fidèle à la volonté de divertir son lecteur tout en l'instruisant sur des problématiques essentielles de son territoire. Territoire qui a toujours été au cœur de dissensions historiques entre les indiens, les ranchers, les promoteurs, ou ici les bisons.

Pas moins d'un millier de bisons sauvages de Yellowstone sont tués chaque hiver pour réduire la taille des troupeaux à l'intérieur du parc et les empêcher de recoloniser leurs aires historiques de répartition. L'auteur s'attaque ici à ces pratiques qu'il aimerait voir disparaitre. Il œuvre pour qu'un équilibre dans la nature soit rétabli, que les bisons pâturent à nouveau librement au bord des grandes rivières de l'Etat.

"Je suis persuadé que l'avenir de l'homme, sa survie même, dépend de sa tolérance à l'égard des autres formes de vie. Dans la mesure où nous travaillons pour la protection de notre environnement et des animaux qui y cohabitent, nous développons le caractère d'humanité et les ressources qui peuvent sauver notre planète."

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur : Il s'agit de la cinquième enquête du duo de choc du Montana sauvage, la shérif Ettinger et le peintre pêcheur à la mouche Stranahan. Voici les précédents :  Meurtres sur la Madison ♥ ♥ ♥ ; Les morts de Bear Creek ♥ ♥ ♥ ♥ ; La Vénus de Botticelli Creek ♥ ♥ ; Le baiser des Crazy Mountains ♥ ♥ 

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Blanche-Neige doit mourir de Nele NEUHAUS

Publié le par Hélène

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♥ 

L’auteur :

 Née en 1967 à Münster, en Westphalie, l’auteur de Flétrissure (Actes noirs, 2011 ; Babel n° 66) règne désormais sans partage sur le polar allemand : Blanche-Neige doit mourir s’est vendu (Actes noirs, 2012) à plus d’un million d’exemplaires outre-Rhin. 

 

L’histoire :

 

 Un squelette humain est retrouvé dans une ancienne cuve de carburant, dans un ancien aéroport militaire. Un peu plus tard, une femme tombe d’un pont. Selon un témoin, elle aurait été poussée. L’enquête conduit Pia Kirch hoff et Oliver von Boden stein dans le petit village d’Altenhain où la victime, Rita Cramer, a vécu avant son divorce d’avec un certain Hartmut Sartorius. Or, onze ans plus tôt, deux jeunes filles du bourg avaient disparu sans laisser de traces. Sur la foi de maigres indices, un garçon de vingt ans, Tobias Sartorius, avait été arrêté et condamné à dix ans de prison. Depuis quelques jours, Tobias est revenu à Altenhain... L’agression dont sa mère a été victime a-t-elle un lien avec ce retour ? Dans le village, Pia et Bodenstein se heurtent à un mur de silence. Mais bientôt une autre jeune fille disparaît et les habitants accusent Tobias Sartorius, même si ce dernier a toujours clamé son innocence. Les preuves manquent, la police piétine et certains villageois semblent bien décidés à prendre les choses en main.

Dans ce deuxième roman du duo Kirchhoff-von Bodenstein, Nele Neuhaus construit une fois de plus une intrigue millimétrée autour des non-dits et de l’atmosphère étouffante d’un petit village allemand. Procédant par dévoilements successifs, elle démonte patiemment les mécanismes d’une erreur judiciaire et analyse magistralement le fonctionnement de ces fascinantes machines à broyer les individus que sont parfois la justice et les préjugés.
Succès colossal à sa sortie, Blanche-Neige doit mourir s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires outre-Rhin. De puis, Nele Neuhaus règne sans partage sur le domaine du “Krimi”.

 

Ce que j’ai aimé :

 

Ce roman policier est plutôt efficace surtout au début du roman : l'atmosphère de ce village replié sur lui-même est inquiétante, les villageois faisant bloc contre le jeune Tobias accusé du meurtre de jeunes filles dix ans auparavant. Ils ne voient pas d'un bon oeil son retour après sa sortie de prison. Tobias devient peu à peu humain, porté par l'amour paternel de cet homme qui n’a jamais pu quitter sa maison et a dû subir les allusions désagréables incessantes liées à son fils. Dans cette ambiance de suspicion arrive une nouvelle jeune fille, Amélie, curieuse et éloignée de tout a priori. 

Ainsi le lecteur est rapidement ferré : Tobias est-il réellement coupable ? Amélie va-t-elle découvrir la vérité ou payer sa trop forte ressemblance avec l'une des jeunes filles assassinées ? Le village va-t-il supporter le retour de l'enfant maudit ?

 

Ce que j’ai moins aimé :

 Puis tout se complique inextricablement, les intrigues se multiplient si bien  que le lecteur se perd, et la vie privée de Bodenstein, l'enquêteur, tombe dans le sordide de la vie de couple malmenée.

L'atmopshère inquiétante s'efface pour céder la place à une intrigue classique, le thème initial banal -disparition de jeunes filles- reprenant le devant de la scène. 

Trop de rebondissements, de personnes qu’on essaie de tuer à bout presque portant mais qui survivent, et puis celles qui tombent simplement et malencontreusement se cognent la tête et meurent.

Il faudrait aussi qu’on m’explique comment garder un cadavre momifié intact après tant d’années...

En résumé un roman policier plaisant, mais souffrant de défauts rédhibitoires pour certains...

 

Premières phrases :

 « L’escalier de fer rouillé était étroit et raide. Il tâta le mur pour trouver l’interrupteur. Une seconde après l’ampoule de vingt-cinq watts éclaira l’endroit d’une lumière chiche. La lourde porte de fer s’ouvrit sans bruit. Il en huilait régulièrement les charnières pour qu’elles ne grincent pas quand il venait la voir. Un air chaud mêlé à une odeur sucrée de fleurs fanées l’accueillit. Il ferma soigneusement la porte derrière lui, éclaira et resta un moment immobile. La grande pièce, environ dix mètres de long et cinq de large, était simplement meublée, mais elle avait l’air de s’y sentir bien. »

 

D’autres avis :

 CanelJosteinNadael A propos des livres ; Théoma ; Mimi ; Akialam ; Clara 

  

Blanche-Neige doit mourir, Nele Neuhaus, traduit de l’allemand par Jacqueline Chambon, Actes sud noirs

 

grand prix lectrices de elle

Publié dans Roman policier Europe

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Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de VIGAN

Publié le par Hélène

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Prix Renaudot des lycéens 2011

Prix France Télévisions 2011

 

L’auteur :

 

Delphine de Vigan est notamment l’auteur du best-seller No et moi, plus de 400 000 exemplaires vendus toutes éditions Prix des Libraires 2008, adapté au cinéma par Zabou Breitman, et des Heures souterraines (2009), près de 100 000 exemplaires vendus en édition première et traduit dans le monde entier. Elle faisait partie de la dernière sélection du Goncourt. Elle vit à Paris.

 

L’histoire :

 

« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.

 

Mon avis :

 

Rien ne s’oppose à la nuit est un roman dont on demeure prisonnier dès les premières pages amorcées. Il ferre le lecteur avide de connaître l’ensemble du portrait offert par Delphine de Vigan, impatient d’aller jusqu’au bout du malheur, pour, peut-être entrevoir ensuite une once d’éclaircie. Heureusement, Delphine de Vigan, entre deux chapitres consacrés à la souffrance liée à sa famille, désamorce l’angoisse en revenant au présent et en décrivant son propre processus d’écriture. Ces chapitres sont comme des bouffées d’air avant de retourner en apnée dans les pages plus dures.

 

La question que j’ai fini à me poser est « pourquoi s’infliger cette épreuve en tant que lectrice ? » Je conçois que l’auteure ait besoin de se délivrer, de rompre la malédiction, de comprendre :

 

« Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la psycho-généalogie ni aux phénomènes de répétition transmis d’une génération à une autre qui passionnent certains de mes amis. J’ignore comment ces choses (l’inceste, les enfants morts, le suicide, la folie) se transmettent.

Le fait est qu’elles traversent les familles de part en part, comme d’impitoyables malédictions, laissent des empreintes qui résistent au temps et au déni. » (p. 283)

 

« A la fois pour moi-même et pour mes enfants – sur lesquels pèse, malgré moi, l’écho des peurs et des regrets- je voulais revenir à l’origine des choses.

Et que de cette quête, aussi vaine fût-elle, il reste une trace. » (p. 297) 

 

«  J’écris ce livre parce que j’ai la force aujourd’hui de m’arrêter sur ce qui me traverse et parfois m’envahit, parce que je veux savoir ce que je transmets, parce que je veux cesser d’avoir peur qu’il nous arrive quelque chose comme si nous vivions sous l’emprise d’une malédiction, pouvoir profiter de ma chance, de mon énergie, de ma joie, sans penser que quelque chose de terrible va nous anéantir et que la douleur, toujours, nous attendra dans l’ombre. »

 

Mais cette plongée en apnée m’a mise mal à l’aise, comme si je rentrais trop avant dans l’univers intime et psychanalytique de l’auteure, au risque de m’y perdre. Je n'ai pas saisi l'intérêt de cette plongée asphyxiante pour un lecteur lambda, je suis passée à côté du texte... 

 

 « Pourtant, toute tentative d’explication est vouée à l’échec. Ainsi devrai-je me contenter d’en écrire des bribes, des fragments, des hypothèses.

L’écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. » (p. 47)

 

Premières phrases :

 

« Ma mère était bleue, d’un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l’ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tâchées d’encre, au pli des phalanges. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Les heures souterraines

Autre : Annie ERNAUX

 

D’autres avis :

Yv Leiloona, Clara, Canel, Mango, Sylvie Emeraude Babélio

Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine DE VIGAN, JC Lattès, août 2011, 440 p., 19 euros

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Nous aurons toujours Paris de Eric FAYE

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

Éric Faye, né en décembre 1963 à Limoges, est un écrivain français.

Eric Faye a publié sa première fiction, Le Général Solitude, une nouvelle, dans la revue Le Serpent à Plumes en 1992. Trois ans plus tard, il a développé cette nouvelle en un premier roman, éponyme. Ses premiers livres, parus tous deux en 1991, sont un essai sur Ismail Kadaré et un recueil d'entretiens avec cet écrivain. En 1998, son recueil de nouvelles fantastiques Je suis le gardien du phare obtient le Prix des Deux Magots. Son œuvre se partage entre des nouvelles, le plus souvent à caractère absurde ou teintées de fantastique, des romans (dont le roman d'anticipation Croisière en mer des pluies, en 1999 - prix Unesco-Françoise-Gallimard), des essais et des récits, parmi lesquels Mes trains de nuit, puisés dans des voyages à travers l'Asie et l'Europe de 1982 à 2005. Il a dirigé un numéro sur Kafka (Autrement, 1996) et pris part à l'édition des œuvres d'Ismail Kadaré aux éditions Fayard.

(Source: Wikipédia)

 

L’histoire :

Le titre est emprunté au film Casablanca : c’est en se souvenant de leur idylle dans le Paris d’avant l’occupation allemande que les deux amants réussissent à continuer à vivre, à se séparer s’il le faut et à suivre chacun son propre chemin. En puisant dans ce trou de lumière. 

Avec ce livre entièrement dédié à un sentiment, celui du « merveilleux », à sa naissance et son cours à travers la vie d’un homme – la sienne –, l’auteur nous invite à le suivre dans son propre puits de lumière. 

Nous aurons toujours Paris est conçu sous forme de boucle, on passe de l’enfance avec les premières apparitions du merveilleux – que ce soit des mots « magiques », des animaux « fabuleux », des objets magnétiques ou des situations nouvelles – à ses prolongements directs à l’âge d’homme. 

Il n’est donc pas, ou très peu, question de Paris dans ces pages. 
Mais plutôt de pérégrinations et de rencontres : du Japon à l’Afrique, et de Julien Gracq à Ismail Kadaré ou Albert Cossery, quand ce n’est pas l’ombre du toujours énigmatique B. Traven. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

Trouver dans l’enfance l’écho d’une émotion adulte, tel est le fil conducteur de ce roman. Conçu comme un retour aux sources il entremêle subtilement les fils d’aujourd’hui et d’hier pour que de ces combinaisons dorés naissent ou renaissent les raisons d’une attirance particulière. Quelquefois le sentiment de merveilleux connu hier « pose des lapins », d’autres fois il est au rendez-vous, si différent tant le temps a passé qu’une seconde de pause est nécessaire avant de le reconnaître. 

« Le merveilleux, l’enchantement qui renaissent chaque matin sont les neiges éternelles de l’existence. Il faut avancer dans le temps en gardant un œil obstiné sur elles, là-haut, espérant qu’elles ne disparaîtront pas dans les brumes de chaleur et qui, contrairement à celles du Kilimandjaro, elles ne fondront jamais. » (p. 97)

Entre souvenirs d’enfance, évocations de voyages, ou rencontres marquantes, Eric Faye nous plonge dans un univers proustien au charme indéniable. 

« Des nappes profondes de l’enfance, le merveilleux refait quelquefois surface un instant, par un jeu de sources et de puits cachés. L’âge d’homme, au fond, n’est souvent rien d’autre que la quête d’une explication à ces fulgurances, à ces tout petits satori qui zèbrent notre nuit et l’enchantent. » (p. 107)

« Entre le quai fantomatique et Francfort-sur-l’Oder (la frontière), l’express n’a plus jamais ralenti. Le voudrais-je, je ne pourrais pas effacer ces deux minutes de ma mémoire. En des moments rares, le temps nous surprend à glisser, par une porte dérobée, des minutes inexplicables et pourtant capitales, lesquelles, mises bout à bout, ne doivent pas totaliser plus d’une heure ou deux dans une vie entière : collier d’instants dérisoires pour tout autre sue soi mais qui donnent et redonnent envie, comme les prières récitées en suivant les grains du chapelet, de se hisser à la hauteur de soi-même. Quelques mots singuliers entendus enfant dans la conversation des grands, quelques cartes figurant les monuments d’une cité mythique, un livre qui tombe d’un rebord de table et s’ouvre à la page du 2 mai 1950, une villa blanche qui vous rappelle l’Afrique, et un vieux poste de radio, et revoilà la légende du Rosebud, le souvenir qui imprègne le présent et dont le parfum ne se dissipe jamais, et qui aide, transforme l’avenir en un jardin vivable, comme Bogart trouve al force de quitter Ingrid Bergman en lui disant, pendant que l’avion mouline du brouillard sur la piste, We’ll always have Paris. »

 

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

Rien

 

Premières phrases :

« C’était au cœur d’un automne qui ne voulait pas devenir automne, à la fin d’un été inextinguible. C’était de nouveau dans un train. A trop vouloir deviner qui va s’asseoir à côté de vous en gare, au petit matin, vous vous trompez avec obstination. »

 

D’autres avis :

Télérama

Blogs : Mango Yves  

 

Nous aurons toujours Paris, Eric Faye, Stock, février 2009, 14.50 euros

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Le vent qui siffle dans les grues de Lidia JORGE

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

« Le monde est une longue narration mais c’est nous qui en ourdissons l’intrigue, grande ou petite. »

 

L’auteur :

Lídia Jorge est née à Boliqueim dans l’Algarve en 1946. Diplômée en philologie romane de l’université de Lisbonne, elle se consacre très tôt à l’enseignement.

En 1970, elle part pour l’Afrique (Angola et Mozambique), où elle vit la guerre coloniale, ce qui donnera lieu, plus tard, au portrait de femme d’officier de l’armée portugaise du Rivages des murmures (Métailié, 1989).

La Couverture du soldat, 2000 a eu le Prix Jean Monnet 2000 (Cognac) Le Vent qui siffle dans les grues, 2004 a eu le Grand Prix du Roman de l’Association Portugaise des Ecrivains 2003, Premier Prix « Correntes d’escritas » 2004 (Povoa da Varzim, Portugal), Prix Albatros de la Fondation Günter Grass 2006 (Allemagne). (Présentation de l’éditeur)

 

L’histoire :

Notre monde contemporain, mû par un instinct sauvage de l'avenir, croise dans ce roman un monde plus ancien dans lequel une vieille usine abrite le destin d'une famille nombreuse récemment arrivée d'Afrique. Des mondes apparemment inconciliables que le hasard met en contact par l'intermédiaire de Milena Leandro, l'étrange jeune fille aux yeux de laquelle tout naît pour la première fois et dont la simplicité va tout bouleverser.

Dans un Algarve tragique et sauvage, Milena évolue entre une famille attachée à ses privilèges et à son image sociale et une tribu cap-verdienne vivace pour laquelle la musique irrigue la vie.

Milena nous conduit à travers la mort vers un amour impensable, un crime, une trahison et un silence à jamais scellé. Son regard toujours neuf sur la vie, le bien et le mal, sa vision de la valeur du monde constituent la matière même de ce roman.

Dans son oeuvre, Lídia Jorge fouiIle toujours au plus profond de la cruauté primaire des êtres. Ici, pour la première fois, elle nous découvre la perversité et la lâcheté qui l'accompagnent.

Cet extraordinaire roman a reçu le Prix de l'APE, l'un des prix littéraires les plus prestigieux du Portugal.

PRIX DES LECTEURS 2005 du Salon de la Littérature Européenne de Cognac 

 

Ce que j’ai aimé :

Des mots qui envoûtent le lecteur comme ils envoûtent la jeune héroïne, Milène... Cette jeune fille fragile qui aimerait trouver les mots justes pour dire le monde est touchante de vérité. Parce que les mots sont création, et qui les maîtrisent est maître du monde, proche de Dieu et des anges.

« Elle sentait à l’intérieur de sa tête un nuage en spirale, un carrousel  d’informations, de détails proches et lointains, tous pêle-mêle, dont elle n’arrivait pas à extraire l’essentiel devant ces visages plantés autour d’elle dans l’attente de ses paroles alors qu’elle  ne leur répondait pas. Elle se dit qu’elle pourrait peut-être faire vite. Elle dépassait parfois le nuage semblable à un carrousel qui tournait, un peu comme un poisson dont la vision circulaire rend tout proche et équidistant, et elle trouait le nuage pour en sortir à toute vitesse. » (p. 50)

  Deux familles antagonistes qui n’ont pas le même langage et vont même jusqu’à créer un mot qui les sépare davantage encore : le mot « vague ». Deux vagues ne peuvent pas se rencontrer, l’une efface l’autre. Et pourtant… Deux gouttes vont se frôler, ceci grâce à un personnage étrange : la grand-mère de Milène, venue mourir aux portes de la « troisième vague ». Comme si les personnes âgées se situaient déjà au-delà des mots, au-delà du monde, dans la compréhension. Milène et Antonino vont s’aimer en inventant alors leur propre langage : celui du sentiment.

Un magnifique roman sur le pouvoir créateur des mots mais aussi sur le mal qu’ils peuvent engendrer.

Le style poétique nous emporte au Portugal, le lecteur devient un personnage du roman par l’intermédiaire de cette cousine qui raconte et semble dotée de pouvoirs omniscients. Mais il n’en est rien, elle ne fut que spectatrice et restera étrangère au monde magique de Milène et Antonino, tout comme nous, lecteurs. Nous sommes seulement conscients d’avoir froler les anges et la perfection.

Un roman qui reste gravé dans nos mémoires…

 

Premières phrases :

« En ce chaud après-midi d’août, le long corps de la Vieille Fabrique était encore là, étendu dans le soleil. Pas intact à proprement parler, puisque déjà à l’époque la toiture verdâtre était gondolée comme si l’ondulation de la mer se prolongeait sur la couverture de l’édifice. »

 

Vous aimerez aussi :

Autre :  La nuit des femmes qui chantent de Lidia JORGE

 

D’autres avis :

TELERAMA, Michèle Gazier

A l'écrit comme à l'oral, il y a chez Lidia Jorge une patience et une virtuosité de brodeuse, et l'expression d'une sensualité charnelle.


LIRE, Isabelle Fiemeyer

« Prodigieux d'étrangeté, ce long roman mélodieux et sinueux [...] est à l'image de l'œuvre tout entière, labyrinthique, poétique, musical, envoûtant. » 


ELLE, Olivia De Lamberterie

"Le Vent qui siffle dans les grues" est un roman exigeant qui laisse une impression tellement durable et profonde que cela vaut vraiment la petite peine qu'on a à y entrer. On est saisi, rarement on a vu décrite si implacablement la cruauté humaine, au travers d'une conjuration minable de notables, de leur résolution à couper les ailes d'une des leurs, au nom de leur prétendue normalité. (…) Au travers de ce nœud de vipères grouillant de secrets, Lídia Jorge signe un roman somptueux, sur le pouvoir des mots et l'intranquillité de ceux qui ne les maîtrisent pas, sur la force des passions et les lâchetés auxquelles elles conduisent, sur une femme comme neuve. Son regard est plein de compassion pour son héroïne, son roman excite la terreur et la pitié. Vraiment très impressionnant. 

L'HUMANITE, Alain Nicolas

L'art de Lidia Jorge est de laisser le récit se mettre en place, de faire avancer le lecteur dans la lenteur d'une de ces journées accablantes, guidé par ce personnage auquel on s'attache avant de comprendre ce qui lui arrive. Ce très beau roman, moins baroque que la Couverture du soldat gagne en intériorité, en subtilité. L'intrigue, réfractée par la multiplicité des regards des personnages, donne au lecteur une vision à la fois intimiste et polyphonique, à l'image des bifurcations de ce récit terrible de cruauté et d'espoir.


SERVICE LITTERAIRE ; Emmanuelle de Boysson

« Anne-Marie Métailié à l’extrême bon goût de publier des chefs d’œuvres. Le Vent qui siffle dans les grues, de la Portugaise Lídia Jorge, a reçu le Prix de l’APE au Portugal. L’auteur y creuse la perversité et la lâcheté des êtres. »

 

Le vent qui siffle dans les grues, de Lidia Jorge, traduit du portugais par Geneviève Leibrich, Métailié, mars 2004, 22 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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