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1346 résultats pour “vie parfaite

Confessions de Paul VERLAINE

Publié le par Hélène

Confessions de Paul VERLAINE

confessions verlaine

 

♥ ♥ ♥

 "Je reprends le cours de cette histoire, j'allais dire, de brigands, mettons, de ce conte de fées." (p.101)

 

 

 

L’auteur :

Paul Verlaine est un poète français né en 1844 et mort en 1896. Il publie Les poèmes saturniens en 1866, Les fêtes galantes en 1869 et Romances sans paroles en 1874. Ce sont là ses oeuvres les plus connues.

 

L’histoire :

 

Paul Verlaine revient ici sur ses vingt-sept premières années : son enfance, sa rencontre et son mariage avec Mathilde, les débuts de sa carrière de poète… Il nous livre également sa relation étroite avec l’absinthe, et stoppe son récit au moment de sa rencontre avec Arthur Rimbaud.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’éclairage authentique porté sur l’homme Verlaine, au-delà de sa simple poésie : c’est un récit enrichissant aux accents douloureux et vrais. Verlaine n’hésite pas à évoquer son goût prononcé pour l’absinthe « -La manie, la fureur de boire, - là ! » (p.105), ou encore ses relations orageuses et violentes avec Mathilde. Il parle directement à l’âme et au cœur du lecteur.

 

« Et l’amour, voyez-vous, croyez-m’en plutôt que de m’en blâmer d’avance, c’est sinon le tout, ah ! du moins le presque tout, le mobile quasiment unique de toutes les actions dignes de ce nom, et ne me parlez pas d’autre chose, ambition, lucre, gloire ! tout au plus peut-être de l’Art. Et encore, et encore, l’Art, tout seul ?... » (p.177)

 

- Nous assistons à l’éclosion du poète à travers l’évocation de ses lectures et de ses premiers émois littéraires : Baudelaire, Banville, Cabaner… Verlaine nous confie ici ses premiers balbutiements poétiques avec une candeur touchante. Sous nos yeux, un poème jaillit du  quotidien.

 

« Et c’est de ce moment que je conçus le plan, si le mot ne vous semble pas trop ambitieux pour un si mince ouvrage, de cette Bonne Chanson qui se trouve, dans le bagage assez volumineux de mes vers, ce que je préfèrerais comme sincère par excellence et si aimablement, si doucement, si purement pensé, si simplement écrit :

            Le soleil du matin doucement chauffe et dore

            Les seigles et les blés tout humides encore

            Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit… » (p. 128)

 

 "Nous vivons en des temps infâmes

Où le mariage des âmes

Doit sceller l'union des coeurs.

En ce siècle d'affreux orages

Ce n'est pas trop de deux courages

pour vivre sous de tels vainqueurs !" (p.179)

  

 

- Les scènes évoquées sont vivantes, colorées, comme photographiées.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          J’aurais aimé que ce récit ne se borne pas aux vingt-sept premières années de sa vie, mais continue bien au-delà

 

« Ici finissent, pour un temps peut-être, mes « Confessions ». l’ensemble de mon œuvre en prose et en vers témoigne assez, d’aucuns disent ou trouvent que c’est trop, de beaucoup de défauts, de vices même, et d’encore plus de malchance, plus ou moins dignement supportée. » (p. 192)

 

Soit. Je me dirige donc de ce pas vers ses poésies…

 

Premières phrases :

 

« On m’a demandé des « notes sur ma vie ». C’est bien modeste, « notes » ; mais « sur ma vie », c’est quelque peu ambitieux. N’importe, sans plus m’appesantir, tout simplement, -en choisissant, élaguant, éludant ? pas trop, - m’y voici :

Je suis né, en 1844, au n°2 d’une rue Haute-Pierre, en face de l’Ecole d’application pour les futurs officiers du Génie et de l’Artillerie. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Les confessions de Jean-Jacques ROUSSEAU

 

Confessions, Paul Verlaine, Magnard, Classiques et contemporains, août 2002, 230 p., 5 euros

 

Publié dans Biographies et cie

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Le restaurant de l’amour retrouvé par OGAWA Ito

Publié le par Hélène

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♥ ♥

« La magie est un spectacle impromptu. » (p. 149)

L’auteur :

Née en 1973, Ogawa Ito est l’auteur de livres pour enfants et écrit des chansons pour le groupe de musique Fairlife. Le Restaurant de l’amour retrouvé, son premier roman, est un bestseller au Japon et a été adapté au cinéma en 2010 par la réalisatrice Mai Tominaga.

http://www.nipponcinema.com/trailers/shokudo-katatsumuri-teaser

 L’histoire :

 Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.
Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l’épice secrète est l’amour.

 Ce que j’ai aimé :

 L'histoire de Rinco est très simple, comme un retour aux sources bénéfique et rédempteur, après le choc de la désertion de celui qui partageait sa vie. Là elle va retrouver sa mère, une mère mal aimée, parce qu’au fond mal connue par l’adolescente qu’elle était quand elle est partie du domicile familial. Elle va aussi concrétiser ses projets avec l’aide des fidèles de la première heure, notamment Kuma, celui qui a toujours été là pour elle. Elle va réapprendre à vivre dans la beauté de l’enfance enrichie de l’expérience de l’adulte, en s’émerveillant du monde qui l’entoure :

« Le simple fait de remettre sur ses pattes un cloporte coincé sur le dos était pour moi une joyeuse rencontre. La chaleur d’un œuf fraîchement pondu contre ma joue, une goutte d’eau plus belle qu’un diamant sur les feuilles mouillées de rosée, une dame voilée cueillie à l’orée d’un bouquet de bambous, son superbe capuchon pareil à un dessous de verre en dentelle flottant dans mon bol de soupe de miso… La moindre petite chose me donnait envie de déposer un baiser sur la joue du Bon Dieu. » (p. 70)

Ito Ogawa nous offre un récit poétique autour du goût et de la cuisine. Aux côtés de Rinco, même les lapins anorexiques retrouvent le goût de la vie et des carottes... Ses repas sont concoctés avec des produits locaux dont les habitants redécouvrent les saveurs sublimées par Rinco.

Un roman tout en émotion qui nous enjoint à savourer chaque bouchée de la vie avec déléctation...

 Ce que j’ai moins aimé :

Certaines scènes sont assez étranges, comme souvent dans la littérature japonaise, notamment les pages concernant le cochon et ce qu’il en advient.

Un certain déséquilibre se fait sentir dans la construction puisque le lecteur pense assister à l’éclosion du restaurant et à la renaissance par la cuisine de la jeune Rinco, jusqu’à ce que vers la fin du roman la mère de l’héroïne quasi absente jusqu’ici, refasse surface et tienne alors un rôle central. Alors qu’auparavant le rythme était lent, tout s’accélère soudain.

Ces points de détail n'enlèvent néanmoins rien au charme du roman...

Shiitake_Mushroom_Extract_Powder.jpg 

Premières phrases :

« Quand je suis rentrée à la maison après ma journée de travail au restaurant turc où j’ai un petit boulot, l’appartement était vide. Complètement vide. La télévision, la machine à laver et le frigo, jusqu’aux néons, aux rideaux et au paillasson, tout avait disparu. »

 Vous aimerez aussi :

Littérature Asie de l'Est

Mãn de Kim THÚY

 

Le restaurant de l’amour retrouvé, Ogawa Ito, traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako, Picquier, septembre 2013, 256 p., 19 euros

  

rentrée littéraire2013 2

 

Publié dans Littérature Asie

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Le cœur par effraction par James MEEK

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

« Je ne veux pas être des « gens comme nous ». Je veux décider par moi-même de ce qui est bien ou mal. » (p. 496)

 

L’auteur :

 

James Meek est un écrivain britannique né en 1962 à Londres. Il a connu un succès international avec son troisième roman Un acte d'amour publié en plus de 25 langues et dont Johnny Depp prépare l'adaptation au cinéma.

 

L’histoire :

 

Seriez-vous capable de trahir un être cher ?

Bec, Rebecca, est une grande chercheuse scientifique, elle travaille sur la malaria, son frère Ritchie est une ex-rock star devenue producteur de télévision. Leur père, un officier, a été tué en Irlande pour avoir refusé de trahir un informateur.

Lorsque Bec refuse d’épouser le puissant directeur d’un magazine people, celui-ci se venge en menaçant Ritchie de révéler ses frasques s’il ne lui donne pas d’informations scabreuses sur sa sœur. Bec est à son tour mise à l’épreuve dans son mariage lorsqu’elle décide d’avoir un enfant malgré tout.

Le frère et la sœur devront choisir entre la loyauté et la trahison.

Voici un grand roman classique sur des thèmes ultra contemporains. Une moderne histoire de famille, de secrets, d’amour, de mort, d’argent, à l’ère des magazines trash, des intimités devenues publiques, de la transparence sur Internet. Un impressionnant thriller moral.

 

Ce que j’ai aimé :

 

A l’époque où l’intime s’affiche dans tous les médias, où la transparence est souhaitée, traquée, mais où les failles sont aussi attendues et rêvées, il devient difficile de vivre sa vie sereinement pour toute personne se retrouvant sous les feux des projecteurs. Les uns espionnent les autres en espérant le faux pas, celui qui lui permettrait de se sentir supérieur à l’autre. James Meek pousse la logique jusqu’au bout en créant une entité gardienne de la moralité : La Fondation morale. Ces derniers  attendent que les médias aient établi une réputation, puis la détruise avec un scoop au nom de la moralité, tout en laissant le choix de dénoncer quelqu’un de son entourage pour ne pas être touché.

Ritchie va en être victime et il va devoir choisir entre résister, comme son père avant lui, officier tué en Irlande pour ne pas avoir dénoncé un informateur,  mais risquer de voir s’étaler sur la place publique des secrets inavouables qui feraient voler sa vie en éclat, ou bien trahir, vendre sa sœur, se préserver en trahissant sa famille.

« J’ai un tas de clients, réplique Midge. Ils aiment tous raconter leur vie. Et ça se résume à deux choses. Primo, ils n’arrivent pas à contrôler leur bite. Deuzio, ce pays est plein de mouchards et de balances… (…) De traîtres, poursuivit Midge. Des gens prêts à vous vendre. De filles qui couchent pour pouvoir raconter. De paparazzis. De marchands de tuyaux. De portables qui prennent des photos. Une vraie putain de Stasi… Comment croyez-vous que fonctionne un Etat policier ? Je vous donne un indice : ce n’est pas grâce à la police. Surveillez vos amis… la moitié du pays est prête à dénoncer l’autre. » (p. 195)

Une réflexion sur la moralité et sur la frontière mouvante entre le Bien et le Mal, s’amorce alors,  ce roman entrant dans nos consciences pour analyser le phénomène et nous secouer :

« Vous pouvez commettre un acte, reprit-il, quelque chose de mal, et savoir que vous l’avez fait, mais personne d’autre le sait, ça reste un secret. Mais le truc, quand on se fait prendre, ce n’est pas seulement que tout le monde sait ce que vous avez fait. Le truc, c’est que vous ne savez pas vraiment ce que vous avez fait, jusqu’au moment où vous savez que tout le monde sait. » (p. 296)

Parallèlement, Bec, scientifique oeuvrant contre le paludisme cherche à apporter sa pierre à l’édifice de la science. Les ambitions des scientifiques faites de risques et de ratages, pour le bien fondé de la science et du progrès s’entremêlent subtilement au thème de la moralité.

 Au terme de tergiversations nombreuses et aléatoires, Ritchie devra faire son choix, même s’il sait que la liberté individuelle et collective est la seule issue, chacun devant être son propre censeur.

Un roman ambitieux à ne pas manquer !

 

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien

 

Premières phrases :

 

« L’histoire qui circulait dans la société de production de Ritchie Sherperd était exacte quand elle apparut dans les esprits des employés et qu’ils la discernaient à peine, sans même parler de l’évoquer entre eux. C’était comme un vague relent, assez clair pour qu’on le remarque, trop vulgaire pour être mentionné. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Un acte d'amour

 

      D'autres avis :

Fluctuat ;

 

 Le cœur par effraction, James Meek, traduit de l'anglais par David Fauquemberg, Métailié, août 2013, 528 p., 21 euros


libfly

 

rentrée littéraire2013 2

Publié dans Littérature Europe

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Antigone de Jean ANOUILH

Publié le par Hélène

                                                 antigone

 ♥ ♥ ♥ ♥

 « Il ne faut pas que je sois petite ce matin. » (p. 20)

  

L’auteur :

 

Jean ANOUILH est un dramaturge français. En 1944 il décide de réécrire la tragédie de Sophocle Antigone en lui offrant une résonance moderne :

« L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouge. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre. »[2]

 

L’histoire :

 

Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste et – à ce titre – nouveau roi, a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.

Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, informée de sa décision, refuse de la suivre, craignant sa propre mort. (Source Wikipédia)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Le personnage d’Antigone : Jean Anouilh aurait pensé à elle suite à l’action d’un jeune résistant, Paul Collette, qui, en 1942, tire sur un groupe de dirigeants collaborationnistes au cours d’un meeting de la Légion des Volontaires français, blessant ainsi Pierre Laval et Marcel Déat. Paul Collette n’appartient à aucun réseau de résistance, à aucun mouvement politique, son geste héroïque est isolé et vain.  Ainsi, Créon représenterait le pouvoir, et peut-être même le maréchal Pétain, et Antigone serait comme une allégorie de la Résistance Française.

 

Elle incarne la pureté des valeurs, plus reine que Créon car elle est libre de défendre ce qu’elle croit vrai, quand lui doit sans cesse se plier à ses prérogatives et faire respecter l’ordre.

 

-          Cette pièce est aussi un magnifique témoignage de la difficulté de quitter l’enfance doucereuse pour un monde qui refuse les compromissions. Antigone est une jeune femme qui oscille entre l’enfance et la maturité, et qui n’est pas encore prête à affronter les vicissitudes de l’âge adulte.

 

« Moi, je veux tout, tout de suite, -et que ce soit entier, - ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite – ou mourir. » (p. 95)

 

« Il faudrait ne jamais devenir grand. » dira Créon à son page à la fin de la pièce. (p. 122)

 

-          C’est un texte fort admirablement bien écrit, un texte qui résonne ensuite en chacun de nous pour de longues années. Un chef d’œuvre tout simplement.

 

« La vie n’est pas ce que tu crois. C’est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-la. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu’on grignote, assis au soleil. (…) Tu l’apprendras toi aussi, trop tard, la vie c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu’on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c’est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n’est peut-être tout de même que le bonheur ! » (p.91)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien.

 

Premières répliques :

 

« Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent aux cartes.

Le Prologue se détache et s’avance.

LE PROLOGUE

Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. »

 

Vous aimerez aussi :

 

La guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean GIRAUDOUX 

 

Antigone, Jean ANOUILH, La petite Vermillon, 1946 mai 2008 pour cette édition,123 p., 5.40 euros

 

challenge littérature au féminin

Publié dans Théâtre

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L'ombre aux tableaux et autres histoires de Jean-C. DENIS

Publié le par Hélène

                                     

♥ ♥

Mon avis :

Le format de la nouvelle permet de multiplier différents univers variés :

L'ombre aux tableaux : un peintre méconnu se retrouve à la rue et rencontre alors la belle Arianne qui tient une galerie d'art.

Bonbon piment : un légionnaire revient des îles où il a laissé une jeune amoureuse, et se voit atteint d'un mal mystérieux.

Le jeu des animaux : dans les îles un jeune couple lutte contre une curieuse malédiction

Maï pen raï : un homme en visite en Asie rencontre une jeune femme fascinante.

Le pélican : Entre une amitié et une femme attirante, Chou est perdu.

Les protagonistes vivent aux quatre coins du globe, mais ils ont en commun de faire une rencontre qui change le cours de leur vie. Mais l'ensemble est assez noir, les personnages se manquent bien souvent, il est trop tôt ou trop tard pour une vraie rencontre...

Les dessins sont assez classiques et ne parviennent pas à éclairer cette atmosphère glauque et désabusée.

Je n'ai pas été conquise !

 

Infos sur la BD :

Auteur : Jean-Claude Denis est né en 1951 et vit à Paris. En 1971, il fait la connaissance de Martin Veyron et André Juillard aux Arts Déco. Il publie huit ans plus tard son premier album chez Futuropolis : Cours tout nu. Il crée ensuite le personnage de Luc Leroi dans "(À Suivre)" en 1980, dont les aventures paraissent chez Futuropolis puis Casterman. Sept tomes de ce personnage attachant et lunaire ont paru, dont le quatrième a reçu le Prix du Public au FIBD d’Angoulême en 1987.

En 30 ans, Jean-Claude Denis a publié une trentaine d’albums, créant une œuvre originale où l'on retrouve en fil rouge une poésie douce-amère et des personnages décalés. On retiendra, parmi les plus récents : Le Sommeil de Léo (Futuropolis, 2007), Nouvelles du monde invisible (Futuropolis, 2008), Tous à Matha (Futuropolis, 2010-2011). En 2012, il est couronné du Grand Prix de la Ville d'Angoulême, à l'occasion du 39e FIBD.

Présentation de l'éditeur : Des histoires sensibles et oniriques, par un maître de la peinture des sentiments.

Un peintre méconnu meurt dans la rue et accède à l'amour et à la célébrité à l'état de fantôme ; un bar de quartier est le théâtre d'étranges rencontres ; un jeune homme doit racheter la femme qu'il aime à la déesse de la mer, tandis qu'ailleurs encore une jeune femme veut retenir son amant grâce à des bonbons piment…

Redécouvrez le monde à travers le regard lucide et tendre de Jean-Claude Denis avec ce recueil de trois albums parus à l’aube des années 90 : L’Ombre aux tableaux, Bonbon Piment et Le Pélican. Auteur majeur du Neuvième Art depuis les années 80, il excelle à mettre en scène la vie quotidienne de ses protagonistes sous forme d'instantanés doux-amers, sous le signe de l'amour et des rencontres. Dans ces fables amoureuses et humanistes prenant place dans des lieux variés (Paris, la Thaïlande, la Réunion…), on retrouve le talent de l'auteur de Quelques mois à l’Amélie (prix du dialogue et de l’écriture - Angoulême 2003) et de Tous à Matha. De vraies leçons de vie, choses à quoi la bande dessinée nous a peu habitués.

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Quelques mois à l'Amélie

 

L'ombre aux tableaux et autres histoires, Jean-C. Denis, Drugstore, 25.50 euros

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Toutes les nuits du monde de CHI Zijian

Publié le par Hélène

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♥ ♥

« Sans pureté, pas d’enfance. Et sans enfance, le présent si riche ne serait pas. »

 

L’auteur :

 Chi Zijian est née en 1964 dans la province de Heilongjiang, où elle réside toujours. Elle commence à publier dès 1985. Son écriture tour à tour sensible et poétique s’attache à décrire les réalités les plus banales de la vie. En 2008, elle a obtenu le grand prix Mao Dun pour son roman Le Dernier Quartier de la lune

Trois de ses ouvrages ont paru aux éditions Bleu de Chine : Le Bracelet de JadeLa Danseuse de Yangge et La Fabrique d’encens. Elle est le seul écrivain à avoir obtenu trois fois le prestigieux prix Lu Xun (Source : Editeur)

 

L’histoire :

Fillette ou jeune veuve, les femmes qui habitent les deux récits de Chi Zijian ont les pieds dans la terre des campagnes chinoises et les yeux au plus près du ciel.
Elles aiment les tours de magie, les histoires de revenants, les nuages qui dansent dans le ciel immense.

Elles ont le cœur grand ouvert aux rencontres et savent découvrir le secret des plus humbles, le tendre aubier sous l’écorce.

Et quand approche le moment des adieux, à la saison qui s’achève ou aux êtres chers qui disparaissent, elles lèvent les yeux vers les étoiles et accueillent la nuit qui vient. (Source : Editeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 Deux récits dans ce recueil :

Enfance au village du grand nord : raconte l’histoire d’une enfant placée chez sa grand-mère parce qu’elle est trop « insupportable, bavarde et désobéissante. » Au fil des jours la petite fille va changer, en rencontrant notamment sa vieille voisine Nainai, ou en découvrant le secret de son grand-père.

Un très beau récit sur l'enfance et le passage doucereux vers une ouverture au monde, avec la découverte des secrets des autres, de la densité de la vie, de la mort omniprésente, mais aussi de l'amour transcendant.

Toutes les nuits du monde : Une jeune femme a perdu son mari  dans un accident de voiture.

Il s'agit plus d'un récit d’atmosphère. La jeune femme entreprend un voyage dans un village minier et erre au fil de ses rencontres, de ses conversations. 

« J’achetai des galettes au sésame, une portion de bœuf sauté à la sauce soja, puis une bouteille d’alcool de sorgho dans un supermarché, avant de porter mes pas vers la ruelle du Yang retrouvé. A cette heure où tombait la nuit, je désirais encore profiter pleinement de quelques chansons populaires, afin de m’imprégner du délicat parfum des flocons de neige. » (p. 127)

 La jeune femme va apprendre à faire son deuil : dans ce village qu'elle visite, les disparitions et les morts sont monnaie courante en raison du travail harrassant que les hommes doivent fournir dans les mines. La jeune femme rencontre d'autres êtres en souffrance, qui s'échappent de la dure réalité par les chants qui enchantent leur douleur, ou par des croyances qui les rassurent : les revenant cotoient les vivants et les guident dans leurs choix. La vie jaillit de ces brefs moments de communion entre les villageois et la jeune femme, un lien humain qui s'avère plus fort que la mort.

Un récit très évocateur, tout en retenue...

"C’est dans les faits qu’on pourrait croire banals et anodins que résident le charme éternel de l’existence humaine et ses limites inéluctables." (Chi Zijian).

 

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien.


 

Premières phrases :

"Sans pureté, pas d'enfance. Et sans enfance, le présent si riche ne serait pas.

Cette histoire vraie est arrivée il y a plus de dix ans, à l'âge tendre de mes sept ou huit ans.

Un coup de sirène. Le bateau lève l'ancre. Lentement, il s'ébranle.

Maman s'en va. Grande soeur aussi. Et petit frère. J'ai envie de pleurer."

 

Vous aimerez aussi :


 

Littérature Asie de l'Est


 

Toutes les nuits du monde, CHI Zijian, récits traduits du chinois par Stéphane Levêque avec le concours d’Yvonne André, Picquier, octobre 2013, 175 p., 18 euros


 

Publié dans Littérature Asie

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Mr.Peanut d’Adam ROSS

Publié le par Hélène

                                                   mr-peanut.jpg

 ♥ ♥

 « Le mariage peut-il nous sauver la vie ou n’est-ce que le début d’un long double homicide ? » (p. 467)

  

L’auteur :

 

Adam Ross est né et a grandi à New York. Comme tout enfant acteur, il a fait des apparitions dans des films, des publicités et des émissions de télévision. Il a obtenu un M.A. en creative writing de l'Université Hollins et un M.F.A. en creative writing de l'Université de Washington, ou il a étudié avec Richard Dillard, Stanley Elkin et William Gass. Son premier roman, Mr. Peanut, a été acclamé par la critique et s'est vendu dans 13 pays. Son nouveau livre, Ladies and Gentlemen, vient de paraître aux Editions Knopf, aux Etats-Unis. Adam Ross vit à Nashville, dans le Tennessee, avec sa femme et ses deux filles.

Site officiel : adam-ross.com

 

L’histoire :

 

David Pepin a toujours aimé sa femme, Alice. Pourtant, parfois, il rêve de sa mort. Mais peut-on être coupable des rêves que l'on fait ? Le problème, c'est qu'Alice est morte. Réellement. Pour les deux policiers en charge de l'enquête, David apparaît aussi suspect qu'il est désemparé. Mesurant sa culpabilité à l'aune de leur propre histoire conjugale, il leur devient clair que son rôle ne se limite pas à celui du mari inconsolable... (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Ce roman est une véritable autopsie du mariage : l’auteur dissèque méticuleusement les corps et les âmes fatigués des mariés blasés et nous livre brillamment son analyse. Chacun pourra se reconnaître dans ces scènes tirées de la vie quotidienne des couples : comme quand David annonce à sa femme qu’il a invité 40 personnes pour un  barbecue seulement quelques jours avant : « Une brique, se dit Marilyn, me serait bien utile, à cet instant. » (…) « La fête était, bien entendu, une annonce, pas une requête, pourtant, peu de temps auparavant, elle avait exigé, sous peine de divorce, que cela ne se reproduisît plus jamais. Ce qui n’avait apparemment rien changé, et la poussa à s’interroger : s’il n’y avait aucun moyen de corriger les petites choses dans le comportement de son mari, quels espoirs cela lui laissait-il pour les grandes. » (p. 225)

 

En choisissant d’examiner trois couples, l’auteur nous livre un  récit varié, passionnant en nous plongeant dans l’intimité des couples, tels des voyeurs qui n’osent croire ce qu’ils découvrent sur leurs voisins qui, pourtant « semblaient tellement unis.. ; » Adam Ross se joue des faux-semblants :

 

« Et maintenant, nous ne savons d’elle que ce que nous imaginons.

Sheppard alluma sa pipe et souffla un nuage de fumée agréablement parfumée.

-          C’est vrai pour nous tous, conclut-il. » (p. 378)

 

« Je ne crois pas au diable, répliqua Sheppard.

- A qui croyez-vous ?

- A la conscience. » (p. 269)

 

Adam Ross nous parle de cette force destructrice contre laquelle chaque conjoint doit lutter, ces habitudes, ces lassitudes qui nous transforment et nous rendent haïssables, ces libertés que l’on laisse de côté pour un être qui nous déçoit trop souvent, de ces messages non entendus, non écoutés, de cette vie qui file avec nos rêves sans que nous n’y prenions garde.

 

« Tu as tué  ma joie, dit-elle doucement. » (p. 504)

 

Les récits imbriqués apportent densité et cohésion à l’ensemble

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Quelques longueurs, notamment dans l’histoire du Dr Sheppard.

 

Premières phrases :

 

« La première fois que David Pepin rêva de tuer sa femme, ce n’était pas lui qui la tuait. Il imagina une intervention divine providentielle. Ils pique-niquaient sur la plage lorsqu’un orage approcha. Tandis qu’ils rangeaient pliants, couvertures et alcool, un éclair jaillit. David vit Alice prendre feu et se transformer, comme dans les dessins animés, en un squelette avant de s’écrouler, réduite à un tas de cendres fumant. »

 

Vous aimerez aussi :

 

  Les femmes du braconnier de Claude PUJADE-RENAUD

 

D’autres avis :

 

Charlotte  

 

Mr. Peanut, Adam Ross, Traduit de l’anglais (EU) par Jean-Baptiste Dupin, 10/18, septembre 2011, 507 p., 19.9 euros

 

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Nos cheveux blanchiront avec nos yeux de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

« Finalement la liste est longue des superbes insignifiances qui me tiennent debout. » (p. 57)

 

L’auteur :

Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse et vit au pied du Luberon. Nos cheveux blanchiront avec nos yeux est son premier roman.
Son blog : http://etc-iste.blogspot.com

 

L’histoire :

Le voyage géographique et intime d’un jeune homme qui devient père. Walther quitte la femme qu’il aime pour aller vagabonder du nord au sud, des Flandres laiteuses jusqu’à l’Espagne éclatante. Un voyage qui finira par le ramener, presque par hasard à l’essentiel, vers celle qui a su le laisser partir et attendre leur enfant. Composé d’instantanés d’une grande délicatesse, ce roman est conçu en deux parties : les jours d’errance puis la vie à demeure, les lointains dépaysants et l’art des petits riens.

 

Ce que j’ai aimé :

En quelques mots, se souvenir qu’on est vivant. Que la vie est là, maintenant, tout de suite, et pas dans nos souvenirs malheureux ou dans nos espoirs insensés. « Ne regarde pas devant. Ne regarde pas derrière. Reste là. » (p. 67) nous dit l’auteur, et ces quelques mots épicuriens résonnent en moi et flottent, insouciants, comme évidents au dessus de mon âme empesée. Je ne peux qu’aimer un auteur qui me susurre ce que je sais intimement au fond de moi mais que j’oublie trop souvent happée par le quotidien. Alors j’écoute, religieusement, admirativement, amoureusement :

« Il y a toutes ces choses qui nous remplissent. Tous ces gens croisés, tous ces paysages. Ils infusent tout doucement en nous comme un sachet de thé dans un verre d’eau tiède. Nous ne nous rendons compte de rien. » (p. 30)

 « Je m’occuperai de vous en essayant de ne pas trop penser à Billie. En essayant de ne pas trop penser à ce monde dans lequel des femmes belles et tristes doivent chanter des chansons d’amour tout en prenant des poings dans la gueule. En essayant de ne pas trop penser aux nègres pendus qui se balancent dans l’air des soirs de juin. On se serrera tous les trois. Je respirerai dans son cou. Je me dirai qu’il y a des matins où es magnolias sentent bon, qu’il y a des musiques, qu’il y a des Billie, qu’il y a des demains. » (p. 47)

 « J’écris à ras de terre. Je ne parle que de ce que je  vis. C’est pour ça que c’est peu.  C’est pour ça que c’est tout. Je ne parle pas d’Iran, je n’y ai jamais foutu les pieds. Je parle du vieux qui siffle le générique d’Indiana Johns un matin à huit heures en jetant ses bouteilles dans le récupérateur de verre. (…) » (p. 60)

  « Ces heures de rien-

Ces jours de rien qui passent sans faire de bruit. Ces heures comme des courants d’air dans la pièce  entrouverte. La lumière sur le carrelage propre. L’inclinaison de l’ombre du tilleul sur l’herbe. Ces heures de paix à regarder les premières abeilles butiner les pissenlits. A montrer les fleurs qui poussent à un nourrisson ? Les escargots. A lui dire des bêtises du genre : « Tu vois, on peut survivre en butinant. » A finir presque par s’en convaincre. A se demander lequel de ces instants anodins restera gravé dans sa mémoire d’enfant. La langue du chien. Le lézard. Mes bisous mal rasés. Le goût d’une fraise. Peut être rien. Peut être la laideur de mon visage quand je crie. Qu’en retiendra –t-il de tout ce qu’il m’a appris à apprendre. De ces heures d’avril à semer des radis. De ces heures de rien qui remplissent ma vie. Qui me débordent. Qui me sauvent. » (p. 71)

Pour prolonger le délice, le site de l’éditeur propose une play-list de l’auteur : http://www.alma-editeur.fr/images/stories/Alma/Catalogue/la-playlist-de-nos-cheveux-blanchiront-avec-nos-yeux.pdf

Conclusion : je suis aussi amoureuse de l’éditeur maintenant !

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien.

 

Premières phrases :

« L’idée-

L’idée de partir était comme un petit feu de bois placé au centre de son cerveau. AU bout de quelques temps, il comprit que les flammes ne s’éteindraient pas d’elles-mêmes. »

 

Vous aimerez aussi :

Christian Bobin

Le retour à la terre de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri (BD)

 

D’autres avis :

Revue de presse  

 

Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, Thomas Vinau, Alma, août 2011,  111 p., 12.8 euros ou 8.96 en livre numérique

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Rébétiko de David PRUDHOMME

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Prix « Regards sur le monde » au festival d’ Angoulême 2010

 

L’auteur :

David Prudhomme est un auteur de bande dessinée français.

 

L’histoire :

Athènes, fin des années 1930. Dans les bouges de la ville soumise à la dictature militaire, quelques copains partagent leur vie entre les femmes, le bouzouki et le narghilé en rêvant de refaire le monde. David Prudhomme signe un récit attachant et bercé par la mélopée envoûtante du rébétiko, cette musique populaire née en Grèce au début du siècle passé.

 

Ce que j’ai aimé :

-          Dans ce magnifique album, David Prudhomme rend hommage aux  rébètes, « déracinés de Turquie et des îles grecques survivant dans les bidonvilles aux portes des grande ville. » Ces hommes déclassés se réunissent pour chanter leur mal-être, le Rébétiko, appelé aussi quelquefois « le blues grec ». David Prudhomme erre aux côtés de ces hommes désoeuvrés, souvent anesthésiés par le haschich qu’ils fument, et nous convie à leur rencontre dans une atmosphère nostalgique et comme suspendue. La violence est tapie dans l’ombre, à chaque instant une esclandre peut éclater, des policiers chargés peuvent surgir pour les arrêter et casser leurs instruments de musique, les bouzoukis, parce qu’ils sont devenus les bêtes noires du gouvernement en place :

 

«  Tu sais qui est le général Métaxas ? Il a décrété la loi martiale à la suite des grandes grèves communistes du 4 août. Il a pris le pouvoir, fait de ce pays une dictature. C’est un fasciste, tu sais, un de ces hommes qui apprécient ce qui est en train de faire Hitler en Allemagne, Mussolini en Italie, Franco en Espagne… Métaxas condamne un amollissement moral de notre société, supposée décadente… Sa propagande déisgne les coupables de cette prétendue immoralité… et l’impute à cette part d’Orient qui habite en nous. Il dit qu’il va laver la Grèce de toute influence turque. Tu saisis de que ça signifie ? Non, moi non plus, nous sommes mêlés à l’Orient depuis toujours. Nos origines se confondent… Mais tu le sais bien, rébète, vous servirez de symboles, (…) coupables d’unir Orient et Occident en un chant hypnitique.» (p. 18)

 

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Leur vie n’est que course poursuite, coups, blessures, prison pour certains. Ils tentent de noyer leur malheur dans l’alcool et la drogue, et dans l’amitié surtout qui les réunit autour de leur passion pour la musique. Le soir, ils se racontent en chantant leur journée, dans un chant teinté de mélancolie. Et, un instant, la musique les sauve…

 

« Quelques fumeurs de haschich ont rencontré la mort,

Lui demandent si aux Enfers les gars s’amusent encore.

Dis, la Mort, c’est comment, la vie au fond de la nuit ?

Y’a du fric dans l’Hadès ? On y boit du raki ?

Y’a des chansons ? Du bouzouki ? Des fêtes ?

Des coups fumants ? Des coins sympas pour les Rébètes ?

Dis-nous, y’a des poupées chez toi, des bonnes frangines

Qui prennent leur pied, soufflant le hasch par les narines ?

Dis-nous, la Mort, sois bonne : les clodos, pauvres mecs,

Ils picolent aux Enfers, ou sont au régime sec ?

Ceux qui arrivent chez toi dans la plus noire déprime,

Ils guérissent, dans l’Hadès, ou plongent au fond de l’abîme ?

Prends cette poignée de kif, du fort, du parfumé :

C’est pour nos potes en bas, qu’ils puissent un peu fumer. » (p. 102)

 

 

Concert dessiné Rébétiko : David Prudhomme, Dimitri Katséris, Panos Mentjos - wideo
Concert dessiné, sur le thème de l'album Rébétiko de David Prudhomme "Prix essentiel regard sur le monde".
Dessins : David Prudhomme
Accompagnement musical : Dimitri Katséris, Panos Mentjos, Thomas Gossely
Ce film reprend les dessins réalisé pendant le concert, le titre du morceau est "Pergamé".Video de asso9-33

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien.

 

Vous aimerez aussi :

Chico et Rita de Javier MARISCAL et Fernando TRUEBA

 

Le blog consacré à la BD : http://bderebetiko.blogspot.com/ sur lequel vous entendrez desmorceaux de ce chant hypnotique.

D’autres avis :

Télérama, Midola 

 

Rébétiko, (La mauvaise herbe), David Prudhomme, Futuropolis, 2009, 101 p., 20 euros

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Itinéraire d’enfance de DUONG THU HUONG

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ 

 « L’homme doit lutter et gagner. » (p. 338)

  

L’auteur :

 

Née en 1947 au Viêtnam, Duong Thu Huong, pour avoir défendu ses convictions démocratiques, a été emprisonnée en 1991. Elle a vécu en résidence surveillée dans son pays jusqu'en janvier 2006, date de son arrivée à Paris pour la sortie de Terre des oublis (Sabine Wespieser éditeur), dont le succès l'a incitée à rester en France pour se consacrer à l'écriture.

 

L’histoire :

 

Bê a douze ans, sa vie dans le bourg de Rêu s'organise entre sa mère, ses amis, ses voisins et ses professeurs. Son père, soldat, est en garnison à la frontière nord. Mais parce que son caractère est déjà bien trempé et qu'elle ne supporte pas l'injustice, elle prend la défense d'une de ses camarades abusée par un professeur, et se voit brutalement exclue de l'école. Révoltée, elle s'enfuit de chez elle, avec sa meilleure amie, pour rejoindre son père. Commence alors un étonnant périple : les deux adolescentes, livrées à elles-mêmes, sans un sou en poche, voyagent en train, à pied ou en autobus, à travers les montagnes du nord, peuplées par les minorités ethniques. Elles finiront par arriver à destination, après des aventures palpitantes et souvent cocasses : Bê la meneuse, non contente d'avoir travaillé dans une auberge avec son amie, tué le cochon, participé à la chasse au tigre, va également confondre un sorcier charlatan et jouer les infirmières de fortune. Au fil des mois et des rencontres, l'adolescente grandit, mûrit, et fait l'apprentissage de la liberté. Duong Thu Huong avoue avoir donné beaucoup d'elle-même à son héroïne...

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Itinéraire d’enfance rend hommage à la fraîcheur de l’enfance entre désobéissance, rencontres marquantes,  aventures (dont la mythique chasse au tigre) mais aussi injustices et maltraitances.

 

-          La jeune Bê est une enfant optimiste, qui respire la joie de vivre et ses aventures lui ressemblent, même si elle ne  nous épargne pas la pauvreté de ces familles  car « Là où règne l’ignorance, règne aussi la misère. » (p.317) Elle va faire son apprentissage de la vie au fil de ses rencontres et expériences :

 

« Elle m’a fait comprendre que chaque être humain était un mystère dont on parvient rarement à lever le voile et qu’on n’a souvent pas assez de toute une vie pour saisir un seul aspect de la personnalité de quelqu’un. » (p. 232)

 

« Vivre, c’est surmonter les malheurs, la souffrance et l’injustice pour atteindre l’objectif qu’on s’est fixé. » (p. 343)

 

-          C’est un roman facile à lire, agrémenté de petits contes, de croyances populaires, légendes et superstitions…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Peut-être un peu trop léger 

 

Premières phrases :

 

« J’ai douze ans. Nous habitons le petit bourg de Rêu, ma mère et moi. On y trouve encore un quartier de maisons anciennes, toutes construites sur le même modèle : un bâtiment central soutenu par des colonnes de bois noir poli, quelques arbres fruitiers dans la cour et un grand jardin entouré d’un muret souvent envahi d’une mousse verte. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Terre des oublis

Autre : Ciel bleu : une enfance dans le Haut Altaï de Galsan TSCHINAG

 

D’autres avis :

 

Stéphie, Schlabaya

 

Itinéraire d’enfance, Duong Thu Huong, roman traduit du vietnamien par Phuong Dang Tran, Sabine Wespieser, 24 euros

 

POCHE : Itinéraire d’enfance, Duong Thu Huong, roman traduit du vietnamien par Phuong Dang Tran, Le livre de poche, 346 p., 6.50 euros

Publié dans Littérature Asie

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