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Quand nous serons heureux de Carole FIVES

Publié le par Hélène

quand nous serons heureux

 

 

♥ ♥ ♥ 

 

« J’écris tout cela et plus encore, je donne forme à mes regrets, je les regarde en face et les tiens à distance, enfin, ces rêves qui ne sont pas les miens. Je finis par les faire tourner, les voir danser sur ma feuille de papier. » (p. 55)

 

 

L’auteur :

 

Carole Fives vit à Lille et partage son temps entre les arts plastiques et la littérature. Pour Quand nous serons heureux, elle a reçu le prix Technikart du manuscrit 2009, présidé par Alain Mabanckou.

 

L’histoire :

 

Il y a les vies que nous aimerions vivre… et celles que nous vivons, faites de compromis, de doutes, de fantasmes : le fils qui fait de la scène pour attirer l’attention de son père, la jeune femme qui comprend que ses opérations de chirurgie plastique n’ont pas réglé ses problèmes, la fan de David Bowie qui perd le sens de la réalité, l’homme qui à force de ratures, de biffures sur son agenda se rend compte que c’est son existence qu’il annule jour après jour, la victime de viol dans le déni qui relate son agression comme s’il s’agissait d’une histoire d’amour, le photographe Rmiste en panne de modèles… (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

  Le bonheur dont il est question dans le titre semble bien loin des protagonistes… Carole Fives nous présente dans ses nouvelles des êtres désenchantés, malmenés par la vie et par les autres, des hommes et des femmes à l’avenir sans espoir. Mais elle peint leur quotidien avec un ton acide et décalé qui évite le naufrage dans un désespoir sans fond, et qui, subtilement amène le lecteur vers une réflexion constructive. La forme courte et expéditive des nouvelles permet aussi de ne pas s’enferrer dans les situations glauques, mais de simplement les effleurer, les suggérer pour mieux les faire chuter en fin de nouvelle.

 

« C’est pas parce que la vie est dégoûtante qu’il faut encore en rajouter dans un bouquin, merci. » (p. 155) conseille une amie à l’auteur dans le dernier chapitre, lui enjoignant de plutôt écrire des romans comme Anna Gavalda « plein d’espoir ». Carole Fives est une auteure effectivement bien loin des stratégies commerciales, et qui écrit simplement ce qu’elle ressent, dans un acte de partage sans calcul. Elle choisit délibérément de pointer les travers de la société et de nos semblables plutôt que d’édulcorer comme tant d’auteurs contemporains populaires le monde qui nous entoure… Parce qu’on ne peut pas se cacher les yeux éternellement et que viendra un jour où il faudra peut-être revoir notre rapport aux autres…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

 J’ai lu ces nouvelles en ayant en tête le dynamisme et la gentillesse de Carole rencontrée par hasard un soir de mai. Je n’ai donc pas ressenti le côté plombant des nouvelles, mais je reconnais que leur cynisme pourrait en désarmer certains…

 

Premières phrases :

 

« Certes, les loyers y étaient largement moins élevés que dans le centre-ville. Mais ce n’est pas la seule raison qui vous a amenée à Ploucville. Le goût des quartiers populaires aussi, leur métissage, leurs possibilités d’échanges, de rencontres… »

 

Vous aimerez aussi :

 

Une vie à coucher dehors de Sylvain TESSON

 

D’autres avis :

 

Clara, Sophie

 

Quand nous serons heureux, Carole FIVES, Editions le Passage, 2010, 157 p., 14 euros

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Smoke Bellew de Jack LONDON

Publié le par Hélène

 

smoke-bellew.gif

♥ ♥ ♥ ♥

 

 « C’est étrange, la manière qu’a un grand texte, dés l’instant où il vous habite, de tout gommer sur son passage et de laisser une place indélébile. » (extrait de la Préface)

 

 

L’auteur :

 

Jack London, de son vrai nom John Griffith Chaney, né le 12 janvier 1876 à San Francisco et mort d'un empoisonnement du sang le 22 novembre 1916 à Glen Ellen, Californie, était un écrivain américain avec comme thèmes de prédilection l'aventure et la nature sauvage (le "Wild" Américain). Il a écrit L'Appel de la forêt et plus de cinquante autres nouvelles et romans connus. Il tire aussi de ses lectures et de sa propre vie de misère l’inspiration pour de nombreux ouvrages très engagés et à coloration socialiste, bien que cet aspect-là de son œuvre soit généralement négligé. Il fut un des premiers Américains à faire fortune dans la littérature. (Source Wikipédia)

L’histoire :

 

Il s’agit de douze nouvelles écrites en 1912 par Jack London avec comme personnage principal le héros éponyme, le jeune Smoke Bellew. Ce dernier, un jeune aspirant journaliste de San Francisco, persuade son oncle chercheur d'or de l'accueillir parmi sa bande de durs à cuire en partance pour le glacial Klondike, au nord-ouest du Canada.

 

Ce que j’ai aimé :

 

- Smoke Bellew est un roman d’apprentissage unique : de « chekako » (pied tendre, novice),  le jeune Smoke va devenir « mangeur de viande » . La grande Aventure l’attend aux côtés de son ami Shorty : ils vont devoir affronter le froid de ces contrées sauvages, (moins 60° dans les meilleurs jours…), les paysages glaciaires inhospitaliers, les autres aventuriers quelquefois plus redoutables que les plus cruelles des bêtes sauvages, les jeunes filles courageuses qui retournent le cœur…  Au fil du temps, les deux candides aventuriers en herbe vont apprendre à s’endurcir pour conquérir l’ouest sauvage.

 

« Les rapides  devinrent plus raides et les embruns commencèrent à voler. Dans l’obscurité croissante, Kit entrevit la Crinière et le détour du courant qui y débouchait. Il dirigea la barque dans ce coude et ressentit un frisson de plaisir quand le bateau aborda la crinière en plein milieu. Après cela bondissant et plongeant, suffoqué par le brouillard, in ne conserva d’autre impression nette que la volonté de peser de tout son poids sur la godille qui servait de gouvernail et le regret que son oncle ne fût pas là pour le voir. » (p. 59)

 

Les chapitres courts assemblés sous forme de nouvelles et l’humour désinvolte du jeune Smoke insufflent un dynamisme communicatif à ces récits, désamorçant ainsi la dureté de ces pays sauvages. Et même si on sait alors que la Ruée vers l’Or a pris d’autres chemins, on reste tenté nous aussi par  l’envie de tenter la grande Aventure pour devenir des mangeurs de viande…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien

 

Premières phrases :

 

« Au commencement, c’était Christopher Bellew. Il devint Chris  Bellew à l’époque où il fréquenta le lycée. Plus tard, parmi la bohème de San Francisco, il s’appela Kit Bellew. Et à la fin on ne lui connaissait d’autre nom que Smoke Bellew, autrement dit Bellew la Fumée. Cette évolution patronymique résume sa propre histoire. »

 

Vous aimerez aussi :

 

  La tendresse des loups de Stef PENNEY

 

Smoke bellew, Jack London, Traduit de l’anglais (EU) par Louis Postif, Traduction revue et complétée par Frédéric Klein, Préface de Bernard Rapp, Phébus Libretto, 2006, 339 p., 9.90 euros

 

challenge nature writing

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Déluge de Karen DUVE

Publié le par Hélène

déluge

 

     

 

 

♥ ♥

 « Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que de mauvais vêtements. » (Proverbe anglais)

 

 

 

L’auteur :

 

Karen Duve est une auteure allemande. Déluge est son premier roman.

 

L’histoire :

 

Leon Ulbricht, écrivain en mal d'inspiration, quitte Hambourg pour se retirer à la campagne, dans une maison perdue au milieu des tourbières de l'est de l'Allemagne. La jeune et belle Martina, qu'il vient d'épouser, l'accompagne. Mais la pluie incessante, l'invasion des limaces et la boue transforment l'aventure en naufrage. Les fondations de la maison commencent à céder tandis que les relations du couple s'effritent. L'hostilité des villageois et la présence, dans la maison voisine, de deux sœurs aussi énigmatiques qu'inquiétantes précipitent Leon vers la déchéance.

 

Ce que j’ai aimé :

 

- Pour la lecture de ce roman, je vous conseille de rester bien au chaud chez vous, par temps sec pour savourer le confort d’une vie loin du déluge décrit dans ces pages… L’atmosphère humide est admirablement bien rendue, à tel point que l’on s’attend à tout moment à voir une limace escalader les pages du livre…

 

La maison dans laquelle les protagonistes emménagent n’a rien d’un eldorado, l’eau suinte par tous les murs, celle qui coule des robinets est d’un marron douteux, et les marécages qui l’entourent n’ont rien de rassurant.  Léon s’amollit dans ce contexte, puisque sa personnalité flasque et faible s’accordait déjà au préalable avec ce temps et ce paysage pluvieux. Il aura beau essayer de lutter pour ne pas se noyer, ses efforts resteront vains.  Mais son naufrage n’a rien de désespéré ou pathétique, il est vu comme à travers un voile de pluie, au travers de scènes qui sonnent comme des sketchs…

 

-         Déluge est en effet un roman original, à l’humour décalé. Par exemple l’invasion de bêtes en tous genres (salamandre, limaces dont il est impossible de se débarrasser malgré les efforts constants de Leon, serpents d’eau, voisine gluante) pourrait dérouter le lecteur, mais l’auteur réussit à retourner la situation en créant des scènes cocasses … Les personnages sont tous un brin déjantés, et grâce à ce trait de caractère, ils voguent allègrement au-delà du désespoir. Et même ce pauvre Léon, pourtant véritable incarnation de la lâcheté, finit par faire pitié…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-         Rien de particulier, mais ce n’est pas un coup de cœur.

 

Premières phrases :

 

« « Quoi… ? Qu’est-ce que tu dis ? »

L’oreille aux aguets, la jeune femme fixait le talus qui descendait. Elle était seule, silhouette fragile sur ce parking désert en bordure d’une nationale, seule avec une Mercedes 300 noire, une grosse poubelle qui débordait et une caravane sans roues aux issues condamnées par des planches et dont le toit portait un panneau arborant l’inscription CASSE-CROUTE. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 

Les poissons ne connaissent pas l’adultère de Carl ADERHOLD

 

Déluge, karen DUVE, traduit de l’allemand par Pierre Deshusses, Rivages, 2003, 266 p., 8.40 euros

 

challenge voisins voisines

Publié dans Littérature Europe

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La maison d'à côté de Lisa GARDNER

Publié le par Hélène

maison d'à coté

 

 

♥♥

 

 Prix des lectrices de Elle Policier 2011

  

L’auteur :

 

Écrivain américain, Lisa Gardner a grandi à Hillsboro, dans l’Oregon. Auteur de plusieurs thrillers, elle a également écrit des romans sous le pseudonyme d’Alicia Scott. Elle vit actuellement dans le New Hampshire.

L’histoire :

 

Un fait divers dans une banlieue résidentielle de Boston passionne les médias. Sandra Jones, jeune maîtresse d'école et mère modèle a disparu. Seul témoin : sa petite fille de 4 ans. Suspect N°1 : un mari Jason. Dès qu'elle pénètre dans la villa douillette des Jones, l'inspectrice D.D. Warren sent que quelque chose cloche. Aux yeux de tous, Sandra et Jason Jones avaient tout du jeune couple amoureux. Mais de toute évidence, cette apparente normalité dissimulait des zones d'ombre redoutables. Au fil des jours, la disparition de la jeune femme devient de plus en plus inquiétante. Pourtant Jason Jones semble plus intéressé à faire disparaître les preuves et isoler sa fille que par rechercher sa femme « chérie ». Le parfait époux essaierait-il de brouiller les pistes ou cherche-t-il simplement à se cacher ? Mais de qui ?

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          La maison d’à côté est un thriller qu’il est difficile de lâcher avant la fin tant le suspens est passionnant. En multipliant les questionnements, l’auteur réussit à ferrer son lecteur plus sûrement que le plus amateur des pêcheurs : qu’est-il arrivé à Sandra ? Pourquoi son mari semble-t-il si froid ? Qu’a vu  la petite Ree cette fameuse nuit ? Que cachent les ordinateurs de la maison ? Pourquoi ce couple idéal n’a-t-il ni famille ni amis ? Qu’est-il arrivé pendant ces vacances de février ? Etc… Je pourrais continuer encore longtemps cette liste car les questions naissent parallèlement à l’avancée de l’intrigue. Du grand art…

 

-          C’est une jeune femme qui mène l’enquête, D. D. Warren, personnage récurrent des romans de Lisa Gardner, si bien que pour une fois nous n’avons pas droit au personnage déséspéré de nombreux romans policiers : le vieux bougon limite alcoolique, limite dépressif, limite tout en fait (cf Dave Robicheaux cher James Lee Burke, Harry Bosh chez Connelly, Varg Veum chez Staalesen, Charlie Resnik chez John Harvey, Kurt Wallander chez Mankell, Erlendur chez Indridason, pour ne citer que mes auteurs fétiches…) (D’ailleurs si vous cherchez bien les femmes sont rares à cette place convoitée ou alors elles fonctionnent en binôme) (c’était la minute féministe de la journée…) D.D. est gaie, professionnelle, féminine, intelligente, sentimentale, mais sans trop en faire, bref elle est  limite parfaite…

 

-          Ce roman fait partie de ceux  dont  les questions continuent à nous hanter une fois la dernière page tournée, ceux qui modifient  infimement notre façon d’appréhender le monde. Désormais je regarde mon ordinateur d’un autre œil, je regarde mon mari d’un autre œil, je vois ma famille d’un autre œil, je considère d’un autre œil les délinquants sexuels (enfin, si je peux éviter d’en croiser, ça m’arrangerait quand même),  je vois les autres hommes  que mon mari d’un autre œil (je crois d’ailleurs que je vais cesser définitivement de les regarder…), bref tout à coup je vois au-delà des apparences…

 

« Bien sûr, nous passons totalement à côté de tous les moments intermédiaires. La vie quotidienne qui est ce qu’elle est. Rien à fêter. Rien à pleurer. Juste des tâches à accomplir.

Je suis convaincue que ce sont ces moments qui, au bout du compte, nous construisent ou nous brisent. Comme une vague qui vient lécher jour après jour le même rocher érode la pierre et dessine les contours du rivage, ce sont les petits détails ordinaires de nos existences qui recèlent le vrai pouvoir et donc tout le danger invisible. Les choses que nous faisons ou que nous ne faisons pas dans notre vie de tous les jours sans même comprendre les conséquences à long terme d’actes aussi insignifiants. » (p. 218)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien.

Premières phrases :

 

« Je me suis toujours demandé ce que ressentaient les gens pendant les toutes dernières heures de leur existence. Savent-ils qu’un drame est sur le point de se produire ? Pressentent- ils la tragédie imminente, étreignent-ils leurs proches ? Ou bien est-ce que ce sont juste des choses qui arrivent ? »

 

Vous aimerez aussi :

 

Bad Boy de Peter ROBINSON

 

D’autres avis :

 

Chez Babélio

 

La maison d’à côté, Lisa GARDNER, Traduit de l’anglais (EU) par Cécile Déniard, Albin Michel, septembre 2010, 418 p., 20.90 euros

 

Merci aux Editions Albin Michel pour cette plongée en plein suspens..

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Hier d’Agota KRISTOF

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

 « Hier tout était beau

La musique dans les arbres

Le vent dans mes cheveux

Et dans tes mains tendues

Le soleil. »

  

L’auteur :

 

Agota Kristof, est née en 1935 à Csikvand / Hongrie. Elle vit depuis 1956 en Suisse romande. Elle a d'abord travaillé dans une usine où elle a appris la langue de sa patrie d'élection, avant de se faire un nom comme écrivaine de langue française. Son premier roman Le grand Cahier publié en 1987 a connu un grand succès et a été honoré du titre Livre Européen. Elle s'est éteinte la semaine dernière.

 

L’histoire :

 

Aujourd’hui recommence la course imbécile. Se lever à cinq heures, prendre le bus, pointer, percer toujours le même trou dans la même pièce. Et gagner juste assez d’argent pour manger, habiter quelque part, être en mesure de recommencer la course, demain.

Pour que demain soit différent, il faudrait qu’apparaisse enfin Line, la femme idéale dont rêve Sandor Lester depuis qu’il a quitté son pays natal. Alors, il y aurait un avenir possible dans lequel Sandor deviendrait écrivain sous le nom de Tobias Horvath.

Mais, ce jour-là, ce n’est pas l’avenir qui monte dans le bus. C’est Line, la vraie Line surgie du passé, de ce temps où Tobias Horvath n’était pas un pseudonyme mais un enfant bien réel et qui croyait encore au futur… (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Hier est un récit court comme un coup de poing, et long comme un hurlement de douleur qui ne peut s’achever que par la mort. La seule échappatoire pour Tobias est  le rêve, le souvenir idyllique d’un amour pur d’enfant, nimbé d’une auréole de sursis dans un monde  rendu glacial par la pauvreté. Mais si hier peut s’immiscer dans le présent, il porte néanmoins les stigmates de cette période troublée. Ce qui restait tapi dans l’ombre de l’enfance innocente peut éclater comme un cauchemar à l’heure de la  maturité, anéantissant tout espoir  et terrassant un  sentiment déjà agonisant.

 Agota Kristof nous parle de la vie de ces réfugiés pour qui la désillusion est âpre, mais elle nous conte aussi l’incapacité de certaines personnes, marquées par un passé douloureux,  à vivre dans un monde inadapté.

 Hier est un récit puissant sur l’espoir et son corollaire, le désespoir…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          C’est un roman profondément désespéré…

 

Premières phrases :

 

« Hier, il soufflait un vent connu. Un vent que j’avais déjà rencontré.

C’était un printemps précoce. Je marchais dans le vent d’un pas décidé, rapide, comme tous les matins. Pourtant j’avais envie de retrouver mon lit et de m’y coucher, immobile, sans pensées, sans désirs, et d’y rester couché jusqu’au moment où je sentirais approcher cette chose qui n’est ni voix, ni goût, ni odeur, seulement un souvenir très vague, venu d’au-delà des limites de la mémoire. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 Là où vont nos pères de Shaun TAN

 

D’autres avis :

 

Le matricule des anges nous propose une interview de l'auteure.

 

 Hier, Agota Kristof, Points, Points, 1995, 146 p., 4.95 euros

 

challenge voisins voisines

Publié dans Littérature Europe

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L’hibiscus pourpre de Chimamanda NGOZI ADICHIE

Publié le par Hélène

hibiscus-pourpre1.jpg

♥ ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

 Chimamanda Ngozi Adichie a grandi au Nigeria. Ses nouvelles ont été plusieurs fois sélectionnées dans le prestigieux prix littéraires américains ou anglais. L'Hibiscus pourpre est son premier roman. Elle a aujourd'hui 25 ans et partage son temps entre le Nigeria et les Etats-Unis.

 

L’histoire :

Kambili a quinze ans. Son monde est limité aux murs de la résidence luxueuse d'Enugu, au Nigeria, où elle vit avec ses parents et son frère Jaja. Son père, Eugène, est un riche notable qui régit son foyer selon des principes d'une rigueur implacable. Sa générosité et son courage politique (il possède le seul journal indépendant du pays) en font un véritable héros de sa communauté. Mais Eugène est aussi un fondamentaliste catholique, qui conçoit l'éducation de ses enfants comme une chasse au péché où les plus terribles punitions trouvent leur justification dans la foi. Quand un coup d'Etat vient secouer le Nigeria, Eugène, très impliqué dans la crise politique, est obligé d'envoyer Kambili et Jaja chez leur tante. Les deux adolescents y découvrent un foyer bruyant, plein de rires et de musique. Ils prennent goût à une vie simple, qu'ils croyaient dangereuse et païenne, et ouvrent les yeux sur la nature tyrannique de leur père. Lorsque Kambili et son frère reviennent sous le toit paternel, le conflit est inévitable et la maison se transforme en champ de bataille où les enfants vont se révolter pour gagner leur liberté.

 

Ce que j’ai aimé :

-          Le point de vue adopté est celui de la jeune Kambili, et ses propos sont pesés, retenus, bridés par l’autorité d’un père tyrannique pour qui tout écart à la religion est source de réprimande souvent violente. La violence domestique est évoquée avec tact mais sans nous en épargner sa dureté incohérente. Kambili ne comprend pas toutes les scènes qui se déroulent sous ses yeux endoctrinés, mais le lecteur à la conscience aiguisée emplit les vides et prend en pitié cette famille au quotidien assombri par l’ombre intolérante de la figure paternelle.

 -          De la même façon que Kambili éprouve un savant mélange de fascination et de répulsion pour ce père qui reste sa seule référence dans son univers, le lecteur s’interroge sur ce personnage ambivalent qui répand la terreur dans son foyer mais défend par ailleurs des idées progressistes pour son pays le Nigéria en dirigeant le seul journal indépendant du pays :

  « Je voulais faire  la fierté de papa, réussir aussi bien que lui. J’avais besoin qu’il me mette la main sur la nuque en me disant que je réalisais le dessein de Dieu. J’avais besoin qu’il me serre contre lui et me dise qu’à celui à qui on donne beaucoup, on demande aussi beaucoup. J’avais besoin qu’il me sourie, de ce sourire qui illuminait son visage et réchauffait quelque chose au fond de moi. Mais j’étais deuxième. J’étais souillée par l’échec. » (p. 49)

 -          Le goût de la liberté va s’instiller insidieusement dans l’esprit formaté de Kambili, jusqu’à ce qu’elle éclate en mille éclats irisés qui bouleverseront sa vie :

 « Cette nuit-là, je rêvai que je riais, mais ça ne ressemblait pas à mon rire, même si je ne savais pas à quoi ressemblait mon rire. C’était un rire saccadé, rauque et enthousiaste, comme celui de tatie Ifeoma. » (p. 105)

 -          La fin du roman est tout à fait remarquable, offrant un retournement de situation hautement étonnant…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 -          La bluette sentimentale n’était peut-être pas nécessaire…

 

Premières phrases :

 « A la maison la débâcle a commencé lorsque Jaja, mon frère, n’est pas allé communier et que Papa a lancé son gros missel en travers de la pièce et cassé les figurines des étagères en verre. Nous venions de rentrer de l’église. Mama plaça les palmes fraîches, mouillées d’eau bénite, sur la table de la salle à manger. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : L’autre moitié du soleil

Autre : Au pays des hommes de Hisham MATAR

 

D’autres avis :

 

Chez Babélio , Kathel 

L’Hibiscus pourpre,  Chimamanda Ngozi Adichie, traduit de l’anglais (Nigeria) par Mona de Pracontal, Editions Anne Carrière, 2004, 416 p., 20,99 euros

 POCHE : L’hibiscus pourpre, Chimamanda NGOZI ADICHIE, Le livre de poche, 2004, 350 p., 6.50 euros

 

defi Afrika Choupynette

Publié dans Littérature Afrique

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Le mardi c’est permis

Publié le par Hélène

 

mardi tout est permis 

Ce mois-ci, point de billet sulfureux, en effet, j’ai croisé la route de Carrie Pilby qui m’a tout à coup ouvert les yeux :

  « Le monde est tellement obsédé par le sexe qu’il faut être asexuel en pratique pour réaliser à quel point la sexualité est omniprésente et extrême. C’est la motivation principale derrière les agissements des gens, le sujet numéro un de leurs plaisanteries et la force motrice qui anime leur créativité artistique. Et si vous n’avez pas la même libido, vous finissez par vous interroger sur la légitimité de votre existence. Si le sexe fait tourner le monde, le  monde doit-il s’arrêter pour ceux qui sont asexuels ?» (p. 10)

 vie-pas-tres-cool.jpgEh oui, Carrie ne plaisante pas avec ça, elle préfère philosopher, faire des listes improbables sur les choses qu’elle aime, chercher des mots  compliqués dans le dictionnaire, et surtout, surtout  DORMIR. Là j’ai commencé à me détendre et à  apprécier davantage cette drôle de fille qui voue un culte aux sodas à la cerise, puisque nous nous sommes enfin trouvés un point commun (la philosophie bien sûr…)

 Je la rejoins aussi quand elle  évoque l’hypocrisie généralisée devenue un code de bonne conduite :

  « Je pense que tout le monde triche au travail, dis-je. Cela fait tellement partie du système que c’est implicite. Je n’ai pas vu un seul lieu de travail où les gens ne passaient pas le maximum  de temps à boire du café et lire le New York Post. » (p. 181)

 Et là vous aurez enfin la réponse à LA question  « Mais comment fais-tu pour lire autant ? » : c’est grâce à ce système astucieux d’hypocrisie tolérée que je peux assurer  la lecture et le compte–rendu de quinze livres par mois tout en sirotant mon café… Comme ça quand je rentre chez moi,  je peux dormir philosopher…

 Bref pour en revenir à cette chère Carrie, je dois avouer que ses questionnements sans fin sur la moralité, l’honnêteté, m’ont fait douter de son parcours universitaire sans faille et de sa  passion pour la philosophie :

 « Et qu’en est-il des mensonges des parents ? Quid de tous ces parents qui parlent du Père Noël à leurs enfants ? Est-ce qu’ils ne mentent pas, et même, ne commettent-ils pas un péché ? Quatre-vingt neuf pour cent de Chrétiens ne sont-ils donc pas de pécheurs ? » (p. 218)

 Et sa conclusion est à l’aune de ses interrogations :

 « On ne doit jamais renoncer à un principe qui est logique, solide, important et nécessaire à sa constitution, même si le monde entier est contre. » (p. 531)

  Yeahh baby… Retourne dormir Carrie, cela vaudra mieux…

 Comme vous l'aurez compris, si j'ai trouvé Carrie attachante par certains côtés, elle m'a aussi souvent horripilée.

 De plus, il faudrait qu'elle revoie son style car si je conseille à certains de mes élèves de se cantonner à la phrase simple pour éviter les phrases surréalistes, (exemple : "Carrie Pilby est seule pour cause que parce que elle est surdouée, donc que personne la comprend.") (c'était le pitch du bouquin...),  je pense qu'une élève d'Harvard  peut s'aventurer aux abords de la phrase complexe sans risquer de basculer dans le surréel...

 "J'enfile mon imperméable et un chapeau. J'attrape mon parapluie et dévale l'escalier.

Le trottoir est plein de flaques. Je marche dans quelques-unes. Je fais ça tout le long de la rue. Si les flaques sont inévitables, autant en profiter." (p. 370)

 Je vous laisse sur ces mots, le temps file, il est l'heure pour moi de retourner à mon café travail et puis j'avoue ne pas être téméraire, je crains les foudres de Juliette qui s'est prise pour Gustave en lançant "Carrie Pilby, c'est moi" (et c'était avant son traumatisme crânien...) I love you honey, n'oublie pas...

 

La vie (pas) très cool de Carrie Pilby de Caren LISSNER, traduction de l’américain par Géraldine BRETAULT, éditions Harlequin, Darkiss, 2010, 531 p., 11.50 euros

 

Publié dans Chick-lit

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Le sens de la vis tome 2 Tracer le cercle de Jean-Yves FERRI et Manu LARCENET

Publié le par Hélène

                                  sens-de-la-vis-2.jpg

  

♥ ♥ ♥

 

Les auteurs :

 

  Jean-Yves FERRI et Manu LARCENET sont des auteurs de bandes dessinées français. Ils ont déjà collaboré ensemble pour la série "Le retour à la terre".

 

L’histoire :

Ce second tome du Sens de la Vis est une hilarante remontée aux sources mystérieuses de l’impulsion créatrice. Nous retrouvons Demi-Lune guidé par son Maître Shumryu Sushiba au coeur de la forêt dans le but de fabriquer un authentique pinceau. D’abord découvrir la branche qui fournira le manche. Ensuite, traquer la martre, animal légendaire, dont la queue touffue fournira le poil qui permettra à Demi-Lune de tracer enfin le cercle parfait… (source Fnac)

 

sens-de-la-vis-3.jpg

 

Ce que j’ai aimé :

 

-   Je suis une fan inconditionnelle de l’humour des deux compères, humour absurde, intelligent, éclairé, et ici également humour philosophique et spirituel.

- Le duo improbable formé par le maître maigrelet et l'élève enrobé par des strates de civilisation fonctionne à merveille, leur décalage physique et philosophique étant source de scènes  pour le moins cocasses.

-  Les dessins sont magnifiques, le trait est fin et minutieux, les couleurs fondues,

 

photo1 

 photo2

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Trop court...

 

Vous aimerez aussi :

 

Des mêmes auteurs : Le retour à  la terre

 

Le sens de la vis, tome 2 « Tracer le cercle », Ferri et Larcenet, Les rêveurs, novembre 2010, 15 euros

 

rire copie

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Hommes, bois, abeilles de Mario RIGONI STERN

Publié le par Hélène

                                                    

♥ ♥ ♥ ♥

  

 L’auteur :

 Mario Rigoni Stern est un auteur italien. D'origine autrichienne, RigoniStern1.jpgMario Rigoni Stern commence sa vie en combattant pendant la Seconde Guerre mondiale dans un régiment de chasseurs alpins. Il combat en France, en Grèce, en Albanie et en Russie. En 1943, il est fait prisonnier par les Allemands après la signature de l'armistice avec les Alliés et est transféré en Prusse orientale. Il parvient tout de même à s'évader et à rejoindre sa ville natale en 1945. Il devient alors employé du cadastre et, dès 1970, se consacre à l'écriture. Amoureux de sa région d'origine, Mario Rigoni Stern la considère comme sa muse et ses oeuvres sont souvent 'habitées' de Vénétie. Connu pour son 'Sergent dans la neige', signé en 1954, l'écrivain raconte à travers ce roman l'errance de plusieurs soldats italiens perdus en Russie, au moment du retrait des troupes. A côté de ses souvenirs de guerre, il a signé plusieurs ouvrages sur la nature, les paysages et les animaux. Considéré comme l'un des plus grands écrivains italiens contemporains, Mario Rigoni Stern décède en 2008 dans son village natal d'Asiago.

  

L’histoire :

 

Quelques nouvelles avec les thèmes chers à l’auteur : la nature, la chasse, les animaux, mais aussi la guerre et ses ravages.

 

Ce que j’ai aimé :

 

- Lire les romans de Mario Rigoni Stern c’est écouter la vie palpiter et résonner dans nos coeurs et dans nos âmes. Avec beaucoup de simplicité, il chante l’amour de la vie et nous conte sobrement son monde, son pays, en nous réconciliant avec des plaisirs harmonieux :

 

«  lui ce qu’il désirait c’était d’aller pendant un mois, une fois dans sa vie, chasser la bécasse dans les bois de Bohême ; libre et seul avec son chien, sans horaires ni obligations. » (p. 58) 

 

« L’humidité du bois, l’odeur de la terre humifère, les couleurs des feuilles de hêtre, de sorbier, du saule des chèvres, de l’aulne blanc tranchant sur le vert sombre des sapins et la splendeur flamboyante d’un merisier ; lui avec son chien ; et le silence amplifié par les brefs appels des oiseaux de passage, par le battement d’ailes d’une grive, par le tintement argentin du grelot attaché au collier de son chien. Marcher comme ça pendant toute la vie. Toujours. » (p. 62)

 

- Mario Rigoni Stern est un montagnard averti qui chante ici pour notre plus grand bonheur les charmes de cette montagne et des montagnards.

 

« Je décidais que je parlerai d’aujourd’hui, d’une journée avec les gens de la montagne. » (p. 145)



- Si c'est un homme profondément amoureux de la nature, il nous parle aussi de respect et de communion entre les hommes, comme dans ce magnifique texte dans lequel en temps de guerre deux hommes de la vallée se font accompagner de quelques prisonniers pour aller chasser lors d'une battue. Grâce à ces hommes, les prisonniers vécurent une journée de trêve, une journée de rêve.

    

- Sa simplicité est résolument la preuve que ce fut un grand homme à ne surtout pas oublier...

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien.

 

Premières phrases :

 

« La couverture sur la tête, on marchait en silence ; en sortant de la bouche le souffle gelait sur la barbe et sur les moustaches. Mais l’air, la neige et les étoiles aussi semblaient soudés ensemble par le froid. La couverture tirée sur la tête, on continuait à marcher en silence. On s’arrêta, peut-être parce qu’on ne savait pas où aller. Le temps et les étoiles passaient au-dessus de nous, étendus sur la neige. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Les saisons de Giacomo de Mario RIGONI STERN

Autres : Le jour avant le bonheur de Erri DE LUCA

 

Hommes, bois, abeilles, Mario Rigoni Stern, traduit de l’italien par Monique BACCELLI, La fosse aux ours, août 2001, 17 euros

 

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Publié dans Littérature Europe

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Bad Boy de Peter ROBINSON

Publié le par Hélène

bad-boy.jpg

♥ ♥ ♥ 

 Un très bon roman policier…

 

 L’auteur :

 

Peter Robinson vit au Canada... mais c'est son Yorkshire natal qui lui a inspiré la série de l'inspecteur Banks, son héros " plus british que nature ", fantasque et amateur mélancolique de musique, de femmes, et de whisky. "Bad Boy" est le 16ème (et pour l'instant dernier) roman de la saga des "Alan BANKS".

 

L’histoire :

 

Jaff est beau, ambitieux, et sait s’entourer d’un irrésistible parfum de mystère. Mais il est aussi très dangereux. Tracy, la fille de l’inspecteur Banks, a cédé à son charme… et à son emprise. Au point d’accepter de le suivre pour échapper à la police qui le recherche pour détention d’arme. Pour la jeune fille, c’est le début d’une traque mortelle à travers le pays.
De retour en Angleterre, Banks, qui ignore le coup de tête de sa fille, est confronté à l’enquête la plus angoissante et la plus personnelle de sa carrière.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          « Bad boy » est un roman qui m’a littéralement happée du début à la fin. Je connaissais déjà les romans de Peter Robinson, je n’ai jamais été déçue, et là encore j’ai été bluffée. L’intrigue se met en place progressivement, la tension monte crescendo, les personnages prennent de l’épaisseur au fil des pages, bref, le suspens est savamment dosé…

 

- Les chapitres alternent les points de vue, si bien que nous suivons aussi bien la fin des vacances de Banks, aux prises avec une belle inconnue, le travail de sa collègue et amie restée "au front", aux prises avec des enquêtes délicates, mais aussi la trajectoire hasardeuse de Tracy, aux prises avec un jeune homme trouble au charme dévastateur...

 

- Contrairement à certains romans policiers (je pense à James Lee Burke par exemple ou Maxime Chattam si je puise dans les auteurs plus commerciaux...) ici la violence est subtilement dosée : seulement suggérée au début, sous-entendue, mais finalement insoutenable dans les dernières pages.

 

   

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          La psychologie aurait sans doute pu être un peu plus affûtée mais l’ensemble est de tellement bonne facture que les défauts s’estompent naturellement… J'ai en effet été relativement étonnée par la placidité de Banks menant cette enquête sur la disparition de sa propre fille... Quelques allusions ici et là à son état second tentent de sauver la mise,  mais sans doute pour justifier le fait qu'il participe à l'enquête malgré son implication, il réussit remarquablement à garder le cap. Je ne sais pas vous, mais moi si ma fille disparaissait je deviendrais hystérique... Chapeau Mister Banks !

 

Premières phrases :

 

« En cette fin du mois d’août, la campagne détrempée du Yorkshire évoquait une symphonie en vert et or sous un ciel bleu ponctué de nuages blancs. C’était un vrai miracle que les fermiers se soient débrouillés pour faire les foins, car la pluie était tombée sans interruption pendant des jours et des jours.

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Saison Sèche

Autre : La mort indienne de Karin FOSSUM

 

www.inspectorbanks.com (en anglais)

 

 

Bad Boy, Peter Robinson, traduit de l’anglais par Marina Boraso, mars 2011, 405 p., 19.90 euros

 

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Publié dans Roman policier Europe

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