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Ne m'appelle pas Capitaine de Lyonel TROUILLOT

Publié le par Hélène

"Ne m'appelle pas Capitaine. N'en déplaise aux poètes, mes chagrins jamais n'ont eu le pied marin."

Aude, jeune journaliste, décide d'enquêter sur le Morne Dédé, un quartier populaire de Port-au-prince qui a accueilli les opposants pendant l'époque de la dictature. On lui conseille alors de s'adresser au Capitaine, un vieil homme considéré comme la mémoire du quartier. La rencontre entre cette jeune femme, bourgeoise peu habituée à sortir de sa bulle dorée et ce vieil homme profondément marqué par la vie s'avèrera enrichissante pour les deux.

Aude jette un autre regard sur le milieu d'où elle vient, qui s'enrichit sur les pauvres gens, et peu à peu elle gagne en humanité, tout comme ce Capitaine, froid au premier abord, mais dont l'histoire éclaire le caractère.

"Des mots, des expressions avec lesquels j'ai grandi viennent cogner à mes oreilles. Mon dictionnaire de citations, comme me le reprochait Capitaine. Mais on ne garde pas les choses pour les prolonger. On a besoin, pour être soi, pour faire le tri qui nous fonde, d'un musée des horreurs ou bien d'un repoussoir."

Ce que j'ai moins aimé : texte exigeant, assez monolithique, il faut se laisser porter par ses mots.

 

Présentation à l'éditeur : Actes Sud

Du même auteur : La belle amour humaine

 

Ne m'appelle pas capitaine, Lyonel Trouillot, Actes Sud, août 2018, 160 p., 17.50 euros

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Sótt de Ragnar JONASSON

Publié le par Hélène

Dans le nord de l'Islande, le petit village de Siglufjördur souffre d'autant plus de son isolement qu'une épidémie le met en quarantaine. Chacun craint la contagion, et devient méfiant. Ari Thor, jeune inspecteur de police récemment muté à Siglufjördur tente de s'adapter à cette petite ville isolée. Cette épidémie soudaine renforce son isolement. Ainsi, la perspective de s'occuper d'un cold case lié au suicide d'une jeune femme en 1955 lui donne-t-il l'opportunité de sortir de son isolement.

Parallèlement, Isrun, journaliste à la recherche du scoop pour surpasser ses collègues se penche sur la disparition inquiétante d'un enfant et sur un délit de fuite.

Il s'agit du 4ème tome de cette série consacrée à ce coin reculé d'Islande dont est originaire le grand-père de l'auteur. Bien mené, l'ensemble tient la route.

Ce que j'ai moins aimé :

- L'auteur s'est plu à multiplier et croiser les enquêtes, quitte à perdre son lecteur en route ...

- L'ambiance oppressante n'est toujours pas ressentie, il manque un souffle de tension dans ce roman pour réellement tenir le lecteur en haleine.

Bilan : Un bon moment de lecture. Il paraît que sa série suivante La dame de Reykjavik est très réussie, le premier tome sort en mars 2019. Affaire à suivre !

 

 

Présentation de l'éditeur : La Martinière

Du même auteur :

LES AUTRES TOMES DE LA SAGA : 

  1. Snjor 
  2. Mörk 
  3. Nátt

Sur le blog :Le premier tome de la série : Snjor

 

Sott, Ragnar Jonasson, La Martinière, septembre 2018, 368 p., 21 euros

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Un monde à portée de main de Maylis de KERANGAL

Publié le par Hélène

Paula, Jonas et Kate sont trois amis qui ont intégré l''institut supérieur de Peinture de Bruxelles. Formés à la technique des Trompe-l'oeil, nous suivons leur parcours de l'école à leur début carrière. Ils ont appris à copier toutes les matières, du marbre à la pierre précieuse, en créant l'illusion parfaite.

L'auteure présente une réflexion intéressante sur la création, la copie, ce qu'est la fiction et leur rapport à la connaissance du monde :

"Il y a des formes d’absences aussi intenses que des présences, c’est ce qu’elle a éprouvé en pressant son front sur le grillage, tendue vers ce monde qui s’ouvrait là, occulte, à moins de dix mètres, une grotte où l’on avait situé rien de moins que la naissance de l’art. Paula a imaginé la grotte sous la terre, sa beauté retirée, la cavalcade des animaux dans la nuit magdalénienne, et elle s’est demandé si les peintures continuaient d’exister quand il n’y avait plus personne pour les regarder. "

Pour le reste...

Ce que j'ai moins aimé :

- Ces phrases longues qui n'en finissent pas et n'ont guère à mes yeux l'attrait de la phrase proustienne.

- Cette histoire qui n'avance pas.

- Ces personnages dénués d'émotion, qui glissent dans la vie sans ressentir quoique ce soit et finissent par devenir transparents pour le lecteur.

- Si Les passages sur Lascaux et la copie m'ont semblé intéressant, il n'en reste pas moins que l'histoire de la découverte de la grotte est connue et que revenir sur ces évènements n'apporte rien de plus...

Bilan : Un ennui latent qui finit par s'installer...

 

Présentation de l'éditeur : Editions Verticales

D'autres avis : Des avis assez inégaux : Critiques presse Babélio ; Télérama ; Eva ; Serial Lectrice ; Val, Joëlle ; Sylire ;

 

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Quatre soeurs tome 3 et 4 Bettina et Geneviève de Cati BAUR et Malika FERDJOUKH

Publié le par Hélène

 

♥ ♥

Dans le tome 3 nous suivons Bettina, la moins sympathique des soeurs Verdelaine en prise avec ses problèmes de coeur et de copine. Quant à elle, Charlie rencontre le beau Tancrède, et le printemps s"étire doucement dans la villa.

Dans le dernier tome de cette série attachante certaines des soeurs désertent pour l'été la Vill'hervé : Hortense et Enid partent à Paris pour voir leurs cousins, Bettina part camper avec ses copines. Charlie et Geneviève restent seules, Geneviève ayant trouvé un job de vendeuse de glace sur la plage et Charlie se morfondant dans la villa. Sur la plage, Geneviève rencontre le mystérieux Vigo.

Puis, toutes se retrouveront plus unies que jamais à la villa, avec quelques invités en prime...

Cette série déborde de tendresse et ces soeurs sont tellement attachantes que les jeunes lectrices s'identifieront forcément à l'une d'elles. Les différents thèmes chers à l'adolescence sont évoqués avec subtilité et pertinence. Les dessins s'harmonisent parfaitement avec cette douce atmosphère qui rappelle que quelques soient les forces adverses, il est possible d'en triompher.

A offrir encore et encore...

 

Présentation de l'éditeur : Tome 3 Rue de Sèvres

Les autres tomes : Tome 1 et 2

 

La Bd de la semaine est accueillie par Stephie

 

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Avant d'aller dormir chez vous d'Antoine de MAXIMY

Publié le par Hélène

♥ ♥

Antoine de Maximy est surtout connu pour son émission J'irai dormir chez vous dans laquelle il parcourt le monde, et atterrit dans des endroits plus ou moins éloignés en s'invitant chez les locaux pour y manger et dormir, afin d'être en immersion total dans ces autres cultures. 

Dans ce témoignage, il raconte ses expériences passionnantes, tant cet homme autodidacte a connu un parcours extraordinaire. Exalté par la découverte et par le fait d'être débutant et de devoir improviser, il apprend rapidement, et teste différents genres.

"C'est pour cette raison que je ne pense pas trouver ma place un jour. Parce que trouver sa place, c'est commencer à s'ennuyer. Pour moi, le bonheur n'est pas de trouver sa place, mais de la chercher. Et dans ce domaine, une chose est sûre : quand rien n'est prévu, tout est possible."

Il est à la fois ingénieur du son, reporter de guerre, puis réalisateur de documentaires animaliers  avec des passionnés, des "types capables de venir te réveiller en pleine nuit parce qu'ils ont trouvé une chenille plus grosse qu'un caméléon". Son côté technique inventif lui permet de mettre en forme la cinébulle, une montgolfière motorisée biplace conçue pour des prises de vue aériennes et utilisée par Nicolas Hulot. Il évoque également l'incroyable radeau des cimes qui permet d'observer la forêt tropicale de la cime des arbres :

Dans ses reportages de l'émission qui le rendra célèbre, cet homme simple et bienveillant privilégie tout ce qui est ambiance, atmosphère, relations humaines, sans forcément donner les informations typiques des documentaires, et c'est ce qui fera finalement son succès.

Un beau portrait humaniste à découvrir !

 

Présentation de l'éditeur : J'ai Lu

 

Merci à Gaspard d'avoir attiré mon attention sur ce petit livre.

 

Tous les épisodes ICI : https://www.france.tv/france-5/j-irai-dormir-chez-vous/

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Les caprices de Marianne de Alfred de MUSSET

Publié le par Hélène

♥ ♥

"-Que tu es heureux d'être fou !
- Que tu es fou de ne pas être heureux !"

Le jeune Coelio est amoureux de la belle Marianne, mariée au vieux juge Claudio. Coelio ne sachant pas manier l'art de la langue, demande de l'aide à son ami Octave pour plaider sa cause auprès de sa belle. Marianne se laisse attendrir par les mots d'Octave et se décide à prendre un amant... Mais lequel ?

Coelio est un être sincère, simple, représentant du héros romantique mélancolique trouvant difficilement sa place dans ce siècle. Pour l'aider, Octave, libertin qui profite des plaisirs de la vie sans croire à grand chose mais reste fidèle à Coelio.

"OCTAVE. - Figure-toi un danseur de corde, en brodequins d'argent, le balancier au poing, suspendu entre le ciel et la terre ; à droite et à gauche, de vieilles petites figures racornies, de maigres et pâles fantômes, des créanciers agiles, des parents et des courtisans ; toute une légion de monstres se suspendent à son manteau et le tiraillent de tous côtés pour lui faire perdre l'équilibre ; des phrases redondantes, de grands mots enchâssés cavalcadent autour de lui ; une nuée de prédictions sinistres l'aveugle de ses ailes noires. il continue sa course légère de l'orient à l'occident. S'il regarde en bas, la tête lui tourne ; s'il regarde en haut, le pied lui manque. Il va plus vite que le vent, et toutes les mains tendues autour de lui ne lui feront pas renverser une goutte de la coupe joyeuse qu'il porte à la sienne, voilà ma vie, mon cher ami ; c'est ma fidèle image que tu vois."

Illustrations pour les oeuvres d’Alfred de Musset / Eugène Lami, peintre ; Adolphe Lalauze, graveur. 1883. Source : BnF/Gallica

Marianne quant à elle est une femme décidée, peu encline à se laisser dicter sa conduite par qui que ce soit, portant sa liberté comme un étendard.

"Marianne : N'est-ce pas une chose bien ridicule que l'honnêteté et la foi jurée ? Que l'éducation d'une fille, la fierté d'un cœur qui s'est figuré qu'il vaut quelque chose, et qu'avant de jeter au vent la poussière de sa fleur chérie, il faut que le calice en soit baigné de larmes, épanoui par quelques rayons de soleil, entrouvert par une main délicate ?
(...) Qu'est-ce, après tout, qu'une femme ? L'occupation d'un moment, une coupe fragile qui renferme une goutte de rosée, qu'on porte à ses lèvres et qu'on jette par-dessus son épaule. Une femme ! C'est une partie de plaisir ! Ne pourrait-on pas dire quand on en rencontre une: voilà une belle nuit qui passe ?"

"MARIANNE- [...]
Si je me rends, que dira-t-on de moi ? N'est-ce pas une femme bien abjecte que celle qui obéit à point nommé, à l'heure convenue, à une pareille proposition ? Ne va-t-on pas la déchirer à belles dents, la montrer au doigt et faire de son nom le refrain d'une chanson à boire ? Si elle refuse, au contraire, est-il un monstre qui lui soit comparable ? Est-il une statue plus froide qu'elle, et l'homme qui lui parle, qui ose l'arrêter en place publique son livre de messe à la main, n'a-t-il pas le droit de lui dire : vous êtes une rose du Bengale sans épines et sans parfum ?"

Quel plaisir de retrouver la langue de Musset, ces joutes verbales si savamment menées ! L'art du langage est porté à son apogée à travers les échanges entre Octave et Marianne. Ce drame oscillant entre comédie et tragédie est à relire encore et encore pour nous rappeler que "on ne badine pas avec l'amour"...

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Du même auteur : On ne badine pas avec l'amour

Les Caprices de Marianne sur le site de l’INA

Mise en scène pour la télévision par Claude Loursais, en octobre 1962. Lien vers le site de l’INA (extrait gratuit, version intégrale payante)

Mise en scène pour la télévision par Georges Vitaly, en juin 1970.
Lien vers le site de l’INA (extrait gratuit, version intégrale payante)

Dossiers pédagogiques

Dossier Pièce (dé)montée à propos de la mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia n° 202 – mars 2015. Lien vers le site de Canopé

Lien vers le dossier de presse du Théâtre de la Tempête,  mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia (2016). Lien vers le site du théâtre.

Publié dans Théâtre

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Leurs enfants après eux de Nicolas MATHIEU

Publié le par Hélène

♥ ♥

"L'éducation est un grand mot, on peut le mettre dans des livres et des circulaires. En réalité, tout le monde fait ce qu'il peut. Qu'on se saigne ou qu'on s'en foute, le résultat recèle toujours sa part de mystère."

Août 1992. L'été s'étire dans cette petite ville de l'est de la France, assommant la jeunesse désœuvrée. Ils s'appellent Anthony, Stéphanie, et Hacine, et trainent leurs 14 ans le long d'un ennui prégnant, cherchant désespérément une occupation entre les baignades dans le lac, les fêtes, les copains et les filles. Tous rêvent de partir, Anthony pour fuir son père alcoolique, Steph, pour se construire un meilleur avenir loin d'une famille de parvenus sans culture, et Hacine pour ne pas suivre les traces de son père immigré et inadapté. Sont-ils condamnés à répéter le même schéma que leurs parents ou pourront-ils s'échapper de ce quotidien lourd qui semble les tirer vers le fond ? Durant quatre étés, nous les verrons grandir, entre désoeuvrement et espoir, pour peu à peu s'acheminer vers l'adulte de demain.

"Etre adulte, c'était précisément savoir qu'il existait d'autres forces que le grand amour et toutes ces foutaises qui remplissaient les magazines, aller bien, vivre ses passions, réussir comme des malades. Il y avait aussi le temps, la mort, la guerre inlassable que vous faisait la vie. Le couple, c'était ce canot de sauvetage sur le rebord de l'abîme."

Parce qu'il a su puiser dans sa propre jeunesse et ses souvenirs pour écrire, parce qu'il sait restituer une atmosphère, une ambiance par la biais d'une sensation, d'un bruit, d'un détail, Nicolas Mathieu offre ici un récit d'une justesse exemplaire, parfaite adéquation entre acuité d'observation et d'analyse et beauté de l'écriture réinventée.  Il évoque l'éducation, la transmission, les rêves adolescents, les désillusions sentimentales, le marasme et le vide toujours à l'affût, les rêves trop grands, et tout à coup au détour d'une page, l'évidence nous traverse, il parle de nous, il parle de notre jeunesse, il parle de l'humain.

"A mille détails, on percevait le souci que les habitants avaient de leur confort, de leur intimité, du respect de leur propriété. Un homme arrosait sa pelouse à l'aide d'un jet, chemise ouverte, l'air content. de temps en temps, on entendait un éclat de rire au loin, le raclement d'une chaise longue qu'on rentrait pour la nuit. des hirondelles passèrent très vite au-dessus des sa tête."

Une belle réussite.

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

D'autres avis : Télérama ; Joëlle ;

Vous aimerez aussi : D'acier de Silvia Avallone

 

Leurs enfants après eux de Nicolas MATHIEU, Actes Sud, août 2018, 432 p., 21.80 euros

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Comme un lundi de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

♥ ♥

"La vie est grave. Il faut gravir." Pierre Reverdy

Thomas Vinau rédige ce "Carnet de bord assis au bord du temps" pour tenter de saisir le quotidien avant qu'il ne s'échappe, retenir encore un peu contre son coeur tous ces moments suspendus qui mis bout à bout créent bonheur "Dire le vent dans les arbres. Et les jets d'eau. Et les moineaux qui s'y baignent. Et la lumière sur les pierres de la terrasse." Saisir l'instant dans ce qu'il a d'éternellement beau, assujetti des contingences liées au temps.

Parce que souvent, le bonheur ne se saisit qu'après coup, quand il est trop tard et qu'il a filé se tapir sous les branches. La vie finit par nous désarmer, nous laissant pantelants, geignards, quand il aurait été si simple de regarder le monde, notre monde et de s'émerveiller quand il était encore temps. Si simple de dire à ceux qu'on aime que l'on tient à eux, d'admirer la ténacité de castors, de savourer la beauté d'un amour qui dure

"Je regarde les photos sur les murs en buvant à petites gorgées ma vielle compagne la solitude au fond du bol de café. On a avancé. On a pris des coups. On s'en est donné. On sait bien à présent que personne ne s'aime jamais comme il faudrait. Qu'à chaque instant on doit se retrouver. Le jour est bien levé maintenant, sa bataille habituelle commence. J'entends à la radio qu'on vieillit plus vite dans l'espace. O.K. mais à condition d'y être ensemble. Vieillir, c'est savoir que ça vaut le coup d'essayer. "

La page de remerciement même est un condensé de beauté :

Face à un monde désarmant, Thomas Vinau oppose une douce folie nécessaire à notre survie, indispensable à notre bonheur.

 

Présentation de l'éditeur : La Fosse aux Ours

Du même auteur :  Nos cheveux blanchiront avec nos yeux  ; Ici ça va ; Bric à brac hopperien  ♥ ; Juste après la pluie ♥ La part des nuages ♥ ♥ ♥ ; Bleu de travail  ♥ ♥ ♥ 

Blog de l'auteur : Thomas Vinau

D'autres avis : LeiloonaSabineMokaLecture commune avec Noukette

 

Comme un lundi, Carnet de bord assis au bord du temps, Thomas Vinau, La Fosse aux Ours, août 2018, 128 p., 15 euros

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Les frères Sisters de Patrick DeWITT

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Il y a des jours où nous sommes plus forts ... que d'autres."

Oregon 1851. Eli et Charlie Sisters chevauchent vers la Californie, envoyé en mission par le Commodore pour traquer un prospecteur d'or. Tueurs à gages, ils devront se débarrasser de lui après avoir récolté des renseignements sensibles. Mais cette traque prend rapidement un tour insolite ...

A travers le destin des deux frères réputés pour leur violence, l'auteur remet au goût du jour le western dans toute sa splendeur. Les deux comparses n'hésitent pas à user de la gâchette, à séduire les jolies filles, et à boire plus que de raison pour oublier leur solitude. Ils croisent toute une panoplie de personnages étonnants  et cocasses, mais aussi des castors qui ressemblent à des humains, des savants fous aux trouvailles hors du commun, des chevaux borgnes. Ils ont toujours connus la violence, elle fait partie de leur quotidien, et si Charlie ne se pose pas de questions, ou les noie dans l'alcool, Eli  quant à lui aimerait raccrocher pour une "question d'éthique".  Coeur d'artichaut, il a tendance à rapidement se laisser séduire par les jeunes filles qu'il croise et n'aspire finalement qu'à un peu de paix aux côtés de l'une d'elle. L'argent est peu important pour eux, tellement facile à gagner, et tellement volatile aussi.

Le chemin vers la félicité sera long, mais Eli ne renoncera pas à devenir "un grand homme", ou à tout le moins, un homme apaisé.

Beaucoup d'humour et de tendresse transparaît dans ce récit tonitruant que je vous conseille vivement !

 

Présentation de l'éditeur :  Actes Sud

Existe en poche : Babel

 

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Le premier homme de Jacques FERRANDEZ d'après l'oeuvre d'Albert CAMUS

Publié le par Hélène

♥ ♥

Le premier homme est le manuscrit inachevé de Albert Camus, retrouvé dans ses affaires à sa mort. Il n'a été publié qu'en 1994. Camus souhaitait ainsi écrire le roman de l'Algérie, de la colonisation, de la guerre d'indépendance, à travers le destin de son personnage.

Nous suivons les pas de Jacques Cormery, écrivain, qui part à la recherche de ses origines, sur les traces de son père disparu durant la Première Guerre mondiale. Il va à la rencontre des personnages qui pourraient l'éclairer sur son histoire, sur ses origines, et se remémore alors la grand-mère assez dure face à une mère effacée, son enfance dans un quartier populaire d'Alger, le bonheur insouciant aux côtés des copains, les virées à la plage, l'école comme un échappatoire lumineux.

L'école fut en effet une joie pour l'enfant, affamé de découvertes, qui comprend rapidement que le savoir est un moyen de sortir de sa misère. En effet, "La misère est une forteresse sans pont-levis", et "Dans notre classe, pour la première fois, on se sentait exister et nous étions l'objet de la plus haute considération ; on nous jugeait dignes de découvrir le monde." C'est grâce à la rencontre avec un instituteur qui a su déceler chez l'enfant un avenir prometteur que l'écrivain a pu s'élever socialement. Les passages sur l'école revêtent un aura particulier quand on devine que derrière ce Jacques Cormery, se cache Camus lui-même.

Jacques Ferrandez vient du même quartier que Camus et son attachement à son pays et à son histoire est tout aussi prégnant, ce qui se ressent dans les dessins magnifiques. Ce très bel album permet d'éclairer l’œuvre du grand Camus. Un très bel hommage.

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard

D'autres avis : Télérama  ; Marianne ;

Du même auteur : L'étranger

De Camus : La peste ; L'état de siège

 

La BD de la semaine est accueillie par Moka ce mercredi

 

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