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Avenue des géants de Marc DUGAIN

Publié le par Hélène

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   ♥ ♥

Dans la peau d'un tueur...

 

 L’auteur :

 Après avoir vécu les sept premières années de sa vie au Sénégal, Marc Dugain revient en France avec ses parents. Il intègre quelque temps plus tard l'Institut d'études politiques de Grenoble, où il étudie les sciences politiques et la finance, avant de prendre la tête d'une compagnie d'aviation. Mais l'écriture l'a toujours démangé. Aussi, il se décide à prendre la plume, et signe 'La Chambre des officiers' en 1998. Ce premier roman reçoit près de vingt prix littéraires et est adapté au cinéma. Il sort ensuite 'Campagne anglaise', 'Heureux comme dieu en France', 'La Malédiction d'Edgar' et plus récemment 'Une exécution ordinaire' (2007), et se constitue peu à peu un lectorat fidèle. Friand d'horizons lointains, Marc Dugain vit au Maroc depuis 2001. (Source : Evene)

 L’histoire :

 Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite. Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam. (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

 La construction millimétrée du roman laisse planer le doute et crée un effet d'attente ambivalente : le grand talent de Marc Dugain est de parvenir à créer chez le lecteur de l'empathie pour cet homme maltraité, mal aimé.  Est-il en prison, va-t-il en sortir ? Va-t-il y retourner ? Pourquoi ? Ses contradictions, ses pulsions, ses maigres bonheurs s'inscrivent tellement dans une logique implacable que l'issue du roman devient peu à peu inéluctable.  Mais qui est responsable réellement de cet état de fait ?

 Inspiré d'un personnage réel, le portrait de Al Kenner est brillant d'exactitude et cette plongée au coeur de l'esprit d'un tueur est glaçante. Le mal était-il en lui dés sa naissance comme le pense sa mère ou son enfance, l'abandon de son père, la froideur et dureté de sa mère sont-ils à l'origine de son manque d'empathie et de sa propension à tuer ? L'auteur ne répond pas à ces questions mais offre au lecteur la possibilité de s'ouvrir vers une réflexion large et féconde sur ces tueurs à la personnalité complexe. 

  avenue des géants edmund

  Edmund Kemper,2,10 m pour 130 kg, est aujourd'hui enfermé à vie dans la prison d'État de Folsom, en Californie (ici, en 1973). Crédits photo : Corbis/© Bettmann/CORBIS

 Ce que j’ai moins aimé :

 Malheureusement, quelques longueurs se font sentir, d'autant plus que le style plat (sujet verbe complement) ne porte pas toujours suffisamment le sujet…

 Premières phrases :

 « Comme chaque mois, elle lui fait face après s’être installée lourdement sur sa chaise. Elle sort les livres de son sac, une dizaine. Pour la plupart ils ont une couverture cartonnée. Il y jette un coup d’œil rapide, et les pose devant lui. »


Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : La chambre des officiers

D’autres avis :

 

Blogs : Ys ;  Clara ; Jostein ; Dasola ; Nadael   ; Keisha

Presse :  Le point ; Télérama L’express ; Le Figaro ; Bibliobs ; Lire  

 

Avenue des géants, Marc DUGAIN, Gallimard, avril 2012, 360 p., 21.50 euros

 grand prix lectrices de elle 

12 d'Ys

 

 

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Fifty shades tome 1 Cinquante nuances de Grey de EL JAMES

Publié le par Hélène

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Le porno pour maman de l'année.

 

L’auteur :

 EL James, ancienne productrice de télévision, mariée et mère de deux enfants, vit à Londres. Depuis sa plus tendre enfance, elle rêvait d’écrire des récits dont les lecteurs tomberaient amoureux, mais avait mis ces rêves entre parenthèses pour se consacrer à sa famille et à sa carrière. Elle a enfin trouvé le courage de prendre sa plume pour rédiger son premier roman, Cinquante nuances de Grey. Elle est également l’auteur de Cinquante nuances plus sombres et de Cinquante nuances plus claires.

 

 L’histoire :

Romantique, libérateur et totalement addictif, ce roman vous obsédera, vous possédera et vous marquera à jamais.

 Lorsqu’Anastasia Steele, étudiante en littérature, interviewe le richissime jeune chef d’entreprise Christian Grey, elle le trouve très séduisant mais profondément intimidant. Convaincue que leur rencontre a été désastreuse, elle tente de l’oublier – jusqu’à ce qu’il débarque dans le magasin où elle travaille et l’invite à un rendez-vous en tête-à-tête. 
Naïve et innocente, Ana ne se reconnait pas dans son désir pour cet homme. Quand il la prévient de garder ses distances, cela ne fait que raviver son trouble. 
Mais Grey est tourmenté par des démons intérieurs, et consumé par le besoin de tout contrôler. Lorsqu’ils entament une liaison passionnée, Ana découvre ses propres désirs, ainsi que les secrets obscurs que Grey tient à dissimuler aux regards indiscrets… 

 

 Mon avis :

 Il paraît qu’il s’agit là du livre le plus vendu en 2012, ce qui souligne tout de même le désert affectif, érotique et intellectuel de certaines lectrices…

 Anastasia est une cruche jeune femme qui  n’a jamais connu l’amour le vrai celui qui fait palpiter le cœur et rend tout électrique. Oui Anastasia a 22 ans, oui Anastasia est belle et a priori intelligente parce qu’elle parle de Thomas Hardy, mais Anastasia ne connaît pas encore le grand frisson… Non Anastasia n’est pas crédible un seul instant… Mais voilà qu’un beau jour Anastasia va rencontrer son prince, beau comme un apollon avec ses chemises blanches en lin, riche, connu, influent, tout à fait aussi insipide qu’elle à la hauteur. Mais comme Anastasia est une jeune vierge effarouchée qui rougit toutes les secondes et passe son temps à chercher un élastique dans son sac en se mordillant la lèvre inférieure, elle va douter de son charme – et pourtant les autres passent leur temps à lui répéter combien elle est belle intelligente et désirable…-

 Bref l’un et l’autre vont succomber au coup de foudre après de multiples conversations passionnantes :

 « Vous êtes à Portland pour affaires ?

Je couine comme si j’avais le doigt coincé dans une porte. Merde ! Du calme Ana !

-          Je suis venu visiter le département agroalimentaire de la Washington State University, qui est situé à Vancouver. Je subventionne des recherches sur la rotation des cultures et la science des sols. 

Tu vois ? Il n’est pas du tout venu te voir, ricane ma conscience. Je rougis de la stupidité » (p. 35)

 Oui parce qu’Anastasia entend des voix, venues soit de sa conscience (qu’elle a fort faible), soit de sa « déesse intérieure », oui Anastasia est un brin schizo…

 Jusqu’ici donc, rien de révolutionnaire dans ce roman digne d’un mauvais Harlequin avec ses formules convenues : « Un courant électrique me parcourt. » (p. 51) « Je me disais que j’aimerais passe les doigts dans vos cheveux, ils doivent être tellement doux. » (p. 53) « Je voudrais détourner le regard mais je suis prise au piège, ensorcelée. » (p. 53)

 Quand le beau Grey finit par l’embrasser, la scène est tout aussi ridicule attendue :

 « Je n’ai jamais été embrassée comme ça. Ma langue caresse timidement la sienne et s’y joint pour une danse lente, érotique, un frotté-collé-serré de sensations. (…) Oh mon Dieu… Il a envie de moi. Christian Grey. Le dieu grec. Il a envie de moi, et j’ai envie de lui, ici, maintenant, dans cet ascenseur. » (p. 93)

 Mais me direz-vous : et les  scènes sado-maso ? Et je vous reconnais bien là ô lecteur avide de découvertes inédites… Mais patience...

 Après le premier baiser, tout se complique car Grey avoue à sa belle qu’il est adepte des pratiques sado-masos et il lui demande donc de signer un contrat si elle accepte de se livrer à lui, d’être sa « soumise » ouh ouh…

 Anastasia –pourvue, rappelons-le, d’un cerveau de souris- met beaucoup de temps à accepter si bien que pendant d’interminables pages elle nous abreuve de « qu’est-ce qu’il est beau- je ne peux pas faire ça- mais qu’est-ce qu’il est beau- je ne veux pas avoir mal- il est beau- je ne suis pas comme ça »

 Vous vous en doutez Madame La cruche après mouts tergiversations accepte les termes du contrat, en négociant tout de même certains points -essentiels-  comme les repas parce que quand même elle n'est pas soumise au point de se faire dicter ce qu’elle doit manger. Faut pas abuser. Et trois heures de sport au lieu de quatre par semaine quand même ! Mais comme elle explose en mille morceaux – comprenez elle jouit - à chaque fois avec son homme d’expérience, l’appel du sexe est plus fort que sa conscience et sa réflexion inexistantes… Et puis il faut dire que leur relation est tellement torride :

 « Tu veux du dessert ? pouffe-t-il.

-          Oui.

-          C’est toi que je veux comme dessert, murmure-t-il d’une voix suggestive.

-          Je ne suis pas sûre d’être assez sucrée.

-          Anastasia, tu es délicieuse, j’en sais quelque chose. » (p. 243)

 « Mais nous restons en ligne comme des adolescents : ni l’un ni l’autre ne veut raccrocher.

-          Raccroche, toi, lui dis-je.

Je le sens enfin sourire.

-          Non, toi, raccroche.

Je suis sûre qu’il sourit, maintenant.

-          Je n’ai pas envie.

-          Moi non plus. » (p. 330)

 Oui mais bon, c'est pas tout ça mais on nous a promis du sado-maso... Et là, cruelle déception, les scènes en question sont tout aussi édulcorées que le reste. Alors que la chambre des tortures semblait prometteuse  regorger de possibilité, Grey se contente de lui attacher les poignets et de lui bander les yeux en la fouettant gentiment. Et la pauvre sainte nitouche Ana se met à pleure sitôt que le petit fouet tout riquiqui l'effleure. 

 Pour résumé : un style plat, une héroïne féminine cruche au possible, un héros ridicule (il appelle Ana « Bébé », quelle sexytude…), une intrigue harlequinesque, des scènes érotiques tout aussi banales, et un soupçon de sado-masochisme trèèèèès fade. En un mot : nul.

 

Premières phrases :

« Je grimace dans le miroir, exaspérée. Ma saleté de tignasse refuse de coopérer. Merci, Katherine Kavanagh, d’être tombée malade et de m’imposer ce supplice ! Il faut que je révise, j’ai mes examens de fin d’année la semaine prochaine, et, au lieu de ça, me voilà en train d’essayer de soumettre ma crinière à coups de brosse. Je ne dois pas me coucher avec les cheveux mouillés. Je ne dois pas me coucher avec les cheveux mouillés. Tout en me répétant cette lintanie, je tente une nouvelle fois de mater la rébellion capillaire. »

 Vous aimerez aussi :

Littérature érotique 

 

D’autres avis :

L’express

 

 Cinquante nuances de Grey, EL JAMES, traduit de l’anglais par Denyse Beaulieu,  JC Lattès, octobre 2012, 551 p., 17 euros

Publié dans Littérature Europe

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Pourquoi j’ai tué Pierre de Olivier KA et ALFRED

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

  

 Les auteurs :

 Alfred est né à Grenoble en mai 1976. Il décide avec quelques amis de monter sa propre maison d'édition Ciel Ether. Il y publie quelques ouvrages et entame une fructueuse collaboration avec Corbeyran, pleine de dessins et de belles histoires. Les petites graines qu'il a plantées sur son chemin se mettent à éclore tout doucement (La Digue, Abraxas..), et il prend du plaisir à fourrer son nez et ses crayons un peu partout (Treize Etrange, Petit à petit, Le Cycliste...).

 http://olivierka.blogspot.fr/

 L’histoire :

Olivier est un garçon sans histoires. Élevé dans une ambiance baba-cool au sein d’un milieu libertaire et permissif, c’est un enfant peu farouche qui a l’habitude de la nudité des adultes. À 12 ans, il part en colonie de vacances. Là, Pierre, un curé avec qui il s’est lié d’amitié, lui demandera de toucher son corps. Olivier ne sera ni violé ni abusé, mais cet évènement marquera son existence à jamais…

 

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Ce que j’ai aimé :

 Cet album aborde un sujet difficile avec beaucoup de retenue, d’intelligence. Olivier est un enfant élevé dans un milieu libre, tolérant, sans tabous, au sein d'un foyer harmonieux et il devient un être innocent, foncièrement gentil et naïf, bref un enfant normal épargné par la vie. Il fait donc confiance à cet ami de la famille, Pierre, curé avec lequel il part en colonie de vacances. Et ne va pas comprendre comment cet homme a pu abuser de sa gentillesse, de son ouverture pour le trahir de la pire façon qui soit. Le désarroi de l’enfant est palpable,  évoqué comme un trou vide qui s’ouvre sous ses pieds, emporté dans un tourbillon sans fin, les répercussions de cette scène fatale dépasseront largement les frontières de l’enfance.

"Tu avais du pouvoir sur moi... Tu en as joué, abusé... Les mômes c'est de la pâte à modeler... tu poses tes doigts, l'empreinte reste. Tu m'as manipulé... Tu as brisé quelque chose en moi... définitivement." 

Ce récit autobiographique est un moyen pour l'auteur de conjurer par l’écriture l’horreur d’un évènement, et il met en lumière pour le lecteur les zones d'ombre de la pédophilie, l'amenant ainsi à davantage de vigilance et d'écoute envers les plus jeunes. 

 Les dessins sont en parfaite adéquation avec le sujet, subtils et profonds jusque dans les détails.

 Un texte essentiel...

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Ce que j’ai moins aimé :

           Rien.

 
D’autres avis :

    Théoma, Mo', Canel, Laure, Enna, Midola Fransoaz     , Noukette

 

Pourquoi j’ai tué Pierre, Olivier Ka et Alfred, Delcourt, septembre 2006, 14.95 euros

 BD Mango bleu

Top-bd-2012

 

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Grand maître de Jim HARRISON

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

  

L’auteur :

 Scénariste, critique gastronomique et littéraire, journaliste sportif et automobile, Jim Harrison, né dans le Michigan, décide de devenir écrivain à l'âge de douze ans.

D'abord enseignant à l'Université de New York, il retourne dans sa région natale et connaît ses premiers succès avec sa poésie, puis bifurque vers le roman.
Depuis, il a publié quatre recueils de nouvelles, sept de poésie, sept romans et une autobiographie, En marge.

Lauréat de multiples prix, ses livres ont été adaptés à plusieurs reprises au cinéma : Vengeance (Revenge) (1990), de Tony Scott, Wolf (1994), de Mike Nichols, Légendes d'automne (Legends of the Fall) (1994), d'Edward Zwick. (Source : babélio)

 

L’histoire :

Sur le point de prendre sa retraite au terme d’une longue carrière dans la police du Michigan, l’inspecteur Sunderson enquête sur une secte hédoniste qui a pris ses quartiers à quelques kilomètres de chez lui. Simple hurluberlu inoffensif au premier abord, le gourou se fait appeler Grand Maître. Au fil de leurs recherches, Sunderson et son improbable acolyte de seize ans, Mona, découvrent un personnage bien plus sinistre qu’il n’y paraît. Lui-même poursuivi par ses propres démons, imbibé d’alcool et obsédé par les femmes, Sunderson traque sa proie des bois du Michigan jusqu’à une petite ville d’Arizona qui fourmille de criminels transfrontaliers, avant d’atterrir dans le Nebraska, où les adeptes du Grand Maître espèrent s’établir pour de bon. Un chef-d’œuvre tragicomique, étincelant d’humour et de désespoir. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 Sunderson est un homme à l’automne de sa vie, soudain désoeuvré sans le travail qui régissait sa vie à tel point qu’il lui a fait perdre sa femme. (« Elle lui avait dit : « Ta profession consiste à découvrir ce qui cloche et tu l’exerces depuis si longtemps que tu n’es plus capable de voir ce qui va bien dans la vie. » » (p. 149)) Sunderson, rattrapé par son vieil insctinct de flic décide de mener une dernière enquête en neutralisant le chef d’une secte soupçonné de détournement de mineures. Il traque l’homme aidé par sa jeune et affriolante voisine, elle-même mineure, Mona.  Mais au-delà de cette dernière mission, il va surtout apprendre à s’adapter  sa nouvelle vie et aux plaisirs assouvis ou fantasmés qui emplissent désormais exclusivement son univers. Il va apprendre à aimer la liberté en jouissant des plaisirs simples de la vie : une boisson fraîche et alcoolisée, un bon repas et une belle partie de jambes en l'air... 

 «Il dormit les deux premières heures et se réveilla avec l’étrange impression  d’avoir été écrabouillé, une sensation tout à fait nouvelle, pas exactement comme un animal écrasé sur la route, plutôt comme un homme dont les contours ont été brouillés, dilués par la perte de la profession qui le définissait jusque là. (…) Il n’était plus personne, mais il était libre. » (p. 61)

 Sa quête de Dwight est plus une dernière errance dans les antichambres de la violence et de l’immoralité qu’une véritable enquête. Grand maître n’est pas un roman policier, il est un roman su un homme qui tourne une page et apprend à apprivoiser sa retraite. 

 « Je viens de feuilleter The Practice of the Wild de Gary Snyder et d’y lire : « La marche est l’équilibre exact entre l’esprit et l’humilité. » Je ne suis pas sûr de bien piger ce qu’il veut dire, mais au cours d’une marche de deux ou trois heures la première demi-heure est saturée de banalités mentales sans intérêt, puis on émerge soudain dans le paysage et l’on est simplement un bipède humanoïde qui avance dans les collines et les forêts enneigées, ou le long des plages gelées du lac Supérieur. On n’essaie même pas de comprendre cet immense plan d’eau, car on n’est pas censé le faire. » (p.284)

  

Ce que j’ai moins aimé :

 Quelques longueurs.

 Premières phrases :

« L’inspecteur Sunderson marchait à reculons sur la plage en jetant parfois un regard derrière lui pour s’assurer de ne pas trébucher sur un bout de bois. Le vent du nord-ouest soufflait sans doute à plus de cinquante nœuds, et le sable lui piquait le visage et lui brûlait les yeux. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Dalva

   D’autres avis :

 Presse : Le Figaro ; Le Monde ; Les Echos 

  

Grand maître, Jim Harrison, traduit de l’anglais (EU) par Brice Matthieussent, Flammarion, septembre 2012, 342 p., 21 euros

dialogues-croises

  challenge rentrée littéraire 2012

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Le Tag où je me livre

Publié le par Hélène

J'ai été invitée par Caro (Des bouquins sur l'étagère) à répondre à ce tag. Je m'exécute avec plaisir...

    

Le livre que j'ai particulièrement aimé : 

 

Les racontars celtiques de Jorn RIELPetit traité de philosophie naturelle de Kathleen DEAN MOORE et Une année à la campagne de Sue HUBBELL  

 

dernièrement Imaqa de Flemming JENSEN

 

Et beaucoup d'autres encore ici : Coups de coeur

 

      sans oublier La patience des buffles sous la pluie de David THOMAS ....

 

Le livre qui ne m'a pas plu :

      Je n'ai pas du tout apprécié "D'autres vies que la mienne" d'Emmanuel CARRERE pourtant encensé par la critique. J'ai dû le lire dans le cadre du jury Orange, voici ce que j'en disais :

"Emmanuel Carrere nous offre un récit aux multiples ramifications centré sur les vies bousculées de personnes auparavant sereines. Nous rencontrons un jeune couple qui perd sa fille dans le tsunami, la belle-sœur mourante de l’auteur atteinte d’un cancer, son collègue, lui aussi ex-cancéreux, et d’autres destins satellitaires comme ces personnages cachés derrière les dossiers de surendettement que traitent Juliette et Etienne. Puis, le narrateur, Emmanuel Carrère qui côtoie ces multiples malheurs, décide de les raconter pour laisser une trace de leur passage sur terre.

Je reprocherai principalement à ce roman d’une part la longue description de la fin de Juliette, belle sans doute, mais n’évitant pas le pathos que l’auteur avait esquivé jusque-là, et d’autre part la longueur des chapitres sur le surendettement, tant détaillés qu’ils n’ont rien à envier à un documentaire d’Envoyé Spécial… N’est-ce pas d’ailleurs une façon de surfer sur la vague de la crise ambiante ?
J’ai regretté l’accumulation de destins brisés, une seule histoire - celle de Juliette par exemple - aurait suffi, pourquoi inclure dans ce roman comme un deuxième roman en mentionnant cette expérience du tsunami ?
Aussi je dirais que pour ma part « trop, c’est trop », je n’ai pas apprécié pleinement ce roman. C’est un beau témoignage, avec de réelles qualités littéraires qui célèbre la vie de ceux qui restent et se battent face aux adversités du destin, mais il faut malgré tout avoir envie de plonger dans les multiples malheurs possibles."

 

 

Le livre qui est dans ma PAL :

 

Un des derniers arrivés que j'ai hâte de lire est L'embellie de Audur Ava OLAFSDOTTIR. J'avais beaucoup apprécié son Rosa Candida.

Côté BD je viens de craquer sur Far away des époux Charles , recommandé chaudement dans le top BD de Yaneck...

Sinon une partie de ma PAL est ici : PAL (Pile à lire)

Si vous êtes partants pour des lectures communes, faites-moi signe !

 

Le livre qui est dans ma wish-list :

 Ma wish list est d'une longueur démentielle...  Je dirais les romans de Mario Rigoni Stern chez la Fosse aux Ours qui sont aussi beau à l'extérieur qu'à l'intérieur et Proust en Pléiade. http://www.la-pleiade.fr/Auteur/Marcel-Proust

 

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Le livre auquel je tiens :

 La patience des buffles sous la pluie dédicacé par l'auteur (que j'ai en deux exemplaires, j'ai été traumatisée par la faillite de Bernard Pascuito),  A l'ombre des jeunes filles en fleurs de Proust étudié en licence et mon Pléiade de Saint John Perse, souvenir de mon mémoire et qui rassemble de nombreux autres souvenirs personnels... 

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Le livre que je voudrais vendre ou troquer :

      Là encore ils sont nombreux disons Les oubliés de la lande tant il m'a laissé une impression désagréable (je ne regarde plus ma machine à laver du même oeil désormais)

et d'autres ici : http://www.priceminister.com/boutique/helene1hd/nav/Livres

 

Le livre que je n'ai pas réussi à terminer :

Ils sont nombreux en ce moment, le dernier en date étant  "Que le vaste monde poursuive sa course folle" de Colum McCANN, trop glauque pour moi en ce moment...

Les autres sont ici : Déceptions et abandons

 

Le livre dont je n'ai pas encore parlé sur mon blog :

      De nombreux livres que j'ai lus avant la création de ce blog et auxquels j'aimerais accorder une place en ces pages : 

 Là où se trouvait la mer de Rick BASS

La tête dans le carton à chapeaux de CHILDRESS

Ma famille inoubliable de Fred CHAPPEL

les romans de Wilkie COLLINS

Jim Glass de Jim EARLEY

Neige de Maxence FERMINE

1001 femmes blanches de Jim FERGUS

Grâce et dénuement de Alice FERNEY

Les cinq quartiers de l'orange de Joanne HARRIS

Le vent qui souffle dans les grues de Lidia JORGE

L'arbre aux haricots de Barbara KINGSOLVER

Noces indiennes de Sharon MAAS

La rivière du sixième jour de Norman MCLEAN

Blonde de OATES

Brendan prairie de Dan O BRIEN

Best love Rosie de O FAOLAIN

Matin brun de Marc PAVLOFF

Le temps où nous chantions de Richard POWERS

Un jour avant Pâques de Zoya PIRZAD

En attendant l'aube de Mario RIGONI STERN

De la beauté de Zadie SMITH

Le parfum de SUSKIND
Le sourire étrusque de SAMPEDRO

Luz ou le temps sauvage de OSORIO

L'alchimiste de COELHO

L'allée du roi de Françoise CHANDERNAGOR

C'est beau une ville la nuit de Richard BOHRINGER

L'arrière-saison de BESSON

Dojnaa de Galsan TSCHINAG

En caravane de Elisabeth VON ARNIM

Le joueur d'échecs de Stefan ZWEIG

Les romans de Michel TREMBLAY

A l'ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel PROUST

Emile de ROUSSEAU

Les vrilles de la vigne de COLETTE

Noces de Albert CAMUS

Que ma joie demeure de Jean GIONO

Les contes des 1001 nuits

Fantasia chez les ploucs de Charles WILLIAMS

La morsure du lézard de Kirk MITCHELL

Le retour à la terre de FERRI et LARCENET

 

Le livre que je vais lire en lecture commune :

Je participe au blogoclub et dans ce cadre nous allons lire pour le 1er décembre : Ma brillante carrière de Miles Franklin

 

Ma-brillante-carriere.jpg

 

Et dans le cadre du prix des lectrices de ELLE je vais lire ce mois-ci L'interprétation des peurs de Wulf DORN, Cher Gabriel de Halfdan W. FREIHOW, Avenue des Géants de Marc DUGAIN avec A propos de livres  ; AkialamAnna Blume ; Audouchoc-Theoma  ; Caroline (Des bouquins sur l'étagère) ; ClaraConstance  ; Jostein  ; MimiPinson  ; Nadael  ; Stieg  et Canel

 

 

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Comme dans un miroir de Gunnar STAALESEN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

 

 L’auteur :

 Gunnar Staalesen est né à Bergen, en Norvège, en 1947. Il crée en 1975 le personnage de Varg Veum, qu'il suivra dans une douzaine de romans, rencontrant un vif succès puisqu'ils se sont vendus à plus d'un million d'exemplaires en Norvège.

Il est aussi l'auteur de la grande fresque Le roman de Bergen, en six volumes.
 

L’histoire :

En 1957, une femme sublime se tue en voiture avec son amant saxophoniste, dans un pacte macabre. Elle laisse deux filles. Trente-cinq ans plus tard, lorsque l'une disparaît avec son mari, sa soeur imagine le pire et appelle Varg Veum. Entre le mythe des amants suicidés en 1957 et le présent, beaucoup de recoupements, de ressemblances, comme dans un miroir. Les chalets de montagne sur les hauteurs de Bergen se renvoient les échos du passé par-delà les fjords.

Sur fond de trafic en tous genres, la Norvège des années 90 a bien les deux pieds dans son époque. Varg Veum aussi : il vient d'acheter un téléphone portable !
Un nouvel épisode jazzy pour le privé norvégien.

 

Ce que j’ai aimé :

Varg Veum est un personnage mélancolique attachant, à l'image de cette atmosphère jazzy dans laquelle baigne le roman. Les airs de saxophone semblent s'échapper voluptueusement des pages pour nous chanter les relations passionnelles de ces amants maudits liés par ce qui semble être un pacte funèbre. Le sang d'Humphrey Bogart coule dans les veines de Varg, homme moral et pourfendeur de la noble cause surtout pour les jolies femmes en détresse.

 Comme un miroir mêle une enquête classique autour du thème de l’adultère et des thématiques plus actuelles comme le traitement des déchets toxiques ou l'émigration clandestine. Cette alliance entre sujets d'actualité et sujets intemporels reflète bien l'image du roman baignant dans une atmosphère sépia.  

L'ensemble est servi par un style à la fois lyrique dans les descriptions et dynamique dans l'action.

 Ce que j’ai moins aimé :

Une enquête qui manque un peu de punch et dont le rythme langoureux ne plaira pas à tout le monde…

 Premières phrases :

  "Je l'avais vue bien avant que nous nous croisions. Nous allions chacun dans sa direction sur la portion de montagne que les Berguénois appellent Vidden, le haut plateau, comme s'il n'y en avait qu'un. Elle arrivait d'Ulriken, en direction de Floien."

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :

 

La série des Varg Veum dans l'ordre :

 

1- Le Loup dans la bergerie (Rocher, 1994 ; rééd. Gaïa, 2002)

2- Brebis galeuses (L'Aube, 1997)

3- Pour le meilleur et pour le pire (Gaïa, 2002)

4- La Belle dormit cent ans (Gaïa, 2002)

5- La Femme dans le frigo (Gaïa, 2003)

6- La Nuit, tous les loups sont gris (Gaïa, 2005)

7- Anges déchus (Gaïa, 2005)

8- Fleurs amères (Gaïa, 2008)

9- Les Chiens enterrés ne mordent pas (Gaïa, 2009)

10- L'Ecriture sur le mur (Gaïa, 2011)

11. Comme dans un miroir (Gaïa, 2012) 

 Autre :

 Roman policier nordique

 

D’autres avis :

 Lystig ; aproposdelivres

 

Comme dans un miroir, Gunnar Staalesen, traduit du norvégien par Alexis Fouillet, septembre 2012, 304 p., 23 EUROS

dialogues-croises

 challenge rentrée littéraire 2012

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Tout piller, tout brûler de Wells TOWER

Publié le par Hélène

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  ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

Wells Tower, originaire de Caroline du Nord, a été la révélation littéraire américaine 2009 aux Etats-Unis. Ses nouvelles et ses articles sont publiés dans le New Yorker, The Paris Review ou encore le Washington Post. Il travaille actuellement à l’écriture de son premier roman, à paraître en 2012.

Tout piller, tout brûler est en cours de traduction dans une dizaine de langues.

 

L’histoire :

    Des maraudeurs vikings envahissent une île souvent pillée, dans l’espoir que quelques massacres les aideront à dissiper l’ennui de l’hiver... Un homme est jeté dehors par sa femme qui a découvert sur le pare-brise intérieur de leur voiture l’empreinte d’un pied qui n’est pas le sien… Deux cousines adolescentes, enivrées par l’été, règlent leurs comptes dans une forêt… Un jeune homme débarque dans une fête foraine après une bagarre avec son beau-père… Dans les nouvelles de Wells Tower, les familles se déchirent et essayent péniblement de recoller les morceaux. Sa vision de l’Amérique éclaire le monde trouble des marginaux et des inadaptés : inventeurs ratés, rêveurs alcooliques, pères malheureux, fils rebelles…

Combinant une prose électrique à un esprit ravageur, Tout piller, tout brûler nous fait découvrir une voix comme nous n’en avions jamais entendue.

 

Ce que j’ai aimé :

Wells Tower nous offre une vision désabusée du monde, tant celui-ci peut offrir des beautés insoupçonnées mais aussi des pièges et des horreurs innommables.

La complexité des rapports humains est pointée du doigt comme dans « Un lien fraternel », lien  tendu entre deux frères souvent sur les chardons ardents... Mais les  êtres établissent des liens même s’ils savent que ces maigres ficelles risquent d’être mis à mal : dans « La côte de brun » Bob sympathise avec ses voisins,  dans « En bas dans la vallée » le narrateur va aider le mari de son ex-femme qui s’est blessé la cheville.  Bien sûr tout cela finit souvent mal car la vie les écorche. Les familles sont éclatées, les êtres à la dérive cherchent des échappatoires eux aussi bancals, l’amour même est malmené. Même les manèges et l’innocence d’une fête foraine est dangereuse et cache des fêlures irrémédiables.

Dans ce contexte tourmenté, la nature n'offre pas l'échappatoire idéalisé par Thoreau et quelques autres, elle aussi peut se révèler redoutable et trahir les attentes des protagonistes. 

 La violence gratuite et finalement absurde de ce monde est portée à son apogée dans la nouvelle éponyme finale : contant une lutte barbare entre deux peuples, elle éclaire l'inanité des conflits, qu'ils soient d'hier ou d'aujourd'hui...

  

Ce que j’ai moins aimé :

   - Rien de spécial.


Premières phrases :

 « Bob Munroe se réveilla couché sur le ventre. Sa mâchoire lui faisait mal, les oiseaux piaillaient et son caleçon le gênait. Il était arrivé tard, des élancements dans le dos à la suite du voyage en car, et il s’était allongé par terre pour dîner de deux paquets de crackers, si bien qu’il était plein de miettes – sous son torse nu, dans les plis moites de transpiration de ses coudes et de sa nuque, tandis que la plus grosse et la plus désagréable s’était logée dans la raie de ses fesses, pareille à une pointe de flèche en silex. »

 

D’autres avis :

 Blogs : Ys ; Keisha

 Presse : L'express ; biblioobs ; Télérama 

 

Tout piller, tout brûler, Wells Tower traduit de l’anglais par Michel Lederer, Albin Michel (Terres d’Amérique), 2010, 239 p., 20 €

 

POCHE : Tout piller, tout brûler, Wells TOWER, traduit de l’anglais par Michel Lederer, 10/18, septembre 2012, 264 p, 8.10 euros

  12 d'Ys

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Les chasseurs d'écume tome 1 1901 les premières sardines de François DEBOIS et Serge FINO

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

 

 Les auteurs :

 

François Debois est né en 1975 et a vécu toute son enfance en Bretagne. Dès l’âge de 7 ans, il se passionne pour les comics américains, et commence à écrire et dessiner des histoires de super-héros.  Dans les années 90 il intègre une association d’auteurs amateurs qui veulent créer des BD conciliant comics, manga et franco-belge. Amateur, c’est bien, mais pro, c’est mieux, alors sous l’impulsion de Jean-Luc Istin, François Debois commence à écrire plusieurs projets pour les éditions Soleil : Les Contes de Brocéliande, le Sang de la Sirène, le Gardien du Feu, Ash. En 2008, il signe deux nouvelles séries triptyques chez Glénat : Magus, série coécrite avec Cyrus et dessinée par Annabel, et Talisman, série dessinée par Montse Martin. Il prépare actuellement deux nouveaux projets pour Glénat, dont un en collaboration avec le grand-par-la-taille Cyrus. Il exerce en parallèle de son activité de scénariste un métier de consultant  en innovation, et est l’auteur du roman Qui a tué l’innovation ?.

Serge Fino, dessinateur autodidacte, est né en 1959 à Toulon. Il commence sa carrière de dessinateur par le fanzinat et l'illustration, notamment de nouvelles et de poèmes. En 1994, il dessine aux éditions Soleil Productions une trilogie intitulée Les Soleils rouges de l'Eden. De sa rencontre avec Tarquin naît le projet d'une nouvelle série, dont le premier tome paraît en janvier 1997 : Les Ailes du Phaéton. Il a également signé de son trait réaliste le dessin des BD Starblood, La Couronne de foudre, John Sorrow, Angeline (à partir du T2) ou plus récemment Quand souffle le vent des îles. Les Chasseurs d'Écume est sa première série aux éditions Glénat.

 

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L'histoire :

 

Une grande saga bretonne à la dimension héroïque, politique et romanesque

Juin 1960, dans un train entre Quimper et Paris. Jos Gloaguen, la soixantaine chenue, va représenter les intérêts des pêcheurs de Bretagne Sud au comité interministériel de la sardine. Un voisin de wagon intrigué l'interroge : il s'est toujours demandé comment un si petit poisson peut susciter autant d'émois... Comment en 1924 les grèves des Pen Sardines, ces travailleuses des conserveries, ont pu avoir un tel retentissement national ! Jos Gloaguen sait bien lui, que la sardine est le blé de l’océan, et autant une affaire de passion que de survie…

Alors il remonte dans ses souvenirs, pour raconter comment il a embarqué pour la première fois en 1901, âgé de 12 ans. Comment il est tombé amoureux de la mer à peu près en même temps que de Denise Guilcher, fille d'une famille ennemie. Comme leur existence était difficile, entre l'âpreté des sorties en mer, les caprices de la sardine et l'exploitation par les patrons des conserveries...

François Debois adapte le roman de Jean-Claude Boulard (maire du Mans) L'Épopée de la sardine, un siècle d'histoires de pêches, et nous raconte comment ces familles de pêcheurs à la vie rude ont acquis, sur plusieurs générations et sur tout le XXe siècle, une dimension héroïque, politique et romanesque. Serge Fino donne crédit et vie à ces Bretons de la mer, inscrivant dès le premier tome Les Chasseurs d'écume dans la lignée des grands feuilletons historiques et familiaux, comme Les Maîtres de l'orge.

 

Ce que j'ai aimé :

 

Les chasseurs d'écume sont ces pêcheurs acharnés du début du siècle qui traquent la sardine, leur seul moyen de survivance dans ce monde maritime âpre et sans pitié.

 "Il n'a l'air de rien comme ça, ce petit poisson avec son dos d'émail bleu et son ventre d'argent scintillant, mais il apportait fortune de mer ou misèer noire aux dix mille pêcheurs qui travaillaient au début du siècle."

 L'histoire de deux familles rivales les Gloaguen et les Guilcher nous plonge dans une Bretagne de début de siècle marquée par des conditions de travail difficiles, par une pauvreté latente et par des luttes qui deviendront rapidement des luttes syndicalistes puisque ces années correspondent à la naissance de la CGT.

 La sardine n'est pas la seule cause du conflit entre les deux familles, un lourd secret de famille les divise et alimente cette haine clanique.

  Les dessins sont très beaux, fondus dans des harmonies de bleu en hommage à cette mer nourricière mais aussi meurtrière. 

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Ce que j'ai moins aimé :

 

- Rien.

 

Vous aimerez aussi :

 

Le tome 2 publié en octobre probablement

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Les chasseurs d'écume, tome 1, 1901, Premières sardines, Debois et Fino, Glénat, octobre 2011

  

 BD Mango bleu 

 Top-bd-2012 

 

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Fukushima, récit d’un désastre de Michaël FERRIER

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ 

 

 L’auteur :

 Grand-mère indienne, grand-père mauricien, né en Alsace, Michaël Ferrier passe son enfance en Afrique et dans l’océan Indien, fait ses études à Saint-Malo et à Paris. Il est professeur à l’université Chuo de Tokyo où il enseigne la littérature.

Il vit à Tokyo depuis 1994.

Il a publié, entre autres : Le Goût de Tokyo (Mercure de France, 2008), Maurice Pinguet, le texte Japon (Seuil, 2009) et Kizu, la lézarde (Arléa, 2004). Tokyo, Petits portraits de l’aube, paru chez Gallimard en 2004, a reçu le prix littéraire de l’Asie 2005.
Son livre "Fukushima, récit d'un désastre" en 2012 est publié chez Gallimard.

 

 L’histoire :

Michaël Ferrier revient sur la catastrophe de Fukushima et sur ses conséquences en mars 2011.

 

 Ce que j’ai aimé :

Michaël Ferrier nous livre un témoignage précis, fruit d'une enquête et d'une expérience traumatisante. Il décrit pour garder une trace de cette catastrophe dévastatrice et pour ne pas laisser tous ses morts sous les décombres d'un pays meurtri. Homme érudit, il émaille son récit de nombreuses citations, allusions à des poètes, écrivains, historiens... Tour à tour poignant, cultivé, son témoignage est aussi teinté d'humour atant certaines situations, certains choix sont absurdes :

"Pour toute réponse, on arrose les réacteurs avec des dés à coudre et des lances d'incendie (bientôt des pistolets à eau ?) Onvoit des images qui rappellent irrésistiblement celles de Tchernobyl, comme ces hélicoptères équipés de blindages de plomb qui déversent des paquets d'eau sur les réacteurs et manquent à chaque fois leur cible. C'est tout ce qu'ils ont trouvé : des tuyaux d'arrosage. Vite un hélicoptère pour éteindre la centrale nucléaire !" (p. 66)

Néanmoins, la partie la plus intéressante du récit vient un peu tard, vers les dernières pages. En effet le  témoignage de Michaël Ferrier dégage une impression de déjà vu, nous n’apprenons rien de nouveau, tout ce qui est dit, décrit, ne surprend pas le lecteur qui a suivi le tremblement et ses répercussions dans les médias au moment de la catastrophe. Certes l'auteur écrit très bien et nous offre de belles descriptions lyriques des paysages dévastés, mais le lecteur est aussi en droit d'attendre une réflexion différente, plus profonde sur les dessous de cette catastrophe nucléaire. Or seules les 60 dernières pages abordent le sujet de front.

"La palme en la matière revient incontestablement au docteur Shunichi Yamashita, professeur à l'université de Nagasaki et membre de l'institut de recherche sur la bombe atomique. Un florilège de ses déclarations donne une franche envie de rire... ou de vomir. La plus savoureuse : "La radioactivité n'affecte pas les gens souriants mais seulement les gens soucieux. Ceci a été prouvé par des expérimentations animales. " La peur de la radioactivité serait plus nocive que la radioactivité elle-même. Le traitement du docteur est donc simple mais efficace : Be happy, don't worry. On dirait le docteur Folamour de Kubrick quand il chante : "How I stopped worrying and learned to love the bomb !" (remplacer bomb par nuclear plant). Faut rigoler ! Ne plus s'en faire et apprendre à aimer la centrale, joyeuse, triomphante, rayonnante ! Un détail : le docteur Yamashita est conseiller pour les risques sur la santé de la radioactivité à la préfecture de Fukushima. Effectivement, c'est assez drôle. " (p. 202)

Ce petit bémol est mineur au vue de la qualité indéniable de ce témoignage...

 

Premières phrases :

« C’est un chinois, Zhang Heng, qui a inventé le premier appareil à détecter les tremblements de terre. En 132 après Jésus-Christ, il présente à la cour des Han un stupéfiant vase de bronze, semblable à une grande jarre de vin ou au corps ventru d’une carpe argentée. »

 Autres avis :

Presse :Télérama;  Libération  

  Blogs : Jostein ; Canel ;  Mimi ;

 

Fukushima, récit d’un désastre, Michaël FERRIER, Gallimard, 18.50 euros

grand prix lectrices de elle 

ChallengeDragonFeu

 

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Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

 

L’auteur :

http://gaellejosse.kazeo.com/

 

 L’histoire :

« A l'heure où mes jours se ternissent comme un miroir perd son tain, le besoin de m'alléger de ce qui m'encombre devient plus fort que tout. Je garde l'espoir, naïf peut-être, qu'un tel aveu sera comme l'amputation d'un membre inguérissable qui, pour douloureuse qu'elle soit, permet de sauver le reste du corps. »

  Tout paraît à sa juste place dans la vie de Magdalena, épouse de Pieter Van Beyeren, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft. Rigoureuse, maîtresse d'elle-même, elle aurait pu succéder à son père. Mais le commerce est réservé aux hommes. Sa place est au foyer. Magdalena doit se limiter à cet espace intérieur, où elle a souhaité se faire représenter à son épinette, de dos. Un décor à secrets, que son journal intime dévoile. Déceptions, souvenirs, drames familiaux, mais aussi joies, et désirs interdits... Dans le silence de l'heure, derrière le précaire rempart de l'ordre et de la mesure, Magdalena transcrit les vacillements de son coeur, explorant les replis les plus secrets de l'âme. (Quatrième de couverture)

 

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Ce que j’ai aimé :

Les heures silencieuses nous plonge dans l’intimité d’une femme douce, posée, meurtrie par certains évènements de la vie mais capable d’enfouir ces souvenirs dans le fond de son âme pour espérer aspirer à un soupçon de quiétude. Sa personnalité inocule un charme diffus à son récit, comme le décor diaphane de cette Hollande du XVIIème siècle.  

« Lorsque je me surprends à rêver, c’est d’une existence tissée de ces seuls moments, où chacun semble s’accorder à lui-même, comme à son entourage, avec la plus grand justesse, et n’éprouver pour le monde qu’indulgence, et affection. » (p.83)

 

Ce que j’ai moins aimé :

Je ne saurais dire à quoi cela tient exactement, mais il m’a manqué un petit quelque chose pour être totalement conquise, un  petit supplément d’âme, un soupçon de poésie, un brin de profondeur…

 

 Premières phrases :

 « Je m’appelle Magdalena Van Beyeren. C’est moi, de dos, sur le tableau. Je suis l’épouse de Pieter Van Beyeren, l’administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à Delft, et la fille  de Cornelis van Leeuwenbrock. Pieter tient sa charge de mon père. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Des vies désaccordées

Autre : La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier

 

 D’autres avis :

 Mango Clara, Sylire, Manu, George,  Jostein Mimi   

 

Les heures silencieuses, Gaëlle Josse, Autrement, janvier 2011, 134 p., 13 euros

Merci à Manu pour le prêt…

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