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Mictlan de Sébastien RUTES

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Dans ce pays, ce que tu veux ou tu veux pas, personne n'en a rien à foutre : on veut pas être pauvre mais on est pauvre, on veut pas mourir mais on meurt"

À l’approche des élections, le Gouverneur — candidat à sa propre succession — veut minimiser l’explosion de la criminalité en cachant dans un camion frigorifique les cadavres anonymes dont débordent les morgues. Il les charge dans un camion frigorifique et choisit comme chauffeurs Vieux et Gros, deux hommes au passé trouble. Ceux-ci doivent conduire sans s'arrêter à travers le désert, et ne surtout pas ouvrir le camion, sinon ils rejoindront la cargaison...

La mort plane au-dessus des êtres, que ce soit sous forme de cadavres, d’ombres ou de mythes. Le titre « Mictlan » fait allusion à l'au-delà dans la culture mexicaine, teintée aussi de violence, celle omniprésente du cartel et des morts qu'ils transportent, mais aussi la violence intérieure des personnages. Hantés par leur passé et par les fantômes qu’ils transportent, à la fois littéralement et symboliquement, ils errent entre vie et mort, déjà fantômes avant l'heure.

"On voit tellement de cadavres qu'on se considère soi-même comme un cadavre à venir, un cadavre qui a pas encore réussi à devenir cadavre, un cadavre raté quoi, s'esclaffe Gros, un cadavre peut-mieux-faire, alors on sème des cadavres autour de soi pour se faire la main, pour s’habituer à devenir cadavre soi-même, pour ne pas se sentir seul." p 17

Dans cette course effrénée cernée par la violence, quelques moments de grâce éclosent comme lorsque Vieux et Gros s'arrêtent enfin et contemplent les montagnes avec une bière "On se croirait presque libre" pensent-ils, avant de reprendre leur course infernale, course contre les commanditaires, course contre les poursuivants en noir, ou course contre la mort. Quelques rencontres permettent aussi de garder espoir comme cet archéologue qui s'intéresse à leur culture et les rassure : si on s'intéresse à eux, c'est que rien n'est encore tout à fait perdu.

"Il faut toute une vie pour comprendre l'importance d'une mère ou d'une sœur dans ce pays, dans ce monde, que ça ne veut rien dire jusqu'au moment où tu vas mourir, et là ça reprend son sens, tu poses soudain les questions que tu n'as pas pu poser parce que tu étais trop occupé à survivre, tu trouves des réponses, tu t'aperçois que tu n'étais pas seul, que la vraie solitude est devant, au bout de cette route sur laquelle tu n'a pas arrêté de fuir." p 139

Mictlan est un texte puissant inspiré d’un fait divers. En septembre 2018, un semi-remorque chargé de 157 cadavres a bien été retrouvé sur un terrain vague près de Guadalajara, au Mexique…

Présentation de l'éditeur : Folio

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Les impatientes de Djaïli Amadou Amal

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

«Que c’est dur d’être une fille, de toujours donner le bon exemple, de toujours obéir, de toujours se maitriser, de toujours patienter ! »

"La patience est une vertu" et "Le paradis d'une femme se trouve au pied de son époux" apprend-on aux jeunes femmes camerounaises. Ainsi, Ramla est contrainte de se marier à un homme qu'elle ne connait pas, alors qu'elle devait épouser son aimé, Hindou sa jeune sœur doit quant à elle épouser son cousin, alcoolique, drogué, et enfin Safira doit accepter qu'une co-épouse bouleverse son couple et ses habitudes. Impossible d'aller à l'encontre des vœux de leur famille, impossible de s’abstraire des traditions, elles doivent être patientes et subir sans mot dire une vie qu'elles n'ont pas choisie, une vie violente, physiquement ou moralement.

Mariage forcé, polygamie, viol conjugal, la condition féminine au Sahel est glaçante :

"Il est difficile, le chemin de vie des femmes, ma fille. Ils sont brefs, les moments d'insouciance. Nous n'avons pas de jeunesse. Nous ne connaissons que très peu de joies. Nous ne trouvons le bonheur que là où nous le cultivons. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. c'est ce que j'ai fait, moi , durant toutes ces années. j'ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs."

Djaïli Amadou Amal, née en 1975 dans l’extrême-Nord du Cameroun, mariée à dix-sept ans, a connu tout ce qui rend si difficile la vie des femmes du Sahel. Devenue écrivaine, Amal s’est affirmée en militante féministe à la tête de l’association « Femmes du Sahel » devenant ainsi « la voix des sans voix ». Avec ses personnages, elle incarne ces femmes subissant une souffrance inhumaine qui ne peut que révolter.

Un témoignage poignant !

Prix Goncourt des Lycéens 2020 Prix Orange du livre en Afrique 2019 Prix de la meilleure auteure africaine 2019 Finaliste du prix Goncourt 2020

Du même auteur : Coeur de Sahel

Publié dans Littérature Afrique

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Six arbres de Mary Eleanor WILKINS FREEMAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Ces nouvelles ont en commun d'être chacune centrées sur un arbre, personnage principal au rôle déterminant pour chaque histoire. Qu'il soit refuge, confident ou protecteur, chaque arbre est traité comme un individu doté d'une véritable personnalité. Dans L'orme David Ransom a perdu la maison qu'il a construite de ses propres mains et doit observer les nouveaux habitants transformer son œuvre. Dans Le grand pin Dick revient vers les siens après des années d'absence, il sauve un arbre du feu et se sent comme éveillé spirituellement "Qui déterminera où s'arrêtent la relation intime et l'influence réciproque entre toutes les formes visibles de la création ? Un homme peut couper un arbre et en planter un. Qui connaît l'effet de l'arbre sur l'homme, sur son élévation ou sur sa chute ?" Le sapin baumier deviendra un magnifique sapin de Noël pour Martha. Grâce au peuplier d'Italie les deux  Sarah comprennent que chaque arbre est unique, de la même façon que chaque être se différencie de son prochain. Tous ressentent un sentiment de réconfort primitif, malgré les déconvenues, ils sont comblés par les trésors de la nature qui les emplissent de tendresse et les rendent bienveillants.

Proche des écrivains américains de la nature par ses descriptions, M.E. Wilkins Freeman apporte aussi dans ces nouvelles un humanisme et un humour piquant qui les rendent universelles.
 

Présentation de l'éditeur : Finitude

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Seuls les vautours de Nicolas ZEIMET

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Mensonges, trahisons, secrets : le quotidien de toutes les petites communautés rurales, je présume..."

En 1985, dans un petit village de l'Utah, une fillette de cinq ans, Shawna, disparait. Tout le village se mobilise. Non seulement les quelques policiers du poste local mais aussi le médecin, un journaliste et bien sûr les enfants. Des enfants et des adolescents qui ont l’imagination fertile et qui racontent d’étranges histoires.

Ce que j'ai aimé :

- Les personnages sont dotés d'une vraie psychologie.

- L'environnement austère, asphyxié par les croyances religieuses des uns et des autres.

Ce que j'ai moins aimé :

- Beaucoup de personnages et de trajectoires différentes, même si la disparition de l'enfant cristallise les tensions et révèlent chacun.

- Le thème de la disparition demeure très classique.

Bilan :

Un roman dense qui aurait gagné à se concentrer sur moins de personnages.

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Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Inti Flynn, biologiste, s'installe dans les Highlands en Ecosse pour réintroduire les loups dans le but de rétablir l’équilibre écologique dans cette région dévastée par l’élimination de ses prédateurs naturels. Cependant, elle doit faire face à la méfiance et à la résistance des locaux, qui craignent que les loups ne menacent leurs moyens de subsistance, notamment l’élevage de moutons.

En parallèle, Inti est aux prises avec ses propres démons intérieurs. Elle est marquée par un traumatisme familial qui a laissé des cicatrices profondes, notamment en ce qui concerne sa relation avec sa sœur jumelle, Aggie, qui vit avec elle dans les Highlands mais est enfermée dans un mutisme douloureux. Inti, elle-même, est une femme complexe et fragile, souffrant de synesthésie tactile : elle ressent physiquement ce que les autres vivent, ce qui accentue son lien profond avec les loups et la nature.

Ce que j'ai aimé :

McConaghy interroge la relation entre les humains et les animaux, en particulier le rôle que les prédateurs comme les loups jouent dans la régulation des écosystèmes.

"Le réensauvagement de la région est une nécessité absolue qu'il faut entreprendre de toute urgence. Si nous réussissons à étendre la couverture forestière de cent mille hectares d'ici 2026, alors nous serons en mesure de réduire drastiquement les émissions de CO2 qui participent au réchauffement climatique et nous pourrons offrir de nouveaux habitats aux espèces endémiques. La seule manière d'atteindre cet objectif consiste à contrôler la population herbivore et le moyen le plus simple et le plus efficace d'y parvenir est de réintroduire un prédateur essentiel qui vivait ici bien longtemps avant nous. (...) Les écosystèmes ont besoin de superprédateurs parce qu'ils sont à l'origine de changements écologiques qui se répercutent sur la chaine alimentaire. (...) Leur réintroduction modifiera le paysage de manière positive : la faune sauvage disposera d'un nombre croissant d'habitats, la nature du sol sera de meilleure qualité, il y aura moins de crues et de d'inondations, les émissions de CO2 seront neutralisées. Des animaux de toutes tailles et de toutes espèces reviendront vivre sur ces terres. (...) Un écosystème diversifié est un écosystème en bonne santé qui profite à tout le monde."

Finalement, alors qu'elle était méfiante vis à vis des hommes, Inti apprend aussi à les aimer, à faire confiance, à être surprise par certains :

"Il faut survivre à la cruauté, la combattre, mais la douceur est plus envahissante que tout le reste, nos racines profondément entrelacées. C’est ce que nous retenons à l'intérieur, ce que nous emportons, la manière dont nous prenons soin les uns des autres."

Elle apprend l'art subtil de l'équilibriste capable de tolérance et d'humanité dans un monde en feu...

Bilan :

Je pleure encore la beauté du monde est un roman magnifique avec au cœur la fragilité des écosystèmes, mais aussi les relations humaines brisées, et surtout la résilience face aux traumatismes. Charlotte McConaghy offre une œuvre à la fois intime et universelle, où la nature et les êtres humains sont en lutte pour leur survie et leur rédemption. Avec une prose délicate et des personnages profondément humains, McConaghy nous invite à réfléchir sur notre relation avec le monde naturel et sur notre propre capacité à guérir et à changer.

Présentation de l'éditeur : Gaia Editions

Publié dans Littérature Europe

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Les sept maris d'Evelyn Hugo de Taylor Jenkins Reid

Publié le par Hélène

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"Lorsque vous creusez un tout petit peu sous la surface, la vie amoureuse de chacun est originale, intéressante, nuancée, et défie toute définition facile."

La quatrième de couverture, la couverture elle-même, le titre, tout laissait à supposer que cette lecture s'avèrerait girly à souhait. Comme elle m'avait été conseillée par ma nièce et que j'avais déjà lu un roman de cette autrice, j'ai quand même tenté l'aventure. Et derrière les paillettes et ce début si proche du "Diable s'habille en prada", derrière le faste d'Hollywood, j'ai rencontré des personnages profondément humains. 

Mais reprenons : La célèbre star de cinéma Evelyn Hugo semble enfin prête à livrer son passé en pâture aux journalistes : elle accepte de raconter ses différents mariages, à condition que ce soit Monique Grant - journaliste totalement inconnue - qui recueille ses confidences. Choix improbable que ne comprend pas Monique elle-même. Néanmoins la jeune femme est bien décidée à saisir sa chance.

Chaque mari d’Evelyn joue un rôle clé dans son parcours personnel et professionnel, et leur relation avec elle varie selon les moments de sa vie. Certains ont été des mariages de convenance, d’autres plus passionnels ou même destructeurs. Le récit est une exploration fascinante des coulisses d’Hollywood, des stratégies de pouvoir, mais aussi des faux-semblants qui entourent la célébrité.

Alors que le titre met en avant les sept maris d’Evelyn, le véritable cœur émotionnel du roman réside dans l’amour caché qu’Evelyn a gardé secret durant toute sa vie. Sans trop en révéler, il s'agit d'une relation inattendue qui transcende les normes de son époque et éclaire les sacrifices qu'elle a dû faire pour préserver sa carrière et ses relations personnelles.

Ce que j'ai aimé :

Evelyn Hugo est une femme complexe, prête à manipuler son image publique pour survivre dans le milieu brutal d’Hollywood. Le roman interroge la question du pouvoir, du contrôle de l’image, et des compromis nécessaires pour rester au sommet. Il montre aussi combien les apparences dans un couple peuvent être trompeuses, à l'image de Hollywood, les couples semblent des espaces de représentation faux dans les coulisses desquels se jouent parfois des drames. 

Bilan :

Une belle découverte !

Présentation de l'éditeur : Hauteville

Du même auteur : Les sirènes de Malibu

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Les jardins de Torcello de Claudie GALLAY

Publié le par Hélène

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"Il faut une tenue d'âme, être à la hauteur des splendeurs de la vie, ou tenter de l'être, se dire que tout peut s'arrêter, basculer, c'est peut-être la seule manière de se lever chaque matin." p 236

Jess après avoir subi une perte douloureuse décide de se retirer à Venise. Logée dans un appartement qu'on lui a prêté, elle propose des visites de la ville, s'enivrant de la beauté des ruelles et de ces heures hors du temps, comme suspendues. Mais l'appartement est mis en vente, elle doit quitter le lieu et donc trouver d'autres ressources. Elle accepte alors un travail chez Maxence Darsène, avocat pénaliste vivant sur l'île de Torcello avec son compagnon Colin. Maxence souhaite redessiner, reconstituer, sauver les jardins qui bordent sa maison, depuis toujours livrés aux ravages de la montée des eaux… Ce lieu calme, isolé est propice au retrait et à la contemplation chère à Jess et devient le symbole de son chemin intérieur. Au fur et à mesure que l’héroïne s’imprègne de la beauté mélancolique de l’île et de ses jardins, elle rencontre des personnages qui, chacun à leur manière, incarnent une part du passé ou de la quête de sens qu’elle poursuit.

"Je crois aussi qu'il faut laisser filer les choses sans importance et trouver le temps de savourer celles qui en ont."

Ce que j'ai aimé :

J'ai retrouvé tout ce que j'apprécie chez Claudie Gallay : cette écriture épurée, lente et mesurée, cet univers doux baigné de lumière, et ces personnages sur le fil capables de s'émerveiller d'un détail :

 "Un papillon bleu entre par la fenêtre ouverte. Il vole dans la chambre. Les papillons ne font pas de bruit, mais en étant très attentifs, on peut entendre battre leurs ailes, et dans ce bruissement à peine audible, se tient quelque chose d'immensément grand que Jess ressent et qu'elle ne parvient pas à nommer, et qui est la force ou la poésie commune à toutes formes de vie." p186

L’île de Torcello et ses jardins abandonnés baignent dans une ambiance presque mystique, nimbant le roman d'un voile doré.

Les Jardins de Torcello est un roman subtil, porté par l’atmosphère magique de l’île vénitienne, et par le cheminement intime d’un personnage en quête de sens et de paix intérieure. Claudie Gallay réussit une fois de plus à capter les nuances de l’âme humaine et la beauté du monde et à les traduire avec délicatesse dans un cadre à la fois poétique et profond.

"L'aigle et la rose ne doivent pas nous faire oublier la beauté du moineau et du pissenlit." p 265

 

 

Présentation de l'éditeur : Actes sud

Du même auteur :  Les déferlantes  ♥ ♥ ♥ ; L'amour est une île  ♥ ; Une part du ciel  ♥ ♥ ♥ ♥ ; Dans l'or du temps ♥ ♥ ♥ ; Seule Venise ♥ ♥ ♥ ; La beauté des jours ♥ ♥ ♥ 

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Au coeur de l'hiver de Jean-Marc ROCHETTE

Publié le par Hélène

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"Ce lieu et la solitude m'ont remis dans mon axe. Ailleurs le monde me semble trouble, incertain, ici il devient net, évident ; mystère de l'incarnation."

Au coeur de l'hiver nous transporte dans un petit hameau isolé des Écrins, hameau des Étages dans les Hautes-Alpes à 1600 m d'altitude, où Rochette et sa compagne, Christine, décident de s'installer définitivement suite au confinement de mars 2020. Cette décision marque le début d'une vie nouvelle, empreinte de simplicité et d'autosuffisance. A la belle saison, ils cultivent des légumes et stockent des provisions, avant de se retrouver coupés de tout et de tous par des mètres de neige pour les trois mois d'hiver.

"C'est un récit de montagne, qui raconte notre installation dans un ancien hôtel du hameau des Etages, du côté de la Bérarde, dans le massif de l'Oisans. Quand j'ai fait ma BD, "La dernière reine" qui a très bien marché, j'ai senti que c'était mon dernier album. J'avais fait le tour. En plus, c'est très chronophage. Avec Christine, ma compagne, on passe l'hiver au cœur du massif des Écrins, dans une vallée qui est fermée pendant quatre mois à cause des avalanches. Et donc c'est une vie de reclus en apparence. On y a vécu des choses intéressantes. Il y a eu des avalanches et on est entouré par des loups. J'ai eu envie de raconter cette histoire. J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire. J'espère que les gens auront plaisir à lire cette aventure intime qui se passe ici et pourtant, on a l'impression qu'on vit au fin fond de la Sibérie." (Jean-Marc Rochette)

Ce que j'ai aimé :

La montagne, qui occupe une place centrale dans leur vie, devient dans le livre un espace à la fois hostile et bienveillant, un lieu de confrontation avec soi-même et avec l’autre, tout en offrant des moments de paix et de contemplation. Dans une certaine mesure, ce rapport à la nature et au partage de cet environnement difficile reflète leur quotidien à deux, où le cadre alpin est non seulement un décor mais un mode de vie qui façonne leur relation.

Ce que j'ai moins aimé :

L'élan sincère et authentique de l'auteur permet d'occulter le fait que le style soit assez dépouillé, proche de celui d'un journal de bord.

Bilan :

J'attends avec impatience la prochaine bande dessinée...

L’avalanche est passée tout près de l’habitation de Jean-Marc Rochette.  Photo Christine CAM

Du même auteur : Ailefroide  ♥ ♥ ♥ ♥ (BD) ; Le loup ♥ ♥ ♥ ♥ (BD) ; La dernière reine ♥ ♥ ♥ ♥ (BD)

Présentation de l'éditeur : Les étages éditions : une maison d'édition à retenir, je vous remets ici sa présentation : Maison d'édition de haute altitude Les Étages Éditions s'ancre au coeur du massif des Écrins. Les livres qu'elle publie célèbrent la montagne et les trajectoires humaines et artistiques qu'elle engage. Récits, témoignages, beaux livres, romans graphiques, photographies. Célébrer la montagne sous toutes ses faces et mettre en lumière les trajectoires humaines et artistiques qu'elle engage. Située à 1 600 mètres d'altitude, au coeur du massif des Écrins, notre maison d'édition est un observatoire de haute montagne, un refuge où accueillir des démarches artistiques concentrées sur la nature, les paysages, la façon de les arpenter, de les explorer, d'y vivre tout simplement. Peu de titres, de petites collections qui privilégient la qualité et l'exclusivité. Une construction progressive qui vise le long terme. Un ancrage territorial qui s'impose jusque dans notre collaboration avec la Manufacture d'Histoires Deux-Ponts. Situé à Bresson, cette manufacture fondée en 1935, a reçu le label "Entreprise du Patrimoine vivant" et se caractérise par un savoir-faire d'exception. Notre démarche est avant tout une recherche d'équilibre.

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L'atlas du bonheur de Helen RUSSELL

Publié le par Hélène

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L'Atlas du bonheur est un guide qui examine les pratiques culturelles et les philosophies de vie de divers pays pour comprendre ce qui rend les gens heureux à travers le monde. L’idée centrale est que chaque culture a sa propre recette ou son propre concept pour atteindre le bonheur, qu’il soit lié à la nature, à la communauté, à la spiritualité ou au plaisir.

Ce que j'ai aimé :

Helen Russell compile ainsi des philosophies de bonheur locales et les explique en les liant à des pratiques concrètes. Elle présente une trentaine de concepts venant de pays très différents, chacun incarnant une manière particulière de vivre heureux, en fonction de l'histoire, du climat ou des valeurs culturelles de chaque nation.

Ainsi, elle évoque par exemple le concept du Hygge au Danemark, qui évoque la création d’une atmosphère chaleureuse et intime, souvent en compagnie de proches, pour profiter des petits plaisirs de la vie, comme une soirée autour d’un feu ou un dîner avec des amis, ou encore le principe du Lagom en Suède, "le juste milieu", une philosophie qui encourage à vivre de manière modérée, ni trop peu ni trop excessivement, en cherchant l’équilibre dans tous les aspects de la vie, qu'il s'agisse de travail, d'alimentation ou de loisirs. La Norvège, bien connue pour ses paysages naturels à couper le souffle, prône le Friluftsliv, une pratique centrée sur le retour à la nature et la vie en plein air, quel que soit le climat.

Sur d'autres continents, le Ikigai au Japon se concentre quant à lui sur la raison de vivre, le sens que l’on trouve à sa vie, à travers ses passions, son travail ou ses relations et la pura Vida au Costa Rica est un état d'esprit qui signifie littéralement « vie pure », mais qui est souvent utilisé comme une manière de dire "tout va bien". C'est une philosophie axée sur la simplicité, l’appréciation de la vie et le fait de ne pas se soucier des problèmes.

L’objectif du livre n’est pas simplement de proposer une liste de conseils de bien-être, mais de montrer la diversité des approches du bonheur liée à la cultures de chacun. Elle montre comment nous enrichir mutuellement des pratiques des autres pays pour trouver ensuite notre propre voie.

Ce que j'ai moins aimé :

L'ensemble reste destiné au grand public, et les concepts semblent quelquefois un peu galvaudés, simplifiés pour une meilleure compréhension. A nous de nous diriger ensuite vers ceux qui nous semblent les plus proches de nos propres représentations pour les approfondir.

Bilan :

L'Atlas du bonheur se veut un guide optimiste et pratique pour découvrir de nouvelles façons de penser et de vivre plus sereinement.

 

Présentation de l'éditeur : JC Lattès

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Kalmann de Joachim B. SCHMIDT

Publié le par Hélène

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A Raufarhöfn, petit port islandais tout proche du cercle polaire arctique, Kalmann Óðinsson déambule, paré de son étoile et de son chapeau de shérif, portant fièrement à la ceinture le mauser légué par un père américain jamais vu. Ce pêcheur de requin est un simple d'esprit, bien connu des habitants du village. Un beau matin, alors qu'il chasse le renard, il découvre une grande tache de sang dans la neige. S'agit-il de sang humain ? Serait-il lié à la disparition de Róbert McKenzie, le tenancier de l'hôtel, l'homme le plus riche du village ? La police débarque et Kalmann devient le témoin vedette.

Ce que j'ai aimé :

Le narrateur n'est autre que Kalmann lui-même, et ce choix de donner la parole à l"l'idiot du village" et de lui faire porter l'enquête est profondément judicieux. Il prend peu à peu de l'épaisseur, et sous ses abords incontrôlables, se cache un être sensible, qui aime profondément son village et sa culture. Pour cet être sensible, les plaisirs sont multiples : les visites à son grand-père ne le reconnait malheureusement plus, ses conversations avec son meilleur ami virtuel Noi, sa mère et ses visites épisodiques, mais surtout ses escapades en mer, loin du monde des hommes. Cet homme s'avèrera plus percutant qu'il n'y parait !

L'ambiance de cette fin d'époque teinte le roman d'une atmosphère mélancolique, presque crépusculaire : alors que les quotas de pêche freinent l'économie du village, que le tourisme apparait comme un palliatif à cette crise qui pointe, qu'un ours polaire apparait inopinément, tous tentent de s'adapter dans ce monde en perpétuel changement.

Bilan :

Un roman atypique !

Présentation de l'éditeur : Gallimard

Publié dans Roman policier Europe

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