Laoshu, ou « Vieil Arbre » en chinois, de son vrai nom Liu Shuyong, représente la Chine d’aujourd’hui, à la fois dans la tradition et dans le XXIe siècle. Il est professeur à l’Institut des médias et de la culture de Pékin et critique d’art réputé, et poste sur son blog, chaque jour depuis 2011, une peinture accompagnée d’un poème.
Son personnage traverse les saisons en voyageur solitaire qui se plait à flâner en laissant le temps l'envahir. Il s'endort, des fleurs de pruniers dans les bras, disparait parmi les roseaux en fleurs, s'allonge sous un arbre en automne pour gouter à l'oisiveté, réceptif à ce que la nature a à lui offrir. Il s''émerveille d'un détail parce que, simplement, il prend le temps de s'arrêter pour contempler le monde.
Cet album est indispensable pour se recentrer en ces temps tourmentés, et parfait pour commencer cette nouvelle année chinoise sous de bons auspices...
Lennie et Georges sont sur la route, en direction du ranch de Curley dans lequel ils doivent embaucher. Les deux hommes sont intimement liés et Georges s'inquiète pour Lennie, être à la fois terriblement sensible, mais aussi homme colossal à la force décuplée. Leur rêve est commun : ils aimeraient mettre de côté suffisamment d'argent pour avoir leur propre ferme. Mais quelquefois, la vie contrarie les plans des hommes...
A travers ces planches au crayon ou à la gouache, Rebecca Dautremer nous livre l'âme du roman, tant elle est en adéquation avec les pages de Steinbeck. Qu'il s'agisse de la magie d'un paysage refuge, de la douceur d'un lapin que Lennie rêve de caresser, des robes virevoltantes qui l'attirent comme un aimant, de la violence qu'il ignore, ou du désarroi de Georges qui aimerait tant offrir à son acolyte la ferme qu'ils convoitent, mais qui comprend peu à peu que cela ne sera jamais possible, toutes ses illustrations éclairent le roman d'une aura extraordinaire.
Kamel Wozniak s'est réfugié dans un petit village dans les Causses, louant un meublé pour un temps. Kamel est en fuite, et cette étape ne devrait qu'être transitoire. Puis son propriétaire s'installe peu à peu dans son quotidien, il se lit d'amitiés avec un groupe de jeunes du village, ayant sauvé de la noyade l'un d'eux, il se rapproche d'une gendarme, et surtout, il observe sa voisine, fasciné.
Mon avis :
La tension monte, et cette idée d'ancrer malgré tout un être en fuite, comme malgré lui, parce que tout le monde a besoin de liens, de repères, était intéressante. Mais la découverte du secret gâche un peu l'histoire, j'aurais préféré rester dans l'ignorance, ou bien découvrir un secret plus fracassant, plus crédible.
Dans la vallée de la Madison, Nanika Martinelli, jeune guide de rivière à la réputation flamboyante, disparait. Le Shérif Martha Ettinger se lance sur ses traces et découvre le corps d'un homme empalé sur les bois d'un cerf (oui parfaitement, ça arrive...). Les pistes se multiplient alors, et Martha requiert l'aide de Sean Stranahan.
Ce que j'ai moins aimé :
- Beaucoup de personnages, dont certains arrivent un peu trop au bon moment
- Un secret qu'on devine assez rapidement
- Des thématiques moins originales que dans les romans précédents : les loups et leur réintroduction, (lisez à ce sujet la magnifique BD "Le loup"), l'influence néfaste des sectes ou des personnages charismatiques...
- Un héros un peu trop perdu dans ses intrigues sentimentales (ce que j'avais déjà reproché au premier tome...)
Bilan :
Etait-ce dû à un manque de concentration de ma part ou à une réelle baisse de régime de l'auteur, il n'en reste pas moins que j'ai beaucoup moins aimé cet opus que son deuxième Les morts de Bear Creek.
Sur les chemins de Yahwari, petit village de Corée, le facteur suit sa route et côtoie avec bonheur les habitants de ce lieu préservé. Ces histoires courtes sont ici centrées sur des personnages plus âgés, les vieux couples, ceux qui attendent l'arrivée des enfants et petit-enfants avec fébrilité, ceux qui ne comprennent pas cette nouvelle génération, ceux qui se souviennent avec tendresse de leur passé, ceux qui se disputent pour des broutilles pour mieux se réconcilier, ceux qui s'aiment au-delà des années, quoi qu'il arrive. Le facteur si discret passe de l'un à l'autre avec amusement et empathie.
L'oeil du narrateur s'attache ainsi à ces gestes d'amour qui redonnent une nouvelle jeunesse comme une châtaigne ramassée, mais aussi ces moments paisibles de l'existence qui lui offre un prix inestimable : faire paitre le bœuf, se baigner dans l'eau fraiche de la rivière, tricoter une écharpe colorée pour son cher et tendre, accueillir sa famille. Et malgré la pauvreté, les difficultés, les personnages brodent autour d'une première réponse au sens de la vie qui serait de veiller les uns sur les autres "Même la mort ne me fait pas peur si c'est avec toi." dira l'un des personnages.
Avec douceur et tendresse l'auteur nous laisse à penser que ces années-là sont les plus belles années...
"Les lecteurs étaient ces géants qui rendaient immortelle la littérature, la faisaient vivre et tournoyer d'une nouvelle audace, d'une nouvelle inspiration."
Alors qu'il accompagne un ami au cimetière du Père Lachaise, Florent se perd dans les allées éternelles du cimetière parisien et vit une expérience particulière aux abords de la tombe d'Apollinaire. Il en revient transformé, un mystérieux morceau de bois sous le bras. Il se plonge alors à cœur et corps perdu dans l'univers du célèbre poète, lisant et relisant ses poèmes. Son esprit enfiévré par la redécouverte l'emporte au cœur de la vie de celui qu'on surnommait Kostro, et de ses relations si particulières avec ses muses, les femmes qui ont bouleversé sa vie. Florent se laisse guider, fasciné.
Un souffle onirique et poétique agite ce roman si original qui s'épanouit grâce à une passion pour la littérature, son sens, son rapport à la terre et aux dieux, dans un retour aux origines fin et subtil. Une belle réussite !
Pitch : Sept fois le monde. Sept romans miniatures.
Il y sera question d’une drogue aux effets de jouvence, de musique, du plus beau visage du monde, de militantisme politique, d’extraterrestres, de religion ou d’immortalité. Sept récits indépendants dont le lecteur découvrira au fil des pages qu’ils sont étroitement liés.
Peu à peu, comme un mobile dont les différentes parties sont à la fois autonomes et solidaires, 7 compose une image nouvelle de la psyché de l’homme contemporain, de ses doutes et de ses croyances nécessaires.
Mon avis : Une collègue me l'a prêté en me disant qu'elle n'avait rien lu de plus réjouissant depuis longtemps. Je n'ai pas été ferrée pour ma part, je n'ai pas aimé le style, les personnages...
La servante écarlate de Margaret Atwood
Pitch :Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
Paru pour la première fois en 1985, La Servante écarlate s'est vendu à des millions d’exemplaires à travers le monde. Devenu un classique de la littérature anglophone, ce roman, qui n'est pas sans évoquer le 1984 de George Orwell, décrit un quotidien glaçant qui n'a jamais semblé aussi proche, nous rappelant combien fragiles sont nos libertés. La série adaptée de ce chef-d’oeuvre de Margaret Atwood, avec Elisabeth Moss dans le rôle principal, a été unanimement saluée par la critique.
Mon avis : Un univers trop glauque pour moi, sans compter que ce roman appartient au genre de la dystopie auquel j'ai tendance à ne pas adhérer.
Le sport des rois de CE MORGAN
Pitch : Riche propriétaire terrien du Kentucky, Henry Forge dédie sa vie à la recherche de la combinaison génétique idéale pour créer le cheval parfait, une machine de course imbattable et grandiose. Digne héritier d’une famille autoritaire habituée depuis des décennies à posséder, commander, dominer, il fait tout plier à sa volonté, la génétique comme sa fille unique, Henrietta, à qui il transmet son obsession. Dans une ville voisine, Allmon Shaughnessy, un jeune homme noir élevé dans les quartiers pauvres par une mère souffrante, grandit dans un monde de discriminations et d’injustices où les violences policières sont légion. Déterminé à changer le cours de son destin et à conquérir la fortune qu’il mérite, Allmon arrive chez les Forge : garçon d’écurie au talent rare et à l’ambition dévorante, il va mener à la victoire une pouliche de légende, Hellsmouth, bouleverser l’équilibre malsain de la famille et découvrir l’envers du rêve américain.
Œuvre monde, Le sport des rois nous emporte dans son impétueux courant, profond et violent comme le fleuve Ohio. C. E. Morgan nous offre une plongée vertigineuse dans les abysses de l’esclavage et de son héritage, entremêle avec brio les époques et les lieux et livre, par la force unique de son souffle, une exceptionnelle épopée américaine sur plus de trois générations.
Mon avis : J'avais lu tant d'avis positifs que j'avais envie de l'aimer. Mais les personnages sont profondément antipathiques, marquants en raison de leur manque d'humanité. de plus, l'action n'avance pas, l'autre personnage principal (Allmon) n'apparait qu'après la page 100.
Paris mille vies de Laurent Gaudé
Pitch : Guidé par une ombre errante, l'écrivain-narrateur déambule de nuit dans un Paris étrangement vide, se remémorant des scènes proches ou lointaines, des existences anonymes ou fameuses, des personnalités tutélaires (Villon, Hugo, Artaud...).
Mille vies l'ont précédé dans cette ville qui l'a vu naître et mettre au monde lui-même tant de personnages. Un récit sur la présence des absents, qui mêle l'autofiction au fantastique pour esquisser un art poétique.
Mon avis : Je n'ai pas réussi à accrocher, rien ne me happait, je devais relire trente fois la même page pour avancer, tout coulait
Rose et Windy se retrouvent chaque été au lac Awago où leurs parents louent des cottages. Cet année-là, elles ont 13 et 11 ans et se préparent à un nouvel été entre baignades, discussions et jeux à n'en plus finir. Mais Rose grandit, et découvre les premiers émois amoureux, de plus, elle doit faire face à l'éloignement de ses parents, minés par des conflits larvés.
La peinture de l'adolescence est très subtile, le personnage de Rose oscillant entre délicatesse et emportements excessifs. L'instant devient charnière parce que la jeune femme grandit, affronte les silences de la famille et comprend peu à peu ce qui palpite dans ces non-dits, mettant peu à peu des mots sur des émotions confuses qui brouillent souvent l'humeur.
Le moment hors du temps des vacances permet aussi de mettre en lumière des failles et des bonheurs que le temps suspendu met davantage en valeur. La beauté de ces amitiés qu'on noue juste pour l'été et qui s'évanouissent à la rentrée, jusqu'à l'an prochain, prend alors tout son sens.
Voici la première enquête de William Wisring, inspecteur de la police criminelle de Larvik, une ville moyenne située à une centaine de kilomètres au sud-ouest d’Oslo. Il enquête sur le meurtre d'un homme inconnu retrouvé assassiné dans l'un des chalets du comté de Vestfold, qui servent de résidence estivale aux Norvégiens aisés. Il s'agit probablement d'un cambriolage qui aurait mal tourné, mais l'enquête se densifie quand le corps disparait, et quand la propre fille de l'inspecteur se retrouve indirectement liée à l'affaire.
Ce que j'ai moins aimé :
- J'aurais aimé que le décor soit davantage exploité, ces chalets en bord de mer sertis dans l'hiver étaient pourtant prometteurs !
- Le roman dans son ensemble n'est pas inoubliable, les personnages étant assez fades, sans relief et l'intrigue assez classique.
"Etre attentif à une branche prise dans le vent du matin. Observer le mouvement de la brume et des nuages. Vivre les lieux. Respirer les parfums de la nature. Saisir l'instant.
Puis s'enfermer dans son atelier. Et reproduire en un trait unique les nuances de la réalité.
Travail solitaire.
Souffle divin.
Comme tous les artistes sur cette terre, changer le monde de façon invisible.
Et cependant évidente."
Maître Kuro vit reclus, s'adonnant avec bonheur à l'art de la calligraphie et du zen. Sa vie est calme et sereine, jusqu'à l'arrivée d'une jeune élève, Yuna, qui bouleverse son monde.
Un conte reposant qui prouve combien le coeur peut être profondément bouleversé quoiqu'en pense la raison. La tranquillité risque d'être troublée par ces ondes sismiques déferlant presque à notre insu, et pourtant, cela vaut la peine. La paix peut aussi être trouvée à deux, dans le silence de l'harmonie et il convient d'en profiter car, comme le dit la citation de François Cheng en ouverture "Les vraies rencontres sont rares". L'univers de Maxence Fermine est un univers ouaté, calme et serein, servi par une écriture aussi fine et profonde que celle employée dans la calligraphie. Zen permet de couper tous les ponts avec le monde extérieur pour pénétrer le monde aérien du conteur. Il est juste dommage que le voyage soit si court...