Pause
Quelques jours ici...
Quelques pistes de lectures pour s'envoler vers de belles découvertes
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L'agent fédéral Aaron Falk est contacté pour la disparition d'Alice Russell. La jeune femme s'est vraisemblablement perdue dans le bush australien lors d'un challenge organisé par son entreprise. En tant que témoin clé dans une affaire de blanchiment d'argent à grande échelle, elle collaborait avec Falk et son dernier appel était dirigé vers lui. Il se rend donc sur place pour enquêter et interroger ses collègues revenus indemne de cette plongée dans le bush. Il découvre alors que tous ont quelque chose à cacher et des raisons de s'en prendre à la jeune femme aux réactions quelquefois intempestives.
Le récit haletant alterne les chapitres sur l'enquête et ceux sur le groupe évoluant dans le bush quelques jours avant la disparition. Les êtres aux prises avec une nature implacable se révèlent au fur et à mesure, bien plus souvent pour le pire que le meilleur... De petits détails en petits détails le drame est prêt à éclater.
Jane Harper démontre ici un talent indéniable pour ferrer son lecteur et le plonger dans un page turner aux rythme prenant.
Une belle découverte !
Présentation de l'éditeur : Calmann Lévy
Du même auteur : Canicule
Sauvage, Jane Harper, traduit par David Fauquemberg, Calmann Lévy, avril 2018, 432 p., 21.90 euros
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Dans ce roman écrit à Londres en 1943, Joseph Kessel se penche sur le "Grand mystère merveilleux qu'est la résistance française". Voici comment le présente l'auteur :
"La France n'a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n'a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie [...]
Jamais la France n'a fait guerre plus haute et plus belle que celles des caves où s'impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d'où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres.
Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France."
Ainsi Kessel met en scène plusieurs personnages, Gerbier, Jean-Francois, Mathilde, le Bison qui décident de préparer "des lendemains qui chantent" en refusant le régime oppressif et en luttant pour leur liberté. Ils rejoignent la résistance à leurs risques et périls, acceptent l'instabilité, les changements d'identité soudains, les trahisons de ceux en qui on croyait, ils acceptent de laisser quelquefois les leurs derrière eux pour repartir de zéro sans trahir, ils acceptent de vivre avec la mort en embuscade à leurs côtés, ils acceptent de tuer les traitres même si cela va à l'encontre de leur coeur, ils acceptent beaucoup pour pouvoir ensuite se regarder en face dans la glace et se dire :
"Nous sommes seulement quatorze, mais nous sommes portés par des milliers et sans doute par des millions d'hommes. Pour nous protéger, des groupes de combat veillent sur tous les accès qui mènent à cette retraite. et se feront tuer avant que de laisser arriver jusqu'à nous. Cependant, personne ici n'a l'orgueil ni même le sentiment de puissance. Nous savons que nos soldats changent cent fois de nom et qu'ils ne possèdent ni abri ni visage. Ils vont en secret dans des chaussures informes sur des chemins sans soleil et sans gloire. Nous savons que notre armée est famélique et pure. Qu'elle est une armée d'ombres. L'armée miraculeuse de l'amour et du malheur. Et j'ai pris conscience ici que nous étions seulement les ombres de ces ombres et le reflet de cet amour et de ce malheur. Cela surtout, Gerbier, valait la peine."
Ces hommes et ces femmes ordinaires montrent la voie vers la liberté et encouragent tout un chacun à ne pas baisser l'échine devant l'oppression arbitraire. Ensemble, ils forment un réseau dense et soudé qui ébranle les pouvoirs en place. Ces hommes et ces femmes ont réellement existé, Kessel s'est en effet inspiré de témoignages recueillis lors de rencontres avec des résistants en mission à Londres pour créer ces personnages fidèles aux originaux. Ils méritent d'être découverts ou redécouverts par tout un chacun !
Présentation de l'éditeur : Pocket
Adapté par Melville en 1969 :
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"Aussi loin que je me souvienne, je n'ai aucun souvenir d'un jour passé sans musique. Comme si nos vies n'étaient en fait qu'une merveilleuse et complexe danse accordée au rythme du village."
Akou est un petit garçon qui vit dans un petit village en Afrique, au pied d'une grande falaise. Porté par les siens, il apprend à grandir, à mûrir. Il est le fils du chef du village et prend exemple sur son père pour prendre tous les évènements de la vie avec sagesse et intelligence. Son activité principale consiste à garder les vaches, mais même là, il apprend de ses erreurs avec philosophie. Vient l'heure de l'initiation aux côtés du terrible Sigma...
Il devient petit à petit un homme, sachant régler les conflits inhérents à la vie en société avec bienveillance : quand par exemple son voisin fait des travaux empêchant son jeune fils de dormir, Akou va le trouver non pas pour le réprimander mais pour l'aider à finir plus vite ses travaux : "Souvent, mieux vaut être avec que contre." Cette sagesse venue de ses aïeuls le porte un jour vers la falaise qui domine le village : il va devoir l'escalader pour partir à la rencontre de son destin...
Ce bel album nous offre un très beau conte initiatique empreint de sagesse et de douceur vantant l'entraide et la persévérance qui ouvrent les portes de la destinée...
"L'important dans la vie, c'est le cap... Pas la durée."
L'univers sonore est à découvrir ici : https://aupieddelafalaise.bandcamp.com/releases ainsi que la visite à 306° du village : http://www.aupieddelafalaise.com/
Présentation de l'éditeur : Editions Soleil
Bd du mercredi chez Noukette
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Elena prend sa liberté, quitte à laisser derrière elle ses deux filles Dede et Elsa. Désapprouvée par ses proches, elle tente de croire en son histoire avec Nino, quand Lila la réclame. Lena retourne donc à Naples, ville qui constitue un personnage à part entière, plus que simplement une toile de fond...
"Etre né dans cette ville - écrivis-je même une fois, ne pensant pas à moi mais au pessimisme de Lila - ne sert qu'à une chose : savoir depuis toujours, presque d'instinct, ce qu'aujourd'hui tout le monde commence à soutenir avec mille nuances : le rêve de progrès sans limites est, en réalité, un cauchemar rempli de férocité et de mort."
Le souffle romanesque est toujours aussi puissant dans cette saga centrée sur l'amitié des deux jeunes femmes pendant plus de 40 ans... Entre amitié et haine, les sentiments forts qui relient Elena et Lila s'accentuent quand elles vivent leur dernière grossesse ensemble. Les cartes se brouillent alors encore davantage. Leur amitié évolue sur un fil tendu, puis brusquement inextricablement emmêlé, au point qu'il sera difficile de le démêler...
"Tout rapport intense entre des êtres humains est truffé de pièges et, si on veut qu'il dure, il faut apprendre à les esquiver."
Ce que j'ai moins aimé :
- Dans ce tome, la grande histoire est quelque peu mise de côté, ce quatrième tome, comme le premier, étant plus centré sur la relation entre les deux amies, et surtout sur les états d'âme assez égocentriques de Léna.
- La fin de cette saga est assez sombre, voire même glauque par moments...
Bilan :
Une petite déception pour cette fin !
Présentation de l'éditeur : Gallimard
Du même auteur :
Tome 1 ,
Tome 3 Celle qui fuit celle qui reste
D'autres avis : Les Inrocks ; Télérama
Storia della bambina perduta, traduit de l’italien par Elsa Damien, éd. Gallimard, 560 p., 23,50 €.
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"On ne sauve pas les gens d'eux-mêmes, Lazare. On peut les aimer, les accompagner, les encourager, les soutenir. Mais chacun se sauve soi-même, s'il le veut, s'il le peut. Tu peux aider les autres, Lazare. Mais tu n'es pas tout puissant."
Sauveur Saint Yves est un martiniquais de 1m90, psychologue qui reçoit des adolescents ressentant un profond mal-être : qu'il s'agisse de Margaux, 14 ans qui se taillade les veines, de Ella, 12 ans qui refuse d'aller à l'école et ne sait pas bien si elle a envie d'être une fille ou un garçon, de Cyrille, 9 ans qui fait encore pipi au lit, de Gabin 16 ans addict aux jeux vidéos et dont la mère est en dépression ou encore des trois soeurs Augagneur 5, 14 et 16 ans déstabilisées par la séparation de leurs parents et par les nouveaux couples que ceux-ci ont choisi de former, tous ont besoin de l'appui de Sauveur. Il essaie de les aider, de les sauver peut-être, même s'il sait que la tâche n'est jamais facile. Il leur montre le chemin, discrètement, avec intelligence, plonge en eux pour en faire ressortir le meilleur. Avec lui, les gens se sentent bien, mieux, en accord avec eux-mêmes. "Je suis tellement bien ici. Tellement moi." dira la petite Ella qui souhaitera continuer de venir, même après avoir compris l'origine de son mal-être.
Mais ce psychologue tellement apprécié efface les ombres des autres pour peut-être occulter ses propres démons. Il évite soigneusement de regarder en face la mort de sa femme, décédée dans un accident de voiture, laissant ainsi dans le déni leur fils, Lazare, 8 ans, un enfant plus mature que les autres. Heureusement, Lazare peut compter sur Paul, son meilleur ami.
Dans ce roman rayonnant, Sauveur réussit même l'exploit de rassurer le lecteur : oui la vie n'est pas facile, oui l'enfance est semée d'embuches, et l'adolescence de piques acérées, oui les parents peuvent être toxiques, mais il existe des personnes bienveillantes capables de nous aider, de nous aimer pour surpasser les épreuves. Il existe de belles personnes. Sauveur nous redonne foi en l'humanité. Et nous excuse d'être faillibles...
Présentation de l'éditeur : Ecole des Loisirs
D'autres avis : Repéré chez Noukette et Jérôme ; Eva ; Nadège ; Cathulu
Sauveur et fils, Marie-Aude Murail, Ecole des Loisirs, medium, avril 2016, 17 euros
Bonne nouvelle il sort en poche mi mai !
A partir de 13 ans
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Des femmes cocasses, comme Clémentine Delait femme à barbe qui s'assume entièrement ; des combattantes comme Nzinga reine du Ndongo et du Matamba, Las Mariposas soeurs rebelles, Lozen guerrière et chamane, Leymah Gbowee travailleuse sociale (au sujet de qui vous pouvez lire aussi Notre force est infinie), Wu Zetian impératrice ; des artistes, quelquefois terrifiantes comme Margaret Hamilton ou sirènes comme Annette Kellerman, des destins qui nous semblent connus mais que l'on redécouvre comme celui de Joséphine Baker danseuse résistante et mère de famille ou encore de Tove Jansson peintre créatrice de trolls (et dont j'avais adoré Le livre de l'été), l'histoire de la première gynécologue Agnodice ; toutes sont des femmes qui ont lutté pour trouver leur place et ont fait entendre leur voix dans le brouhaha du monde masculin. "Je n'ai peut-être pas initié la révolution sexuelle, mais on peut dire que j elui ai donné un sacré coup de pied aux fesses." dira l'une d'elle, Christine Jorgensen...
Ces destins de femmes atypiques, Pénélope Bagieu nous les dépeint avec intelligence, mettant en avant certains aspects de leur vie, en occultant d'autres pour mieux nous donner envie de découvrir par d'autres biais leur histoire complète.
Une vraie réussite...
Présentation de l'éditeur : Gallimard
Du même auteur : Culottées tome 2
Bd de la semaine chez Moka cette semaine
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"On dit que je suis poète : c'est une erreur, c'est mon âme qui tient par un fil à la boutonnière de mon vieux manteau."
"Je suis le livre errant, le livre sans auteur", nous dit-il. Au gré du vent, ce livre errant nous livre sa prose poétique, s'adressant à nous, êtres de chair et de sang terrés dans nos vies trop bien rangées. Il raconte sa quête spirituelle et poétique en malaxant les mots comme de la glaise pour créer une oeuvre ronde, entière, mais qui ne se laisse nullement circonscrire tant elle répond à la définition même de la poésie qui n'est que liberté.
Jean-Marie Kerwich est aussi atypique que sa poésie : né à Paris dans une famille de gitans piémontais, il part ensuite avec sa famille au Canada où elle reste 17 ans et fonde un petit cirque ambulant. Contraint de renoncer à la vie nomade, Jean-Marie Kerwich travaille à contrecoeur dans les cabarets mais les poèmes viennent à lui, comme une offrande.
Ce cadeau, il nous l'offre en ce recueil qui parle à l'errance qui est en nous...
Présentation de l'éditeur : Mercure de France
Vous aimerez aussi : les textes de Christian BOBIN
Le livre errant, Jean-Marie KERWICH, Mercure de France, 2017, 92 p., 10 euros
J'ai aimé :
Histoire du lion personne de Stéphane Audéguy
Derniers feux sur Sunset de Stewart O'Nan
Je suis mitigée :
Une bouche sans personne de Gilles Marchand
Je me suis ennuyée :
Eclipses japonaises de Eric Faye
Avant que les ombres s'effacent de Louis-Philippe Dalembert
Six degrés de liberté de Nicolas Dickner
J'ai détesté :
Je n'en ai pas parlé sur le blog, tant je n'ai pas apprécié ces lectures !
Pino CORRIAS Nous dormirons quand nous serons vieux
- Des dialogues ridicules
"- Je suis de marbre, chérie, mais à force de m'embrasser, tu vas finir par me faire venir des rides.
(...)
- Je n'ai que deux rides, connard. Et en général, je suis assise dessus. Tu veux vérifier ?"
- Un style déplorable qui s'autorise les questions comme : "Genre ?"
- Des personnages caricaturaux
Bref une lecture insipide !
Lucie ou la vocation de Maëlle Guillaud
Je n'ai pas apprécié le style, ni l'histoire,