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1346 résultats pour “vie parfaite

L'amie prodigieuse tome 3 Celle qui fuit et celle qui reste d'Elena FERRANTE

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Cette subordination, je sentis que je n'arriverais jamais à m'en libérer et cela me parut insupportable. Je désirai- et je ne réussis pas à tenir ce désir en respect-que le cardiologue se fût trompé, qu'Armando eût eu raison , qu'elle fût vraiment malade et qu'elle mourût."

Le troisième tome de L'amie prodigieuse recouvre "l'époque intermédiaire" : les deux amies sont toutes les deux mariées avec des enfants et l'une comme l'autre se heurte aux difficultés pour mener de front vie de famille, vie de couple, et vie professionnelle. Si Elena pensait encore une fois supplanter Lila sur ce plan, elle s'aperçoit rapidement que le statut de mère n'est guère l'enchantement de chaque instant qu'elle imaginait... La concurrence intrinsèque à leur relation continue, même à distance, puisque Lila est restée dans son quartier et Elena "a fui". 

Elena fréquente l'élite intellectuelle quand Lila est ouvrière dans une usine. Les contrastes s'affirment, avec toujours une Lenu frôlant le conformisme face à Lila passionnée et vraie, à l'intelligence affinée.

Le contexte historique et social de cette fin des années 60 est marquée par les combats. L'engagement des uns ou des autres peut couter cher quand le fascisme se tapit dans l'ombre. Mais c'est aussi le prix à payer pour sortir l'Italie de ses années de plomb...

"Ce qu'il fallait faire, c'était s'en aller. Partir définitivement, loin de la vie que nous avions connue depuis notre naissance. S'installer dans un lieu bien organisé où tout était vraiment possible. Et en effet, j'avais décampé. Mais seulement pour découvrir, dans les décennies suivantes, que je m'étais trompée, et qu'en réalité nous étions prises dans une chaîne dont les anneaux étaient de plus en plus grands : le quartier renvoyait à la ville, la ville à l'Italie, l'Italie à l'Europe, et l'Europe à toute la planète. Et aujourd'hui, c'est ainsi que je vois les choses: ce n'est pas notre quartier qui est malade, ce n'est pas Naples, c'est le globe tout entier, c'est l'univers, ce sont les univers! Le seul talent consiste à cacher et à se cacher le véritable état des choses. "

Une saga au succès et à la qualité indéniable et qui fera prochainement l'objet d'une adaptation sur le petit écran, dans une coproduction entre Fremantle Media's Wildside et Fandango Productions. Chacun des quatre livres de la saga sera décliné en huit épisodes, dont les droits de diffusion ont été acquis, en France, par le groupe Canal +. Les deux femmes seront incarnées par des actrices italiennes, détaille la production, qui précise également qu'Elena Ferrante a participé à l'écriture de l'adaptation.

Le quatrième tome L'enfant perdue devrait paraître quant à lui à l'automne, il est déjà publié en Italie et aux Etats-Unis... Vivement !

 

Vous aimerez aussi : Le tome 1 ; le tome 2

Présentation de l'éditeur : Gallimard

D'autres avis : Télérama

 

L'amie prodigieuse tome 3 Celle qui fuit et celle qui reste, Elena Ferrante, Gallimard, janvier 2017, traduit de l'italien par Elsa Damien, 23 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Après l'incendie de Robert GOOLRICK

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"L'amour n'est pas une histoire de passion pour finir. C'est une question de bonté."

Les parents de Diana Cooke sont propriétaires d'une maison de Saratoga, une des plus belles maison du Sud mais ils sont poursuivis pour des dettes colossales qu'engloutisse cette maison dans la famille depuis des générations. Pour la sauver et sauver sa famille de la ruine la belle Diana Cooke accepte de se sacrifier en se mariant à un homme riche capable d'éponger les dettes et d'entretenir la maison. Elle rencontre alors le fascinant capitaine Copperton.

"Il y avait quelque chose de grisant à se précipiter ainsi vers la fatalité, les yeux grands ouverts, en ayant tout prévu d'avance. Ou presque." p. 204

Cette rencontre va inéluctablement changer le cours de sa vie. Passés les premiers émois sexuels, la belle Diana se trouve désespérément seule face à un être qu'elle ne reconnait plus et qui l'effraie. Son sacrifice prend alors tout son sens...

L'incendie du titre est celui qui ponctuera cette vie de sacrifice, ce poids à porter au-delà des générations, cet attachement aux racines, qui est aussi propre aux gens du Sud :

"Les gens du Sud naissent avec une propension à la nostalgie et une tentation de vivre dans le passé, de s'y réfugier comme on enfilerait un pull tricoté par un être cher, et d'y vivre toujours. Mais il y a aussi chez eux ce désir constant, éternel de le déchirer, de briser les fers de l'histoire pour aller librement, de décrocher les portraits de famille pour en découper les visages. Ils se voient comme des fantômes dans des maisons de poupée en verre, tirant derrière eux le poids de tous ceux qui les ont précédés, dans cette longue chaine qui remonte à l'origine du temps." p. 300

L'intensité des personnages écorchés par la vie donne tout son sens à ce beau roman dans lequel les thèmes chers à Robert Goolrick reviennent comme un leitmotiv.

Cette édition est agrémentée de la nouvelle Trois Lamentations : Dans cette nouvelle inédite le jeune Goolrick nous parle de son enfance à travers le portrait de trois camarades de classe rejetées par les autres : une prolétaire, une obèse et la première fille noire scolarisée parmi les Blancs. Au milieu du tumulte de sa jeunesse, l'auteur mentionne ces actes de générosité gratuits qui sauvent le monde et donnent une raison d'exister :

"On en peut toucher tous les coeurs. On ne peut pas toujours donner à l'autre une raison de tenir bon. Mais parfois, disons une fois dans sa vie, on reçoit une lettre avec une photo des Rocheuses par un matin brumeux, et on sait que l'on va survivre au moins un jour de plus. Et que, ce jour-là, on reprendra tout de zéro.

Parfois au milieu du flot des petites choses, il en arrive de grandes. "

Cette nouvelle rappelle combien les beaux personnages de Goolrick illuminent de leur bonté les affres terribles de la réalité.

 

Présentation de l'éditeur : Editions Anne Carrière

Du même auteur : Féroces ♥ ♥ ♥ ; Arrive un vagabond ♥ ♥ ♥ ; Une femme simple et honnête ♥ ♥ ♥ 

 

Après l'incendie, suivi de la nouvelle Trois Lamentations, Robert Goolrick, roman traduit de l'anglais (USA) par Marie de Prémonville, Editions Anne Carrière, janvier 2017, 300 p. , 21.5 euros

 

Merci à l'éditeur.

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Les quatre filles du docteur March de Louisa May ALCOTT

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Quatre sœurs sont rassemblées autour de leur mère qu'elles soutiennent en l'absence de leur père engagé comme aumônier durant la guerre de Sécession aux Etats-Unis. Relativement pauvres, elles font face aux aléas de la vie en s'épaulant. Ainsi Meg l'aînée, Jo le garçon manqué et romancière en herbe, Beth si douce et délicate, et Amy plus frivole, bénéficient des conseils éclairés de leur mère qui leur apprend à aider les autres, à fuir la paresse en accomplissant des tâches quotidiennes.

Ce que j'ai moins aimé :

L'aspect moral un peu trop affirmé qui passe par les leçons / sermons de Mme March.

Bilan :

Un classique de la littérature américaine somme toute divertissant.

Présentation de l'éditeur : Gallmeister 

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Ce lien entre nous de David JOY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"L'esprit est un enfer à lui seul"

Alors qu'il braconne la nuit sur les terres de son voisin absent, Darl Moody tue par accident un homme qui se trouvait aussi sur ces terres. Comme le frère du défunt, Dwayne, est réputé pour sa violence, Darl préfère cacher le corps avec l'aide de son ami Calvin. Mais Dwayne commence à enquêter, avec ses méthodes...

Le narrateur se place aussi bien du point de vue de cet être cruel que la vie n'a pas épargné que du côté de Darl et Calvin. Et finalement, le même objectif les rapproche : protéger leurs proches, même au-delà de la mort. Les liens créés au fil des années sont forts et indéfectibles, qu'ils soient familiaux ou amicaux, et il est essentiel dans ce monde en dissolution de les raffermir, quoiqu'il arrive.

Un beau roman noir au final profondément touchant !

 

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Déception et abandon du mois

Publié le par Hélène

Un manoir en Cornouailles de Eve CHASE

Pitch :

Cornouailles, 1968. Pencraw, un grandiose manoir en ruine dans lequel les Alton élisent domicile l’été. Le temps semble s’y être arrêté et défile sans encombre. Jusqu’au drame qui vient bouleverser leurs vies et arrêter le temps à jamais.Cinquante ans plus tard, avec son fiancé Jon, Lorna roule à la recherche du manoir des Lapins noirs, cette maison où elle a séjourné enfant. Elle rêve d’y célébrer son mariage. Tout dans cette vieille demeure l’appelle et l’attire. Mais faut-il vraiment déterrer les sombres mystères de ce manoir en Cornouailles ?

Mon avis :

J'ai tellement peu adhéré au style et aux personnages que je n'ai pas même cherché à connaître quel était le mystère ou le lien entre les deux époques !

 

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Les 1000 livres qui donnent envie de lire de Sarah SAUQUET

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Sarah Sauquet, professeure de lettres propose ici un choix d’œuvres forcément subjectif autour de plusieurs thèmes :

Elle offre une rapide présentation des œuvres, mais aussi des zooms sur des sujets variés comme l'animal en littérature, la magie du titre, la femme fatale.... ou encore des interviews d'auteurs.

L'ensemble est bien conçu, agréable à découvrir, les choix sont éclectiques, des classiques aux contemporains, des français aux tanzaniens, des connus aux inconnus...

Dans ce domaine, j'ai un faible pour Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie mais les deux se complètent très bien !

Présentation de l'éditeur : Glénat

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Ghost world de Daniel CLOWES

Publié le par Hélène

                                                ghostworld

♥ ♥ ♥

 

L’auteur :


Daniel Clowes est un auteur de bandes dessinées américain.

Il étudie le dessin de manière plutôt académique au Pratt Institute de Brooklyn mais se considère comme un autodidacte. Ne trouvant pas de travail à New York, il rentre à Chicago et fait ses véritables débuts d'auteur de bandes dessinées dans Love and Rockets n° 13 en 1985. En 1986, il publie son premier comic book chez Fantagraphics Books, Lloyd Llewellyn (6 numéros), qui sera suivi de Eightball (1989), qui paraît toujours et dans lequel seront prépubliées toutes les histoires à présent reprises en albums. Son dessin précis, ses ambiances fifties, ses allers-retours constants entre thèmes intimistes, fantastique, science-fiction, auto-fiction, etc., sont sa marque de fabrique. Dan Clowes est proche d’Adrian Tomine dont il est l'influence majeure.

Avec Ghost World ( adapté au cinéma) il détient le record des ventes de son éditeur, Fantagraphics Books (100 000 exemplaires). Il a remporté plusieurs prix pour son travail, notamment des Harvey Awards en 1997 et 2005 pour le scénario de Eightball. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

Dans une petite ville des États-Unis, deux copines coincées entre la fin de l'adolescence et les premiers temps de l'âge adulte cherchent un sens à leur existence. Au long de leurs journées où il ne se passe pas grand-chose, elles oscillent entre l'envie de partir pour changer de vie et l'attachement à un quotidien banal auquel elles ont du mal à s'arracher. Histoire complète en 1 volume.

 

Ce que j’ai aimé :

Ghost world est un monde étrange, comme suspendu, dans lequel évoluent deux adolescentes, Enid et Rebecca. ghost-world.3.jpgElles croisent des êtres faméliques, des fantômes auxquels elles attribuent des vies hors normes.  corps qui se meuvent dans un monde fantôme trErrant de cafèts minables en cafèts minables, elles s’ennuient à deux dans cet interstice difficile placé entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Le portrait de ces adolescentes sonne étonnamment  juste, loin des  stéréotypes :

« Par exemple, je n’ai jamais vu un film avec de vraies filles. Au cinéma, les femmes jouent le plus souvent des rôles stéréotypés… La bosseuse à lunettes qui n’a pas de chance avec les hommes ou la garce vulgaire… Ce sont des stéréotypes à qui on n’attribue jamais une personnalité complexe ou bien constituée de multiples facettes. » ( extrait d’une interview  parue dans « Dangerous Drawings » )

Pour elles, les apparences sont primordiales, elles cherchent leurs styles, elles traquent leur identité, dans le dégoût d’elles-mêmes. 

« Avant mon projet d’aller à la fac, j’avais la secrète intention de ne rien dire à personne, de monter dans un bus et d’aller m’installer dans une ville au hasard, pour y devenir cette personne complètement différente…

-          Et puis ?

-          Et puis ne pas revenir tant que je ne serais pas totalement devenue cette personne. J’y pensais tout le temps.

-          Je ne comprends pas…

-          C’est parce que tu ne te détestes pas tout à fait. »

 Elles éprouvent des  sentiments indistincts, éprouvant de la difficulté à définir lesdits sentiments.  Seule leur amitié perdure. Puis la vie passe et chacun suit sa route, et la complicité d'hier s'effrite sans que l'on sache vraiment pourquoi. La vie file... 

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien.

ghost-world2.jpg

 

Ghost world, Daniel Clowes, traduction Sidonie Van Den Dries, Vertige graphic, 2010, 14 euros

 

BD Mango bleu

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Joseph Anton, une autobiographie de Salman RUSHDIE

Publié le par Hélène

joseph anton 

♥ ♥

 

L’auteur :

 http://www.salman-rushdie.com/about-2/

 

L’histoire :

 Le 14 février 1989, Salman Rushdie reçoit une fatwa de Khomeini pour avoir écrit Les versets sataniques. En toute franchise et honnêteté, l'écrivain raconte sa clandestinité, son changement d'identité obligé et son combat pour retrouver une liberté. Il raconte sans tabou son quotidien sous surveillance armée et sa lutte pour obtenir soutien et compréhension du monde des médias ou des politiciens. (Source : Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Salman Rushdie nous fait pénétrer dans l’antre de l’écrivain, nous permettant d’assister à la mise en place d’un nouvel écrit, aux pensées de l’artiste mais aussi à celle de l’homme tant sa vie d’artiste a modifié profondément sa vie d’être humain suite à la publication des Versets sataniques.  Il expose ses projets d’écriture, ses rencontres littéraires décisives et échafaude peu à peu, sous nos yeux, les prémisses du roman qui va bouleverser son existence.

 «  La grande question était de savoir comment le monde s’assemblait, pas seulement de voir comment l’Orient se mêlait à l’Occident et l’Occident à l’Orient, mais comment le passé façonnait le présent et comment le présent modifiait notre perception du passé, et comment le monde imaginaire, le lieu des rêves, de l’art, de l’invention mais également de la croyance se diffusait à travers la frontière qui le séparait de la « réalité » quotidienne où chaque être humain est persuadé, à tort, de vivre. » (p. 88)

 Puis vient l’heure de la lutte pour la liberté d’expression, lutte menée contre les extrémistes, lutte qui détient en son sein un caractère universel atemporel, malheureusement. Il s’agissait du prix à payer pour faire vivre son projet :

« Ecrire un livre c’est conclure un pacte faustien à l’envers. Pour gagner l’immortalité, ou du moins conquérir la postérité, on perd, ou du moins on compromet, sa véritable existence quotidienne. » (p. 113)

L’ensemble de l’autobiographie est marquée par un esprit très érudit, réfléchi et cultivé, un homme complet mis au ban de sa propre vie pour avoir osé braver l’interdit religieux.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 J’ai regretté de n’avoir pas lu « Les versets » avant ma lecture de cette autobiographie,  afin de mieux saisir les subtilités de son raisonnement.

Salman Rushdie écrit dans un style tellement fluide qu’il se laisse emporter par son propos si bien que cette Autobiographie ne compte pas moins de 727 pages, un pavé non exempt de quelques longueurs…

 

Premières phrases :

 « Après coup, alors que le monde explosait autour de lui et que les merles de la mort s’assemblaient en masse sur le portique dans la cour de récréation, il regretta d’avoir oublié le nom de la journaliste de la BBC qui lui avait dit que son ancienne vie était désormais terminée et qu’une nouvelle existence, plus sombre, allait commencer. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Les versets sataniques

 

 D’autres avis :

 Les inrocks 

Blogs : Audouchoc JosteinNadael Akialam Keisha ; Clara

 

Joseph Anton, une autobiographie, Salman Rushdie,  traduit de l’anglais par Gérard Meudal,  Plon, 727 p., 24 euros

 

grand prix lectrices de elle

Publié dans Biographies et cie

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Quand nous serons heureux de Carole FIVES

Publié le par Hélène

quand nous serons heureux

 

 

♥ ♥ ♥ 

 

« J’écris tout cela et plus encore, je donne forme à mes regrets, je les regarde en face et les tiens à distance, enfin, ces rêves qui ne sont pas les miens. Je finis par les faire tourner, les voir danser sur ma feuille de papier. » (p. 55)

 

 

L’auteur :

 

Carole Fives vit à Lille et partage son temps entre les arts plastiques et la littérature. Pour Quand nous serons heureux, elle a reçu le prix Technikart du manuscrit 2009, présidé par Alain Mabanckou.

 

L’histoire :

 

Il y a les vies que nous aimerions vivre… et celles que nous vivons, faites de compromis, de doutes, de fantasmes : le fils qui fait de la scène pour attirer l’attention de son père, la jeune femme qui comprend que ses opérations de chirurgie plastique n’ont pas réglé ses problèmes, la fan de David Bowie qui perd le sens de la réalité, l’homme qui à force de ratures, de biffures sur son agenda se rend compte que c’est son existence qu’il annule jour après jour, la victime de viol dans le déni qui relate son agression comme s’il s’agissait d’une histoire d’amour, le photographe Rmiste en panne de modèles… (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

  Le bonheur dont il est question dans le titre semble bien loin des protagonistes… Carole Fives nous présente dans ses nouvelles des êtres désenchantés, malmenés par la vie et par les autres, des hommes et des femmes à l’avenir sans espoir. Mais elle peint leur quotidien avec un ton acide et décalé qui évite le naufrage dans un désespoir sans fond, et qui, subtilement amène le lecteur vers une réflexion constructive. La forme courte et expéditive des nouvelles permet aussi de ne pas s’enferrer dans les situations glauques, mais de simplement les effleurer, les suggérer pour mieux les faire chuter en fin de nouvelle.

 

« C’est pas parce que la vie est dégoûtante qu’il faut encore en rajouter dans un bouquin, merci. » (p. 155) conseille une amie à l’auteur dans le dernier chapitre, lui enjoignant de plutôt écrire des romans comme Anna Gavalda « plein d’espoir ». Carole Fives est une auteure effectivement bien loin des stratégies commerciales, et qui écrit simplement ce qu’elle ressent, dans un acte de partage sans calcul. Elle choisit délibérément de pointer les travers de la société et de nos semblables plutôt que d’édulcorer comme tant d’auteurs contemporains populaires le monde qui nous entoure… Parce qu’on ne peut pas se cacher les yeux éternellement et que viendra un jour où il faudra peut-être revoir notre rapport aux autres…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

 J’ai lu ces nouvelles en ayant en tête le dynamisme et la gentillesse de Carole rencontrée par hasard un soir de mai. Je n’ai donc pas ressenti le côté plombant des nouvelles, mais je reconnais que leur cynisme pourrait en désarmer certains…

 

Premières phrases :

 

« Certes, les loyers y étaient largement moins élevés que dans le centre-ville. Mais ce n’est pas la seule raison qui vous a amenée à Ploucville. Le goût des quartiers populaires aussi, leur métissage, leurs possibilités d’échanges, de rencontres… »

 

Vous aimerez aussi :

 

Une vie à coucher dehors de Sylvain TESSON

 

D’autres avis :

 

Clara, Sophie

 

Quand nous serons heureux, Carole FIVES, Editions le Passage, 2010, 157 p., 14 euros

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Trois fois dès l'aube de Alessandro BARICCO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Elle pensait à la mystérieuse permanence de l'amour, dans le tourbillon incessant de la vie." 

Dans son roman précédent Mr Gwyn, Alessandro Baricco mettait en scène un personnage anglo indien Akash Narayan qui écrivait un petit livre intitulé Trois fois dès l'aube. Alessandro Baricco a ainsi eu envie de donner vie à ce livre imaginaire, comme il l'explique dans une note liminaire. Les deux récits peuvent se lire indépendamment, ayant chacun leur autonomie.

Deux personnages se rencontrent à trois reprises à l'aube "mais chaque rencontre est à la fois l'unique, la première, et la dernière.", le temps est  distendu, les âges se confondent. La première rencontre a lieu dans le hall d'un hôtel entre un homme désoeuvré et une femme intrigante. De fil en aiguille, ils passent leur nuit à discuter, et l'homme se confie de plus en plus, dangereusement. La deuxième rencontre met en scène une jeune fille et son petit ami, toujours dans cet hôtel. Le réceptionniste discute avec la jeune fille revenue chercher des serviettes et l'enjoint rapidement à fuir cette vie qui ne semble pas lui convenir. Dans la troisième, une policière prend en charge un jeune garçon. 

L'aube est ce moment suspendu durant lequel tout est encore possible avant que la lumière cru ne voit le jour. Il est question de tout laisser tomber, de recommencer, ailleurs, mieux, de reconquérir sa liberté, de laisser le jour s'installer après la nuit. 

"Mais la femme dit que beaucoup de gens rêvent de recommencer à zéro, et elle ajouta qu'il y a avait là-dedans quelque chose d'émouvant, non de fou. Elle dit que presque personne, en réalité, ne recommence vraiment à zéro, mais qu'on n'a pas idée du temps que les gens consacrent à ce fantasme, souvent alors même qu'ils sont noyés dans leurs problèmes, et dans la vie qu'ils voudraient laisser tomber."

"On recommence à zéro pour changer de partie, dit-elle. On a toujours cette idée qu'on est tombé à la mauvaise table. (...) Comme je vous l'ai dit, ajouta-t-elle, changer de cartes est impossible on ne peut que changer de table de jeu."

Les rencontres se concentrent autour des choix que l'on fait ou que l'on ne fait pas, des actes passés et à venir... L'hôtel est un lieu de passage, un lieu de transit dans lequel on ne reste pas non plus, déjà tourné vers un ailleurs qui sera peut-être différent.

Dans une forme très dialoguée, théâtrale, Alessandro Baricco et son Demain dés l'aube s'interrogent sur la permanence des choses et nous installent dans la magie du maintenant. 

 

Présentation chez Gallimard 

Du même auteur : Novecento

D'autres avis : Télérama ; Les Echos 

LaureCryssilda 

 

Trois fois dès l'aube, Alessandro Baricco, traduit de l'italien par Lise Caillat, Gallimard du monde entier, février 2015, 128 p., 13.50 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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