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Les Règles du jeu de Amor TOWLES

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

 « Efforce-toi de Conserver dans ta Poitrine cette petite Etincelle de feu céleste qu’on nomme Conscience. » (p. 504)

 

L’auteur :

AMOR TOWLES, diplômé d'une grande famille WASP du Mayflower, diplômé de Yale University, a fait une brillante carrière dans la finance. Son premier roman, « les Règles du jeu », publié chez Albin Michel, a connu un grand succès aux Etats-Unis. Il vient de recevoir à l'hôtel Belles Rives de Juan-les-Pins le prix Scott Fitzgerald.

 L’histoire :

 Véritable phénomène d'édition aux Etats-Unis, le premier roman d'Amor Towles est un vibrant hommage au New York flamboyant de la fin des années 30, où les hommes avaient la mélancolie des héros de Fitzgerald et les femmes l'esprit des héroïnes de George Cukor.

Dactylo dans un grand cabinet juridique de Wall Street, Katey Kontent dissimule soigneusement ses origines. Intelligence mordante, nerfs d'acier, ambition, cette fille d'immigrés russes de Brooklyn s'est fixé comme objectif de rejoindre un jour les cercles dorés de Manhattan. Et l'aristocratique et séduisant banquier Tinker Grey, rencontré un soir de réveillon, va indirectement lui en ouvrir les portes avant de disparaître. Plus tard, le hasard remettra Tinker sur le chemin d'une Katey qui n'ignore alors plus rien des impitoyables règles du jeu.

« Un premier roman époustouflant, une voix qui tient de Francis Scott Fitzgerald et de Truman Capote mais a su trouver son identité. » Publishers Weekly

 (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

Les règles du jeu nous plonge dans cette atmosphère insouciante des années 30 entre frivolité et vivacité, les jeunes gens courent les bars et les boites de jazz, à la recherche d’un avenir brillant et ludique. Katey et son amie Eve emplissent leur vie de tourbillons de musique, de danse, d’alcool, entre deux journées moins amusantes passées à taper des textes sur leur machine à écrire dans des cabinets d’avocat.

 Mais si Katey n’est que dactylo, persuadée d’être la victime de ses origines sociales, elle apprendra à évoluer vers des sphères plus enrichissantes, poussée indirectement par la belle et fascinante Anne.

« A mon époque, les opportunités qui se présentaient à une jeune femme étaient plutôt limitées, si bien que le mieux était de se choisir un époux convenable le plus tôt possible. Par contre, aujourd’hui… » (p. 171)

 Les différences de classe et d’origine ne sont qu’apparences qui méritent d’être bousculées. Tant que l’on connaît les règles du jeu, tout devient alors possible, l’univers s’ouvre à ceux qui souhaitent le conquérir. Certains, comme Tinker refuseront ces règles qui l’aliènent et d’autres se faufileront dans le moule prévu pour eux.

 Le récit débute au jour de l’an de l’année 1938 et il s’achèvera un an plus tard offrant un condensé de vie et apportant un effet réaliste. Il nous offre en prime de belles réflexions sur la perte des illusions ou sur l’amitié :

  « Parfois, on a vraiment l’impression que c’est ce à quoi la vie nous destine. Après tout, elle n’est au fond qu’une centrifugeuse qui, tous les trois ou quatre ans, tourne sur elle-même en projetant les corps les plus proches dans des directions opposées. Et quand elle cesse de tourner, elle nous ensevelit sous une montagne de préoccupations nouvelles en nous donnant à peine le temps de reprendre notre souffle. Quand bien même nous voudrions revenir sur nos pas et ranimer les vieilles amitiés, comment en trouverions-nous le temps ? » (p. 481)

 Les références littéraires sont nombreuses, à Walden notamment, mais aussi à Agatha Christie, à Dickens. L’écriture fluide est efficace et entraîne le lecteur dans un tourbillon de lecture agréable...

  

Ce que j’ai moins aimé :

Il s'agit plus d'un roman divertissant que marquant. Ce qui n'est déjà pas si mal...

 

Premières phrases :

 « Le soir du 4 octobre 1966, Val et moi, tous deux dans la cinquantaine, assistâmes au vernissage de l’exposition Many Are Called au Museum of Modern Art, où l’on présentait pour la première fois les portraits pris par Walker evans à la fin des années 30 dans le métro new-yorkais avec un appareil photo dissimulé. »

 

D’autres avis :

Presse : L’express ; Télérama ; Le figaro ; Bibliobs ; Elle

Blogs : Cryssilda 

 

Les règles du jeu, Amor Towles, traduit de l’américain par Nathalie Cunnington, mars 2012, 507 p., 22.9 euros

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En route pour le Goncourt de Jean-François KIERZKOWSKI et Mathieu EPHREM

Publié le par Hélène

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        ♥ ♥ ♥ ♥

« Gabriel Garcia Marquez raconte qu’il a trouvé l’inspiration pour « Cent ans de solitude » dans sa voiture sur la route des vacances. Le problème, c’est que j’ai pas de voiture… et si je pars en train, j’ai peur d’écrire un roman de gare. »

 

 Les auteurs :

Jean-François Kierzkowski écrit plutôt bien, pourtant aucun de ses romans publiés n'obtient le prix Goncourt. Avide de reconnaissance, l'auteur se rabat donc sur les mathématiques et tente de décrocher la médaille Fields. Après un travail acharné, il se retrouve à enseigner en collège. Déçu, il décide de revenir à l'écriture, puis il hésite, puis il réfléchit, puis il a faim alors il cuit des nouilles. Il les mange saupoudrées de parmesan. Une fois repu, il se dit bon d'accord, allez, c'est bon, ça va : je reviens à l'écriture.

Mathieu Ephrem aime dessiner les grands espaces, les scènes de batailles napoléoniennes, les foules bigarrées et, plus généralement, les hommes assis dans leur salon derrière un ordinateur. C'est donc tout naturellement qu'il s'enthousiasme pour ce projet. Tel un orfèvre, il compose ses cases une à une sans céder à la facilité du copié/collé et travaille au pinceau sur toiles de très grand format. Curieusement, Ephrem est pressenti cette année pour la médaille Fields. (Source : Editeur)

 

L’histoire :

Comment devient-on écrivain ? Le croirez-vous mais tout est là, à portée de main, devant vous, exposé dans les pages de ce livre à votre attention. Plongez dans le quotidien d'un créateur, véritable pétrisseur de matière littéraire, capable de donner vie à une oeuvre à la fois singulière et universelle. Dans un portrait sans fard ni concession, s'approchant au plus près des préoccupations du métier, Kierzkowski et Ephrem dévoilent ici pour la première fois dans toute sa complexité la réalité du travail d'auteur. Déjà unanimement considéré par la critique parisienne comme un ouvrage de référence, En route pour le Goncourt est au futur écrivain ce que fut autrefois le J'attends un enfant de Laurence Pernoud aux futurs parents ; le Guide du Routard de l'Ardèche aux vacanciers ayant réservé au camping de Vals-les-Bains la première quinzaine d'août ; ou encore Maman, j'arrive à dessiner avec les pieds et la bouche aux jeunes accidentés de la route.

 

Ce que j’ai aimé :

 Ce petit album est une petite perle croquant avec justesse et humour le monde des jeunes écrivains en herbe persuadés que leur vocation est toute tracée, descendue droit devant du ciel lui-même, alors que le ciel s'échine à ne leur apporter qu'une page blanche dénuée d'un quelconque talent... 

C'est tellement bien vu, drôle, original, désopilant, tendre et sombre à la fois. Une vraie merveille. 

    « J’ai lu que Paul Morand a dit : « Bien écrire, c’est le contraire d’écrire bien. » Ca ne m’avance pas beaucoup… Dans mon cas, il serait plus intéressant de savoir si moyennement écrire est le contraire d’écrire moyennement. »

  « Je ne suis pas le premier écrivain à avoir des soucis d’orthographe. On raconte que Hans Christian Andersen avait de sérieux problèmes en ce domaine. On a retrouvé plus de 2600 fautes dans son journal personnel écrit entre 1825 et 1839. Oui mais bon, c’était un Danois. Si ça se trouve, il avait seulement oublié de barrer tous ses O. »

  « Allô Mathieu ! Je t’appelle car aujourd’hui est un grand jour : je sors poster mon texte aux éditions Gallimard. Non… Bien sûr ! Je ne mise pas uniquement sur cette maison. Je ne suis pas fou… J’ai un minimum de lucidité. Comme je veux être publié, j’ai prévu une solution de secours. J’ai prévu une autre enveloppe pour les Editions de Minuit. »

  « Je m’emmêle un peu dans ces histoires de compte d’auteur et d’éditeur… Récapitulons. Je paye pour que mon roman soit publié. Ça, c’est sûr. Par contre, je ne sais plus si c’est à moi de payer les lecteurs pour qu’ils lisent mon livre… »

 en route pour le goncourt 2 Un pur régal...

 Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien.

 D’autres avis :

 Lire  

 

En route pour le Goncourt, Jean-François Kierzkowski et Mathieu Ephrem, Editions Cornélius, 2011, 80 p. en noir et blanc, 11 euros

BD Mango bleu

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Peste et choléra de Patrick DEVILLE

Publié le par Hélène

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Prix fémina 2012 

 

L’auteur :

Grand voyageur, esprit cosmopolite, Patrick Deville, né en 1957, dirige la Maison des Écrivains Étrangers et Traducteurs (MEET) de Saint-Nazaire. Son œuvre a été traduite en dix langues. Rappelons ses derniers livres publiés au Seuil: sa trilogie Pura Vida (2004), Equatoria (2006), Kampuchéa (2011)

 

 L’histoire :

 Parmi les jeunes chercheurs qui ont constitué la première équipe de l’Institut Pasteur créé en 1887, Alexandre Yersin aura mené la vie la plus mouvementée. Très vite il part en Asie, se fait marin, puis explorateur. Découvreur à Hong Kong, en 1894, du bacille de la peste, il s’installe en Indochine, à Nha Trang, loin du brouhaha des guerres, et multiplie les observations scientifiques, développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina. Il meurt en 1943 pendant l’occupation japonaise. Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, Patrick Deville a suivi les traces de Yersin autour du monde, et s’est nourri des correspondances et documents déposés aux archives des Instituts Pasteur. (Présentation de l’éditeur)

 

 Mon avis  :

 Alexandre Yersin est un personnage en perpétuel mouvement, toujours prêt à tenter de nouvelles aventures. S’il est un scientifique, il a au fond de lui une âme d’aventurier, il rêve de découvrir des territoires, des peuples, tel Livingstone, et c’est un peu par hasard qu’il découvre le bacille de la peste. Homme curieux, éveillé, il parcourt le monde en découvrant avec des frissons son foisonnement infini.

 « Ne pas avoir découvert le bacille de la peste le condamnerait à mourir explorateur inconnu parmi les milliers d’explorateurs inconnus. Il suffit d’une piqûre au bout du doigt comme dans les contes de fées. Mais c’est toujours ainsi la vie romanesque et ridicule des hommes. Qu’on soigne la peste ou meure de la gangrène. » (p. 92)

 Je n’ai pas été sensible au style, ni réussi à m’attacher au destin de ce personnage. Peste et choléra est à mi-chemin entre le roman et la biographie et ravira sans doute davantage les amateurs de biographie.

 

Premières phrases :

 « La vieille main tavelée au pouce fendu écarte un voilage de pongé. Après la nuit d’insomnie, le vermeil de l’aube, la glorieuse cymbale. La chambre d’hôtel blanc neige et or pâle. Au loin la lumière à croisillons de la grande tour en fer derrière un peu de brume. En bas les arbres très verts du square Boucicaut. La ville est calme dans le printemps guerrier. Envahie par les réfugiés. Tous ceux-là qui pensaient que leur vie était de ne pas bouger. La vieille main lâche la crémone et saisit la poignée de la valise. Six étages plus bas, Yersin franchit le tambour de bois verni et de cuivre jaune. Un voiturier en habit referme sur lui la portière du taxi. Yersin ne fuit pas. Il n’a jamais fui. Ce vol, il l’a réservé des mois plus tôt dans une agence de Saigon. »

 

D’autres avis :

Presse : Télérama Le Figaro Le point

Blogs : Mimi Chroniques de la rentrée littéraire  Val 

 

Peste et choléra, Patrick Deville, Seuil, août 2012, 228 p., 18 euros

challenge rentrée littéraire 2012 

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Cousu main de Carl HIAASEN

Publié le par Hélène

cousu main

♥ ♥ ♥ ♥ 

 "Ma vie peut se résumer comme ça : j'ai tué cinq hommes et j'ai épousé cinq femmes." (p. 254)

  

L’auteur :

 Carl Hiaasen est né en Floride, où il vit toujours avec sa famille. Depuis 1985, il tient une rubrique dans le Miami Herald, et a également écrit pour les magazines Time, Life et Esquire.

 

L’histoire :

 Ex-flic retiré dans sa case sur pilotis au large de Miami, Mick Stranahan a connu une existence mouvementée, quoique fort simple à résumer : cinq cadavres à son actif, cinq divorces à son passif. Aujourd’hui, il n’aspire plus qu’à couler des jours paisibles en compagnie de son barracuda. Quelqu’un, en revanche, semble avoir d’autres plans pour lui, si l’on en croit l’intrusion d’un homme armé dans sa cahute. Sans compter la fâcheuse tendance qu’a Chimio, ce colosse au visage grêlé, à vouloir contrarier sa sérénité. Reste à savoir quel cerveau commandite ces incessantes attaques manquées. La liste des ennemis de Stranahan est longue, à commencer par un certain chirurgien plastique dont les œuvres ne semblent pas franchement cousues main…

 

Ce que j’ai aimé :

 Les romans de Carl Hiaasen sont dotés d’un humour délirant, complétement décalé, de ces romans qui redonnent instantanément le moral et le goût de lire.

 Les personnages croisés sont tous aussi improbables les uns que les autres : Stranahan, enquêteur de choc, grand romantique qui tombe amoureux en une nuit et demande en mariage dès le premier matin, de préférence les barmaids, ce qui lui a déjà valu 5 mariages ;  Chimio, monstre de foire pourvu d’une taille-herbe très pratique et ergonomique au bout du bras ;  un chirurgien plus proche du boucher que de l’as du bistouri ; des mannequins doutant de la symétrie de leurs seins ;  un journaliste masochiste prêt à tout pour faire de l’audience ; Liza, barracuda féminine attirée par tout ce qui brille…

 L’enquête nous plonge en pleine opération de chirurgie esthétique, opération de précision sur laquelle le docteur Graveline va se casser le nez... Les répercussions seront fracassantes pour tous les protagonistes...

 Après cette lecture, vous ne regarderez plus vos petits défauts physiques du même œil…

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Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien.

 

Premières phrases :

 « Le 3 janvier, sous un ciel plombé et par grand vent, deux touristes, originaires de Covington, Tennessee, déambulaient sur la plage de Key Biscayne, ayant ôté leurs chaussures de marche. À hauteur de l’ancien phare du cap Floride, le jeune homme et sa fiancée s’installèrent sur le sable mouillé pour regarder l’océan se fracasser avec violence parmi les énormes rochers noirs de la pointe de l’île. L’air salé, chargé d’embruns, picotait les yeux du garçon. Après avoir repéré l’objet flottant, il mit un bon moment à distinguer ce dont il s’agissait.

– On dirait un gros poisson crevé, dit sa fiancée. Un marsouin peut-être.

– Ça m’étonnerait, répondit-il. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Queue de poisson

Autre : Fantasia chez les ploucs de Charles WILLIAMS

 

  Cousu main, Carl Hiaasen, traduit de l’anglais (EU) par Yves Sarda, Editions des deux Terres, mai 2012, 528 p., semi poche 12.50 euros

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Rêveurs de Alain BLOTTIERE

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

 

 L’auteur :

Romancier, essayiste et auteur de récits de voyage, Alain Blottière partage sa vie entre la France et l'Égypte depuis 1985. Il a notamment publié aux Éditions Gallimard, Saad (Le Chemin, 1980), Le Point d'eau (Blanche, 1985), Le Tombeau de Tommy (Blanche 2009 et Folio 5203). (Présentation de l’éditeur)

 L’histoire :

Nathan est un lycéen français vivant dans une banlieue confortable, choyé par son père, aimé par une jolie Manon. Mais pris au piège entre l'ennui du quotidien et la peur de l'inconnu. Il se réfugie dans le monde virtuel de ses jeux vidéo et celui, plus dangereux, du jeu du foulard, du « rêve indien » : pour retrouver les visions qu'il aime, il s'étrangle, il se pend.

Goma est un enfant des rues du Caire. Il a grandi dans un quartier misérable et surpeuplé en compagnie d'autres gamins affamés, manquant de tout, brutalisés par la police. Pour survivre, il est ramasseur de cartons ou pousseur de balançoire. Il n'a qu'un rêve : partir. La chute de Moubarak, les manifestations de la place Tahrir, auxquelles il participe, lui donnent un temps l'espoir d'une vie meilleure.

Nathan et Goma ne se connaissent pas, vivent à trois mille kilomètres l'un de l'autre. Pourtant, avant même de se rencontrer, ils sont inséparables. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

Nathan et Goma évoluent dans deux mondes très différents : Nathan vit en France au sein d’une famille aimante, il a une petite amie, des amis, seule lui manque sa mère, décédée dans un accident de voiture quand il était enfant. Goma vit en Egypte, rejeté par sa mère il est contraint de vivre dans la rue en ramassant des cartons, et il assiste plein d’espoir aux prémices de la révolution égyptienne lancé contre Moubarak. Et pourtant ces deux  êtres ont de nombreuses similitudes : tous deux flirtent avec la mort, Nathan pour échapper à un quotidien vide et retrouver la douceur de sa mère disparue, Goma parce qu’il est né dans ce pays en révolution.

Nathan cherche à s’échapper dans le virtuel par l’intermédiaire de ses jeux vidéo, ou du jeu du foulard pour connaître une intensité des sensations absentes de sa  vie quotidienne. Il s'échappe dans les rêves provoqués par la suffocation.

Goma participe à la révolution égyptienne plein d’espoir et regarde impuissant ses amis des rues mourir sous l’assaut des chars, sous les coups, la torture, tout en rêvant à un ailleurs idyllique moins violent, pour lui, la France.  Et même si la chute de Moubarak n’est que l’occasion pour les « hommes noirs » (l’armée)  de prendre le pouvoir, Goma n’oublie pas de croire à un monde meilleur.

L’écriture maîtrisée, ni trop pathétique, ni trop insensible, de Alain Blottière est un vrai plaisir. Il utilise un procédé original qui relie les deux êtres que tout sépare jusque dans la phrase :

« Goma, malgré les protestations de Ragab, a tenu à s’asseoir quelques minutes sur un apis, adossé à un pilier, pour savourer la paix après avoir fermé les yeux

            dans l’église et alors Nathan a vu l’image du cadavre fondre, perdre peu à peu ses contours et ses couleurs puis se diluer dans l’oubli des rêves. » (p. 23)

Ce destin croisé de deux adolescents est criant de vérité et d’intensité.

 

Ce que j’ai moins aimé :

   - Assez noir malgré tout.

 

Premières phrases :

« Un éclair et dans cette violente lumière de foudre une pluie de pétales rouges embaumés tombant sur le cadavre nu de son père, qu’il découvrait avec une extravagante jubilation, une bouffée de bonheur pur qui emplissait les poumons et se régénérait, l’éclair durant, au fur et à mesure qu’apparaissaient  des mouvements réflexes du mort encore chaud sous les roses, battements de paupières, tressaillements d’un auriculaire, sourire, enfin, s’éternisant au point qu’il comprenait que son père lui jouait un de ces tours idiots dont il avait le secret et qui, invariablement, même cette fois où il décevait en ressuscitant, déclenchaient un fou rire. »

 

Vous aimerez aussi :

Alaa EL ASWANY L’immeuble Yacoubian

 

Rêveurs, Alain Blottière, Gallimard, septembre 2012, 176 p., 15.90 euros

  challenge rentrée littéraire 2012

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Le goût du chlore de Bastien VIVES

Publié le par Hélène

gout du chlore

Pour les amoureux de natation...

  

L’auteur :

 Fraîchement diplômé de l’école des Gobelins, Bastien Vivès, 23 ans, débute son parcours professionnel, notamment en mettant sur pied, avec quelques camarades de sa génération, un atelier de bandes dessinées en plein Paris. On le connaît aussi sur le web sous le nom de Bastien Chanmax.

"Polina" a été lauréat du Prix des Libraires BD 2011 ,et du Grand prix de la critique BD 2012. (Source : Babélio)

L’histoire :

"- Tu t'es déjà posé cette question, pour quelles choses tu es prête à mourir ou celles que tu ne lâcheras jamais ?
-...
- Dis moi.
- je réfléchis. "
Le Goût du Chlore c'est un peu acre. Ça débouche le nez et irrite les bronches. Ça laisse comme un arrière-goût au fond de la gorge quand on a trop bu la tasse. C'est la rencontre entre un jeune homme et une jeune fille. Lui, sur les conseils de son kiné, s'entraîne au dos crawlé pour soigner sa scoliose. Elle, ancienne championne de natation, lui apprend à mieux nager. Ce sont des jeux d'enfants qui deviennent grands.
Finalement, malgré les progrès accomplis, elle attendra qu'il soit sous l'eau pour lui avouer. Avouer quoi ? Il n'a pas compris. Elle reviendra pour lui dire de vive voix. Mais garde à lui de ne pas se noyer ! Loin des clichés de sorties de lycée aux petit durs dragueurs et aux filles émerveillées, dans le Goût du Chlore, c'est lui qui n'ose pas et c'est elle qui d'une manière ou d'une autre va l'aider à sortir de l'eau, à trouver le tempo de sa propre respiration. (Présentation de l’éditeur)

 

 Mon avis :

Il nage, il nage, elle nage, ils nagent tous les deux, il nage seul…

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Et ?

 Et c’est tout.

 Ils nagent.

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  Alors oui quelquefois, ils se parlent -de natation-, ils s’attendent, ils se guettent, ils se quittent, ils coulent...

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  Comme je n'ai pas une âme amphibie, mon intérêt s'est noyé rapidement... Et encore, je ne vous parle pas de la fin qui part en queue de poisson…

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Polina de Bastien VIVES

 

D’autres avis :

 Mango ; Mo ; Kathel ; Canel 

 

Le goût du chlore, Bastien VIVES, casterman, mai 2008, 144 p., 16 euros

BD Mango bleu 

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Le palais de verre de Simon MAWER

Publié le par Hélène

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 L’auteur :

 Né en 1948, Simon Mawer, diplômé en zoologie de l’université d’Oxford, enseigne la biologie. Il est l’auteur de huit romans, dont Le Nain de Mendel (Calmann-Lévy, 1998) et L’Évangile selon Judas (Flammarion, 2002).

 

 L’histoire :

Une inoubliable fresque conjugale à travers six décennies d'histoire européenne. Finaliste du Booker Prize, élu meilleur livre de l'année par The Observer et The Financial Times : un chef-d'oeuvre.

Tchécoslovaquie, fin des années 1920. Liesel tombe amoureuse de Viktor Landauer, héritier d'une riche famille juive. Les deux jeunes gens, qui fréquentent la haute société des années folles, rêvent d'une maison moderne. C'est à Venise qu'ils vont rencontrer l'homme capable de mener à bien ce projet, Rainer von Abt, un architecte adepte de Loos, de Mondrian, du Corbusier. Celui-ci va imaginer pour eux un palais de verre, une oeuvre d'art entièrement conçue autour des transparences et de la lumière. Plus qu'une maison, c'est un véritable acte de foi dans le siècle nouveau où, les jeunes mariés n'en doutent pas, l'art, la science, la démocratie sauront venir à bout des ténèbres. Mais les espoirs du jeune couple, comme ceux de toute une société, ne vont pas tarder àêtre mis à mal par les aléas de la vie conjugale et de l'histoire, l'occupation nazie puis soviétique de l'Europe centrale venant bouleverser la donne.

À travers les aventures d'un couple, de leur famille et de leur maison, Simon Mawer brosse un tableau fascinant de six décennies de l'histoire européenne. Mêlant l'intime et l'histoire avec une maestria incomparable, il nous offre un grand roman d'amour et une réflexion inédite sur le sort des individus pris dans la tourmente des temps.

 

Mon avis :

 Très bizarrement, même si je suis allée jusqu’au bout de cette lecture, je n’ai rien ressenti, rien appris, je n’ai pas vibré, pas pleuré, pas ri… Encéphalogramme plus plat que nature !

 Est-ce dû au fait que les personnages eux-mêmes ne semblent pas vibrer suffisamment, quand ils disent « je t’aime » les mots restent vides, sans résonnance, comme s’ils se répercutaient en vain contre les parois de verre de cette maison placée au centre du roman.

Alors que la maison est censée « contaminer les êtres humains qui se tiennent à l'intérieur pour les rendre aussi transparents que le verre lui-même. » (p. 179), c’est comme si, à l’inverse, elle opacifiait leur intériorité rendue incompréhensible au lecteur.

 Les évènements se succèdent : années heureuses dans la maison de verre, puis l’arrivée de la guerre oblige les habitants de la maison à émigrer, deuxième destin de la maison transformée en laboratoire aux visées aryennes, nouvelle émigration de la famille aux Etats-Unis… Tous file, tout coule et rien ne se fige dans mon esprit, comme si tout était vu de loin, sans passion, un comble pour un roman qui mentionne autant de passions amoureuses…

 Une déception pour un roman censé plaire au plus grand nombre ! (dixit mon libraire)

  

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 Palais de verre de Madrid 

 Premières phrases :

"Oh ! Oui, nous y sommes.

Elle en était sûre, même après toutes ces années. Quelque chose dans la déclivité de la route, la trajectoire prise par la voiture qui s'était engagée dans un virage en pente, une impression de forme et de mouvement, qui, bien qu 'endormie depuis trente ans, était encore gravéedans sa mémoire, et venait d'être ranimée par la conjonction subtile du déplacement et de l'inclinaison." 

 

D’autres avis :

 Télérama ; Keisha  

 

Le palais de verre, Simon MAWER, traduit de l’anglais par Céline Leroy, Cherche Midi éditeur, mai 2012, 22 euros

 

      Merci à Solène pour avoir répondu à ma curiosité...

Publié dans Littérature Europe

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Cher Gabriel de Halfdan W. FREIHOW

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

 

L’auteur :

 Halfdan W. Freihow est norvégien. Il est né en 1959 à Mexico et a partagé ses années de jeunesse entre la Norvège, l’Espagne et la Belgique. Il a d’abord travaillé comme reporter, traducteur et critique littéraire avant de co-fonder la maison d’édition norvégienne Font Forlag. De l’exploration de sa vie intime et familiale est né son premier récit, Cher Gabriel, nominé pour le prestigieux prix Brage (2004).

 

L’histoire :

« Est-ce que tu apprendras un jour à jouer avec les mots, Gabriel ? Le paysage plaisante sans cesse avec nous. Les nuages sont des visages ou des animaux effrayants, mais ils n’arrêtent pas pour autant d’être des nuages ? Ça ne fait rien si de temps en temps tu as envie de boire un cheval ou un pantalon d’eau — le verre ne reste pas moins un verre. »

Cher Gabriel est une lettre intime et émouvante d’un père à son fils. Gabriel est autiste. Il vit avec sa famille dans une maison située sur la côte norvégienne, en pleine nature sauvage et balayée par les vents. H. W. Freihow met en lumière une relation complexe, un amour inconditionnel. Tel un château de sable qui tantôt prend des allures de palais étincelant, tantôt se laisse engloutir à la première houle, et qui sans cesse demande à être reconstruit. (Quatrième de couverture)

 

 

Ce que j’ai aimé :

L'auteur nous offre un témoignage émouvant qui ne cache rien et qui montre les différents stades par lesquels peuvent passer des parents aux prises avec un enfant autiste : la volonté de se battre,  d’aimer leur enfant, de l’aider de le préserver du monde tout en le rendant autonome, mais aussi la souffrance, les difficultés du couple face à tant d'instabilité... En décrivant son quotidien autour de scènes clés, il nous apporte un regard neuf et franc sur cette maladie mal connue et nous permet de mieux appréhender le monde des enfants autistes au fonctionnement si particulier et à l'univers si fragile.

 "Paralysé par cet immense besoin de sécurité, le besoin de savoir que tout se tient, que chaque chose a sa place dans la chaîne ininterrompue des causes et des effets, que tout est comme d'habitude, il te faut un pont, une main pour te guider hors du labyrinthe." (p. 12)

 L'ensemble est porté par un style poétique et doux qui évite le pathos pour effleurer avec tendresse son sujet et tenter de comprendre le mode de pensée d'un enfant autiste. Au-delà de la maladie seule de l'autisme, l'auteur nous ouvre plus largement vers un apprentissage de l’altérité.

 

   Ce que j’ai moins aimé :

 La description de l'univers de cet enfant et de ce qu"il doit affronter est comme édulcorée, peut-être parce qu'il est ultra protégé par ses parents. Il me semble que tout enfant différent doit aussi affronter des difficultés autrement supérieures à celles décrites ici. Le témoignage de cet homme est tendre, mais il reste un peu trop linéaire à mon goût.

 

 Premières phrases :

 « Sur le faîte du hangar à bateaux, une mouette médite.

Son plumage gris et blanc se détache sur la mousse vert-de-gris ponctuée de taches de vieillesse marron. Ca fait bien cinquante ans que cette touffe de mousse s’agrippe là, à l’abri du vent du nord, juste pour donner couleur et texture au toit de fibrociment. C’est beau, et quelque part dans l’univers, cela doit avoir un sens. »

 

 Vous aimerez aussi :

Où on va papa de Jean-Louis FOURNIER

 

 D’autres avis :

 Théoma ; Nadael  Clara 

 

Dagbladet « Ce livre compte parmi les plus beaux livres jamais écrits en norvégien. »

 

Le Monde « Chronique d'un père, Cher Gabriel est aussi celle de la naissance d'un écrivain. Ni un roman, ni un essai, certes. Mais un très beau texte, assurément. »

 

Paris Match « Un récit bouleversant. […] La quête de ce père touche au cœur dans cet ouvrage qui ne fait étalage de rien, mais raconte, entre souvenirs et avenir, ce que Gabriel connaît de la vie, c'est-à-dire ni le calcul ni la stratégie. […] Gabriel n'est pas seulement ce jumeau du paysage, il est une voix, une musique, une langue. »

Site Actualitte « Voici une lecture à partager de toute urgence, presque vitale même tant elle tend vers la voie de la sagesse, l’acceptation de l’autre (et de soi, finalement) dans sa différence la plus complexe, malgré toutes les difficultés quotidiennes, la douleur immense, souvent présente, les doutes permanents et le chagrin, parfois même le désespoir. […] C’est le cheminement d’un être tout entier, livré ici, par ces mots, qui se fortifie à mesure que son fils grandit. Une remise en question perpétuelle, admirable, qui donne du sens à l’existence. Un livre d’amour intense où l’émotion et la réflexion philosophique s’assistent et s’enrichissent réciproquement. »

Paperblog « Un acte d'amour sans miel et sans sucre, de foi en la vie mais aussi une ode à la vibration du paysage norvégien, à cette nature, pourtant impitoyable, qui le porte, le soutient, l'élève. […] Un sublime témoignage de père, d'homme. »

Var matin « Dans cette lettre, il y a de l'amour à toutes les pages. »

L'est-éclair « Un récit poétique au ton juste et sincère, qui met délicatement en lumière les problèmes de l'autisme et ses conséquences dans la vie quotidienne. »

La Libre Belgique « Halfdan W. Freihow déploie toute sa sagesse pour poser d’universelles questions. […] À ce fils pour qui les mots ont un sens unique s’enracinant hors de tout contexte, il offre un texte pétri de grâce et de poésie, de générosité et d’émotion, de vérité et d’absolu, de fragilité et de victoires, d’humilité et d’amour. »

Écho magazine « Cette belle lettre se lit comme un passionnant dialogue entre deux êtres qui s’efforcent, entre patience et colère, rire et désespoir, de se comprendre. »

 

Cher Gabriel, Halfdan W. Freihow, traduit du norvégien par Ellen Huse Foucher, Gaïa, mars 2012, 16 euros

 grand prix lectrices de elle 

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L’arrière-saison de Philippe BESSON

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

« L’important, c’est l’instant, sa fragilité et son intensité. (p. 185)

 

L’auteur :

 http://www.philippebesson.com

 

L’histoire :

« Au commencement, il y a cette peinture d'Edward Hopper qu'on peut voir à Chicago. J'ai dû l'apercevoir à plusieurs reprises avant de m'en procurer une reproduction, un dimanche d'ennui. Un soir, sans intention particulière, j'ai observé la femme en robe rouge de la peinture, assise au comptoir d'un café nommé Phillies, entourée de trois hommes. Alors, ça s'est imposé à moi, sans que j'aie rien cherché. J'ai eu l'envie impérieuse de raconter l'histoire de cette femme et des trois hommes autour d'elle, et d'un café de Cape Cod. »

Philippe Besson (Quatrième de couverture)

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Ce que j’ai aimé :

 Le temps est comme figé autour de ce bar, de ces trois personnages. Philippe Besson ébauche une histoire en filigrane : la femme en rouge attend un homme, retenu auprès d'une autre femme et elle espère être à l'orée d'une nouvelle vie, plus lumineuse, plus franche. Puis l'homme au chapeau pénètre dans le bar et réinvestit la vie de cette belle femme. Ce n'est pas lui qu'elle attendait, mais il va pourtant trouver sa place dans le tableau.  Le serveur est le complice muet de leurs retrouvailles, le troisième homme un client de passage.

Les descriptions parlent directement aux sens : le lecteur est comme transporté dans cette scène, le style pictural de l'auteur fait mouche :

  « Le crépuscule de Cape Cod tombe sur les vérandas des villas avoisinantes, où de jeunes femmes aux épaules découvertes ont profité jusqu’au dernier moment des rayons du soleil. Des chaises à bascule grincent avec le vent léger qui se lève, qui arrive maintenant de l’océan. Une balançoire bouge sans que nul ne l’actionne. Un frisson parcourt les dunes et agite les fils électriques pendus aux poteaux qui longent la route de la côte. Un drapeau américain claque dans l’indifférence. Ici, on ferme une fenêtre ; là, on allume une lumière. Un peu plus loin, sous un ciel orangé, les barques tanguent comme des ombres et des mâts font entendre leurs grelots. C’est un instant de Chatham, Massachusetts. » (p. 153)

 La scène est comme un cocon dans lequel les personnages évoluent, éprouvent des sentiments, pour s’évanouir ensuite aux portes du tableau et des pages. Le grand talent de l’auteur est d’avoir réussi à donner vie à ces marionnettes inanimées.

« En fin de compte, les souffrances font partie de l’existence, elles valent cent fois mieux que des moments insipides, elles sont le prix à payer pour affirmer ce qu’on est et accomplir ce qu’on a décidé. C’est son rêve américain à elle. L’or qu’elle cherche à conquérir, à la manière des pionniers, les ambitions qu’elle nourrit ou les chimères après lesquelles elle court, elle les traque en elle-même. » (p. 182)

 Un très beau texte simple et lumineux…

 

 Ce que j’ai moins aimé :

-Rien.

 Premières phrases :

 « Donc, au début, elle sourit.

C’est un sourire discret, presque imperceptible, de ceux qui se forment sur le visage parfois, sans qu’on le décide, qui surgissent sans qu’on les commande, qui ne semblent reliés à rien en particulier, qu’on en saurait pas forcément expliquer.

Voilà : c’est un sourire de presque rien, qui pourrait être le signal du bonheur. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La trahison de Thomas Spencer

Autre : Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE 

 

D’autres avis :

L’Express 

   

POCHE : L’arrière-saison, Philippe Besson, 10-18, janvier 2009, 6.60 euros

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L’interprétation des peurs de Wulf DORN

Publié le par Hélène

                                         

  

 

L’auteur :

 

Né en 1969, Wulf Dorn écrit depuis l'âge de 12 ans. Plusieurs de ses nouvelles ont été publiées et récompensées par des prix littéraires. L'Interprétation des peurs est son premier roman. Il vit à Ulm, en Allemagne. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 

Psychiatre de talent, Ellen Roth reçoit en consultation dans la clinique où elle travaille une femme en état de choc, qui lui confie être harcelée par un homme, sur lequel elle refuse de donner le moindre détail. Serait-elle en proie à un délire de persécution ? Ellen n'a pas le temps d'en apprendre plus : à peine internée, l'inconnue disparaît. 

Quelques jours plus tard, un mystérieux individu agresse Ellen et lui lance un macabre défi : elle a quarante-huit heures pour découvrir qui il est et les raisons qui le poussent à s'en prendre à elle, sans quoi la patiente disparue mourra. 

C'est le début d'une course contre la montre pour Ellen, confrontée à la paranoïa, la peur et la violence. Bien vite, elle se retrouve isolée de tous, ne pouvant compter sur personne. Et avec très peu de temps pour découvrir ce qui, dans sa vie et celle de ses proches, peut motiver cet inconnu qui semble en savoir très long sur elle. (Quatrième de couverture)

 

Mon avis :

 

Première impression : mais qu’est ce que c’est que ces personnages sans aucune psychologie ? Des aliens ? Je n’ai jamais connu un tel désert psychologique… Et pourtant la quatrième de couverture nous dit que l’auteur a passé du temps dans des services psychatriques en tant qu’assistant social. Alors ? Je pense qu’il aurait mieux fait d’arpenter les ateliers d’écriture …

 Vous me direz « oui mais la résolution de l’énigme explique le pourquoi du comment. » Oui, admettons.  Enfin pour Ellen, mais les autres pourquoi sont-ils privés de psychologie, de passé, de présent, d’avenir, de sentiments, de réflexions, de palpitations, bref d’épaisseur ? Un mystère !

 En ce qui concerne la construction, le  retournement de situation est trop soudain : ceux que l’on suspectait deviennent tout à coup des enfants de chœur – hackers de grant talent et prêts à tout pour défendre Ellen, qui elle aussi s’enfonce brusquement dans la mièvrerie :

 

« Mark courut dans a chambre et revint avec des serviettes propres. Ellen trouva sa sollicitude touchante. Une vraie mère poule, songea-t-elle sans pouvoir s’empêcher de sourire. » (p. 284)

« Mark la regarda avec amusement avaler en un temps record sa pizza et lui offrit un morceau de la sienne. Même si elle n’aimait pas particulièrement le salami, elle accepta volontiers. » (p. 291)

Ca c’est de la psychologie ! Et encore, je ne vous parle pas du collègue amoureux en secret de la belle, ou des lieux soit disant maléfiques -brrr je tremble... - ou encore des  infirmières aguicheuses qui lancent des regards de biche au premier beau gosse venu … 

Alors oui, la résolution de l’énigme est bluffante, je l’avoue, mais cela n’est malheureusement pas  suffisant  à mes yeux pour en faire un bon polar.

Conclusion : lisez Dennis Lehane et là vous vous inclinerez devant le maître et vous comprendrez ce qu’on entend par psychologie des personnages.

 

Premières phrases :

« Il est des lieux maléfiques, nimbés de légendes. De tels lieux sont régulièrement le théâtre d’évènements funestes, comme s’ils se nourrissent de drames.

Pour Hermann Talbach, la ferme en ruine du vieux Sallinger était de ces endroits maudits. Tout le monde dans le village en était convaincu. Certains allaient jusqu’à prétendre que quiconque osait s’en approcher sombrait dans la folie. Comme jadis Sallinger qui, un soir de mai, avait mis le feu aux bâtiments avant de périr dans les flammes avec sa femme et ses deux enfants. »

 

D’autres avis :

Clara ; Keisha ; Nadael ; Mimi ; Akialam   

 

  L’interprétation des peurs, Wulf DORN, traduit de l’allemand par Joël FALCOZ, Le cherche midi éditeur, mai 2012, 20 euros

  grand prix lectrices de elle

 

Publié dans Roman policier Europe

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