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Des vents contraires d'Olivier ADAM

Publié le par Hélène

                                                 

Prévoyez une cargaison de kleenex...

 

Mon avis : 

Paul est un homme brisé : sa femme est partie un beau jour pour ne plus jamais revenir, le laissant seul avec leurs deux jeunes enfants, Clément et Manon. Tous ignorent ce qu'est devenue Sarah, la jeune mère. Est-elle partie de son plein gré, l'a-t-on enlevée, tuée ?
Trop de questions qui pèsent sur le quotidien de cette famille anéantie, aussi, pour prendre un nouveau départ, Paul décide de partir s'installer à Saint-Malo, la ville de son enfance.
Pas à pas, ils vont apprendre à se reconstruire.

Il s'agit d'un roman mélancolique, pour ne pas dire triste ou déprimant. Il peint la vie de gens ordinaires chez qui la tragédie survient un beau jour. Comment vont-ils gérer le malheur qui pénètre dans leur maison, comment vont-ils survivre, continuer à avancer, voilà souvent les problématiques qui hantent les romans d'Oliver Adam.

La cité malouine est admirablement bien décrite, nimbée de cette ambiance bretonne entre brouillard et éclaircies. De belles descriptions jalonnent le texte, souvent le paysage est en adéquation avec l'humeur mélancolique de Paul. 

Olivier Adam décrit à merveille les entrelacs subtils des bonheurs et des malheurs qui jalonnent une vie. Durant une page il laisse penser que tout est fini, que tout s’effondre, qu’il est impossible d’avancer encore dans ce brouillard, puis l’instant d’après, tout s’éclaire grâce à une joie fugace, un repas d’huîtres partagé en famille, une partie de sumos sur la plage… Tout est mouvant, à l’image du ciel breton. 
L’ensemble est très déprimant, comme si les cas désespérés avaient tous rendez-vous en ces pages : le père qui ne peut plus voir son enfant, la femme qui ne peut pas en avoir, le mari trompé, l’institutrice traumatisante, une jeune fille qui disparaît… La liste est longue.

 

Alors oui, c’est un beau roman qui reflète peut-être une réalité de ce monde, mais, pour moi, il est trop sombre, parce que même si des éclaircies transpercent ces destins fragiles – et heureusement d’ailleurs – une infinie tristesse prévaut malgré tout. J’ai eu l’impression d’être clouée au sol, vidée, angoissée pendant toute la lecture. Brrr… 
Alors, on se dit : « Vite, autre chose… »

 

Vous aimerez aussi :

Le film 

D'autres avis :

 

Télérama 

Babélio

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Le sang versé de Asa LARSSON

Publié le par Hélène

                      

               

Prix du meilleur roman policier suédois 2004

 

L'auteur :

Asa Larsson a grandi à Kiruna, 145 km au-dessus du cercle polaire Arctique ; où se déroulent également ses romans. Avocate comme son héroïne, elle se consacre désormais à l'écriture. Les cinq tomes de la série autour de Rebecka Martinsson sont en cours de traduction dans 30 pays.

 

L'histoire :

L'avocate Rebecka Martinsson, en mission pour son cabinet, est de retour dans sa ville natale de Kiruna. Une femme pasteur est retrouvée mutilée et pendue à l'orgue de son église. Ce meurtre n'est pas sans rappeler à la jeune femme une affaire similaire qui a eu lieu un an auparavant.

 

Mon avis : 

Un an auparavant, une terrible affaire a ravagé la jeune avocate Rebecka Martinsson. Laquelle ? Mystère... Il fallait lire le tome précédent pour le savoir ! Il n'en est fait mention ici par bribes, qu'il est difficile d'assembler pour construire une histoire cohérente. Le lecteur reste osbtinément dans le flou. Soit, c'est un concept. Frustrant mais pourquoi pas... Malheureusement peu à peu nous nous rendons compte que la conséquence inévitable de ce flou artistique est que nous passons totalement à côté de la psychologie de la belle Rebecka. Ses contours sont tout aussi flous que son passé. Et si encore il ne s'agissait que d'elle... Mais les autres personnages ont une psychologie tout aussi sommaire, et en plus, ils sont nombreux -avec des noms suédois (cqfd) ce qui n'aident pas-

Faisons donc un trait sur les personnages, il n'en reste pas moins que l'endroit choisi pour planter les intrigues est atypique : Kiruna, la Laponie, tout un univers...  Mais pas du tout exploité, les descriptions sont rares, les moeurs des habitants peu abordés, et somme toute ce roman n'a de "nordique" ou "artique" que le nom.

Pour finir, la fin est décevante, somme toute ordinaire...

Alors oui quelques réflexions sur la difficulté d'élever ses enfants approfondissent un tantinet le propos, mais au final, rien d'extraordinaire dans ce roman, je ne pense pas qu'il me marquera. il est totalement abusif de le placer aux côtés de Mankell et Indridason !

 

Premières phrases :

"Je suis recroquevillé sur l'étroite banquette de la cuisine. Incapable de dormir. En plein coeur de l'été les nuits sont trop claires et n'incitent pas au repos. La pendule en face de moi va bientôt sonner une heure. SOn tic-tac enfle dans le silence. Disloque mes pensées et toute tentative de réflexion sensée. Sur la table est posée la lettre de cette femme."

 

Vous aimerez aussi :

Romans policiers nordiques (des vrais cette fois-ci)

 

Le sang versé, Asa Larsson, traduit du suédois par Caroline Berg, avril 2014, 22 euros

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Mes seuls dieux de Anjana APPACHANA

Publié le par Hélène

                                                    

 ♥ ♥ ♥

 

 « Il y a tant de cruauté et de frustration sous le vernis des apparences distinguées. » (p. 9)

 

L’auteure :

 Originaire du sud de l’Inde, dans l’État du Kodagu, Anjana Appachana partage sa vie entre l’Arizona et Delhi. AvecMes seuls dieux, elle poursuit une investigation quasi sociologique de l’imaginaire indien, en y ajoutant cette ampleur intimiste, frémissante de nuances, qui nous rend si proches ses personnages. En rupture avec la respectabilité et les conventions, Anjana Appachana place le lecteur au cœur même de la sensibilité féminine indienne.

Vient de paraître, chez Zulma : L’Année des secrets. Ainsi que la réédition (poche) de Mes seuls dieux. (Présentation de l’éditeur)

  

L’histoire :

 Pleines d’inventions narratives, les nouvelles d’Anjana Appachana entrelacent enchantement amoureux et cruauté inconsciente, songeries amères et tendres, conflits cocasses ou tragiques. Elles nous font découvrir l’Inde du point de vue de la femme, de l’enfance vulnérable aux déboires des épousailles ; de la fillette qui s’invente une vie sentimentale en lisant Jane Eyre au moment où sa sœur aînée se marie, à celle qui porte une dévotion folle à sa mère — au point de la croire en communication directe avec le panthéon des divinités hindoues ! Les situations se répondent ; si bien qu'on éprouve le sentiment d'être dans l'espace multiple et concentré du roman, au sein d'une famille de la bourgeoisie indienne. 

D’une histoire à l’autre, on se laisse envoûter par l’univers d’Anjana Appachana.

 

Ce que j’ai aimé :

 Ce petit recueil de nouvelles nous plonge au coeur de familles indiennes en pleine évolution. Dans « Bahu » une femme mariée oppressée par sa belle-mère ressent au fond d'elle un profond besoin de liberté. Le couple ne lui apporte pas la satisfaction salvatrice qu'elle s'imaginait recontrer, au contraire, il fonctionne comme un carcan inconfortable :

« Les livres parlent de l’instant de la révélation, la soudaine et absolue prise de conscience de son propre malaise. En réalité ça ne se produit pas comme ça. Il n’y a pas d’instant unique. Chaque fois que vous cédez, vous vous persuadez que l’adaptation est indispensable au mariage. Inutile de contrarier les gens quand vous vivez avec eux. Il n’y aura pas de prochaine fois. Mais si, il y en a une. Vous cédez encore, et encore, et encore. (…) Insensiblement, mais irrévocablement, vous glissez dans le genre de vie qui est l’opposé total et affreux de tout ce à quoi vous croyez. Le genre de vie dont vous parliez avant le mariage (un temps de bonheur parfait en principe) en disant, jamais je n’accepterais une telle chose. Plutôt partir. Maintenant cette situation est la vôtre. Vous n’êtes pas partie. Vivrez-vous toujours comme ça ? » (p. 12)

 Au-delà du couple l'emprisonnement est surtout le fait d'une société percluse dans des moeurs rétrogrades oppressantes, à l'image des deux jeunes femmes de  « Prophétie » dont l’une est enceinte. La société indienne est comme leur université, une véritable prison qui ne leur permet pas de s'épanouir et es oblige à se cacher, à fuguer, à louvoyer sans cesse. Dans « Incantations » une jeune fille de douze ans est la confidente de sa sœur aînée violée qui n’ose en parler à personne à cause des risques qu'elle encourt : répudiation, honte, solitude... C’est à sa petite sœur qu’elle confie le dur fardeau de sa peine, un fardeau beaucoup trop lourd pour une enfant.

Anjana Appachanah peint un tableau sans fards de la société indienne, et des portraits émouvants de jeunes femmes tiraillées entre la modernité et l’appel de la liberté et la famille traditionnelle qui ne les comprend pas. Les hommes profitent de cette situation et bien souvent les femmes ne peuvent compter que sur leurs amies pour les épauler. 

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 - J'ai moins aimé les deux nouvelles consacrées à un employé arrivant au retard à son travail : « Sharmaji » et « Sharmaji et les sucreries de DIwali »

 

Premières phrases :

« Ce jour-là c’était le premier film que l’on voyait depuis des mois. Nous n’avions plus jamais de temps pour ces choses-là. J’avais (bêtement) imaginé que mon mari et moi nous irions seuls tous les deux, mais la famille au grand complet décida qu’elle voulait nous accompagner. Si bien qu’à la fin nous étions sept : mes beaux-parents, ma belle-sœur, mon beau-frère, leur fils âgé de huit ans, mon mari et moi. Cela faisait un an que nous n’étions pas sortis juste nous deux. »

 

Vous aimerez aussi :

Une interview de Sarojini Sahoo dans l'Humanité sur la condition des femmes en Inde

 Du même auteur :  L’année des secrets d’Anjana APPACHANA

 

D’autres avis :

Loumina 

 

Mes seuls dieux, Anjana Appachana, nouvelles traduites de l’angais (Inde) par Alain Porte, Zulma, 2013, 8.95 euros 

♥ ♥ ♥ 
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Le livre le plus génial que j'ai jamais lu... de Christian VOLTZ

Publié le par Hélène

                                    

♥ ♥

L'auteur :

Christian Voltz est né à Strasbourg le 28 décembre 1967. Il a suivi les cours de l'atelier d'illustration de l'Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg. Affichiste et illustrateur, il collabore également à la presse jeunesse. (Source : éditeur)

 

L'histoire :

Christian Voltz tente de nous raconter l’histoire d’une jeune fille pirate super balèze et aussi un peu fleur bleue. Mais il est sans cesse interrompu par un drôle d’énergumène et son chat qui commentent chaque étape du livre. De l’enthousiasme impatient aux critiques acerbes, l’individu en vient à tancer directement l’auteur... jusqu’à ce que ce dernier introduise dans l’intrigue « un petit bonhomme grognon »...


Nous sommes ici dans une promenade réjouissante, pleine d’humour et de surprises, où l’histoire inscrit en creux les mécanismes de la création littéraire et graphique. (Source : éditeur)

 

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Ce que j'ai aimé :

L'auteur tente de nous raconter l'histoire d'une jeune fille pirate mais il est sans cesse interrompu par un lutin grognon qui commente chaque étape du récit et chaque dessin. Ce petit trublion se fait de plus en plus critique envers l'histoire de cette jeune pirtae qui passe son temps à boire du rhum et à se battre. Jusqu'à ce que lui-même entre dans l'histoire et... Mais là c'est une autre histoire...

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Ce récit enchâssé crée la dynamique de l'album, le personnage grincheux dessiné en noir et blanc fonctionnant comme un double du petit lecteur qui réagit en direct à la lecture d el'album.

Et finalement ce lutin atypique va avoir le fin mot de l'histoire : « Hééé ! C'est vraiment le livre le plus génial que j'ai jamais lu ! »

Un album original qui ravira les jeunes lecteurs grognons.

 

Le livre le plus génial que j'ai jamais lu, Christian Voltz, Pastel, 2008, 9,50 euros

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Publié dans Jeunesse Album

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Le parfum de Patrick SUSKIND

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Histoire d'un meurtrier

 

L'auteur :

 

Patrick Süskind est un écrivain et scénariste allemand. Il est né le 26 mars 1949 à Ambach (code postal 82541) sur le lac de Starnberg (am Starnberger See), en Bavière près de Munich. Il étudie l’histoire (histoire médiévale et contemporaine) et la littérature à Munich et à Aix-en-Provence. Il travaille ensuite comme scénariste pour la télévision.

Il écrit une pièce théâtrale à un personnage : "La Contrebasse", qui sera jouée pour la première fois à Munich en 1981. Elle sera publiée en 1984. Cette pièce est jouée régulièrement depuis sa création en Allemagne et a été jouée à Paris avec Jacques Villeret, dans le rôle titre.
Le Parfum est son premier roman édité pour la première fois en 1985 à Zurich, sous le titre Das Parfum, Die Geschichte eines Mörders, puis traduit en français par Bernard Lortholary en 1986 avant d'être réédité par Fayard. Il vaut à son auteur un succès mondial. (Source : Babélio)

 

L'histoire :

 

Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s'appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre que lui n'aurait pas survécu. Mais Grenouille n'avait besoin que d'un minimum de nourriture et de vêtements, et son âme n'avait besoin de rien.

Or ce monstre de Grenouille, car il s'agissait bel et bien d'un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l'univers, car « qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le coeur des hommes ».
C'est son histoire, abominable… et drolatique, qui nous est racontée dans Le Parfum, un roman très vite devenu un best-seller mondial, et aujourd'hui porté à l'écran. (Source : éditeur)

 

Ce que j'ai aimé :

 

 Jean-Baptiste Grenouille est un être fascinant, à la fois diaboliquement écoeurant, mais aussi artistiquement attirant. Doté d'un nez exceptionnel, il devient un esthète en matière de parfum et élabore les plus envoûtants parfums du siècle. Mais son projet ultime liée à sa fascination des jeunes filles pures l'éloigne peu à peu des sentiers battus. 

 

Par un récit dynamique teinté d'humour, l'auteur, comme Grenouille avec ses flagrances, transforme cette plongée dans le monde d'un assassin en oeuvre d'art parfaitement calibrée. Il parvient également à nous faire sentir les parfums créés par cet homme hors du commun, mais surtout, il nous fait ressentir l'absolue nécessité pour Grenouille de tuer ses victimes innocentes avant qu'elles ne soient perverties par le monde et la société, pour leur offrir un écrin d'éternité dont il pourra s'enivrer jusqu'à pamoison. 

 

Profondément ancré dans la réalité de l'époque, le roman nous emmène au coeur du Paris du XVIIIème avec par exemple la destruction des maisons du pont au Change, les évolutions des parfumeurs, ou encore la révolution culturelle et scientifique qu'ont constituée les Lumières : 

 

« Dans tous les domaines,, on pose des questions, on farfouille, on cherche, on renifle et on fait des expériences à tort et à travers. Il ne suffit plus de dire ce qui est et comment c'est : il faut maintenant que tout soit prouvé, de préférence par des témoins et des chiffres et je ne sais quelles expériences ridicules. Ces Diderot, d'Alembert, Voltaire, Rousseau, et autres plumitifs dont le nom m'échappe, (...), ils ont réussi ce tour de force de répandre dans toute la société cette inquiétude sournoise, leur joie maligne de n'être satisfaits de rien et d'être mécontents de toute chose en ce monde, bref, l'indesdcriptible chaos qui règne dans leur tête. » p.74

 

L'originalité du sujet aux accents fantastiques a fait de ce roman un classique aux accents atemporels, l'un des romans les plus connus de la littérature allemande et qui a été adapté au cinéma en 2006.

 

 

Premières phrases :

 

« Au XVIIIè siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables. C'est son histoire qu'il s'agit de raconter ici. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le pigeon

 

Le parfum, Histoire d 'un meurtrier, Patrick Suskind, traduit de l'allemand par Bernard Lortholary, Le livre de poche, janvier 1998,5,60 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Printemps des poètes 2014

Publié le par Hélène

Or, pour moi, la culture, c’est tout ce qui refuse les similitudes, l’immobilisme des racines, les miroirs de la mémoire close, tout ce qui refuse ou écarte le semblable ou le similaire pour rechercher ce qui est différent, ce qui est dissemblable. Etre cultivé aujourd’hui, ce n’est pas lire Tacite ou Homère dans le texte (ça c’est l’érudition), ce n’est pas non plus connaître par cœur les composantes chimiques du sol de Mars ou de Saturne, c’est simplement admettre jusqu’en sa propre création la culture des autres, c’est même au besoin se mêler à elle et la mêler en soi. Etre cultivé aujourd’hui, c’est porter en soi à sa mort des mondes plus nombreux que ceux de sa naissance. C’est s’enrichir et s’agrandir en se tissant, se métissant de la culture des autres.

Jacques Lacarrière


Extrait de « Nous ne sommes plus des paramécies »
Texte publié dans la revue Gulliver (93)

Publié dans Poésie française

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Juste après la pluie de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

                                                  

 

♥ ♥ 

« La vie est un voyage infâme sur le dos d’une bulle d’air

C’est fou ce que ça brille une larme. » (p. 243)

 

L’auteur :

http://etc-iste.blogspot.fr/

 

L’histoire :

« Songer, certains dimanches de grands vents pleins de poussières et de lumière, à s’ouvrir le ventre du sol au plafond. Pour aérer à l’intérieur ». C’est par ces mots que commence Juste après la pluie.

Tandis que d’autres s’étirent et ouvrent les volets Thomas Vinau, depuis longtemps, écrit de la poésie. Chaque matin.

Après Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (2011), Ici ça vaet Le Bric à brac hopperien, (2012) voici donc, écrit dans la même veine que les romans, un gros livre de petits poèmes conçu comme un livre d’usage et de combat pour tous les jours. Un livre qui caresse, tempête et tient tête.

« Je défends une poésie sans chichis, une poésie du présent. Je veux qu’elle dise cet au-delà de nous, qu’elle écope cet essentiel, ce qu’il nous reste après la tempête et les mensonges, mais sans grands gestes. Je travaille beaucoup sa simplicité. Elle doit sentir l’odeur de chaque matin, être comme ces nuages suaves et sombres formés par des milliers d’oiseaux dans l’automne. » (Présentation de l’éditeur)

 

Mon avis :

Thomas Vinau prône une poésie de l’infime, du quotidien dans lequel il ne se passe pas grand-chose si ce n’est une femme qu’on aime, un enfant qui s’amuse et la pluie qui tombe sur le monde et sur nos espoirs et désillusions.

« Je défends une poésie sans chichi, sans lyrisme excessif, une poésie du présent. » (p. 271)

Continuer

« Beaucoup de choses

Se bousculent en moi

Beaucoup de colère

Et d’amour

De la peur aussi

Bien sûr

Cette tendresse

De prédateur

Cette impression de vivre

Comme un ciel d’orage

Orange

Balafré de soleil. » (p. 24

Recyclage

« Je me sers

D’un toboggan d’enfant

Comme chaise longue

Je me sers

De l’herbe haute

Comme déodorant

Je me sers

Du ciel foutraque

Comme cahier de brouillon. » (p. 147)

Mais il est très difficile de dire l’infime,  et quelquefois un éclat de magie transparait entre les lignes, mais quelquefois aussi le poème tombe à plat, trop banal pour être noté.

A flirter avec la simplicité, on risque de rencontrer la médiocrité, tant la frontière est ténue.

Un recueil que je qualifierais donc d'inégal, je n'ai pas été totalement charmée par cette poésie chantre de la simplicité.

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Nos cheveux blanchiront avec nos yeux Ici ça va  ; Bric à brac hopperien  

Autre : les livres de Christian Bobin :  Les ruines du ciel  La part manquante  ; L’homme-joie Eloge du rien  ; La dame blanche 

 

D’autres avis :

Antigone ; Nadael ; Aifelle

 

Juste après la pluie, Thomas Vinau, Alma éditeur, 2014, 281 p., 17 euros

 

tous les livres sur Babelio.com

Publié dans Poésie française

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Garulfo de AYROLES et MAIORAMA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Une série agréable, divertissante et drôle.

 

Les dialogues sont savoureux et les clichés liés aux contes et histoires classiques de chevaliers et de princesses sont habilement tournés en dérision. 

Elle est à la fois un conte philosophique offrant une belle réflexion sur notre humanité, un conte écologique, un conte romantique... Bien rythmée, elle offre un agréable moment de lecture.

Garulfo est une jeune grenouille qui rêve de devenir un être humain. Il va y parvenir grâce à l'aide d'une sorcière, d'une servante qui lui octroiera le célèbre baiser. Ainsi, la grenouille devient le beau prince Garulfo, pour son plus grand bonheur, il appartient enfin à l'espèce animale la plus évoluée. Malheureusement, les hommes se révèlent être de bien piètres compagnons, bien loin de Fulbert le canard, son ami qui pourtant l'avait prévenu... 


Il s'agit d'une bande dessinée fantasy centrée sur la transformation de grenouilles en hommes et réciproquement. Les animaux semblent plus sensés que les hommes peints cruels, idiots, très éloignés de l'image idéale qu'en avait Garulfo. Le scénario reprend de nombreux contes classiques et les intègre à son scénario avec humour et intelligence.

Les dessins sont à l'image de l'histoire : drôles et vivants. Les détails sont soignés, preuve en est dans les arrière-plans souvent savoureux. Le jeune Garulfo est parfait en jeune naïf que tout émerveille, et la belle princesse tout à fait sexy avec ses épaules dénudées. L'ensemble rend bien l'esprit de l'époque et des contes classiques peuplés de dragons et de princesses.

 

Les auteurs  et l'histoire:

http://www.editions-delcourt.fr/catalogue/bd/garulfo_1_de_mares_en_chateaux

 

Garulfo, Maiorama et Ayroles, Delcourt, 12.90 euros le tome en sachant qu'il y a 6 tomes

 

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La recette magique de tante Palma de Francisco AZEVEDO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Quels sont les ingrédients pour une famille unie ?

L’auteur :

 Romancier, dramaturge, scénariste et poète, Francisco Azevedo (Rio de Janeiro, 1953) a aussi travaillé pour le cinéma et la télévision. Nombre de ses pièces de théâtre - Unha e carne, Coraçao na boca, A casa de Anais Nin- ont connu un grand succès. O arroz de Palma (La recette magique de tante Palma), son premier roman, est un best-seller au Brésil. (Source : babélio)

 

L’histoire :

  Tante Palma était une sorte de mère. C'est la première féministe que j'ai connue. Elle disait que "célibataire" n'était pas un état civil mais un état de grâce. »

Au beau milieu de la grande cuisine familiale de la fazenda, Antonio attend l'arrivée de son arrière-petit-fils. Son esprit s'envole, les souvenirs l'assaillent. Tante Palma surgit.
Jeune, audacieuse, indépendante, elle captive ses neveux et nièces. Un véritable théâtre à elle seule, créant chaque jour la surprise. À commencer par cet étrange cadeau de mariage qui rythmera les joies et désespoirs de toute la famille sur quatre générations : le riz ramassé sur le parvis de l'église, le jour du mariage de José et de Maria Romana. Qui aurait pu imaginer que, presque cent ans plus tard, leur fils Antonio serait encore en train de cuisiner ce riz aux vertus saisissantes... (Source : éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 Pour faire une famille, il faut savoir être un cuisinier hors pair tant l'alliance des ingrédients est délicate. Antonio l'a bien compris, lui qui a été attentif toute sa vie à sa famille et à son union ou désunion. A quatre vingt huit ans, il se souvient de ses efforts, et évoque avec tendresse et bienveillance sa tante Palma, pilier de la famille, philosophe et magicienne à ses heures. 

« Ce que je peux dire, moi, cuisinier vétéran, c’est que, même si cela manque d’inspiration, même si cela est insipide, la famille est un plat que vous devez tenter de faire et de goûter. Si vous pouvez le savourer, savourez-le. »

 « Créateurs de nous-mêmes, nous nous inventons et réinventons sans trêve, au quotidien. A chaque expérience, bonne ou mauvaise, naît un autre moi dont nous sommes l’auteur. Le talent est donné à tous, sans exception. Par instinct et par vocation, nous tous nous concevons, nous esquissons, nous mettons au propre et nous présentons au public dans la version que nous jugeons la moins mauvaise la plus convaincante. »

Antonio nous donne une magnifique leçon de vie et d'amour, sans pour autant occulter ses propres errements et erreurs. 

Pour une fois un roman sans catastrophes, sans pathos excessif, juste la vie, comme elle va, de la vie à la mort, avec ses naissances, ses mariages, ses disputes, ses mésententes, ses réconciliations, ses apprentissages au fil des années.  

Un doux récit nostalgique agréable. 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 -Rien 

  Premières phrases :

 « Me voici dans la fazenda. Me voici dans la cuisine, à quatre heures et quelque du matin. Isabel dort, le soleil tarde. Me voici, un vieillard de quatre-vingt-huit ans. Pour les plus jeunes, Grand père éternel, celui qui n’a pas eu de début et n’aura pas de fin, celui qui est venu au monde avec ce visage ridé. »

 

Vous aimerez aussi :

Chocolat amer de Laura ESQUIVEL 

 

D’autres avis :

 Lecture commune avec Loo

 

 

La recette magique de Tante Palma, Francisco Azevedo, traduit du portugais (Brésil) par Daniel Matias, Autrement, janvier 2014, 21 euros

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Kiffe kiffe demain de Faïza GUENE

Publié le par Hélène

                                            Kiffe_kiffe_demain.jpg

♥ ♥

L’auteur :

 Faïza Guène est une romancière et réalisatrice.

Française d'origine algérienne, elle est la cadette d'une famille de trois enfants. Elle a grandi et vit dans la cité des Courtillières à Pantin.

Au collège, elle participe aux ateliers de lecture et doit réaliser pour le journal de l'établissement un reportage sur l'association " Les engraineurs " qui propose aux jeunes du quartier un atelier d'écriture cinématographique. Faïza Guène n'a jamais quitté l'association depuis ce reportage. Grâce à l'association, elle réalise en 2002, son premier court-métrage, RTT qui raconte l'histoire de Zohra, mère célibataire joué par Mme Guène. Le film remporte trois prix dans les festivals. Cinq courts-métrages suivront et un documentaire sur le 17 octobre 1961. 

Son premier roman, Kiffe kiffe demain, a été l'une des meilleures ventes de l'année 2004. Elle publie en 2006 Du rêve pour les oufs, puis, en 2008, Les gens du Balto, aux éditions Hachette Littératures.

 

L’histoire :

Doria a 15 ans, un sens aigu de la vanne, une connaissance encyclopédique de la télé, et des rêves qui la réveillent. Elle vit seule avec sa mère dans une cité de Livry-Gargan depuis que son père est parti un matin dans un taxi gris trouver au Maroc une femme plus jeune et plus féconde. Ça, chez Doria, ça s'appelle le mektoub, le destin : " Ça veut dire que quoi que tu fasses, tu te feras toujours couiller. " Alors autant ne pas trop penser à l'avenir et profiter du présent avec ceux qui l'aiment ou font semblant. Sa mère d'abord, femme de ménage dans un Formule 1 de Bagnolet et soleil dans sa vie. Son pote Hamoudi, un grand de la cité qui l'a connue alors qu'elle était " haute comme une barrette de shit ". Mme Burlaud, sa psychologue, qui met des porte-jarretelles et sent le Parapoux. Les assistantes sociales de la mairie qui défilent chez elle toujours parfaitement manucurées. Nabil le nul qui lui donne des cours particuliers et en profite pour lui voler son premier baiser. Ou encore Aziz, l'épicier du Sidi Mohamed Market avec qui Doria essaie en vain de caser sa mère. Il se mariera sans les inviter ? Peu importe, " Maman et moi on s'en fout de pas faire partie de la jet-set ". Kiffe kiffe demain est d'abord une voix, celle d'une enfant des quartiers. Un roman plein de sève et d'humour.

 

Ce que j’ai aimé :

Doria, jeune fille appartenant à la deuxième génération d’émigrés algériens en frace, nous raconte son quotidien dans la cité de Livry Gargan. Elle nous offre ainsi un point de vue de l’intérieur des banlieues. Avec beaucoup de recul et d’humour elle évoque sa mère illetrée, son père qui a déserté le foyer familial, les assistantes sociales qui défilent, sa psychologue, ses amis, Hamoudi, Nabil qui lui donne des cours particuliers…

Son récit est dynamique et drôle là où il pourrait être déprimant, Doria portant un regard empli de tendresse et d’optimisme pour sa cité. Elle n’occulte pas ses dérives, la détresse des femmes, la délinquance des jeunes, la prison pour certains, les trafics en tous genre,  les vols, l’argent qui manque sans cesse et oblige à s’habiller au secours populaire ou desna les vide greniers…

« L’avenir ça nous inquiète mais ça ne devrait pas, parce que si ça se trouve, on en a même pas. On peut mourir dans dix jours, demain ou tout à l’heure, là, juste après. » (p. 22)

Alors bien sûr, Doria s’interroge sur son avenir, comme tous les jeunes de son âge :

« Le problème, c’est qu’en cours, je suis nulle. Je touche la moyenne juste en arts plastiques. C’est déjà ça mais je crois que pour mon avenir, coller des feuilles mortes sur du papier canson, ça va pas trop m’aider. » (p. 24)

Leurs rêves sont à leur image, simples et baignant dans leur univers comme pour Nabil qui rêve de participer au Bigdil et de gagner la voiture.

« C’est peut-être ça la solution : garder toujours un petit espoir et ne plus avoir peur de perdre. » (p. 130)

Mais cette vie de bric et de broc est éclairée par une tendresse infinie pour sa mère et pour son monde. L’humour, l’espoir illumine le récit.

 

Premières phrases :

 « C’est lundi et comme tous les lundis, je suis allée chez Mme Burlaud. Mme Burlaud, elle est vieille, elle est moche et elle sent le Parapoux. Elle est inoffensive mais quelquefois, elle m’inquiète vraiment. Aujourd’hui, elle m’a sorti de son tiroir du bas une collection d’images bizarres, des grosses taches qui ressemblaient à du vomi séché. Elle m’a demandé à quoi ça me faisait penser. Je lui ai dit et elle m’a fixée de ses yeux globuleux en remuant la tête comme les petits chiens mécaniques à l’arrière des voitures. »

 

Kiffe kiffe demain, Faïza Guène, Le libre de poche ; 2004 ; 5 euros

Publié dans Jeunesse Roman

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