Le aye aye est un lémurien minuscule qui vit en toutes petites colonies à Madagasar. Au début des années 90 Gerald Durrell monte une expédition à Madagascar pour capturer quelques aye-aye et les ramener dans son zoo à Jersey pour les préserver. Il raconte ici avec humour cette aventure si particulière. Il fait bien sûr d'autres rencontres comme le propithèque de Cocquerel, le requin marteau avec qui il se retrouve nez à nez, mais aussi des canards et des tortues.
Gerald Durrel œuvrait pour la sauvegarde des espèces menacées et ses trois fondations continuent aujourd’hui son travail : "Les animaux, disait-il, sont la grande majorité mais ils ne votent pas et ne peuvent pas faire entendre leur voix. Ils ne peuvent survivre sans notre aide."
Le ton décalé humoristique est agréable, même si ce petit livre est moins jubilatoire que la trilogie de Corfou que je vous conseille vivement !
"Au début de Qui es-tu Alaska ? (John Green), le héros, Miles, quitte le domicile familial. « Pourquoi ? » demandent ses parents à qui il répond : « François Rabelais, le poète, a dit sur son lit de mort : “Je pars en quête d’un Grand Peut-Être.” Voilà ma raison. Je ne veux pas attendre d’être mort pour partir en quête d’un Grand Peut-Être. »
Ce « Grand Peut-Être », c’est celui de l’adolescence, ce moment très intense durant lequel tout est encore possible. Par extension, c’est aussi celui de la littérature ado, une littérature de l’intensité, des premières et dernières fois. Une littérature qui s’autorise les grands sentiments grâce aux histoires d’amitié les plus banales ou aux quêtes les plus épiques !
Cartes et lampe torche à la main, partez à l’exploration de ce paysage littéraire grâce à plusieurs entrées : historique, liste des romans incontournables, réflexions thématiques (la famille, la diversité, la révolution..), portraits de personnalités qui ont compté… Ce livre de référence vous donnera les outils et les pistes balisées pour arpenter une littérature au moins aussi riche à défricher que n’importe quel territoire littéraire… Mais comme pour tout chemin, le hors-piste est vivement conseillé !
En quête d’un grand peut-être s’adresse aux passionné·es comme aux curieux·ses, aux lecteur·rices et aux professionnel·les.
Pour faire respirer le propos, dix nouvelles inédites de dix auteurs et autrices reconnu.es : Clémentine Beauvais, Anne-Laure Bondoux, Marie Desplechin, Timothée de Fombelle, Anne-Fleur Multon, Carina Rozenfeld, Thomas Scotto, Stéphane Servant, Julia Thévenot et Flore Vesco."
MON AVIS :
J'ai apprécié ce guide aux multiples références contemporaines dans lequel ados et adultes pourront aller puiser. Ma fille de 13 ans a déjà repéré quelques titres qui lui permettront de poser pour un temps ses Cathy Cassidy -je l'espère- ... Les nouvelles inédites permettent d'entrer par la petite porte dans l'univers d'un auteur, pour ensuite, donner envie de lire plus avant. Des dossiers thématiques ouvrent aussi à des lectures ciblées comme la famille ou la sexualité,
Parmi les livres sélectionnés, j'ai retrouvé de nombreux coups de cœur, ce qui me laisse penser que les autres romans mentionnés me plairont tout autant :
Derrière la façade dorée des couples, les histoires se nouent, se dénouent, chacun cache des petits secrets à l'insu des autres pour ne pas lézarder cette façade si difficile à entretenir. De fait, il est facile de juger l'autre trop hâtivement, facile de ne pas prendre la peine de le comprendre et de suivre plutôt le groupe, de signer une pétition en se fabriquant des excuses fallacieuses. Jusqu'au jour où quelque chose craque... Ainsi, le roman s'ouvre sur une mort, à la fête de l'école. En remontant le fil du temps, et en se focalisant sur trois femmes à la croisée du chemin, les secrets se révèlent au fur et à mesure pour expliquer cette mort. Jane est mère célibataire et elle vient d'emménager dans ce lieu paradisiaque avec son petit garçon. Elle rencontre Madeline, qui la prend rapidement sous son aile, et Céleste, une femme fascinante, elles aussi mères de famille. Les mères sont prêtes à tout pour protéger leurs enfants, mais quelquefois leurs choix ne sont pas des plus pertinents...
Derrière les personnages et situations un brin caricatural, se tapissent des sujets bien plus graves et profonds. Les différents degrés du mal sont représentés, et ils commencent souvent par des détails, de la simple médisance, par un regard qui se détourne alors que l'autre a besoin de soutien, ou par une invitation refusée. La tension monte crescendo, et les masques tombent un à un.
Ghjulia Boccanera revient vers ses racines, la Corse : en effet Joe, son ancien compagnon fait appel à elle pour l'accompagner dans son village corse. sa jeune nièce Letiza, que connaissait Ghjulia depuis l'enfance, a été assassinée,peut-être en relation avec l'une des enquêtes journalistiques qu'elle menait. Dans les montagnes de l’Alta Rocca, Ghjulia se laisse gagner par la beauté de l'île, renoue avec ses habitants mutiques et discute avec un vieil homme à la main croche. L'atmosphère est brûlante entre des incendies qui ravagent certains terrains, des spéculations immobilières inappropriées et des vols d'oliviers lucratifs...
Cette héroïne attachante et a compris que "l'adaptation et l'humour sont les clés de la survie". Elle fait face à ses situations extrêmes, des corps brûlés, des parents qui ont perdu leur unique enfant, des couples qui vacillent, des habitants ruinés, elle se prend des coups, mais garde la tête haute, prête à sourire, à pardonner, à aller au delà des apparences, et à se faire finalement sa propre idée de la justice...
La fraicheur de son héroïne et son humour décalé permettent à l'auteur d'aborder des thèmes graves avec intelligence.
Le père en en prison et seul, il s'adresse à sa femme, et lui explique avec ses mots ses choix, ses sentiments profonds, ses colères. Il se souvient avec émotion du passé, de ce jeune nomade qu'il était et qui a accepté de s'implanter avec elle pour construire une famille et s'occuper de leur fils, loin du désert qu'elle méprisait. Ce fils, après l'emprisonnement de son père, a préféré se réfugier en ville chez des amis de ses parents plutôt que dans le désert cher à son père. Il raconte à son tour la cité, les luttes, les éblouissements, les plaisirs.
Deux voix s'entrecroisent pour former aussi en creux le portrait de cette femme absente et pourtant au cœur de leur univers. Ces deux portraits et personnalités sont aussi celles de la ville et du désert et des déracinés, dévoilant en creux ce que deviennent les hommes arrachés à leurs origines
Un texte fort, même si la forme constituée de monologues sans dialogues et centrés sur les sentiments est assez abrupte au premier abord.
Polly et Clary, les deux cousines ont dix-sept ans et souhaitent s'installer toutes les deux à Londres. Elles sont toutes les deux profondément attachées à Archie, l'ami de la famille qu'elles côtoient souvent. Il est le seul de la famille qui les considère comme des adultes, quand les autres les voient encore comme des enfants à qui il faut taire certains secrets. Louise, quant à elle, se marie et devient mère de famille. La jeune fille, qui avait rêvé d'une toute autre vie puisqu'elle se destinait à une carrière d'actrice, ne se sent pas à sa place dans cette vie de famille. Zoé ne croit plus au retour de Rupert et encore jeune, envisage de refaire sa vie, Edward s'embourbe dans ses infidélités. Rachel reste dévouée à sa famille vieillissante.
C'est un plaisir de retrouver ces personnages et de les voir grandir sous nos yeux avec leurs illusions et désillusions ! Les plus jeunes que l'on a connus enfants dans le tome 1 deviennent des adultes aux rêves bien plus terre à terre.
L'Histoire est toujours placée en arrière plan, discrète, comme en suspens, dans l'attente de l'armistice. Toutefois l'onde de ses impacts rejaillit sur des personnages, comme celui qui sera frappé de plein fouet par la découverte des camps de concentration, dont l'horreur innommable ne sera pas sans conséquence...
Les femmes évoluent au centre de ce tome, l'auteure choisissant de s'attacher principalement à leurs difficultés, quelques soient leurs choix de vie. Alors qu'elles pensaient que l'amour pouvait les sauver, elles découvrent la complexité des sentiments humains frappés dans leur destinée. Alors qu'elles s'imaginaient libres, elles sont irrémédiablement ramenées vers un homme ou un foyer.
Cette saga est une série dotée de personnages que l'on a plaisir à retrouver et à voir évoluer !
A l'aube de leur retraite, Ana, l'ancienne maire, et Zeno, libraire, se frôlent à nouveau. L'histoire d'amour de ces deux êtres se dévoilent alors, à rebours. Une histoire d'amour qui tient des rendez-vous manqués lancés par un destin farceur, de ces temporalités décalées qui séparent ou réunissent à loisir. Zeno, voyageur infatigable, aux prises avec une thèse de doctorant en physique qui n'en finit pas, a cet esprit libre et mystérieux qui fait son charme. Ana est plus posée, assumant ses choix politiques avec combativité et intelligence. Un lien indéfectible relie les deux êtres, malgré tout.
L'un sait qu'il peut compter sur l'autre, sur son écoute, qu'il soit à l'autre bout du monde ou à côté. Mais chacun a sa propre vie, ses rêves et ne s'interdit pas de les vivre en les sacrifiant à l'image finalement surannée du couple traditionnel. Ils décident de ne pas choisir finalement, de vivre comme ils l'entendent, libres.
La construction à rebours donne du sens au fur et à mesure aux actes, le passé éclaire le présent dans les deux sens du termes : il permet au lecteur de comprendre, mais il donne aussi plus de beauté et de lumière à cette histoire atypique.
Emile et Joanne sont comme deux âmes perdues qui vont se rencontrer à la croisée des chemins : lui apprend qu'il est atteint d'un alzheimer précoce et refuse de mourir branché à des machines, il décide donc de partir en camping car dans les Pyrénées. Pour trouver de la compagnie, il publie une petite annonce à laquelle répond Joanne, une étrange jeune femme assez fermée. Côte à côte ils se soutiennent, s'entraident et réapprennent à vivre en s'enrichissant mutuellement. Joanne apprend à Emile la méditation en pleine conscience, comme son passé s'efface et que son futur n'existera pas, lui reste le présent. Il apprennent à profiter de la beauté du monde, ici et maintenant, ils mangent des glaces à la lavande, parcourent des villages à la beauté époustouflante comme Eus, Peyriac de mer, l'étang du Doul, la vallée de Lescun.
"La vie n'en a jamais terminé. Il l'a bien compris. Tant qu'il décidera qu'il n'est pas mort, elle continuera de lui jouer de drôles de tours."
Leur parcours est aussi jalonné de rencontres marquantes, Myrtille, Sebastian, Hippolyte.
Ponctué de citations pertinentes, Paolo Coelho en tête, ce roman remue indéniablement, il pousse à réfléchir sur nos choix, sur nos vies, notre rapport à la terre, au monde. Comme dirait James Dean : "Puisqu'on en peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles" Un roman qui, délicatement, amène des remises en question.
Ce que j'ai moins aimé :
- Inutile de vous dire que vous devez préparer vos mouchoirs. J'ai regretté que l'histoire de Joanne soit aussi larmoyante également, je me demande si cela était tellement nécessaire d'appuyer sur le registre pathétique ?
Haute-Mauricie (Québec) Plusieurs personnages se retrouvent dans la forêt : Lorie, dont la mère Agathe a été assassinée en ces lieux un an auparavant, alors qu'elle faisait du camping sauvage, La vieille Mikona Awashish et sa fille, autochtones, Atikamekw l'agent de protection de la faune, André Chillas, mais aussi Le chauffeur de taxi, et une ourse qui attend des petits et souhaite le nourrir.
Un drame se trame, les point de vue alternent et font monter la tension dans un décor sauvage, pouvant se révéler à la fois fascinant et glaçant.
Ce que j'ai moins aimé :
L'intrigue est trop expéditive, comme s'il s'agissait d'un synopsis mais que rien n'était exploité, c'est dommage car elle tenait bien la route, mais en 150 pages tout est terminé alors qu'il y aurait eu possibilité de rédiger largement plus en exploitant chaque situation.
Bilan :
Prometteur, une auteure à suivre. Et pour ceux qui aiment les romans courts ... foncez !
Ce roman suit l'errance d'un adolescent chassé de son collège. Comme Holden ne souhaite pas rentrer chez lui tout de suite, redoutant les réactions de ses parents, il gagne du temps en errant dans une ville interlope, dans les bars, les boites de nuit, les hôtels.
Apparait alors un être angoissé, mal dans sa peau, et très attaché à sa petite soeur Phoebe. Il est un adolescent qui ne souhaite pas grandir, l'âge adulte est pour lui une plongée dans le vide, dans le consumérisme, la médiocrité, la déception assurée. Il aimerait rester l'enfant insouciant qui ne serait pas taché, perverti par la vie adulte.
Ce que j'ai moins aimé :
Cette errance aux côtés d'un héros peu attachant semble de jamais vouloir prendre fin.
Le style prétend mimer, voire singer celui d'un adolescent :
« On s’est rencontrés bicause ce dobermann qu’elle a, il avait pris l’habitude de venir pisser sur notre pelouse et chaque fois ma mère ça la mettait en rogne. »
"Les filles c'est comme ça, même si elles sont plutôt moches, même si elles sont plutôt connes, chaque fois qu'elles font quelque chose de chouette on tombe à moitié amoureux d'elles. "
"Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c'est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d'enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m'avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j'ai pas envie de raconter ça et tout. "
Bilan :
Il semblerait que cet adolescent rebelle, perdu dans une ville qui le rejette, ait inspiré quelques psychopathes notoires, dans ce sens, apprendre à le connaitre et dans une certaine mesure à le comprendre peut s'avérer éclairant...