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L'ïle haute de Valentine GOBY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Vadim, un jeune garçon de 13 ans d'origine juive, doit fuir son quartier des Batignolles à Paris pour rejoindre un petit village de montagne dans les Alpes. Il est séparé de sa famille et accueilli par des personnes inconnues dans un environnement très différent de ce qu'il connait !

Il découvre pour la première fois ce monde : la nature sauvage, la neige, les montagnes altières qui surplombent le village, refuge naturel qu'il surnomme "l'île haute". Peu à peu, perdu dans la contemplation de ces nouveaux espaces il se laisse gagner par la beauté.

"Ici la lumière coule sur une vallée entière, allume un à un les hameaux selon leur attitude, les plis de la montagne, leur position par rapport à l'axe des cols, de plus en plus généreuse, de plus en plus dorée, et les éteint en ordre dispersé suivant les fantaisies du relief. Si bien que de l'aube à la nuit la montagne palpite. "

Grâce à la bienveillance de ceux qui l'accueillent et le protègent il parvient à se construire loin des siens dans cet univers préservé si éloigné de la vie citadine. Enfant ayant connu l'oppression, exilé loin de chez lui, il réintègre sa juste place dans le monde aux côtés de ces résistants vaillants prêts à braver l'histoire pour leurs valeurs. La beauté le révèle à lui-même.

Bilan :

Au-delà du récit d'initiation, L'Île haute de Valentine Goby est surtout un puissant roman de célébration du monde !

Présentation de l'éditeur : Actes sud

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L'illusion du mal de Piergiorgio PULIXI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

L'inspectrice Mara Rais et son acolyte Eva Croce sont confrontées à une série de meurtres violents et énigmatiques où les victimes, accusées de crimes impunis, sont assassinées en direct sur les réseaux sociaux. L'assassin, un mystérieux justicier, pousse le public à juger et condamner ses cibles, exploitant la soif de vengeance et le besoin de justice populaire. A chaque crime, un dilemme se présente : est-il juste de condamner des criminels en dehors du système judiciaire ? Les inspectrices avec l'aide du criminologue Vito Strega s'efforcent de démêler les indices et d'arrêter le meurtrier, mais sont également pris dans un tourbillon moral, chacun confrontant ses propres valeurs et croyances face à ce qu'ils considèrent comme juste ou injuste.

Ce que j'ai aimé :

Tout comme dans son précédent roman L'île des âmes, mais dans un autre domaine, l'intrigue est fondée sur des bases solides, très documentées. Ici l'auteur met en lumière un système judiciaire défaillant et grotesque "justification éthique à leurs instincts justiciers et vengeurs. Ajouté à la violence qui sévit sur les réseaux sociaux, ça crée un cocktail incendiaire. Viscéralité, injustice et frustration. Voilà sa formule meurtrière."

A cause des réseaux sociaux, la différence entre virtuel et réel s'estompe et le crime est dépersonnalisé. Les masses sont manipulables, et la pression de l'opinion publique peut facilement devenir juge ou bourreau.

Ce que j'ai moins aimé :

Mais les personnages sont très caricaturaux. Mara est centrée sur sa tenue toujours impeccable et dotée d'un cœur de midinette qui fond littéralement devant l'HOMME, beau intelligent, prévenant, qui vole au secours des deux femmes pour leur enquête...

Bilan :

Un peu trop caricatural à mon goût...

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Thème du mois : Frisson garantis

Publié dans Roman policier Europe

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La femme gelée d’Annie ERNAUX

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Dans ce roman autobiographique, Annie Ernaux cherche à « débroussailler son chemin de femme ». Elle montre les dynamiques à l’œuvre dans son parcours : le modèle parental, moderne finalement pour l'époque avec un père doux et rêveur qui aide aux tâches ménagères et une mère forte, qui encourage sa fille à lire et à flâner, une enfance durant laquelle elle n'a jamais eu cette idée que « petites filles sont des êtres doux et faibles, inférieurs aux garçons. Qu’il y a une différence dans les rôles.», puis l'adolescence ébrèche déjà son indépendance, puisqu'elle se retrouve comme les autres à vouloir séduire, à être soumise à la dictature du corps, à entrer dans les codes : « pas facile de traquer la part de liberté et celle du conditionnement, je la croyais droite ma ligne de fille, ça part dans tous les sens. ». Enfin viennent les premières amours, l'insouciance, les études menées à bien, jusqu'au mariage qui marque la fin d'une époque...

Ce que j’ai aimé :

Annie Ernaux peint le portrait d'une femme dans les années 60 et met subtilement en avant les limites de l’émancipation féminine dans ces années-là. Cette femme gelée, ce fut elle, mais ce fut aussi et c'est encore d'autres femmes dépossédées d'elles-mêmes et de toutes leurs aspirations. 

Elle voyait dans le modèle de ses parents un couple bien plus moderne. Aussi, quelle ne fut pas sa désillusion quand elle s'est retrouvée confrontée à un mari progressiste dans ses propos, mais bien moins dans ses actes :

« Un mois, trois mois que nous sommes mariés, nous retournons à la fac, je donne des cours de latin. Le soir descend plus tôt, on travaille ensemble dans la grande salle. Comme nous sommes sérieux et fragiles, l’image attendrissante du jeune couple moderno-intellectuel. Qui pourrait encore m’attendrir si je me laissais faire, si je ne voulais pas chercher comment on s’enlise, doucettement. En y consentant lâchement. D’accord je travaille La Bruyère ou Verlaine dans la même pièce que lui, à deux mètres l’un de l’autre. La cocotte-minute, cadeau de mariage si utile vous verrez, chantonne sur le gaz. Unis, pareils. Sonnerie stridente du compte-minutes, autre cadeau. Finie la ressemblance. L’un des deux se lève, arrête la flamme sous la cocotte, attend que la toupie folle ralentisse, ouvre la cocotte, passe le potage et revient à ses bouquins en se demandant où il en était resté. Moi. Elle avait démarré, la différence. »

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Annie Ernaux met en scène le long et insidieux délitement des idéaux d’égalité dans le couple : elle nous montre  comment les aspirations féminines à l’égalité, la liberté, l’émancipation par les études ainsi que ses capacités de résistance ou de révolte sont sapées en douceur, sans conflit ouvert, mais sapées par le quotidien, par le poids des modèles sociaux, par la mauvaise conscience des femmes et la mauvaise foi des hommes...

Présentation de l'éditeur : Folio

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Les silences d'Alexandrie de Michèle GAZIER

Publié le par Hélène

♥ ♥

"J’aimais assez ses relations funambules, qui laissent place à la rêverie, à l’imagination et, chose primordiale, à la liberté. Je les savais fragiles, éphémères, intenses, donc délicieuses. "

Jeune professeure de français dans un lycée de Montpellier, la narratrice est intriguée par une élève arrivée en cours d’année, Séréna, qui prétend être née à Alexandrie. Des années plus tard, elle retrouve Séréna dans l’atelier d’écriture qu’elle anime désormais. Mais la femme nie être l’adolescente et dit s’appeler Thérèse. Pourquoi cette double identité et ce refus d’avouer qui elle est ? La quête de vérité finit par tourner à l'obsession pour la narratrice.
Ce que j'ai aimé :

Certaines pages font penser à Modiano avec qui l'autrice a en commun cette quête de la vérité, de l'identité parfois brouillée de nos semblables qui s'inventent, se cachent et s'estompent si facilement face à nous. Personnage de fiction, Séréna l'est à bien des égards, se créant un monde bâti sur le mensonge et le silence.

Ce que j'ai moins aimé :

J'ai regretté une tendance à se répéter, sans réellement avancer dans la quête.

Bilan :

Je ne suis pas tombée sous le charme...

Présentation de l'éditeur : Mercure de France

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Les règles du mikado de Erri DE LUCA

Publié le par Hélène

♥ ♥

Dans les montagnes près de la frontière entre l’Italie et la Slovénie, un vieil homme campe en solitaire. Un beau jour, une jeune femme tsigane lui demande de l'abriter. Elle fuit sa famille qui a voulu la marier de force et redoute l'arrivée de son père qui viendrait la récupérer. Le vieil horloger et la jeune fille dialoguent sur les hommes, la vie, le destin et se livrent petit à petit.

Ce que j'ai aimé :

L'humanité qui se dégage de tous les romans de cet auteur prouve sa simplicité, chaque mot semble peser et porter une signification plus profonde. Le titre fait allusion au jeu du mikado, un jeu d'adresse où les bâtons sont empilés et qu'il faut retirer sans faire bouger les autres. Cette métaphore renvoie à la fragilité des relations humaines, à la délicatesse avec laquelle il faut parfois agir dans la vie pour éviter d'aggraver des situations délicates.

Ce que j'ai moins aimé :

La construction est particulière : la première partie,  un dialogue entre le vieil homme et la jeune femme est très statique, puis le dialogue fait place à un échange épistolaire et enfin dans un cahier écrit par l'horloger dans lequel les clés sont délivrées, et tout se précipite. Les ruptures de rythme et de ton sont assez surprenantes, brisant à mes yeux la cohérence et l'harmonie de l'ensemble.

Bilan :

Une petite déception.

Présentation de l'éditeur : Gallimard

Du même auteur : Trois chevaux  ♥ ♥ ♥ ♥ ;  Le jour avant le bonheur ♥ ♥ ♥ ♥, Le contraire de un ♥ ♥ ♥ ♥ (Nouvelles)  ; Le poids du papillon ♥ ♥ ♥ ; En haut à gauche ♥ ♥ ♥ (Nouvelles) ;  Montedidio ♥ ♥ ; La parole contraire ♥ ♥ ♥ ; Le plus et le moins  ♥ ♥ ♥ ; Impossible  ♥ ♥

Publié dans Littérature Europe

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Mictlan de Sébastien RUTES

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Dans ce pays, ce que tu veux ou tu veux pas, personne n'en a rien à foutre : on veut pas être pauvre mais on est pauvre, on veut pas mourir mais on meurt"

À l’approche des élections, le Gouverneur — candidat à sa propre succession — veut minimiser l’explosion de la criminalité en cachant dans un camion frigorifique les cadavres anonymes dont débordent les morgues. Il les charge dans un camion frigorifique et choisit comme chauffeurs Vieux et Gros, deux hommes au passé trouble. Ceux-ci doivent conduire sans s'arrêter à travers le désert, et ne surtout pas ouvrir le camion, sinon ils rejoindront la cargaison...

La mort plane au-dessus des êtres, que ce soit sous forme de cadavres, d’ombres ou de mythes. Le titre « Mictlan » fait allusion à l'au-delà dans la culture mexicaine, teintée aussi de violence, celle omniprésente du cartel et des morts qu'ils transportent, mais aussi la violence intérieure des personnages. Hantés par leur passé et par les fantômes qu’ils transportent, à la fois littéralement et symboliquement, ils errent entre vie et mort, déjà fantômes avant l'heure.

"On voit tellement de cadavres qu'on se considère soi-même comme un cadavre à venir, un cadavre qui a pas encore réussi à devenir cadavre, un cadavre raté quoi, s'esclaffe Gros, un cadavre peut-mieux-faire, alors on sème des cadavres autour de soi pour se faire la main, pour s’habituer à devenir cadavre soi-même, pour ne pas se sentir seul." p 17

Dans cette course effrénée cernée par la violence, quelques moments de grâce éclosent comme lorsque Vieux et Gros s'arrêtent enfin et contemplent les montagnes avec une bière "On se croirait presque libre" pensent-ils, avant de reprendre leur course infernale, course contre les commanditaires, course contre les poursuivants en noir, ou course contre la mort. Quelques rencontres permettent aussi de garder espoir comme cet archéologue qui s'intéresse à leur culture et les rassure : si on s'intéresse à eux, c'est que rien n'est encore tout à fait perdu.

"Il faut toute une vie pour comprendre l'importance d'une mère ou d'une sœur dans ce pays, dans ce monde, que ça ne veut rien dire jusqu'au moment où tu vas mourir, et là ça reprend son sens, tu poses soudain les questions que tu n'as pas pu poser parce que tu étais trop occupé à survivre, tu trouves des réponses, tu t'aperçois que tu n'étais pas seul, que la vraie solitude est devant, au bout de cette route sur laquelle tu n'a pas arrêté de fuir." p 139

Mictlan est un texte puissant inspiré d’un fait divers. En septembre 2018, un semi-remorque chargé de 157 cadavres a bien été retrouvé sur un terrain vague près de Guadalajara, au Mexique…

Présentation de l'éditeur : Folio

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Les impatientes de Djaïli Amadou Amal

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

«Que c’est dur d’être une fille, de toujours donner le bon exemple, de toujours obéir, de toujours se maitriser, de toujours patienter ! »

"La patience est une vertu" et "Le paradis d'une femme se trouve au pied de son époux" apprend-on aux jeunes femmes camerounaises. Ainsi, Ramla est contrainte de se marier à un homme qu'elle ne connait pas, alors qu'elle devait épouser son aimé, Hindou sa jeune sœur doit quant à elle épouser son cousin, alcoolique, drogué, et enfin Safira doit accepter qu'une co-épouse bouleverse son couple et ses habitudes. Impossible d'aller à l'encontre des vœux de leur famille, impossible de s’abstraire des traditions, elles doivent être patientes et subir sans mot dire une vie qu'elles n'ont pas choisie, une vie violente, physiquement ou moralement.

Mariage forcé, polygamie, viol conjugal, la condition féminine au Sahel est glaçante :

"Il est difficile, le chemin de vie des femmes, ma fille. Ils sont brefs, les moments d'insouciance. Nous n'avons pas de jeunesse. Nous ne connaissons que très peu de joies. Nous ne trouvons le bonheur que là où nous le cultivons. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. c'est ce que j'ai fait, moi , durant toutes ces années. j'ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs."

Djaïli Amadou Amal, née en 1975 dans l’extrême-Nord du Cameroun, mariée à dix-sept ans, a connu tout ce qui rend si difficile la vie des femmes du Sahel. Devenue écrivaine, Amal s’est affirmée en militante féministe à la tête de l’association « Femmes du Sahel » devenant ainsi « la voix des sans voix ». Avec ses personnages, elle incarne ces femmes subissant une souffrance inhumaine qui ne peut que révolter.

Un témoignage poignant !

Prix Goncourt des Lycéens 2020 Prix Orange du livre en Afrique 2019 Prix de la meilleure auteure africaine 2019 Finaliste du prix Goncourt 2020

Du même auteur : Coeur de Sahel

Publié dans Littérature Afrique

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Six arbres de Mary Eleanor WILKINS FREEMAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Ces nouvelles ont en commun d'être chacune centrées sur un arbre, personnage principal au rôle déterminant pour chaque histoire. Qu'il soit refuge, confident ou protecteur, chaque arbre est traité comme un individu doté d'une véritable personnalité. Dans L'orme David Ransom a perdu la maison qu'il a construite de ses propres mains et doit observer les nouveaux habitants transformer son œuvre. Dans Le grand pin Dick revient vers les siens après des années d'absence, il sauve un arbre du feu et se sent comme éveillé spirituellement "Qui déterminera où s'arrêtent la relation intime et l'influence réciproque entre toutes les formes visibles de la création ? Un homme peut couper un arbre et en planter un. Qui connaît l'effet de l'arbre sur l'homme, sur son élévation ou sur sa chute ?" Le sapin baumier deviendra un magnifique sapin de Noël pour Martha. Grâce au peuplier d'Italie les deux  Sarah comprennent que chaque arbre est unique, de la même façon que chaque être se différencie de son prochain. Tous ressentent un sentiment de réconfort primitif, malgré les déconvenues, ils sont comblés par les trésors de la nature qui les emplissent de tendresse et les rendent bienveillants.

Proche des écrivains américains de la nature par ses descriptions, M.E. Wilkins Freeman apporte aussi dans ces nouvelles un humanisme et un humour piquant qui les rendent universelles.
 

Présentation de l'éditeur : Finitude

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Seuls les vautours de Nicolas ZEIMET

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Mensonges, trahisons, secrets : le quotidien de toutes les petites communautés rurales, je présume..."

En 1985, dans un petit village de l'Utah, une fillette de cinq ans, Shawna, disparait. Tout le village se mobilise. Non seulement les quelques policiers du poste local mais aussi le médecin, un journaliste et bien sûr les enfants. Des enfants et des adolescents qui ont l’imagination fertile et qui racontent d’étranges histoires.

Ce que j'ai aimé :

- Les personnages sont dotés d'une vraie psychologie.

- L'environnement austère, asphyxié par les croyances religieuses des uns et des autres.

Ce que j'ai moins aimé :

- Beaucoup de personnages et de trajectoires différentes, même si la disparition de l'enfant cristallise les tensions et révèlent chacun.

- Le thème de la disparition demeure très classique.

Bilan :

Un roman dense qui aurait gagné à se concentrer sur moins de personnages.

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Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Inti Flynn, biologiste, s'installe dans les Highlands en Ecosse pour réintroduire les loups dans le but de rétablir l’équilibre écologique dans cette région dévastée par l’élimination de ses prédateurs naturels. Cependant, elle doit faire face à la méfiance et à la résistance des locaux, qui craignent que les loups ne menacent leurs moyens de subsistance, notamment l’élevage de moutons.

En parallèle, Inti est aux prises avec ses propres démons intérieurs. Elle est marquée par un traumatisme familial qui a laissé des cicatrices profondes, notamment en ce qui concerne sa relation avec sa sœur jumelle, Aggie, qui vit avec elle dans les Highlands mais est enfermée dans un mutisme douloureux. Inti, elle-même, est une femme complexe et fragile, souffrant de synesthésie tactile : elle ressent physiquement ce que les autres vivent, ce qui accentue son lien profond avec les loups et la nature.

Ce que j'ai aimé :

McConaghy interroge la relation entre les humains et les animaux, en particulier le rôle que les prédateurs comme les loups jouent dans la régulation des écosystèmes.

"Le réensauvagement de la région est une nécessité absolue qu'il faut entreprendre de toute urgence. Si nous réussissons à étendre la couverture forestière de cent mille hectares d'ici 2026, alors nous serons en mesure de réduire drastiquement les émissions de CO2 qui participent au réchauffement climatique et nous pourrons offrir de nouveaux habitats aux espèces endémiques. La seule manière d'atteindre cet objectif consiste à contrôler la population herbivore et le moyen le plus simple et le plus efficace d'y parvenir est de réintroduire un prédateur essentiel qui vivait ici bien longtemps avant nous. (...) Les écosystèmes ont besoin de superprédateurs parce qu'ils sont à l'origine de changements écologiques qui se répercutent sur la chaine alimentaire. (...) Leur réintroduction modifiera le paysage de manière positive : la faune sauvage disposera d'un nombre croissant d'habitats, la nature du sol sera de meilleure qualité, il y aura moins de crues et de d'inondations, les émissions de CO2 seront neutralisées. Des animaux de toutes tailles et de toutes espèces reviendront vivre sur ces terres. (...) Un écosystème diversifié est un écosystème en bonne santé qui profite à tout le monde."

Finalement, alors qu'elle était méfiante vis à vis des hommes, Inti apprend aussi à les aimer, à faire confiance, à être surprise par certains :

"Il faut survivre à la cruauté, la combattre, mais la douceur est plus envahissante que tout le reste, nos racines profondément entrelacées. C’est ce que nous retenons à l'intérieur, ce que nous emportons, la manière dont nous prenons soin les uns des autres."

Elle apprend l'art subtil de l'équilibriste capable de tolérance et d'humanité dans un monde en feu...

Bilan :

Je pleure encore la beauté du monde est un roman magnifique avec au cœur la fragilité des écosystèmes, mais aussi les relations humaines brisées, et surtout la résilience face aux traumatismes. Charlotte McConaghy offre une œuvre à la fois intime et universelle, où la nature et les êtres humains sont en lutte pour leur survie et leur rédemption. Avec une prose délicate et des personnages profondément humains, McConaghy nous invite à réfléchir sur notre relation avec le monde naturel et sur notre propre capacité à guérir et à changer.

Présentation de l'éditeur : Gaia Editions

Publié dans Littérature Europe

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