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litterature amerique du nord

Petit miracle et autres essais de Barbara KINGSOLVER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Indispensable !

Ce que j'ai aimé :

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, Barbara Kingsolver a été sollicitée pour partager ses émotions et réflexions. Face à l'horreur indicible, incompréhensible et inexplicable, elle se tourne vers une vie réfléchie, pensée, active.

"Le désespoir que je crains le plus n'est plus la peur, mais le désespoir - la sensation oppressante, sombre, que plus les choses changent, plus elles restent les mêmes ; que chacun de nous, avec un coeur glacé "comme un sauvage de l'âge de pierre armé", va continuer à se mouvoir dans l'obscurité, soulevant des rochers, patrouillant aux firmaments de la colère et de la discorde." p. 31

Mettre en avant des valeurs matérielles n'est qu'un leurre, seules les valeurs spirituelles la sauvent.

"Les trésors que je porte au plus près de mon coeur sont des choses que je ne peux pas posséder : la courbe du front d'une petite fille de cinq ans, de profil, et l'espérance vulnérable de la main qui prend la mienne pour traverser la rue. Le chant matinal des oiseaux dans une forêt. L'intensité de la lumière un quart d'heure avant la fin du jour ; la nuance d'un coucher de soleil sur la montagne ; la sphère mûre de ce même soleil bas dans un ciel poussiéreux, dans une photographie saisissante prise en Afghanistan." p;  37

Aimer le monde et ses merveilles inclut un profond respect pour la nature. Ainsi cette amoureuse de la nature a choisi de vivre de mai à août avec sa famille dans une cabane en rondins dans une profonde vallée boisée de Walker Mountains au sud des Appalaches. Elle réapprend la place de l'homme dans l'univers et milite pour la protection de cette nature millénaire si fragile, et tente de sensibiliser ses filles au sujet. Elle leur apprend notamment les principes d'une consommation responsable, et glorifie le magnifique ordonnancement de la nature que corrompent les OGM :

"Réfléchissez à la chose suivante : en moyenne, un produit alimentaire servi à un consommateur américain a parcouru deux mille kilomètres pour arriver jusqu'à lui. SI l'individu moyen mange à peu près dix produits par jour (et la plupart d'entre nous en mangent plus), en l'espace d'une année sa nourriture aura parcouru presque huit millions de kilomètres sur la terre, sur la mer et dans les airs. Représentez-vous un camion chargé de pommes, d'oranges et de laitues iceberg qui ferait dix fois l'aller-retour de la Terre à la Lune rien que pour vous. Multipliez par le nombre d'Américains qui aiment manger -représentez-vous cette flotte de 285 millions de camions en route pour la Lune - et osez me dire que ce n'est pas le moment de revoir le scénario !" p. 166

Au travers de ses textes, elle aborde également des sujets très divers tels que sa haine de la télévision "la boîte à cons" qui fait pénétrer le meurtre dans notre salon, le massacre de Columbine, la peur de l'avion, les sans abris, et prend également des positions jugées "non patriotiques", menant ainsi une croisade contre la guerre en Irak.

Barbara Kingsolver nous invite à sortir de notre zone de confort et à prendre conscience des mouvements nécessaires et vitaux. Des choses ont été accomplies et le sont encore, le progrés est possible, les solutions existent pour espérer une vie et un monde meilleur, à nous de faire le nécessaire. Se pose en effet la question de ce que l'on souhaite léguer à nos enfants : à quoi ressemblera leur planète ? Quelles valeurs seront les leurs ?

"J'ai des enfants qui me sont plus précieux que ma vie, et chaque molécule en moi veut leur promettre que nous nous en sortirons."

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien.

Présentation de l'éditeur :

Payot et Rivages

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Un autre monde L'arbre aux haricots

 

Petit miracle et autres essais, Barbara Kingsolver, traduit de l'anglais (EU)par Valérie Morlot, Rivages poche, août 2010, 352 p., 9.15 euros

 

Barbara Kingsolver a 60 ans aujour'hui.

Pour découvrir d'autres titres de cette auteure, c'est aujourd'hui sur le blog de Sandrine, à l'initiative de cet anniversaire !

Sandrine nous parle Des yeux dans les arbres

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Toute la terre qui nous possède de Rick BASS

Publié le par Hélène

Ce que j'ai aimé :

Dans un style lyrique, Rick Bass chante la terre en observant les abords du lac salé Juan Cordona à 20 km de Castle Gap dans le désert texan. Il fait vivre ce lieu mythique sur plusieurs générations : Max et Marie Omo s'installe au bords des rives du lac dans années 30, puis dans les années 60, Richard, géologue chargé de forer les sols pétrolifères, s'y intéresse à son tour. Il y emmène Clarissa, une jeune femme à la pâleur surnaturelle. Tous se penchent sur cette terre millénaire, que ce soit pour y chercher des fossiles, des traces du passé, des richesses avec ce sel exploité par Max Omo, des animaux, que ce soit pour s'implanter, y planter ses racines ou juste l'effleurer au passage...

"Malgré son jeune âge, Richard avait l'intuition qu'il n'y avait en ce monde qu'un souffle, d'un type unique, qui se répétait encore et encore, aussi régulier et réfléchi que la respiration d'un animal endormi - et pourtant le monde, pas seulement le monde vivant mais le vieux monde en dessous, paraissait avoir son mot à dire dans le choix des histoires qui devaient évoluer, être modelées et remodelées, et de celles qui disparaissaient dans l'abysse ainsi que du combustible et du carburant dans la gueule de quelque machine cruelle, avançant avec un bruit sec et métallique." p. 100

Chacun va tenter de trouver sa place dans un environnement à la fois fascinant et hostile. Mais le paysage parviendra-t-il à combler le vide abyssal qui perdure en eux ?

Ce que j'ai moins aimé :

Plusieurs couches de sédiments se superposent pour atteindre le coeur du roman, et il faut avoir la patience et la concentration nécessaire pour y parvenir. Cette lenteur alliée à l'atmosphère étrange sont assez déconcertantes...

Présentation de l'éditeur :

Christian Bourgois

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Winter

D'autres avis :

TéléramaLibérationPage 

 

Toute la terre qui nous possède, Rick Bass, traduit de l'anglais (EU) par Aurélie Tronchet, Christian Bourgois éditeur, 2014, 448 p., 22 euros

 

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Les suprêmes de Edward Kelsey MOORE

Publié le par Hélène

♥ ♥ 

Ce que j'ai aimé :

Plainview en Indiana. Comme chaque dimanche, Odette retrouve ses amies de toujours au restaurant Chez Earl. Ces trois quinquagénaires inséparables se sont rencontrées dans les années 60 et leurs liens privilégiés n'ont fait que s'affermir avec les années. Le matin même, Odette a vu pour la première fois les fantômes des êtres chers qui l'ont quittée apparaître à ses côtés. Habituée aux extravagances depuis sa naissance hors norme dans un sycomore, cette quinquagénaire ne s'étonne pas du phénomène qui avait frappé sa mère avant elle. Néanmoins, elle préfère taire ses rapports privilégiés avec les morts à son mari aimant James et à ses amies afin de ne pas les inquiéter, d'autant plus qu'un homme a priori vivant est apparu également. Clarice est quant à elle préoccupée sur les infidélités de son mari, coureur de jupons invétéré, et Barbara Jean, la plus jolie fille de la région reste concentrée sur ses talons hauts ... 

Un va et vient entre passé et présent permet d'en découvrir davantage sur ces amies exceptionnelles prénommées "Les Suprêmes" qui se soutiennent afin de surmonter les aléas de l'existence qui ne les épargne guère.

L'auteur ne sombre jamais dans le pathétique malgré des thèmes forts tels que la mort des êtres chers, le malheur dans le couple, la culpabilité, et en arrière plan, la question raciale aux Etats-Unis dans les années 60. Ces Suprêmes sont tendres et émouvantes, l'humour et les entretiens avec les morts permettant d'apporter une once d'espoir dans des destins bousculés. 

Un beau roman.

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien, j'ai passé un bon moment de lecture.

Présentation de l'éditeur :

Actes Sud

Vous aimerez aussi :

La couleur des sentiments de Kathryn STOCKETT

D'autres avis :

Télérama 

Babélio 

 

Merci à Phili pour le prêt.

 

Les suprêmes, Edward Kelsey Moore, roman traduit de l'américain par Cloé Tralci, avec la collaboration d'Emmanuelle et de Philippe Aronson, Actes sud, avril 2014, 22.8

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Walden ou la vie dans les bois de Henry David THOREAU

Publié le par Hélène

                                

♥ ♥

"Si humble que soit votre vie, faites-y honneur et vivez-la ; ne l'esquivez ni n'en dites de mal."  p. 327

Ce que j'ai aimé :

En 1845 Thoreau se retire dans une cabane au bord de l'étang de Walden, près de la ville de Concord dans le Massachussets loin de la civilisation. Son projet : prouver que l'on peut vivre avec un minimum : un toit sur la tête, des vêtements, de quoi se nourrir. Pour lui cette simplicité permet de se dégager des contingences matérielles pour laisser son âme parler dans toute sa sagesse. 

"Ce qu'il me fallait, c'était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en Spartiate, pour mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin, la réduire à sa plus simple expression, et, si elle se découvrait mesquine, eh bien, alors ! en tirer l'entière, authentique mesquinerie, puis divulguer sa mesquinerie au monde ; ou si elle était sublime, le savoir par expérience, et pouvoir en rendre compte fidèle dans ma suivante excursion." p. 90

"En proportion de la manière dont on simplifiera sa vie, les lois de l'univers paraîtront moins complexes, et la solitude ne sera pas solitude, ni la pauvreté, pauvreté, ni la faiblesse, faiblesse. Si vous avez bâti des châteaux dans les airs, votre travail n'aura pas à se trouver perdu ; c'est là qu'ils devaient être. Maintenant posez les fondations dessous." p. 323

Ses réflexions lui permettent d'être homme avant d'être citoyen afin d'oeuvrer à un "meilleur gouvernement" par la suite, après deux ans et deux mois passés dans sa cabane.

Il puise dans la lecture des textes antiques une forme de sagesse, écoute les bruits de son entourage, ouvert au monde, reçoit quelques rares amis ou voisins, mais ses plus proches amis restent les oiseaux, les hibous, les arbres qui l'entourent. Il cherche avant tout à être présent au monde.

Thoreau peut être considéré comme l'un des fondateurs de ce que l'on nomme le "nature writing". Ses idées, le lyrisme de certains passages l'ont inscrit dans la postérité. 

                           

@https://voyagerleger.wordpress.com/

Ce que j'ai moins aimé :

La première partie s'oriente vers des aspects économiques : de quoi avons-nous réllement besoin, comment s'est mis en place et organisé cette retraite dans les bois. Elle met en place la suite du récit mais est moins intéressante. 

L'écriture de mon édition est minuscule, permettant difficilement de se concentrer. 

Pour conclure, je dois avouer une déception, il m'a manqué un souffle, je me suis perdue dans trop de détails. 

Présentation de l'éditeur :

Gallimard 

D'autres avis :

Télérama  ; Keisha ; Dominique

Vous aimerez aussi :

La bd La vie sublime

Une fenêtre ouverte sur la nature

 

Walden ou la vie dans les bois, Henry David Thoreau, traduit de l'anglais (EU) par Louis Fabulet, L'imaginaire Gallimard, 1990, 1ere parution en 1922, 11.90 euros

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Les neiges du Kilimandjaro de Ernest HEMINGWAY

Publié le par Hélène

                       

♥ ♥

Ce que j'ai aimé :

Ces douze nouvelles présentent en filigrane les thématiques chères à Hemingway : les voyages et la chasse au lion (L'heure triomphale de Francis Macomber; Les neiges du Kilimandjaro), la guerre (Le vieil homme près du pont) et ses répercussions ineffaçables, la tauromachie (La capitale du monde). Les femmes sont omniprésentes comme dans les aventures de Nick  (Dix Indiens ; La fin de quelque chose ; Trois jours de tourmente), dont les oscillations sentimentales montrent les sentiments contradictoires provoqués par les belles : attirantes, elle sont aussi capables de trahison et sont souvent castratrices. Les mariages rendent fous : les hommes mariés sont foutus "Ils ont cette espèce d'allure épaisse que donne le mariage. Ils sont foutus." 

Mais ces thèmes sont bien sûr des prétextes pour présenter l'homme face à lui-même, capable du meilleur comme du pire. Face à une perte de ses valeurs, l'homme est bien souvent désarçonné et Hemingway nous le présente ici dans toutes ses contradictions...

Ce que j'ai moins aimé :

Les nouvelles sont courtes et ne permettent pas réellement de s'immerger dans l'univers de l'auteur. Néanmoins la profondeur des personnages et leur psychologie donnent envie de se plonger dans une autre oeuvre plus longue de l'auteur. 

Présentation de l'éditeur :

Folio 

Vous aimerez aussi :

Portait dans Lire 

Larousse

L'adaptation cinéma :

 

Les neiges du Kilimandjaro, suivi de Dix indiens et autres nouvelles, traduit de l'américain par Marcel Duhamel, Folio, 1946, 192 p., 6.4 euros

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L'éclaireur de Fred CHAPPELL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

"Tous deux considéraient comme une priorité d'apprendre l'émerveillement aux enfants." 

Ce que j'ai aimé :

La journée de Joe s'annonce mouvementée. Professeur de lycée, il doit rencontrer dans l'après-midi la commission scolaire de son lycée, car il est accusé d'enseigner les théories darwinistes à ses élèves.  Issus de familles pieuses, ces derniers préfèreraient en effet entendre que "la théorie de l'évolution est une manipulation communiste et Charles Darwin un suppôt de Satan."  Juste avant l'heure du jugement, Joe va connaître une série d'aventures rocambolesques qui risquent de compromettre cette réunion...  

Pour commencer, il se bat avec un opossum de Satan beige avec des taches noires, et un "visage de p'tit vieux. Avec une barbe et une grosse moustache piquante." et des yeux vert anis. Puis, il sauve une jeune fille de la noyade. Par la suite il aura une discussion fort interessante avec un bouc sur un toit et avec un homme étrange au fond d'une cave...

Joe n'est pas mécontent de ces évènements qui le rendent profondément vivant : 

"Ces journées, ces heures étaient le meilleur de l'existence : combattre des opossums de Satan sous les étoiles, tracer son nom en pissant, traire les vaches..." (p. 36)

Il faut dire qu'il préfère les travaux de la ferme à sa charge provisoire de professeur, parce que "Son rêve à lui n'était pas d'être maîtresse d'école, mais fermier, homme de science et explorateur."  Cet homme idéaliste et rêveur aux idées novatrices est peu en adéquation avec le système éducatif :

"La vérité était que Sandy Slater et mon père auraient préféré clouer des planches sur la porte de leur salle de classe et aller courir les bois et les prés avec leurs élèves pour, au hasard des chemins et des ruisseaux, leur montrer la gale du chêne, le terrier du rat musqué, le nid des abeilles sauvages, les traces du cerf, pour leur donner le nom de cette plante, le nom de cette fleur sauvage, leur nom courant et celui sous lequel elles étaient inscrites dans la nomenclature de Linné. Tous deux considéraient comme une priorité d'apprendre l'émerveillement aux enfants." p. 85

Joe est un homme qui enchante le monde, sa poésie le porte vers les étoiles, mais ses principes lui permettent de rester bien campé sur terre, droit dans ses bottes de fermier. Il est profondément attachant et illumine le monde et la littérature de sa présence. 

Vous vous devez de le rencontrer !

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien

Premières phrases :

"Nous marchions le long de la route craquante. Ces matins d'hiver étaient si froids qu'il me semblait que j'allais résonner commeune enclume si mon père posait la main sur moi. Une gelée brillante recouvrait toutes choses, jusques aux pierres. Elle était si dure quun couteau ne l'aurait brisée, et les fils barbelés étaient si givrés que la clôture qui bodait la route faisait penser à des cordes de guitare." 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Ma famille inoubliable

Autre : Le koala tueur de Kenneth Cook

D'autres avis :

Libération 

 

L'éclaireur, Fred Chappell, traduit de l'anglais (américain) par Anne Mornet, Autrement Littératures, 2003, 14.95 euros

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The Big Sky 1. La captive aux yeux clairs de A. B. GUTHRIE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"C'était ainsi qu'il fallait vivre, librement et tranquillement, maître de son temps, sans personne pour vous dire non. A force, on avait le sentiment que tout était proche de vous, la terre, le ciel, les bisons, les castors et la lune jaune la nuit." p. 254

La collection L'ouest le vrai chez Actes Sud :

Le réalisateur Bertand Tavernier a lancé en novembre 2013 une nouvelle collection chez Actes Sud intitulée "L'ouest, le vrai". Il s'est intéressé au genre du western, qui a connu son avènement dans les années 60 mais qui a disparu au début des années 80. Plus connu pour son versant cinématographique, il n'en reste pas moins que la majorité des grands westerns ont puisé leur source dans des romans. Quatre titres sont disponibles pour redécouvrir cet ouest mythique :

Terreur apache de WT Burnett

Des clairons dans l'après-midi de Ernest Haycox

La captive aux yeux clairs et La route de l'ouest de Alfred Burtram Guthrie

Ce que j'ai aimé :

"The big sky" est celui qui déploie sa voûte au-dessus des territoires de l'ouest, celui qui enveloppe les hommes et leur rappelle leur finitude.

"Les plaines se déroulaient à leurs pieds, des kilomètres et des kilomètres de plaines qui partaient rejoindre le ciel au bout du monde, dans un air si pur et si beau que le regard était pris de vertige." p. 393

En 1832, Boone Caudill quitte sa maison pour fuir un père violent et surtout pour éprouver sa liberté. Il rejoint un groupe de trappeurs en route vers le Haut-Missouri, région habitée par les Indiens Blackfeets. Le chef de l'expédition, Dick Summers espère commercer avec eux, et pour se préserver d'un accueil sanglant, il ramène à bon port une jeune indienne, Teal Eye, la fille d'un chef Blackfoot. Boone s'aguerrit jour après jour et devient un véritable trappeur, amoureux du grand ouest et de la liberté qu'il lui procure.

"La rivière était large et encore haute, mais plus calme maintenant le long de la rive dégagée et presque débarassée de tout objet flottant. Les marins se remirent à chanter, tandis que le soleil descendait derrière les collines et une rognure de lune apparut, aussi pâle que la voile. Des bécassines marchaient sur les rives, certaines gris perle comme le manteau de Bedwell, d'autres avec le ventre rouge. Des engoulevents gémissaient dans le ciel et, provenant des collines qui formaient une crête mouvante à l'ouest, Boone entendait les cris d'un animal, faible, tremblotant et solitaire. Un petit frisson le parcourut, du bas jusqu'en haut du dos, agitant les poils de sa nuque. Tout cela faisait que la vie valait la peine d'être vécue." p. 136

Le grand ouest n'est pas exempt de dangers, entre les indiens, le froid, et surtout la recontre avec soi-même dans une prise de conscience vertigineuse de ses propres limites.

"Une terre brute, vaste et solitaire, trop grande, trop vide. Elle rapetissait l'esprit, le coeur se serrait, le ventre se nouait, sauvage et perdu sous une étendue de ciel si gigantesque que le paradis faisait peur." p. 202

Porté par un souffle épique incomparable, les aventures de Boone et de ses amis brillent d'une richesse incroyable. Chacun devra assumer ses choix de vie, ses sentiments, son vécu mâtiné d'un passé torturé, et son avenir, incertain sous l'immensité du Big Sky. Par la profondeur des personnages et des thèmes rencontrés, Guthrie nous prouve admirablement que le genre du western ne se résume pas à un simple combat entre cow-boy et indien. Il s'interroge également sur cette époque qui meurt jour après jour : c'était le temps où les castors et les bisons pullulaient dans les grandes plaines, mais années après années, les trappeurs constatent une modification de leur habitat. Les colons s'aventurent là où ils s'imaginent rencontrer des espaces vierges et prospères, les bisons se font rares, les grands espaces évoluent irrémédiablement. Par ces thématiques, Guthrie a pu être considéré comme le fondateur de ce que l'on nomme "L'école du Montana", ces écrivains qui témoignent de l'amour des grands espaces et des rapports avec l'environnement. 

   

http://www.nundafoto.net/gallery/photo/9-bison-d-amerique-bison-bison

Une pépite sur laquelle il faut se ruer !

Ce que j'ai moins aimé :

-Rien , je n'ai qu'une envie me précipiter pour lire la suite.

Premières phrases :

"Serena Caudill entendit des pas dehors, puis le grincement de la porte de la maison, et elle comprit que John était rentré. Elle continua à attiser le feu dand la cheminée, dans laquelle dorait uen poule."

Présentation de l'éditeur : 

Actes sud 

Vous aimerez aussi :

Le second tome de The big Sky : La route de l'ouest

Tous les livres de la collection L'ouest le vrai 

Lonesome dove de Larry McMURTRY

Le film de Howard Hawks :

                       

 

La captive aux yeux clairs, A. B. Guthrie, traduit de l'américain par Jean Esch, Préface de James Lee Burke, Postface de Bertrand Tavernier, Actes sud, collection L'ouest le vrai, octobre 2014, 485 p., 23.8 euros

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Alaska de Melinda MOUSTAKIS

Publié le par Hélène

                              

♥ ♥

Ce que j'ai aimé : 

Ce premier recueil de nouvelles de Melinda Moustakis nous présente des histoires originales reliées entre elles par cet amour des grands espaces, de la pêche, et des anecdotes savoureuses. Souvent les récits de pêche sont masculins, ici le point de vue féminin apporte un bol d'air frais dans cet exercice. Les femmes occupent en effet une place centrale dans ces nouvelles évoquant trois générations de femmes de poigne, devant lutter contre la dérive des hommes, contre les éléments naturels, contre la solitude, contre le grand froid d'Alaska, contre elles-mêmes. 

L'auteur établit ainsi un lien entre la pêche et les relations humaines : 

"Fishing and fishing stories taught me how to structure tension and anticipation." (Interview à lire ici)

Pour surmonter les épreuves, chacun doit s'attacher à des relations familiales fortes, comme les liens fraternels qui unissent Gracie et Jack, cette entraide qui pousse Gracie à rouler vers son frère en difficulté au milieu de la nuit même si la route est enneigée, parce que c'est le rôle des frères et des soeurs de veiller les uns sur les autres, surtout quand les parents font défaut. L'art d'éduquer les enfants est en effet difficile, et préserver les liens subtils qui courent entre les êtres l'est encore davantage... Certaines mères douées de clairvoyance savent prévenir leurs filles qu'à l'adolescence elle risque de les haïr, tout en leur précisant que cette période passera, parce que tout passe. D'autres restent démunies devant le laxisme de leurs enfants : 

"La colère, les hormones, la sensation d'être impuissant et jeune. Ils ont besoin d'un tel exercice, ou d'un tel exorcisme. Construisez un pont, as-tu envie de leur dire. Construisez quelque chose. Arrêtez de faire les gros yeux et de courber le dos. Construisez un monument à la grandeur de votre malheur. Sculptez une main géante qui lèverait le majeur en direction du ciel. Mais faites quelque chose."

L'enfance de Kitty et des autres est bercée par l'innocence, le bonheur de courir dans la neige avec cousins et cousines, mais aussi par les gifles, l'alcool, les angoisses devant des parents dépassés par la vie... D'où la nécessité de devenir un battant, pour conjurer le froid ambiant et réchauffer son propre coeur et celui des siens. 

Mélinda Moustakis écrit ici un premier recueil qui allie subtilement art de la pêche et des relations humaines...

Ce que j'ai moins aimé :

L'abondance de personnages et les changements d'époque permanents sont quelquefois déstabilisants.

Premières phrases :

"Tu as été conçue dans un mirador de chasse, disent-ils. 

Ce qui signifie : Nous n'avions pas d'autre endroit.

La cabane est envahie par les frères et soeurs de ma mère. Sur la cuisinière, une marmite de potée de pommes de terre en quantité suffisante pour nourrir vingt personnes. Voyez ma mère, le dos malmené contre la plate-forme en bois au mileiur des arbres. Voyez mon père, le doigt sur la détente -au cas où."

Informations sur le livre :

Gallmeister

Vous aimerez aussi :

Le site de l'auteur 

David VANN Désolations

 

Alaska, Melinda Moustakis, traduction de l'américain par Laura Derajinski, Gallmeister, octobre 2014, 216 p., 22.50 euros

 

Merci à l'éditeur

 

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La fiancée américaine de Eric DUPONT

Publié le par Hélène

                           

♥ ♥ ♥ ♥

Prix des librairies du Québec 2013

Ce que j'ai aimé :

Tout commence avec une Madeleine : Madeleine-la-mère qui, pour perpétuer une tradition cherche une femme nommée Madeleine pour marier son fils Louis-Benjamin. Et cette jeune financée viendra d'Amérique pour s'établir auprès de son époux dans le petit village de Rivière-aux-loups, et lui offrir un fils, Louis, surnommé par la suite Louis cheval en raison de sa force herculéenne. Adulte, Louis se mariera avec une Irène qui donnera le jour à une nouvelle Madeleine... Louis est doué d'un talent de conteur qui ne se démentira pas et charmera la petite Madeleine, fascinée par l'histoire de son père et de sa famille.

Saga familiale peuplée d'enfants aux yeux sarcelle, de religieuses gardant jalousement les secrets, de petites croix voyageuses, de clé de fa comme une clé du secret familial, La fiancée américaine est un roman hybride passionnant, parce que comme dans toutes les familles, l'histoire est jalonnée de secrets, de jalousies, d'incompréhension, de non-dits qui créent années après années une symphonie digne de l'opéra La Tosca...  

Pas un instant d'ennui durant la lecture de ces 750 pages, le lecteur est happé dans cet univers peuplé d'histoires, auprés de ces personnages hauts en couleur. Il traverse les années et n'épargne pas une autre histoire plus noire, qui est celle de notre humanité hantée par des épisodes plus sombres comme l'extremination des juifs.

Réflexion sur l'art, sur la musique, sur la création, Eric Dupont nous livre ici un récit digne des plus grands conteurs !

Ce que j'ai moins aimé :

- La lecture rendue malaisée en raison du poids du livre et de ses 800 pages, et de l'écriture petite.

- La fin laisse des zones d'ombre et change de rythme, s'accélérant là où le lézardage était plutôt de mise

Présentation de l'éditeur :

Editions du Toucan 

Premières phrases :

"Quelques années avant d'être forcée par sa mère à monter dans un autobus pour New-York en plein blizzard de décembre, Madeleine Lamontagne avait été une petite fille qui aimait par-dessus tout les lapins de Pâques, les sapins de Noël et les histoires de Louis Lamontagne, son papa."

D'autres avis :

Lecture commune dans le cadre de Québec en septembre 

RichardElle

 

La fiancée américaine, Eric Dupont, Editions du Toucan, avril 2014, 750 p., 25 euros

 

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Volkswagen blues de Jacques POULIN

Publié le par Hélène

                       

♥ ♥

"Je me sens parfois comme une feuille sur un torrent. Elle peut tournoyer, tourbillonner et se retourner, mais elle va toujours de l'avant." Daniel Boone

Ce que j'ai aimé :

L'écrivian Jack Waterman est un homme qui aime les chats et les écrivains comme Brautigan, Gabrielle Roy, Boris Vian, Hemingway. Entre deux livres. il décide de partir à la recherche de son frère Théo dont il a perdu la trace depuis dix ans, entraînant dans son road-movie une jeune femme métisse indienne, surnommée "La grande sauterelle". L'un et l'autre vont s'apprivoiser au fil du voyage, se découvrir, se disputer. Chacun a ses manies, celle de Jack étant de ne pouvoir s'empêcher de parler aux vieils hommes au bord des fleuves ou des rivières. Ensemble ils écoutent des ballades  comme "No roots in rambling" de Jerry Jeff Walker.

 

Mais c'est aussi leur pays qu'ils explorent en faisant des haltes dans tous les musées consacrés à l'histoire du Canada et aux conflits entre blancs et indiens. La jeune femme veut explorer ses origines, à l'affût de son identité perdue dans un pays métissé. 

La quête est ainsi au coeur du roman : quête de Théo, mais aussi quête des émigrants, des voyageurs comme Théo, de l'identité, du passé, et même si cette quête est vouée bien souvent à être déçue, elle permet la liberté et permet d'avancer.

"Ils étaient partis de Gaspé, où Jacques Cartier avait découvert le Canada, et ils avaient suivi le fleuve Saint Laurent et les Grands Lacs, et ensuite le vieux Mississippi, le Père des eaux, jusqu'à Saint Louis, et puis ils avaient emprunté la Piste de l'Oregon et, sur la trace des émigrants du XIXè sicècle qui avaient formé des caravanes pour se metrre à la recherche du Paradis Perdu avec leurs chariots tirés par des boeufs, ils avaient parcouru les grandes plaines, franchi la ligne d epartage des eaux et les montagnes Rocheuses, traversé les rivières et le désert et encore d'autres montagnes, et voilà qu'ils arriviaent à San Francisco." p. 280

Ce que j'ai moins aimé :

- Disons surtout que j'ai moins aimé que "Le vieux chagrin" et "La tournée d'automne", aux thèmes plus poétiques. Ici, le voyage est un peu lassant quelquefois.

Premières phrases :

"Il fut réveillé par le miaulement d'un chat.

Se redressant dans son sac de couchage, il écarta le rideau qui obstruait la fenêtre arrière du minibus Volkswagen : il vit une grande fille maigre qui était vêtue d'une robe de nuit blanche et marchait pieds nus dans l'herbe en dépit du froid ; un petit chat noir courait derrière elle."

Présentation du livre :

Actes sud 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La tournée d'automne, Le vieux chagrin

D'autres avis :

Papillon Karine :) ; Petit Sachem

 

Volkswagen blues, Jacques Poulin, Actes sud, Babel, 1998, 

 

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