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1345 résultats pour “vie parfaite

Hommes, bois, abeilles de Mario RIGONI STERN

Publié le par Hélène

                                                    

♥ ♥ ♥ ♥

  

 L’auteur :

 Mario Rigoni Stern est un auteur italien. D'origine autrichienne, RigoniStern1.jpgMario Rigoni Stern commence sa vie en combattant pendant la Seconde Guerre mondiale dans un régiment de chasseurs alpins. Il combat en France, en Grèce, en Albanie et en Russie. En 1943, il est fait prisonnier par les Allemands après la signature de l'armistice avec les Alliés et est transféré en Prusse orientale. Il parvient tout de même à s'évader et à rejoindre sa ville natale en 1945. Il devient alors employé du cadastre et, dès 1970, se consacre à l'écriture. Amoureux de sa région d'origine, Mario Rigoni Stern la considère comme sa muse et ses oeuvres sont souvent 'habitées' de Vénétie. Connu pour son 'Sergent dans la neige', signé en 1954, l'écrivain raconte à travers ce roman l'errance de plusieurs soldats italiens perdus en Russie, au moment du retrait des troupes. A côté de ses souvenirs de guerre, il a signé plusieurs ouvrages sur la nature, les paysages et les animaux. Considéré comme l'un des plus grands écrivains italiens contemporains, Mario Rigoni Stern décède en 2008 dans son village natal d'Asiago.

  

L’histoire :

 

Quelques nouvelles avec les thèmes chers à l’auteur : la nature, la chasse, les animaux, mais aussi la guerre et ses ravages.

 

Ce que j’ai aimé :

 

- Lire les romans de Mario Rigoni Stern c’est écouter la vie palpiter et résonner dans nos coeurs et dans nos âmes. Avec beaucoup de simplicité, il chante l’amour de la vie et nous conte sobrement son monde, son pays, en nous réconciliant avec des plaisirs harmonieux :

 

«  lui ce qu’il désirait c’était d’aller pendant un mois, une fois dans sa vie, chasser la bécasse dans les bois de Bohême ; libre et seul avec son chien, sans horaires ni obligations. » (p. 58) 

 

« L’humidité du bois, l’odeur de la terre humifère, les couleurs des feuilles de hêtre, de sorbier, du saule des chèvres, de l’aulne blanc tranchant sur le vert sombre des sapins et la splendeur flamboyante d’un merisier ; lui avec son chien ; et le silence amplifié par les brefs appels des oiseaux de passage, par le battement d’ailes d’une grive, par le tintement argentin du grelot attaché au collier de son chien. Marcher comme ça pendant toute la vie. Toujours. » (p. 62)

 

- Mario Rigoni Stern est un montagnard averti qui chante ici pour notre plus grand bonheur les charmes de cette montagne et des montagnards.

 

« Je décidais que je parlerai d’aujourd’hui, d’une journée avec les gens de la montagne. » (p. 145)



- Si c'est un homme profondément amoureux de la nature, il nous parle aussi de respect et de communion entre les hommes, comme dans ce magnifique texte dans lequel en temps de guerre deux hommes de la vallée se font accompagner de quelques prisonniers pour aller chasser lors d'une battue. Grâce à ces hommes, les prisonniers vécurent une journée de trêve, une journée de rêve.

    

- Sa simplicité est résolument la preuve que ce fut un grand homme à ne surtout pas oublier...

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien.

 

Premières phrases :

 

« La couverture sur la tête, on marchait en silence ; en sortant de la bouche le souffle gelait sur la barbe et sur les moustaches. Mais l’air, la neige et les étoiles aussi semblaient soudés ensemble par le froid. La couverture tirée sur la tête, on continuait à marcher en silence. On s’arrêta, peut-être parce qu’on ne savait pas où aller. Le temps et les étoiles passaient au-dessus de nous, étendus sur la neige. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Les saisons de Giacomo de Mario RIGONI STERN

Autres : Le jour avant le bonheur de Erri DE LUCA

 

Hommes, bois, abeilles, Mario Rigoni Stern, traduit de l’italien par Monique BACCELLI, La fosse aux ours, août 2001, 17 euros

 

challenge voisins voisines

Publié dans Littérature Europe

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Cette vie de Karel SCHOEMAN

Publié le par Hélène

                 

♥ ♥ ♥ ♥ 

Un roman puissant au cœur du veld sud africain.

L’auteur :

Karel Schoeman est un écrivain sud africain contemporain de langue afrikaans. Il a exercé divers métier dont celui de bibliothécaire et est aujourd’hui à la retraite. Il est l’auteur d’une œuvre prolifique, dans des genres différents (romans, essais, pièces de théâtre…) Cette vie est son dernier roman et est le premier d’un triptyque intitulé « Voix ».

L’histoire :

Sur son lit de mort, une vieille femme appelle à elle ses souvenirs pour les rassembler avant l’ultime départ. Elle évoque sa vie dans le veld en cette fin du XIXème siècle, sa mère si distante et âpre, son père fermier travaillant durement, et ses deux frères Pieter et Jakob, ainsi que leurs épouses. Jeune enfant discrète, puis jeune femme effacée, elle a observé les siens et a saisi certains secrets sans réellement en avoir conscience. A l’heure de sa mort, elle les livre à la lumière de son âme.

Ce que j’ai aimé :

-       L’écriture : intense, serrée au début, comme si elle ne voulait rien laisser percer au travers des mots, elle se délie au fur et à mesure pour chanter la liberté d’une femme dépendante des autres pendant trop longtemps.

-       L’intensité du récit : la narratrice livre des bribes de souvenirs au fil des pages, laissant aux pages suivantes le soin de dévoiler – peut-être - un autre souvenir éclairant, si bien que le récit rebondit, guidé par une mémoire sélective.  Le lecteur est littéralement happé par cet univers sporadique.

-       La beauté du texte en général : l’hommage rendu aux paysages de cette région est envoûtant. La ferme dans laquelle vit la narratrice est isolée, au cœur du Roggeveld, et les paysages sauvages environnants sont pour elle comme un aimant, un appel à la liberté et à l’insouciance, mais aussi un chemin vers des réponses. Les lieux savent des secrets que les humains ignorent… Mais le vent aura beau souffler, il ne trahira pas…

« Je sens autour de nous l’air doucereux, le parfum de l’anis sauvage, et contemple les arbustes qui ont pris racine dans les crevasses parmi les pierres, les fleurs blanches des zygophyllums qui se balancent au pied des collines, le printemps fade, gris, argenté et blanchâtre sous le ciel pâle, l’eau qui scintille un instant au loin à la surface d’un marécage et qui redevient terne tandis que le paysage s’assombrit à mesure que l’ombre obscurcit le soleil. » (p. 82)

-       Le magnifique portait de cette femme, qui, à l’aube de la mort, souhaite solder ses comptes avec la vie et rendre hommage à ceux qu’elle a aimés…

« Je me suis souvenue de ce que j’avais oublié, j’ai mis des mots sur ce que je ne voulais pas savoir, ma mission est accomplie (…) » (p. 256)

« L’être humain est condamné à se souvenir et à porter son fardeau jusqu’à la fin. » (p. 262)

Ce que j’ai moins aimé :

-       La densité du récit, déroutante au premier abord. La narratrice nous livre un monologue avec très peu de pauses, peu de dialogues, comme si elle voulait vraiment profiter de son dernier souffle pour tout dire. Aussi faut-il vraiment se plonger dans le texte pour en saisir toute la beauté, c’est un texte qui se mérite.

Premières phrases :

« La veilleuse vacille et s’éteint ; allongée dans l’obscurité, j’entends la respiration régulière de la jeune fille qui dort sur la paillasse au pied de mon lit. C’est sans importance, plus rien n’a d’importance, il ne reste plus qu’à attendre, et peu importe qu’il fasse jour ou bien nuit. »

Vous aimerez aussi :

 Disgrâce de J. M. COETZEE

 

Merci à Denis LEFEBVRE du groupe LIBELLA.

  Cette vie de Karel SCHOEMAN, Phébus, 2009, 265 p., 21 euros

 

Vous le trouverez aussi chez Keisha, et chez Dominique. 

TAGS : Littérature d'Afrique du Sud- Famille-Solitude -Femmes

Publié dans Littérature Afrique

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Imaqa de Flemming JENSEN

Publié le par Hélène

                             

 ♥ ♥ ♥ ♥

"Même dans les lieux les plus désertiques et abandonnés des dieux, des fleurs se pressent chaque printemps à travers la surface craquelée de sécheresse, se glissent entre les plus étroites fissures des rochers et signalent semence et vie aux endroits les plus improbables."  (p. 374) 

 

L’auteur :

 

Né en 1948 au Danemark, Flemming Jensen est surtout connu pour ses oneman shows, ses sketches radio et télé. Et pour ses livres. Lettres à Mogens, d'abord (Mogens, c'est son chien), et tout récemment Imaqa, le grand roman inuit qu'il a laissé mijoter pendant vingt-cinq ans. En France est également disponible Le Blues du braqueur de banque.

 

L’histoire :

 

Martin, instituteur danois de trente-huit ans qui ressent un vide dans son existence, demande sa mutation dans la province la plus septentrionale du Danemark, le Groenland. Il prend ses fonctions dans un hameau de cent cinquante âmes : Nunaqarfik, à plus de cinq cents kilomètres au nord du cercle polaire. Armé de ses bonnes intentions, encombré de sa mauvaise conscience coloniale et de ses idées pré-conçues, Martin découvre une communauté solidaire, dont la vie s'organise en fonction de la nature environnante - et pas malgré elle. Au fil des mois qui passent et des rencontres, dans une société où le rire est érigé en remède suprême contre la peur ou la tristesse, il apprend à apprécier ce qui est, sans se soucier de ce qui aurait pu être, et trouve ce à quoi il aspirait : l'aventure, l'immensité, l'harmonie, l'amour.

Roman chaleureux et humaniste, qui dénonce notamment les ravages de la colonisation du Groenland par le Danemark, Imaqa est un hymne à la tolérance et à la douceur, porté par un humour irrésistible. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 

En choisissant d'aller enseigner dans ces contrées lointaines, Martin va découvrir un tout autre monde, avec son mode de pensée spécifique et une philosophie de vie différente. Quand il cherche à comprendre celles et ceux qui l'entourent, Gert, groenlandais pure souche lui répond :

 "Est-ce que tu ne peux pas tout simplement...vivre ici ? C'est ce que nous faisons, nous autres. Nous ne sommes pas comme des dingues à essayer tout le temps de comprendre." (p. 78)

 Ces hommes et femmes ont une vie simple et saine, évitant autant que possible les complications inutiles. Certains couples ont une façon bien à eux de gérer les crises :  "en comblant le vide avant de commencer à le percevoir" : ils achètent une tondeuse à gazon lors de la première crise, puis à la deuxième crise ils construisent une machine à outils, puis installent une cuisine aménagée, etc...

 Ils prennent la vie dans son immédiateté, même si cela crée quelquefois des situations absurdes : Pavia  est fier d'annoncer à Martin qu'il a acheté une moto, qu'il compte bien conduire sur la glace, lui qui pourtant ne sait pas même monter à vélo...

 "Une entreprise de vente par correspondance allemande avait trouvé un filon en expédiant son gros catalogue à tous les foyers du district. Et avait par là allumé une braise et créé un besoin qui n'aurait guère existé sans elle. Une vieille femme était ainsi en possession d'un vibromasseur électrique, et la sage-femme s'était procuré une télévision. Elles n'attendaient plus à présent que le jour où l'on installerait l'électricité." (p. 152)

 Il ne s'agit pas pour autant d'un monde idyllique : les problèmes d'alcool  sont légion courante, les jeunes sont attirés par l'attrait du continent et notamment de ses boîtes de conserve si différentes du poisson omniprésent, la violence est aussi sous-jacente...  

Mais l'humanisme prend le dessus, l'amour du prochain est tellement évident qu'il permet une entraide salvatrice. Là-bas, pas de psychologue : être sur le traîneau, seul au monde est la meilleure technique d'introspection dans "l'étincelante pureté du monde" (p.359)

 

                                 groenland.jpg

 

Un roman magnifique que je recommande chaudement...

 

 Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien.

 

Premières phrases :

 « Ca grinçait, et c’était rassurant.

Il est rare, pourtant, que des grincements rassurent. Mais un vieil ascenseur habillé de bois, en route vers le quatrième étage, doit grincer. Sinon, quelque chose ne tourne pas rond.

Et ce n’était pas le cas. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Le blues du braqueur de banque de Flemming JENSEN

Autre : La vierge froide et autres racontars de Jorn RIEL 

 

D’autres avis :

 

Canel ; France Inter 

 

Imaqa, une aventure au Groenland,  Flemming Jensen, roman  traduit du danois par Inès Jorgensen, Babel, 2002, 9.50 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Sélection d'albums jeunesse

Publié le par Hélène

Comme ce week-end a lieu le salon du livre jeunesse de Montreuil, une fois n’est pas coutume je vais parler de mes coups de cœur dans ce domaine. Aujourd’hui dans la catégorie albums, demain dans la catégorie romans.

 

 

Mon coup de cœur :

 

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Tu ne dors pas, petit ours de Martin WADDELL et Barbara FIRTH, Ecole des Loisirs

 

  Une tendre histoire superbement illustrée.

 

  Petit ours ne parvient pas à s’endormir. Il a peur du  noir. Grand Ours lui apporte une petite lanterne, puis une plus grande, puis une plus grande encore. Mais Petit Ours ne s’endort toujours pas : il a peur de la nuit qui pénètre dans la grotte. Alors, grand Ours a une idée : il prend Petit Ours par la patte et l’emmène dehors…

 

Les illustrations de Barbara Firth sont douces, dans des tons pastels qui endorment les peurs.

 

 

   

  tétine de nina

  

La tétine de Ninade Christine NAUMANN VILLEMIN et Marianne BARCILON, Ecole des Loisirs 

 

Un petit album très simple, mais très intelligent. Il traite avec humour du thème de la tétine dont ne peuvent se séparer certains enfants. Il permettra aux parents et aux enfants d'aborder la question avec finesse. La petite Nina finira en effet par donner sa tétine à quelqu'un qui en a bien plus besoin qu'elle... 

  

L’histoire : Nina est une petite fille qui refuse de quitter sa tétine, elle insiste pour la garder tout le temps malgré l'insistance de sa maman qui aimerait qu'elle s'en sépare. De plus, Nina parle mal quand elle a sa tétine dans sa bouche, on ne la comprend pas toujours très bien, les sons sont quelquefois déformés. Aussi, quand elle rencontre en chemin un loup qui veut la croquer, celui-ci ne comprend pas du tout la réponse de la fillette. Pour une fois, Nina va accepter de retirer la tétine de sa bouche pour se faire comprendre. Mais elle est un peu trop bien comprise par le loup...

 

Les dessins sont drôles, la petite Nina a une tête ronde très expressive, des petites tresses en bataille, des pommettes rouges et elle campe à merveille la petite fille têtue. Le trait du dessin est précis, fin, les couleurs restent neutres, discrètes apportant de la douceur au dessin. L'ensemble est très réussi.

 

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  Grosse colère de Mireille d’ALLANCE, Ecole des Loisirs

 

« Grosse colère » est un bon tremplin pour discuter avec votre enfant de ses colères. Cet album permet une mise en scène des colères intelligente puisque la colère de Robert est représentée comme un autre personnage, un monstre rouge impressionnant. C'est en extériorisant ses sentiments que Robert comprend la stupidité de cette colère qui agit sans réfléchir. Une belle histoire servie par des dessins en parfaite harmonie avec le thème.

 

L’histoire : Aujourd'hui, Robert a passé une mauvaise journée et c'est de mauvaise humeur qu'il rentre chez lui. Quand son papa lui demande d'enlever ses chaussures, cela intensifie sa mauvaise humeur, quand il doit manger des épinards au dîner, il bougonne encore davantage, si bien que son papa le punit dans sa chambre. Là, cette colère accumulée en lui éclate violemment...

 

Les dessins sont harmonieux, dans les tons jaunes et verts, ce qui rend la colère rouge qui monte d'autant plus frappante. Sa couleur tranche dans l'univers doux de Robert. La colère est représentée en effet comme un gros monstre rouge tourbillonnant, dévastateur, extérieur à Robert, dépassé par ses réactions. Quand Robert la dispute pour les dégâts qu'elle a causés, elle s'amenuise, devient minuscule et s'insère alors parfaitement dans la petite boîte que Robert lui a préparée.

 

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C’est moi le plus fort de Mario RAMOS , Ecole des Loisirs

 

Un petit album drôle, aux dessins colorés et attractifs. En tant que parent, je l'aime beaucoup, et je pense que les enfants apprennent peu à peu à le comprendre. Il permet à l'enfant d'enrichir son vocabulaire et son expression.

 

L’histoire : Un jour un loup décide d'arpenter la forêt en demandant à ses habitants ce qu'ils pensent de lui. Il s'adresse à ceux qu'il effraie dans les contes classiques et aux plus petits de la forêt, qui, ayant peur de se faire croquer, sont unanimes « C'est toi le plus fort »... Jusqu'à ce qu'il rencontre une toute petite grenouille...

 

   

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Y a-t-il des ours en Afrique de  Satomi ICHIKAWA, Ecole des Loisirs

 

Un très bel album à découvrir absolument. Non seulement l'histoire est touchante, mais les illustrations sont de plus magnifiques, peignant avec beaucoup de talent l'univers africain. C'est un album tendre et harmonieux qui réjouira les petits et les grands.

 

L’histoire : Meto est un petit garçon qui vit dans un village africain. Un jour, un car de touristes leur rend visite. Les visiteurs prennent quelques photographies, admirent les lieux, et bien vite repartent dans leur car. Mais une petite fille a oublié un drôle d'animal, aussi, Meto va poursuivre le car pour le lui rendre, aidé dans sa course au fur et à mesure par les animaux de la savane.

 

Les illustrations de cet album sont magnifiques. Elles mettent en avant les paysages africains dans de magnifiques aquarelles, finement dessinées, colorées dans des tons pastel harmonieux. Les animaux et les personnages sont dessinés de façon réaliste. L'ensemble est tendre et harmonieux.

 

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La chaise bleue de Claude BOUJON, Ecole des Loisirs

 

Un hymne au pouvoir de l’imagination.

 

L’histoire : Ce jour-là, Escarbille et Chaboudo se promenaient dans le désert. Et dans le désert, il n'y avait rien. Rien, sauf…une tache bleue, au loin. Ils s'approchèrent : c'était une chaise. C'est fou ce qu'on peut faire avec une chaise bleue.

 

Une histoire très simple mais très poétique.

 

 

 

 

   

Et aussi :

 

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  Et tant d’autres encore…

Publié dans Jeunesse Album

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Le roi Lézard de Dominique SYLVAIN

Publié le par Hélène

roi lézard

♥ ♥ ♥

 « I am the Lizard King

I can do anything »

 

L’auteur :

Dominique Sylvain est née le 30 septembre 1957 à Thionville en Lorraine. Elle travaille pendant une douzaine d’années à Paris, d’abord comme journaliste, puis comme responsable de la communication interne et du mécénat chez Usinor.

Pendant six ans, elle a vécu avec sa famille en Asie. Ainsi, Tokyo, où elle a passé trois ans, lui a inspiré son premier roman Baka ! (1995). Sœurs de sang et Travestis (1997 et 1998) ont été écrits à Singapour.

Elle habite actuellement à Tokyo et se consacre exclusivement à l’écriture. Ses treize romans ont tous été publiés dans la collection Chemins Nocturnes, aux Éditions Viviane Hamy.

 Son site : http://www.dominiquesylvain.com/

 

L’histoire :

Dans Le Roi Lézard, Louise Morvan élucide le mystère de l’assassinat de son oncle détective, Julian Eden, dont elle a hérité l’agence à la fin des années 70. En effet, le commissaire Serge Clémenti retrouve la piste de l’inspecteur Casadès qui avait été en charge de l’enquête et qui se l’était vu retirer sans raison apparente.

Alors que Clémenti et ses deux acolytes s’épuisent à débusquer le « killer des quais » qui assassine de malheureux SDF, Louise finit par rencontrer elle-même le répugnant Casadès qui lui distille des informations au compte-gouttes, brouillant ainsi les pistes...

 Attention : Ce roman est une version inédite de Travestis, roman de Dominique Sylvain paru en 1998. Ce livre épuisé, lui tenant particulièrement à cœur, l’auteur a souhaité en reprendre l’écriture avant la réimpression envisagée. De déconstruction en reconstruction (au point que même le meurtrier est un autre !) et compte-tenu de l’importance que prenait au fil de la narration, Jim Morrison, le chanteur de The Doors, il a fallu se rendre à l’évidence : il s’agissait là d’un roman différent. Un nouveau titre s’est alors imposé !

 

Ce que j’ai aimé :

 L’oncle de Louise Morvan évoluait dans les milieux artistiques des années soixante-dix et fréquentait notamment le club Rock and Roll Circus « un des clubs les plus dingues et les plus chics de Paris dans les années soixante-dix. » « Cette boîte attirait dandys en chemise à jabot, businessmen en smoking, et faisait renaître Saint-Germain-des-Prés de ses cendres. (…) Un grand escalier en pierre de taille, et enfin, les bouffées de Led Zeppelin, des Beach Boys ou de Clapton en live, les odeurs d’encens et de patchouli. Un sas vers un autre monde. » (p.45) Ainsi il a pu côtoyer producteurs de l’époque, chanteurs, et surtout le mythique Jim Morrison de passage à Paris à cette époque et habitué du Rock and Roll Circus. Certains racontent même que "le roi lézard" serait mort d’une overdose dans les toilettes de ce bar. Notre enquêtrice de choc Louise flirte avec ces personnages troubles, baignés dans un monde opaque, s’évaporant dans des volutes de drogue et de musique.  

 La belle Louise s’adapte parfaitement à cet univers, avançant à tâtons sur une ligne ténue tracée entre deux mondes : la moralité, une relation stable avec l’inspecteur Clémenti, un engagement, et l’attirance trouble pour ces êtres empreints de magie et de mystère, mais aussi de violence et de malheur. Louise oscille dangereusement, moulée dans l’image marquante de son oncle défunt.

 Dans ce paysage troublé, Paris est à la fois un refuge et un danger. L’auteur campe solidement son action dans la ville, comme si la belle capitale était à elle seule un autre personnage. De la Villette aux quais de Seine en passant par Pigalle, l'escapade parisienne fascine le lecteur-touriste témoin de l'enquête tonitruante de Louise.

 Et l'enquête me direz-vous ? Elle n'est que secondaire finalement, se fondant parfaitement dans l'atmosphère et le décor comme si elle faisait corps avec elle. Du grand art !

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Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien

 

Premières phrases :

 « L’enfant s’ennuie ferme dans la Studebaker qui roule au milieu du désert, entre Albuquerque et Santa Fe. Le jour se lève. Tous somnolent, sauf le père – un officier de marine toujours concentré – et le gamin, qui a des fourmis dans les jambes. La route rectiligne tranche une interminable plaine de poussière ocre. L’enfant pense que les montagnes bleutées à l’horizon sont à des milliers de kilomètres, que ce voyage n’en finira pas. Mais il se trompe car, après des heures de monotonie, il se passe enfin quelque chose. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Passage du désir de Dominique SYLVAIN

Autre : les romans de Fred Vargas

 D’autres avis :

Blog : Moustafette

Presse : Le monde  

 

Le roi Lézard, de Dominique Sylvain, éditions Viviane Hamy, mars 2012, 300 p., 18,50 euros

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Rencontre avec Claudie Gallay

Publié le par Hélène

Jeudi dernier avait lieu une rencontre avec Claudie Gallay initiée par Aliette Armel dans le cadre du Livre forum

Claudie Gallay a évoqué son dernier roman La beauté des jours 

Aller au bout de soi et de ses décisions

Voici la leçon de Marina Abramovic dont je parle dans ce roman. Elle parle de ses passions avec son corps. J'ai découvert cette artiste grâce à un article dans Télérama, et je suis "tombée en amour". Marina a vécu 17 ans de passion avec Ulay, même pour se séparer, ils se sont mis en danger. Comment une artiste en danger fascine-t-elle quelqu'un qui est du côté de la sécurité ? Jeanne n'est pas du tout dans l'audace, elle est dans la prudence retenue. Marina est un miroir de ce qu'elle aimerait être ou faire.

Marina n'a pas choisi sa façon de vivre, elle s'est appuyée sur son enfance, sur ses parents autoritaires, elle voulait prouver qu'elle était capable de réussir. Et elle réussit. Il y a un an dans un entretien, alors qu'elle était au summum de son art, elle a dit qu'elle donnerait beaucoup pour se lever le matin, être là avec quelqu'un, boire un café, lire le journal et juste parler de ce qu'on va faire aujourd'hui. Elle rêve d'un quotidien banal en somme. Et Jeanne a cela, cette monotonie, ce quotidien réglé.

L'art fait résonner la vie

L'art contemporain est présent dans d'autres de mes romans, par exemple dans Seule Venise avec le peintre Zoran Music, l'auteur de peintures et gravures fascinantes. Il a connu l'expérience des camps de concentration.

J'ai écrit aussi sur Opalka dans Détails d'Opalka.

Ce sont des artistes partis de situations extrêmes qui ont eu besoin de les transmuer dans des oeuvres extrêmes. Dans mes romans, ils font écho avec des personnages  qui n'ont pas de rapport avec ces situations, mais trouvent quelqu'un qui leur parle et ils grandissent ainsi. Ils éprouvent le besoin d'approcher les artistes.

L'art fait résonner la vie, il embellit.

Jeanne a découvert Abramovic à l'école, elle qui n'est pas une intellectuelle a compris ce langage, ce langage de corps, de chair, de ressenti. Pendant 20 ans, elle ne l'a pas oublié, c'était toujours là. Vingt ans plus tard, un cadre tombe, la mémoire rend Marina. Jeanne est disponible à ce moment-là, il est temps pour elle de faire remonter à la surface ce qui est en elle.

Jeanne est née de ses manques

La ferme était aussi dans L'office des vivants. Jeanne est issue d'une famille de taiseux, ses parents sont paysans et Jeanne est issue de ce silence. C'est pour cela qu'elle a compris Abramovic, cela résonne en elle, tous ces manques. Elle est au mi-temps de sa vie et elle fait le point. Alors quelqu'un surgit.

Dans mes romans souvent, quelqu'un surgit, quelqu'un qui va tout mettre en déséquilibre. C'est important de se faire bousculer. Martin est un amour d'adolescente laissé en suspens. Que se passe-t-il quand vingt ans plus tard on recommence ? Peut-on retrouver l'émotion de l'adolescence ?

Jeanne n'est pas une intellectuelle, elle ressent les choses. Elle a envie d'aimer. Rémi, son mari, voit tout, sait tout, mais il l'aime intangiblement. Martin est celui qui fait battre son coeur et emmène ses battements de coeur de l'autre côté de l'océan. Il est celui qui lui parle de Giono, il est celui qui éveille la curiosité de Jeanne. Il la réveille en tant que femme.

De la difficulté d'écrire une lettre d'intention

Au début, j'écris beaucoup, pour arriver ensuite à cerner, au début le texte faisait trois fois le volume du texte. Après, comme un sculpteur qui enlève petit à petit, j'épure. Comme Giacometti, pour arriver à des personnages filiformes. Le travail final demande de retirer ce qui est inutile, pour que ne reste que ce qui est essentiel. Au début l'écriture importe peu, ce qui est essentiel ce sont les personnages et l'histoire.

A la fin je lis aussi l'histoire à haute voix pour encore épurer, tailler.

Je commence à vraiment comprendre mon roman maintenant, quand j'en parle en librairie. Mon éditeur m'avait demandé d'accompagner mon texte d'une lettre d'intention, mais j'ai été désemparée, j'ai été incapable de l'écrire. Maintenant je pourrais le faire. J'ai besoin d'un temps de pause, je comprends mes livres une fois que j'en ai parlé.

Aujourd'hui ma lettre d'intention serait : "Montrer comment l'art peut sauver, aider, traverser, émerveiller quelqu'un qui a une vie toute simple. Comment deux mondes si différents peuvent s'entrechoquer."

L'art permet de revenir sur la beauté qui est, montre les choses qui sont là.

 

 

Mes livres ce n'est rien d'autre que la vie

Mon intention première était d'écrire sur Marina parce que j'avais ressenti une grande émotion que je voulais partager. Mais je me suis rendue compte que ce partage n'était pas utile. Jeanne est née ensuite. Jeanne n'existe pas dans la vraie vie, mais elle existe aussi.

Jeanne a mis en sourdine ses passions pendant vingt ans et soudain, cela ressurgit et éclate. Marina a permis à Jeanne d'oser, elle ose prendre une décision, elle va dire non pour retrouver une fidélité à elle-même. Elle  pense que le ciel va lui tomber sur la tête parce qu'elle a osé faire quelque chose seule, mais non. Elle reprend sa vie en mains.

Accéder à la pureté

Dans Détails d'Opalka, je parle de Tom Friedman qui a affiché une feuille blanche dans laquelle il avait placé toutes ses pensées, tout son ressenti. De même Marie-Hélène Lafon affirme dans "Traversée" vouloir aller vers la pureté. On veut arriver au silence. Il existait un livre avec juste des notes de bas de page, c'était au lecteur de reconstituer l'histoire à partir des notes de bas de page. (Vengeance du traducteur de Brice Matthieussent chez POL ? )

Ce qui est beau dans l'écriture c'est que l'on peut retravailler à l'infini, pas comme l'oral. L'écrit est au plus près de ce que l'on ressent.

Des paysages qui nous habitent

Les déferlantes est né de la Hague, il est né d'un paysage, qui est un personnage à part entière. Je me souviens d'un jour passé à Auderville en octobre, il y avait de la brume. J eme souveins être là-bas dans une atmosphère brumeuse avec ce phare qui pulsait. Un vieil homme sortait de chez lui, il s'éloignait le long de la rue. Théo, le gardien de phare est né comme cela. Le poème de Prévert m'a aussi inspiré :

Des oiseaux par milliers volent vers les feux
Par milliers ils tombent par milliers ils se cognent
Par milliers aveuglés par milliers assommés
Par milliers ils meurent.

Le gardien ne peut supporter des choses pareilles
Les oiseaux il les aime trop
Alors il dit tant pis je m’en fous
Et il éteint tout

Au loin un cargo fait naufrage
Un cargo venant des îles
Un cargo chargé d’oiseaux
Des milliers d’oiseaux des îles
Des milliers d’oiseaux noyés.

Mon roman est né d'un endroit à nul autre pareil, un endroit incroyable.

 

D'autres avis : Aliette Armel

D'autres titres de l'auteur : Les déferlantes  ♥ ♥  ; L'amour est une île  ♥ ; Une part du ciel  ♥ ♥  ♥ ; Dans l'or du temps ♥ ♥  ; Seule Venise ♥ ♥ ♥ ; La beauté des jours ♥ ♥  

 

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Madame Bovary de Gustave FLAUBERT

Publié le par Hélène

                                                madame-bovary.jpg

 ♥ ♥ ♥

 

 L’auteur :

 D'origine bourgeoise (père médecin), il a une enfance peu heureuse car délaissé par ses parents qui lui préfère son frère aîné. Il est néanmoins très proche de sa soeur cadette.

Il fait sa scolarité au lycée de Rouen. Renvoyé, il passe seul son bac en 1840.
Dispensé de service militaire il commence des études de droit à Paris en 1841. Il abandonne en 1844 à cause de ses crises d'épilepsie. En 1846, sa soeur meurt et il prend en charge sa fille âgée de 2 mois.

Il poursuit ses tentatives littéraires et aboutit en 1851 au début de la rédaction de Madame Bovary qui parait en 1856. Le livre fera l'objet d'un procès pour outrage aux bonnes moeurs. Flaubert sera acquitté.

Durant ces années, il fréquente les salons parisiens. Il y rencontre entre autre Georges Sand.
En 1858, il entreprend un voyage en Tunisie afin de se documenter pour Salaambô.
En 1866, il reçoit la légion d'honneur.

Ses dernières années sont sombres : ses amis disparaissent et il est assailli par les difficultés financières et par des problèmes de santé. Il meurt subitement d'une hémorragie cérébrale. Il est enterré au cimetière de Rouen.

 

L’histoire :

Une jeune femme romanesque qui s'était construit un monde romantiquement rêvé tente d'échapper - dans un vertige grandissant - à l'ennui de sa province, la médiocrité de son mariage et la platitude de sa vie. Mais quand Flaubert publie Madame Bovary, en 1857, toute la nouveauté du roman réside dans le contraste entre un art si hautement accompli et la peinture d'un univers si ordinaire. L'écriture transfigure la vie, mais s'y adapte si étroitement qu'elle la fait naître sous nos yeux.

 « Ce n'était plus du roman comme l'avaient fait les plus grands », dira Maupassant : « C'était la vie elle-même apparue. On eût dit que les personnages se dressaient sous les yeux en tournant les pages, que les paysages se déroulaient avec leurs tristesses et leur gaieté, leurs odeurs, leur charme, que les objets aussi surgissaient devant le lecteur à mesure que les évoquait une puissance invisible, cachée on ne sait où. » (Source : Le livre de poche)

madame bovary hirondelle

  L'hirondelle de Yonville

 

Mon avis :

Gustave Flaubert a voulu dans ce roman montrer une vie où il ne se passe rien au travers le point de vue d'un personnage :  montrer les idées, les sentiments, l'enchaînement du psychologique et l'évolution des différentes psychologies. 

 Pour ce faire, il choisit comme personnage principal éponyme Emma Bovary, jeune femme épris de romantisme car influencée par ses nombreuses lectures :

  « Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long corsage, qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir. » (p. 71)

  « Elle n’aimait la mer qu’à cause de ses tempêtes, et la verdure seulement lorsqu’elle était clairsemée parmi les ruines. Il fallait qu’elle pût retirer des choses une sorte de profit personnel ; et elle rejetait comme inutile tout ce qui ne contribuait pas à la consommation immédiate de son cœur, - étant de tempérament plus sentimentale qu’artiste, cherchant des émotions et non des paysages. » (p. 70)

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 « Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et qui pousse mal tout autre part. Que ne pouvait-elle s’accouder sur le balcon des chalets suisses ou enfermer sa tristesse dans un cottage écossais, avec un mari vêtu d’un habit de velours noir à longues basque, et qui porte des bottes molles, un chapeau pointu et les manchettes ! » (p. 74)  

 Mais la pesanteur existencielle provoque irrémédiablement une chute après l'envol du regard d'Emma :

« Mais l’anxiété d’un état nouveau, ou peut-être l’irritation causée par la présence de cet homme, avait suffi à lui faire croire qu’elle possédait enfin cette passion merveilleuse qui jusqu’alors s’était tenue comme un grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques ; -  et elle ne pouvait s’imaginer à présent que ce calme où elle vivait fût le bonheur qu’elle avait rêvé. » (p. 73)

   « Mais elle, sa vie était froide comme un grenier dont la lucarne est au nord, et l’ennui, araignée silencieuse, filait sa toile dans l’ombre à tous les coins de son cœur. » (p. 78)

 « D’où venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanée des choses où elle s’appuyait ? … Mais, s’il y avait quelque part un être fort et beau, une nature valeureuse, pleine à la fois d’exaltation et de raffinements, un cœur de poète sous une forme d’ange, lyre aux cordes d’airain, sonnant vers le ciel des épitaphes élégiaques, pourquoi, par hasard, ne le trouverait-elle pas ? oh ! quelle impossibilité ! Rien, d’ailleurs, ne valait la peine d’une recherche ; tout mentait ! Chaque sourire cachait  un bâillement d’ennui, chaque joie une malédiction, tout plaisir son dégoût, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lèvre qu’une irréalisable envie d’une volupté plus haute. » (p. 319)

« Avant qu’elle se mariât, elle avait cru avoir de l’amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n’étant pas venu, il fallait qu’elle se fût trompée, songeait-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l’on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d’ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres. » (p. 68)

 Charles lui-même, son mari, est prisonnier d’une image, comme elle-même et comme les autres : Emma est emprisonnée dans toutes ces identités opaque : pour Léon, elle est une « dame », pour Rodolphe, une petite femme élégante de province proie facile pour ce séducteur patenté.  

 La multiplication des voix, des points de vue permet d'épouser l'intériorité de ces personnages et d'offrir une description pointue de cet univers provincial et de ce destin tragique.

 Madame Bovary est un magnifique portrait de femme, servi par un style irréprochable, un classique à relire encore et toujours...  

 

Premières phrases :

« Nous étions à l’Etude, quand le Proviseur entra, suivi d’une nouveau habillé en bourgeois et d’un garçon  de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Salammbô

 

Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio, 5.30 euros 

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L'homme de la montagne de Joyce MAYNARD

Publié le par Hélène

♥  ♥ ♥

Ete 1979. Rachel, 13 ans et Patty 11 ans sont livrées à elles-mêmes : après le divorce de leurs parents, leur père est parti et leur mère a sombré dans une dépression la déconnectant de la réalité. Rachel et Patty qui se qualifient de "bizarres et un peu foldingues" profitent de cette liberté forcée pour arpenter la montagne avoisinante. Elles se balancent à des lianes, dévalent la montagne en roulés-boulés, trainassent dans la cabine rouillée d'un camion avec un sac de crackers, écrivent des histoires qu'elles se lisent à haute voix, jouissant pleinement de cette belle complicité entre soeurs. Elles se créent un monde à elles, ensemble, unies.

Mais un évènement va sonner le glas de ces sorties insouciantes : une jeune fille est retrouvée morte, assassinée par celui que l'on surnommera par la suite après la découverte d'autres corps "L'étrangleur du crépuscule". Le père des filles, inspecteur, est en charge de cette enquête très médiatisée. Vouant un amour sans failles à ce père absent, Rachel et Patty sont persuadées qu'il attrapera rapidement le coupable.

Au travers du portrait touchant de Rachel et de ses rapport fusionnels avec sa soeur, se profile l'adolescence et ses choix : faut-il assumer le fait d'être "bizarre", à part, ou choisir d'être populaire en papotant et en se vernissant les ongles ? Faut-il entrer dans la norme et avoir un petit copain qui vous pétrit les seins en s'imaginant être sensuel ou préférer courir les montagnes en faisant rire sa soeur ?

"Les filles de treize ans sont grandes et petites, grosses et maigres. Ni l'un ni l'autre, ou les deux. Elles ont parfois la peau la plus douce, la plus parfaite, et parfois, en l'espace d'une nuit, leur visage devient une sorte de gâchis. Elles peuvent pleurer à la vue d'un oiseau mort et paraitre sans coeur à l'enterrement de leurs grands-parents. Elles sont tendres. Méchantes. Brillantes. Idiotes. Laides. Belles." p. 238

Treize ans est aussi l'âge où l'on découvre son corps et sa sexualité, l'âge où on admire encore ses parents en les prenant comme modèles, mais où l'on comprend aussi qu'ils sont faillibles. Joyce Maynard saisit avec talent cet âge intermédiaire entre l'enfance et l'adolescence, ce moment où tout bascule et plus rien n'est sûr. L'intrigue policière n'est au fond qu'un prétexte pour peindre de magnifiques portraits d'adolescentes.

Ce que j'ai moins aimé : La fin est décevante.

Bilan : Un roman très sensible et touchant sur l'adolescence.

 

Présentation de l'éditeur : Philippe Rey ; 10-18

D'autres avis : Télérama  ; Chez Florence

 

Du même auteur : Les filles de l'ouragan

Vous aimerez aussi : The girls de Emma Cline

 

Lu dans le cadre du Blogoclub organisé par Amandine et Florence Le livre d'après

 

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Gatsby le magnifique de Francis Scott FITZGERALD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"C'est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé."

Nick, le narrateur habite Long Island à New York. Il a pour voisin le mystérieux Gatsby qui offre des fêtes somptueuses à des invités qui semblent finalement très peu le connaitre. Dans ces années folles, la folie des grandeurs court parmi cette société pour qui l'argent coule à flots. Le narrateur apprend à connaitre Gatsby et découvre ses failles, centrées autour de la belle Daisy Buchanan  dont il est follement amoureux alors qu'elle est mariée à un héritier millionnaire, Tom. Gatsby cherche à remonter le cours du temps pour renouer avec celle qu'il a idéalisée.

Derrière le faste et les coupes de champagne se terre une profonde solitude en chacun des personnages, doublée d'une peur prégnante. Peur de vieillir sans rattraper le temps perdu, peur de revivre la guerre, peur de la pauvreté, peur de l'inanité de toutes choses, peur que le bonheur n'éclate comme une bulle de champagne...

Le style de Francis Scott Fitzgerald est époustouflant : quand il décrit un voilage qui s'envole dans le vent, c'est comme si il nous était possible de ressentir le souffle de vent sur notre propre peau :

"Nous avons traversé un hall imposant, avant de pénétrer dans un espace de lumière rose, délicatement suspendu au cœur de la maison entre deux portes-fenêtres qui se faisaient vis-à-vis. Elles étaient entrouvertes et se découpaient en blanc sur le gazon frais, qui semblait sur le point d'envahir la pièce. Le vent jouait d'un mur à l'autre, jouait avec les voilages, repoussait l'un vers l'extérieur, tirait l'autre vers l'intérieur, comme deux drapeaux aux couleurs passées, les envoyait vers le plafond, glacé de sucre blanc, comme un gâteau de mariage - puis il cajolait le tapis lie-de-vin, qui se couvrait d'une ombre de petites rides, comme la brise en fait courir sur la mer. Le seul objet parfaitement immobile était un immense canapé, sur lequel deux jeunes femmes avaient trouvé refuge, comme dans la nacelle d'un ballon captif. Vêtues de blanc, toutes les deux, et leurs robes flottaient et dansaient sur elles, comme si le vent venait de les leur rendre, après les avoir fait voler autour de la maison. Je n'osai pas bouger, assourdi par le claquement de fouet des voilages et le grincement d'un tableau sur le mur. Puis, je crois à une explosion. Tom Buchanan venait de refermer l'une des portes-fenêtres, et le vent tomba, pris au piège, et les voilages, le tapis et les deux femmes aéronautes, se posèrent lentement sur le sol. "

Un pur chef d’œuvre à lire et relire !

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Sur l'auteur : Derniers feux sur Sunset de Stewart O'NAN

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Singapour Millionnaire de Kevin KWAN

Publié le par Hélène

Au préalable il faut préciser que je ne lis que rarement de la chick-lit, mais cette fois-ci je souhaitais découvrir un roman se passant à Singapour, et comme Babelio, lors de mes recherches, m'a proposé celui ci, je me suis laissée tenter. Je n'ai donc pas de critères de comparaison.

L'intrigue est simple : Rachel et Nick file le parfait amour quand Nick propose à sa belle de passer les vacances en famille à Singapour pour assister au mariage de son meilleur ami. La jeune femme accepte sans se douter que la famille de Nick est l'une des plus riches du pays et que le mariage en question a tout d'un mariage princier attendu par toute la jet-set. Rachel se retrouve alors propulsée dans un univers de paillettes, avec jets privés, robes coutant des millions, voitures de sport, maison ressemblant à de véritables palais. Si elle peine à s'adapter à ce nouvel aspect de Nick, sa belle-mère et d'autres jeunes femmes jalouses risquent d'achever de la désarçonner !

La quatrième de couverture prévoyait "Un Orgueil et préjugés sauce satay", inutile de dire que nous sommes bien loin de la psychologie fine et de l'univers feutré et subtile de Jane Austen. Nous sommes plus du côté de Dynastie que de la grande Jane.

"Elle resta immobile dans le véhicule, toutes vitres fermées . L'air devenait de plus en plus étouffant. Elle sentit son cœur s'accélérer. Elle venait d'acheter une bague en diamant de trois cent cinquante mille dollars qu'elle n'aimait pas vraiment , un bracelet à vingt-huit mille dollars qui lui plaisait assez , et des boucles d'oreilles à sept cent quatre -vingt- quatre mille dollars qui lui donnait l'air de Pocahontas. Pour la première fois depuis plusieurs semaines, elle se sentit toute gaie. "

Alors oui l'ensemble est ironique et soit-disant caustique, l'intrigue prouvant que tous, pauvres ou riches, ont les mêmes problèmes de couple ou d'éducation, que dans tous les milieux se rencontrent des pestes et des personnes bienveillantes et que toute famille peut avoir ses cruautés, les familles ici ne jurant que par l'ascendance, mais tout cela ne semble que prétexte pour se délecter des listes interminables de marques de modes ou de lieux branchés à fréquenter.

A la fin, l'auteur a souhaité alourdir son propos de façon artificielle avec le secret révélé de Rachel, comme s'il s'était rendu compte du vide de son propos initial. Un échec !

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Paru initialement sous le titre Crazy Rich à Singapour ou encore Crazy Rich Asians

La suite (que je ne lirai pas, merci bien) se nomme China girl

Publié dans Littérature Asie

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