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Pourquoi les oiseaux meurent de Victor POUCHET

Publié le par Hélène

♥  ♥ ♥

Un phénomène étrange semble se produite en Haute Normandie : des oiseaux tombent du ciel, raides morts et s'échouent sur les plages dans l'indifférence générale. Mais le narrateur, parisien originaire de Normandie décide de se rendre sur place pour enquêter. Il choisit alors la voie de l'eau et embarque sur le Seine-Princess, un bateau de croisière qui descend la Seine.

En fait, pour résumer, c'est l'histoire d'un homme qui a "la vie sur le bout de sa langue". Ainsi il se retrouve sur une péniche à guetter des oiseaux qui tombent du ciel, morts et mène une enquête pour laquelle personne ne l'a missionné.

"Sur le bout de la langue les engagements, les choix, les aventures de l'esprit, la vie sociale et les conquêtes.J'avais l'impression de passer ma vie à ne pas articuler complètement ce qui m'arrivait et à sacrifier tout un tas de syllabes, de mots et de phrases-projets."

Il tente de mettre de l'ordre dans sa vie porté par sa quête, prétexte pour revenir vers ses origines et se réconcilier avec son père ? Prétexte surtout pour se perdre dans des circonvolutions qui évitent de penser à l'essentiel...

Avec humour et intelligence, Victor Fouchet peint le portrait d'un homme perdu qui retrouve peu à peu le chemin vers la logique et sa vie.

"Le scrabble frustre comme la vie : je pourrais faire un mot sublime là tout de suite, mais il manque toujours une lettre, un endroit où le placer. On voudrait les thésauriser, les garder au chaud pour abattre ses cartes d'un seul coup, plier le jeu, ranger ses gaules et aller se coucher avec le mot de la fin. Mais on est obligé de jouer à chaque tour. Jusqu'à ce qu'un autre mot sur le plateau offre une perspective inédite, salvatrice. Il  y a des gens compte double, des après-midi compte triple; des journées Y (dix points), de très nombreuses matinées E, A ou S (un point), il y a surtout des jours où de toutes les lettres placées devant nous on ne réussit à tirer aucun mot."

Un roman érudit pour un beau portrait d'homme.

 

Présentation de l'éditeur : Finitude

 

Pourquoi les oiseaux meurent, Victor Pouchet, Finitude,septembre 2017, 192 p., 16.50 euros

 

Merci à l'éditeur.

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Quand sort la recluse de Fred VARGAS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Pour découvrir qui est cette recluse inclue dans le titre, il faudra attendre avec patience que l'auteure, avec talent, nous emmène dans une direction, puis une autre, prenant plaisir à promener son lecteur au gré de ses intrigues et de ses mots. Elle suit les méandres labyrinthiques de son commissaire préféré, un homme qui va son rythme, ne se presse pas, mais suit son idée fixe sans la lâcher. Il s'aide de la marche pour progresser dans ses pensées : "Les secousses de la marche, de la déambulation, mettent en mouvement les micro-bulles gazeuses qui se promènent dans le cerveau. Elles bougent, se croisent, se cognent; Et quand on cherche des pensées, c'est une des choses à faire."

Il s'attache aux pattes de sa recluse quitte à laisser en route une partie de son équipe. Il ne faudra rien de moins qu'un coup de poing pour remettre les idées en place à un Danglard vacillant, une solution certes un brin violente, mais qui s'avèrera diablement efficace. 

La recluse arrivera doucement sur ses pattes de velours et s'installera au fil des pages, comme un fil conducteur qui tisse sa toile lentement. Ceux qu'elle prendra dans ses rets devront se méfier ...

Comme toujours chez Fred Vargas, les personnages sont bien campés et le plaisir des mots se fait sentir avec des dialogues enlevés et spirituels. Un vrai plaisir !

 

Présentation de l'éditeur : Flammarion

Du même auteur : Temps glaciaires ♥ ♥ ♥ 

D'autres avis : Babélio

 

Quand sort la recluse, Fred Vargas, Flammarion, mai 2017, 480 p., 21 euros

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Les voyages d'Anna de Emmanuel LEPAGE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Je revois encore le jeune Abdellah nous servir le thé à la menthe dans le soleil couchant ; je sens encore le sable chaud du désert au creux de ma paume..."

Entre 1885 et 1910, Anna parcourt le monde en compagnie de Jules Toulet, le célèbre peintre voyageur. Pour le peintre, la belle jeune femme agit comme une muse, et bien souvent, il la prend comme modèle. Les années passent, puis Anna quitte un Jules qu'elle laisse désoeuvré. Aujourd'hui, alors qu'elle parcourt les carnets que Jules lui a laissés, Anna lui écrit la lettre qu'il a attendue toute sa vie.

Par le biais des dessins, elle revient sur les voyages qu'ils ont accompli ensemble à travers quinze pays, de Venise à l'Antarctique en passant par le Cameroun, le Maroc, le Mexique... Par ses lettres, elle retrace son histoire et livre son état d'esprit.

Emmanuel Lepage signe là un superbe carnet de voyage "scénarisé" entre le carnet et la bande dessinée, avec des textes écrits par Sophie Michel.

Ce que j'ai moins aimé : Malheureusement, pour moi, le style de l'histoire n'est pas à la hauteur des dessins : "J'ai connu toutes sortes d'amours, mais ai-je connu l'Amour avec un grand A ? " / " En fait, je le sais maintenant, tu étais venu me chercher, tu espérais que j'aie mûri, tu souhaitais plus que tout que je visse ton amour. Et moi... Je ne connaissais pas d'attache, je ne connaissais même pas d'attache, je ne connaissais même pas le mot "demain" et j'ai continué d'être le feu-follet que je suis toujours."

J'aurais aimé plus de poésie pour s'accorder aux dessins, mais je reconnais que la barre était haute !

A noter qu'il existe une suite : Les voyages d'Ulysse

 

Présentation de l'éditeur : Daniel Maghen

Du même auteur :  Un printemps à Tchernobyl ♥ ♥ ♥ Voyage aux îles de la Désolation ♥ ♥ 

 

Les voyages d'Anna, Emmanuel Lepage, Editions Galerie Daniel Maghen, 2005, 23 euros

 

C'était ma BD de la semaine hébergée cette semaine par Moka

 

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Dans ce jardin qu'on aimait de Pascal QUIGNARD

Publié le par Hélène

♥ ♥

Le révérend Simeon Pease Cheney, dans les années 1860-1880, eut ce projet fou de retranscrire les moindres sons musicaux de ce qu'il cotoyait avec joie au quotidien, du chant d'oiseau au bruit de l'eau du robinet qui goutte dans le seau à demi plein. Pour lui, même les choses inanimées ont leur musique, il suffit de tendre son oreille pour saisir ces subtiles symphonies célestes. Malheureusement, il n'est pas pris au sérieux, il faudra que son fils (dans la vraie vie) ou sa fille dans l'oeuvre de Quignard publie  « Wood Notes Wild, Notations of Bird Music » à compte d’auteur après sa mort. Quelques années plus tard, ce livre sera remarqué par le compositeur Anton Dvorák et lui inspirera, en 1893, le « Quatuor à cordes n° 12 ».

Ce destin double - celui de ce vieux musicien passionné par la musique de la nature et sa fille qui a lutté pour faire reconnaitre son oeuvre - a inspiré à Pascal Quignard ce texte hybride entre pièce de théâtre et chant poétique. L'auteur met l'accent sur la vie intime fantasmée du révérend : marié à une femme qu'il adorait, il la perd lors de l'accouchement de sa fille et restera inconsolable face à cette perte brutale. Il est obsédé par l'image de sa femme disparue et arpente le jardin qui lui était cher pour mieux la retrouver.

Ce que j'ai moins aimé : En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à davantage de passages sur l'aspect artistique du révérend, sur cet étrange projet tellement fascinant. Mais Pascal Quignard a choisi de porter son récit vers la tristesse, cette peine incommensurable ressentie à la mort d'un être cher.

Bilan : Le portrait triste et touchant d'une homme hanté par la mort de sa bien-aimée.

 

Présentation de l'éditeur : Grasset

Du même auteur : Les solidarités mystérieuses ♥ ♥ ♥ ♥ ; Villa amalia ♥ ; Une journée de bonheur ♥ ♥ ♥

 

Dans ce jardin qu'on aimait, Pascal Quignard, Grasset, mai 2017, 176 p., 17.50 euros

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Grand Prix des blogueurs 2017

Publié le par Hélène

Cette année Agathe du blog Agathe The Book a eu l'excellente idée de lancer le premier prix des blogueurs littéraires 2017

Ce prix est un prix annuel, décerné fin décembre, cette année le 20 décembre 2017, attribué à un roman de littérature française publié durant l’année en cours, (hors polar et romans jeunesse ou young adult, et hors poche dans un premier temps) le plus apprécié et partagé par les blogueurs.

  • Pourquoi ce prix ?

Pour deux objectifs simples :

-> Récompenser un roman partagé sur la toile par des lecteurs engagés
-> Valoriser la communauté des blogueurs littéraires

  • Qui sont les blogueurs habilités à participer ?

TOUS les blogueurs, ayant un blog actif, un compte Babelio, un compte Booktube, ou bien un compte Instagram ou Facebook OUVERT dans lesquels ils chroniquent, partagent, et interagissent avec d’autres blogueurs.

Il n’y a pas de nombre minimum de followers, ni d’âge minimum requis.
Les blogs et les comptes seront vérifiés.

 

  • Pour qui votent-ils ?

L’avantage qu’ont les blogueurs sur les lecteurs, c’est qu’ils se tiennent au courant des parutions, des nouveautés, des autres prix littéraires, ils connaissent bien les maisons d’édition et ce qu’elles proposent. C’est pourquoi ce prix n’a besoin d’aucune pré-sélection, les blogueurs ne se basent que rarement sur le top ten des ventes, au contraire, ils recherchent l’exclusivité, le roman dont on a encore peu parlé.

Le fonctionnement du prix est simple : les blogueurs indiqueront directement leur choix en jetant leur dévolu sur  DEUX romans français de l’année qu’ils ont le plus aimé, le roman qui les a marqué, celui qu’ils ont adoré partager.
Les votants sont tenus de bien réfléchir avant le vote, aucun changement ne pourra être pris en compte.

  • Comment voter?

Les votes commenceront chaque année fin novembre, dès le signal de l’organisateur du Prix. (en l’occurence j’inaugure cette année le premier Prix, mais rien ni personne ne contre-indique de changer d’organisateur.) Les modalités du Prix sont modulables.
L’idée est de ne soumettre aux votants aucune influence, ils sont entièrement libres de voter pour leurs deux romans favoris, sans contrainte de lecture ni catégories.
Ainsi, en fonction des votes ressortira le roman préféré de la toile.

—> Chaque blogueur envoie confidentiellement par mail à l’adresse ci dessous:

– Le nom du roman ou des deux romans élus et de leurs auteurs 
– Le lien vers son blog et/ou le nom du compte Instagram ou Facebook

grandprixdesblogueurs@gmail.com

Les votants sont tenus de faire passer l’information au plus grand nombre de leurs codisciples, avant, pendant et après le vote. Plus le Prix des Blogueurs sera su et vu de tous, plus celui-ci deviendra fort et influent.

  • Attribution du prix

L’organisateur du Prix se charge ensuite de recenser la liste des romans prisés et leur récurrence.
Le roman ayant été nommé le plus de fois sera ainsi désigné lauréat du Grand Prix des Blogueurs Littéraires, sous contrôle d’un huissier de justice.
L’auteur, comme le blogueur, ne gagne rien, si ce n’est la joie et la fierté d’avoir été élu par un public hétéroclite de lecteurs avertis et connectés, sans délibération opaque.
La maison d’édition du lauréat sera contactée dans les plus brefs délais afin de relayer l’information et couronner le lauréat de cette nouvelle distinction.
Les lecteurs achèteront ainsi un roman qui aura su plaire à une communauté à laquelle ils peuvent s’identifier.

 

N'hésitez pas à participer, pour tout vous dire, j'ai voté pour Bakhita de Véronique OLMI et Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle NOHANT

 

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L'usage du monde de Nicolas BOUVIER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Eté 1953 Nicolas Bouvier, un jeune homme de 24 ans décide de quitter Genève et son université pour se lancer dans un voyage aux confins de la Turquie. Il vise la Turquie, l'Iran, Kaboul puis la frontière avec l'Inde. Il est accompagné dans son périple par Thierry Vernet, un ami dessinateur. Durant six mois les deux amis parcourent les Balkans, l'Anatolie, l'Iran puis l'Afghanistan à la rencontre des populations. Pour pourvoir à leurs besoins en gagnant l'argent nécessaire, Nicolas Bouvier écrit des articles, fait des conférences ou donne des cours, tandis que son acolyte vend ses peintures.

La population les accueille souvent avec plaisir et ils partagent ainsi des moments conviviaux marquants :

"Le temps passe en thés brûlants, en propos rares, en cigarettes, puis l'aube se lève, s'étend, les cailles et les perdrix s'en mêlent ... et on s'empresse de couler cet instant souverain comme un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour. On s'étire, on fait quelques pas, pesant moins d'un kilo, et le mot "bonheur" paraît bien maigre et particulier pour décrire ce qui vous arrive.

Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence,ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur."

Leur périple est aussi l'occasion de connaitre des situations cocasses : un jour par exemple, alors qu'il photographie une mosquée, Nicolas Bouvier sent quelque chose qui se presse contre sa joue, "J'ai pensé à un âne - il y en a beaucoup ici, et familles, qui vous fourent le museau sous l'aisselle - et j'ai tranquillement pris ma photo. Mais c'était un vieux paysan venu sur la pointe des pieds coller sa joue contre la mienne pour faire rire quelques copains de soixante-dix-quatre-vingts ans. Il est reparti, plié en deux par sa farce ; il en avait pour la journée." Une autre fois, lors d'une promenade ils entendent des chocs répétés. Ils arrêtent la voiture pensant à un souci mécanique,  mais le bruit ne cesse pas. "On alla voir derrière le talus qui borde un côté de la piste, la plaine était noire de tortues qui se livraient à leurs amours d'automne en entrechoquant leur carapace."

Les jeunes hommes ne sont pas épargnés par les aléas liés aux voyages, le froid mordant, la faim, les maladies, mais ces mauvaises expériences donnent d'autant plus de valeur aux détails qui suivent : un repas frugal constitué de pain chaud, de fromage de brebis et d'un thé se savoure avec délectation.

Ce récit qui serpente doucement sur les pistes installe doucement le lecteur dans un champ hors-temps, loin des contingences quotidiennes, à la rencontre d'êtres uniques qui livrent leurs expériences et leur culture avec bienveillance et tendresse. Un beau récit aux pages lyriques poignantes !

 

Présentation de l'éditeur : Editions La Découverte

 

L'usage du monde, Nicolas Bouvier, Dessins de Thierry Vernet, Editions La découverte, mars 2014, 432 p., 11 euros

 

Lu dans le cadre du Blogoclub organisé par Amandine et Florence et consacré aujourd'hui aux récits de voyage. Le livre retenu était Dans les forêts de Sibérie de Sylvain TESSON, que j'avais déjà lu.

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Plus haut que la mer de Francesca MELANDRI

Publié le par Hélène

♥ ♥

Paolo et Luisa sont à bord du même bateau qui les emmène sur l'Ile sur laquelle est située la prison de haute sécurité dans laquelle sont emprisonnés leurs proches. Le fils de Paolo a été condamné pour actes terroristes, quand le mari de Luisa, un homme violent, a tué deux hommes. A l'issue de la visite, le mistral empêche le bateau de quitter l'île, obligeant Luisa et Paolo à dormir sur place, logés et surveillés par le gardien Nitti Pierfrancesco. Une étrange complicité se lie alors entre les trois protagonistes en ce lieu alliant violence de l'univers carcéral et beauté de la nature.

"Il repensa aussi à toutes les choses vues aujourd'hui dont il n'aurait su dire le nom. Les drôles d'oiseaux au corps ramassé qui scrutaient l'eau pendant que Nitti pêchait. La grande variété d'arbres qui bordaient le chemin de terre. Les rochers de consistance et de couleur si différentes."

Luisa et Jacob sont deux personnes très seules, elle est seule à élever ses cinq enfants et à s'occuper de sa ferme, et lui a perdu sa femme peu de temps après l'arrestation de son fils. Nitti, quant à lui, s'éloigne de sa femme, il est gagné peu à peu par ce métier qui aliène l'humanité des hommes et a honte de ce qu'il devient. Ensemble, ils effectuent un voyage vers la lumière, vers l'humanité et la joie grâce aussi à la beauté de l'île.

L'île d'Asinara, http://www.gusto-arte.fr/

Par le biais de ces beaux personnages, Francesca Melandri  met en lumière l'impact de la prison vu de l'extérieur, du point de vue de ceux qui sont libres, gardiens carcéraux, ou famille des détenus. Au-delà de cet univers, elle nous parle de ces rencontres subtiles, inattendues et pourtant tellement puissantes que leurs vagues sismiques n'en finissent pas de se faire ressentir dans les âmes...

Ce que j'ai moins aimé : un peu trop court à mon goût, j'aurais aimé que quelques passages poétiques soient développés

 

Présentation de l'éditeur : Folio

D'autres avis : Babélio

 

 

Plus haut que la mer, Francesca Melandri, Folio,Trad. de l'italien par Danièle Valin,  mars 2016, 224 p., 7.25 euros

Publié dans Littérature Europe

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L'ordre du jour de Eric VUILLARD

Publié le par Hélène

"Les plus grandes catastrophes s'annoncent souvent à petits pas."

Nous sommes le  20 février 1933. Le parti nazi cherche à lever des fonds, et il fait appel à de puissantes entreprises allemandes capables de les financer. "Ils s'appellent BASF, Bayer, Agfa, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telefunken. Dans les coulisses du pouvoir, la grande catastrophe arrive effectivement à petits pas, à coups de tractations et marchandages...

"Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d’épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l’Assemblée ; mais bientôt, il n’y aura plus d’Assemblée, il n’y aura plus de président, et, dans quelques années, il n’y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants."

Eric Vuillard, tel un chef d'orchestre obséquieux nous entraine dans les coulisses de l'Anschluss. Dans son court roman il s'intéresse aux détails de l'histoire pour mieux en éclairer la scène. Il raconte les scènes moins connues, dissèque l'Histoire pour en extraire le quotidien d'hommes et de femmes pris comme des individus et non plus comme des entités broyés par le cours des évènements. De fait la responsabilité de ces individus ressort plus durement et l'absurdité qui mène à l'horreur glace le sang...

Ce que j'ai moins aimé : Pour moi il s'agit plus d'un documentaire, d'un essai que d'un roman, genres auxquels je suis moins sensible. Les évènements sont racontés sans mettre l'accent sur des personnages ou une intrigue, l'auteur raconte seulement des scènes marquantes de l'histoire. Alors oui, le style marque les esprits, mais mon âme romanesque s'est sentie délaissée... Pour rappel , j'avais déjà été déçue par 14 juillet pour les mêmes raisons...

 

Prix Goncourt 2017

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

Du même auteur : Tristesse de la terre

 

L'ordre du jour, Eric Vuillard, Actes sud, mai 2017, 160 p., 17 euros

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Révélation brutale de Louise PENNY

Publié le par Hélène

♥ ♥

On ne peut pas retourner au bonheur de l’ignorance ?

L'inspecteur Gamache se rend à nouveau dans le petit village de Three Pines car un mort a été retrouvé dans le bistrot d'Olivier, au coeur du village. Personne ne semble connaitre la victime, un ermite, mais Gamache et son équipe va rapidement s'apercevoir que les non-dits sont nombreux. L'arrivée dans le village d'un projet de Spa bouleverse l'ordre calme et tranquille.

L'âme du village vibre toujours avec ses habitants emblématiques comme Ruth et son canard au look vestimentaire tendance, Clara et Peter et leurs projets artistiques à la rivalité qui couve, Olivier et ses secrets. Mais toujours cette entraide et cette volonté de préserver le village de la violence. Malheureusement, ce sont les émotions qui gouvernent les hommes, et celles-ci peuvent s'avérer incontrôlables...
"L'inspecteur-chef l'avait mis en garde : on ne voit pas ce qui tue, d'où le danger. Ce n'est ni un revolver, ni un couteau, ni un poing. C'est une émotion. Rance et putride. Attendant l'occasion de frapper."

La jalousie, les rancoeurs, les silences et mensonges engloutissent les âmes les plus pures, tant la recherche du bonheur inhérente au genre humain reste aléatoire et compliquée. L'art peut sauver un temps, par la révélation brutale qu'il provoque.

Ce cinquième volet des aventures de l'inspecteur Gamache nous porte aux rives de l'automne, au coeur d'une atmosphère en clair-obscur propice aux secrets, aux regrets et aux remords. Placé sous le patronage de Walden, il prouve combien il est difficile à l'homme de ne pas être rongé par une conscience affamée.

"'Un homme est riche en proportion du nombre de choses qu'il peut arriver à laisser tranquilles." Walden

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

D'autres avis : Babélio

Du même auteur : Nature morte ♥ ♥ ♥  ; Le mois le plus cruel ♥ ♥   ; Défense de tuer ♥ ♥ ♥ 

La série dans l'ordre :

  1. Nature morte
  2. Sous la glace
  3. Le Mois le plus cruel
  4. Défense de tuer
  5. Révélation brutale
  6. Enterrez vos morts
  7. Illusion de lumière
  8. Le Beau Mystère
  9. La Faille en toute chose
  10. Un long retour
  11. La Nature de la bête
  12. Un outrage mortel

 

Révélation brutale, Louise Penny, Actes Sud, Babel, juin 2016, 9.90 euros

 

 

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Facteur pour femmes de Didier QUELLA-GUYOT et Sébastien MORICE

Publié le par Hélène

♥ ♥

1914. Le glas de la guerre sonne sur une petite île bretonne, comme partout ailleurs, les hommes sont mobilisés et quittent femmes et enfants pour se confronter à l'horreur. Maël est exempté en raison de son pied-bot, il reste seul homme au milieu des femmes qui se languissent de leurs maris et compagnons... Maël est chargé de la distribution des lettres, ce qui lui permet de se rapprocher de ces dames qui ne tardent pas à s'attacher à ce jeune homme vigoureux...

Il ne tarde pas à maitriser l'art de la séduction face à ces femmes esseulées toutes prêtes à tomber dans ses bras ... Il prend alors sa revanche sur ces hommes qui le considéraient comme l'idiot du village et avaient tendance à se moquer de lui. Mais à trop mépriser la moralité, la situation risque fort de se retourner contre lui...

Les dessins magnifiques sont fidèles à ce pays breton aux paysages changeants et l'intrigue promet des surprises étonnantes... Un très bel album original !

 

Présentation de l'éditeur : Grand Angle

D'autres avis : Babélio

 

Facteur pour femmes, Didier Quella-Guyot, Sébastien Morice, Grand Angle, septembre 2015, 120 p., 18.9 euros

 

Retrouvez la BD de la semaine chez Mo

 

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