La famille Bird vit dans un décor idéal en Cornouailles, mais derrière les apparences parfaites, se cachent des failles irrémédiables. La mère, Lorelei est un personnage excentrique, obsédée par les souvenirs et accumulant compulsivement des objets chez elle, ce qui affecte profondément ses enfants Megan, Bethan, Rory et Rhys. Après un évènement tragique qui bouleverse la famille, chacun des membres prend des chemins différents, et la maison familiale devient un symbole des fractures qui se sont creusées entre eux.
Dans cette famille dysfonctionnelle, chacun doit affronter ses démons personnels pour pouvoir avancer.
Ce que j'ai aimé :
L'originalité du thème : je n'avais jamais lu de roman qui présente des personnages atteints du syndrome de Diogène qui consiste à amasser de manière compulsive des objets souvent inutiles, hors d'usage ou des déchets, ce qui peut engendrer des conditions de vie insalubres.
Ce que j'ai moins aimé :
- Trop de ficelles forcées : outre le drame, était-ce nécessaire de rajouter l'infidélité, les conflits familiaux, la drogue et j'en passe...
Au cœur du Cantal, dans la chaleur de l’été 1914, le père de Joseph part à la guerre, lui laissant le soin de s'occuper de sa ferme et de la famille, sa mère et sa grand-mère. Il sera aidé par Léonard, vieux voisin et ami, et devra faire face à Valette, leur voisin aigri. Valette accueille quant à lui Hélène, la femme de son frère et sa fille Anna.
Ce nouvel équilibre est vacillant, et les tensions ne tardent pas à s'exacerber.
Ce que j'ai aimé :
Des pages très lyriques, proches de la prose poétique.
Ce que j'ai moins aimé :
- Une atmosphère très sombre.
- Les tensions se soldent par des évènements décevants proportionnellement au suspens mis en place.
En août 1937, le jeune Franz Huchel quitte ses chères montagnes de Haute-Autriche pour venir travailler à Vienne avec Otto Tresniek, buraliste unijambiste.
Au Tabac Tresniek, se mêlent classes populaires et bourgeoisie juive de la Vienne des années trente. Le jeune homme apprend à connaitre cette population inquiète face aux rumeurs de la montée du national-socialisme. Il rencontre notamment Sigmund Freud, qui lui conseille de tenter sa chance avec les jeunes femmes. Franz s'empresse de suivre son conseil et tombe amoureux de Anezka, jeune artiste de cabaret. Le docteur Freud devient alors son confident.
Ce que j'ai aimé :
Le jeune Franz découvre peu à peu la réalité sociale et politique de son pays, et parallèlement, sa rencontre avec Freud lui fait explorer les questions de désir, amour et sexualité. Ce passage dans le tabac Tresniek marquera la perte de son innocence dans un monde de plus en plus dominé par la peur et la répression. Ses expériences lui font prendre conscience aussi de la nécessité de la résistance individuelle face à l'oppression même si la liberté reste fragile... Son parcours est touchant et souvent il rêvera de retrouver le temps innocent de son enfance, auprès de sa mère et des lacs de montagne symboles de pureté.
Bilan :
Tabac Tresniek apparait comme un roman d'apprentissage touchant dans lequel résonnent dangereusement les prémisses de la seconde guerre mondiale...
En Suisse une petite fille, Gritli Moser est assassiné violemment. Le commissaire Matthias, sur le point de partir en Jordanie, promet à la mère de la victime de retrouver l'assassin de sa fille. Cette promesse devient une obsession qui pousse Matthias à repousser son départ et à se lancer dans une enquête prolongée.
Le roman est né d'une commande : Dürrenmatt devait écrire un scénario pour un film policier intitulé Es geschah am hellichten Tag (Cela s'est passé en plein jour). Le film a été réalisé en 1958, mais Dürrenmatt a été insatisfait par l'approche trop conventionnelle du genre. Pour répondre à ses propres préoccupations, il a ensuite écrit La Promesse, où il revisite le matériau d'origine pour explorer les aspects plus sombres et complexes du thème.
Ce que j'ai aimé :
Le roman déconstruit les conventions du genre du roman policier : contrairement aux récits policiers traditionnels où la logique et la déduction triomphent, Dürrenmatt explore ici l'idée que le destin et le hasard jouent un rôle crucial, souvent au détriment de la justice. Dürrenmatt se sert de ce roman pour critiquer les attentes du lecteur face au genre policier. Il refuse de fournir une conclusion satisfaisante où le bien triomphe sur le mal, préférant laisser le lecteur face à une réalité plus ambiguë et troublante.
Bilan :
La Promesse est un roman qui s'éloigne des conventions du genre policier en proposant une réflexion sur la nature incertaine de la justice et du destin humain.
Amsterdam, 1705. Thea Brandt, jeune métisse, fête ses dix-huit ans. Sa tante Nella prévoit de la marier pour sauver de la ruine sa famille, seulement la jeune femme a déjà son cœur pris par un artiste qui crée les décors des spectacles du grand théâtre de la ville. Leur liaison est secrète, mais la jeune femme voudrait la rendre officielle pour échapper à ce mariage qui ne sert guère ses intérêts.
Ce que j'ai aimé :
Le talent de conteuse de Jessie Burton est indéniable, elle crée tout un univers autour de cette famille déchue prête à tout pour sortir de la pauvreté qui la menace. Néanmoins, ce sont des êtres passionnés, esthètes qui aiment les belles choses et s'attachent aux découvertes du siècle. La rencontre avec un botaniste bouleversera le destin de Otto, fasciné désormais par la culture de l'ananas. La jeune Nella, jeune fille impétueuse, rêve de liberté et grandira au fil des pages, perçant peu à peu les secrets de sa naissance.
Bilan :
Une lecture très agréable. Il s'agit de la suite de Miniaturiste, 18 ans après, et s'il est plus intéressant d'avoir lu le premier pour comprendre toutes les implications du deuxième, vous pouvez faire l'impasse.
En 1981, en Gaspésie, au Québec, sévit la "crise du saumon" . Le gouvernement provincial s'oppose aux Mi'gmaq, une nation autochtone : en effet le gouvernement québécois, sous René Lévesque, avait interdit la pêche au saumon pour les Mi'gmaq, entrainant des tensions importantes. Le roman s'ouvre sur un événement clé de cette crise : l'intervention brutale de la Sûreté du Québec pour arrêter des pêcheurs mi'gmaq, un acte perçu comme une attaque contre leur mode de vie et leur droit ancestral. Parmi les personnages touchés de plein fouet par cette crise sociale et politique, Océane, une jeune Mi'gmaq de quinze ans qui fuit la violence policière et trouve refuge chez un vieil homme, Yves Leclerc, un ancien professeur. Leur rencontre symbolise la collision entre deux mondes et deux cultures.
Ce que j'ai aimé :
Taqawan aborde de front la question du traitement des peuples autochtones au Canada. Il montre les mécaniques à l’œuvre avec en son centre la remise en cause du pouvoir central, le conflit Québec / Ottawa s'invitant dans les affaires indiennes : la guerre du saumon était une manière de dire "qu'on entendait garder son pouvoir sur tout le territoire, et les Indiens devenaient de simples pions dans une partie d'échecs plus vaste."
Les personnages s'efforcent de préserver leur identité et leur mémoire collective dans un contexte de marginalisation. Plamondon met en lumière les différentes formes de résistance, qu'elles soient ouvertes, comme dans le cas des Mi'gmaq défendant leur droit de pêche, ou plus subtiles, comme les actes individuels de solidarité et de rébellion contre l'injustice.
A la croisée des genres, Taqawan est un récit fragmenté, ponctué par des chapitres plus courts qui remontent le fleuve du temps et reviennent vers les légendes fondatrices. L'auteur alterne entre chapitres narratifs, des passages historiques, des anecdotes, et des extraits documentaires.
Bilan :
Taqawan remonte aux sources pour peindre le portrait d'un peuple millénaire dont les droits ont été bafoués et qui subit encore des injustices.
Ce livre, qui a remporté le Prix Renaudot la même année, est une œuvre singulière dans la carrière de l'auteure belge, puisqu'il s'agit d'un récit largement autobiographique, mais raconté à travers la voix de son père, Patrick Nothomb.
Ce que j'ai aimé :
Comme toujours chez Amélie Nothomb, la fluidité du style est agréable.
Ce que j'ai moins aimé :
J'ai terminé le roman avec le sentiment que je l'aurai oublié dans une heure. J'écris ce billet un mois plus tard, et effectivement, il ne me reste absolument rien de cette lecture !
Le roman commence de façon incisive avec un échange musclé entre Rebecca, star du cinéma français et Oscar, écrivain en déclin : Oscar a connu Rebecca dans son enfance et en garde un souvenir ébloui. Il la revoit dans Paris, alors que tous deux abordent la cinquantaine, et son commentaire est sans appel : "Pas seulement vieille. Mais épaisse, négligée, la peau dégueulasse, et son personnage de femme sale, bruyante. La débandade", écrit-il sur son compte Instagram. La réponse ne se fait pas attendre : "J'espère que tes enfants crèveront écrasés sous un camion et que tu les regarderas agoniser sans rien pouvoir faire et que leurs yeux gicleront de leurs orbites et que leurs cris de douleur te hanteront chaque soir", lui répond l'actrice. Commence alors une relation épistolaire entre ces deux personnages que tout semble opposer. Rebecca voit sa carrière vaciller tandis que Oscar est confronté à des accusations de harcèlement sexuel. Peu à peu leurs échanges gagne en intensité et un réel dialogue s'instaure. La jeune Zoé, qui prend aussi la parole au milieu de cet échange, accuse Oscar d'avoir voulu la séduire avec trop d'insistance alors qu'elle n'était qu'une jeune attachée de presse.
Le roman plonge profondément dans les questions de genre, de consentement, et d’abus de pouvoir. Despentes, fidèle à son style provocateur, ne recule pas devant les sujets controversés, abordant la complexité des relations entre hommes et femmes à l’ère de #MeToo.
« Imagine qu’à la place des femmes qui sont tuées par des hommes, il s’agisse d’employés tués par leurs patrons. L’opinion publique se raidirait davantage. On se dirait, ça va trop loin. On doit pouvoir aller pointer sans risquer d’être étranglé ou criblé de coups ou abattu par balles. (...) C’est quand tu transposes que tu réalises à quel point le féminicide est bien toléré. Les hommes peuvent te tuer. »
À travers le personnage d’Oscar, le livre examine les conséquences de la cancel culture, ce phénomène social où des figures publiques sont ostracisées pour leurs comportements passés ou présents. Le roman interroge l’efficacité et les effets de cette pratique, en soulignant la violence symbolique et psychologique qu’elle peut engendrer. Il semble difficile de maintenir des relations authentiques dans un monde où tout est médiatisé et jugé publiquement. Les personnages luttent contre ce monde extérieur destructeur et luttent aussi contre eux-mêmes, contre la dépression et la dépendance.
Malgré tout, l’amitié et le pardon rassembleront les solitudes perdues...
Un commando armé profane la tombe de Marie Curie et dérobe son cerveau momifié. Le lendemain, le directeur adjoint du CEA, le commissariat à l’énergie atomique, meurt sous les yeux de la commissaire Louise Vernay. A chaque fois, des inscriptions mystérieuses apparaissent, faisant allusion à l’Enfer de Dante. Derrière ces actes, se cache une mystérieuse organisation : Gyrum Novem.
Ce que j'ai aimé :
Le roman joue sur le mystère entourant les sociétés secrètes, un thème récurrent dans les thrillers historiques. Mais l'originalité ici tient aux ramifications qui relient l'intrigue à l’œuvre de Dante, La Divine Comédie.
Les personnages recherchent la clé de l'âme et du génie humain et les questions posées et non résolues sont passionnantes, mettant en lumière les limites du savoir humain. Le conflit couve à l’intersection entre science et religion, avec des découvertes archéologiques et historiques qui remettent en question les croyances établies.
Ce que j'ai moins aimé :
La psychologie des personnages m'a semblé assez sommaire.
Bilan :
Le roman s’inscrit dans la lignée des thrillers érudits qui mêlent histoire, science, mystère et suspense, avec une intrigue complexe qui fait écho à des œuvres comme celles de Dan Brown. Pour les amateurs du genre...
Le roman plonge dans l'univers des "Ironworkers", ces ouvriers du bâtiment qui montent les structures en acier des gratte-ciel, un métier à la fois dangereux et emblématique de la modernité américaine. Michel Moutot s'intéresse particulièrement aux Mohawks, une nation amérindienne, connue pour leur absence de vertige, ce qui les a rendus indispensables sur ces chantiers vertigineux.
Le récit débute au début du XXe siècle, à l'époque où New York commence à s'élever avec des gratte-ciel comme l'Empire State Building, et se poursuit jusqu'aux événements tragiques du 11 septembre 2001, où l'histoire des Ironworkers et des gratte-ciel prend une tournure tragique. John, un jeune Mohawk, quitte sa réserve pour rejoindre l'équipe de son père et de son grand-père sur les chantiers de New York. Il s'illustre par son courage et son habileté, contribuant à la construction des monuments les plus célèbres de la ville. La vie à New York pour ces hommes est faite de hauts et de bas, oscillant entre le vertige des hauteurs et les réalités sociales souvent difficiles. Dans l'après-11 septembre, John, comme beaucoup d'autres Ironworkers, est appelé pour déblayer les débris du World Trade Center, dans un retour poignant sur le lieu où lui et ses ancêtres avaient travaillé.
"Lunch a top a skyscraper" By Charles Clyde Ebbets - Washington Post, "One of the most iconic photos of American workers is not what it seems", Public Domain
Ciel d'acier est un roman à la fois historique et humain qui rend hommage à une communauté particulière, les Mohawks, et à travers elle, à tous les ouvriers du bâtiment qui ont contribué à façonner l'horizon de New York.