"C'est le mouvement des éléments à l'unisson qui fait tourner la Terre."
Ce que j'ai aimé :
Lou regarde pousser l'herbe et cherche d'où vient le vent. Il part alors en voyage pour poser la question aux éléments qu'il rencontre. Ses questionnements restent sans réponses, mais il comprend finalement au terme de son aventure que tout est relié, que tout se tient et prend source dans la terre.
Un album pour accompagner l'enfant dans ses questionnements et dans sa découverte du monde.
Ce que j'ai moins aimé :
S'ils sont colorés, les dessins sont un peu trop naïfs à mon goût.
Je n'ai rien de bien original dans cet album ... Mes enfants non plus n'ont guère été enthousiasmés...
Dortmunder sort de prison et est accueilli par son ami de toujours Kelp qui lui propose aussitôt un nouveau coup fumant : subtiliser une grosse émeraude valant un demi-million de dollars en plein coeur d'une exposition d'art à New-York, et ce pour le compte d'un petit état africain. Les bénéfices et le challenge poussent Dortmunder à accepter. Reste à savoir qui les accompagnera quand leurs acolytes sont tous pris : Whistler est en prison pour avoir libérer un lion, Lartz chauffeur de renom est à l'hôpital après avoir percuté un avion, Danforth est devenu prêtre. Ils choisiront finalement Chefwick passionné de trains "complètement marbré", Murch comme chauffeur, et Greemwood comme homme à tout faire. Servis par un plan concocté aux petits oignons par Dortmunder, l'équipe se lance alors à corps et coeur perdu dans cette quête de l'émeraude. Qui prendra un peu plus de temps que prévu... Mais ils iront au bout de leur mission car :
"- C'est une question de fierté, dit Murch. C'est comme de pas se laisser doubler à droite."
Un récit rythmé, loufoque, des dialogues qui font mouche, il n'en faut pas plus pour se laisser charmer par cette première aventure de Dortmunder, celèbre cambrioleur.
Ce que j'ai moins aimé :
-Rien
Premières phrases :
"Dortmunder se moucha.
"Monsieur le directeur, dit-il, vous ne pouvez pas savoir à quel point j'ai apprécié la sollicitude dont vous avez fait preuve à mon endroit."
Comme il ne savait pas quoi faire du Kleenex, il le garda roulé en boule dans son poing."
Le principe est la raison numéro 1 de s'intéresser à ce recueil : pour 1 livre acheté, 3 repas seront distribués par les Restos du coeur.
Je l'ai donc acheté les yeux fermés, sans m'intéresser aux auteurs ayant participé à ce projet. Et heureusement, car il faut bien l'avouer ces auteurs ne font pas partie de ceux que je préfère... La seule contrainte des participants était de créer un récit autour du thème du repas, et pour certains ce fut laborieux...
Ainsi je suis passée à côté de nombreux récits qui m'ont semblé plats, sans inventivité, sans style, parmi ceux-ci :
Olympe et Tatan de Françoise Bourdin : le récit d'un repas de famille si proche de la réalité qu'il en est banal
Nulle, nullissime en cuisine ! de Alexandra Lapierre : une jeune femme doit user de subterfuges pour ne pas montrer qu'elle est nulle en cuisine. Divertissant mais pas transcendant.
Un petit morceau de pain de Agnès Ledig : un petit garçon affamé en conflit avec une mère aux principes immuables.
Une initiative de Pierre Lemaître : un récit laborieux. L'histoire d'un vieux monsieur qui invite sa nièce à dîner et s'en mord les doigts.
Jules et Jim de Jean-Marc Périer : une suite un peu ratée de Jules et Jim, des retrouvailles autour d'un repas. Un peu facile.
A côté des récits ternes, nous retrouvons les marques de fabrique de ce qui fait le succés des grands auteurs populaires :
La part de Reine d'Eric-Emmanuel Schmitt : La relation privilégiée entre une enfant et un sans abri. Beaucoup de bons sentiments.
Dissemblance de Marc Lévy : la rencontre entre deux hommes affamés que tout oppose. Comme d'habitude chez Lévy trop bien pensant pour être honnête.
Maligne de Maxime Chattam : un psychiatre rencontre un patient affamé. original, mais assez gore à l'image de l'univers de cet auteur.
Fantôme de Guillaume Musso : la rencontre entre une jeune femme hospitalisée et un jeune médecin fringant. Avec des fantômes, marque de fabrique de Musso.
Un peu à part, le Mange le dessert d'abord de Gilles Legardinier : en effet avant d'aborder son récit, l'auteur se livre autour du thème et partage avec nous une habitude qu'il avait à une période de sa vie : plutôt que de dîner seul, il s'adressait à des personnes seules pour partager leur table.
"Vous vous asseyez face à quelq'un dont vous ne savez rien et qu'un hasard géographique a placé sur votre chemin. En commençant par évoquer la situation du moment et la façon dont elle est vécue, vous vous placez immédiatement sur un plan aussi personnel qu'universel. Ces tête-à-tête impromptus m'ont enseigné que la solitude n'est pas forcément une malédiction, parce qu'elle constitue le meilleur premier pas vers la découverte."
En fin de volume arrivent les nouvelles les plus réussies à mes yeux :
Le parfait de Tatiana de Rosnay : un repas de mariage avec une belle-mère un brin énervante. Une touche d'humour ravigorante.
Gabrielle de Franck Thilliez : un couple surnommé "Le couple grizzli" observe des grizzlis en pleine nature. Sauf que cette année là les saumons dont sont friands les grizzlis se font rares...
Langouste blues de Bernard Werber : Le récit épouse le point de vue d'une langouste. Brillant !
En résumé comme il y en a pour tous les goûts, n'hésitez plus à le déguster !
Tout commence avec une jeune femme bien décidée à assassiner son mari à l'aide de raviolis. Mais rapidement le récit rebondit sur un autre récit, qui lui-même est prétexte à une nouvelle histoire, qui lui-même... Vous l'aurez compris les récits s'enchaînent et ne se ressemblent pas, selon le principe énoncé dans le titre du recueil de la fractale (pause scientifique, la fractale est "une courbe ou surface de forme irrégulière ou morcelée qui se crée en suivant des règles déterministes ou stochastiques impliquant une homothétie interne." (Source wikipédia)) Vous n'avez rien compris ? "Stochastiques" et "homothétie" ne font pas partie de votre vocabulaire ? Comment ça ? Bon, retenez le principe des récits gigognes, ça passe pour cette fois...)
Dans ce roman gigogne nous croisons des vierges qui ne se laissent pas photographier, des rats-taupes récalcitrants, des menteurs impénitents, des stratèges militaires, et une foule d'autres personnages tout aussi originaux.
L'auteur prend plaisir à nous raconter ces vingt-quatre courtes histoires, et son plaisir est somme toute assez communicatif... Mais...
Ce que j'ai moins aimé :
Les histoires ne m'ont nullement marqué tout comme le style. Cette fractale est un recueil que je risque d'oublier bien vite...
« Je suis désolé, ma chérie, je l’ai sautée par inadvertance. »
Je comprends qu’un homme puisse sauter une femme par dépit, par vengeance, par pitié, par compassion, pas désœuvrement, par curiosité, par habitude, par excitation, par intérêt, par gourmandise, par nécessité, par charité, et même parfois par amour. Par inadvertance, ça non. Pourtant, ce substantif vint spontanément à l’esprit de Marc, lorsque je le pris sur le fait avec sa maîtresse. »
"La Terre appartient aussi à nos successeurs, ce que nous leur laisserons doit nous préoccuper, disait-il."
"L'avenir, si on le met au présent, s'appelle la préservation." (p. 27)
Ce que j'ai aimé :
Fasciné par la personnalité hors norme de Magnus Wallace, militant activiste qui lutte contre la pêche illégale en zone protégée, le narrateur, Gérald Asmussen, décide de s'embarquer comme cameraman à ses côtés. Sous l'égide de ce maître prêt à tout pour protéger le règne du vivant, il prend rapidement conscience des enjeux liés à la planète.
"La Terre appartient aussi à nos successeurs, ce que nous leur laisserons doit nous préoccuper, disait-il." "L'avenir, si on le met au présent, s'appelle la préservation." (p. 27)
Mille baleines sont massacrées chaque année dans le sanctuaire austral, et Magnus Wallace s'évertue à poursuivre ceux qui commettent ces crimes en haute mer, car les eaux internationales demeurent un espace hors la loi, qui ne sont pas dotées de suffisamment de surveillance, un espace gangrené par la corruption et le mensonge.
En rassemblant des hommes et des femmes animés de la même volonté de faire régner ordre et respect de la nature dans sa globalité, Magnus Wallace lutte avec ses moyens, pas toujours orthodoxes. "Je crois dans la force de quelques individus inspirés qui résistent au mouvement d'ensemble." (p.113)
Il est prêt à risquer sa vie pour ses idées, en pensant au monde qu'il souhaite laisser aux générations futures :
"Si nos enfants vivaient un jour dans un monde sans baleines, sans requins, cela voudrait dire que leurs pères les ont exterminés. Et cela voudrait dire que nous les avons laissés faire...Voulons-nous laisser enseigner le murtre par profit et le profit comme règle de survie ?" (p. 109)
"Nous vivions éloignés de cette nature, nous en oublions l'émotion, et c'était ainsi qu'elle pouvait être détruite sans que s'élevât notre protestation. Il fallait restaurer l'alliance et crier au scandale." ( p. 139)
Dans ce récit poignant, Alice Ferney s'inspire du capitaine Paul Watson, activiste de Greenpeace :
"En juin 1975, Paul est le second du Capitaine John Cormack à bord du Greenpeace IV et participe à la confrontation entre Greenpeace et la flotte baleinière soviétique. Durant cette campagne, Robert Hunter et Paul sont les toutes premières personnes à mettre leur vie en danger pour sauver des baleines en plaçant leur semi-rigide entre un groupe de cachalots sans défense et un navire-harpon soviétique. Un cachalot blessé surgit alors dangereusement au-dessus de l'embarcation de Paul et ce dernier échange un regard avec l'animal mourrant. Ce qu'il voit dans cet œil va changer sa vie à tout jamais: le cachalot comprend ce que ces deux hommes essaient de faire. L'animal évite alors le petit bateau et meurt quelques secondes plus tard, une nouvelle fois harponné. Paul fait alors le vœu de défendre les créatures marines pendant le reste de sa vie." http://www.seashepherd.fr/who-we-are/captain-watsons-biography.html
Ce que j'ai moins aimé :
Il manque un souffle romanesque, une psychologie prononcée des personnages qui permettrait d'autant pus de s'intéresser à leur cause. Ces derniers ont l'air de portaits glacés d'activistes engagés.
Le ton dogmatique, les discours trop appuyés déservent le propos, certes convaincant, mais pas assez touchant pour remuer réellement les foules. C'est dommage car les romans sur l'écologie ne se bousculent pas en France.
Premières phrases :
"Avant de m'asseoir pour consigner cette histoire, je l'ai vécue. J'ai vu se lever l'activiste et croître sa détermination. Que pourrais-je faire ? se demande un homme qui contemple un désastre, et c'est le commencement des miracles. J'ai suivi pareil homme, refoulé pareille colère, rêvé pareil renouveau : j'apercevais le même désastre."
"Le son infiniment pur était sans faille. Porté par le vent froid du matin, il continuait à danser au-dessus de sa tête."
Ce que j'ai aimé :
Quand meurt celui qui était surnommé "Le monsieur aux petits oiseaux", les habitants du quartier se rendent compte que "presque aucun d'eux ne savait qui était ce monsieur aux petits oiseaux." Ils le connaissaient de vue, mais peu lui avaient vraiment adressé la parole. Seuls les oiseaux semblent rendre un hommage funèbre à cet homme hors norme qui savait si bien leur parler.
Il fut un temps où ce Monsieur aux petits oiseaux avait un frère qui pouvait converser avec les oiseaux, qui passait ses heures à les observer dans la volière du jardin d'enfants voisin, un frère qui parlait une autre langue, inconnue, étrange, que seul son cadet pouvait comprendre. Un langage proche de celui des oiseaux, un langage qui le rleie au monde mais l'éloigne des humains. Une relation tendre et privilégiée s'établit entre les deux frères.
"Il s'aperçut bientôt qu'il considérait son aîné comme un oiseau migrateur épuisé. Les mots inventés par son frère étaient semblables aux itinéraires suivis par les oiseaux. Personne ne comprenait pourquoi ils se mouvaient là, si leur forme avait une signification, ni où ils les menaient." (p. 121)
A la mort des parents, ils vivront ensemble, leur vie étant construite de rituels comme la sucette de pawpaw du mercredi, les voyages imaginaires, l'observation des oiseaux. Ils se construiront un monde à eux, préservé, heureux, leur différence et leur solitude les nourrissant l'un l'autre.
Une tendresse infinie court dans ces pages, une poésie qui s'attache à l'infime, au pépiement des oiseaux, à la quiétude d'une roseraie ou au plaisir de lire.
"Il voulait connaître les formes des étoiles reliées entre elles et ce qui servait aux oiseaux de fil conducteur dans leurs yeux infinement noirs et profonds, qui ne reflétaient rien de superficiel. Il lui semblait que suivre ces formes le mènerait aux oiseaux de son aîné. L'unique embarcation que seul son frère pouvait manoeuvrer s'était éloignée de lui, finissant par disparaître au fil de l'eau. Si par hasard il restait un chemin qui pouvait le conduire jusqu'à son îlot, il ne le trouverait pas ailleurs qu'à travers le ciel. Seuls les oiseaux connaissaient l'itinéraire. Seuls les oiseaux savaient déchiffrer les signes." (p. 119)
Un très beau conte sur la différence.
Ce que j'ai moins aimé :
Ne lisez pas la quatrième de couverture qui en dit trop et injustement.
Premières phrases :
"Lorsque mourut le monsieur aux petits oiseaux, sa dépouille et ses afffaires furent contrairement à l'usage promptement débarassées. Il vivait seul et son corps avait été découvert plusieurs jours après le décès."
"La vie n'est qu'une longue succession de désillusions, qui nous guérit des mythes et des fictions de l'adolescence."
Ce que j'ai aimé :
Benny Griessel s'est installé avec sa petite amie Alexa, mais doit faire face à ses assauts érotiques journaliers, lui dont la libido a été noyée dans l'alcool. Alcool qui l'appelle encore du fond des bars louches, et Griessel a bien du mal à résister à l'appel des sirènes... Une enquête l'éloigne un temps de ces préoccupations.
Les corps de trois gardes du corps sont en effet retrouvés dans une guest-house. Les hommes étaient chargés de surveiller un homme d'affaires anglais, Adair qui a mystérieusement disparu. Et les recherches que mènent Griessel et son équipe sur cet homme se heurtent à sa hierarchie et au consulat qui semblent peu enclins à dévoiler des informations sur lui.
Parallèlement, nous suivons la piste de Tyrone, un jeune pickpocket qui finance de ses larcins les études de médecine de sa soeur, et qui va se retrouver embarqué malgré lui dans cette histoire.
L'enquête très rythmée va prendre rapidement la forme d'un contre la montre qui se joue minute après minute.
Déon Meyer nous livre également un portrait d'une Afrique post-aprtheid en friche : le gouvernement se délite, la grangrène gagne du terrain, corruption, mauvaise gestion, cupidité, méfiance publique sont monnaie courante."Le Service s'enfonçait de nouveau dans les sables mouvants de l'inefficacité." Un idéal de justice anime malgré tout Griessel, qui s'oblige à ne pas baisser les bras car la population compte sur ses services pour faire régner l'ordre. Ainsi, en preux chevalier,et ce malgré des baisses de régime, il avance envers et contre tout pour ne pas décevoir ceux qui croient encore en la justice et en l'équité.
Un polar haletant efficace et intelligent !
Ce que j'ai moins aimé :
La quatrième de couverture en dit trop !
Premières phrases :
"La pluie tambourinait sur le toit de tôle ondulée. 8h10 du matin. Le capitaine Benny Griessel ouvrit la mallette de scène de crime posée sur le mur de la véranda, et en sortit des surchaussures de protection puis des gants de latex."
"Et l'on se retrouve nu sur le chemin qui mène à soi, cerné par l'existence et serré dans son passé, cherchant la clarté à tâtons comme un aveugle dans la foule tourne sa main vers un corps et usant de son épuisement pour s'excuser auprès de la vie."
Ce que j'ai aimé :
Jean se remémore les moments suspendus passés aux côtés de son grand-père, quand ils vivaient ensemble dans la maison du marais. A l'âge où ses camarades couraient les filles, lui préférait courir la campagne "Il était chasseur de toutes ses fibres. C'était un séducteur d'oiseaux." Il vivait heureux, "entre le presque rien et l'indicible" habité par des rêves à sa mesure :
"Voir, seulement, la bécassine double. Prendre un grand tétras au chant, un seul pour la vie, quelque part dans un pays d'Europe de l'Est. Et parvenir à toucher, de la main, un gros animal -sanglier, cerf, phacochère, antilope - peu m'importait..."
Avec ces Chasses furtives, Jean -alias Léon- souhaite rendre hommage à son grand-père qui s'en est allé trois ans plus tôt rejoindre les cieux aux côtés des oiseaux. Accompagné de son fidèle chien, compagnon de toujours, Jean arpente les marais de son enfance, à l'affût, plongé dans ses souvenirs mélancoliques, "Seul avec son esprit traqué par la disparition des êtres et par la transparence des choses."
Apparaissent quelques personnages derrière le grand-père : la "femme-renarde", le braconnier taiseux, mais les personnages qui survolent poétiquement ces pages et leur donnent tout leur sens restent les oiseaux. Ceux qui relient le passé et le présent, ceux qui planent avec son grand-père, ceux qui témoignent d'une vie harmonieuse avec le monde et la nature, et donnent soudain l'impression d'être à sa place. Ancré dans un monde qui a soudain du sens.
L'émotion à fleur de peau caresse les pages de ces "Chasses furtives" et leur offre toute leur beauté.
"Trente ans après, je me souviens bien de mon urgence à dire, à chacun de mes retours, les impressions intenses volées à l'aurore, les départs pressés pour la chasse, le givre qui habille l'herbe et les branches, le ciel bleu de novembre que le miroir brisé de joncs des marais reflète, la disparition de la dernière étoile, l'orangé timide de l'horizon, l'air qui glace les spoumons. L'insolente beauté de la nature qui me faisait parfois pleurer de bonheur, seul dans les barthes d'Orist, Siest, Pey et Saubusse. La joie gigantesque que cela me procurait. La seule vue d'un vol de vanneaux suffisait alors à me faire chavirer d'un plaisir que je savais étrange et que je renonçais à définir."
Ce que j'ai moins aimé :
-Rien
Premières phrases :
"Jean s'étira et planta son regard au plafond. Il mit ses mains derrière la tête et pensa fort à son grand-père qui faisait toujours la sieste dans cette position, en respirant fort avec le nez à cause de son rhume des foins et qu'il surprenait souvent étendu ainsi sur son lit."
Au printemps 1849, Oei, la fille de Hokusaï est au chevet de son père mourant. Elle entrerepend de classer les vieux papiers de son père et découvre alors des mémoires dont elle ne soupçonnait pas l'existence. L'occasion pour elle d'en apprendre un peu plus sur ce père énigmatique qui se livrait très peu.
De la découverte de sa vocation au succés, des différentes écoles qu'il a fréquentées à l'affirmation d'un style qui lui sera propre, des premières commandes aux changements de noms et de trajectoires, des estampes aux peintures du temple Ganshoin, Aude Fieschi revisite avec ces mémoires fictives ce que l'on sait de la vie mouvementée du célèbre artiste japonais.
Oei étant elle-même artiste, quelques réflexions sur l'art émaille le récit :
"Oei prenait plaisir à imaginer une vie où ses seuls devoirs auraient été de s'occuper de sa famille et du ménage et dans laquelle l'art et la quête permanente de l'excellence n'auraient pas eu la place centrale. Elle pensait qu'une telle vie devait être beaucoup plus facile, mais ensuite elle n'en était plus aussi sûre. L'idée des mêmes tâches ingrates, répétées quotidiennement jusqu'à la mort, lui faisait alors horreur et elle repensait aux moments merveilleux où, seule devant son papier, elle sentait monter en elle ce désir de créer la beauté et que le pinceau, comme mû de sa propre force, se faisait complice de ses moindres fantaisies. Quel que soit le prix à payer pour cela, elle ne pourrait jamais y renoncer."
temple de Ganshoin
Le récit enchâssé offre un apreçu original sur l'artiste, même si...
Ce que j'ai moins aimé :
Il manque une profondeur qui en ferait autre chose qu'un récit plaisant mais nullement marquant. Nous ressentons finalement le vide des informations liées à Hokusai qui crée un portait plutôt plat. En effet, l'auteur le souligne en fin de livre, les informations sur Hokusaï sont lapidaires, les interrogations restent nombreuses autant sur l'homme que sur l'artiste. De fait ces mémoires fictives s'en ressentent.
"Père dort. Et moi, je veille. Très bientôt, dans quelques jours, quelques heures peut-être, il va mourir. Je le sais, et lui aussi le sait. Il est très faible, mais son esprit est intact. Je ne veux pas qu'il se sente seul. Je veux qu'il me voie lorsqu'il ouvre les yeux. Et je veux être auprès de lui lorsqu'il les fermera pour toujours. J'ai peur. J'ai froid."
"Les aventures de Charlie la souris ou les vicissitudes du muridé solitaire"
Ce que j'ai aimé :
Charlie est une petite souris écrivain en mal d'inspiration qui aime gratouiller sa guitare dans sa grande maison vide en écoutant Django, Plutôt solitaire, elle rencontre par hasard une girafe qui accroche des guirlandes en vue du carnaval et reçoit également la visite dun petit oiseau bleu nommé Monsieur Solitude.
Charlie nous parle des difficulté des rapports humains, des êtres qui se frôlent, se manquent avant de retourner à leur solitude presque salvatrice et pourtant terriblement aliénante. De temps en temps, Charlie a besoin de prendre l'air quand trop de sensations l'assaillent. Il redoute et aime sa solitude à la fois, craint de n'avoir rien à raconter sur sa page blanche et est finalement condamné à tourner sur une grande roue aux côtés de ses peurs et angoisses sans parvenir à en descendre. Prisonnier de ses aspirations, de ses habitudes, de cette recherche éternelle de la beauté.
"-Vous savez quel est le point commun entre vous et l'enfant qui souffle des bulles, là-bas ?
- C'est exactement ce que je n'arrive pas à faire !
- Vous, vous décorez les quatre coins de la ville de centaines de guirlandes... Tandis que lui lâche quelqeus bulles de savon qui flottent un instant au gré du vent... Tout ça pour quoi ?... Juste pour, ne serait-ce qu'un moment, rendre les choses plus jolies... en fin de compte, plus supportables... J'aimerais écrire la vie de cette manière-là. Mes phrases seraient des guirlandes et mes mots des bulles... Tisser l'étoffe d'un voile translucide brodé de rêves.... Hisser mes sensations au plus haut mât d'un bateau de papier... Et laisser le vent souffler. Respirer."
Comment écrire quelque chose d'utile pour soi ou pour les autres ? Comment retranscrire la légèreté et le bonheur émanant naturellement d'une bulle de savon ou d'une guirlande ? Comment vivre avec et sans les autres ?
Sans apporter de réponses, ce magnifique album tracera sur votre chemin un faisceau de questionnements rayonnant sur la beauté des pages.