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Face au vent de Jim LYNCH

Publié le par Hélène

"Les bateaux incarnent les rêves mieux que n'importe quoi d'autre, pas vrai ?"

Josh répare les bateaux sur un chantier naval à Olympia, au coeur de la baie de Seattle, tout en multipliant les rencontres sur Internet pour le plus grand plaisir de ses collègues à qui il raconte ses expériences avortées. Son quotidien se résume à écouter les rêves inaccessibles de plaisanciers fous, sans expériences de la navigation, amoureux inconditionnels d'un bateau qui prend l'eau, et tellement fanatiques qu'ils sont prêts à tout risquer pour réparer leur bateau et s'engouffrer à nouveau vers l'aventure, quel qu'en soit le prix à payer.

La navigation a toujours été au coeur de l'univers familial de Josh puisque son grand-père dessine les voiliers, son père les construit, et sa mère, admiratrice inconditionnelle d'Einstein, utilise ses connaissances scientifiques pour calculer leur trajectoire. Ainsi, la famille participaient à des régates, Josh, son frère Bernard et sa soeur Ruby s'épaulaient pour gagner les courses, jusqu'au jour où Ruby décide d'abandonner sa carrière toute tracée pour s'engager dans l'humanitaire en Afrique. La famille se distend alors, Bernard décidant lui aussi de partir à l'autre bout du monde et Josh se consacrant à son chantier.

Aussi, quand son père se présente sur le chantier avec le projet fou de rassembler toute la famille pour une nouvelle régate, Josh reste tout d'abord sceptique.

Malgré les dissensions et la distance creusée par le temps, les sentiments familiaux ne s'évanouissent jamais. Bien des années plus tard, Josh se souvient toujours avec tendresse de ce jour où les parents étaient partis participer à une régate alors que c'était le jour de son anniversaire. Voyant sa peine, sa soeur avait convaincu Bernard de l'aider à gonfler deux cent ballons pendant que Josh dormait : "En me réveillant le jour de mon anniversaire, j'ai découvert une pièce entièrement remplie de ballons, du sol au plafond, je pouvais à peine avancer."

Pour rattraper un peu du temps perdu, Josh acceptera finalement cette ultime folle régate.

Chacun a ses forces et ses faiblesses, apportant une pierre à l'édifice fragile de la famille, mais à l'heure des épreuves, leur entraide et leur amour sans conditions les tient finalement debout sur le pont, contre vents et marées.

"Regarde autour de toi" "Les arbres, les oiseaux, les chiens, les maisons, les gens. Rien ne dure toujours !"

 

Présentation de l'éditeur : Gallmeister 

 

Face au vent, Jim Lynch, Gallmeister, traduit par Jean Esch, janvier 2018, 368 p., 23.20 euros

 

Merci à l'éditeur.

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Ar Men, l'enfer des enfers de Emmanuel LEPAGE

Publié le par Hélène

   

Ar Men est le nom du phare qui éclaire la nuit au large de l'île de Sein. Il est surnommé "L'enfer des enfers" car il est le phare le plus exposé et le plus difficile d’accès de Bretagne, construit sur un plateau rocheux dépassant de simplement quelques centimètres durant les grandes marées et placé dans un endroit extrêmement dangereux. Cette position le voue à assister à des centaines de naufrages, souvent très meurtriers. Germain est le gardien de ce lieu atypique, il lutte contre les éléments pour mieux recouvrir ses propres souvenirs, comme pour se noyer dans l'action. Sur les murs de son phare, sous les strates du temps, il découvre l'histoire de Moïzez...

MoIzez participera à la naissance du phare au XIXème siècle. Germain conte son histoire à sa petite fille lovée dans le phare, mais il évoque aussi d'autres récits qui participent à la légende de l'île de Sein et de la Bretagne comme le mythe de la ville d'Ys ou celui de l'Ankou.

Ce que j'ai moins aimé : Comme souvent chez Lepage, le récit est plus faible que les dessins, magnifiques. Ici, les histoires s'entremêlent de façon quelque peu artificielles, retraçant l'histoire du phare, confondant naufrages et drames au point qu'on ne sait plus bien ce qui tient de la réalité ou de la fiction... 

Bilan : Des aquarelles inoubliables pour un bel hommage rendu à ces gardiens du bout du monde qui ont vu leur métier disparaitre au profit des phares automatisés.

Présentation de l'éditeur : Futuropolis

Du même auteur :  Un printemps à Tchernobyl ♥ ♥ ♥ ♥ (BD)Voyage aux îles de la Désolation ♥ ♥ (BD) ; Les voyages d'Anna ♥ ♥ ♥ (BD)

D'autres avis : Lecture commune avec Jérôme, Blandine ; Eimelle ; Antigone ; Leiloona ; Kathel

Sur le même sujet : Le phare, voyage immobile de Paolo RUMIZ ; La promenade au phare de Virginia Woolf et mon préféré : Tout seul de Chabouté

 

Bd de la semaine accueillie par Stéphie

 

 

 

 

La BD fait son festival avec Priceminister

 

 

 

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Une autre Aurélia et Une rencontre à Pékin de Jean-François BILLETER

Publié le par Hélène

 

Dans Une autre Aurélia, Jean-François Billeter nous livre les différentes émotions qui ont pu le traverser après la mort brutale de sa femme en 2012, après 48 ans de vie commune. En choisissant la forme du journal, le célèbre sinologue traque les stigmates de la disparition, jour après jour, le travail du deuil s'effectuant parfois à son insu. :

"10 janv. L'émotion revient d'autant plus que je tente moins de la retenir.

11 janv. Je n'ai plus de port d'attache, je vais devoir naviguer sans répit, le long des côtes ou en haute mer."

Il se perd dans le travail, dans la lecture, comme pour chercher une résonance à son malheur, Les souvenirs reviennent brusquement, la volonté de revoir l'être aimé, la nécessité de continuer, envers et contre cette mort...

Dans Une rencontre à Pékin il revient sur leur histoire, leur rencontre, la naissance du couple en Chine dans les années 60 avant la révolution culturelle. Il raconte comment cette rencontre a changé sa vie puis leur retour en 1975. Ce texte autobiographique éclaire sur l'histoire de la Chine.

Ce que j'ai moins aimé : Je n'ai pas été touchée par ces récits. Dans son préambule Billeter prévient : " Ces observations « ne touchent ni ma personne, ni celle de Wen en particulier. De tels bouleversements sont riches en enseignements d’une portée plus grande. Ils nous apprennent de quoi nous sommes faits. C’est cela qui m’intéresse au premier chef ici et justifie que je prenne la plume » Sans doute touchent-ils à l'universel car le deuil touche tout un chacun, mais paradoxalement, ces réflexions au jour le jour m'ont semblé plus intimes qu'universelles, plus psychanalytiques que philosophiques.

La rencontre quant à elle est racontée de façon très historique, anecdotique, sans romanesque. L'écriture est proche du réel, sans fioritures, sans poésie, et pour conclure, je dirais qu'elle n'est pas de celles qui me touchent, trop proche du documentaire.

 

Présentation de l'éditeur : Allia

D'autres avis : Télérama

Une lecture commune avec Eva

 

Une autre Aurélia et Une rencontre à Pékin, Jean-François Billeter, Allia, août 2017, 7 euros

 

Sélectionné pour le prix Psychologies du roman inspirant.

 

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Printemps des poètes 2018

Publié le par Hélène

   

 

J’ai demandé la lune au rocher
J’ai pensé qu’en m’agrippant
Je sauverais l’instant
J’ai pensé qu’en m’accrochant
J’arrêterais le temps

J’ai demandé la lune au rocher
Et j’y ai cru longtemps
M’entraînant
Soulevant des poids
Brisant des plumes

Je n’ai pas vu venir
Passer
Rides années
Tout entière absorbée par le rocher

Je le caresserai toujours
Car je crois au vieil amour qu’on rajeunit
De l’aile chaque jour
Mais je cède maintenant aux caprices du vent
Va mon cœur
Mène moi où tu voudras

J’ai demandé la lune au rocher
Et j’ai cru lire un jour sur sa face
Impassible
« Oublie-la »

Et j’ai reçu en partage
L’étoffe des nuages
Qui déploie ses formes étranges
Le sourire des mésanges
Le vieux pin qui là-haut
Doucement se balance
L’amour
Encordé à jamais

J’ai demandé la lune au rocher
Et il m’a tout donné



Poème de Stéphanie Bodet, extrait de À la verticale de soi ©Éditions Guérin

Publié dans Poésie française

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Mort d'un cheval dans les bras de sa mère de Jane SAUTIERE

Publié le par Hélène

Jane Sautière écrit par fragments, à l'affut des traces laissées par ce qui la frôle ou envahit sa vie. Qu'elle évoque son expérience d'éducatrice pénitentiaire, les vêtements qui la parent, son expérience des transports en commun ou qu'elle s'interroge sur la maternité dans notre société, elle s'appuie sur son vécu pour tendre vers l'universel. Elle s'intéresse à ce qui est sous nos yeux comme ici les animaux qui peuplent nos vie et nos univers, ceux qui surgissent inopinément, les animaux domestiques, les comestibles, les nuisibles... Ils partagent nos vies, occupent nos espaces, quelquefois bon an, mal an, disparaissent en nous déchirant le coeur, et nous apportent bien davantage que leur simple présence. En tant qu'être dénué de la volonté et de la conscience de faire souffrir, ils nous apprennent à être pleinement là, sans projection vers l'avenir, offert à ce qui se présente. Indiscutablement vivants.

"Bien sûr mon intelligence humaine me fait comprendre ce que les bêtes ne comprennent pas. Mais il faut accepter d'évaser les chemins de la compréhension à des formes on cérébrales, aux sensations, aux perceptions, aux champs poétiques qui sont connaissance aussi. Comprendre / prendre, attraper le pollen là où il est sans savoir ce qu'il est."

En les observant, en les aimant, notre humanité se révèle, comme dans cette scène inoubliable de communion avec un chat, à regarder la lune : "Un moment, j'ai vu que  nous regardions ensemble la lune ronde, laiteuse, nous avons vu la même chose et ressenti la lueur d'un monde qui n'est pas le nôtre, qui nous inonde parfois, dont nous percevons l'étrangeté ensemble. (...) Mais nous partageons l'inconnaissable du monde, l'épreuve poétique du monde. (...) Et nous nous sommes regardé, yeux dans les yeux, en toute connaissance de cause. Regard à regard. Le moment ténu, le fil de l'humain à l'animal, à ce moment le monde est reconstitué. Un instant seulement, eu-delà de la crainte, dans la lumière laiteuse, un seul monde." p.61

 

Présentation de l'éditeur : Verticales

 

D'autres avis : Lecture commune avec Eva

 

Mort d'un cheval dans les bras de sa mère, Jane Sautière, Verticales, janvier 2018, 192 p.,

 

Sélectionné pour le prix Psychologies du roman inspirant

 

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Prévert, inventeur de CAILLEAUX et BOURHIS

Publié le par Hélène

Ce premier tome d'une trilogie s'attache aux années 1920 à 1950 de la vie du célèbre poète. Prévert a 20 ans, il est militaire à Constantinople, puis il rejoint le Paris des années folles et son effervescence intellectuelle. A Montparnasse, il connait la vie de bohème, refusant le travail aliénant. Il partage une colocation avec d'autres artistes, dont Yves Tanguy, ils sont financés par le riche Marcel Duhamel, qui sera plus tard éditeur chez Gallimard et créateur de la Série Noire. Jacques se lie avec les surréalistes, Desnos, Breton, Aragon et lors de leurs soirées alcoolisées, il invente le cadavre exquis.

Leur vie est marquée par une liberté insouciante, puis la politisation de Breton provoque l'éclatement du groupe des surréalistes. Prévert écrit quelques scénarios mais il reste encore en retrait, méconnu, préférant profiter du présent que de s'investir dans un projet quelconque.

« Bourhis : L’idée n’était pas de raconter la vie de « Prévert le poète bien connu », mais de se focaliser sur sa jeunesse. On a souvent l’image d’un Prévert vieux, la clope fatiguée au bec. Ici nous parlons du Prévert dandy, punk avant la lettre, imprévisible, fantasque, et déjà très créatif verbalement. Et comme Christian est au dessin, ça me semblait normal de commencer l’histoire dans un port, celui de Constantinople, où Prévert fait son service militaire de manière tout à fait personnelle. Mais ça je vous laisse découvrir comment. La dernière page de l’album reprend la structure de cette première page, sauf qu’au lieu d’un café turc, c’est un bar Parisien, 10 ans plus tard. Une manière de boucler la boucle de sa vingtaine, la décennie durant laquelle Prévert s’est construit, a mûri, a rencontré les gens qui lui ont donné l’envie d’écrire. »

La mise en scène fluide des auteurs résonne en parfaite adéquation avec la personnalité libre de Prévert. Les bulles éclatent hors cadre, dépassant les limites des cases traditionnelles, à l'image de cet esprit bohème refusant d'être circonscrit. Si, dans un premier temps cette mise en page peut surprendre, elle s'adapte finalement bien au poète.

 

Présentation de l'éditeur : Dupuis

A lire : L'intégrale :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D'autres avis : Jérôme

 

Prévert, inventeur de Cailleaux et Bourhis, Dupuis, septembre 2014, 72 p., 30 euros

 

Bd de la semaine Chez Noukette cette semaine !

 

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Mon père sur mes épaules de Metin ARDITI

Publié le par Hélène

"Il faut se tenir à une juste distance des gens et des choses si l'on souhaite en percevoir tous les aspects avec lucidité."

Metin Arditi évoque en ces douces pages nostalgiques son père, mort vingt ans auparavant. Il se souvient des heures heureuses passées à Istanbul, puis du déchirement de la séparation à 7 ans, quand son père décide de l'envoyer en pension en Suisse. Il ressasse le ressentiment éprouvé alors, même si ses années de pensionnat furent relativement enjouées. Il évoque également les mésententes sur la question juive, les aléas de l'existence qui rapprochent ou séparent, mais à l'heure du bilan, il retiendra surtout les leçons de sagesse de ce père millénaire, et cette phrase magique « Les livres, c’est autre chose. » qui contribuera à la vocation de l'auteur.

Cette écriture autobiographique aura eu l'avantage de replacer les évènements dans leur juste contexte, à distance, pour mieux les comprendre et les analyser et pour, enfin, pardonner les erreurs et manquements propres à toute éducation.

Ce que j'ai moins aimé : Ce récit ressemble à un journal psychanalytique qui permet sans doute à l'auteur de faire son deuil dignement, mais qui n'apporte peut-être pas autant au lecteur lambda, pour qui ce récit intime pourra rester anecdotique.

 

Présentation de l'éditeur : Grasset

Du même auteur : Le Turquetto ♥ ♥ ♥ ;  La confrérie des moines volants ♥ ♥ ; Juliette dans son bain ♥ ; L'enfant qui mesurait le monde  ♥ ♥ ♥

D'autres avis : Une lecture commune avec Eva

 

Mon père sur mes épaules, Metin Arditi, Grasset, mai 2017, 176p., 15 euros

 

Roman sélectionné pour le prix Psychologies du roman inspirant.

 

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Sens averse (répétitions) de Valérie ROUZEAU

Publié le par Hélène

"Souvent je passe à côté de ma vie

Quand ma vie est en cet arbre droit comme un i"

 

"Tu dois te remettre à l'heure heureuse" s'admoneste l'auteure. Agressée par le monde, par cette modernité quelquefois aliénante, il est difficile de trouver sa place et d'exercer le "dur métier de vivre". Restent les mots, comme un rempart, leur assemblage comme magique qui permet de créer, le temps d'un vers, un brin de beauté.

Dans sa poésie du quotidien Valérie Rouzeau observe les sorties d'école, les repas, les balades urbaines, les soldes, et d'un oeil neuf et d'une écriture vive, elle restitue la modernité des sujets. L'inspiration se terre partout et les associations décalées créent la surprise.

De beaux textes émanent de ces pages, comme cet hommage à Comme un avion de Podalydès et Charlélie Couture

"Kayak un joli palindrome comme un avion

Se laisser porter au fil de l'air de la chanson

Y'a qu'à ! Y'a qu'à ! Y'a qu'à ! aimer bien la rivière

En suivre le courant se laisser faire aptère

Glisser glisser jusqu'à tomber sur la fée verte

Planer sans ailes au beau milieu d'un carré d'herbe

Sentir la vase la boue le fossé jusqu'au cou

Puisqu'il faut bien se perdre pour se retrouver mieux

Y'a qu'à y'a qu'à y'a qu'à tanguer jusqu'à la mer

Aux avirons du beau milieu de l'existence."

Ce que j'ai moins aimé : Je n'ai pas été vraiment sensible à ce recueil.

 

Présentation de l'éditeur : La Table Ronde

 

Sens averse (répétitions), Valérie ROUZEAU, La table ronde, mars 2018, 144 p., 16 euros

Merci à l'éditeur !

 

Publié dans Poésie française

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Alexandrin ou l'art de faire des vers à pied de Pascal RABATE et KOKOR

Publié le par Hélène

"Partout se trouve la beauté
Dans un marteau, un clou, un cageot, un trait
La beauté est dans l'œil qui contemple
Et qu'importe le sujet observé
L'émerveillement s'apprend et se transmet"

Alexandrin, vagabond sans le sou, erre de porte en porte pour vendre ses poèmes. Si ses mots lui apportent quelques pièces pour s'approvisionner au supermarché, ils sont surtout une manière d'être. Parce qu'enchanter les mots, c'est aussi embellir la vie. Alexandrin ne conçoit pas la langue autrement que travaillée. Ce qui, initialement demande un effort de tournure, finit par lui devenir naturel et essentiel. Sa quête du beau le tient debout. Sa route croise celle de Kevin, petit garçon en fugue avide de liberté. Les deux compères font un bout de chemin ensemble, Alexandrin initie Kevin à son art et lui apporte un regard neuf sur le monde qui l'entoure.

Ce très bel album résonne en nos âmes comme un appel à la rêverie, à la flânerie. Il invite à se placer en marge de la vie qui court pour la regarder courir, pour savourer les détails qui nous échappent habituellement et pour finalement réfléchir à ce qu'on souhaite laisser en chemin.

« Quand ça ne va pas, je regarde les arbres, les oiseaux... de nouveau la vie va et mon humeur repart au galop. »

Livrer la beauté du monde aux autres, retrouver son âme d'enfant capable de s'émerveiller devant une libellule, et quitte à être incompris, marginalisé, seul même quelquefois, "maudit", telle est la mission millénaire du poète mélancolique...

"La poésie, ce n'est pas que les rimes, c'est la façon de voir ou d'interpréter les choses qui prime... "

 

Présentation de l'éditeur : Futuropolis

D'autres avis : Jérôme ; Karine ;

 

BD de la semaine accueillie par Moka

 

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Neverland de Timothée DE FOMBELLE

Publié le par Hélène

  ♥ ♥

"C'était un voyage incertain. J'ai dormi sous la lune."

Un beau matin, le narrateur décide de partir en chasse de son enfance. Il enfourche son cheval, s'équipe de sarbacanes, de potions, casiers filets, fléchettes qui endorment, ne sachant pas à quoi s'attendre ni comment prendre dans ses filets cette enfance éphémère tellement insaisissable. Et le voilà en quête de celui qu'il était... "J'étais le chercheur d'or, le chasseur fou, illuminé par ce rêve."

Il traque aussi ce moment où tout bascule, où l'enfance s'évade pour laisser place à la gravité de l'adulte. Au mitan de sa vie il rêve de la capturer pour ne pas la laisser s'évanouir dans les airs du temps pesant. Don Quichotte courant après des moulins à vent, il erre funambule sur le fil de sa mémoire. Il s'illumine soudain au souvenir de certaines scènes comme ces dimanches soirs magiques, quand ses parents décidaient de prolonger le week-end bienheureux en emmenant toute la famille manger des cailles chaudes sur un rocher plat dans le forêt de Fontainebleau, comme pour retenir les heures avant la reprise de la semaine.

"Je n'ai jamais essayé de retenir l'enfance ou de m'y attarder. J'ai simplement voulu faire grandir l'enfant en moi, le faire progresser, en le gardant vivant. Car, malgré les promesses que me faisait ce nouveau monde, le pays adulte, il y avait quelque chose que je n'abandonnerais pas : l'envie d'inventer et de créer. C'était un serment. Je ne renoncerais pas à l'imaginaire. Je ne perdrais pas le fil. Ce serait la continuation de l'enfance par d'autres moyens, le rêve de perfectionner éternellement l'enfance."

Une magie volatile s'échappe de cette quête, elle survole nos vies et frôle nos âmes, pour une géographie poétique de l'enfance millénaire. Neverland exerce une indéniable attirance sur nos âmes d'enfants...

 

Présentation de l'éditeur : L'iconoclaste

D'autres avis : Lecture commune avec Eva

Télérama

Du même auteur : Tobie Lolness (2006, Gallimard Jeunesse) / Vango (2010, Gallimard Jeunesse) / Le Livre de Perle (2014, Gallimard Jeunesse)

 

Neverland,Timothée de Fombelle, L'Iconoclaste, 2017, 116 p.,  16 euros

 

Sélectionné pour le prix Psychologies du roman inspirant.

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