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Le grand Meaulnes de Alain FOURNIER

Publié le par Hélène

♥ ♥

Alors qu'il mène une enfance paisible au cœur de la Sologne, le narrateur François Seurel rencontre Augustin Meaulnes, un nouvel élève avec qui il se lie d'amitié. Il suit ébloui les exploits de ce jeune homme aventurier. Un beau jour, le grand Meaulnes se perd dans la campagne et assiste alors à une fête étrange dans un manoir féérique. Il rencontre Yvonne de Galais, mais au matin, il doit reprendre le chemin de sa vie. Il n'aura de cesse de retrouver la jeune fille et le domaine, ainsi que son frère Frantz, fiancé éconduit.

"Le domaine mystérieux" symbolise ainsi l'enfance perdue et la quête qui s'ensuit d'un idéal inaccessible. Le sentiment profond de bonheur connu lors de cette fête peuplée de pierrots et colombines éloigne le Grand Meaulnes définitivement d'une vie ordinaire et fade. Elle le voue à une quête incessante et insatiable : "Mais, j’en suis persuadé maintenant, lorsque j’avais découvert le Domaine sans nom, j’étais à une hauteur, à un degré de perfection et de pureté que je n’atteindrai jamais plus."

L'atmosphère onirique, presque fantastique teinte le roman d'une mélancolie tragique. Le bonheur semble inaccessible pour les protagonistes qui, quand il les frôle, ont conscience de sa fragilité et fuient avant de souffrir.

"De temps à autre, le vent chargé d’une buée qui est presque de la pluie nous mouille la figure et nous apporte la parole perdue d’un piano. Là-bas, dans la maison fermée, quelqu’un joue. Je m’arrête un instant pour écouter en silence. C’est d’abord comme une voix tremblante qui, de très loin, ose à peine chanter sa joie… C’est comme le rire d’une petite fille qui, dans sa chambre, a été chercher tous ses jouets et les répand devant son ami. Je pense aussi à la joie craintive encore d’une femme qui a été mettre une belle robe et qui vient la montrer et ne sait pas si elle plaira… Cet air que je ne connais pas, c’est aussi une prière, une supplication au bonheur de ne pas être trop cruel, un salut et comme un agenouillement devant le bonheur…"

Ce roman, œuvre à part dans la littérature française, est l'œuvre littéraire française la plus traduite et lue dans le monde juste après Le petit prince, et ce, à juste titre !

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

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L'héritage sans nom de Ellen GUSTAVSEN

Publié le par Hélène

  

L'histoire commence par une soirée estivale où un groupe d'amis célèbre leur entrée au lycée. La fête prend une tournure tragique lorsque Elisabeth, âgée de seize ans, est victime d'un viol. Animée par un désir de vengeance, elle commet un acte aux conséquences durables pour tous les participants. Seize ans plus tard, le docteur Morten Haraldsen, un gynécologue respecté, est retrouvé assassiné dans des circonstances macabres. L'enquête est confiée au policier Lars Lukassen, qui doit jongler entre cette affaire et des problèmes personnels obsédants. Les événements passés et présents sont-ils liés ?

Ce que j'ai aimé :

L'intrigue est bien menée puisque les chapitres alternent entre le passé et le présent, mettant en branle la machine infernale qui mènera au pire.

Les questions morales et éthiques abordées centrées ici sur la famille, la filiation et la procréation médicalement assistée sont traitées avec minutie, enrichissant la lecture.

Ce que j'ai moins aimé :

Sans trop spoiler j'ai regretté que les deux intrigues ne se rejoignent pas forcément là où on l' attendrait, comme si l'autrice avait voulu entremêler deux sujets de société forts, mais sans réellement y parvenir.

Bilan :

Mitigé.

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

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Mort sur le tage de Pédro GARCIA ROSADO

Publié le par Hélène

  

Sur les rives du Tage, à Lisbonne, une femme est brutalement assassinée et son corps jeté dans le fleuve. Témoin de la scène, une mystérieuse "ombre" observe silencieusement. La victime est une immigrée russe, sœur de Sergueï, dit Oulianov, un ancien agent du KGB récemment libéré de prison. Déterminé à retrouver les coupables, Oulianov se lance dans une enquête personnelle pour découvrir la vérité sur la disparition de sa sœur.

Ce que j'ai aimé :

Le roman offre une plongée sombre dans les bas-fonds de Lisbonne au début des années 2000. Pedro Garcia Rosado dresse un portrait sans concession de la société lisboète, mettant en lumière la corruption des fonctionnaires municipaux et des policiers véreux, les dérives des élites, ou encore les communautés marginalisées.

Lisbonne elle-même est dépeinte comme un personnage à part entière, avec ses contrastes entre quartiers chics et zones obscures, ainsi que ses souterrains mystérieux.

Ce que j'ai moins aimé :

L'intrigue est relativement linéaire et peine à avancer.

Les personnages sont nombreux et leurs histoires s'entremêlent, si bien que quelquefois les repères se brouillent...

Bilan :

Mitigé...

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Publié dans Roman policier Europe

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Veiller sur elle de Jean-Baptiste ANDREA

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Je suis une femme debout au beau milieu des incendies que vous avez allumés"

En 1986, Michelangelo Vitaliani dit "Mimo", est sur le point de rendre son dernier souffle, loin du monde, reclus dans un monastère. Un mystère plane autour de cet homme, non religieux caché dans ce lieu pour "veiller sur elle", elle, sa dernière sculpture, cachée là par le Vatican.

Le fil remonte le temps pour éclairer le destin de cet homme atteint de nanisme mais pourtant destiné à côtoyer les plus puissants. Son père, sculpteur, l'a formé à l'excellence, et quand à douze ans sa mère l'envoie en Italie sur le plateau de Pietra d’Alba, il se fait rapidement remarquer par la famille Orsini, qui règne dans la région. Il rencontre Viola, la fille Orsini, une jeune fille bien décidée à faire voler en éclat les normes étriquées imposées aux femmes de son époque.

Leur relation sera passionnée, entre admiration et rivalité, dans un contexte historique mouvementé, où fascisme et guerres menacent leur liberté.

Ce que j'ai aimé :

Andrea livre une fresque captivante, où l’amour, l’art et l’Histoire s’entrelacent avec une intensité rare. Un souffle romanesque puissant anime ce roman portés par des personnages forts. Viola se revendique comme une "femme debout" prête à s'attaquer à l'adversité : 

"Je suis une femme debout au milieu des incendies que vous avez allumés.

Je suis une femme debout, le voyez-vous, sur vos bûchers, autodafés, vos doigts pointés.

Je suis une femme debout, que croyez-vous, que j’allais pleurer sous vos huées, dans la fumée.

De vos lâchetés, de vos bûchers, autodafés, vos doigts pointés.

Depuis que j’ai croqué dans cette pomme, quelque chose me travaille, étonnez-vous.

Une envie de danser, d’inventer des fusées, de vous soigner.

Alors, me brûlerez-vous encore, vous me crucifierez.

Chat noir et camisole, écartelée, vous direz que j’étais folle, un peu sorcière, ou les deux à la fois.

J’ai croqué dans la pomme, j’y croquerai encore, préparez-vous.

Je suis une femme debout, je ne suis pas à genoux."

Les femmes subissent la violence du monde et des hommes de plein fouet :

"- Parce que tu crois que les femmes ne sont pas violentes ? murmura Vittorio.

- Bien sûr que nous le sommes. Contre nous-mêmes, parce qu'il ne nous viendrait pas à l'idée de faire souffrir quelqu'un, mais qu'il faut bien que cette violence que nous respirons et qui nous empoisonne ressorte quelque part." p 392

Mimo, laissé pour compte, trouve sa place grâce à son art mais s'évertue toujours à chercher un sens profond à sa création.

Le roman interroge aussi le rôle des uns et des autres dans la montée du fascisme.

"Personne ne fait jamais rien de mal, la beauté du mal étant précisément qu'il ne demande aucun effort. Il suffit de le regarder passer."

Bilan : Veiller sur elle est un roman poignant, inspirant et magistralement écrit, qui a conquis critiques et lecteurs.

Présentation de l'éditeur : L'iconoplaste

Du même auteur : Des diables et des saints ♥ ♥ ♥ ♥

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A l'ombre de Winnicott de Ludovic Manchette et Christian Niemiec

Publié le par Hélène

♥ ♥

En 1934, Viviane Lombard arrivé dans le Sussex en Angleterre pour devenir préceptrice du jeune George, un enfant aveugle. Celui-ci loge au manoir de Winnicott entouré de son père Archibald, archéologue passionné, et de sa mère Lucille, très protectrice. Alors qu'elle apprend à connaitre son jeune élève, Viviane ne tarde pas à se rendre compte que des phénomènes étranges ont lieu dans le manoir, comme si une présence invisible rôdait dans l'ombre.

Ce que j'ai aimé :

La relation entre Viviane et George se conforte peu à peu, la préceptrice donne plus de liberté à cet enfant habitué à vivre dans un cocon, même si ses méthodes éducatives ont tendance à faire grincer les dents. Elle prône une éducation moderne, centrée sur la découverte du monde directe plutôt que dans les livres. Elle refuse l'hypocrisie et dit la vérité sur le monde qui entoure le jeune enfant. Une belle relation se noue entre eux deux.

Ce que j'ai moins aimé :

Au début de ma lecture, j'ai été désarçonnée par ces évènements surnaturels, qui me semblaient rajoutés de façon artificielle à l'intrigue, juste dans l'intention d'imiter les classiques du genre gothique. Néanmoins, peu à peu, j'ai appris à composer avec ces présences dans l'ombre, le doute quant à une présence fantomatique amenant une tension entre la psychologie des personnages et ce qu’ils projettent sur leur environnement. L’idée d’une « présence invisible » fonctionne à la fois comme un élément surnaturel potentiel et comme une métaphore pour les traumatismes, secrets ou tensions sous-jacents des uns et des autres. Finalement ces présences trouvent leurs places dans le roman.
Bilan :

Un roman captivant, alliant une atmosphère gothique à des personnages profondément humains, le tout servi par une écriture immersive et sensible.

Du même auteur : Alabama 1963 ♥ ♥ ♥ ♥ ; America's ♥ ♥ 

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La barque de Masao de Antoine CHOPLIN

Publié le par Hélène

♥ ♥

Alors qu'ils ne se sont pas vus depuis une quinzaine d'années, un père et sa fille se retrouvent. Masao est ouvrier sur l'île de Naoshima au Japon et Harumi est architecte. Les retrouvailles se font progressivement, alors que le passé de la famille est dévoilé page après page. Masao est un homme habité par son passé, par cette histoire d'amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d'Harumi. Il peine à faire son deuil et construit une barque pour ne pas sombrer lui même, utilisant la construction de la barque comme un exutoire et un symbole d'espoir face aux pertes subies.

Ce que j'ai aimé :

Leur relation est teintée de délicatesse, ils apprennent à se connaitre, entre pudeur et silence, chacun respectant la part d'énigme de l'autre.

Bilan :

Un roman empreint de poésie, comme beaucoup des œuvres de l'auteur, dans lesquelles la contemplation et les émotions prennent une place centrale.

Présentation de l'éditeur : Buchet Chastel

Du même auteur : La nuit tombée ♥ ♥ ♥ ♥ ; Le héron de Guernica ♥ ♥ ♥ ♥ ;  Radeau ♥ ♥ ♥ ; L'incendie ♥ ♥ ; Une forêt d'arbres creux ♥ ♥ ♥ ; Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar ♥ ♥ ♥ ; Partiellement nuageux ♥ ♥ ♥ ; A contre courant ♥ ♥ ; Nord-est  ♥ ♥ ; Partie italienne ♥ ♥ 

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Un seul oeil de Michèle PEDINIELLI

Publié le par Hélène

♥ ♥

L'univers de Diou Boccanera vacille quand elle apprend que son meilleur ami et colocataire Dan est dans le coma après une chute suspecte. Elle ne croit pas à la théorie de l'accident et décide d'enquêter avec l'aide du commandant Joseph Santucci, d'une tenancière de speakasy et d'un agent de renseignement amoureux. Malheureusement celui-ci est aussi frappé de plein fouet par un drame... En arrière-plan, le récit est ponctué par la voix de Dan, qui partage une histoire d'amour et de mort.

Ce que j'ai aimé :

Les romans de Michèle Pedinielli sont portés par son héroïne au caractère franc et profondément humain. D'origine corse, elle est dotée d'une forte personnalité, un sens aigu de la justice et une approche directe des problèmes, ce qui la met souvent dans des situations tendues ou dangereuses. Elle se démarque par son indépendance, son humour caustique et ses engagements. Ici elle est impliquée émotionnellement dans cette enquête, à la fois vulnérable, solitaire et forte, déterminée face à l'adversité.

Bilan :

Ce 5ème opus de la série tient ses promesses, entremêlant subtilement intrigue policière et problématiques sociales contemporaines, avec toujours en toile de fond la ville de Nice, personnage à part entière...

Présentation de l'éditeur : Editions de l'Aube

Du même auteur : Après les chiens ♥ ♥ ♥ (Policier) ; La patience de l'immortelle  ♥ ♥ ♥ (Policier) ; Boccanera ♥ ♥ (Policier) ; Sans collier ♥ ♥ ♥ (Policier)

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A travers les champs bleus de Claire KEEGAN

Publié le par Hélène

A travers ces nouvelles, l'autrice plonge dans la vie des campagnes et petites villes d'Irlande en peignant des scènes délicates où les non-dits occupent autant d'espace que les dialogues. Ses histoires sont empreintes d'une sensibilité et d'un minimalisme qui évoquent l’intensité des vies ordinaires. Les personnages sont confrontés à des dilemmes moraux, à des blessures anciennes, ou à des drames silencieux. Souvent, l’arrière-plan rural renforce le sentiment d’enfermement ou de solitude qui les habite.

Ce que j'ai moins aimé :

Beaucoup trop sombre à mon goût ! L’atmosphère des récits, souvent marquée par des tensions, des conflits non résolus, ou des drames familiaux, peut être pesante. axés sur la solitude et la douleur émotionnelle. les non-dits et les silences.

Bilan :

Si vous appréciez des histoires qui explorent les silences, les failles humaines, et la beauté austère des paysages irlandais, ce recueil vous plaira. Si vous avez envie de plus de lumière en ces temps assombris, passez votre chemin...

Présentation de l'éditeur : Sabine Wespieser

Du même auteur : Les trois lumières ♥ ♥ ♥ ♥; Ce genre de petites choses ♥ ♥

Publié dans Littérature Europe

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Au prochain arrêt de Hiro ARIKAWA

Publié le par Hélène

Au Japon, sur la ligne Hankyu Imazu, reliant Takarazuka à Nishinomiya, au gré des huit gares desservies, des femmes et des hommes montent et descendent, chacun avec son histoire, chacun perdu dans ses pensées et dans les nœuds de son existence. Certains d'entre eux se croisent seulement, quand d'autres établissent un contact, fugace quelquefois ou plus durable pour d'autres. Dans ce roman choral, le train devient un microcosme de la société japonaise, métaphore du passage du temps et du chemin que chacun choisit de suivre. La solitude des êtres résonne en ces pages nourries paradoxalement d'interactions incessantes.

Ces rencontres de hasard sont rarement anodines, un simple inconnu croisé dans un train peut modifier une trajectoire, il suffit d'un mot, d'un haussement de sourcils, d'une conversation saisie par hasard. Cet instant banal et routinier peut voir jaillir l'exceptionnel à qui sait être attentif.

Au prochain arrêt est une véritable invitation à ralentir, à observer, et à apprécier les moments éphémères qui façonnent nos vies.

Présentation de l'éditeur : Actes sud

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Les enfants loups de Véra BUCK

Publié le par Hélène

Au cœur des montagnes, loin après la forêt, se niche un petit hameau nommé Jakobsleiter qui abrite une communauté baptiste sous la direction stricte du pasteur Isaiah. Parmi eux Jesse, Rebekka qui rêve de s'enfuir, et Edith, enfant sauvage.

Un jour la jeune Rebekka disparait. Ce n'est pas la première jeune fille à s'évaporer mystérieusement : dans la vallée, Smilla, stagiaire au journal local, ne se remet pas de la disparition de sa meilleure amie Juli dix ans plus tôt, et elle inventorie les disparues de la région.

Ce que j'ai aimé :

L'intrigue est bien menée grâce à la structure chorale qui donne la parole à différents personnages et entretient le suspens. L'atmosphère se fait plus épaisse au fil des pages, les secrets et non dits pesant lourdement sur cette communauté isolée.

Réflexion sur la différence, le roman met en scène des personnages en marge aussi bien géographiquement que socialement et montrent ainsi les mécanismes de rejet, le harcèlement des plus jeunes, les condamnations sans appel des plus vieux, la tentation de rester à l'écart, tout comme la volonté des plus jeunes de brader les interdits pour fuir cet univers oppressant. La nature sauvage offre un refuge mais pourra aussi se transformer en piège.

Bilan :

Un roman fluide à la croisée entre thriller psychologique et nature writing.

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Thème du mois : Dans la forêt

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