Anaïs Nin est mariée à un banquier qui a laissé de côté ses ambitions pour se concentrer sur sa carrière. Ils vivent à Louveciennes en région parisienne. La jeune femme ressent une angoisse diffuse dans cette vie d'épouse, livrant ses affres à son journal intime. Elle souhaite être écrivain, et rencontre alors Henry Miller, qui l'encourage à suivre sa voie.
Les dessins magnifiques témoignent avec douceur et bienveillance de la libération de la jeune femme, qui s'affranchit des codes de son époque et de son sexe pour trouver sa propre voie vers la liberté et le plaisir. A travers son destin, on assiste à la naissance de la psychanalyse, avec la prise en compte des rêves, si bien que les frontières s'estompent entre rêve et réalité, pour célébrer la création sous toutes ses formes.
Roald Dahl raconte ses années d'enfance, les différentes écoles fréquentées, mettant en avant quelques anecdotes marquantes. Dans chaque établissement fréquenté, il insiste sur les maltraitances rencontrées : « J’ai été horrifié par ce privilège accordé aux maîtres et aux grands élèves d’infliger des blessures, parfois très graves, à de jeunes enfants. Je ne pouvais pas m’y habituer. Je n’ai jamais pu. » p 117
J'ai de fait regretté qu'il n'insiste pas plus sur ses amitiés, sur sa famille. Je m'attendais de plus à un récit plus humoristique que cela.
Lu par un de mes élèves de 3ème qui a bien accroché au début, s'identifiant au narrateur, mais finalement à la moitié du livre, a perdu le fil.
François PLACE Le vieux fou de dessin
Quatrième de couverture : Il était une fois au Japon, au cœur du XIXe siècle, un petit vendeur des rues, nommé Tojiro. Le jeune garçon rencontre un jour un curieux vieil homme. C'est Katsushika Hokusai, le vieillard fou de dessin, le plus grand artiste japonais, le maître des estampes, l'inventeur des mangas. Fasciné par son talent, Tojiro devient son ami et son apprenti, et le suit dans son atelier…
Mon avis : je trouvais intéressant de faire découvrir Hokusaï aux plus jeunes, mais ce petit roman est un peu trop expéditif à mon goût, ne permettant pas de s'attacher au narrateur ni au peintre.
Mon élève, en 3ème également, a eu la même impression. Passionnée par le dessin de mangas, elle a été déçue. Néanmoins, cela a eu le mérite de lui faire découvrir Hokusaï qu'elle ne connaissait pas du tout. Le livre est plus adapté à un enfant de 9 ans qu'à une adolescente de 14 ans.
Truites et cie et John GIERACH
Les chroniques de ce recueil nous immerge dans le monde des pêcheurs à la recherche du meilleur emplacement, de la meilleur mouche, technique. De fait, si on ne s'intéresse pas vraiment à la pêche il est difficile de se concentrer sur ces histoires. Il me semble que j'avais déjà tenté la lecture de cet auteur avec le même résultat (ICI) : un manque d'intérêt prégnant !
L'entreprise créée par Polly et son mari fait faillite, et son mariage coule également. Polly décide alors de repartir à zéro en trouvant refuge dans un petit port de Cornouailles, sur une île. Dans ce petit village rythmé par les allers venues des marins, elle essaie tant bien que mal de faire sa place et décide de se lancer dans la confection de pains.
Ce que j'ai aimé :
J'ai apprécié l'ambiance du bord de mer, les embruns, les pêcheurs, l'activité de ce petit port de pêche qui est bien mis en scène, comme préservé des défauts de la ville, même si, peu à peu, il assiste à l'afflux progressif de nouveaux habitants en quête "d'authenticité".
L'autrice se serait inspirée du Saint Michael's Mount situé en Cornouailles pour écrire son roman.
Les bluettes amoureuses restent des bluettes sans grand intérêt, nous sommes résolument dans de la chick lit, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de profondeur dans l'analyse des personnages et de leur psychologie... Même les drames s'effacent rapidement et ne laissent que peu de stigmates...
Bilan :
Une lecture légère dont il ne faut pas trop attendre.
D'autres tomes suivent Une saison à la petite boulangerie et Noël à la petite boulangerie
Chaque été neveux et nièces se rendent chez Richard et Héléna, au bord des falaises de Cornouailles, dans leur grande maison qu'agrémente une pelouse de camomille. Cet été là, la jeune Sophy est amoureuse d'Oliver, lui-même fasciné par Calypso qui, elle, virevolte à droite et à gauche. Nous sommes en 1939 et tout risque bientôt de basculer.
Par la suite tous se souviendront de cet été et de cette pelouse comme du temps de l'insouciance.
La narration superpose deux époques : quarante ans plus tard, certains des cousins et tantes se rendent à un enterrement, et se remémorent ces périodes troublées, et les relations décomplexées créées par la guerre et ses conséquences. Les couples sont libres, trouvant un équilibre bienheureux hors des schémas classiques, personne ne juge, car tous sont habités par l'urgence de vivre.
Un roman qui m'a fait pensé à la saga des Cazalet, mais en plus ramassé et intense. J'ai apprécié le vent de liberté qui court en ces pages !
Cornouailles, 1947. Le père Bott se prépare pour une oraison funèbre bien particulière : l'hôtel Pendizack situé sur la falaise s'est effondré avec l'éboulement de la falaise et a disparu avec sept résidents.
L'histoire revient alors quelques jours en arrière pour présenter les locataires et propriétaires de cet hôtel.
Ce que j'ai aimé :
-Le suspens : qui de tous ces protagonistes sera épargné ? Comment évitera-t-il la catastrophe ?
- Les personnalités sont très différentes : de nombreux couples, ceux qui se forment, ceux qui se quittent, ceux qui ne se supportent plus, ceux qui sont ensemble par obligation, ceux qui se cherchent, mais aussi des enfants, aimés, moins aimés.
Cet apologue raconte la révolte d'animaux de la ferme, qui ne souhaitent plus se laisser spolier par les fermiers qui ne produisent rien personnellement mais exploitent la production des animaux. Ils renversent donc les fermiers et prennent la tête de la ferme, bien décidés à travailler dur pour eux mêmes. Mais tout ne se passe pas comme prévu, l'égalité qui devait être de mise est remise en question peu à peu par certains cochons.
« Ces scènes d’épouvante et ces massacres, ce n’était pas ce que nous avions appelé de nos voeux la nuit où Sage l’Ancien avait exalté en nous l’idée du soulèvement. Elle-même se fut-elle fait une image du futur, ç’aurait été celle d’une société d’animaux libérés de la faim et du fouet : ils auraient été tous égaux, chacun aurait travaillé suivant ses capacités, le fort protégeant le faible, comme elle avait protégé de sa patte la couvée de canetons, cette nuit où Sage l’Ancien avait prononcé son discours. Au lieu de quoi – elle n’aurait su dire comment c’était arrivé – des temps sont venus, où personne n’ose parler franc, où partout grognent des chiens féroces, où l’on assiste à des exécutions de camarades dévorés à pleines dents après avoir avoué des crimes affreux. »
Si Orwell s'en prend à la révolution russe à travers ces allégories, il condamne surtout toutes le formes de totalitarisme et de tyrannie et ces hommes prêts à tout pour asseoir leur domination plutôt que de mettre en avant les valeurs démocratiques de justice. Le roman met à mal les régimes totalitaires qui contrôlent les esprits et endoctrinent la population grâce à la propagande notamment. La leçon est plus philosophique et la morale est universelle : les hommes face au pouvoir perdent souvent toute mesure et sagesse.
« Bien sûr, j’ai conçu ce livre en premier lieu comme une satire de la révolution russe. Mais, dans mon esprit, il y avait une application plus large dans la mesure où je voulais montrer que cette sorte de révolution (une révolution violente menée comme une conspiration par des gens qui n’ont pas conscience d’être affamés de pouvoir) ne peut conduire qu’à un changement de maîtres. La morale, selon moi, est que les révolutions n’engendrent une amélioration radicale que si les masses sont vigilantes et savent comment virer leurs chefs dès que ceux-ci ont fait leur boulot. "
— George Orwell, « Lettre à Dwight Macdonald. 5 décembre 1946 »
"C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume."
Basil Hallward est tombé sous le charme du jeune Dorian Gray et il lui offre son portrait. Emporté par son enthousiasme, le jeune homme formule le voeu de ne jamais vieillir et de laisser le portrait vieillir à sa place. Et de fait, alors que le jeune Dorian est emmené sur une pente noire, le portrait seul subit les changements dus au temps et au mode de vie dépravé de Dorian. En reprenant le mythe de la jeunesse éternelle, l'auteur se penche ainsi sur les influences sur le destin d'un homme : il aura suffit de la lecture d'un roman, d'une rencontre avec Lord Henry pour que Dorian bascule...
Lorsqu'il parut, en 1890, ce conte philosophique, social, noir et fantastique, fut considéré comme immoral. Réflexion sur l'art, sur la morale, ce roman d'une richesse incroyable demande plusieurs lectures pour en bien comprendre toute l'intensité...
La jeune Robin, assistante de Cormoran Strike, reçoit un colis contenant la jambe tranchée d'une femme. Cormoran pense qu'il s'agit d'une vengeance le touchant personnellement. Il fait alors l'inventaire des hommes capables d'une telle action, et rapidement quatre profils ressortent. Cormoran se lance alors à leur recherche épaulé par Robin qui est sur le point de se marier.
Ce que j'ai aimé :
J'ai pris plaisir à retrouver les protagonistes de la série.
Ce que j'ai moins aimé :
- La crudité de certains détails peut mettre mal à l'aise car ils plongent dans des perversités difficilement imaginables.
- Les personnages traqués sont nombreux et j'ai eu quelquefois tendance à me perdre entre les différents profils.
- L'histoire traine un peu en longueur (736 pages tout de même, il faut tenir le rythme !).
Bilan :
Une série que l'on a plaisir à retrouver même si elle souffre de quelques maladresses.
"Ma chérie, c'est pour cela que la vie est faite : courir des risques."
Mary est une jeune veuve courtisée par un futur vice roi des Indes et par Rowley, homme beaucoup moins recommandable. En effet, cette femme remarquable ne laisse pas les hommes indifférents. De séjour à Florence, elle devra faire des choix déterminants...
Ce que j'ai aimé :
- Les descriptions de la Toscane sont magnifiques :
"Il y a quelque chose dans cet air léger de la Toscane qui vous émeut au point que toute impression physique met en branle des correspondances spirituelles. Vous ressentez la même émotion que, par exemple, en écoutant la musique de Mozart, mélodieuse et gaie avec un arrière-fond de mélancolie, qui vous remplit d'un si parfait contentement que vous vous trouvez comme affranchi de l'empire de la chair. Pendant quelques minutes bénies, toute grossièreté temporelle est épurée, toute confusion s'ordonne en une harmonieuse perfection"
- Paradoxalement, le format resserré donne de l'ampleur aux sentiments des personnages, pris dans une urgence liée à l'intrigue. Ils doivent agir vite, prendre des décisions rapidement, décisions qui impacteront leur vie future.
- Si Rowley m'a semblé quelque peu contradictoire, Mary apparait comme un personnage touchant, entre errance et ennui, victime de ses élans.
Bilan :
Une première découverte de cet auteur très réussie ! Je vais sans tarder me pencher sur d'autres œuvres de lui !
"Le bonheur n'est pas un objet à posséder, c'est une qualité de pensée, un état d'âme."
La jeune narratrice rencontre Max de Winter alors qu'elle séjourne à Monte Carlo comme dame de compagnie de Mme Van Hopper. Max a 42 ans et vient de perdre sa jeune femme accidentellement. Malgré leur différence d'âge (elle a 20 ans et lui 42), ils se rapprochent, et à l'issue de son séjour, Max lui propose de l'épouser et de l'emmener vivre à Manderley, son magnifique manoir situé en Cornouailles. La jeune fille, conquise, accepte même si elle sait qu'elle devra prendre sur elle pour s'adapter à un milieu qui n'est pas le sien. Arrivée à Manderley, elle se heurte surtout au souvenir de Rebecca, la première femme de Max, qui semble avoir laissé un souvenir idéal dans l'esprit de tout un chacun. La narratrice, jeune et timide, jalouse cette femme sui semble tellement parfaite.
Après avoir fait la connaissance de la narratrice et de Max, sachez-le, vous ne pourrez plus les quitter avant de connaitre leurs sorts respectifs. Vous vous attacherez à la jeune narratrice, innocente, peinte de façon tellement subtile et intelligente, vous vibrerez de timidité à ses côtés, vous douterez, vous jalouserez Rebecca, comme elle, vous vous ferez surprendre... Sachez-le, vous tomberez indéniablement sous le charme de cette grande demeure, Manderley, et les descriptions somptueuses, sensibles, vous enchanteront. Le style vous emportera, et vous n'aurez qu'un regret : avoir terminé votre lecture trop vite.
Un seul conseil :précipitez-vous sur ce roman et savourez-le !
"J'aurais voulu rester ainsi, sans parler, sans écouter les autres, retenant ce précieux moment pour toujours, parce que nous étions tous paisibles, satisfaits, et même un peu somnolents comme l'abeille qui bourdonnait autour de nous. Dans quelques instants, ce serait différent ; demain viendrait, puis après-demain, puis l'année prochaine. Et nous serions changés peut-être, nous ne nous retrouverions jamais plus assis exactement ainsi. Les uns s'en iraient, ou seraient malades, ou mourraient ; l'avenir s'étendait devant nous, inconnu, invisible, autre peut-être que ce que nous désirions, que ce que nous prévoyions. Mais cet instant était assuré, on ne pouvait pas y toucher. Nous étions assis ensemble, Maxim et moi, la main dans la main, et le passé et le futur n'avaient aucune importance. "