Ce recueil se compose de plusieurs essais écrits en 1936 et 1937, publiés en 1950. Noces à Tipasa évoque un «jour de noces avec le monde». Sur la plage de Tipasa, dans les odeurs sauvages de l'été d'Algérie, un jeune homme, fils d'une «race née du soleil et de la mer», chante sa joie de vivre dans la beauté et son orgueil de pouvoir aimer sans mesure.
Le vent à Djemila. Au crépuscule, dans le décor tragique d'une ville morte traversée par le vent, l'auteur exprime sa «certitude consciente d'une mort sans espoir». Mais l'horreur même de cette mort ne l'en distraira pas. Jusqu'au bout, il sera lucide. L'été à Alger. Description psychologique d'une ville sans passé qui ignore le sens du mot vertu, mais qui a sa morale et où les hommes trouvent «pendant toute leur jeunesse une vie à la mesure de leur beauté».
Le désert. Partant de la leçon des grands peintres toscans, l'auteur s'approche de cette «double vérité du corps et de l'instant... qui doit nous enchanter mais périr à la fois». Il découvre que l'accord qui unit un être à sa vie, dans un monde dont la beauté doit périr, est la «double conscience de son désir de durée et son destin de mort». Notre salut est sur la terre où le bonheur peut naître de l'absence d'espoir.
Cassavetes disait "L'espoir bien sûr, c'est que les gens restent fous."
En 2014, alors qu'il loge à New-york, Benoit Cohen, réalisateur français, décide de devenir chauffeur de taxi pour puiser dans cette expérience l'inspiration pour un scénario car "c'est une fenêtre sur la folie, l'énergie, la diversité et la violence de cette ville." Mais n'est-ce pas plutôt un prétexte pour côtoyer des inconnus plutôt que rester seul à écrire à son bureau ? Il se forme dans une école du Queens, puis au volant de l'emblématique yellow cab il arpente les rues de la ville.
"A chaque fois qu'un passager entre dans mon taxi, tout est possible. Il y aura des moments sans intérêt, comme des heures de rushes filmés dont je ne me servirai pas, mais aussi des situations extraordinaires, j'en suis sûr et je sens que, comme chez un acteur, le travail sur la longueur va infuser en moi. "
Pendant un an il vit les difficultés de ces chauffeurs taxés de façon excessive, entre les PV, la Fourrière, les violences induites. Il raconte les rencontres ordinaires, les rencontres improbables, les moments d'attente, de solitude, les fictions naissantes. "Comment parler de New York sans y inclure la fiction ? Tout est fiction ici, bigger than life. Tout est référence."
Il montre finalement l'envers du décor, l'envers du rêve américain, la précarité de ces travailleurs de l'ombre qui s'imaginent gagner rapidement de quoi devenir riche...
Benoit Cohen pensait tirer un film de cette aventure mais le projet se transforme finalement en un récit publié chez Flammarion (Yellow cab). Cet ouvrage traversé de souvenirs personnels, de références cinématographiques et de réflexions sur le processus créatif, est ici mis en valeur par le talent de Chabouté sous la forme d’une bande dessinée. Une aventure sensible, profondément humaine, devenue un album au graphisme époustouflant qui rend un vibrant hommage à la plus célèbre des cités américaines.
«PISTE D'OBIRI. DANGER. D'ICI À OBIRI, LA CHALEUR,LES SABLES MOUVANTS ET AUTRES DANGERS RENDENT LA TRAVERSÉE EXTRÊMEMENT PÉRILLEUSE. EN CAS DE PANNE, N'ABANDONNEZ JAMAIS VOTRE VOITURE.» Katie et Shaw bravent les avertissements et se lancent sur cette piste, contraints et forcés car une créature mi-homme mi-animal semble décidée à les éliminer. Doivent-ils rebrousser chemin et affronter leur assaillant ? Ou continuer leur course folle sur cette piste qui semble mener droit en enfer ? Ils se lancent dans le désert avec comme consigne de ne jamais abandonner leur véhicule, une personne à pied ne pouvant survivre que deux heures dans le désert de l'outback, car on se retrouve rapidement à 300 km de la prochaine station service où trouver ravitaillement, carburant et présence humaines. Cette course poursuite s'avère dangereuse à plus d'un titre...
Comme l'indique son titre, A toute berzingue est un roman d'action pure autour de ce drame, avec cet homme sorti du fond des âges préhistoriques, homme sauvage aux instincts meurtriers. C'est sans doute le bush australien qui permet la naissance de cet homme, lieu de la sauvagerie pure, propre aux drames primitifs. Là-bas, plus de 1600 personnes sont portées disparues tous les ans et jamais retrouvées. Le roman ne révèle rien sur les motivations de l'homme qui les poursuit, il est juste animé par ce besoin de tuer et cette chasse permet aussi de mettre en avant les mauvaises décisions qui décident de notre destin.
Un roman prenant digne des meilleurs films d'action !
"Ne serait-ce pas délicieux, ne serait-ce pas merveilleux, un été de solitude ? Pendant des semaines, quel bonheur de se réveiller en sachant qu'on est à soi, rien qu'à soi et à personne d'autre ?"
Cet été Elizabeth décide de ne recevoir personne. Voilà trois ans qu'elle est installée à la campagne, à Nassenheide en Prusse, et elle souhaite profiter de son été pour observer "tout ce qui se passe dans mon jardin. (...) Les jours de pluie, je m'enfoncerai au plus profond des bois, là où les aiguilles de pin sont toujours sèches ; quand le soleil brillera, je m'allongerai dans la bruyère et observerai le flamboiement des genêts contre les nuages. Mon bonheur sera constant puisque personne ne sera là pour le troubler." Son mari "L'homme en Colère", semble sceptique, persuadée qu'Elizabeth va rapidement s'ennuyer et réclamer à nouveau de la compagnie. Mais le jeune femme bénéficie déjà de compagnie triée sur le volet : ses compagnons sont ses auteurs fétiches : Jane Austen, Heine, Miss Mitford, Goethe, Ruskin, Lubboc, White, Thoreau bien sûr, Hawthorne, Montaigne, et tant d'autres à qui elle voue un amour sans failles : "Quelle bénédiction d'aimer les livres ! Tout le monde doit aimer quelque chose, et je ne connais aucun objet digne d'être autant aimé qu'un livre et un jardin."
Elizabeth se promène jour et nuit dans son jardin, contemple le miracle de la nature, s'enivre du parfum des fleurs :
"Le calme et la beauté de ce matin paraissaient d'autant plus merveilleux que nous associons le jour au bruit des voix, au va-et-vient pressé des passants, à la monotonie du travail qui procure la nourriture nécessaire à notre survie, et aux repas qui permettent de reprendre le travail qui procurera la nourriture... Là, le monde avait les yeux grand ouverts mais n'appartenait qu'à moi. J'étais seule à respirer l'air pur, les parfums entêtants, à entendre le rossignol, à me réchauffer au soleil. Pas un mot déplacé, pas une manifestation d'égoïsme, rien qui ternisse la pureté miraculeuse de l'univers que Dieu nous a donné."
Elle se fond dans le cycle de la nature, consciente de l'importance des saisons. L'hiver est en effet nécessaire pour "connaître la face sombre de l'existence.""Le thermomètre descend à moins vingt degrés Réaumur, et vous êtes obligé de descendre avec lui jusqu'aux vérités élémentaires."
Lovée dans son jardin, seule, Elizabeth rencontre finalement un bonheur calme et serein :
"D'ailleurs, il n'est guère de plaisir qui ne soit à la portée de tout un chacun. Allez vous promener dans la campagne, ou, plus simplement encore, installez-vous sur le seuil de votre porte et ouvrez les yeux La nature, la généreuse nature vous a préparé mille spectacles : les premières fleurs, encore toute pâles, qui apparaissent au milieu des halliers ; une anémone qui se détache contre le bleu du ciel ; la première neige en automne ; les grands vents qui chassent les derniers miasmes de l'hiver ; l'odeur chaude des pins -on croirait des mûres - lorsque le soleil les frappe, le premier soir de février assez beau pour qu'on s'aperçoive que les jours rallongent - derrière les arbres sombres dont les branches, couvertes de gouttes de pluie, ressemblent à des rangs de perles, s'étend une bande de ciel couleur jaune pâle ; l'émotion douce qui vous saisit lorsqu'on comprend que l'hiver s'en est allé et que le printemps est là ; l'odeur des jeunes mélèzes, quelques semaines plus tard ; le petit bouquet de primevères que vous ne pouvez vous empêcher d'embrasser tant il est doux et beau et parfait, et aucun baiser au monde n'est plus délicieux."
Mais la guerre gronde et menace son fragile équilibre solitaire...
Elizabeth Von Arnim nous offre ici un petit précis d'hédonisme parfait pour l'été qui s'annonce !
Sauvé de l’orphelinat par une famille bourgeoise et aimante, Isaac devient artiste peintre. Il se consacre à son art sur la côte sauvage de Floride dont la luxuriance le fascine. Un jour de 1914, tandis qu’il navigue dans la baie voisine, il rencontre Kemper, une héritière rebelle à la famille étouffante dont il tombe immédiatement amoureux. Tous deux se construisent un refuge sur la côte du Golfe, loin des bruits du monde. Mais le bonheur est de courte durée : les drames qui déchirent la famille de Kemper et la Première Guerre mondiale mettent en danger leur union.
"Si vous restez suffisamment longtemps silencieux dans un lieu sauvage, vous vous éveillez aux mouvements gigantesques de votre cœur. Ce frémissement que vous éprouvez, indicible et constant, est celui des vies qui sont égarées dans la vôtre. Il ne vous appartient pas de les ramener ou d'en tenir compte, et ce ne fut en fait jamais le cas." p 287
L'auteur s'est inspiré de l'artiste Walter Inglis Anderson "dont le travail témoigne de la beauté et de la fragilité de la côte du golfe du Mexique comme de celles de l'esprit humain"
Ce que j'ai moins aimé :
A quoi tient l'intérêt que nous ressentons pour un livre ? Celui-ci avait tout pour me plaire, des passages sur la nature et le monde de l'art, des personnages marquants, tout cela serti par les éditions Gallmeister qui est mon éditeur de cœur. Et pourtant la magie n'a pas eu lieu, la rencontre ne s'est pas faite. Je ne me suis pas attachée aux personnages, je n'ai pas été portée par l'intrigue et les passages censément poétiques sur la nature m'ont laissé de marbre.
Pour l'anecdote je l'avais déjà commencé il y a plusieurs mois, puis abandonné, et je l'ai repris avec le même ennui, même si cette fois-ci je suis allée au bout de ma lecture.
"La loyauté ce n'est pas tout se dire, c'est se dire l'essentiel."
Amaia Salazar, détachée de la Police forale de Navarre, suit une formation de profileuse au siège du FBI dans le cadre d'un échange avec Europol. Enquêtrice hors paire à l'intuition singulière, elle est repérée par l'agent Dupree qui se lance sur les traces d'un tueur en série qui profite des catastrophes naturelles pour camoufler ses assassinats. Mais Amaia comprend rapidement que les meurtres en question suivent une logique qui ne doit rien au hasard des cyclones. Alors que l'ouragan Katrina menace le sud des Etats-Unis et que tous les habitants fuient la région, l'équipe se rend sur place, persuadée qu'un nouveau meurtre s'apprête à être commis.
Le personnage d'Amaia porte l'essentiel du roman, sa profondeur, son intelligence, sa sensibilité liée à son passé et son enfance marquante, tout concourt à la rendre terriblement humaine. "Une perle rare, un être capable de raisonner avec toute la logique scientifique du monde, et aussi sensible à l'invisible que le Petit Prince." La face nord du cœur symbolise l'ombre tapie en chacun de nous, ce que l'être humain porte en lui de sombre ou de secret loin de l'image formée pour les autres. Tout le talent de l'autrice et d'avoir su incarner cette ambivalence de l'être humain en ce personnage lumineux.
L'autre atout majeur du roman tient dans l'intrigue mélangeant subtilement rationnel et surnaturel issue des croyances vaudous. La frontière est ténue entre les deux mondes et ce cyclone apocalyptique permet les résurgences des croyances ancrées dans le folklore de la région.
En effet, le décor est lui aussi inquiétant et fascinant : Katrina fait rage, et un paysage de désolation voit peu à peu le jour. Les habitants attendent les secours perchés sur des toits, ayant tout perdu, d'autres se réfugient dans des stades, les lois n'ont plus cours, le pillage s'organise, les dégâts matériels et humains liés à la puissance de l'ouragan sont considérables.
Dans ce paysage dévasté, ce qui sauve encore l'être humain tient justement en son humanité.
"C'était un fait indiscutable, vérifié dans tous les lieux où l'homme avait survécu, des champs de bataille aux camps de réfugiés, des hôpitaux militaires aux couveuses de nouveau-nés. Quand les consignes n'avaient plus de sens, quand l'épuisement s'emparait des corps et des âmes, quand continuer ou non faisait débat : il n'existait aucune force aussi rédemptrice que le contact humain."
Pour ceux qui connaissaient sa trilogie de la vallée du Baztan (constituée des romans suivants : Le gardien invisible, De chair et d'os, Une offrande à la tempête), il s'agit ici d'un préquel de la série (que je vais m'empresser d'aller découvrir...)
Alors qu'il étudie dans une université de Virginie, l'étudiant étranger décide de partir trois mois durant l'été dans les montagnes du Colorado pour un job d'été en tant qu'ouvrier agricole temporaire. Le trajet qui le mène là-bas est déjà riche en expérience : il rencontre des malfaiteurs en faisant de l'auto-stop, puis une jeune femme nommée Amy qui le marque durablement, et est confronté à un cyclone.
Arrivé au cœur des forêts du Colorado il rencontre des êtres tout aussi fascinants : Bill, homme mystérieux qui semble fuir quelqu'un ou quelque chose, Dick, et son regard insensé de cascadeur et Mack, qui l'initie aux secrets de la forêt.
Il s'agissait d'un de mes livres préférés quand j'avais vingt ans (c'est à dire hier), et si je reconnais l'impact de ce roman, je n'ai pas été aussi enthousiaste quelques années après. Il faudrait peut-être laissé les romans de notre jeunesse dans un écrin de souvenirs sans chercher à les en extraire, pour garder le souvenir intact et puissant.
Il s'agit réellement d'un roman d'apprentissage, nourri par le fantasme de l'ouest américain, à l'image de la nature qui l'enserre : à la fois magnifique et grandiose, mais aussi tenant en son sein une violence potentielle. Il s'agit également d'un roman de jeunesse, largement autobiographique, de cette expérience le narrateur ressortira grandi, porté par ces rencontres. Pour résumer, une lecture agréable !
A noter que ce roman fait suite à L'étudiant étranger mais que les deux peuvent se lire indépendamment.
"Champagne et campagne, même combat. Mêmes bulles d'allégresse. Même mot, fondamentalement. Qui sait encore qu'au Moyen-Age tout ce qui n'était pas la ville, tout ce qui était territoire sauvage s'appelait la champagne ?" p. 207
Au bord du lac de l'Oie dans les Laurentides se côtoient des amoureux de la nature venus se réfugier loin des contingences bruyantes et aliénantes de la ville. Lila Szach est la propriétaire de ce domaine qu'elle défend jalousement. D'autres écorchés de la vie sont venus se réfugier sur ces terres préservées : Claire qui écrit des scénarios, Simon et son kayak, Jérémie le neveu de Simon, Violette qui fuit l'horreur de sa vie. Autour d'eux rôdent les Clémont, prédateurs inquiétants.
En pleine nature, l'être humain a tendance à revenir à l'essentiel, à retrouver l'accord perdu avec ce qui l'entoure. Si Lila aime se rouler dans la mousse, Simon préfère se laisser porter par l'eau sur son kayak pour que ses soucis coulent dans les tréfonds du lac. Dans l'innocence de l'enfance, Jérémie quant à lui communique avec les esprits de la nature. La forêt devient à la fois lieu de guérison et d'émerveillement pour ces êtres déracinés, perdus dans un monde trop grand pour eux.
"C'était l'été, comment avait-elle osé douter de l'été ? c'était l'été dans son infinie luxuriance, trente degrés à l'ombre et le soleil au zénith, c'était l'aboutissement grandiose de toutes les explosions commandées par le jeune roi été, et elle Lila Szach, mortelle si incomplète, on lui permettait de se rouler dans la jeunesse parfaite de l'été aux côtés des grives solitaires, des frédérics mélodieux, des rudbeckias, des marguerites foisonnantes, de la sève ruisselant aux doigts des épinettes, des petits chevreuils sur leurs pattes de deux mois, des vanesses amiral aux robes de satin noir et blanc, des maringouins à la musique aigrelette et des chanterelles recommencées, des sublimes chanterelles..." p. 180
La nature qui entoure les êtres est aussi source d'apprentissage, ils retrouvent leur statut animal, avec ses pulsions, ses heurts, la paix intérieure ne s'offrant pas si facilement. Mais ils prennent aussi conscience de la beauté du monde à préserver, à observer dans un amour inconditionnel pour l'infiniment petit.
"Elle se voyait affalée sur elle-même à dorloter sa noirceur et à en redemander et ça lui faisait soudain horreur. Quitte ça, quitte ça. Elle sortait de sa tête à grands coups de respiration et elle recommençait à voir et à entendre, les fougères, les monotropes et les pyroles, et tout ce temps la cigale qui n'avait pas cessé de l'interpeller ni les frédérics et les troglodytes de s'épuiser en récital, et elle se redressait vite au risque de s'occasionner des étourdissements - quel sacrilège d'ignorer les vrais spectacles réjouissants pour s'en inventer des douloureux, quel sacrilège et quelle sottise." p. 173
Cette nature millénaire leur apprend la vie qui passe et ne revient pas, comme les saisons, la mort qui les guette au détour d'un chemin, les épreuves de la vie, faites de hasards et d'aléas...
Lila est comme la grande prêtresse des lieux, sauvage et humaine à la fois. Elle enseigne au petit Jérémie la sagesse , en transformant par exemple son "Faites que le mois d'août n'arrive jamais." en "Faites que je traverse le mois d'août sans encombre." "Tout était dit dans cette formule en apparence anodine. Ne crois jamais que les obstacles - en l’occurrence le mois d'août- vont se dissiper par miracle. Ne crois jamais que tu ne pourras pas les affronter." p. 175
Un récit magnifique aux confins du monde qui nous enjoint à ne pas perdre notre capacité d'émerveillement !
Alors que ses parents partent en Europe pour les vacances, Grady McNeil, dix-sept ans demande à rester pour passer l'été à New-York, seule dans l'appartement familial. Seule... ou presque, puisque la jeune femme est en effet tombée amoureuse de Clyde, gardien de parking à Broadway.
Ce contraste entre une jeune fille de bonne société new-yorkaise tombant amoureuse d'un gardien de parking pourrait être au cœur de l'intrigue, mais ce ne sont pas tant les différences sociales qui sont ici analysées que les sentiments purs et entiers nés de l'adolescence, persuadée d'avoir raison pour l'éternité. Clyde doit inconsciemment évoquer chez Grady le goût de l'interdit, l'envie de provoquer et de s'extraire d'un milieu conventionnel incarné par Peter, mais il est surtout l'homme des premiers émois, des premières palpitations. Seulement derrière la légèreté apparente de ce premier amour, se tapit les conséquences bien plus graves et irrévocables. La comédie romantique peut facilement vaciller vers la tragédie !
Ce livre est écrit par le jeune Truman Capote entre dix-neuf et vingt-neuf ans. Longtemps ignoré, même si Capote en parle dans sa correspondance, il est retrouvé en 2005 lors d'une vente aux enchères. Bien qu'inachevé, dans le sens où l'auteur estimait ne pas l'avoir mené à la perfection, il est finalement publié, tant la finesse psychologique de Truman Capote transparait dans ce récit écrit pourtant par un jeune homme de vingt ans. Sa concision renforce son efficacité et force est de constater que la puissance d'évocation de l'auteur était déjà présente en filigrane dans ces pages, certes non encore totalement aboutie, mais tellement lumineuse qu'il aurait été dommage de ne pas en témoigner.
Piombino est une petite ville de Toscane plombée par le soleil italien. Loin d'être un lieu touristique, c'est une ville qui vit dans l'ombre de l'aciérie Lucchini, entreprise réelle qui employait plus de vingt mille ouvriers dans les années 1960 et qui en emploie deux mille aujourd'hui.
La jeunesse traine sur les plages, désœuvrée, observant au loin l'île d'Elbe, comme un eldorado qui les extrairait de cette lourdeur physique et sociale. Les garçons jouent des muscles et les filles roulent des hanches, pour oublier dans la superficialité d'un instant les dures conditions de travail des parents et l'absence prégnant d'avenir pour tous. Les mères de famille rêvent de s’abstraire de cette pesanteur mais baissent les bras, les pères sont ou violents ou démissionnaires, les jeunes filles aux rêves de starlette basculent dans des univers troubles, et les jeunes hommes s’obstinent à rester attachés à cette usine quand ils n’optent pas pour des trafics louches. Anna et Francesca, quatorze ans, errent dans cette ville piégée, rêvant d'évasion.
Silvia Avallone a un talent indéniable pour nous happer dans son monde. Dés les premières pages, elle nous plonge dans cet univers estival et nous fait ressentir les tensions sexuelles gravitant autour de ces deux jeunes filles débordantes de vie et de beauté. Elles incarnent magistralement cette jeunesse hésitant encore entre le monde naïf de l’enfance dans lequel rien ne porte à conséquence et le monde adulte, beaucoup plus âpre. Malgré cela, l’ensemble est lumineux, éclairé par l’amitié de ces adolescentes incandescentes.
Il s'agit ici du premier roman de l'autrice, et nous retrouvons dans les suivants cette même intensité dans la description de l'adolescence.