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Mr.Peanut d’Adam ROSS

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

 « Le mariage peut-il nous sauver la vie ou n’est-ce que le début d’un long double homicide ? » (p. 467)

  

L’auteur :

 

Adam Ross est né et a grandi à New York. Comme tout enfant acteur, il a fait des apparitions dans des films, des publicités et des émissions de télévision. Il a obtenu un M.A. en creative writing de l'Université Hollins et un M.F.A. en creative writing de l'Université de Washington, ou il a étudié avec Richard Dillard, Stanley Elkin et William Gass. Son premier roman, Mr. Peanut, a été acclamé par la critique et s'est vendu dans 13 pays. Son nouveau livre, Ladies and Gentlemen, vient de paraître aux Editions Knopf, aux Etats-Unis. Adam Ross vit à Nashville, dans le Tennessee, avec sa femme et ses deux filles.

Site officiel : adam-ross.com

 

L’histoire :

 

David Pepin a toujours aimé sa femme, Alice. Pourtant, parfois, il rêve de sa mort. Mais peut-on être coupable des rêves que l'on fait ? Le problème, c'est qu'Alice est morte. Réellement. Pour les deux policiers en charge de l'enquête, David apparaît aussi suspect qu'il est désemparé. Mesurant sa culpabilité à l'aune de leur propre histoire conjugale, il leur devient clair que son rôle ne se limite pas à celui du mari inconsolable... (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Ce roman est une véritable autopsie du mariage : l’auteur dissèque méticuleusement les corps et les âmes fatigués des mariés blasés et nous livre brillamment son analyse. Chacun pourra se reconnaître dans ces scènes tirées de la vie quotidienne des couples : comme quand David annonce à sa femme qu’il a invité 40 personnes pour un  barbecue seulement quelques jours avant : « Une brique, se dit Marilyn, me serait bien utile, à cet instant. » (…) « La fête était, bien entendu, une annonce, pas une requête, pourtant, peu de temps auparavant, elle avait exigé, sous peine de divorce, que cela ne se reproduisît plus jamais. Ce qui n’avait apparemment rien changé, et la poussa à s’interroger : s’il n’y avait aucun moyen de corriger les petites choses dans le comportement de son mari, quels espoirs cela lui laissait-il pour les grandes. » (p. 225)

 

En choisissant d’examiner trois couples, l’auteur nous livre un  récit varié, passionnant en nous plongeant dans l’intimité des couples, tels des voyeurs qui n’osent croire ce qu’ils découvrent sur leurs voisins qui, pourtant « semblaient tellement unis.. ; » Adam Ross se joue des faux-semblants :

 

« Et maintenant, nous ne savons d’elle que ce que nous imaginons.

Sheppard alluma sa pipe et souffla un nuage de fumée agréablement parfumée.

-          C’est vrai pour nous tous, conclut-il. » (p. 378)

 

« Je ne crois pas au diable, répliqua Sheppard.

- A qui croyez-vous ?

- A la conscience. » (p. 269)

 

Adam Ross nous parle de cette force destructrice contre laquelle chaque conjoint doit lutter, ces habitudes, ces lassitudes qui nous transforment et nous rendent haïssables, ces libertés que l’on laisse de côté pour un être qui nous déçoit trop souvent, de ces messages non entendus, non écoutés, de cette vie qui file avec nos rêves sans que nous n’y prenions garde.

 

« Tu as tué  ma joie, dit-elle doucement. » (p. 504)

 

Les récits imbriqués apportent densité et cohésion à l’ensemble

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Quelques longueurs, notamment dans l’histoire du Dr Sheppard.

 

Premières phrases :

 

« La première fois que David Pepin rêva de tuer sa femme, ce n’était pas lui qui la tuait. Il imagina une intervention divine providentielle. Ils pique-niquaient sur la plage lorsqu’un orage approcha. Tandis qu’ils rangeaient pliants, couvertures et alcool, un éclair jaillit. David vit Alice prendre feu et se transformer, comme dans les dessins animés, en un squelette avant de s’écrouler, réduite à un tas de cendres fumant. »

 

Vous aimerez aussi :

 

  Les femmes du braconnier de Claude PUJADE-RENAUD

 

D’autres avis :

 

Charlotte  

 

Mr. Peanut, Adam Ross, Traduit de l’anglais (EU) par Jean-Baptiste Dupin, 10/18, septembre 2011, 507 p., 19.9 euros

 

challenge 1% littéraire

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Nos cheveux blanchiront avec nos yeux de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

« Finalement la liste est longue des superbes insignifiances qui me tiennent debout. » (p. 57)

 

L’auteur :

Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse et vit au pied du Luberon. Nos cheveux blanchiront avec nos yeux est son premier roman.
Son blog : http://etc-iste.blogspot.com

 

L’histoire :

Le voyage géographique et intime d’un jeune homme qui devient père. Walther quitte la femme qu’il aime pour aller vagabonder du nord au sud, des Flandres laiteuses jusqu’à l’Espagne éclatante. Un voyage qui finira par le ramener, presque par hasard à l’essentiel, vers celle qui a su le laisser partir et attendre leur enfant. Composé d’instantanés d’une grande délicatesse, ce roman est conçu en deux parties : les jours d’errance puis la vie à demeure, les lointains dépaysants et l’art des petits riens.

 

Ce que j’ai aimé :

En quelques mots, se souvenir qu’on est vivant. Que la vie est là, maintenant, tout de suite, et pas dans nos souvenirs malheureux ou dans nos espoirs insensés. « Ne regarde pas devant. Ne regarde pas derrière. Reste là. » (p. 67) nous dit l’auteur, et ces quelques mots épicuriens résonnent en moi et flottent, insouciants, comme évidents au dessus de mon âme empesée. Je ne peux qu’aimer un auteur qui me susurre ce que je sais intimement au fond de moi mais que j’oublie trop souvent happée par le quotidien. Alors j’écoute, religieusement, admirativement, amoureusement :

« Il y a toutes ces choses qui nous remplissent. Tous ces gens croisés, tous ces paysages. Ils infusent tout doucement en nous comme un sachet de thé dans un verre d’eau tiède. Nous ne nous rendons compte de rien. » (p. 30)

 « Je m’occuperai de vous en essayant de ne pas trop penser à Billie. En essayant de ne pas trop penser à ce monde dans lequel des femmes belles et tristes doivent chanter des chansons d’amour tout en prenant des poings dans la gueule. En essayant de ne pas trop penser aux nègres pendus qui se balancent dans l’air des soirs de juin. On se serrera tous les trois. Je respirerai dans son cou. Je me dirai qu’il y a des matins où es magnolias sentent bon, qu’il y a des musiques, qu’il y a des Billie, qu’il y a des demains. » (p. 47)

 « J’écris à ras de terre. Je ne parle que de ce que je  vis. C’est pour ça que c’est peu.  C’est pour ça que c’est tout. Je ne parle pas d’Iran, je n’y ai jamais foutu les pieds. Je parle du vieux qui siffle le générique d’Indiana Johns un matin à huit heures en jetant ses bouteilles dans le récupérateur de verre. (…) » (p. 60)

  « Ces heures de rien-

Ces jours de rien qui passent sans faire de bruit. Ces heures comme des courants d’air dans la pièce  entrouverte. La lumière sur le carrelage propre. L’inclinaison de l’ombre du tilleul sur l’herbe. Ces heures de paix à regarder les premières abeilles butiner les pissenlits. A montrer les fleurs qui poussent à un nourrisson ? Les escargots. A lui dire des bêtises du genre : « Tu vois, on peut survivre en butinant. » A finir presque par s’en convaincre. A se demander lequel de ces instants anodins restera gravé dans sa mémoire d’enfant. La langue du chien. Le lézard. Mes bisous mal rasés. Le goût d’une fraise. Peut être rien. Peut être la laideur de mon visage quand je crie. Qu’en retiendra –t-il de tout ce qu’il m’a appris à apprendre. De ces heures d’avril à semer des radis. De ces heures de rien qui remplissent ma vie. Qui me débordent. Qui me sauvent. » (p. 71)

Pour prolonger le délice, le site de l’éditeur propose une play-list de l’auteur : http://www.alma-editeur.fr/images/stories/Alma/Catalogue/la-playlist-de-nos-cheveux-blanchiront-avec-nos-yeux.pdf

Conclusion : je suis aussi amoureuse de l’éditeur maintenant !

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien.

 

Premières phrases :

« L’idée-

L’idée de partir était comme un petit feu de bois placé au centre de son cerveau. AU bout de quelques temps, il comprit que les flammes ne s’éteindraient pas d’elles-mêmes. »

 

Vous aimerez aussi :

Christian Bobin

Le retour à la terre de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri (BD)

 

D’autres avis :

Revue de presse  

 

Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, Thomas Vinau, Alma, août 2011,  111 p., 12.8 euros ou 8.96 en livre numérique

challenge 1% littéraire

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Rébétiko de David PRUDHOMME

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Prix « Regards sur le monde » au festival d’ Angoulême 2010

 

L’auteur :

David Prudhomme est un auteur de bande dessinée français.

 

L’histoire :

Athènes, fin des années 1930. Dans les bouges de la ville soumise à la dictature militaire, quelques copains partagent leur vie entre les femmes, le bouzouki et le narghilé en rêvant de refaire le monde. David Prudhomme signe un récit attachant et bercé par la mélopée envoûtante du rébétiko, cette musique populaire née en Grèce au début du siècle passé.

 

Ce que j’ai aimé :

-          Dans ce magnifique album, David Prudhomme rend hommage aux  rébètes, « déracinés de Turquie et des îles grecques survivant dans les bidonvilles aux portes des grande ville. » Ces hommes déclassés se réunissent pour chanter leur mal-être, le Rébétiko, appelé aussi quelquefois « le blues grec ». David Prudhomme erre aux côtés de ces hommes désoeuvrés, souvent anesthésiés par le haschich qu’ils fument, et nous convie à leur rencontre dans une atmosphère nostalgique et comme suspendue. La violence est tapie dans l’ombre, à chaque instant une esclandre peut éclater, des policiers chargés peuvent surgir pour les arrêter et casser leurs instruments de musique, les bouzoukis, parce qu’ils sont devenus les bêtes noires du gouvernement en place :

 

«  Tu sais qui est le général Métaxas ? Il a décrété la loi martiale à la suite des grandes grèves communistes du 4 août. Il a pris le pouvoir, fait de ce pays une dictature. C’est un fasciste, tu sais, un de ces hommes qui apprécient ce qui est en train de faire Hitler en Allemagne, Mussolini en Italie, Franco en Espagne… Métaxas condamne un amollissement moral de notre société, supposée décadente… Sa propagande déisgne les coupables de cette prétendue immoralité… et l’impute à cette part d’Orient qui habite en nous. Il dit qu’il va laver la Grèce de toute influence turque. Tu saisis de que ça signifie ? Non, moi non plus, nous sommes mêlés à l’Orient depuis toujours. Nos origines se confondent… Mais tu le sais bien, rébète, vous servirez de symboles, (…) coupables d’unir Orient et Occident en un chant hypnitique.» (p. 18)

 

REBETIKO-danse.jpg

 

Leur vie n’est que course poursuite, coups, blessures, prison pour certains. Ils tentent de noyer leur malheur dans l’alcool et la drogue, et dans l’amitié surtout qui les réunit autour de leur passion pour la musique. Le soir, ils se racontent en chantant leur journée, dans un chant teinté de mélancolie. Et, un instant, la musique les sauve…

 

« Quelques fumeurs de haschich ont rencontré la mort,

Lui demandent si aux Enfers les gars s’amusent encore.

Dis, la Mort, c’est comment, la vie au fond de la nuit ?

Y’a du fric dans l’Hadès ? On y boit du raki ?

Y’a des chansons ? Du bouzouki ? Des fêtes ?

Des coups fumants ? Des coins sympas pour les Rébètes ?

Dis-nous, y’a des poupées chez toi, des bonnes frangines

Qui prennent leur pied, soufflant le hasch par les narines ?

Dis-nous, la Mort, sois bonne : les clodos, pauvres mecs,

Ils picolent aux Enfers, ou sont au régime sec ?

Ceux qui arrivent chez toi dans la plus noire déprime,

Ils guérissent, dans l’Hadès, ou plongent au fond de l’abîme ?

Prends cette poignée de kif, du fort, du parfumé :

C’est pour nos potes en bas, qu’ils puissent un peu fumer. » (p. 102)

 

 

Concert dessiné Rébétiko : David Prudhomme, Dimitri Katséris, Panos Mentjos - wideo
Concert dessiné, sur le thème de l'album Rébétiko de David Prudhomme "Prix essentiel regard sur le monde".
Dessins : David Prudhomme
Accompagnement musical : Dimitri Katséris, Panos Mentjos, Thomas Gossely
Ce film reprend les dessins réalisé pendant le concert, le titre du morceau est "Pergamé".Video de asso9-33

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien.

 

Vous aimerez aussi :

Chico et Rita de Javier MARISCAL et Fernando TRUEBA

 

Le blog consacré à la BD : http://bderebetiko.blogspot.com/ sur lequel vous entendrez desmorceaux de ce chant hypnotique.

D’autres avis :

Télérama, Midola 

 

Rébétiko, (La mauvaise herbe), David Prudhomme, Futuropolis, 2009, 101 p., 20 euros

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L’équation africaine de Yasmina KHADRA

Publié le par Hélène

equation africaine

  « Le poisson rouge ne peut ramener la complexité des océans à la quiétude de son bocal. » (p. 185)

  

L’auteur :

 

Yasmina Khadra est né en 1955 dans le Sahara algérien. Il est aujourd'hui connu et salué dans le monde entier ou ses romans, notamment À quoi rêvent les loups, L'Écrivain, L'Imposture des mots, Cousine K sont traduits dans 40 pays. L'Attentat a reçu, entre autres, le prix des libraires 2006, le prix Tropiques 2006, le grand prix des lectrices Côté Femme et est actuellement en cours d'adaptation cinématographique. Ce que le jour doit à la nuit - Meilleur livre de l'année 2008 (Lire), prix France Télévisions 2008, prix des lecteurs de Corse - sera également porté à l'écran par Alexandre Arcady.

 

L’histoire :

 

Médecin à Francfort, Kurt Krausmann mène une existence ordinaire, limitée à ses allers-retours entre son cabinet de consultation et son appartement bourgeois. Jusqu'au drame familial qui va le précipiter dans le désespoir. Afin de l'aider à surmonter son chagrin, son meilleur ami, Hans, un riche homme d'affaires versé dans l'humanitaire, lui propose de l'emmener sur son voilier jusque dans les Comores, pour les besoins d'une bonne cause. Au large des côtes somaliennes, leur bateau est assailli par des pirates. Kurt et Hans sont enlevés puis transférés dans un campement clandestin. (présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Yasmina Khadra a le mérite de s’intéresser à des problématiques actuelles complexes. Ici, il nous plonge dans une Afrique en proie à la violence, une Afrique désertique et appauvrie par des luttes de pouvoir. Il place face à cette réalité un européen issu d’un milieu aisé, médecin, un homme qui évolue dans des sphères totalement étrangères et qui va se heurter de plein fouet à un monde inconnu.

 « - Je n'ai pas choisi la violence. C'est la violence qui m'a recruté. De mon plein gré ou à mon insu, peu importe. Chacun fait avec ce qu'il a. Je n'en veux à personne en particulier et, par conséquent, je ne vois pas comment ne pas loger tout le monde à la même enseigne. Pour moi, Blanc ou Noir, innocent ou coupable, victime ou bourreau, c'est du pareil au même. Je suis trop daltonien pour distinguer le bon grain de l'ivraie. Et puis, c'est quoi le bon grain, et c'est quoi l'ivraie ? Ce qui est bon pour les uns est mauvais pour les autres. Tout dépend de quel côté on se trouve. Nul besoin d'éprouver du regret ou du remords. Qu'est-ce que ça change lorsque le mal est fait ? Petit, j'avais peut-être un coeur, aujourd'hui il est calcifié. Quand je porte ma main à ma poitrine, je ne perçois que la colère en train de sourdre en moi. Je ne sais pas m'émouvoir puisque personne n'a eut pitié de moi. Je ne suis que le support de mon fusil, et j'ignore qui, de moi ou de mon fusil, commande l'autre. » (p. 142)

 Si vous avez lu ce passage, vous comprendrez tout de suite ce qui ne peut pas fonctionner dans ce roman :

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

Yasmina Khadra, comme dans L’olympe des Infortunes, s’échine à nous administrer une  morale, des phrases et des idées toutes faites :

 « Il n’y a pas d’enfer sur terre, docteur Krausmann, seulement des démons, et ils ne sont pas invincibles. » ( p. 214)

 « L’Afrique ne se voit pas, elle se sent. » (p. 217)

 Le désir de vivre des Africains, est, bien sûr, plus fort que tout :

 « J’ai vu des gens qui n’avaient que la peau sur les os, et d’autres qui avaient perdu le goût de la nourriture, et d’autres jetés en pâture aux chiens et aux vauriens, pas un n’était prêt à céder. Ils meurent la nuit, et au matin ils ressuscitent, nullement dissuadés par la galère qui les guette. » (p. 217)

 Conclusion lumineuse :

  « L’Africain sait que sa vie est son bien le plus précieux. Le chagrin, les joies, la maladie ne sont que pédagogie. L’Africain prend les choses comme elles viennent sans leur accorder plus d’opportunité qu’elles ne le méritent. Et s’il est convaincu que les miracles existent, il ne les exige pas pour autant. Il s’autosuffit, vous comprenez ? Sa sagesse amortit ses déconvenues. » (p. 218)

 «  Si je devais mettre un visage sur la générosité, ce serait le visage d’un Africain. Si je devais mettre un éclat sur la fraternité, il aurait celui d’un rire africain. » (p 219)

 Le ton de ces leçons est proprement lassant, trop sentencieux, trop attendu, tout comme la fin, parfaitement prévisible…

 Son style ampoulé et convenu enlise définitivement cette « Equation africaine »…

 

Premières phrases :

 

«  Lorsque j’ai rencontré l’amour, je m’étais dit, ça y est, je passe de l’existence à la vie et je m’étais promis de veiller à ce que ma joie demeure à jamais. Ma présence sur terre se découvrit un sens et une vocation, et moi une singularité … Avant, j’étais un médecin ordinaire entamant une carrière ordinaire. Je grignotais ma part d’actualité sans réel appétit, négociant par-ci de rares conquêtes féminines aussi dénuées de passion que de traces, me contentant par-là de copains de passage que je retrouvais certains soirs au pub et le week-end en forêt pour une gentille randonnée – bref, de la routine à perte de vue avec de temps à autre un événement aussi fugace et flou qu’une impression de déjà-vu qui ne m’apportait rien de plus qu’un banal fait divers dans un journal… En rencontrant Jessica, j’ai rencontré le monde, je dirais même que j’ai accédé à la quintessence du monde. »

 

Vous aimerez aussi :

 

  Ces âmes chagrines de Léonora MIANO

 

D’autres avis :

 

Charlotte ; Jostein

Le masque et la plume  parle de « non assistance à auteur en danger » de la part de l’éditeur…

 

 

L’équation africaine, Yasmina Khadra, Julliard, août 2011, 336 p., 19 euros

 

Merci aux Editions Julliard.

 

 

challenge 1% littéraire 

 

defi Afrika Choupynette 

 

Publié dans Littérature Afrique

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Une bonne épouse indienne de Anne CHERIAN

Publié le par Hélène

                                                bonne-epouse-indienne.gif

 

L’auteur :

Anne Cherian est née en Inde et a étudié aux universités de Bombay, de Bangalore et, finalement, de Berkeley en Californie. Elle vit aujourd’hui à Los Angeles. Elle signe là son premier roman.

 

L’histoire :

A la base de la vie de famille en Inde, il y a les mariages arrangés. C’est une des traditions à peu près immuables encore aujourd’hui maintenue par les mères, les grand-mères, les tantes et les belles-mères, très soigneusement à l’insu ou presque des principaux intéressés.

     Neel a beau avoir étudié aux Etats-Unis et être devenu un brillant anesthésiste dans le plus grand hôpital de San Francisco, il n’y échappera pas — malgré son passeport américain et sa pétulante maîtresse californienne. Au cours d’un bref voyage en Inde, le piège se referme sur lui et le voilà marié à Leila qu’il n’a vue qu’une fois.
Certes, elle est belle, douce, cultivée, intelligente — bien plus qu’il ne l’imagine — mais il n’en veut pas. Obligé de la ramener avec lui à San Francisco, il va lui mener la vie dure, avec comme seule idée de s’en débarrasser.

 

Ce que j’ai aimé :

-          C’est une lecture facile, relativement dépaysante, qui  porte un regard neuf sur les mariages arrangés.

 

Ce que j’ai moins aimé :

Je dois avouer que j’ai lu de nombreux passages en diagonale tant ils débordaient de clichés. J’ai trouvé ce roman terriblement attendu, tout est calibré, aucune surprise ne se dévoile au hasard d’une page, et les états d’âme de Neel et de sa belle épouse indienne ont fini par me lasser.

La conclusion de cette cruche chère Leila est de plus très discutable : il vaut mieux faire confiance à sa famille qui nous connait bien pour nous choisir un mari, plutôt que d’opter pour quelqu’un qui ne partage ni notre culture, ni notre situation  sociale, ni notre éducation… Terriblement réducteur et appauvrissant à mon avis (et dangereux quand on sait qu'à une époque Jean-Luc Delarue était considéré comme le gendre idéal pour la ménagère de moins de 50 ans...)

 

Premières phrases :

« Le billet d’avion et l’aérogramme arrivèrent le même jour. L’équipe de nettoyage avait déposé le courrier en une pile bien nette sur le plan de travail de la cuisine. Comme toujours, l’appartement était impeccable, et l’odeur âcre et tenace du produit désinfectant rappelait à Neel l’hôpital. »

 

Vous aimerez aussi :

Quand viennent les cyclones de Anita NAIR

 

Une bonne épouse indienne, Anne Cherian, Traduit de l’anglais par Josette Chicheportiche, Mercure de France, 26,50 €

POCHE : Une bonne épouse indienne, Anne Cherian, Traduit de l’anglais par Josette Chicheportiche, Folio, 7.80 euros

Publié dans Littérature Asie

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Le mardi c'est permis

Publié le par Hélène

sans-un-adieu.jpgCette semaine je me suis intéressée aux  meilleures ventes de romans policiers et notamment au maître du genre : Harlan Coben. J’ai donc opté pour le dernier sorti en poche « Sans un adieu ».

Ca commençait mal car dans l’avant propos  l’auteur a devancé mes critiques en soulignant qu’il s’agissait d’une « œuvre de jeunesse », écrite quand il était encore je cite « ingénu » (non ce n’est pas une blague, il n’est plus ingénu…) :

« Je suis sans doute trop sévère, mais ne le sommes-nous pas tous avec nos œuvres de jeunesse ? Rappelez-vous cette dissertation que vous avez commise au lycée : vous avez eu la meilleure note de la classe, le prof a parlé d’ « inspiration », et puis, un jour, vous tombez dessus en fouillant dans un tiroir, vous la relisez et vous vous dites, atterré : « Bon sang, mais qu’est-ce qui m’a pris ? » » dit-il.

Du coup maintenant il a trouvé la solution : il ne relit pas ses romans, parce qu’on a beau dire les bonnes notes comme les bonnes ventes, on s’y habitue très vite…

Bref je me souviens d’avoir lu dans ma prime jeunesse quelques romans de lui, et sincèrement, je n’ai pas vu de différences entre ces œuvres plus « matures », et ce "jeune" roman…

L’histoire est on ne peut plus alléchante : prenez un couple béni des dieux tous les deux beaux et …c’est tout, beaux quoi. Ah non riches aussi, ça c’est important, très riches même. Quand même Laura « n’était ni aveugle ni stupide. Elle n’avait qu’à se regarder dans une glace pour comprendre ce que les autres lui trouvaient. Peu à peu, elle finit par accepter sa beauté. Par l’un de ces étranges retournement du destin, l’écolière ordinaire et boulotte était devenir top model. Tout le monde voulait l’approcher, lui ressembler… voilà que soudain elle avait des amis partout. Elle en vint à se méfier des gens, à douter de leurs motivations réelles. » (p. 28) Donc nous dirons beaux, riches et un peu intelligents... (un peu)

Enfin bref Laura a trouvé David –ou l’inverse je ne sais plus- et ils passent tout le début du roman à se dire des choses très intelligentes et profondes :

David :  « Je t’aime, laura. Plus que tu ne saurais l’imaginer. » (p.63) « Tu crois que ta beauté m’aveugle, qu’on ne peut t’aimer que pour ton physique ? Conneries tout ça. » (p.108)

Laura :  « Je te promets de prendre bien soin de toi » (p.21)

David « Vieillissons ensemble, Laura, et je te promets de te rendre heureuse jusqu’à la fin des temps. » (p.22)

Laura : « Je ne laisserai pas mon mari ne serait-ce qu’une seconde. » (p.19)

David : « T’ai-je dit que tu avais des jambes superbes ? » (p.19)

Laura : « J’ai peur de ce que je ressens, hoqueta-t-elle, la poitrine secouée de sanglots. Je t’aime tellement. » (p.109)

David : « Bas noirs et porte-jarretelles sont sur le lit. Mets-les et attends-moi, ma petite coquine. » (p.31)

David : « Je t’aimerai toujours, ne l’oublie pas. » (p.32)

Avez-vous bien compris ? Je pense que c’est essentiel de comprendre combien l’amour de David pour Laura et de Laura pour David est profond, sinon vous ne pourrez pas suivre la suite de l’histoire, donc est-ce bien clair ou vous en voulez encore ??? Allez pour le plaisir :Laure : "Ne me quitte plus jamais, murmura-t-elle.

David : -Jamais. je te le jure." (...) "Je t'en prie, dit-il d'une voix douce, jure-moi que ce n'est pas un rêve."

Mais bababoum, malheur : David va mystérieusement disparaitre  (vous me direz face à tant de mièvreries, moi aussi je serais tentée de disparaitre...)

Bref, c’est là que commencent le « Suspense magistral, intrigue machiavélique à souhait, tension psychologique à son comble. » annoncés par l’éditeur.

Suspense magistral :

 « Comment aurait-elle pu savoir qu’elle ne les reverrait jamais ensemble ? » (p. 481)

"Puis elle le regarda repartir en emportant son bien le plus intime, sans savoir qu'elle ne le reverrait jamais." (p. 330)Mais que va-t-il bien pouvoir se passer ??? Suspense...

Tension psychologique à son comble :

« Comment as-tu pu faire une chose pareille à papa ? Comment  as-tu pu lui mentir ainsi ? » oui, comment ????

«  A situation désespérée, solution désespérée. Dans ce cas, ça signifiait tuer. Il ne reculerait pas devant l’horreur de la tâche. Ses sentiments personnels devaient être mis de côté. » (p. 531) Oui vas-y tue-le...

Intrigue machiavélique à souhait :

« Son cœur cognait dans sa poitrine. La vérité se révélait encore plus tragique que tout ce qu’elle avait jamais pu imaginer. » (p. 513) Ah ça ! Si vous saviez ! Du grand art ....

Et la conclusion nous éclaire brillamment sur le monde et ses mystère : « Comme Judy le reconnaissait elle-même, l’amour rendait aveugle ; méchant et égoïste. Poussait à faire des choses dont on ne se serait jamais cru capable. » (p. 496)

Je vais vous dire, quand je sais que ce roman fait partie des meilleures ventes, moi ce qui me fait peur, ce n'est pas la disparition de David, mais l'existence de lecteurs capables de supporter ces pages...

 mardi tout est permis

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L’estivant de Kazimierz ORLOS

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

 « Est-ce Dieu qui veut ça, ou est-ce l’homme qui fait lui-même sa vie ? Comment la vie se déroule-t-elle ? » (p. 120)

 

L’auteur :

Kazimierz Orlos est un écrivain, scénariste, dramaturge, journaliste et animateur de radio polonais. Il est également connu sous le pseudonyme de Maciel Jordan.

Censuré en Pologne à l'époque du communisme, il coopère avec Radio Free Europe et écrit pour Kultura, magazine littéraire et politique de l'émigration polonaise, ainsi que pour Puls. Après la chute du communisme, il travaille pour différents journaux.

 En 1970, il reçoit le prix de la Fondation Koscielski pour son ouvrage "Ciemne drzewe" (Les arbres sombres). En 2006, il reçoit deux autres prix pour un recueil de nouvelles "Dziewczyna z ganku".
En 2007, le président Lech Kaczynski lui remet la distinction de "Krzyż Komandorski Orderu Odrodzenia Polski", deuxième plus haute distinction honorifique polonaise qui récompense les mérites éminents dans le domaine des sciences, du sport, de la culture, de l'art, de l'économie, ou du service rendu au pays ainsi qu'au développement de relations avec les pays étrangers. (source babélio)

 

L’histoire :

 Un vieil homme retrouve avec émotion deux lettres écrites cinquante ans plus tôt. Comment a-t-il pu oublier Mirka, son premier amour, rencontrée pendant les vacances d'été des années 1951 et 1952 ? La jeune fille de la baie de Gdansk lui annonçait être enceinte. Il ne lui a jamais répondu.

Bouleversé par cette paternité qui resurgit dans ses vieux jours, l'homme prend la plume pour raconter son histoire à son fils et part à la recherche de son passé. Il retourne dans la maison sous les pins, au bord de la mer Baltique. Au cours de longues promenades sur la plage et dans les dunes, il s'interroge sur ses choix, sur sa lâcheté vis-à-vis de ses proches, sur ses compromissions avec le système communiste. Au fil de rencontres avec les habitants des lieux, il s'approche pas à pas de la vérité.
Son récit simple et brut, teinté de nostalgie, sonne comme une confession qui vient trop tard, une manière d'empoigner son existence pour lui donner un sens. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 -          Premier atout de ce roman très touchant : sa couverture. Elle représente une reproduction d’un tableau de  Joseph CZAPSKI « Au bord de la mer » et nous plonge déjà dans l’atmosphère nostalgique du roman.

-          Ce vieil homme décide finalement de flirter à nouveau avec son adolescence,  non pas pour justifier ou excuser ses choix, mais plus par curiosité, il repart vers son passé comme s’il sentait qu’il lui fallait à présent boucler sa vie. Il ne remet pas en doute ses choix, peut-être parce qu’il s’adresse à son fils, et que celui-ci n’aurait sans doute pas existé s’il avait choisi de rester auprès de cette amour de jeunesse. Son errance est plus une interrogation sur le hasard, sur le poids d’une époque durant laquelle la survie importait avant tout, sur la lâcheté dont on est capable… Puis, malgré tout, la vie continue, avec ses heurts et ses joies, et il n’est pas certain qu’elle aurait été plus belle autrement.

-          Peut-être que ce qui compte avant tout est de réussir à capter la beauté des moments suspendus au-dessus du bonheur, et d’oublier ou de passer outre les scènes plus déplaisantes. Profiter de promenades sur la plage pour observer des deltaplanes, pour écouter le ressac de la mer qui rappelle que tout passe et que ne reste que l’instant présent.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 - Je comprends que l’on puisse être désarçonné par le rythme très lent de la narration, par la manque d’action, mais l’essentiel est ailleurs…

 

 Premières phrases :

 « J’ai mis bout à bout cette histoire de notes éparses, de feuilles de cahier arrachées, de griffonnages sur des bouts de serviettes en papier du restaurant La Frégate. Et même de coupures de journaux. J’ai commencé à rédiger en novembre et fini en décembre 2003. J’ai tout mis en ordre. Rajouté par ici, enlevé par là. Aligné les jours, les semaines. Qu’après ma mort, le destinataire reçoive un texte clair. Simple, même si l’histoire elle-même, évidemment, n’est pas simple.

Voici le texte que je destine à mon fils. »

 

Vous aimerez aussi :

 Dans les veines ce fleuve d’argent de Dario FRANCESCHINI 

 

D’autres avis :

Kathel, Delphine

 

L’estivant, Kazimierz Orlos, traduit du polonais par Erik Veaux, Les Editions Noir sur Blanc, août 2011, 120 p., 14 euros

 

Merci à Denis LEFEBVRE du groupe Libella

  

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Publié dans Littérature Europe

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Derniers adieux de Lisa GARDNER

Publié le par Hélène

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♥ ♥

Un thriller efficace

 

L’auteur :

 

Avec ses deux derniers romans Disparue (Albin Michel, 2008) et Survivre (septembre 2009), Lisa Gardner s'est installée en tête des listes de best-sellers aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Elle est aujourd'hui considérée comme l'une des grandes dames du roman policier féminin.
Lisa Gardner vit en Nouvelle-Angleterre où elle se consacre entièrement à l'écriture

 

L’histoire :

Est-ce parce qu'elle attend un enfant que l'agent du FBI, Kimberly Quincy, se sent particulièrement concernée par le récit incroyable et terrifiant d'une prostituée enceinte ? Depuis quelques temps, elles sont plusieurs à avoir disparu d'Atlanta sans explication, comme évaporées, et Kimberly est bien la seule à s'en préoccuper.
Un serial killer s'attaquerait-il à ces filles vulnérables ? Aurait-il trouvé la clé du meurtre parfait ou s'agit-il de crimes imaginaires ?
Sans le savoir, la jeune femme s'enfonce dans le piège tendu par un tueur qui s'amuse à rendre bien réel le cauchemar qui hante la plupart des femmes. Comme pour sa mère et sa soeur, victimes autrefois d'un tueur en série, le temps des derniers adieux est peut-être arrivé pour Kimberly.

 

Mon avis :

 

Derniers adieux est un thriller efficace de ceux qu’on ne peut lâcher avant la fin et qui sont bien utiles quand on souhaite plonger tête baissée dans un roman pour s’abstraire du monde extérieur. Mais ses qualités s’arrêtent là, il n’a rien d’original, et est comparable aux romans de Patricia Cornwell ou Mary Higgins Clark (je suis désolée cela fait un bon bout de temps que je ne lis plus de thriller grand public, aussi mes références sont-elles sans doute démodées.)  L’auteur nous offre un véritable page-turner mais la psychologie reste assez sommaire et trop clairement évoquée pour être subtile : comment concilier le rôle de parents tout en travaillant, comment préserver ses enfants du mal omniprésent à chaque coin de rue, comment se remettre d’un drame qui a touché notre enfance… Questions non dénuées d’intérêt mais qui auraient gagné en profondeur si elles n’avaient pas été aussi caricaturalement posées.

 

« Elle songea à un autre article de psychologie qu’elle avait étudié à l’université : la plupart des gens n’ont aucun besoin de la cruauté d’inconnus pour foutre leur vie en l’air : ils sont parfaitement capables de le faire tout seuls. » (p. 306)

 

« Vous vous croyez en sécurité. Classe moyenne, banlieusard, la bonne voiture, la jolie maison. Vous croyez que les malheurs n’arrivent qu’aux autres – par exemple aux abrutis qui vient dans des villages de mobile homes où la population de délinquants sexuels fichés par rapport au nombre d’enfants est parfois de un sur quatre.

Mais pas à vous, jamais à vous. Vous êtres trop bien pour ça.

Est-ce que vous avez un ordinateur ? Parce que dans ce cas, je suis dans la chambre de votre enfant.

Est-ce que vous avez un profil personnel en ligne ? Parce que dans ce cas, je connais le nom de votre enfant, son animal de compagnie et ses loisirs préférés.

Est-ce que vous avez une Webcam ? Parce que dans ce cas, j’essaie en ce moment même de persuader votre fils ou votre fille d’enlever son tee-shirt en échange de cinquante dollars. Juste un tee-shirt. Où est le mal ? Allez, c’est cinquante dollars.

Ecoutez-moi. Je suis le Burgerman.

Et je viens vous prendre. » (p. 371)

 

Les amateurs de roman au suspense intenable apprécieront, quant à ceux qui recherchent des romans plus profonds, vous risquez d’être déçus…

 

Premières phrases :

 

« Il gémissait, un râle du fond de la gorge, et ses doigts resserraient leur étreinte dans les cheveux de la fille. Celle-ci retroussa ses lèvres au-dessus de ses dents et accentua la pression. Les hanches du garçon se soulevèrent et il se mit à proférer le flot habituel d’inepties que les hommes aiment murmurer dans ces moments-là. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : La maison d'à côté de Lisa GARDNER
Autre :
Les lieux infidèles de Tana FRENCH

 

Derniers adieux, Lisa Gardner, traduit de l’anglais (EU) par Cécile Deniard, Albin Michel, septembre 2011, 422 p., 21.50 euros

 

Merci aux Editions Albin Michel.

 

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Rue Darwin de Boualem SANSAL

Publié le par Hélène

                  

  ♥ ♥

« Le seul véritable inconnu, c’est soi-même. » (p. 46)

L’auteur :

 Boualem Sansal est un écrivain algérien. Boualem Sansal a une formation d'ingénieur et un doctorat d'économie.Il a été enseignant, consultant, chef d'entreprise et haut fonctionnaire au ministère de l'Industrie algérien. Il est limogé en 2003 pour ses prises de positions critiques contre le pouvoir en place particulièrement contre l'arabisation de l'enseignement.

Son ami Rachid Mimouni (1945-1995), l'encourage à écrire. Boualem Sansal publie son premier roman Le Serment des barbares en 1999 qui reçoit le prix du premier roman et le prix des Tropiques. Son livre Poste restante, une lettre ouverte à ses compatriotes, est resté censuré dans son pays. Après la sortie de ce pamphlet, il est menacé et insulté1 mais décide de rester en Algérie. Un autre de ses ouvrages, Petit éloge de la mémoire est un récit épique de l'épopée berbère. Boualem Sansal est lauréat du Grand Prix RTL-Lire 2008 pour son roman Le Village de l'Allemand sorti en janvier 2008, roman qui est censuré en Algérie. Le 9 juin 2011, il remporte le Prix de la paix des libraires allemands.

Il habite près d'Alger.

L’histoire :

 Après la mort de sa mère, Yazid, le narrateur, décide de retourner rue Darwin dans le quartier Belcourt à Alger, où il a vécu son adolescence. « Le temps de déterrer les morts et de les regarder en face » est venu.

Son passé est dominé par la figure de Lalla Sadia, dite Djéda, sa toute-puissante grand-mère adoptive, qui a fait fortune installée dans son fief villageois – fortune dont le point de départ fut le florissant bordel jouxtant la maison familiale.

Né en 1949, Yazid a été aussitôt enlevé à sa mère prostituée, elle-même expédiée à Alger. Il passe une enfance radieuse au village, dans ce phalanstère grouillant d’enfants. Mais quand il atteint ses huit ans, sa mère parvient à l’arracher à l’emprise de la grand-mère maquerelle. C’est ainsi qu’il débarque rue Darwin, dans une famille inconnue. Il fait la connaissance de sa petite sœur Souad. D’autres frères et sœurs vont arriver par la suite, qui connaîtront des destins très divers.
La guerre d’indépendance arrive, et à Alger le jeune Yazid y participe comme tant d’autres gosses, notamment en portant des messages. C’est une période tourmentée et indéchiffrable, qui va conduire ses frères et sœurs à émigrer. Ils ne pourront plus rentrer en Algérie (les garçons parce qu’ils n’ont pas fait leur service militaire, les filles parce qu’elles ont fait leurs études aux frais de l’État algérien). Le roman raconte la diaspora familiale, mais aussi l’histoire bouleversante de Daoud, un enfant de la grande maison, le préféré de Djéda, dont Yazid retrouve un jour la trace à Paris.

 

Ce que j’ai aimé :

-          Rue Darwin est le récit nostalgique d’un homme qui cherche des réponses à ses questions et décident de les résoudre maintenant qu’il n’a plus à se sacrifier pour les autres. Dans un style millimétré Boualem Sansal nous offre un texte puissant sur les origines et la vérité :

« C’est peut-être une loi essentielle de la vie qui veut que l’homme efface son histoire première et la reconstitue de mémoire comme un puzzle impossible, dans le secret, à l’aune de son expérience et après bien des questionnements et des luttes, ainsi et seulement ainsi il peut faire le procès du bien et du mal, ces forces qui le portent dans la vie sur le chemin de son origine. Vire serait donc cela, retrouver le sens premier dans l’errance et la quête… et l’espoir qu’au bout est le fameux paradis perdu, la paix simplement. » (p. 225)

-          Boualem Sansal est un écrivain censuré dans son pays pour ses opinions radicales sur l’islam et ses imams :

« La religion me paraît très dangereuse par son côté brutal, totalitaire. L'islam est devenu une loi terrifiante, qui n'édicte que des interdits, bannit le doute, et dont les zélateurs sont de plus en plus violents. Il faudrait qu'il retrouve sa spiritualité, sa force première. Il faut libérer, décoloniser, socialiser l'islam. »

« Finalement, aujourd'hui, je pense que c'est aux hommes du pouvoir de partir. On a trop cédé, il ne faut plus céder. » (Entretien avec Marianne PAYOT, l’Express, 24 août 2011)

Il évoque dans son roman ses prises de position ainsi que son rapport à la guerre :

« La guerre qui n’apporte pas une paix meilleure n’est pas une guerre, c’est une violence faite à l’humanité et à Dieu, appelée à recommencer encore et encore avec des buts plus sombres et des moyens plus lâches, ce ci pour punir ceux qui l’ont déclenchée de n’avoir pas su la conduire et la terminer comme doit s’achever une guerre : sur une paix meilleure. Aucune réconciliation, aucune repentance, aucun traité, n’y changerait rien, la finalité des guerres n’est pas de chialer en se frappant la poitrine et de se répandre en procès au pied du totem, mais de construire une paix meilleure pour tous et de la vivre ensemble. » (p. 108)

Il décrit notamment cette scène surréaliste durant laquelle Boumediene, en 1973 annonce dans un discours « plus il y a de morts, plus la victoire est belle. »  Et en déduit : « Je découvrais que les grands criminels ne se contentent pas de tuer, comme ils s’y emploient tout le long de leur règne, ils aiment aussi se donner des raisons pressantes de tuer : elles font de leurs victimes des coupables qui méritaient leur châtiment. » (p. 117)

Plus qu'un simple roman familial, Rue Darwin est un roman sur l'identité d'un être dans un monde difficilement habitable.

Ce que j’ai moins aimé :

Je ne saurais dire exactement  pourquoi je n'ai pas été emportée par ce roman, mais il m'a manqué quelque chose, peut-être tout simplement un intérêt pour le sujet évoqué, je ne sais pas, un rien sans doute, qui fait que j'ai avancé péniblement dans cette lecture et que au final je ne m'y retrouve pas.

Ce qui ne m'empêche pas d'insister sur ses qualités indéniables...

Premières phrases :

« Tout est certain dans la vie, le bien, le mal, Dieu, la mort, le temps, et tout le reste, sauf la Vérité. Maiq qu’est ce que la Vérité ? La chose au monde dont on ne doute pas, dont on ne douterait pas un instant si on la savait. Hum… Ce serait donc une chose qui s’accomplit en nous et nous accomplit en même temps ? Elle serait alors plus forte que Dieu, la mort, le bien, le mal, le temps et le reste ?... mais devenant certitude, est-elle toujours la Vérité ? N’est-elle pas alors qu’un mythe, un message indéchiffré indéchiffrable, le souvenir de quelque monde d’une vie antérieure, une voix de l’au-delà ?

C’est de cela que nous allons parler, c’est notre histoire, nous la savons sans la savoir. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le village de l’allemand

D’autres avis :

L’express

Marianne Desroziers ; Nina

 

Rue Darwin, Boualem SANSAL, Gallimard, août 2011, 17.50 euros

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Publié dans Littérature Afrique

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Les femmes du braconnier de Claude PUJADE-RENAUD

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

 « Partie à la recherche de toi-même, dans l'obscurité, tu dansais,

Perdant pied lentement, pleurant doucement »
(Ted HUGHES, Que Dieu vienne en aide au loup)

 

 

L’auteur :

 

Claude Pujade-Renaud est une écrivaine française.. Elle a publié son premier roman La Ventriloque en 1978. Depuis, elle est l'auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles, remportant de nombreux prix.

 

L’histoire :

 

 C'est en 1956, à Cambridge, que Sylvia Plath fait la connaissance du jeune Ted Hughes, poète prometteur, homme d'une force et d'une séduction puissantes. Très vite, les deux écrivains entament une vie conjugale où vont se mêler création, passion, voyages, enfantements. Mais l'ardente Sylvia semble peu à peu reprise par sa part nocturne, alors que le "braconnier " Ted dévore la vie et apprivoise le monde sauvage qu'il affectionne et porte en lui. Bientôt ses amours avec la poétesse Assia Wevill vont sonner le glas d'un des couples les plus séduisants de la littérature et, aux yeux de bien des commentateurs, l'histoire s'achève avec le suicide de l'infortunée Sylvia. (Présentation de l’éditeur)

 

 

Ce que j’ai aimé :

 

- Les femmes du braconnier offre au lecteur un éclairage neuf sur cette histoire, en disculpant notamment Ted et Assia. Claude Pujade-Renaud met en avant le mal-être ancré profondément en Sylvia, cette pieuvre qui la ronge de l'intérieur, venue d'on ne sait où, peut-être de la mort de son père, ou de sa relation à sa mère, sait-on vraiment finalement ce qui mène à la dépression. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Ted et sa relation extraconjugale qui furent les seuls déclencheurs. La passion, le couple, la maternité ne peuvent pas tout résoudre, et si l'ensemble bascule, c'est aussi parce que la difficulté de vivre restait tapie, dans l'ombre, attendant son heure. 

 

« La faute originelle  avait été de renoncer à l’animalité, de devenir un couple banalement conjugal. Etranglé par le quotidien. Par la jalousie carcérale de Sylvia. Par cette maison, objet de tant de soins, proche de la nature mais non de la sauvagerie, cocon et non bauge p ou terrier. » (p. 251)

 

En évoquant ce couple mythique, l'auteure touche des points sensibles : la dépression, l'infidélité, le suicide d'un proche. 

 

« Accordez-lui au moins d’en avoir décidé ainsi, n’en faites pas  la victime du froid et d’une pneumonie, non elle n’est victime de rien, et surtout pas de son mari, elle a choisi, voulu, c’est elle qui signe ! » (p. 237)

 

La multiplicité des points de vue donne de l’épaisseur à l’histoire et entraîne le lecteur qui découvre peu à peu des personnalités complexes.

   

« Les songes reproduisent les mythes, on se  voudrait mage, chaman, magicien, hardi explorateur de l’Hadès, et on se retrouve stupide, sur un quai vide et, tout aussitôt, en sueur, en larmes, à côté d’un corps endormi respirant lentement. » (p. 250)

 

- Ce roman nous mène dans l'antichambre de la création de ces deux talentueux poètes :

 

«  Libres, les mots galopent vers leur vérité. A ras du vide. » (p. 224)

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Le roman s’étire laborieusement après la mort de Sylvia pour atteindre plusieurs années plus tard celle d’Assia et de sa fille,  et je pense que le roman aurait pu s’arrêter là. Il n’était pas nécessaire à mes yeux de continuer jusqu’à l’ultime suicide de Nicholas.

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Le désert et la grâce (qui m’a été conseillé plusieurs fois cette année…)

Autre :  Froidure de Kate MOSES (également sur Sylvia Plath)

 

D’autres avis :

 

Lecture commune avec : Valérie, Théoma , Aifelle, Aymeline, Miss Orchidée; 

  L'or des chambres 

 

Les femmes du braconnier, Claude Pujade-Renaud, Actes Sud, 2010, 349 p., 21 euros

 

verticale je suis (Sylvia Plath, 28 mars 1961)

 

Mais je préférerais être horizontale.

Je ne suis pas arbre avec mes racines dans le sol

suçant à moi minéraux et amour maternel

afin qu’à chaque mars je puisse être éclaboussure de feuilles

 

Non plus ne suis la beauté d’un jardin allongé

arrachant des ah enthousiastes et peint de façon baroque

sans savoir que je perdrai mes pétales

par rapport à moi, un arbre est immortel

et si petite la tête d’une fleur, mais plus saisissante

et tant je voudrais la longévité de l’un et la hardiesse de l’autre.

 

Cette nuit, dans l'infinitésimale lumière des étoiles,

les arbres et les fleurs ont déversé leurs odeurs froides

Je marche parmi eux, mais aucun ne me remarque.

Parfois je pense que lorsque je dormais

je devais parfaitement leur ressembler -

Pensées parties dans le sombre.

Cela serait si normal pour moi, de m'étendre.

Alors le ciel et moi parlons franchement,

et je serai enfin utile quand je reposerai pour de bon:

alors les arbres pour une fois me toucheront peut-être, et les fleurs auront du temps pour moi.

 

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