Pour cette bande dessinée, Martin Veyron s'est inspiré d'une nouvelle de Léon Tolstoï datant de 1886. L'histoire met en avant la cupidité des hommes qui en veulent toujours davantage sans savoir se contenter de ce qu'ils ont.
Le paysan Pacôme cultive sa terre en Sibérie. Or dans la campagne russe la vie des paysans qui travaillent durement la terre est difficile et certains rêvent de richesse. Pacôme est de ceux-là : « Si seulement j’avais plus de terres, soupire-t-il en regardant par-delà la clôture, je pourrais être tout à fait heureux. » Mais le bonheur est-il réellement dans la possession ? Malgré les avertissements de sa femme, plus sage, il court après les biens, l'argent, le matériel, sans voir qu'il court surtout à sa perte !
"On en voit des gens comme ça, ivre de pouvoir et de richesse. Je crois qu'avec un peu de sagesse, on pourrait arriver à une société plus sobre", explique l'auteur. Cette vérité reste d'actualité !
Une belle parabole servie par des dessins tout en retenue.
Au début de 1789 George, jeune violoniste de talent et son père, un noir de la Barbade arrivent d'Autriche pour conquérir un public parisien. Recommandés par Haydn, le jeune métis semble voué à un bel avenir. S'ils multiplient rapidement les concerts, la révolte révolutionnaire gronde et les oblige à fuir pour Londres.
George Bridgetower, s'il est tombé aujourd'hui dans l'oubli, a pourtant marqué son siècle, au point que Beethoven lui a consacré une sonate, ladite "Sonate à Bridgetower". Il fut un temps en effet où les deux hommes furent amis, avant qu'une brouille ne les sépare et transforme la sonate en "Sonate à Kreutzer". Fondé sur des faits réels, ce roman retrace le destin du jeune Georges des cours parisiennes au faste de Vienne, en passant par Londres.
"Frederick de Augustus prit conscience d'une chose : l'importance de la musique. Elle ne se situait pas à la périphérie, mais au coeur même de la société, voire du régime, là où se croisaient et se confrontaient tous ceux qui avaient la prétention de faire bouger les choses dans quelque domaine que ce soit dans le royaume de la France." p. 95
Son père a joué un rôle prépondérant dans sa notoriété puisqu'il l'a poussé, motivé par des voeux égoïstes : devenir lui-même riche et célèbre. Leurs personnalités finiront par se heurter.
Au-delà des destins individuels, Emmanuel Dongala dresse le portrait d'une époque mouvementée, aux bouleversements marquants. Les deux hommes rencontrent dans les salons des hommes et des femmes illustres qui ont façonné le siècle comme Thomas Jefferson, Olympe de Gouges, Louise de Keralio. Il aborde également l'essor du mouvement abolitionniste et les conditions des noirs à l'époque. A la fin du roman, George découvre horrifié le destin d'Angelo Soliman qui finit empaillé dans un musée "Voilà que cet homme éminent qui, sa vie durant, avait incarné pour ces Européens la "perfectibilité" de l'Africain postulée par leurs philosophes, le "sauvage" qui, à force d'éducation, de travail et de dévouement, s'était "civilisé" et s'était si parfaitement intégré qu'il était considéré comme un pair par l'élite de la société, était maintenant exposé comme le type même du "sauvage", à moitié nu, avec des plumes et des coquillages !" p. 331
Ce que j'ai moins aimé : S'il est érudit et enrichissant, ce roman manque néanmoins à mes yeux de souffle romanesque...
"Les littérateurs appellent ça l'amour de la science. Moi j'appelle ça la curiosité. Quand elle est servie par l'intelligence, c'est la plus grande qualité de l'homme." p. 165
Une expédition en exploration au Pôle Sud détecte des signaux perçus avec un appareil de sondage sous glaciaire. Les scientifiques découvrent alors une cité souterraine, à 900 mètres de profondeur, issue d'une civilisation datant vraisemblablement de 900 000 ans. Tous les écrans se tournent vers cette découverte extraordinaire. Puis, au coeur de cette cité, les explorateurs découvrent bientôt deux corps en état de biostase, un homme et une femme. Ils décident de les réveiller. La femme est tirée de son sommeil par Simon, le médecin de l'expédition, elle se nomme Eléa et Simon tombe immédiatement amoureux de cet être venu des profondeurs du temps. Peu à peu, les scientifiques en apprennent un peu plus sur cette civilisation des Gondas vivant il y a 900 000 ans dans un Antarctique tropical du fait d'une inclination différente de la Terre.
Deux thématiques essentielles parcourent le roman : tout d'abord celle de la découverte scientifique et de ses conséquences, mettant en lumière une vision plutôt pessimiste du genre humain :
"Ce qu'il y a à connaitre ici c'est fantastique. Et ce que nous pouvons en tirer pour le bien des hommes est inimaginable. Mais si nous laissons intervenir nos nations, avec leur idiotie séculaire, leurs généraux, leurs ministres et leurs espions, tout est foutu ! " p. 165
"Et voilà ! Ils sont là ! Ils sont nous ! Ils ont repeuplé le monde, et ils sont aussi cons qu'avant, et prêts à faire de nouveau sauter la baraque. c'est pas beau ça ? C'est l'homme !" p/ 320
Dans ce monde tourmenté en butte aux luttes de territoire, le couple d'Elea et Païkan et porté par un amour inconditionnel reste un refuge, une lueur d'espoir. Leur amour transcende les époques pour vivre désormais pur et intact au panthéon de notre littérature !
Ce roman était à l'origine un scénario destiné à devenir un film de science-fiction, mais faute de financement, Barjavel a dû le convertir en roman. Publié en 1968 si le roman n'a connu du succès que tardivement, aujourd'hui, il fait partie des romans de science-fiction incontournables !
La narratrice habite dans un petit immeuble de la ville de Cagliari. Au-dessous de chez elle vivent Anna et sa fille Natasha et au-dessus, Monsieur Johnson, homme riche, ancien violoniste assez excentrique. Inévitablement, la route d'Anna va croiser celle de Monsieur Johnson, pour le meilleur et pour le pire.
"Toutes nos joies et tous nos malheurs résident dans les détails."dit un des personnages de cette joyeuse galerie de portraits. Aussi Milena Agus s'attache-t-elle à ces petits détails qui façonnent la vie, en laissant de côté les intrigues tonitruantes. Par le regard observateur de sa narratrice, son double, elle évoque juste les rapports humains, et la complexité de chacun. Les êtres se frôlent, chacun vient à l'autre avec son vécu, avec son passé et les leçons qu'il a pu en tirer. Ainsi après avoir vu plusieurs hommes de son entourage quitter leur femme pour une autre souvent plus jeune, la narratrice est persuadée que pour garder un homme il faut être une machine de guerre sexuelle. Mais les méfiances des uns et des autres se fondent et confondent dans les rencontres.
"Il dit que nous ne sommes jamais comme les autres voudraient que nous soyons. Nous pouvons en être très malheureux, jusqu'à en mourir. Ou bien accepter d'être à contre-courant, comme dans les comptines. (...) Etre bien avec soi-même, ne pas désirer être autre chose que ce que l'on est, ni plus ni moins." p. 76
Si les autres peuvent être sources de tristesse, ils sont aussi ceux qui peuvent nous sauver, des failles de chacun jaillit soudainement la lumière
"Bien sûr, j'imagine toujours l'immeuble en flammes, l'explosion d'une bonbonne de gaz, ou des assassins embusqués derrière la porte, mais je fais ce que Johnson junior m'a appris, un calcul de probabilités, en pourcentage. Il m'a fait remarquer que si les journaux racontent les faits divers, c'est bien parce qu'il est rare que des choses semblables se produisent. Sans quoi ils écriraient : "Aujourd'hui, aucun immeuble n'a explosé, rien n'a pris feu et personne ne s'est fait égorger en sortant de chez lui." Ce qui signifie que le monde est bon. Statistiquement bon." p. 78
Dans ce roman d'atmosphère, les petits riens de folie qui jalonnent la vie illuminent les vies des uns et des autres, entre rire et larmes. Puis quand la vie est trop lourde, reste la littérature, et sa capacité à transmuer tout cela en or.
Les Doges, un hameau perdu au fin fond des Cévennes. Gus et Abel ont toujours vécu dans cette région désertée et ce sont adaptés à la solitude. S'ils sont voisins, ils ne se cotoient pas pour autant, pas plus que nécessaires, et chacun passe cet hiver dans son domaine, isolé.
"Un lieu-dit appelé Les Doges, avec deux fermes éloignées de quelques centaines de mètres, de grands espaces, des montagnes, des forêts, quelques prairies, de la neige une partie de l'année, et de la roche pour poser le tout. Il y avait aussi des couleurs qu disaient les saisons, des animaux, et puis des humains, qui tout à tout espéraient et désespéraient, comme des enfants battant le fer de leurs rêves, avec la même révolte enchâssée dans le coeur, les mêmes luttes à mener, qui font les victoires éphémères et les défaites éternelles." p. 9
L'hiver se ressent au plus profond des êtres et des âmes, tant les humains là-bas s'adaptent à leur environnement, ne faisant qu'un avec la terre qu'ils labourent. Leur accord est tellement intense avec la nature, que le jour où Gus rencontre un jeune faon mourant, il reste à ses côtés jusqu'à la fin, en lui parlant.
Mais ce jour-là, des évènements étranges vont déranger le quotidien routinier de Gus, et d'interrogations en interrogations, il se plonge alors dans son passé...
"Gus pensait que c'était décidément une drôle de journée, avec tous ces souvenirs qui s'amenaient, comme des vols de corneilles sorties du brouillard. Des souvenirs dont on ne sait jamais où ils mènent, ni même si ça fait du bien de les avoir, mais qui ressurgissent et s'imposent, sans crier gare"
Des secrets tapis dans les campagnes surgissent alors, sans crier gare, la violence s'invite, la rage palpite au milieu des solitudes. A trop rester esseulés, les êtres ont tendance à inviter la belle et traitresse imagination dans leur foyer, à leurs risques et périls. Même les visiteurs occasionnels planent tels des anges de l'apocalypse.
Dans ce roman atypique, chaque expression est travaillée, en relation avec la terre, les paysans. La psychologie affinée de ces deux bougres les rend attachants au-delà de leurs contradictions. Leur histoire nous porte plus loin qu'une simple intrigue policière, et nous parle de la vie et ses revers, de la vie et ses surprises, de la vie comme elle va, parfois, cahin-caha.
Ce que j'ai moins aimé : la fin, confuse et un peu précipitée, tout à coup tout se dénoue, alors que jusqu'ici les noeuds qui faisaient l'intérêt du roman étaient subtils et lentement amenés.
Dans la sélection du prix polar SNCF et il est possible ce mois-ci de le découvrir en format numérique ici : https://e-livre.sncf.com/page/prix-polar-2017
Grossir le ciel, Franck Bouysse, Le livre de poche, 240 p., janvier 2016, 6.90 euros
Bâtir des ponts entre Est et Ouest : une vocation de trente ans
Fondées en 1987 dans une Europe encore divisée par le rideau de fer, les Éditions Noir sur Blanc ont d’emblée l’ambition de créer des passerelles entre les cultures et les peuples.
Pour ce faire, elles ont à cœur de faire découvrir aux lecteurs francophones d’Europe occidentale la partie centrale et orientale de l’Europe à travers tous les aspects de la production éditoriale de pays à la culture foisonnante, en particulier la Pologne, mais aussi la Russie.
Fidèles à nos buts initiaux, pour commémorer à notre manière la révolution russe et fêter nos trente ans, nous avons décidé de mettre la Russie à l’honneur en 2017.
Notre programme éditorial sera donc à l’image de cette vocation toujours d’actualité : une première traduction d’un romancier prometteur, Alexeï Nikitine (Victory Park, janvier 2017), une exploration de la vie quotidienne en URSS (février), le texte marquant dans l’histoire de la littérature russe de Nicolas Bokov, La Tête de Lénine, en mars, l’enquête photographique de Niels Ackermann, jeune photographe suisse installé en Ukraine, sur le devenir des statues soviétiques depuis la chute de l’URSS (Looking for Lenin, juin), et en septembre, le roman de l’écrivain tatare Gouzel Iakhina, Zouleikha ouvre les yeux, devenu d’emblée un best-seller à sa parution en Russie en 2015…
2017, des festivités d’anniversaire
Alexeï Nikitine, Nicolas Bokov et Elena Balzamo aux Journées du livre russe, de nombreuses rencontres en librairie, des rendez-vous à ne pas manquer aux Salons du livre de Paris et de Genève mais aussi de grandes fêtes à Lausanne (au théâtre de Vidy le 3 avril) et à Paris le 22 juin… !
Les titres lus ici (cliquez sur les couvertures) :
♥ ♥ ♥
« Est-ce Dieu qui veut ça, ou est-ce l’homme qui fait lui-même sa vie ? Comment la vie se déroule-t-elle ? » (p. 120)
♥ ♥
"Sur ce fond lugubre, ces heures passées avec des souvenirs sur Proust, Delacroix, me semblent les heures les plus heureuses."
Abandonné en cours de lecture...
Ce mois ci j'ai commencé le mois avec
♥♥
« La logique ne provoque que des nuits blanches »
J'aimerais également découvrir un titre de Sophie Divry, et pourquoi pas "Le dernier gardien de Ellis Island" dont j'ai beaucoup entendu parler...
"On dit qu'il faut un an pour se remettre d'un chagrin d'amour. On dit aussi des tas d'autres choses dont la banalité finit par émousser la vérité."
Prix Médicis 2015
Titus a quitté Bérénice, préférant rester avec sa femme Roma. Bérénice décide alors de rejoindre son homonyme racinienne et plonge corps et âme dans les tragédies et dans l'oeuvre de Racine. Pour se consoler, pour oublier. La vie du dramaturge défile alors de sa jeunesse à Port Royal à sa mort en passant par le faste de Versailles. L'homme prend forme peu à peu, au-delà du créateur de génie, c'est un homme différent qui apparait, tiraillé entre son éducation religieuse et son attirance pour les lumières.
"Parfois, à la nuit tombée, Jean est épuisé par cette ronde d'éclipses qui commence dès l'aube, cette alternance d'anneaux, où il doit faire entrer toute son âme et qui n'ont jamais la même diamètre, tantôt larges, confortables, tantôt étroits, jusqu'à l'étranglement. Tantôt clairs, tantôt obscurs. La gloire, l'ingratitude, la gloire, l'ingratitude, la gloire, ad nauseam..." p. 147
En étudiant son oeuvre centrée sur la passion et ses débordements, Bérénice espère peut-être comprendre ce qui l'a emportée et l'a laissée transie sur le rivage de la rupture.
"Si vous parvenez à saisir tout ce qui se passe dans l'annonce d'une séparation, vous êtes au coeur de la condition humaines, ses désirs, sa solitude. On peut disséquer la mort d'une âme sans verser une seule goutte de sang." p. 193
Mais :
"Vouloir comprendre ce qu'on appelle l'amour c'est vouloir attraper le vent" p. 288
Dans une langue travaillée, proche de la grâce, l'auteur livre un bel hommage à la littérature, à ces textes classiques essentiels, essentiels pour se sauver, pour pratiquer la catharsis, pour comprendre comment d'autres ont succombé aux passions ou s'en sont affranchis, pour s'échapper un temps d'une réalité trop lourde à porter, pour qu'un personnage nous aide à porter notre destin incertain à bout de bras... Elle évoque la littérature, comme consolation pour "quitter son temps, son époque, construire un objet alternatif à son chagrin, sculpter une forme à travers son rideau de larmes." p. 20
Alain Delambre, est un cadre de 57 ans au chômage depuis quatre ans. Ainsi quand un beau jour il est convoqué à un entretien d'embauche, il décide de mettre toutes les chances de son côté. Et pourtant, l'entretient d'embauche d'un nouveau genre répugne à sa femme : il s'agit de participer à un jeu de rôle sous la forme d'une prise d'otages... Sa dignité est en jeu, Alain n'hésite pas.
Toute la première partie du roman présente le point de vue de Alain, cet homme désoeuvré pour qui le travail représente une voie vers le bonheur après tant d'années à errer et à courir après l'argent. Trouver un travail est pour lui une chance salvatrice car cela lui permettrait de payer les traites, "des vacances, des sorties, des inscriptions à la fac, les voitures et la certitude que notre travail appliqué, résolu, nous fournissait la récompense à laquelle nous avions droit." p. 105
Cette nécessité est tellement prégnante qu'Alain bascule peu à peu, et lance une machine qu'il ne peut plus freiner. Hanté par un sentiment d'humiliation ou d'injustice, reclus dans une extrême solitude, armé, Alain n'a plus rien à perdre...
Au moment où le récit s'alourdissait sous le poids des actions d'Alain, l'auteur opère un choix de maitre en quittant son personnage alourdi pour choisir un nouveau point de vue. Et il cumule ensuite les renversements, les surprises, les manipulations, prenant un malin plaisir à surprendre son lecteur. Incidemment, il le mène à porter un regard neuf et désabusé sur notre société moderne régie par des logiques absurdes...
"L'autre jour, il m'est revenu un truc que Charles m'avait dit (lui, avec ses sentences...) : "Si tu veux tuer un homme, commence par lui donner ce qu'il espère le plus. Le plus souvent, ça suffit." p. 441
Ce que j'ai moins aimé :
- Une première partie un peu longue.
- Un style peu travaillé : "Ils ont dû, commente la note, se rencontrer dans une circonstance professionnelle, genre séminaire, salon, etc." p. 165
"Il était comme un survivant stupide qui voit toute une génération d'hommes mourir et reste seul, hébété, au milieu d'un monde sans nom."
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massala, doit marier sa fille Samilia à Kouame, Aux côtés de son fidèle Katabolonga, le roi n'aspire qu'à du repos après avoir mené tant de campagnes sanguinaires laissant sur son chemin multitude de cadavres. Malheureusement, la paix va être de courte durée puisque surgit un ancien prétendant de Samilia et que le vieux roi doit à nouveau se heurter à des dilemnes inextricables. La guerre est à sa porte...
Faut-il honorer ses promesses même si pour ce faire une guerre va décimer famille et patrie ? Samilia et sa famille sont pris entre deux feux et le vieux Tsongor ne pourra guère les aider à résoudre ce cruel dilemne. Mais les personnages de cette tragédie sont des êtres faillibles, qui font des erreurs humaines qui coûtent des vies. La guerre semble inévitable, voulue par tous, même par ceux qui ont les moyens de la stopper. La nature humaine serait-elle foncièrement belliqueuse ?
Marchant sur les traces de son père, Souba, le fils du roi Tsongor va être le seul à devenir plus humain, il va connaître la honte qui lui permettra d'accéder à l'humilité qui rend les hommes plus vrais.
« Souba, même s’il n’a pas compris le sens de cette route longue et difficile que son père lui a offerte en héritage, a obéi. Il a pressenti que la vie est un voyage, une longue errance jamais terminée. Cette route était sagesse et pauvreté matérielle qui seules, pouvaient le sauver. Ainsi Souba sans s’en apercevoir, a transformé sa vie en offrande et en don de soi. Contre toutes les apparences, il est le seul à avoir réussi."
Porté par un souffle épique hors du commun, digne des plus grandes tragédies grecques, Laurent Gaudé fait montre en ces pages d'un talent extraordinaire pour nous parler de sacrifice, de fierté, de l'envie de vivre qui quelquefois supplante la raison, de fidélité, d'identité.