A la disparition de son père, trois pirates apparaissent devant la jeune Sixtine pour veiller sur elle. d'années en années ils l'accompagnent, êtres fantômatiques qu'elle est seule à voir, ils l'épaulent, la conseillent. A l'âge de l'adolescente, la jeune fille s'intéresse à ses origines, au grand désarroi de sa mère qui semble vouloir garder le mystère sur leur passé. Il faut dire que elle doit se démener avec des soucis financiers qui les obligera peut-être à quitter leur maison.
Sixtine est une jeune fille hors norme, "élevée" par des pirates qui n'ont peur de rien, elle a hérité de leur côté casse-cou, plus important pour elle que les apparences et les rumeurs des copines du lycée. Elle est accompagnée par des amis fidèles qui vont l'aider dans la quête de ses origines. Ses drôles de pirates- fantômes, pas très fins, apporte une touche d'humour à ce tendre récit.
Si l'on retrouve les thèmes des récits jeunesse tels que les relations amicales, parentales, la mode, les influences des autres, l'école, des thèmes plus graves sont abordés avec délicatesse et tendresse : le deuil, la précarité, les différences sociales, le regard des autres.
Alliant action, mystères et humour cette série est une vraie réussite ! J'ai hâte de découvrir le tome 3 !
Le haïku japonais est souvent connu par le biais d'oeuvres masculines, qu'il s'agisse de Bashô, Shiki ou Buson. Elisabetta Trevisan a ainsi souhaité mettre en avant les femmes en réalisant une anthologie de haïkus de femmes, ceci en choisissant des textes issus du recueil Du rouge aux lèvres.
Elle a ainsi choisi 60 haïkus permettant de mettre en lumière des auteures classiques ou contemporaines comme Teijo Nakamura, Mornoko Kuroda, Nobuko Katsura. Elle balaie différentes thématiques, l'amour, la souffrance, la maternité, les enfants.
Pour illustrer ces haïkus, différents peintres des XVIIIe, XIXe et XXe siècles sont mis en avant : Utamaro Kitagawa, Goyo Hashiguchi, Suzuki Harunobu, Kiyoshi Saito...
Varg Veum est mandaté par une amie de son amie pour retrouver son mari disparu. Il se rend alors au large de Bergen sur ces îles battues par les vents. Il y est question d'un projet de parc éolien, la populations se divisant entre ceux qui ne veulent pas voir ces lieux défigurés et ceux qui appuient le dossier.
Ce roman bien conçu pointe du doigt les contradictions des écologistes, prêts à dénaturer l'environnement pour le sauver. En coulisses, les intérêts ne sont pas toujours aussi transparents qu'il y paraît. Au sein même des familles les avis divergent... Placé au centre des querelles, Varg Veum, fidèle à lui-même, tente de rester juste et équitable en tentant de défendre ceux qu'il aime.
Une série toujours efficace, entremêlant savamment intrigue policière et actualité.
Sarah profite d'un vide dans sa vie sentimentale et professionnelle pour s'installer dans une villa Belle Epoque de la ville d'hiver, sur les hauteurs d'Arcachon. Elle a alors envie de donner un sens à ce qui l'entoure et s'intéresse à la villa, mystérieusement nommé Teresa, et à cette ville d'hiver qui a abrité les tuberculeux pendant plusieurs siècles. Peu à peu, à la faveur de ses rencontres avec le libraire et d'un étrange notable de la ville bibliophile invétéré, elle plonge dans le passé de la ville, puis, par effet de résonance, dans le sien. Elle croise alors des personnages issus du passé comme le poète Gabriele d'Annunzio, ou encore la belle russe Eva, à la mort mystérieuse.
Ses recherches documentaires l'accaparent, la vie des morts se glissant dans les interstices de sa propre histoire, dans cette grande villa baroque, les extravagances des uns et des autres s'exacerbent.
Roman au rythme lancinant, s'adaptant aux errances de la jeune femme, La ville d'hiver est un roman d'atmosphère, exhalant un parfum suranné particulier. L'ambiance particulière de ces stations balnéaires désertées en hiver, entre charme incertain et tristesse prégnante est admirablement évoquée en ces pages.
"Pas un bruit ne montait vers elle, pas un frisson de vent. la nuit se retirait, le matin se levait. Attirée par le demi-jour qui créait dans la chambre, à travers les voilages, une atmosphère irréelle et changeante, elle était venue jeter un coup d’œil au jardin. Et c'étaient des images incendiées de soleil qu'elle voyait surgir, ramenées de très loin, d'une autre nuit et d'un autre décor vide, tout semblable à ce jardin désert."
Présentation de l'éditeur : Grasset / le Livre de poche
"Ne haïr personne, jamais, la tête dans les étoiles, toujours."
Quand le notaire Lebel lit aux jumeaux Jeanne et Simon le testament de leur mère Nawal, ils découvrent avec surprise qu'ils ont un frère et que leur père qu'ils croyaient mort est vivant. Leurs destins se trouvent bouleversés par ces révélations qui les poussent vers la découverte de leur identité. Ils remontent alors aux sources de leur enfance, lors de la guerre civile au Liban.
En 2011, lors d'une rencontre avec Josée Lambert, une photographe québécoise, Wajdi Mouawad entend parler de Souha Bechara, militante libanaise pendant la guerre civile qui a tenté, en 1988, s'assassiner Antoine Lahad, chef des milices chrétiennes du Sud Liban. Elle fut alors incarcérée pendant dix ans dans une prison. Ce témoignage et l'histoire de cette femme touche profondément Wajdi Mouawad : lui aussi a passé son enfance au Liban qu'il quitte à l'âge de 8 ans pour échapper aux conflits qui s'intensifient entre les communautés de son pays. A partir de cette femme, il imagine le portrait de Nawal. Nawal est cette femme qui cherche à casser le fil de la haine, le cercle infernal de la violence, parce que sa grand-mère lui a ordonné d'apprendre à lire et écrire pour sortir de la misère et de la haine. "Nous, [...] les femmes de notre famille, sommes engluées dans la colère depuis si longtemps ; j'étais en colère contre ma mère et ta mère est en colère contre moi tout comme tu es en colère contre ta mère. Toi aussi tu laisseras à ta fille la colère en héritage. Il faut casser le fil. Alors apprends... apprends à lire, à écrire, à compter, à parler : apprends à penser. Nawal. Apprends."
"Nous n'aimions pas la guerre ni la violence, nous avons fait la guerre et avons été violents. A présent , il nous reste encore notre possible dignité. Nous avons échoué en tout, nous pourrions peut-être sauver encore cela : la dignité."
L'écriture est un moyen pour l'auteur de retrouver le monde, un monde arraché par la guerre, par l'Histoire, les mots permettant de se lover à nouveau dans le monde de l'enfance et de l'enchantement.
"J'ai compris qu'il fallait choisir : ou je défigure le monde ou je fais tout pour le retrouver."
L'importance de la parole, du dialogue est en effet au centre du récit. Quand Hermile raconte un élément clé de la vie de Nawal que les enfants ne connaissent pas, Jeanne demande pourquoi Nawal lui a raconté cela, à lui, et non à eux. A quoi l'homme répond "Parce que je lui ai demandé !". Les êtres se livrent à ceux qui écoutent, non à ceux qui redoutent la parole. Cette parole est nécessaire pour dire, pour comprendre. Les discussions entre Nawal et Nawda agissent comme un miroir : deux faces, deux choix face à la guerre. Deux personnages que l'on comprend, que l'on approuve et désapprouve, dont les arguments résonnent en nous. N'est-il pas préférable dans ce cas de ne haïr personne, de ne pas prendre parti car "Tout parti est faillible et possible, aveugle et cohérent, rival et né d'un même sang." (postface Charlotte Farcet) ?
"Au journaliste qui me demandait quelle était ma position dans le conflit du Proche-Orient, je n’ai pas pu lui mentir, lui avouant que ma position relevait d’une telle impossibilité que ce n’est plus une position, c’est une courbature. Torticolis de tous les instants.
Je n’ai pas de position, je n’ai pas de parti, je suis simplement bouleversé car j’appartiens tout entier à cette violence. Je regarde la terre de mon père et de ma mère et je me vois, moi : je pourrais tuer et je pourrais être des deux côtés, des six côtés, des vingt côtés. Je pourrais envahir et je pourrais terroriser. Je pourrais me défendre et je pourrais résister et, comble de tout, si j’étais l’un ou si j’étais l’autre, je saurais justifier chacun de mes agissements et justifier l’injustice qui m’habite, je saurais trouver les mots pour dire combien ils me massacrent, combien ils m’ôtent toute possibilité à vivre.
Cette guerre, c’est moi, je suis cette guerre. C’est un «je» impersonnel qui s’accorde à chaque personne et qui pourrait dire le contraire ? Pour chacun le même désarroi. Je le sais. J’ai marché toute la nuit à la faveur de la canicule pour tenter de trouver les mots, tous les mots,tenter de dire ce qui ne peut pas être dit. Car comment dire l’abandon des hommes par les hommes ? Ébranlés, ébranlés. Nous sommes ébranlés car nous entendons la marche du temps auquel nous appartenons et aujourd’hui, encore, l’hécatombe est sur nous.
Il n’y a que ceux qui crient victoire à la mort de leurs ennemis qui tirent joie et bonheur de ce désastre. Je ne serai pas l’un d’entre eux même si tout concourt à ce que je le sois. Alors justement, comment faire pour éviter le piège ? Comment faire pour ne pas se mettre à faire de la politique et tomber ainsi dans le discours qui nous mènera tout droit à la détestation ?
Je voudrais devenir fou pour pouvoir, non pas fuir la réalité mais, au contraire, me réclamer tout entier de la poésie. Je voudrais déterrer les mots à défaut de ressusciter les morts. Car ce n’est pas la destruction qui me terrorise, ce ne sont pas même les invasions, non, car les gens de mon pays sont indésespérables malgré tout leur désespoir et demain, j’en suis sûr, vous les verrez remettre des vitres à leurs fenêtres, replanter des oliviers, et continuer, malgré la peine effroyable, à sourire devant la beauté. Ils sont fiers. Ils sont grands. Les routes sont détruites ? Elles seront reconstruites. Et les enfants, morts dans le chagrin insupportable de leurs parents, naîtront encore. Au moment où je vous écris, des gens, là-bas, font l’amour. Obstinément.
Je les connais. Ils ont trouvé une manière de gagner qui consiste à perdre et cela dure depuis 7000 ans (...) Ce qui est terrifiant, ce n’est pas la situation politique, c’est la souricière dans laquelle la situation nous met tous et nous oblige, face à l’impuissance à agir, à faire un choix insupportable : celui de la haine ou celui de la folie."
Wajdi Mouawad, Le Devoir, juillet 2006, extraits.
Un texte essentiel, pur, dur, pour aller au-delà de la haine... Enfin.
Récemment, une lectrice me demandait comment participer à des jurys littéraires. J'ai donc décidé de lister les jurys littéraires auxquels vous pouvez participer en tant que lecteurs. Je me suis référée pour ce faire aux dates d'inscription de 2018. J'en ai sans doute oublié, n'hésitez pas à m'en signaler pour que je les rajoute.
"Le gel de la fin de nuit avait racorni les dernières roses. Aux branches des arbres, dans le verger et sur les berges de l'étang, persistaient quelques feuilles oscillantes qu'un caprice retenait de tomber."
En ce 6 décembre 1870 Gaston Bazille est à la recherche du corps de son fils, Frédéric Bazille, mort à la guerre. Le jeune homme était un peintre talentueux, ami de Monet, un jeune homme attachant, touché en plein vol, fauché dans sa jeunesse. De cette amitié, est resté ce tableau de Monet, "Déjeuner sur l'herbe", quintessence de la joie insouciante de cette période de leurs vies.
La première partie du roman s'attache à ses pas, jusqu'à sa fin, tragique.
Puis, nous le quittons pour découvrir la merveilleuse Camille, les années de bonheur aux côtés de Monet, quelquefois dans la misère, quelquefois dans l'opulence, d'Argenteuil à Vétheuil.
Pour la dernière partie du roman nous retrouvons Claude Monet à Giverny, durant ses dernières années aux côtés de Blanche la fille de sa deuxième femme Alice. Sa vue décline, son moral aussi, éclairé par ses rencontres amicales avec Clémenceau.
"Il disait alors que la peinture, ce n'est ni le temps passé, ni l'éternité, c'est l'espace et le l'instant, le paysage et le temps, ce que durent les traces de pâtes vertes, bleues, jaunes et rouges répandues sur de la toile tissée serrée."
A cette période déclinante, il demande à ce que son oeuvre "Femmes au jardin" soit exposée à l'Orangerie, avec ses Nymphéas. cette toile figure Camille trois fois : de face et de profil, et à l'arrière-plan, elle fait apparaitre la jeune fille qu'avait aimé Frédéric. Ce tableau, Frédéric Bazille l'avait acquis pour que son ami ne meure pas de faim, et, à l'heure de l'enterrement, le corps du jeune homme avait été veillé sous le tableau, dans la propriété familiale des Bazille, sur les hauteurs de Montpellier.
"S'il avait donné son oeuvre à la France, ce n'était pas pour les quelques millions d'individus qui portaient le nom de Français aujourd'hui, mais pour le million et demi de jeunes hommes qui n'étaient pas revenus des tranchées, pour ceux qui étaient morts à sa place en 1870, et tous ceux-là, les millions d'hommes et de femmes qui avaient aimé, souffert, travaillé et rêvé sur ce morceau de terre, dans cette partie du monde, pour en faire sous le ciel changeant une des plus belles oeuvres humaines, le plus beau des jardins."
Dans ce roman délicat, au style impressionniste, Michel Bernard évoque avec tendresse les remords de Claude Monet, ces deux êtres partis trop tôt, en plein vol. En les mettant en lumière, il s'inscrit dans la lignée de Monet : offrir l'éternité aux aimés, par le merveilleux intermédiaire de l'art.
"La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit."
Jeanne, fille unique du baron et de la baronne Le Perthuis des Vauds, rejoint la demeure familiale après avoir passé plusieurs années au couvent. A l'orée de cette nouvelle vie, la jeune fille est impatiente, tout l'enthousiaste, même la pluie normande ne semble pas être un obstacle à son bonheur. Installée aux Peuples, elle n'est que ravissement, et sa rencontre avec Julien de Lamare sera l'apogée de cette période heureuse de sa vie. Rapidement, elle se marie avec le jeune homme, persuadée d'avoir trouvé l'amour dont elle rêvait au couvent. Malheureusement, Julien ne sera pas le mari aimant et bienveillant qu'elle espérait.
"Elle en voulait en son cœur à Julien de ne pas comprendre cela, de n'avoir point ces fines pudeurs, ces délicatesses d'instinct ; et elle sentait entre elle et lui comme un voile, un obstacle, s'apercevant pour la première fois que deux personnes ne se pénètrent jamais jusqu'à l'âme, jusqu'au fond des pensées, qu'elles marchent côte à côte, enlacées parfois, mais non mêlées, et que l'être moral de chacun de nous reste éternellement seul par la vie." p. 123
La jeune Jeanne ira alors de désillusions en désillusions, s'installant dans un ennui latent, un mal de vivre prégnant que rien ne vient combler.
"Mais voilà que la douce réalité des premiers jours allait devenir la réalité quotidienne qui fermait la porte aux espoirs indéfinis, aux charmantes inquiétudes de l'inconnu. Oui, c'était fini d'attendre.
Alors plus rien à faire, aujourd'hui, ni demain ni jamais. elle sentait tout cela vaguement à une certaine désillusion, à un affaissement de ses rêves." p. 136
Ce premier roman de Maupassant est une peinture remarquable des mœurs provinciales de la Normandie du XIXème siècle. Maupassant dénonce les lois sociales et les contraintes hypocrites qu'elles imposent aux femmes mais aussi les contraintes liées à la nature, pesant sur tout être humain. Si le roman est résolument pessimiste, il est porté par une écriture tellement belle qu'on en oublie la noirceur pour n'en retenir que la quintessence, la pureté.
De ce magnifique roman, Léon Tosltoï lui-même dira :
“Une vie est un roman de premier ordre ; non seulement c’est la meilleure oeuvre de Maupassant, mais peut-être même le meilleur roman français depuis les Misérables, de Victor Hugo (…). Cette fois la vie n’est plus, pour l’auteur, une suite d’aventures de débauchés; ici, le fond du roman, comme le titre l’indique, est la description d’une vie détruite, de la vie d’une femme innocente et charmante, prête à tout ce qui est noble, et détruite précisément par cette sensualité des plus grossières et des plus bestiales qui apparaissait à l’auteur, dans ses récits antérieurs, comme le phénomène le plus essentiel de la vie. Cette fois la sympathie de l’auteur se porte vers le bien”. Léon Tolstoï, Guy de Maupassant, Éditions de l’Anabase, 1995
Lors d'un malencontreux accident, Beam Sheetmire, dix-sept ans, tue un homme qui l'agresse. Aidé de son père, il se débarrasse du corps sur les berges de la rivière du Kentucky. Le père de Beam décide que le mieux pour lui est de fuir, d'autant plus qu'il découvre que la victime était le fils du caïd local Loat Duncan. Beam part alors, avec sur ses traces les sbires de Loat, prêts à en découdre.
Beam est un adolescent perdu qui ne sait pas bien se forger une identité, surtout après cet acte irrévocable :
"- Vous croyez qu'on peut changer qui on est ? demanda-t-il.
Pete se racla la gorge puis cracha dans le feu.
- Je dirais que c'est à peu près le seul choix que Dieu donne à l'homme. "
Oscillant entre lâcheté et courage, il fuit son passé, rencontrant en chemin des personnes qui tentent de l'aider ou de le couler.
Ce que j'ai moins aimé :
- Ce n'est pas une lecture qui me marquera, elle me semble bien volatile...
En 1873 Grace Marks, seize ans, est condamnée à la prison à perpétuité pour avoir assassiné son jeune employeur et sa gouvernante, avec l'aide de son petit ami, condamné à mort. Etait-elle victime, simple complice, conspiratrice ? A-t-elle feint la folie ? Nul ne le sait réellement. Le Docteur Jordan s'empare du dossier, bien décidé à plonger dans l'âme de Grace pour en sonder les profondeurs. Mais saura-t-il accéder dans ces recoins secrets de l'âme ?
Alors que sa mère le destine à une jeune femme aimante ordinaire, des visions apocalyptiques de ce que serait sa vie s'offrent à lui : "Sa mère croit-elle réellement qu'il puisse être séduit par une telle vision de lui-même - marié à Fidelia Cartwright et emprisonnée dans un fauteuil près de la cheminée, figé dans une sorte de stupeur pétrifiée tandis qu'à côté de lui sa chère femme l'enroulerait lentement dans des fils de soie multicolores, tel un cocon ou une mouche piégée dans la toile d'une araignée ?" p. 392
Peu à peu, il est pris dans les filets de Grace, qui, telle une Shéhérazade brode pour mieux le retenir...
Inspiré d'un sanglant fait divers qui a bouleversé le Canada du XIXe siècle, Margaret Atwood écrit là un roman remarquable dans par sa construction que par ses réflexions. Elle choisit de multiplier supports et points de vue, faisant alterner le point de vue de Grace, celui de Simon, mais aussi des lettres, autant de prismes qui ont tendance à donner une vision déformée des personnages. Qui sont-ils vraiment ? Eux-mêmes le savent si peu... Qui détient la vérité et peut-on dire que cette vérité existe tant l'être est capable de refouler sentiments et pensées ?
"Que de mystères demeurent à découvrir dans le système nerveux, cette toile de structure matérielle et éthérée, ce réseau de fils qui parcourent le corps, compose de mille fils d'Ariane, menant tous au cerveau, ce sombre labyrinthe où gisent, éparpillés, les os humains et où rôdent les monstres...
Et aussi les anges, se dit-il. Et aussi les anges." p. 247
Cette plongée dans l'âme humaine à travers le personnage de Grace s'avère passionnante !
Présentation de l'éditeur : 10-18 D'autres avis : Eva