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Notre-Dame du Nil de Scholastique MUKASONGA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Prix Renaudot 2012, Prix Océans 2013, Prix Ahmadou Kourouma 2012

"Il faut toujours rappeler aux Tutsi qu'ils ne sont que des cafards, des Inyenzi, au Rwanda."

Rwanda début des années 70. Le lycée Notre-Dame du Nil est perché sur une colline. En son sein, sous le calme appparent, la lutte raciale couve entre Tustis et Hutus. Le président hutu Kayibanda a commencé à lancer des opérations punitives contre l'ethnie rivale qu'il menace de mort ou condamne à l'exode. Dans ce lycée perché sur la colline, un quota "etnhique' limite le nombre d'élèves tutsis à 10 %. Parmi les jeunes filles qui suivent l'enseignement, Gloriosa, fille de ministre hutu se dresse face à Véronica et Virginia, deux jeunes filles tutsis. Peu à peu la tension monte...

Véronica et Virginia trouvent refuge chez Monsieur Fontenaille, un homme blanc des environs qui se plait à fréquenter les tutsis, parce qu'il reste persuadé que ce sont les descendantes de reines égyptiennes. Il les met en scène dans des tableaux vivants tirés de l'Egypte ancienne. Si les jeunes filles sont méfiantes dans un premier temps face à cet homme un peu fou, elles comprennent rapidement qu'il est leur seul allié dans ce lieu où tous les mensonges deviennent politiques et sont tolérés pour faire accuser les tutsis. Les soeurs belges et les enseignants français du lycée ferment les yeux, invisibles, introuvables quand des troubles éclatent. 

Scholastique Mukasonga nous emmène dans l'antichambre du massacre. Dans un récit tout en retenue, en finesse, elle livre l'émotion pure ressentie face à cette lutte ethnique injustifiable. Avec une intelligence rare, elle sait en quelques personnages, en quelques scènes, témoigner de cette horreur qu'elle a subie elle-même de plein fouet. Un roman essentiel ! 

 

Présentation de l'éditeur : GallimardFolio 

D'autres avisLe PointLe Magazine Littéraire Bibliobs Le Monde 

Vous aimerez aussiQuelques photos pour illustrer le roman ; le site de l'auteure 

Du même auteurL'iguifou

 

Notre-Dame du Nil, Scholastique Mukasonga, folio, février 2014, 7.49 euros

Lu dans le cadre de Lire le monde consacré aujorud'hui à Scholastique Mukasonga

Publié dans Littérature Afrique

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Dans la nuit Mozambique et autres récits de Laurent GAUDE

Publié le par Hélène

♥ ♥

Ce recueil de nouvelles rassemblent des textes écrits entre 2000 et 2007 par Laurent Gaudé. 

Sang négrier : Au temps de l'esclavage, cinq nègres s'enfuient d'un navire négrier. Le capitaine du navire, hanté par leurs disparitions, devient peu à peu fou. Cette nouvelle flirte avec le fantastique pour mieux décrire la folie des hommes et s'interroger sur la nature humaine : sommes nous des monstres sanguinaires ? L'examen de certains évènements historiques sème le doute...

Gramercy Park Hotel : un vieil homme revient sur les lieux heureux de son passé. Un beau texte sur le couple et ses errances.

Le colonel Barbaque : L'histoire raconte la vie d'un poilu de la première guerre sauvé par un africain qui lui même aura une fin tragique dans cette guerre qu'il n'a pas choisie... Sur ces africains qui se sont engagés dans la guerre 14-18 du côté de la France, servant ni plus ni moins de chair à canon.  

"Les nègres crèvent entassés les uns sur les autres. Ils crèvent d'être venus chez nous. Ils crèvent de subir cette pluie qui vous glace les os. Et d'obéir aux ordres de cette guerre dans laquelle ils ne sont pour rien. Ils crèvent là. Par obéissance. Par générosité. Et rien. Ni médaille. Ni merci." p. 97

Dans la nuit Mozambique : Des hommes se retrouvent dans un café pour se raconter des histoires. Ce dernier texte constitue la seule lueur d'espoir dans ce recueil assez désespéré. 

"Oui. C'était bien. Ils avaient été cela. Quatre hommes qui parlaient, quatre hommes qui se retrouvaient parfois, avec amitié, pour se raconter des histoires. Quatre hommes qui laissaient sur le snappes de petites traces de vie. Et rien de plus." p. 160

Des nouvelles frappantes sur la violence dont sont capables les hommes, au nom de la politique ou de causes aléatoires...

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud 

Du même auteur Ouragan ; Le soleil des Scorta ;  Pour seul cortège ; La mort du roi Tsongor ; Danser les ombres

 

Dans la nuit Mozambique, Actes sud, Babel, août 2008, 7 euros

 

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Mansfield park de Jane AUSTEN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥  

Par charité, la jeune Fanny Price est placée à l'âge de 10 ans chez son oncle Sir Thomas Bertram. Elle grandit aux côtés des enfants de Sir Thomas : ses deux filles Maria et Julia, et ses deux fils Tom et Edmond. Ce dernier choisit d'éduquer sa jeune cousine en conversant avec elle sur des sujets divers et en lui recommandant des ouvrages à lire, ouvrant ainsi son esprit au monde qui l'entoure. Peu à peu un lien particulier s'établit entre eux deux. Il est un des rares à respecter la jeune fille quand ses soeurs et sa tante Norris la méprisent, lui rappelant sans cesse son statut d'enfant pauvre adoptée par charité, et quand Tom, le fils aîné Tom l'ignore simplement. La jeune Fanny grandit réconfortée par la tendresse d'Edmond et par sa correspondance avec son frère William, aspirant de la Royal Navy. 

Les années passent. Lorsque Fanny a seize ans, son oncle est appelé pour ses affaires aux Caraïbes, laissant ses filles jouir alors de cette liberté à laquelle elles aspiraient tant. Elles font la connaissance de jeunes gens des environs, dont Henry et Mary Crawford, et leur fréquentation bouleversera à jamais l'équilibre familial.

Fanny est une héroïne austinienne émouvante par sa droiture et son sens moral. Menée par une éducation constituée de connaissances réfléchies mises en pratique, elle s'oppose à des personnages plus superficiels comme les soeurs Bertram, demoiselles demeurant dans les apparences et la représentation. Plus effacée, Fanny observe, écoute et tire ses conclusions.

Personnage à la psychologie affûtée, son évolution touche indubitablement le lecteur qui, emporté par les pages, souhaite connaître son destin. 

 

Mansfield Park, Jane Austen, traduit par Denise Getzler, 10/18, 512 pages, 8.80 euros

Publié dans Littérature Europe

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Le chasseur de lucioles de Janis OTSIEMI

Publié le par Hélène

♥ ♥

En plein coeur de Libreville, un fourgon blindé est braqué. Bilan : vingt millions de francs CFA volés. Parallèlement le corps d'un ex-flic accusé d'avoir fait du trafic d'armes est retrouvé assassiné sur la plage de Tropicana, au sud de Libreville. Quelques jours plus tard, une prostituée camerounaise est assassinée sauvagement dans sa chambre. Puis une deuxième, une troisième, confirmant ainsi la présence dans la ville d'un tueur en série. 

L'intérêt de ce petit roman policier ne se trouve pas dans ces intrigues qui s'accumulent comme s'il fallait à tout prix donner un crédit policier au roman. La particularité de Janis Otsiemi tient davantage dans le tableau de la société gabonaise. Lui-même né à Franceville, au Gabon, il nous offre une vision décomplexée de son pays entre corruption, trafic d'armes, sida et prostitution, luttes ethniques entre les Fang et les Myéné... Les méthodes des policiers sont relativement expéditives : une bonne baffe sera plus efficace que dix-mille questions pour eux...

L'auteur use de surcroît d'un parler local humoristique qui apporte légèreté et humour au roman : qu'il s'agisse de petits proverbes comme "Au décès d'un chien, la chèvre ne porte pas le deuil.", "Le pied qui a été mordu par un serpent a peur d'un bout de corde.", "Le chasseur découvre l'étang grâce aux canards." ou bien d'expressions comme "Balle à terre" pour "laisse tomber", "faire l'avion" pour "faire vite", "avoir le mal de poche" pour "être fauché".

Mes réticences : Pas de femmes dans cet opus, ou effacées -ou mortes- 

Peu d'optimisme dans ce tableau de Libreville...

L'intrigue est vite emballée, là ne réside pas le sel de ce roman.

 

Présentation de l'éditeur : JigalPocket 

Du même auteur La bouche qui mange ne parle pas  ;  African Tabloid 

 

Le chasseur de lucioles, Janis Otsiemi, Pocket, 2014, 216 p., 5.30 euros

 

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Sentimento de Carl NORAC et Rébecca DAUTREMER

Publié le par Hélène

                         

♥ ♥ ♥

Mon avis :

Un bel album mélancolique sur les différences.

Monsieur Stein fabrique des marionnettes. Mais Monsieur Stein se sent très seul, aussi décide-t-il de fabriquer une marionnette qui lui ressemble. Seulement, avant même d'être achevée, la marionnette prend vie, et elle ne ressemble nullement à Monsieur Stein, déçu. Il la chasse et commence alors pour celui qui se baptisera Sentimento une longue quête. Il cherche celle ou celui qui sera capable de l'aimer. Mais Sentimento est tellement différent des autres qu'il les effraie. Jusqu'à ce qu'il rencontre Selma qui va lui apprendre à sourire...

Les illustrations de Rébecca Dautremer illustrent magnifiquement cette tendre histoire sur la différence et le rejet.

                         

Sentimento est émouvant dans sa quête profondément humaine d'amour et d'écoute. 

Un très bel album poétique ! 

 

De Rebecca Dautremer : L’amoureux Cyrano 

 

Sentimento, Carl Norac et Rébecca Dautremer, Bilboquet, 2005, 18 euros

Publié dans Jeunesse Album

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Propos sur le bonheur d'ALAIN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Voici le jardin du philosophe. On y cueillera des fruits mûris sur le tronc de la sagesse commune et dorés à cette autre lumière des idées. Ils en reprennent leur saveur d'origine, qui est le goût de l'existence. Saveur oubliée en nos pensées ; car on voudrait s'assurer que l'existence est bonne et on ne le peut ; on en déçoit donc l'espérance par précaution, prononçant qu'elle est mauvaise. De là s'étend l'empire de l'imagination déréglée, en quoi Alain, se confiant à la sagesse du corps, restaure la souveraineté claire de l'homme heureux et qui n'attend pas pour l'être, ici et non ailleurs, que l'événement lui donne raison, acteur enfin et non spectateur de soi-même." (présentation de l'éditeur)

Au travers de propos simples, de chapitres courts ponctués d'exemples didactiques tirés de la vie courante, Alain nous convie vers le bonheur, en nous prouvant que cette perle rare dépend de notre disposition intime et non d'évènements extérieurs. Il s'intéresse principalement à tous ceux qui se plaignent et font de la tristesse leur étendard. Ces gens-là selon devraient chercher l'aiguille dans leur chaussure, la cause véritable de leur mauvaise humeur avant de chercher à réguler leurs passions. Ils n'auront aucune puissance sur lesdites passions tant qu'ils ne connaitront pas leurs vraies causes. Quelquefois la cause est prosaïquement corporelle et l'éclairer permet alors de retrouver le chemin vers la quiétude. 

"Chaque mouvement d'humeur naît d'un événement physiologique passager ; mais nous l'étendons, nous lui donnons un sens oraculaire ; une telle suite d'humeurs fait le malheur, je dis en ceux qui n'ont pas de graves raisons d'être malheureux, car c'est ceux-là qui sont malheureux par leur faute."

Quant à ceux qui se plaignent d'un destin malheureux, un examen de leur parcours mettra facilement en valeur leurs motivations profondes. 

"Ce colonel, qui va planter ses choux, aurait bien voulu être général ; mais, si je pouvais chercher dans sa vie, j'apercevrais quelque petite chose qu'il fallait faire, et qu'il n'a point faite, qu'il n'a point voulu faire. Je lui prouverai qu'il ne voulait pas être général. 

Je vois des gens, qui, avec assez de moyens, ne sont arrivés qu'à une maigre et petite place. Mais que voulaient-ils ? Leur franc-parler ? Ils l'ont. Ne point flatter ? Ils n'ont point flatter et ne flattent point. Pouvoir par le jugement, par le conseil, par le refus ? Ils peuvent. Il n'a point d'argent ? Mais n'a-t-il pas toujours méprisé l'argent ?" p. 76

Pour s'abstraire des pensées négatives, Alain insiste sur le bienfait de l'action, du travail libre. L'ennui est rapidement source de malheur, et plutôt que de subir, mieux vaut agir. Peu importe les difficultés alors rencontrées, elle n'apporteront que plus de valeur au but atteint.  

Ainsi, une bonne humeur générale pourra se répandre, marque de la politesse élémentaire, et le bonheur s'épanouira : "On peut le semer le long des rues, dans les tramways, dans les kiosques à journaux ; il ne s'en perdra pas un atome. Elle poussera et fleurira partout où vous l'aurez jetée."

Un court essai résolument optimiste.

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard 

Article de Sciences Humaines 

 

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Prix BD Fnac 2016

Publié le par Hélène

Et le gagnant est ...
 

Il était mon préféré, j'en parle ICI 

 

L'an dernier Un océan d'amour de LUPANO et PANACCIONE  remportait le prix. 

Publié dans Sélection BD

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L'homme qui savait la langue des serpents de Andrus KIVIRÄHK

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

En des temps lointains, les hommes habitaient les forêts et conversaient avec les serpents. Les animaux n'avaient pas de secrets pour les hommes et tous vivaient en harmonie. Puis les hommes ont commencé à quitter la forêt pour fonder des villages, et peu à peu, ils ont perdu ce don millénaire. Leemet est un des derniers à connaître la langue des serpents, un des derniers survivants à refuser de gagner le village. Il vit encore dans la forêt avec sa mère, son oncle, et sa soeur qui s'amourache d'un ours. A ses côtés, ses meilleurs amis, Ints, un serpent, et deux australopithèques qui élèvent deux poux géants, qui cohabitent également avec Ülgas respectueux des génies et des rituels archaïques, Tambet enfermé dans ses croyances et ses délires identitaires et  Meeme, qui ne semble plus avoir toute sa tête. Ces chasseurs cueilleurs sylvestres refusent de céder aux sirènes de la modernité incarnées par le village régi par des chevaliers teutons qui cherchent à les christianiser. 

Dans une époque médiévale réinventée, Leemet est le dernier homme qui voit la vie de ses ancêtres disparaître peu à peu vers la modernité de la civilisation. Il rêve encore des temps anciens durant lesquels la salamandre, poisson titanesque, veillait sur le monde. Toutefois l'auteur n'idéalise pas ce monde sauvage, il mène davantage une réflexion sur ce que signifie être le dernier homme, celui qui résiste envers et contre tout, fidèle à ses valeurs. Mais seul. Désespérément seul. Il montre que "nous sommes toujours les modernes de quelqu'un, car toute tradition a un jour été une innovation" (postface de Jean-Pierre Minaudier). Ainsi il permet d'élargir la réflexion sur l'avenir des petits peuples, des minorités souvent opprimées par leurs voisins.

"Mais face au temps qui passe et à un monde qui change à un rythme de plus en plus vertigineux, nous sommes tous (ou nous serons tous un jour) des Indiens, des Bretons, des Leemet : vivre en faisant le moins de dégâts possible autour de soi, c'est accepter l'inévitable tristesse de tout cela, sans se vautrer dans le conformisme et la bêtise qui triompheront toujours, sans pour autant verser dans la haine ni se réfugier dans l'idéalisation d'un passé fantasmé, qui est une autre forme d'hérésie." postface 

Ce roman a connu un immense succés en Estonie, sans doute en raison de son humour et de sa dimension pamphlétaire qui offre un regard acéré sur l'époque et sur l'histoire de l'Estonie,  de son peuple. 

Un roman original à recommander. 

 

Présentation de l'éditeur : Le tripode 

D'autres avis : Le Monde ; Babélio 

 

Merci à Phili pour le conseil ! 

 

L'homme qui savait la langue des serpents, Andrus Kivirähk, traduit de l'estonien par Jean-Pierre Minaudier, Editions Attila, 2013, 421 p., 

 

Lire le monde avec Sandrine pour l'Estonie

Publié dans Littérature Europe

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Les ingratitudes de l'amour de Barbara PYM

Publié le par Hélène

♥ ♥

Dans les années 60 Dulcie une femme de 31 ans vient de rompre ses fiançailles avec Maurice, parce que ce dernier ne pensait pas qu'ils étaient accordés. Elle se rend à un colloque et rencontre Viola, et Aylwin Forbes, directeur d'une revue. Elle sera amenée à revoir l'un et l'autre, menant même une enquête sur le séduisant Aylwin.

Mes réticences : Depuis quand est-on une vieille fille à 31 ans ???!!! Oui je sais, à autre époque autres moeurs (nous sommes dans les années 60), mais voilà pour moi le défaut de ce roman : il a mal vieilli. 

De plus j'ai trouvé les personnages falots et ternes, Viola m'a profondément exaspérée et quant à Dulcie, je n'ai guère apprécié son personnage tout aussi terne qui subit sa vie et la rêve en courant après un inconnu dans l'espoir de la remplir. Pour ces êtres esseulés, le mariage est un moyen de pallier à ce manque quitte à faire des mauvais choix, ou des choix surprenants.  

Une atmosphère qui ne m'a pas interpellée...

 

D'autres avis : Papillon  ; Keisha  ; Urgonthe  (beaucoup plus enthousiastes que moi ) (et je sens qu'elles vont monter au créneau en me lisant...) (à noter que je suis prête à faire un effort et à tenter un autre titre plus attrayant de l'auteur sur vos conseils...) 

Vous aimerez aussi : Natasha Solomons Le manoir de Tyneford ; Sucré, salé, poivré de Mary Wesley ; Molly Keane Chasse au trésor  

 

Les ingratitudes de l'amour, Barbara Pym, traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff, 10-18, 1988

Publié dans Littérature Europe

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Maison des autres de Silvio D'Arzo

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Il vous vient de drôles d'idées, parfois." p.67

Un vieux prêtre officie dans un petit village dans les montagnes de l'Apennin. Ses jours s'écoulent  dans la lenteur des tâches quotidiennes. Un jour, une vieille lavandière pauvre et seule cherche à lui poser une question cruciale. 

Ce texte est fait de trois fois rien. Juste la vie qui s'écoule dans ce village, la vie de la montagne dans toute sa rudesse avec le travail, la solitude, le climat ardu. Une vie de labeur qui rapproche  quelquefois les hommes des animaux. Une succession absurde des jours et des nuits, une vie figée dans la répétition d'un quotidien lassant. Les saisons se succèdent sans rompre ce cercle de la vie :

"Ici en haut, il y a une certaine heure. Les ravines et les bois, les sentiers et les pâturages deviennent d'une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue : dans le soir naissant, les femmes soufflent sur leurs réchauds, penchées au-dessus des marches, et le bruit des clarines de bronze arrive clairement jusqu'au village. Les chèvres se montrent aux portes avec des yeux qui semblent les nôtres." p. 72

Ainsi, page après page, jour après jour, la question de la vieille prend tout son sens...

Silvio d'Arzo offre un récit tout en délicatesse et retenue porté par une prose poétique qui finit néanmoins par sublimer le quotidien. Un très beau texte. 

 

Présentation de l'éditeur : Editions Verdier 

D'autres avis : Dominique 

 

Merci à Dominique pour le conseil.

 

Maison des autres suivi de Un moment comme ça, Silvio d'Arzo, traduit par Philippe Renard et Bernard Siemone, Verdier collection "Terra d'altri", 1980, 10.96 euros

Publié dans Littérature Europe

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