Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rue des voleurs de Mathias ENARD

Publié le par Hélène

                                               rue des voleurs

  ♥ ♥ ♥

  L’auteur :

 Né en 1972, Mathias Énard a étudié le persan et l’arabe et fait de longs séjours au Moyen-Orient. Il vit à Barcelone.

Il est l’auteur de cinq romans chez Actes Sud : La perfection du tir (2003, prix des Cinq Continents de la francophonie ; Babel n° 903), Remonter l’Orénoque (2005), Zone (2008, prix Décembre, prix du Livre Inter ; Babel n° 1020), Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants (2010, prix Goncourt des Lycéens, prix du Livre en Poitou-Charentes 2011) et Rue des Voleurs (2012).
Ainsi que Bréviaire des artificiers (Verticales, 2007) et L’alcool et la nostalgie (Inculte, 2011 ; Babel n° 1111).

 

L’histoire :

C’est un jeune Marocain de Tanger, un garçon sans histoire, un musulman passable, juste trop avide de liberté et d’épanouissement, dans une société peu libertaire. Au lycée, il a appris quelques bribes d’espagnol, assez de français pour se gaver de Série Noire. Il attend l’âge adulte en lorgnant les seins de sa cousine Meryem. C’est avec elle qu’il va “fauter”, une fois et une seule. On les surprend : les coups pleuvent, le voici à la rue, sans foi ni loi.

Commence alors une dérive qui l’amènera à servir les textes – et les morts – de manières inattendues, à confronter ses cauchemars au réel, à tutoyer l’amour et les projets d’exil.
Dans Rue des Voleurs, roman à vif et sur le vif, l’auteur de Zone retrouve son territoire hypersensible à l’heure du Printemps arabe et des révoltes indignées. Tandis que la Méditerranée s’embrase, l’Europe vacille. Il faut toute la jeunesse, toute la naïveté, toute l’énergie du jeune Tangérois pour traverser sans rebrousser chemin le champ de bataille. Parcours d’un combattant sans cause, Rue des Voleurs est porté par le rêve d’improbables apaisements, dans un avenir d’avance confisqué, qu’éclairent pourtant la compagnie des livres, l’amour de l’écrit et l’affirmation d’un humanisme arabe. (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

Servi par une écriture fluide au style ciselé, Rue des Voleurs nous entraîne dans une histoire puissante autour de deux jeunes arabes perdus, à la recherche d’une famille, d’une reconnaissance, perdus surtout entre leur religion castratrice et leurs instincts naturels. Bassam va rejoindre le groupe pour la diffusion de la pensée coranique, entraînant pour un temps Lakhdar avec lui, mais une expédition bien particulière à leurs côtés éloignera peu à peu Lakhdar du cheikh Nouredine et de ses acolytes. Lakhdar va alors errer de Tanger à Barcelone, hanté par des cauchemars violents sous-tangents à son époque et aux vicissitudes  du monde actuel.  Le roman est en effet profondément ancré dans une actualité brûlante : l’enrôlement des jeunes arabes dans les mouvements extrémistes, les révolutions arabes de début 2011, la crise économique en Europe, le mouvement des Indignés, la victoire  des partis islamistes en Tunisie et en Egypte…

 Une subtilité dans les zones d’ombre plane sur les pages, dans les doutes de Lakhdar vis-à-vis de Bassam, son ami de toujours, si rien n’est sûr, le doute suffit à faire froid dans le dos…

 La construction fonctionne en boucle, la fin répondant au début du roman, et lui donnant ainsi tout son sens. Du grand art !

 « Je ne suis pas un assassin, je suis plus que ça.

Je ne suis pas un Marocain, je ne suis pas un Français, je ne suis pas un espagnol, je suis plus que ça.

Je ne suis pas un musulman, je suis plus que ça.

Faites de moi ce que vous voudrez. » (p. 250)

 Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien

 Premières phrases :

« Les hommes sont des chiens, ils se frottent les uns aux autres dans la misère, ils se roulent dans la crasse sans pouvoir en sortir, se lèchent le poil et le sexe à longueur de journée, allongés dans la poussière prêts à tout pour le bout de barbaque ou l’os pourri qu’on voudra bien leur lancer, et moi tout comme eux, je suis un être humain, donc un détritus vicieux esclave de ses instincts, un chien, un chien qui mord quand il a peur et cherche les caresses. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias ENARD

Autre : Pour seul cortège de Laurent GAUDE

 D’autres avis :

Initiales

Presse : Le figaro

Blogs : Clara 

 

Rue des voleurs, Mathias Enard, Actes sud, août 2012, 256 p., 21.50 euros

challenge rentrée littéraire 2012 

 

Partager cet article
Repost0

Cadeaux de Noël

Publié le par Hélène

sapin-de-noel-dans-la-neige-nuit-490x367.jpg

Noël approchant, voici quelques idées :

Idées cadeaux

Coups de coeur

 

Partager cet article
Repost0

Ma brillante carrière de Miles FRANKLIN

Publié le par Hélène

                                               brillante-carriere.jpg

  ♥

   L’auteur :

Miles Franklin est une écrivaine australienne née Stella Maria Sarah Miles Franklin en 1879 en Nouvelle-Galles du Sud, au sein d'une famille de propriétaires terriens.

Elle publie son premier roman, Ma brillante carrière, en 1901, grâce à l’appui de l’auteur australien Henry Lawson. Après cette publication, elle tente une carrière d’infirmière puis de gouvernante, tout en continuant d’écrire pour des journaux. Durant cette période, elle écrit la suite de Ma brillante carrière, mais la censure l’interdit de publication jusqu’en 1946, trouvant l’ouvrage trop subversif !

En 1906, elle part vivre aux États-Unis et devient la secrétaire d'Alice Henry, directrice de la Ligue des Femmes de Chicago, puis en 1915 elle s’installe en Angleterre où elle travaille dans un hôpital. Elle rentre en Australie en 1932 et écrit de nombreux romans historiques sur le Bush australien.
Sa vie est caractérisée par sa volonté de ne jamais se marier, et ce malgré les nombreux prétendants. Elle fait ainsi partie de ces pionnières du féminisme à l’australienne.
Elle décède en 1954 dans une banlieue de Sydney. Dans son testament, elle lègue une somme conséquente afin que soit créé un prix littéraire annuel portant son nom, le Miles Franklin Literary Award. (Source : babélio)

 L’histoire :

 Ce chef-d'oeuvre de la littérature australienne contient tous les ingrédients qui font les meilleures recettes littéraires : un cadre exceptionnel - celui des gigantesques espaces australiens apprivoisés petit à petit par des hommes et des femmes aussi courageux que tenaces -, une saga familiale dramatique, une merveilleuse histoire d'amour, et la volonté farouche de Miles Franklin de réussir une brillante carrière de femme et d'écrivain. Un pari totalement réussi ! (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

 Ma brillante carrière est un récit très romanesque, le lecteur est entraîné par un style fluide qui le mène page après page sur les traces de la jeune Sybylla, jeune femme virevoltante aux idées bien arrêtées. A cause de la faillite de son père, elle doit quitter ses parents et ses frères et sœurs pour vivre aux côtés de sa grand-mère, dans la région de Caddagat. Pour  Sybylla, amoureuse de cette région et de sa beauté, cette nouvelle est un vrai bonheur, elle va s’épanouir au contact de ces grands espaces battus par les vents.

  « Je m’abandonnai à la simple joie d’être en vie. Comme la lumière du soleil étincelait et dansait sur la route ! –elle faisait briller les feuilles d’eucalyptus telle  une myriade de pierres précieuses ! Un nuage de points blancs, que je reconnus pour être des cacaotès, faisait des cercles au-dessus du sommet de la colline. » (p. 272)

 australie.jpg

 Là-bas, elle va faire des rencontres qui vont bouleverser sa vie sans pour autant modifier  l’image du couple et du mariage qu’elle avait depuis son plus jeune âge.

 Ma brillante carrière est aussi un roman féministe, porté par la personnalité frondeuse et avide de liberté de l’héroïne-auteure (je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue et l’issue de sa relation avec le bel Harold)

 Ce que j’ai moins aimé :

 J’ai trouvé le récit trop centré sur la relation de la jeune fille avec Harold. J’aurais aimé que le récit s’en éloigne pour s’étoffer ainsi et ne pas me laisser cette impression de ne lire qu’un roman sentimental, quelqu'en soit l'issue...

 Premières phrases :

 « Aïe, aïe, je vas mourir. Aïe, j’ai mal, j’ai mal ! Aïe, Aïe !

-Allons, allons, viens. Le petit compère de son papa va pas faire la mauviette, non ? Je vais mettre dessus un peu de graisse qui nous reste du déjeuner et l’attacher avec mon mouchoir. »

 D’autres avis :

 Blogoclub

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Le pays d’en haut

 

POCHE : Ma brillante carrière, Miles Franklin, traduit de l’anglais (Australie) par Nelly Lhermillier, Editions de l’Aube, mai 2012 (réédition), 11.40 euros

 blogoclub 

Publié dans Littérature Océanie

Partager cet article
Repost0

Les apparences de Gillian FLYNN

Publié le par Hélène

                                               apparences

 ♥ ♥ ♥

Préparez vos nuits blanches ! 

 L’auteur :

 Gillian Flynn est un auteur américain. Elle a grandi dans le Missouri et vit aujourd'hui à Chicago. (Source : Babélio)

 L’histoire :

« À quoi penses-tu ? Comment te sens-tu ? Qui es-tu ? Que nous sommes-nous fait l’un à l’autre ? Qu’est-ce qui nous attend ? Autant de questions qui, je suppose, surplombent tous les mariages, tels des nuages menaçants. »

Amy, une jolie jeune femme au foyer, et son mari Charlie, propriétaire d’un bar, forment, selon toutes apparences, un couple idéal. Ils ont quitté New York deux ans plus tôt pour emménager dans la petite ville des bords du Mississipi où Charlie a grandi. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, en rentrant du travail, Charlie découvre dans leur maison un chaos indescriptible : meubles renversés, cadres aux murs brisés, et aucune trace de sa femme. Quelque chose de grave est arrivée. Après qu’il a appelé les forces de l’ordre pour signaler la disparition d’Amy, la situation prend une tournure inattendue. Chaque petit secret, lâcheté, trahison quotidienne de la vie d’un couple commence en effet à prendre, sous les yeux impitoyables de la police, une importance inattendue et Charlie ne tarde pas à devenir un suspect idéal. Alors qu’il essaie désespérément, de son côté, de retrouver Amy, il découvre quelle aussi cachait beaucoup de choses à son conjoint, certaines sans gravité et d’autres plus inquiétantes. Si leur mariage n’était pas aussi parfait qu’il le paraissait, Charlie est néanmoins encore loin de se douter à quel point leur couple soi-disant idéal n’était qu’une illusion.

Considérée par une critique unanime comme l’une des voix les plus originales du thriller contemporain, Gillian Flynn dissèque ici d’une main de maître la vie conjugale et ses vicissitudes et nous offre une symphonie paranoïaque aux retournements multiples, dans un style viscéral dont l’intensité suscite une angoisse quasi inédite dans le monde du thriller. (Source : Editeur)

 Ce que j’ai aimé :

Les apparences est un roman diaboliquement prenant, machiavélique, qui joue avec vos nerfs et vos analyses psychologiques. L’auteur alterne les chapitres : l’un adopte le point de vue de Nick, mari suspecté d’avoir tué sa femme, et le suivant retranscrit le journal intime de la jeune femme dans les mois précédant sa mystérieuse  disparition. Des indices dans le discours de l’un ou de l’autre orientent le lecteur vers une explication ou une autre, indices savamment disséminés dans le but de manipuler ledit lecteur.

 Puis un retournement de situation soudain renverse à nouveau les perspectives, offrant un tout nouvel éclairage sur la scène du « crime ». Cette construction orchestrée de mains de maître apporte du poids à ce roman centré sur le mariage et ses aléas.

 A quel point doit-on s’aliéner pour plaire à l’autre ? Le mari doit-il devenir le pantin de sa femme, celui qui accourt dès qu’on le siffle, la femme doit-elle être « cool » à tous prix et faire des concessions inconcevables, au prix d’y laisser son âme ? Le couple peut-il durer quand  il débute sur des compromis que le temps efface parce qu’ils deviennent ingérables au quotidien ?

 D'autres questions affleurent également comme le poids de l'opinion publique dans le cadre d'une enquête criminelle, le rôle des médias, l'image du coupable manipulée... Autant de pistes de réflexions qui densifient le propos.

Méfiez-vous des apparences…

 Ce que j’ai moins aimé :

La fin est plus faible, mais la question se pose aussi : comment finir ?

 Premières phrases :

« Quand je pense à ma femme, je pense toujours à son crâne. A la forme de son crâne, pour commencer. La toute première fois que je l’ai vue, c’est l’arrière de son crâne que j’ai vu, et il s’en dégageait quelque chose d’adorable. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Les lieux sombres

Autre : La maison d'à côté de Lisa GARDNER

  D’autres avis :

Canel ; Val ; Clara ; Stieg ; Véronique  

 

Les apparences, Gillian Flynn, traduit de l’anglais (EU) par Héloïse Esquié, Sonatine, 2012, 22 euros

grand prix lectrices de elle 

Partager cet article
Repost0

Quand le requin dort de Milena AGUS

Publié le par Hélène

                                                       quand-le-requin-dort.jpg

♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

Milena Agus, cette inconnue sarde, enthousiasme le public français avec Mal de pierres en 2007. Le succès se propage en Italie et lui confère la notoriété dans les 26 pays où elle est aujourd’hui traduite. Après Battement d’ailes, Mon voisin et Quand le requin dort, Milena Agus poursuit avec La comtesse de Ricotta sa route d’écrivain, singulière et libre. (Source ; Editeur)

 

L’histoire :

 Sardes depuis le Paléolithique supérieur, les Sevilla-Mendoza ignorent la normalité. Un père entiché de voyages lointains, une mère perdue devant la vie, une tante plongée dans des amours sans lendemain, un frère sourd à tout sauf à son piano. Celle qui décrit l’étrange et attachante ambiance familiale, avec une impassible candeur, est une adolescente engluée dans une liaison inavouable… Une liaison qu’elle cache à sa famille, où pourtant on parle d’amour et de sexe sans inhibitions. On y parle aussi de Dieu, dont on n’arrive pas à décider s’il existe ou pas. Plutôt qu’à lui, autant s’en remettre à la superstition pour affronter les dangers de l’existence. Celle-ci se déroule comme si on était dans la gueule d’un requin. Un requin qui vous enserre entre ses dents et vous empêche de vivre. On essaye d’en sortir quand il dort… Dans ce livre, le plus poignant de Milena Agus, on retrouve sa voix inimitable, capable de toutes les audaces. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 Ce premier roman de Milena Agus porte déjà le sceau de son talent. Par la voix de sa narratrice, elle nous plonge immédiatement dans l’univers profondément poétique et désespéré à la fois de cette famille sarde hors norme.

 Les blessures de l’âme sont plus douloureuses que les blessures physiques et la jeune adolescente préfère alors accepter une relation sado-maso purement sexuelle avec un homme marié plutôt que d’affronter les affres d’une relation amoureuse. Car elle sait combien les sentiments sont éphémères, combien de fois sa tante s’est retrouvée seule, meurtrie après un l’abandon d’un nouvel amant, elle sait combien les sentiments peuvent être complexes et combien la fidélité se paie chère, elle sait combien la vie ne tient qu’à un fil et combien la frontière entre bonheur et souffrance est ténue… A tout instant le requin peut se réveiller et vous broyer lentement…

 Mais si elle sait, elle essaie malgré tout de mettre du miel sur tout, comme sa maman, même si « papa dit qu’on finira par se faire un diabète du cerveau. » (p. 21) Parce que dans son monde, comme dans celui d’un des personnages, Mauro de Cortes, « ça a du sens de faire pousser des fleurs ou d’apprendre à faire des petits gâteaux. Et surtout on peut espérer. » (p. 54)

  Un roman lumineux inoubliable... 

 

Ce que  j’ai moins aimé :

- Rien  

 

 Premières phrases :

 « En réalité, nous ne sommes pas la famille Sévilla-Mendoza. Nous sommes sardes, j’en suis sûre, depuis le Paléolithique supérieur.

C’est mon père qui nous appelle comme ça, ce sont les deux noms de famille les plus courants là-bas. Il a beaucoup voyagé, et l’Amérique c’est son mythe, mais pas celle du Nord, riche et prospère, celle du Sud, pauvre et déshéritée. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Battements d’ailes de Milena AGUS

Autre : Le cœur cousu de Carole MARTINEZ

 

D’autres avis :

Presse : Télérama, Lire ;  Interview Le Figaro   

  Blogs : Alex; Mango ;Stéphie ; Hélène ; Clara ; Leiloona, Mango, Stephie, Lancellau, Gambadou 

 

Quand le requin dort, Miléna AGUS, traduit de l’italien par Françoise Brun, Liana Levi, 2010, 160 p., 15 euros

POCHE Le livre de poche janvier 2012, 6.10 euros

Publié dans Littérature Europe

Partager cet article
Repost0

La tête à Toto de Sandra KOLLENDER

Publié le par Hélène

                                                 tete-a-toto.jpg

 ♥ ♥

 

 L’auteur :

 Conceptrice-rédactrice puis comédienne, elle met sa carrière entre parenthèses en 2003 pour s’occuper de son fils, alors atteint du Syndrome de West.

Elle partage actuellement son temps entre les nombreuses rééducations et la scène.

La Tête à Toto est son premier roman.

 L’histoire :

 – Écoute Anna, ton bébé est gravement malade, mais tu sais il pourrait être handicapé. Ah, OK, il est handicapé ? Mais tu pourrais être une mère célibataire. Ah, ça aussi ? Bon mais ne te plains pas, je te rappelle que le père de ton fils est vivant alors que ton amoureux d’avant est mort d’un cancer. Ah, tu vois, ça va tout de suite mieux non ?

 Anna a grandi dans une famille où le pathos est proscrit. Chez les siens, il est un devoir de rire de tout. Alors, elle n'a pas choix, il faut tout prendre autrement. C'est une question de survie.

 Dans ce roman autobiographique, Sandra Kollender nous entraîne dans un monde surréaliste et lumineux. Elle démontre que dans la vie non seulement tout peut arriver – mais que, surtout, presque tout arrive. Même le meilleur.

En refermant ce livre sur le pouvoir de l'amour maternel, on se dit que, bien qu’escarpé, le chemin est exaltant.

 

Ce que j’ai aimé :

Sandra Kollender nous fait découvrir le parcours du combattant d’une mère et de son enfant handicapé : les médecins peu aptes à expliquer la maladie, peu psychologues, les directrices d’école, peu enclines à accepter un enfant handicapé, les méthodes de rééducation, peu adaptées en France… Le bilan pour la France est lourd : il semble que ce soit un pays qui ne sait pas gérer cette réalité, obligeant par exemple Noé à se faire rééduquer à … Toronto !

 Après les stages à Toronto avec la méthode MEDEK voici le bilan de la jeune maman : 

 « Eh bien moi j’ai réalisé pendant mes longues heures d’avion que si Noé était né dans une ferme au fin fond de la Creuse, dans une famille un peu moins informée et avantagée, il n’aurait pas pu partir à Toronto et rien de tout ça ne serait arrivé.

J’ai aussi vu le retard de la France en matière de prise en charge (peu de choix, quasiment aucun remboursement), mais surtout l’étroitesse d’esprit des nombreux rééducateurs qui refusaient de s‘ouvrir aux méthodes qui ne sont pas celles enseignées à l’école.(…)

« Ah oui, c’est très bien. Oui vraiment, très impressionnant. Ca ressemble un peu à la méthode machin que j’utilise parfois. Bravo, il a fait de beaux progrès. Allez, reprenons où on en était. » » (p. 43)

Le ton de ce témoignage se veut drôle et décalé :

 « Je n’ai rien contre les PMI. C’est peut-être très bien. Mais faut pas y aller quand t’es malade. C’est marqué dans le règlement. Quand t’es malade il faut aller voir le pédiatre. Mais comment tu sais que t’es malade si tu vas qu’à la PMI ? » (p. 21)

 En effet derrière cette mascarade humoristique, se cache de véritables failles, cachées pour les besoins du bien-être de l’enfant :

 « Mais il faut qu’il sache que je suis la plus graaaande actrice qu’il ait jamais connue.

Je suis celle qui peut vire chaque jour avec un cœur mort en chantant « Meunier tu dors » avec les mains qui tournent et le changement de rythme et tout et tout.

Je suis celle qui peut parler pendant près d’une heure avec sa grand-mère adorée d’une voix parfaitement calme et raccrocher pour pouvoir enfin m’écrouler.

Je suis celle qui va jouer la comédie du monde meilleur pour son petit garçon, parce que si je ne le fais pas, il va devenir triste. » (p. 76)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 J’ai nettement moins aimé les chapitres consacrés uniquement à la maman et à ses déboires amoureux. Il faut dire aussi que ce livre est beaucoup centrée sur elle, sur sa capacité à passer outre les difficultés, à être une super-maman…

Je me suis demandée si les quelques caricatures qui égratignent la France sont vraies ou pas, j'aurais aimé qu'un dossier accompagne ce petit livre, avec en plus des explications sur la maladie évoquée.

 Au final, je pense que le fait de traiter de ce sujet sur un mode humoristique est dérangeant pour les personnes concernées par le handicap, j’ai en effet demandé à deux personnes dont c’était le cas, elles m’ont répondu que ce type de livre les gênait. 

  

Premières phrases :

 « Je m’appelle Anna, je suis au bord de mes trente-sept ans et de pas mal d’autres choses. J’ai des diplômes vraiment très impressionnants. Si vous voulez les voir, ils sont quelque part au fond d’un carton. »

 Vous aimerez aussi :

Où on va papa de Jean-Louis FOURNIER 

 

D’autres avis :

Clara Mimi Stieg Yves

   La tête à Toto, Sandra Kollender, Steinkis Editions, février 2012,  156 p., 9.50 euros

grand prix lectrices de elle

Publié dans Biographies et cie

Partager cet article
Repost0

Tout seul de Christophe CHABOUTE

Publié le par Hélène

toutseul.jpg

♥ ♥ ♥ 

 

L’auteur :

 

Né en 1967, d'origine alsacienne, Christophe Chabouté publie en 1993 ses premières planches chez Vents d'Ouest dans les Récits, un album collectif sur Arthur Rimbaud. En 1998, il réalise Sorcières au Téméraire et Quelques jours d'été chez Paquet. Deux albums remarqués et primés, le premier au festival d'Illzach, le second à Angoulême où il décroche l'Alph' Art Coup de Cœur. Avec Zoé paru en 1999 chez Vents d'Ouest, Chabouté prouve que son talent a atteint sa pleine maturité. Ce qu'il démontre avec encore plus d'évidence dans Pleine Lune, qui a reçu le prix Extrapole 2001, le prix de la ville de Limoges, celui du meilleur scénario à Chambéry et deux nominations à Angoulême 2001. En 2001, il réédite Sorcières chez Vents d'Ouest, dont la moitié des nouvelles qui le composent sont inédites. Il publie la même année Un Îlot de Bonheur chez Paquet, album récompensé par une mention spéciale du jury œcuménique de la BD à Angoulême 2002. En 2002 toujours, il collabore à l'ouvrage collectif Léo Ferré en BD et publie surtout La Bête dans la collection Intégra et Purgatoire, en couleurs, pour la collection Equinoxe de Vents d'Ouest. En 2006, paraît Landru, suivi par Construire un Feu en 2007, adapté d’une nouvelle de Jack London, puis en 2008 par Tout Seul. En 2009, les éditions Vents d’Ouest ont le plaisir de publier une nouveauté de Chabouté, Terre Neuvas, mais aussi de rééditer plusieurs de ses œuvres : une intégrale de Purgatoire, ainsi qu’un opus réunissant Quelques Jours d’été et Un Îlot de Bonheur.

Texte © Vents d'Ouest

 

L’histoire :

376 pages d'émotion pure...50 ans qu'il vit ici, sur ce caillou, dans son vaisseau de granit. Bateau immobile qui ne l'emmène nulle part et qui ne rejoindra jamais aucun port... Et pourquoi quitter ce lieu alors que le monde au-delà de cette satanée ligne d'horizon fait si peur ? Où s'évader lorsqu'on n’a nulle part où aller ? Comment combattre la solitude et empêcher que ce silence perpétuel ne devienne assourdissant ?... Des années passées sur son rocher, avec l'imagination comme seule compagne... Avec Tout seul, Christophe Chabouté signe un de ses albums les plus surprenants, où se côtoient onirique et quotidien et où s'enchevêtrent subtilement sensibilité, tendresse et humour... (Présentation de l’éditeur)

 

tout-seul2.jpg

 

Ce que j’ai aimé :

 Avant tout je voudrais remercier Ys car c’est grâce à elle que j’ai lu cet album, sans doute la plus belle BD que j’ai jamais lue. La blogo, c’est aussi cela, du partage, des coups de cœur, un intérêt pour l’autre et pour ce qu’il aime, de belles  rencontres qui brise une certaine forme de solitude...

Tout seul est une bd bouleversante, magnifique, trésor d’humanité, de tolérance, de compréhension, hymne à l’imagination, à la fraternité, une bd intelligente, belle.

 Elle offre des scènes inoubliables de cet homme isolé sur son île et qui découvre le monde à travers les mots d’un dictionnaire.

C’est beau c’est puissant magique… Je ne peux que vous inviter à la découvrir... 

 

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien

  

D’autres avis: 

Les avis unanimes de Cathe, Laurent, Joëlle, Enna, Val, Canel, Yv, Midola, Yaneck...

 

Tout seul, CHABOUTE, Vents d'ouest, septembre 2008, 25.50 euros

 

toutseul3.jpg
12 d'Ys 

 

 BD du mercredi de Mango 1

Partager cet article
Repost0

Nature morte de Louise PENNY

Publié le par Hélène

                                                nature-morte.jpg

 ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

 Vous trouverez sa présentation ici : http://www.louisepenny.com/louise.htm

 

L’histoire :

Un dimanche d'automne, le jour se lève sur le charmant village québécois de Three Pines, et les maisons reprennent vie peu à peu. Toutes, sauf une... La découverte dans la forêt du cadavre de Jane Neal bouleverse les habitants de la petite communauté. Qui pouvait bien souhaiter la mort de cette enseignante à la retraite, peintre à ses heures, qui a vu grandir tous les enfants du village et dirigeait l'association des femmes de l'église anglicane ? L'inspecteur-chef Armand Gamache, de la Sûreté du Québec, est dépêché sur les lieux. Il ne croit guère à un accident de chasse. Au cours de sa longue carrière au sein de l'escouade des homicides, il a appris à se méfier des apparences. Tandis que ses adjoints procèdent aux premiers interrogatoires, il s'abstrait du tumulte, s'assied sur un banc, clans le parc du village, s'imprègne des lieux et fait ce qu'il sait faire le mieux : il observe. Alors, lentement, à force d'attention, la perfection du tableau s'estompe. Des craquelures d'abord invisibles lézardent le vernis, l'œil averti devine les retouches, les coupables repentirs, les inavouables repeints. Bientôt, la fresque idyllique livrera ses terribles secrets... Avec ce premier volet des enquêtes de l'inspecteur-chef Armand Gamache, Louise Penny a concocté un roman plein de charme, de subtilité et d'humour, dans la plus pure tradition des grands maîtres de la littérature policière. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

Nature morte est un roman d’ambiance : l’auteur nous plonge dans le monde ouatiné d’un petit village québécois tapi dans la campagne au pied de trois grands pins qui veillent sur les habitants. Ces derniers vivent là comme au sein d’une grande famille, persuadés de pouvoir faire confiance à leurs voisins devenus des amis. Certains se cotoient même depuis la plus tendre enfance, renforçant l’impression d’une communauté soudée, à l’abri des tourments du monde extérieur. Malheureusement le meurtre de Jane Neal, une habitante du village va remettre en question cette quiétude teintée d’idéal.

 L’intrigue bien menée brouille savamment les diverses pistes de façon à susciter l’intérêt du lecteur : s’agit-il d’une sombre histoire d’héritage ? d’un accident de chasse ? d’une vengeance liée à l’intervention de la vieille dame dans une récente altercation ? Les pistes sont nombreuses et sont explorées lentement mais sûrement par l’inspecteur-chef Gamache, homme de devoir et fin psychologue. 

 En effet les personnages sont bien campés, assez denses psychologiquement, apportant la touche de crédibilité nécessaire au plaisir ressenti par le lecteur qui découvre ce roman...

 Une auteure à retenir... 

   

Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien

 

 Premières phrases :

« Mlle Jane Neal se présenta devant Dieu dans la brume matinale du dimanche de Thanksgiving. Ce décès inattendu prit tout le monde au dépourvu. La mort de Mlle Neal n’était pas naturelle, sauf si l’on croit que tout arrive à point nommé. »

 

 Vous  aimerez aussi :

Du même auteur : la deuxième aventure d’Armand Ganache Sous la glace

Autre : les romans de Michel TREMBLAY ou de Jacques POULIN

 

D’autres avis :

 Richard Kathel DasolaJoëlle et Lystig.

 

Nature morte, Louise Penny, roman traduit de l’anglais (Canada) par Michel Saint-Germain, Actes sud, Babel, 438 p., 9.70 euros

Partager cet article
Repost0

Pour seul cortège de Laurent GAUDE

Publié le par Hélène

                                                  POUR SEUL CORTEGE large

 ♥ ♥ ♥

"A qui appartiens-tu, Alexandre ?..."

 

  L’auteur :

Laurent Gaudé est un écrivain français né le 6 juillet 1972 dans le XIVe arrondissement de Paris. Ancien élève de l'École Alsacienne de Paris, il poursuit des études de lettres modernes à Paris III. Il prépare l'agrégation mais ne sent pas d'attirance pour l'enseignement. Son sujet de thèse porte sur le théâtre. Il décide de vivre de sa plume et ses premiers écrits seront pour la scène (1999).

En 2001, il publie son premier roman : Cris.

Laurent Gaudé est marié à une femme d'origine italienne. Son roman Le soleil des Scorta, dont l'action se situe dans les Pouilles, remporte le prix Goncourt 2004 et couronne pour la première fois son éditeur Acte sud qui jusque là n'avait jamais remporté ce prestigieux prix. Le livre s'était déjà vendu à 80 000 exemplaires avant que le verdict du Goncourt ne soit rendu.

Paraitront ensuite Eldorado, en 2006; La Porte des Enfers, en 2008 et Ouragan en 2010.
"Pour seul cortège" apparaitra à le rentrée 2012. (Source : babélio)

 

 L’histoire :

En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre.

Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille. Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père… Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
Porté par une écriture au souffle épique, Pour seul cortège les accompagne dans cet ultime voyage qui les affranchit de l’Histoire, leur ouvrant l’infini de la légende.

 

 Ce que j’ai aimé :

En choisissant comme personnage principal Alexandre le Grand, Laurent Gaudé insuffle à son roman un souffle épique grandiose porté par un style lyrique fonctionnant en symbiose avec son sujet.

« ALEXANDRE LE GRAND n’est pas un personnage historique.

Ce n’est pas ainsi que j’ai voulu l’approcher. C’est un maelström, un tourbillon de forces contradictoires. Un mélange saisissant de violence et de beauté, de rêves et de démence. Alexandre n’est pas une figure de nos livres d’histoire, il est bien plus que cela : c’est un mythe, c’est-à-dire une force vivante qui m’intrigue, m’habite, et se déploie dans mon imaginaire.
Avec Pour seul cortège, je n’ai pas voulu proposer au lecteur la reconstitution d’un épisode de notre Antiquité, j’ai voulu embrasser Alexandre. Le roman historique ne m’intéresse pas, parce qu’il corsète la fiction. Le roman historique ne m’intéresse pas parce que je préfère l’éblouissement à la véracité, l’épique à l’exactitude. Je veux être dans la fièvre plutôt que dans le détail, tenter d’insuffler au livre une énergie chamanique plutôt que rester fidèle à la chronique.

Pour seul cortège est un chant à deux voix, celle d’Alexandre et celle de Dryptéis. Au fond, il n’y a que ces deux personnages-là et, au coeur du livre, l’énigme de ce qui les lie. Chacun va offrir à l’autre la possibilité de s’affranchir du temps et du poids de l’Histoire. Ce qui me touche, c’est la vibration de leur parole. Ce qui me touche, c’est leur héritage. J’ai écrit Pour seul cortège parce que je veux être du côté des cavaliers du Gandhara, ces cinq compagnons qui abandonnent l’Empire pour embrasser l’immensité, ces cinq hommes qui quittent le réel pour plonger dans le mythe et qui le font avec ivresse. » Laurent Gaudé (Source : Editeur)

 Alexandre et Dryptéis sont deux personnages en prise directe avec l’Histoire. Si Dryptéis a tenté de se retirer du monde politique, elle est contrainte de retourner vers lui, comme si un destin inéluctable l’y poussait. Elle doit se rendre au chevet d’Alexandre malade avec sa grand-mère, l’empire l’appelle.

 « Pourquoi existe-t-il toujours une raison pour me traîner à nouveau dans le tumulte de l’histoire où aujourd’hui comme hier, je le sais, je ne serai que giflée ?... » (p. 23)

  Même en se terrant au fond d’un temple, l’Histoire la rattrape. Pourra-t-elle s’y soustraire ? C’est ce que vont tenter ces deux êtres qui aspirent enfin à la paix dans ce monde foncièrement violent et impitoyable. Et c’est ainsi seulement qu’ils pourront s’humaniser.

 La beauté du texte sertit un sujet tragique dans un écrin de soie et de sang, nous offrant ainsi un texte profond et fort. La vie et la mort se frôlent et se confondent dans un dernier combat pour l’oubli et la paix…

 

 Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien

Premières phrases :

« Au premier spasme, personne ne remarque rien, et ceux qui l’entourent rient encore. Il a un mouvement des épaules, à peine, comme pour se protéger d’un coup invisible, un geste infime qui se perd dans la cohue du banquet, il se plie légèrement en deux et porte la main à son ventre. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Le soleil des Scorta , Ouragan

Autre : Le voyage de Bilqis de Aliette ARMEL

 D’autres avis :

 Presse : sur le site de Actes Sud

Blogs : Kathel ; Jostein 

 

Pour seul cortège, Laurent Gaudé, Actes Sud, août 2012, 185 p., 18 euros

 matchs.jpg

 18/20

 challenge rentrée littéraire 2012 

Partager cet article
Repost0

Ici ça va de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

ici-ca-va.jpg

♥ ♥ ♥

"C'est un livre qui a la prétention de l'aube, de l'horizon, du recommencement. Un livre comme certains matins. Parfois. Un livre qui veut croire." (p. 135)

 

 L’auteur :

Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse et vit au pied du Luberon à Pertuis. Son premier roman, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux a été publié chez Alma en 2011.
Son blog : http://etc-iste.blogspot.com

 L’histoire :

 Un jeune couple s’installe dans une maison apparemment abandonnée. L’idée ? Se reconstruire en la rénovant. Tandis qu’elle chantonne et jardine, lui – à pas prudents – essaie de retrouver ses souvenirs dans ce lieu qu’il habita enfant. Ses parents y vécurent heureux, avant que la mort soudaine du père coupe le temps en deux. Dans ce paysage d’herbes folles et d’eau qui ruisselle, ce sont les gestes les plus simples, les événements les plus ordinaires qui vont réenchanter la vie : la canne à pêche, la petite voisine, les ragondins, la tarte aux fruits, l’harmonica.

 Ce que j’ai aimé :

Thomas Vinau nous offre des éclats de vie éclairés d'une aura particulière : il décrit la vie comme elle va, avec ses lenteurs, ses déceptions, ses musicalités, sa beauté et ses recoins sombres. Il ne nous raconte rien de plus que ce qu'il voit, juste la vie qui passe, juste le bonheur qui ondoie : 

 "Le soleil monte sur la berge. Sur les troncs. Les taillis. Puis les branches. Les feuillages, qu'il finit par percer. Certaines de ses flèches commencent à arriver sur la surface de l'eau. Elles éclatent en cristaux de lumière. Eblouissent. Eclaboussent. Bondissent dans mes pupilles." (p. 61)

 Son quotidien champêtre est doux et sans accroc, seules les blessures inévitables du passé affleurent au bord de ces journées passées dans les lieux même de son enfance. Blessures que l’on essaie de panser en se fondant dans la béatitude du temps qui passe. 

Thomas Vinau chante la beauté de la vie dans sa simplicité : nul besoin de fioritures, quand l'essentiel est de pouvoir dire à ceux que l'on aime « Ici ça va », comme un refrain rassurant qui n'en demande pas plus, comme une paix intérieure évidente, parce que finalement, le bonheur est peut-être dans ces mots, purs, simples et directs …

 "J'ai eu cette idée d'entrer dans l'eau à la manière du film Et au milieu coule une rivière. C'était beau. Romantique. Mais je ne pêche pas à la mouche. L'eau est glacée. Le soleil m'aveugle. Je me retrouve debout, les yeux fermés, au centre du courant. Cette scène n' a pas de sens. Je vais finir malade. Pourtant je me sens bien." (p. 62)

 

   Ce que j’ai moins aimé :

 - Rien  

 

 Premières phrases :

« Ici ça va. La maison n’est pas toute neuve mais elle est propre et les plafonds sont hauts. Au moment où Ema a ouvert la porte grinçante, dont le bois humide avait gonflé autour des gonds et de la serrure, il y a eu comme un grand silence de poussière et de souvenirs. »

 

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Nos cheveux blanchiront avec nos yeux

Autre : L’homme-joie de Christian BOBIN

 D’autres avis :

 Presse 

 Blogs : Clara  ;  Anne Antigone, Emeraude, Mimipinson Nadael, Philisinne

 

Ici ça va, Thomas Vinau, Alma Editeur, août 2012, 140 p., 13 euros

  challenge rentrée littéraire 2012

Partager cet article
Repost0