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Une maison de poupée de Henrik IBSEN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Nora est mariée depuis huit ans avec Torvald Helmer qui s'apprête à devenir directeur de banque. Son mari a tendance à l'infantiliser, et si jusqu'ici la jeune femme a accepté passivement cette situation, un enchainement de désagréments provoque un changement brutal ... Nora mûrit et comprend la nécessité de s'émanciper de ce couple néfaste qui l'enferme dans une "maison de poupées".

"Je n’y crois plus. Je crois que je suis avant tout un être humain, avec les mêmes droits que toi, ou que du moins je dois tâcher de l’être. Je sais que la majorité des hommes te donnera raison et, que ces idées sont imprimées dans les livres, mais maintenant je ne puis penser à ce que disent les hommes et à ce qu’ils impriment dans les livres. Je ne sais rien, mais je vais tout tirer de moi-même. Il faut que je forme moi-même mes idées là-dessus, et que j’essaye de m’en rendre compte.

Je vois aussi que les lois ne sont pas ce que je croyais, mais que ces lois soient justes, cela je ne puis l’admettre. Qu’une femme n’ait pas le droit d’éviter un souci à son vieux père moribond, et de sauver la vie à son mari, cela n’est pas possible."

Nora aspire à d’éduquer par ses propres moyens pour devenir un être libre qui pourra alors seulement s’entretenir d’égal à égal avec un homme, au sein d’un couple. Mais la pièce n'est pas seulement une critique des rôles des hommes et des femmes dans le mariage, elle condamne plus largement toute situation d’enlisement dans le conformisme social. Réflexion sur l’asservissement consenti aux autres – par habitude, lassitude ou crainte – sur la contrainte et la servitude sociales – notamment au regard d’autrui et à la rumeur, Ibsen met en avant différentes dépendances aliénantes comme l'argent, le milieu social, l'hérédité ou encore cette morale des apparences, "skinnmoral" qui représente tout un ensemble d’attitudes superficielles et ostentatoires incarnées ici par Helmer. 

En claquant la porte, Nora refuse désormais tout type de dépendance et, seule dans la nuit, s'éloigne vers elle-même...

Présentation de l'éditeur : Actes sud

Publié dans Théâtre

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Calme plat de Charles WILLIAMS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Les êtres humains confinés dans des lieux trop étroits étaient apparemment sujets aux lois de la friction moléculaire et de l'échauffement, comme les gaz sous pression."

Alors qu'ils sont en lune de miel tous les deux sur un bateau voguant sur l'Océan Pacifique, Ingram et Rae remarquent un bateau immobile à l'horizon, puis un canot qui s'approche de leur bateau avec à son bord un jeune homme épuisé, physiquement et moralement. Ce dernier leur raconte que les passagers de son bateau sont morts d'une intoxication alimentaire et que son bateau coule. Mais des éléments mystérieux poussent Ingram à se rendre sur ledit bateau... A ses risques et périls...

Si vous ouvrez ce livre, sachez que vous ne pourrez plus le refermer tant le suspens vous prend ! Le calme plat n'est qu'apparent tant les âmes des protagonistes sont complexes, agitées par des soubresauts angoissants. Le huis clos renforce cette tension montant crescendo sur cette mer d'huile que rien ne vient troubler.

Le roman a été adapté au cinéma par Phillip Noyce avec Nicole Kidman et Sam Neill en 1989 sous le titre Calme blanc, puis par Orson Welles en 1970 sous le titre The Deep.

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur : Le bikini de diamants

Mois de novembre : On mène l'enquête

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Vive la marée de PRUDHOMME et RABATE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

La vie comme elle va, durant un été, au gré de la marée...

Le procédé même qui consiste de passer d'un personnage à un autre au détour d'une image s'ancre dans cette atmosphère légère et volatile des vacances, quand l'esprit se laisse emporter au gré de ses divagations et des bribes de conversations captées.

Le monde et ses actualités est mis en sourdine, en bruit de fond, comme un écho lointain que l'on souhaite oublier, dans une volonté de rester déconnecté un temps, trop peu longtemps, des violences qu'il apporte.

Ici, les conversations ne servent à rien, elles restent légères et superficielles, mais elles créent finalement un lien social ténu.

 

L'insouciance est le seul mot d'ordre, le temps s'écoule doucement et les minutes se sertissent d'or au fil des jours. Les petits riens mis bout à bout ressemblent étrangement à ce qu'on pourrait appeler le bonheur...

 

Présentation de l'éditeur : Futuropolis

Des mêmes auteurs :

Rabaté Alexandrin ou l'art de faire des vers à pied

Prudhomme Rébétiko

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La patience des buffles sous la pluie de David THOMAS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Ceux qui me connaissent et me suivent depuis longtemps, savent combien La patience des buffles sous la pluie compte pour moi. Lu en 2009, je l'ai découvert lors du jury du prix Orange du livre, et je n'ai eu de cesse de le défendre et de le mettre en avant par la suite. Quand j'ai décidé de me lancer dans l'aventure des blogs en 2010, c'est lui que j'ai choisi comme premier billet de blog. Aujourd'hui, il est réédité aux éditions de l'Olivier, en poche - à un prix modique sans aucune inflation - et je ne peux que vous encourager à nouveau, que dis-je vous exhorter, vous supplier, d'aller découvrir ce recueil !

Pourquoi, me demanderez-vous, dans un éclair de méfiance, vague réminiscence d'un discours prônant la sobriété ? Parce que si nous n'usons pas d'humour, d'ironie, de satire sur notre quotidien volontiers désenchanté par des politiques déconnectés, la lumière de l'optimisme risque de s'éteindre et de nous laisser désarmés dans un monde absurde. David Thomas évoque dans ses textes la quintessence du quotidien d'un humain ordinaire. Un homme qui a su prendre du recul sur lui-même, qui sait se moquer de ses travers, qui a compris que la vie n'a pas de sens, mais qui continue malgré tout, pauvre Sisyphe fatigué, à bâtir des chimères. Le couple notamment est au centre de ces chimères, puisque nous continuons pertinemment d'y croire, nous accrochant follement aux souvenirs des premiers moments, quand l'usure et le quotidien ont enseveli élan et passion sous une couche tenace d'aigreur et reproches.

Et pourtant, l'espoir est humain et continue à battre en nos veines, nous susurrant doucement que rien n'est irrémédiable pour qui sait prendre du recul...

La dérision et l'esprit critique permettent de nourrir en nous l'espoir d'une humanité un peu plus intelligente et qui se tournerait peut-être - enfin - vers la sagesse...

"Je dirais que La patience des buffles sous la pluie fait partie de ces livres à la fois formidablement simples et sobrement raffinés qui nous rendent intelligibles à nous-mêmes, qui nous rattachent les uns aux autres, nous donnent envie de tenir debout et de nous ancrer encore plus profondément dans cette étrange activité suicidaire qu'est la vie." Préface de Jean Paul Dubois

Présentation de l'éditeur : Editions de l'Olivier

Du même auteur Un silence de clairière ♥ ♥; Je n’ai pas fini de regarder le monde ♥ ♥ (Nouvelles) ; On ne va pas se raconter d'histoires ♥ ♥ ♥ (Nouvelles) ; Hortensias ♥ ♥ ♥ ; Le poids du monde est amour ♥ ♥ ♥ (Nouvelles) ; Un homme à sa fenêtre ♥ ♥ ♥ (Nouvelles)

 

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Un été avec Homère de Sylvain TESSON

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Pourquoi espérer l'au-delà au lieu d'accomplir passionnément son chemin d'humain dans la panoplie du réel dévoilé par le soleil ?"

Durant l'été 2017, France Inter diffusait une série d'émission durant lesquels Sylvain Tesson nous emmenait naviguer en Grèce sous l'égide de L'Iliade et L'Odyssée. L'écrivain s'est retiré sur une île des Cyclades pour écrire ses textes, il s'est laissé bercer par le rythme et la lumière si particulière, et surtout par les récits homériques à la poésie envoûtante. De ces récits atemporels il retient la "substantifique moelle" pour enrichir sa pensée et la faire résonner avec les aventures d'Achille ou Ulysse.

"Être païen consisterait à se tenir devant le spectacle du monde et à l'accueillir sans rien espérer -aucun lendemain qui chante (cette tartufferie !), aucune vie éternelle (cette farce !). Il ne faut rien chercher d'autre que les signes de ce qui advient."

*

"L'amour et la haine, le pouvoir et la soumission, l'envie de rentrer chez soi, l'affirmation et l'oubli, la tentation et la constance, la curiosité et le courage. Rien ne varie sur notre Terre. (...) Mais tous, nous portons dans nos cœurs une Ithaque intérieure que nous rêvons parfois de reconquérir, parfois de regagner, souvent de préserver?"

*

"Que retient-on de ces premiers chants de l'Odyssée ?

La vie nous impose des devoirs.
Il importe d'abord de ne pas transgresser la mesure du monde.

S'il faut réparer un forfait commis, il ne faut pas dévier de sa course ni renier les objectifs fixés.

Enfin, ne jamais oublier l'individu que l'on est, ni l'endroit d'où l'on vient, ni l'endroit où l'on va."

Ces émissions constituent une belle façon de découvrir ou redécouvrir ces chants immémoriaux tout en savourant les éclairs de Sylvain Tesson.

 

Du même auteur :  Une vie à coucher dehors ♥ ♥ ♥ ♥ (Nouvelles) ; Dans les forêts de Sibérie ♥ ♥ (Récit de voyage)Géographie de l’instant ♥ ♥ ♥ ♥ (Récit de voyage) ; S'abandonner à vivre ♥ ; Aphorismes sous la lune ♥ ♥ ♥ ; Sur les chemins noirs ♥ ♥ ♥ ♥ (Récit de voyage) ; La panthère des neiges ♥ ♥ ♥ (Récit de voyage)

Retrouvez le podcast ici : France Inter

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Les printemps sauvages de Douna LOUP

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

La narratrice passe son enfance à vagabonder sur les chemins aux côtés de sa mère, à la recherche de son frère. Elles dorment dans des champs, travaillent dans les fermes, habitent des cabanes lovées dans la forêt. Puis vient le temps des premières amours, la jeune femme découvre sa sexualité et s'éloigne de sa mère.

"Je sors, je jette, je cours, je crie dans les sentiers, j'écris des mots sous la lune et je contemple le ciel mordoré comme une gamine en oubliant l'heure du coucher, les "il faut que" et tous les supplices que je m'imposais. C'en est fini d'être triste ici-bas, c'en est fini de geindre et de soupirer, on avance, c'est trop court, c'est trop précieux la vie, tout peut être perdu en un instant, alors se morfondre c'est inutile. Avancer."

Dans une écriture poétique portée par la lumière, Douna Loup nous invite à un retour à l'essentiel, à la nature et à sa beauté et ses merveilles.

"Sur les sentes sauvages du monde je n'ai ni nom ni sexe, mais pour seule certitude d'exister et de confluer comme toutes les espèces animale, végétales, minérales.

J'avance.

Sur les sentes sauvages de la forêt.

Je noie mon corps et deviens transparente, je froisse l'air.

Fougères frôlantes."

Un très beau texte !

 

Présentation de l'éditeur : Editions Zoé

Publié dans Littérature Europe

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Que sur toi se lamente le tigre de Emilienne MALFATTO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

« Nous sommes un pays de mutilés, d’ensanglantés, un pays d’ombre et de fantômes » p 80

Dans l'Irak d'aujourd'hui, une jeune femme s'est donnée à son fiancé et est tombée enceinte. Malheureusement son fiancé meurt à la guerre, la condamnant également à la mort puisque « L’honneur est plus important que la vie. Chez nous, mieux vaut une fille morte qu’une fille mère.» Son frère la tuera donc pour venger l'honneur.

Elle raconte sa dernière journée, secondée par les autres membres de la famille qui eux aussi prennent la parole dans des monologues qui prouvent combien la parole est bridée derrière les apparences lisses. Chacun est complice du meurtre mais présenté comme une victime enfermée dans un système qui détermine leur condition, leur rôle et pèse sur leurs épaules. La mère elle-même avoue avoir recréé pour sa fille une prison : « J’ai justifié mon monde en le reconduisant. » Ils ne parviennent pas à s'abstraire du poids des traditions, même si, peut-être, le plus jeune des frères rayonne comme seule lueur d'espoir « je suis celui qui, peut être, ne sera pas un assassin ". Les femmes aussi, en se révoltant, en racontant, pourront se révolter face à cette société profondément patriarcale, comme le prouvent les mouvements liées à la mort de Mahsa Amini récemment en Iran.

Deux autres fils narratifs s'entremêlent au récit de la jeune femme : celui du fleuve Tigre, témoin des destins tourmentés et de toute l'histoire du pays hantée par les guerres et la violence « J’ai baigné les califes et les princesses aux longs cheveux. Aujourd’hui, Bagdad la tourmentée déverse en moi ses vomissures, sa bille et ses blessés. », et l'autre fil de l'épopée de Gilgamesh, certains épisodes étant relatés pour insister sur l'universelle fatalité du destin des hommes et mettre en valeur la puissance des mythes et de la littérature quand ils nous interrogent sur les grandes questions de la condition humaine, la vie, la mort, le bonheur, la liberté.

Un roman essentiel, puissant, poétique, de ceux qui rappellent combien la fiction est importante pour donner la parole à ceux et celles que la société s'évertue à bâillonner.

Présentation de l'éditeur : Elyzad

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Le cirque des merveilles de Elizabeth MACNEAL

Publié le par Hélène

♥ ♥

Angleterre, 1866. Nell est vendue par son père comme phénomène de foire au cirque des Merveilles tenu par Jasper Jupiter. En effet des taches de naissance constellent son corps et le directeur du cirque lui prépare un numéro qui mettra en avant ses différences. D'abord affectée par cette nouvelle vie, Nell finit par trouver sa place, se liant d'amitié avec d'autres artistes et se rapprochant de Toby, le frère de Jasper.

L'originalité de l'autrice est de ne pas offrir un monde blanc ou noir de ces pratiques, quelquefois cela permettait à ces êtres différents de s'intégrer dans un monde, de gagner leur vie, et de devenir des "merveilles" mises en lumière par la mise en scène, quand pour d'autres, cela signifiait être arraché à sa famille d'origine, être vendu de cirques en cirques comme un quelconque objet.

Ce que j'ai moins aimé :

Ma lecture fut laborieuse, peut être parce que je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages réellement. J'ai trouvé trop de longueurs autour de l'histoire de Dash que l'on devine rapidement, si bien que cela crée un faux suspens
Bilan :

Mitigé !

Présentation de l'éditeur : Les presses de la cité

Il m'a fait penser à La vie qu'on m'a choisie que j'avais préféré !

Publié dans Littérature Europe

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Un profond sommeil de Tiffany Quay Tyson

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Mississipi 1976. Alors qu'elle était sous la surveillance de son frère Willet et de sa soeur Roberta, la petite Pansy disparait. Les trois enfants jouaient dans une ancienne carrière alors que leur père leur avait interdit d'y errer en raison des esprits malveillants qui planaient sur le lieu. Les soupçons se portent vers leur père, lui aussi introuvable, mais les pistes restent sans issues. Willet et Roberta toutefois ne renoncent pas à retrouver à la fois leur petite soeur et leur père. Leur quête les mènera bien des années plus tard au cœur des Everglades.

Ce que j'ai aimé :

L'atmosphère des bayous est fascinante, hantés par des croyances multiples, des mythes, des histoires dangereuses, source de mille fantasmes :

"La superstition et les légendes populaires renferment plus de pouvoir que la science et la logique. L'inconnu se pare de mythe et de légende. Les fissures de l'univers physique se voient saupoudrées d'imaginaire : fantômes et diables, esprit et dieux. Les gens veulent des explications. Les gens veulent des réponses. Personne ne peut supporter l'incertitude de l'inconnu."

En arrière plan se profilent les luttes incessantes pour que les noirs, mais aussi les femmes puissent vivre de façon décente. Que le roman évoque la traque des noirs ou la condition féminine avec les avortements ou accouchements clandestins, il le fait avec intelligence en procédant par touches successives, qui peu à peu dévoilent les secrets qui enveniment le présent des personnages...

Ce que j'ai moins aimé :

Le rythme reste lancinant.

Bilan :

Un roman fascinant, parfaitement maitrisé.

Présentation de l'éditeur : Sonatine

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Une, deux, trois de Dror MISHANI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Trois femmes croisent la route d'un assassin qui les séduit, jouant sur leurs failles pour les prendre dans ses rets. La première est enseignante à Tel-Aviv, divorcée, elle s'occupe de son fils Erann fortement marqué par le divorce de ses parents. Très seule, la jeune femme s'inscrit sur un site de rencontres et commence à fréquenter Giul. La deuxième, Emilia vient de Lettonie, et s'occupe des personnes âgées, un métier difficile, d'autant plus qu'elle n'appartient pas au même pays. Elle demande des conseils au fils avocat d'un de ses patients. La troisième rédige laborieusement sa thèse dans un café et croise Giul dans ce même lieu.

Loin d'être un roman policier haletant, Une deux trois tend plus vers l'analyse sociale, s'attachant à ces femmes esseulées qui constituent des proies tellement faciles pour les prédateurs... La mécanique de Giul est rôdée, et cet être froid et calculateur agit méticuleusement !

La structure du roman est originale, s'attachant en trois parties aux pas des jeunes femmes, la tension montant crescendo.

Une belle découverte !

Présentation de l'éditeur : Gallimard

Prix mystère de la critique 2021

Publié dans Roman policier Europe

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