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Etranger dans le mariage de Emir KUSTURICA

Publié le par Hélène

                            

♥♥♥

Mon avis :

Les six nouvelles de ce recueil se déroule dans la Bosnie Herzégovine des années 70. Un personnage récurrent revient dans différentes nouvelles : le petit Aleksa Kalem treize ans entouré de ses parents Azra et Braco, son père employé au Conseil exécutif de la RS de Bosnie-Herzégovine.  

"Enfin... c'est comme tu le sens" : Aleksa et ses parents font face à des conditions climatiques terribles. Le père arpente les bars pendant que la mère tient à bout de bras son ménage tout en rêvant d'aller vivre au bord de la mer, parce que "Ici on ne mène pas la belle vie. Et à la fin on n'aura pas une belle mort, non plus." Les deux vont être hospitalisés et le jeune Aleksa devra gérer le quotidien seul pour un temps. 

 "Le champion olympique" Rodo alcoolique notoire trouve refuge chez les Kalem quelques temps.

"Le nombril, porte de l'âme" Les parents d'Aleksa veulent le forcer à lire parce que :

"Les livres sont la nourriture de l'âme.

- Alors je n'ai pas besoin d'âme.

- On ne peut pas vivre sans.

- Et l'âme... elle se mange ?

- Non, pour l'empêcher de se rabougrir, il faut lire."

"Etranger dans le mariage" : Le passage à l'âge adulte s'effectue doucement pour le jeune adolescent :

"On mûrit quand on fait sienne cette vérité : un mensonge peut se révéler plus bénéfique que la vérité elle-même. Mais cette prise de conscience restait insuffisante pour accéder à l'âge adulte : la maturité ne vient certes pas avec l'achat de souliers à bouts ferrés et avec le plaisir qu'on prend à s'écouter marcher." 

En braquant le projecteur sur ce jeune adolescent, Emir Kusturica observe avec les yeux naïfs d'un enfant son pays et s'interroge sur sa pauvreté, sur le couple et les secrets qui rendent étrangers l'un à l'autre, sur le rapport parents-enfants fait de non-dits, sur la maladie qui court vers la mort. Mises bout à bout, ces tranches de vie quotidienne font sens. 

Dans ses autres nouvelles le lecteur retrouve avec joie la fantaisie du célèbre réalisateur. Dans "Que du malheur" le jeune Zeko se réfugie dans la cave de l'immeuble pour converser avec une carpe  et dans "Dans l'étreinte du serpent" Kosta est ami des serpents. 

Un recueil découvrir pour renouer avec l'univers si particulier de ce réalisateur hors normes ! 

Présentation de l'éditeur :

JC Lattès 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Où suis-je dans cette histoire

 

Merci à l'éditeur.

 

Etranger dans le mariage, Emir Kusturica, traduit du serbo-croate par Alain Cappon, JC Lattès, janvier 2015, 20 euros

Publié dans Littérature Europe

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Arsène Lupin Les origines Tome 1, Les disparus de la Haute-Boulogne, Benoît Abtey, Christophe Gaultier, Pierre-Jean Deschodt

Publié le par Hélène

                           

Mon avis :

1888. Le jeune Arsène Lupin a 12 ans quand il est envoyé à la Haute Boulogne, une maison de redressement sur Belle-Ile en Mer, en Bretagne. Après quelques mésaventures, il sera adopté par le Comte Perceval de La Marche, qui l'entraînera dans la lutte contre la confrérie des Lombards.

         

Trop d'intrigues se télescopent : les activités funestes de ce pensionnat isolé, l'enquête du journaliste Roubaud, l'apparition de l'inspecteur Bellemain, le massacre perpétré chez le marquis de Kerrichard, les origines du fils décédé du comte de la Marche, le mystère entretenu autour de son épouse, ses rapports avec le jeune Arsène, etc...  De fait la construction est brouillonne, l'action sautille trop rapidement d'intrigues en intrigues, les actions sont menées à grande vitesse, les personnages sont seulement esquissés, avant d'être assassinés, tout va trop vite, trop d'informations se bousculent dans ce premier tome. L'homme au masque de fer fait même une apparition éclair, comme si les auteurs avaient voulu à tout prix placer des références historiques, mais sans les exploiter suffisamment -pour l'instant.

L'univers des romans de Maurice Leblanc avec l'humour et la classe inséparable du célèbre gentleman cambrioleur sont dissous, dépassés par ce trop-plein d'intrigues. La quatrième de couverture promettait "Une saga d'aventures pleine d'humour menée avec brio et panache !", il est certain que si les aventures se succèdent, l'humour lui a fui vers d'autres latitudes...

Le dessin est assez sombre, l'usage des traits noirs accentuant encore cette absence de netteté ressentie à travers le scénario.

Une déception !

Vous aimerez aussi :

Le collier de la reine et autres nouvelles de Maurice Leblanc

D'autres avis :

Les 8 plumes

 

Chez Noukette d'autres bd de la semaine 

 

Reçu dans le cadre de Masse Critique de Babélio

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Walden ou la vie dans les bois de Henry David THOREAU

Publié le par Hélène

                                

♥ ♥

"Si humble que soit votre vie, faites-y honneur et vivez-la ; ne l'esquivez ni n'en dites de mal."  p. 327

Ce que j'ai aimé :

En 1845 Thoreau se retire dans une cabane au bord de l'étang de Walden, près de la ville de Concord dans le Massachussets loin de la civilisation. Son projet : prouver que l'on peut vivre avec un minimum : un toit sur la tête, des vêtements, de quoi se nourrir. Pour lui cette simplicité permet de se dégager des contingences matérielles pour laisser son âme parler dans toute sa sagesse. 

"Ce qu'il me fallait, c'était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en Spartiate, pour mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin, la réduire à sa plus simple expression, et, si elle se découvrait mesquine, eh bien, alors ! en tirer l'entière, authentique mesquinerie, puis divulguer sa mesquinerie au monde ; ou si elle était sublime, le savoir par expérience, et pouvoir en rendre compte fidèle dans ma suivante excursion." p. 90

"En proportion de la manière dont on simplifiera sa vie, les lois de l'univers paraîtront moins complexes, et la solitude ne sera pas solitude, ni la pauvreté, pauvreté, ni la faiblesse, faiblesse. Si vous avez bâti des châteaux dans les airs, votre travail n'aura pas à se trouver perdu ; c'est là qu'ils devaient être. Maintenant posez les fondations dessous." p. 323

Ses réflexions lui permettent d'être homme avant d'être citoyen afin d'oeuvrer à un "meilleur gouvernement" par la suite, après deux ans et deux mois passés dans sa cabane.

Il puise dans la lecture des textes antiques une forme de sagesse, écoute les bruits de son entourage, ouvert au monde, reçoit quelques rares amis ou voisins, mais ses plus proches amis restent les oiseaux, les hibous, les arbres qui l'entourent. Il cherche avant tout à être présent au monde.

Thoreau peut être considéré comme l'un des fondateurs de ce que l'on nomme le "nature writing". Ses idées, le lyrisme de certains passages l'ont inscrit dans la postérité. 

                           

@https://voyagerleger.wordpress.com/

Ce que j'ai moins aimé :

La première partie s'oriente vers des aspects économiques : de quoi avons-nous réllement besoin, comment s'est mis en place et organisé cette retraite dans les bois. Elle met en place la suite du récit mais est moins intéressante. 

L'écriture de mon édition est minuscule, permettant difficilement de se concentrer. 

Pour conclure, je dois avouer une déception, il m'a manqué un souffle, je me suis perdue dans trop de détails. 

Présentation de l'éditeur :

Gallimard 

D'autres avis :

Télérama  ; Keisha ; Dominique

Vous aimerez aussi :

La bd La vie sublime

Une fenêtre ouverte sur la nature

 

Walden ou la vie dans les bois, Henry David Thoreau, traduit de l'anglais (EU) par Louis Fabulet, L'imaginaire Gallimard, 1990, 1ere parution en 1922, 11.90 euros

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Hokusaï les trente-six vues du Mont Fuji de Jocelyn BOUQUILLARD

Publié le par Hélène

                       

♥ ♥ ♥ ♥ 

Mon avis :

Dès sa publication en 1830, la série des 36 vues du Mont Fuji, série d'estampes de paysage, connaît un succès fulgurant. A la fin du XIX ème siècle les Occidentaux découvrent le japonisme et se passionnent pour cet art. Ce petit bijou de Jocelyn Bouquillard est la première monographie française dédiée à cette série.

L'art de l'estampe s'essoufle à cette époque dans ses thèmes, jusqu'à ce que Hokusaï s'intéresse aux sites natrels, aux paysages pour renouveler le genre. Le Mont Fuji est le thème central, et non plus simplement un décor dans lequel évolueraient des personnages. Ancien volcan qui a connu sa denrière éruption en 1707, associé à la divinité du feu, il est vénéré par les japonais. Des croyances lui attribuent le secret de l'immortalité, d'où les nombreux pélerinages qui y étaient effectués.

A l'époque, l'édition est luxueusement imprimée, destinée à une bourgeoisie aisée, elle comporte quarante-six planches. Le Mont Fuji apparaît sous différentes saisons, sous l'orage, au lever du jour ou au coucher,sous le vent, sous la neige, avec toujours ce désir de capter l'instant présent et d'insister sur sa fugitivité en s'attachant à un même théme. Quand des personnages apparaissent, ce sont souvent des hommes et des femmes pris dans leur vie quotidienne, dans leur travail, des paysans, des artisans, des ouvriers.

Les planches présentées ici sont conservées à la réserve du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque Nationale de France.

Plastiquement, il utilise pour certaines planches les modes de représentation occidentaux. Il affirme également son goût pour la géométrie avec un travail sur les lignes, et use du bleu de Prusse importé de Hollande récemment. Il attache une grande importance aux détails, insistant sur la nécessaire communion entre la nature et l'homme, caractéristique de l'esprit japonais empreint de spiritualité shintoïste. La nature est toute puissante et doit être respectée. 

Une très belle façon de découvrir ce peintre hors norme, si vous n'avez pas pu profiter de l'exposition qui se termine ce dimanche au Grand Palais.

Présentation de l'éditeur :

Seuil 

Vous aimerez aussi :

Bd Hokusai de Shotaro Ishnomori  

Le roman d'Hokusai de Aude FIESCHI

BNF Les 36 vues du Mont Fuji 

 

Hokusaï, les 36 vues du Mont Fuji, Jocelyn Bouquillard, Seuil/BNF, 2010, 19.30 euros

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Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin WOOD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥ 

Un roman hypnotique

Ce que j'ai aimé :

Le jour où Oscar est irrémédiablement attiré par la musique d'une orgue qu'il entend en passant devant la chappelle de King's College, il ne se doute pas que cette mélodie va bouleverser son univers. Attisé par la musique, il entre dans l'église, comme subjugué, de la même façon qu'il entre dans la vie de Iris et Eden Bellwether. Il tombe en effet sous le charme d'Iris et est conquis également par la musique et par les théories de son frère, un personnage fascinant. Mais il va rapidement s'apercevoir que cet être à part est sur le fil qui relie raison et folie. Oscar est son inverse, un garçon normal, ancré dans la vraie vie, avec un travail utile auprès des personnes âgées, loin des envolées universitaires auxquelles sont habitués ses nouveaux amis de Cambridge réunis autour de Eden.

Eden suit en effet les thèses du musicien Mattheson pour qui la musique peut manipuler et pousser les auditeurs à ressentir ce qu'on veut qu'ils ressentent. Musique et émotions seraient intimement liées. "Si je te disais qu'il n'y a des musiques qui rendent heureux, et d'autres qui rendent triste, tu ne serais pas en désaccord avec moi ?" p. 61

Le champ des possibles s'ouvre alors pour le jeune Eden qui enjoint ses camarades à abandonner la rigidité de la science pour explorer de nouveaux territoires, des façons de penser différentes, pouvant conduire à des découvertes. "On a besoin de croire en la science et de croire que la science n'a pas réponse à tout. Même les scientifiques doivent être ouverts au miracle." p. 237

Mais la cloison entre génie et folie est fragile et Eden risque à tout moment de vaciller, entraînant les autres dans sa chute. 

Benjamin Wood écrit là un roman grandiose, magnifique réflexion sur ce "fol espoir", cet appel insensé vers la vie : "en période de grande angoisse et de deuil, la chose la plus précieuse qu'on puisse posséder est une lueur d'espoir, quand bien même cet espoir serait sans aucun fondement." p.485

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien.

Présentation de l'éditeur :

ZUlma 

D'autres avis :

YvesSandrinePapillon ; LaureClaraKathelSéverine 

Télérama L'express 

 

Prix roman fnac 2014.

 

Le complexe d'Eden Bellwether, Benjamin Wood, traduit de l'anglais (RU) par Renaud MorinZulma, 2014, 23.50 euros

Publié dans Littérature Europe

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Fraternité de CHARLIE HEBDO

Publié le par Hélène

"Frères de gauche

Frères de droite

Tous des frères en charter

Sans fraternité fixe

Frères sans frontières

Tous frères dans les vestiaires

Frères-soeurs mode d'emploi

Tous frères devant Dieu

Tous frères à Noël."

 

En 2008 Charlie Hebdo lance sa propre maison d'édition "Les échappés"

Parmi les premiers titres ce Fraternité qui fait partie d'une trilogie ("Liberté","Egalité", "Fraternité"), trois recueils de dessins politiques "une trilogie qui vole au secours de la gauche complexée, en rappelant les hauts faits du sarkozysme".

Y participent Cabu, Luz, Charb, Riss, Willem, Catherine, Jul, Honoré, Tignous, Wolinski.

Le contexte politique est celui de 2008 avec Sarkozy au pouvoir après la défaite de la gauche, ceux qui quittent le navire, la politique de Brice Hortefeux, le plan banlieue de Fadela Amara, la politique africaine de Sarkozy, le sport... Mais toujours en toile de fond, l'occasion de relire cet humour corosif, l'esprit Charlie Hebdo, ce second degré qui les caractérise, pour "dénoncer la bêtise en faisant rire." (Cabu)

Ce titre m'a surtout interpellée pour son titre, ce "fraternité" si vital. Un mot que chacun doit faire sien, qui devrait être l'essence même de l'être humain...

 

Pour que Charlie Hebdo survive, vous pouvez les soutenir. C'est ICI

En kiosque aujourd'hui également le journal des "survivants" de l'attentat de mercredi dernier, avec en couverture un dessin de Luz :

De nombreux blogueurs se réunissent aujourd'hui sur l'initiative de Yaneck des chroniques de l'Invisible, pour faire revivre en ce mercredi symbolique les dessinateurs de Charlie Hebdo :

Noukette Dessins pour se taire

Violette Dessins des auteurs

Fan de BD Maurice et Patapon

Les lectures de Caro Dessinateurs de presse

Mélo Pandas dans la brume

Faelys Pandas dans la brume

Sandrine L'intégrale des beaufs

Une case en plus L'intégrale des beaufs

Véronique D Les impubliables

Yaneck La vie de Mahomet

Marion New York de CABU

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Rue Sans-Soucis de Jo NESBO

Publié le par Hélène

         

                 

♥ ♥ 

Ce que j'ai aimé :

Un braqueur vient s'assassiner de sang froid une caissière avant de s'évaporer dans la nature. Hole abandonne pour quelques temps son enquête sur la mort de sa collègue Ellen pour se consacrer à ce braquage. En effet, contrairement à sa hiérarchie il est persuadé qu'il s'agit d'un meurtre et non pas d'un accident. Parallèlement à cette mission, il doit aussi faire face à une affaire plus personnelle : après avoir passé la nuit avec une ancienne conquête, celle-ci est retrouvée morte au petit matin. Seul souci : Hole ne garde aucun souvenir de la nuit passée à ses côtés. Sachant que dans l'ombre de nombreux collègues et supérieurs aimeraient le faire tomber, il garde pour lui cette nuit de block-out et enquête discrétement. Il va se confronter pour ce faire aux codes d'honneur de la communauté tsigane à laquelle appartenait la jeune femme.

Jo Nesbo pratique avec brio l'art du rebondissement. Il sait manier le suspense comme personne, chaque nouvel évènement ou rencontre étant minutieusement agencé dans la construction de l'intrigue. Pas un instant le pression ne se relâche.

"Le juge lui a demandé pourquoi il braquait des banques. Sutton a répondu : "Parce que c'est là qu'est l'argent.""

Ses romans sont de surcroît toujours documentés, s'intéressant ici aux célèbres braqueurs de banque comme Willie Sutton, mais pouvant tout à coup dévier sur des allusions à l'art de la guerre de Sun Tzu, et s'intéressant à l'éventualité qu'il ait pu être rédigé par une femme : "Celui qui remporte une guerre n'est pas nécessairement le vainqueur. Nombreux sont ceux qui ont gagné une couronne, mais perdu une si grande partie de leur armée qu'ils ont dû gouverner aux conditions de leurs ennemis soit-disant vaincus. La femme n'a pas la même vanité qu'a l'homme en matière de pouvoir. Elle n'a pas besoin de mettre son pouvoir en évidence, elle désire simplement parvenir à ce qu'elle veut. La sécurité. La nourriture. Le plaisir. La vengeance. La paix." p. 277

Une série de qualité à conseiller !

Ce que j'ai moins aimé :

Je vous conseille toutefois de lire la série dans l'ordre. Si ne pas avoir lu "Rouge-gorge" avant ne nuit pas à la compréhension globale de cette "Rue Sans Souci", il y est fait allusion aux évènements antérieurs, inscrivant bien la série dans un ordre chronologique.

Présentation de l'éditeur :

Folio ; Gaïa

Vous aimerez aussi :

Série Harry Hole
  1. L'Homme chauve-souris
  2. Les Cafards
  3. Rouge-gorge
  4. Rue Sans-Souci
  5. L'Étoile du diable
  6. Le Sauveur
  7. Le Bonhomme de neige
  8. Le Léopard
  9. Fantôme
  10. Police

D'autres avis :

Jean-Marc

 

Rue Sans-Souci, Une enquête de l'inspecteur Harry Hole, Jo Nesbo, traduit du norvégien par Alex Fouillet, Folio policier, mars 2014, 8.9 euros

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Les neiges du Kilimandjaro de Ernest HEMINGWAY

Publié le par Hélène

                       

♥ ♥

Ce que j'ai aimé :

Ces douze nouvelles présentent en filigrane les thématiques chères à Hemingway : les voyages et la chasse au lion (L'heure triomphale de Francis Macomber; Les neiges du Kilimandjaro), la guerre (Le vieil homme près du pont) et ses répercussions ineffaçables, la tauromachie (La capitale du monde). Les femmes sont omniprésentes comme dans les aventures de Nick  (Dix Indiens ; La fin de quelque chose ; Trois jours de tourmente), dont les oscillations sentimentales montrent les sentiments contradictoires provoqués par les belles : attirantes, elle sont aussi capables de trahison et sont souvent castratrices. Les mariages rendent fous : les hommes mariés sont foutus "Ils ont cette espèce d'allure épaisse que donne le mariage. Ils sont foutus." 

Mais ces thèmes sont bien sûr des prétextes pour présenter l'homme face à lui-même, capable du meilleur comme du pire. Face à une perte de ses valeurs, l'homme est bien souvent désarçonné et Hemingway nous le présente ici dans toutes ses contradictions...

Ce que j'ai moins aimé :

Les nouvelles sont courtes et ne permettent pas réellement de s'immerger dans l'univers de l'auteur. Néanmoins la profondeur des personnages et leur psychologie donnent envie de se plonger dans une autre oeuvre plus longue de l'auteur. 

Présentation de l'éditeur :

Folio 

Vous aimerez aussi :

Portait dans Lire 

Larousse

L'adaptation cinéma :

 

Les neiges du Kilimandjaro, suivi de Dix indiens et autres nouvelles, traduit de l'américain par Marcel Duhamel, Folio, 1946, 192 p., 6.4 euros

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Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick MODIANO

Publié le par Hélène

               

         

♥ ♥  

Ce que j'ai aimé :

Il aura fallu un nom, un mot, pour ouvrir la boîte de Pandore du passé de Jean Daragane. "Comme une piqûre d'insecte" le nom de "Guy Torstel" ouvre soudain une brèche dans le temps et projette l'écrivain devenu sexagénaire dans les années 50-60, du temps de son enfance.  Saint-Leu-La -Forêt, une grande maison, une femme phare nommée Annie Astrand et des individus louches qui gravitent autour d'elle, autant d'énigmes inhérentes à l'enfance que Jean Dargane tente d'appréhender. Mais le temps a tendance à effacer les souvenirs de la première enfance ne laissant qu'un vague ressenti, une ombre.

Peu importe, car le but de l'écrivain n'est finalement pas de copier la rélaité, mais plutôt d'en saisir la quintessence : 

"Je ne puis pas donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre." Stendhal

Ainsi point de réalité dans les souvenirs,  juste une impression diffuse qu'on tente de border avec des mots d'écrivain.

"C'était comme s'il allait lui dévoiler le secret de ses origines, toutes ces années du début de la vie que l'on a oubliées, sauf un détail qui remonte parfois des profondeurs, une rue que recouvre une voûte de feuillage, un parfum, un nom familier, mais dont vous ne savez plus à qui il appartenait, un toboggan."

La quête du passé et des ombres liées au souvenir est un motif récurrent chez Modiano, laissant parfois l'impression de toujours lire le même livre réécrit à l'infini, déformé par le prisme du temps. Le flou de la mémoire flotte au-dessus des pages, amenant le lecteur à plonger dans ses propres racines à la recherche d'une identité. Les interrogations doivent se renouveler à l'infini, tout comme les romans de cet auteur hors norme, comme pour nous rappeler que trouver des réponses n'appartient pas à la mission de l'auteur. Chacun doit se laisser envoûter, encercler par l'épaisseur du brouillard qui, seul, donne consistance à la vie. Sans cela, le charme serait rompu...

"Oui, je crois que les regards des enfants et des écrivains ont le pouvoir de donner du mystère aux êtres et aux choses qui, en apparence, n’en avaient pas." Entretien Patrick Modiano 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  L'herbe des nuits L'horizon 

Présentation de l'éditeur :

Gallimard 

D'autres avis :

Télérama 

Galéa ; Noukette ; Jérôme 

 

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Patrick Modiano, Gallimard, 2014, 16.9

 
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Hommage

Publié le par Hélène

       

"Sachez-le toujours le choeur profond reprend la phrase interrompue

Du moment que jusqu'au bout de lui-même le chanteur a fait ce qu'il a pu

Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse

 

Je vous laisse à mon tour comme le danseur qui se lève une dernière fois

Ne lui reprochez pas dans ses yeux s'il trahit déjà ce qu'il porte en lui d'ombre

Je ne peux plus vous faire d'autres cadeaux que ceux de cette lumière sombre

Hommes de demain soufflez sur les charbons

 

A vous de dire ce que je vois."

 

Aragon Les poètes Epilogue

Publié dans Divers

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