En 1873, la médium célèbre Vaudeline d’Allaire est appelée en Angleterre pour résoudre le meurtre de son mentor, fondateur de la Société des Sciences Occultes. Elle est accompagnée de son assistante sceptique, Lenna Wickes, venue pour élucider la mort mystérieuse de sa sœur. Les deux femmes s’infiltrent dans un cercle privé d’hommes puissants — le Cercle occulte des Gentlemen — où l’enquête mène à des révélations et des dangers inattendus.
Ce que j'ai aimé :
Séances de spiritisme, sociétés secrètes, rituels étranges et récit gothique se mêlent pour créer une ambiance envoûtante. Les descriptions du Paris et du Londres victoriens contribuent à cette atmosphère empreinte de mystère.
Le roman confronte le rationalisme à l’occulte, à travers deux personnages forts qui permettent aussi de mettre en lumière la marginalisation des femmes dans le domaine du spiritisme, tout en valorisant la solidarité, l’émancipation et la puissance de ces protagonistes féminines. Il questionne la place des femmes, de la sexualité et aborde même une romance lesbienne entre Lenna et Vaudeline, dans une société misogyne et répressive.
Ce que j'ai moins aimé :
Les messages se multiplient et finissent par manquer de profondeur. De plus pourquoi se lancer dans les clichés qui allient féminisme et lesbianisme ?
A Natingou City, une ville montagneuse fictive dans le nord du Bénin, trois figures masculines dominent la ville, chacune symbolisant un archétype du western : le bouvier ou cow-boy local Alassane Gounou, le shérif, inspecteur de police Boni Touré et l'homme d'affaires corrompu tenancier de saloon Ernest Vitou.
Le calme factice de la ville est bouleversé par l’arrivée de Kalamity Djane, une femme mystérieuse revenue d’entre les morts, qui monte sur sa moto : « Je suis Kalamity Djane. Et je suis venue pour tuer. » Elle incarne une figure vengeresse aux frontières du fantastique : fantôme ou sosie vengeur, personne ne le sait jusqu'à la fin du roman.
Ce que j'ai aimé :
Le roman joue sur un ton à la fois burlesque et sombre, mélangeant parodie, violence et satire sociale. Il détourne les clichés du western tout en les transposant dans un univers béninois haut en couleurs, utilisant l’humour, le folklore local, et des personnages caricaturaux pour porter un regard critique — notamment sur la corruption et les violences faites aux femmes.
La langue est riche, rythmée, cinématographique : néologismes, audaces grammaticales, jeux de mots… Couao-Zotti y manie un style insolent et percutant.
Jacques Lantier, conducteur de train rencontre Séverine, une femme mystérieuse qui cache un lourd secret, et leur relation se complique dans un climat de violence et de tensions sociales. À travers le quotidien des cheminots, Zola étudie les instincts humains et les conséquences de la fatalité.
Ce que j'ai aimé :
Zola explore les effets de la révolution industrielle et de la modernité sur les individus, en particulier sur leur psychologie et leur comportement. Les personnages sont souvent influencés, voire détruits, par leur environnement et par les forces sociales qui les écrasent. Le roman soulève des questions profondes sur la nature humaine, le déterminisme et la violence inhérente à l'homme, notamment au sein de la classe ouvrière et dans un contexte de société industrialisée. Dans ce contexte, le réseau ferroviaire est comme une métaphore de l’hérédité, et la machine allégorie du corps, substitut matériel de la bête tapie en chacun de nous.
Jacques Lantier, est hanté par la violence génétique qui coule dans ses veines, un héritage de son père, Roubaud, qui lui-même est marqué par des tendances criminelles. Cette fatalité héréditaire montre comment l’individu est impuissant face à sa propre nature et aux actions de ses ancêtres. Lantier est victime de pulsions meurtrières qu'il ne parvient pas à contrôler, et cela devient un aspect central du roman.
« La famille n’était guère d’aplomb, beaucoup avaient une fêlure. Lui, à certaines heures la sentait bien, cette fêlure héréditaire ; non pas qu’il fût d’une santé mauvaise, car l’appréhension et la honte de ces crises l’avaient seules maigri autrefois ; mais c’étaient, dans son être, de subites pertes d’équilibre, comme des cassures, des trous par lesquels son moi lui échappait, au milieu d’une sorte de grande fumée qui déformait tout. Il ne s’appartenait plus, il obéissait à ses muscles, à la bête enragée. Pourtant, il ne buvait pas, il se refusait même un petit verre d’eau-de-vie, ayantremarqué que la moindre goutte d’alcool le rendait fou. Et il en venait à penser qu’il payait pour les autres, les pères, les grands-pères, qui avaient bu, les générations d’ivrognes dont il était le sang gâté, un lent empoisonnement, une sauvagerie qui le ramenait avec les loups mangeurs de femmes, au fond des bois.»
Dans le titre du roman, "la bête humaine" désigne avant tout cette pulsion animale, cette violence irrationnelle et incontrôlable qui sommeille en chacun des personnages. C’est une métaphore de l’instinct brutal et primitif qui peut surgir à tout moment, même chez ceux qui s’efforcent de paraître civilisés. La mécanique sociale et les relations humaines, notamment l’amour, le sexe et le désir, sont représentées comme des moteurs de cette violence latente.
« On ne tue que sous l’impulsion du sang et des nerfs, un reste des anciennes luttes, la nécessité de vivre et la joie d’être fort. »
Bilan :
Un classique qui nous emporte immédiatement dans son univers !
Jack Taylor, ancien flic alcoolique, récemment sorti d’un asile psychiatrique est hanté par la mort d’une petite fille dont il se sent responsable. Il se retrouve dans les rues d’un Galway qui lui semble inconnu, la ville étant en pleine mutation économique, les repères sociaux se fissurent. Jack accepte avec réticence d’enquêter sur la mort d’un prêtre retrouvé décapité dans son confessionnal. Dans un pays dont les valeurs vacillent, alors que les scandales pédophiles secouent l’Église catholique irlandaise, il va devoir faire face à ses pires démons…
Ce que j'ai aimé :
L'écriture de Ken Bruen se révèle à la fois désespérée et lumineuse à la fois, avec cette capacité unique à faire rayonner une lumière crue dans les ténèbres d'une Irlande fragmentée, où le désespoir le dispute à des éclats d'espoir ténus. Sincère et sans compromis, son écriture prend la forme d'une plongée brutale dans l'âme humaine, parée d’un humour noir qui, loin de masquer la douleur, l'accepte avec une sorte de poésie tragique.
Jack Taylor est un homme rongé par ses erreurs passées, marqué par les cicatrices d'une vie qui l’a laissé en ruines. Alcoolisme, violence, culpabilité : autant de démons qui le poursuivent sans relâche, alors qu’il tente de trouver une issue dans un monde où le poids de ses choix pèse lourdement. Loin d’être un simple détective privé, Taylor est une âme en quête de rédemption, constamment tiraillée entre la volonté de se réconcilier avec lui-même et la fatalité d'un monde qui semble n’offrir aucune issue.
À travers ce roman, Bruen explore avec finesse des thèmes universels : la réflexion sur la moralité, sur les conséquences de nos actes et la recherche du sens dans un univers souvent violent et brutal. Les personnages se retrouvent englués dans une réalité où la violence et le destin semblent tissés dans le même fil, impossible à démêler.
Bilan :
Un opus intense et profond, où Bruen ne se contente pas de décrire ses personnages : il les scrute, les expose dans leurs failles les plus intimes, offrant un miroir sans fard de la condition humaine, fragile et faillible.
La série dans l'ordre :
Delirium Tremens (titre original The Guards, 2001)
Fazil est un jeune étudiant en littérature qui vient d’une famille modeste. Il perd son père et, pour survivre, donne des cours particuliers et vit dans une pension bon marché. Sa vie bascule quand il croise Madame Hayat, une femme mûre, libre, magnétique, exubérante, qui l’attire et le trouble. Parallèlement, Fazil rencontre Sila, une jeune femme cultivée, réservée et élégante, issue d’un autre milieu social.
Ce que j'ai aimé :
Les deux figures féminines incarnent deux voies possibles pour Fazil : l’amour charnel et libérateur d’un côté, l’amour romantique et normatif de l’autre : Madame Hayat incarne la sensualité et la jouissance de l’instant, en opposition à l’austérité et à la mélancolie de son quotidien. Sila, quant à elle représente une autre forme d’amour, plus classique et plus "acceptable". Mais la tension liée aux deux figures antithétiques est encore plus profonde. Bien que la Turquie ne soit jamais explicitement nommée, l’univers du roman reflète un climat de peur, de surveillance et de répression. Le roman est traversé par la mort, les deuils et la fragilité des existences. Face aux bouleversements politiques, l'autoritarisme, et les tensions sociales que traverse la Turquie contemporaine, le personnage de Madame Hayat incarne la liberté vécue, tandis que Sıla présente une vision plus rationnelle et mesurée. Le roman est animé par un sentiment d’urgence : saisir la beauté du monde avant qu’il ne disparaisse. Madame Hayat est finalement comme l'allégorie de la vieille Turquie et en ce sens les dernières pages sont déchirantes...
Pour finir, ce roman est d'autant plus marquant qu'il a été écrit en prison : Altan a été arrêté en 2016 et condamné à la réclusion à perpétuité (peine annulée ensuite, mais il a passé plusieurs années en détention). Pendant cette période, il a écrit plusieurs textes, dont ce roman. Malgré la censure, la prison et les contraintes, Altan insiste sur la puissance de l’imagination, de la mémoire et du désir. La littérature apparaît alors comme un refuge vital face à l’oppression.
Dans La Légèreté, Catherine Meurisse livre un récit profondément intime, une plongée bouleversante dans les jours qui ont suivi le 7 janvier 2015, date de l’attentat contre Charlie Hebdo. Rescapée de justesse, elle voit son monde vaciller : des amis disparaissent, et avec eux, le dessin, la mémoire, le sens même de la création.
Brisée mais debout, elle entreprend alors une quête de reconstruction, un voyage vers la beauté comme refuge et comme remède. De l’océan au Louvre, jusqu’à la Villa Médicis à Rome, elle cherche dans l’art, dans les paysages, dans la lumière, ce que la violence lui a arraché : un peu de paix, un peu de grâce. Une renaissance fragile, portée par le silence, la contemplation… et cette légèreté qu’elle croyait perdue.
Ce que j'ai aimé :
La jeune femme tente de continuer coûte que coûte. Non par orgueil ni par devoir imposé, mais pour ceux qui ne marchent plus à nos côtés, pour elle-même aussi, parce que l’élan de vivre, malgré la brisure, conserve son prix. La route s’alourdit parfois de silence, mais chaque pas affirme une fidélité à la vie. Dans ce chemin vers la lumière, il faudra quelquefois tâtonner. Pourtant l’amitié, l’art, la culture offrent des haltes sûres, des clairières d’où l’on peut reprendre souffle en se lovant dans la beauté. Ainsi seulement s’invente la possibilité de transcender l'épreuve.
Et peut-être que la renaissance ne se trouve pas dans la déchirure effacée, mais dans ce souffle nouveau qui s’insinue à travers elle, discret et persistant...
Et voilà je suis encore tombée dans le piège d'un feel-good qui ne s'annonce pas comme tel mais a bien tous les défauts du feel-good que je n'apprécie guère. Je ne me suis pas méfiée, le roman est sorti chez Actes Sud, d'un auteur allemand,et il n'avait pas de titre à rallonge comme "le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie" "ainsi gèlent les bulles de savon" "Cupidon a des ailes en carton" ou que sais-je encore. Juste "Encore 25 étés" pour un pitch qui s'annonçait philosophique : La vie a t-elle un sens ? Travailler nuit-il à notre liberté ? Autrui est-il indispensable ? Qu'est ce qu'être humain...
Que nenni !
Tout commence par une baignade, et dans ma grande naïveté, je voyais déjà une allusion à Héraclite mais si c'est le cas, le raccourci aurait déjà dû m'alerter : on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, le temps ne revient pas, lavons nous de nos mauvaises habitudes, allégeons nous, libérons nous profitons de chaque minute qui ne reviendra pas ! (le leitmotiv de ces romans)
Mouais... on partait mal.
La rencontre entre le féru de travail qui ne peut pas laisser son portable trois secondes, qui établit des to-do list interminables, et celui qui, plus prosaïquement, a décidé de cultiver des pommes de terre, s'avère bien caricaturale, ponctuée des phrases habituelles sensées nous faire dire "mais oui mais c'est bien sûr pourquoi est ce que je perds mon temps à travailler quand je pourrais finalement cultiver des patates en profitant de chaque minute qui, comme le dit si bien Héraclite, ne reviendra pas ! " !!
Petit florilège des phrases en question :
"La vraie décision, c'est d'être toi-même" p 67 (je note les pages si jamais vous vous dites "nous elle exagère" vous pourrez vérifier !)
"Donne à chaque jour la chance de devenir le plus beau jour de ta vie " (attribuée à Tom Sawyer, l'auteur a des lettres...) p 90
"Savourer les choses en pleine conscience, être plus soigneux de son temps, aimer plus attentivement, embrasser plus longuement." (on n'était pas loin du rythme ternaire, mais non, même le style est décevant...) p 127
"Il s'agissait de vivre maintenant. De ne plus perdre de temps." (le message doit être répété souvent pour que le lecteur naïf comprenne bien ...) p 132
On rencontre tout de même un texte de Borges (qui dit la même chose, en mieux) mais la traductrice a cru bon de préciser (sans doute aussi sonnée par tant de banalités) que le texte était attribué à Borges à tort !
Bref, je n'ai pas eu l'envie de tout plaquer pour aller trier des patates au bord d'un lac, et je referme le roman déçue, ce n'est pas encore aujourd'hui que je connaitrai le sens de la vie...
Rose est une jeune femme métisse née à la Réunion, à la peau claire mais aux cheveux crêpus. Complexée, elle cherche à les lisser pour se fondre dans les normes sociétales dominantes. Le récit suit son parcours de l’enfance à l’âge adulte, croisant moments personnels (que Lou Lubie revendique ne pas rendre autobiographiques, bien que très inspirés de son vécu) et scènes d’enquête documentaire.
Ce que j'ai aimé :
La narration explore les multiples facettes des discriminations capillaires, qu’elles s’expriment à travers le sexisme, le racisme ou encore la tyrannie des normes de beauté.
Derrière ce sujet en apparence léger, se cachent des enjeux très concrets : un poids économique considérable, mais aussi des coûts en temps, en énergie et en santé.
"Se faire défriser les cheveux n’a rien d’anodin. Pour les femmes afrodescendantes et métissées, c’est un surcoût en temps, en argent et en santé. La moindre coupe revient facilement à 80 euros et pour les tresses ou le lissage brésilien, il faut compter trois à quatre fois plus, et avoir aussi plusieurs heures devant soi ; surtout c’est un entretien quasi permanent. Pendant longtemps cela pesait très lourd sur mon budget, mais ne pas avoir les cheveux lisses était juste inconcevable. Même si certains soins étaient douloureux et me brûlaient le cuir chevelu, je ne savais pas non plus à l’époque que beaucoup de produits utilisés pour le défrisage accroissaient les risques de cancer. De toute façon, cela ne m’aurait sans doute pas arrêtée, tellement me sentir bien avec mes cheveux était vital."
Les cheveux crépus ou frisés deviennent alors le terrain d’exclusions quotidiennes, comme en témoigne cette scène glaçante : une coiffeuse qui, face à une cliente, déclare sans détour : « Non, nous, on ne coiffe pas " ça" ici. »
À travers ce fil narratif, l’autrice questionne l’identité et le métissage. Les cheveux apparaissent comme un symbole intime et collectif : ils disent l’appartenance, la complexité d’un corps métissé, et révèlent les tensions autour de la norme.
L’ouvrage s’enracine aussi dans une double perspective historique et scientifique. Les pages dévoilent l’héritage colonial des standards capillaires et les déconstruisent avec rigueur. Des encadrés pédagogiques, nourris d’explications biologiques et sociologiques, ainsi que des infographies claires, offrent au lecteur une mise en lumière accessible et éclairante.
Lire Jacques Poulin, c’est d’abord accepter de ralentir, de s’arrêter, pour écouter le murmure d’une voix qui ne criait jamais, mais qui savait toucher profondément. Sa douceur était une force, son humanité une évidence.
Il portait en lui ce rêve fragile et immense, celui d’un monde apaisé : "En dépit de mes craintes infantiles, je nourrissais l'ambition naïve et démesurée de contribuer, par l'écriture, à l'évènement d'un monde nouveau, un monde où il n'y aurait plus aucune violence, aucune guerre entre les pays, aucune querelle entre les gens, aucune concurrence ou compétition dans le travail, un monde où l'agressivité, entendue non pas comme l'expression d'une hostilité à l'égard d'autrui, mais plutôt comme un goût de vivre, allait être au service de l'amour."
Ce rêve, il l’a poursuivi avec la plume, mais aussi avec le regard. Car pour lui, l’essentiel se trouvait dans la délicatesse des détails :
"Et dans la vie, demanda-t-il avec un net accent de sympathie, qu'est-ce qui compte pour vous ?
- Des détails, dit Jack. Ce qui brille dans les yeux des enfants... Un chat qui se nettoie la moustache avec sa patte... Les jeux infinis de la lumière dans le feuillage des arbres... La plainte déchirante d'une Ferrari dans la ligne droite des stands à Monza..."
Cette simplicité-là n’était pas un effacement, mais une forme d’humanité profonde, une manière de rappeler que la grandeur du monde tient dans ces instants fragiles qui, mis bout à bout, tissent une vie pleine. Il prônait une attention amoureuse à la vie, à ses éclats minuscules, à la beauté qui se cache dans l’ordinaire.
Et lorsqu’il doutait, lorsqu’il se sentait emporté, il trouvait encore les mots pour dire sa condition humaine, simple et fragile : "Je me sens parfois comme une feuille sur un torrent. Elle peut tournoyer, tourbillonner et se retourner, mais elle va toujours de l'avant." Daniel Boone
Aujourd’hui, je veux garder de lui cette feuille portée par le courant, ce sillage de douceur et d’humanité qui continue d’aller de l’avant à travers ses livres et à travers nous.
Une paléontologue, Adrienne Célarier, découvre dans une grotte en Dordogne une sépulture vieille de 35 000 ans. Les parois sont couvertes de pochoirs de mains féminines mutilées, ce qui révèle peut-être la première scène de crime de l’histoire. La narration nous plonge ensuite dans l’histoire d'Oli, une jeune femme Homo sapiens révoltée face aux normes patriarcales de sa tribu. À une époque où la chasse est réservée aux hommes, Oli souhaite chasser également. Le chef la punit cruellement en lui coupant des doigts. Pourtant, elle persiste, cherchant la liberté, et finit par rencontrer une tribu de Néandertaliens où les femmes chassent aussi. Cette rencontre bouleverse ses convictions et vient questionner les origines des inégalités.
Ce que j'ai aimé :
A travers le personnage d’Oli, jeune femme sapiens rebelle qui refuse les rôles assignés, Cayre imagine la première voix féministe, celle qui ose revendiquer son autonomie face à l’ordre patriarcal. Le roman s’ancre dans les travaux de l’anthropologue Paola Tabet, dont l’hypothèse des doigts mutilés comme outil d’exclusion structurelle trouve ici une incarnation romanesque. L’autrice lui rend d’ailleurs hommage en postface. Malgré la dureté des thèmes, le récit ne sombre jamais dans le didactisme. La plume est caustique, vive, drôle – ce qui rend la lecture aussi savoureuse qu’intelligente. Sous la fiction, Cayre interroge la genèse des inégalités, du patriarcat, de la domination masculine et des constructions sexuées, en s’appuyant sur une solide base scientifique développée en fin d’ouvrage.