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1260 résultats pour “vie parfaite

Stoner de John WILLIAMS

Publié le par Hélène

stoner

♥ ♥ ♥ 

 

L’auteur :

 John Williams (1922-1994), né au Texas a étudié au Colorado et obtenu son doctorat dans le Missouri où il a fait ses premiers pas de professeur. Après avoir servi dans l’armée de l’air de 1942 à 1945, il a enseigné la littérature et l’art d’écrire pendant trente ans à l’université de Denver. Il est l’auteur de deux recueils de poèmes, d’une anthologie sur la poésie anglaise de la Renaissance et de quatre romans, dont Stoner, publié en 1965.

 

L’histoire :

 Né pauvre dans une ferme du Missouri en 1891, le jeune William Stoner est envoyé à l’université par son père – et au prix de quels sacrifices –, pour y étudier l’agronomie. Délaissant peu à peu ses cours de traitement des sols, ce garçon solitaire découvre les auteurs, la poésie et le monde de l’esprit.

 

Présentation d’Anna Gavalda :

C’est en lisant une interview de Colum McCann parue dans le quotidien anglais The Guardian il y a quelques années que j’ai découvert Stoner de John Williams. McCann affirmait que ce roman, publié en 1965, était un grand oublié de la littérature américaine, ajoutait qu’il en avait déjà acheté plus d’une cinquantaine d’exemplaires pour l’offrir à ses amis et que c’était un texte qui touchait autant les écrivains que les simples lecteurs. Cette précision m’avait mis la puce à l’oreille et je m’étais empressée de le lire. De le lire, de l’aimer et d’avoir envie de le partager à mon tour. Hélas, il n’avait jamais été édité en français. La suite est simple : j’ai demandé à mon éditeur d’en acquérir les droits, ai vaguement cherché un traducteur patenté et ai fini par m’avouer ce que je savais déjà, à savoir que William Stoner, c’était moi, et que c’était à moi de m’y coller. Pour le meilleur, pour ce « vertige de l’orpailleur » évoqué dans le chapitre IX – expression qui n’est pas dans le texte original et que je me sais gré d’avoir inventée – ceux qui liront jugeront, et pour le pire: des heures et des heures passées arc-boutée sur un bout de phrase que je comprenais, que je « voyais » mentalement, mais qu’il m’était impossible de traduire… Pourquoi tant d’enthousiasme et tant de peines ? Je ne sais pas. Voilà un roman qui n’a rien de spectaculaire. Le récit d’une vie âpre, austère, une vie de prof, une vie passée sous silence et tout entière consacrée à la littérature, bref pas très sexy, j’en conviens et n’en espère aucun miracle, mais je suis bien heureuse d’avoir été au bout de ce projet. D’une part parce qu’il m’a beaucoup appris sur « le métier », toutes ces histoires de légitimité, de liberté, de respect dû à une voix plutôt qu’à une langue m’ont passionnée, d’autre part parce c’est un roman qui ne s’adresse pas aux gens qui aiment lire, mais aux êtres humains qui ont besoin de lire. Or, avoir besoin de lire n’est pas forcément un atout, ce peut être, même, souvent, un handicap. Se dire que la vie, bah… tout compte fait, n’est pas si importante que ça et que les livres pareront à ses manquements, c’est prendre le risque, souvent, de passer à côté. William Stoner donne cette impression de gâchis. D’ailleurs c’est une question qui le hante au moment de sa mort : parce que j’ai aimé lire plus que tout, j’ai déçu mes parents, perdu des amis, abîmé ma famille, renoncé à ma carrière et eu peur du bonheur, ai-je raté ma vie ?

Quelques battements de cils plus tard, il y répond et, en essayant de le servir le mieux possible, j’y ai répondu aussi. Car en vérité, et nous pouvons l’avouer, que nos vies soient ratées ou pas nous importe moins que cette question posée par un professeur à ce jeune homme gauche, fruste et solitaire qui n’a encore jamais mis les pieds dans une bibliothèque et qui deviendra mon héros :

« M.Stoner, M.Shakespeare s’adresse à vous à travers trois siècles. L’entendez-vous ? »

Anna Gavalda

   

Ce que j’ai aimé :

 Stoner est un roman brut, sans fioritures, qui va droit à l’essentiel,  bien campé dans un style direct et incisif. Il évoque la vie d’un homme ni plus brillant, ni plus intelligent qu’un autre, un homme qui se laisse porter par les évènements sans songer à résister et assume jusqu’à la fin l’implication de ses choix. Un homme ordinaire qui va placer la littérature au centre de son univers, parce qu’elle seule a ce pouvoir rédempteur et consolateur, insufflant ainsi aux vies qui la frôlent un semblant d’éternité et de bonheur.

 « Il comprenait le rôle de la grammaire et percevait comment, par sa logique même, elle permettait, en structurant un langage, de servir la pensée humaine. De même, en préparant de simples exercices de rédaction, il était frappé par le pouvoir des mots, par leur beauté, et avait hâte de se lancer enfin pour pouvoir partager toutes ces découvertes avec ses étudiants. » (p. 39)

 L’amour même sera souffrance pour Stoner, marié à une femme névrosée, profondément instable, il vivra une passion tumultueuse mais sans avenir avec une jeune étudiante. Sa femme lui offrira une enfant, Grace, qui aurait peut-être pu le sauver, mais qui s'éloignera inéluctablement, poussée par cette mère au mal-être cruel et assassin.  

 « Quand il était très jeune William Stoner pensait que l’amour était une sorte d’absolu auquel on avait accès si l’on avait de la chance. En vieillissant il avait décidé que c’était plutôt la terre promise d’une fausse religion qu’il était bon ton de considérer avec un scepticisme amusé ou un mépris indulgent, voire une mélancolie un peu douloureuse. Mais maintenant qu’il était arrivé à mi-parcours, il commençait à comprendre que ce n’était ni une chimère ni un état de grâce, mais un acte humain, humblement humain, par lequel on devenait ce que l’on était. Une disposition de l’esprit, une manière d’être que l’intelligence, le cœur et la volonté ne cessaient de nuancer et de réinventer jour après jour. » (p. 267)

 La vie universitaire lui apportera quelques brèves consolations bien que là aussi, les conflits passionnés grèvent souvent sa tranquillité… William est un homme faible qui cherche seulement à s'abstraire d'une réalité inadaptée pour connaître quelques fulgurances libératrices. 

 Stoner nous offre le portrait émouvant d’un homme passionné pour qui la littérature sera le dernier espoir…  

Ce que j’ai moins aimé :

 Les passages dédiés à la littérature pure sont plutôt rares, même si la passion de cet homme pour son domaine demeure en filigrane tout au long du roman.

 

 Premières phrases :

 « William Stoner est entré à l’université du Missouri en 1910. Il avait dix-neuf ans. Huit ans plus tard, alors que la Première Guerre Mondiale faisait rage, il obtient son doctorat et accepte un poste d’assistant dans cette même université où il continuera d’enseigner jusqu’à sa mort en 1956. »

 

Vous aimerez aussi :

 L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet de Reif LARSEN

 

D’autres avis :

 Presse : Télérama  Sur le site du Dilettante

 Blog : Papillon Antigone Kathel Théoma Nico

  

Stoner, John Williams, traduit de l’anglais (EU) par Anne Gavalda, Le Dilettante, août 2011, 384 p., 25 euros

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Montedidio de Erri DE LUCA

Publié le par Hélène

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♥ ♥

Prix Fémina étranger 2002

 

L’auteur :

 D'origine bourgeoise, il est destiné à une carrière de diplomate. Il s'y refuse, rompt avec sa famille et en 1968, embrasse le mouvement de révolte ouvrière. Il intègre le mouvement d'extrême gauche : Lotta continua, dont il sera dirigeant de la fin des années soixante au début des années soixante-dix.
Il multiplie les métiers manuels : ouvrieir spécialisé chez fiat à Turin, manutentionnaire à l'aéroport de Catane, maçon en France et en Afrique, conducteurs de camions.
Bien qu'il se dise athée, il lit quotidiennement la bible et a appris l'hébreu ancien pour pouvoir lire et traduire les textes sacrés.
C'est un passionné d'alpinisme, sujet sur lequel il a écrit de nombreux articles.
Pendant la guerre de Yougoslavie, il s'engage comme conducteur auprès d'une association humanitaire, et convoie des camions de ravitaillement en Bosnie.
Bien qu'il ait commencé à écrire à l'âge de vingt ans, son premier livre ne paraît qu'en 1989, et obtient le prix Femina en 2002 pour Montedidio.
Il collabore au Matino, principal journal napolitain et à d'autres périodiques La republica, il manifesto).
Il vit actuellement près de Rome. (source : Babélio)

 

L’histoire :

 Montedidio, le " mont de Dieu ", emprunte son titre à un quartier populaire de Naples où vit le narrateur, un garçon de treize ans, dans l'immédiat après-guerre. Apprenti menuisier, il grandit dans une famille modeste où on parle le napolitain, mais il s'efforce de noter ses impressions en italien sur un grand rouleau de papier dont l'imprimeur du quartier lui a fait cadeau.
Sa vie évolue entre son père, ouvrier dans les docks, sa mère, malade, son maître Errico qui lui enseigne les rudiments de la menuiserie, et surtout don Rafaniello, un survivant de la Shoah échoué à Montedidio.

 En de brefs chapitres, c'est toute une communauté humaine qui prend corps sous la plume du narrateur qui, en écrivant sa vie, laisse derrière lui son enfance. (Source : éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 Avec retenue et émotion, Erri De Luca évoque cet âge délicat situé entre l'enfance et son univers doré insouciant, et l'âge adulte avec ses prises de conscience quelquefois moins gaies.

Le jeune narrateur a reçu un boomerang de son père, objet de tous les possibles, qu'il ne peut pas laisser échapper par manque d'espace, d'envergure. Il se contente de s'exercer au mouvement, rêvant de le laisser s'échapper. Son compagnon de route Rafaniello rêve lui aussi : bossu, il attend le bon moment pour déployer ses ailes. Parce que l'adolescence est cet espace d'attente, tout est encore possible, rien n'est fermé.

Le narrateur commence à travailler et devient ainsi un homme, un peu. Sa voix mue, il découvre les émois de la chair avec la jeune Maria qui trouve dans l'amour du jeune homme un exutoire à une vie triste. Jour après jour, page après page, il quitte l'enfance. Il découvre aussi les âpretés de la vie, la pauvreté de Maria, la maladie de sa mère, les persécutions des hommes qui profitent de la faiblesse de certains... Mais porté par l'amour de son père, de ses amis et de  Maria, il apprend à évoluer dans un monde en demi-teinte.

Un roman douceureux, doux amer empli de poésie et du vent qui siffle au-dessus de leurs têtes, comme un danger intrinsèque à la vie qui les pousse à se serrer plus étroitement les uns contre les autres, pour mieux s'épauler face aux adversités de la vie : 

"Assis l'un près de l'autre, par terre, contre le parapet, à l'abri de la couverture, nous passons le temps, compères du vent qui se moque des fils vides des étendoirs et des antennes de tlévision. il siffle au-dessus de nous, trouve notre abri et nous donne une bourrade, pour qu'on se serre encore plus fort." p. 142

 

Ce que j’ai moins aimé :

-Rien.

 

Premières phrases :

« A iurnata è nu muorzo » ? La journée est une bouchée, c’est la voix de mast’Errico devant sa boutique. Moi, j’étais déjà là depuis un quart d’heure pour bien commencer ma journée de travail. Lui, il arrive à sept heures, relève le rideau métallique et dit sa phrase d’encouragement : la journée est une bouchée, elle est courte, il faut se remuer. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  Trois chevaux de Erri DE LUCA ; En haut à gauche de Erri DE LUCA Le contraire de un d’Erri DE LUCA Le poids du papillon de Erri DE LUCA Le jour avant le bonheur de Erri DE LUCA

Autre :  Littérature Europe du Sud

 

D’autres avis :

 Papillon 

 

Montedidio, Erri de Luca, traduit par Danièle Valin, Folio, octobre 2003, 240 p., 6.80 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Chers aventuriers de Vincent NOYOUX

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

« En prenant conscience de ses possibilités, de ses peurs, de son courage, de ses limites, l’aventurier se dévoile. » (p. 136) (Jean-Louis Etienne)

L’auteur :

Vincent Noyoux a été auteur de guides de voyage chez Gallimard avant de devenir reporter indépendant. Il a publié chez Stock Touriste Professionnel (2012). (Présentation de l'éditeur)

  L’histoire :

 « “La Terre est une vieille prostituée. Elle se vend partout”, écrivait Pierre Mac Orlan. Partir à l’aventure aujourd’hui, c’est essayer de bander devant une vieille tapineuse. Pourtant, pas un jour ne passe sans qu’un olibrius ne s’élance dans quelque coin hostile du globe. Tout à la fois interpellé et agacé, j’ai voulu comprendre pourquoi et dans quel but. À quoi servent les aventuriers d’aujourd’hui : navigateurs, explorateurs, écrivains voyageurs ? Assouvissent-ils un plaisir égoïste ou accomplissent-ils une tâche d’utilité publique ? »
 
Qu’ils gravissent des sommets inviolés, qu’ils franchissent des océans furieux ou qu’ils traversent des espaces désolés, les aventuriers déroutent. Vincent Noyoux en a rencontré neuf. Neuf individus qui, un beau jour, ont décidé de tout plaquer pour mener une existence faite d’incertitudes et d’audace, de maladies tropicales et d’horizons lointains. Il livre avec une juste mesure d’ironie et de tendresse le portrait de chacun, en tentant de répondre à toutes les questions que posent ces anticonformistes habités par le goût du risque. (Présentation de l’éditeur)

 Ce que j’ai aimé :

 Vincent Noyoux nous convie à la rencontre d'aventuriers modernes, d'hommes et de femmes qui ont cherché à travers le monde à vivre intensément, follement parfois, en se frottant au monde et à leurs propres limites.

Jean-Louis Etienne  le spécialiste des pôles

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Patrice Franceschi

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Mike Horn le « demi-dieu de l’aventure »

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Antoine de Maximy celui qui s’invite chez vous

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Bertrand Piccard qui aime voyager en montgolfiere

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Sonia et Alexandre Poussin les époux altruistes

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Sylvain Tesson

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Isabelle Autissier la navigatrice la plus mystérieuse qui ne semble pas s’être beaucoup livrée

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Vincent Noyoux les a rencontrés et s'est intéressé à leur parcours ainsi qu'à leurs motivations. Sur un ton humoristique frais et décapant, il nous livre des refléxions philosophiques, sociologiques, sur ces aventuriers modernes :

Franceschi : « La vie est moins importante que la liberté, la fraternité et l’égalité de droit. La vie ne vaut que s’il y a tout ça. Je plains les gens qui ne savent pas pour quoi ils sont prêts à mourir. » souligne ce rebelle renégat qui s’est engagé dans la guerre en Afghanistan en 1979.

« D’autres questions toutes aussi cruciales furent abordées au cours des deux entretiens que l’aventurier me consacra. Quel sens donne-t-on à sa vie ? La vie l’emporte-t-elle sur la liberté ? Qu’apprend-on au cours de son existence ? Le monde comment ça marche ? Les autres, c’est qui ? Nous devrions tous rencontrer un Patrice Franceshi au moins une fois.  Sous ses airs de barbouze au cuir tanné, il surgit dans votre vie comme un contrôle de philo surprise. » p. 55

« Les aventuriers ne servent pas à mesurer  l’épaisseur de labanquise, à promouvoir les énergies renouvelables, ni à former de jeunes citoyens du monde. Ils ne servent pas non plus à nous faire rêver, même si certains y arrivent. Ils servent avant tout à nous montrer ce que sont le courage, la volonté, l’humilité, la patience. » p. 226

Des rencontres fascinantes, des conversations passionnantes, ce petit recueil est à conseiller, il offre un vrai bol d’air !

 Ce que j’ai moins aimé :

-Rien

 Premières phrases :

 « C’est un mouvement sans fin. Chaque année, chaque mois, chaque semaine, des hommes et des femmes partent au bout du monde pour réaliser quelque chose de difficile, de dangereux et d’absolument inutile. Certains veulent gravir des sommets trop hauts, d’autres franchir des déserts trop arides, d’autres encore naviguer à contre-courant. Et que ça traverse l’Alaska sauvage et que ça explore les hautes vallées du Pakistan…

Nous avons tous, autour de nous, un original qui a décidé de vaincre l’Atlantique à la rame ou les steppes de Mongolie en side-car. »

 Vous aimerez aussi :

 

Sylvain Tesson :  Une vie à coucher dehors Dans les forêts de Sibérie ;  Géographie de l’instant 

Mike Horn : Latitude zéro

Isabelle Autissier : L’amant de Patagonie  

Les époux Poussin : Africa trek

Patrice Franceschi : Avant la dernière ligne droite

Antoine de Maximy : ses vidéos

Bertrand Piccard : http://bertrandpiccard.com/accueil?width=1920#1

 

Chers aventuriers, Vincent Noyoux, stock, octobre 2013, 240 p., 22 euros

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Publié dans Récits de voyage

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A quand les bonnes nouvelles de Kate ATKINSON

Publié le par Hélène

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♥ 

 Ce roman n’est ni un roman policier, ni un essai philosophique, mais  simplement un roman bien construit, drôle et profond à la fois, dans lequel chacun peut trouver les réponses à certaines des questions qu’il se pose .

 

L’auteur :

 

Kate Atkinson est une écrivaine américaine installée à Edimbourg. Son premier roman Dans les coulisses du musée publié en 1996 a connu un très beau succès.

 

L’histoire :

 

Alors qu’elle n’est encore qu’une enfant, Joanna assiste à l’assassinat sanglant de sa mère, de sa sœur et de son petit frère. Encouragée par sa mère mourante elle parvient à s’enfuir et échappe au massacre. L’auteur du crime est arrêté et jeté en prison.

Trente ans plus tard Joanna est une femme qui semble comblée : médecin, elle est mariée à Neil, un mari attentionné, et est maman d’un petit garçon, Gabriel. Elle a la chance de rencontrer de surcroît une « nounou » idéale en la personne de Reggie.

Reggie quant à elle a une vie plutôt chaotique, elle vient de perdre sa mère et est dotée d’un frère fréquentant des milieux peu recommandables… Cet emploi chez Joanna est pour elle une seconde chance, elle trouve là comme une seconde famille.

Aussi, quand, peu de temps après la sortie de raison de l’assassin de sa famille Joanna disparaît, Reggie va remuer ciel et terre pour la retrouver. Elle fera appel pour ce faire à Louise Monroe, inspecteur en chef  et à Jackson Brodie, détective privé rencontré par hasard.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-         Si cette disparition semble être au centre du roman - sans doute pour appâter le lecteur avide de romans à la trame policière - elle n’est pourtant que prétexte pour aborder des sujets bien plus profonds. Dans ce monde loufoque à la Kate Atkinson, il ne faut pas se fier aux apparences. Les personnages sont beaucoup plus denses qu’ils n’y paraissent, comme la vie beaucoup plus complexe qu’elle ne le semble. Comme le dit un des personnages :

 

« Tout resterait un mystère. Ce qui signifiait, si on y réfléchissait bien, qu’on devait essayer de clarifier les choses au maximum pendant qu’on était encore en vie. Trouver les réponses, résoudre les mystères, être un bon détective. Un croisé. »

 

-         La question du hasard est au cœur du roman, en filigrane. Le train tranquille d’une vie peut dérailler à chaque seconde - plusieurs des personnages outre Joanna en feront l’expérience - l’être humain devant alors puiser assez de force pour continuer à avancer vers la lumière.

 

-         Cette force, Joanna la trouve dans l’amour : « L’important c’est l’amour » répète-t-elle souvent. Amour d’un enfant, amour du prochain, amour dans le couple, amour de la vie tout simplement pour celle et ceux qui sont des rescapés. Et au fond nous sommes tous de cette espèce, puisque la vie est un risque permanent. Si nous sommes encore là, vivants, heureux, c’est sans aucun doute parce que la grande faucheuse nous a épargnés … « Trouver les réponses » pour tenter l’aventure, ce serait lutter contre le hasard en rectifiant sans cesse les trajectoires…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-         Je n’ai rien à redire

 

Premières phrases :

 

« La chaleur qui s’élevait du macadam semblait emprisonnée par les hautes haies qui les dominaient comme des remparts.

« Accablante », dit leur mère. Elles se sentaient emprisonnées aussi. « On se croirez dans le labyrinthe de Hampton Court, dit leur mère. Vous vous souvenez ?

-         Oui, dit Jessica.

-         Non, dit Joanna.

-         Tu n’étais qu’un bébé, dit leur mère à Joanna. Comme Joseph aujourd’hui. » Jessica avait huit ans, Joanna six. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Le mec de la tombe d’à côté de Katarina MAZETTI

 

A quand les bonnes nouvelles, Kate ATKINSON, Editions de Fallois, août 2008, 366 p., 20 euros

POCHE : A quand les bonnes nouvelles, Kate ATKINSON, Livre de poche, octobre 2009, 466 p., 6.95 euros

 

D'autres avis chez : Keisha, Aifelle, Clara.

Publié dans Littérature Europe

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Un si beau diplôme de Scholastique MUKASONGA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Scholastique Mukasonga revient en ces pages sur son parcours, et sur l'obtention de ce diplôme qui n'a pas été sans poser des problèmes, mais qui, paradoxalement, lui a sauvé la vie. Son père l'encourage en effet à travailler en vue d'obtenir le certificat pour devenir assistante sociale. Elle atteindra ainsi un niveau d'études qui devrait l'abstraire de cette catégorisation entre tutsi et hutu. Seulement trouver des postes s'avère difficile pour une tutsi, la jeune femme devra s'exiler au Burundi, à Djibouti puis en France.

"Cosmas, mon père, je peux dire que je lui dois deux fois la vie. D'abord, c'est mon père, mais c'est lui aussi qui m'a encouragée à aller à l'école, moi qui, petite fille, préférais trottiner accrochée au pagne de ma mère (...) C'est grâce à lui que le français, qu'il ne connaissait pas, est devenu pour moi cette seconde langue qui fut mon passeport et mon sauveur. Mon père s'était juré de sauver au moins un de ses enfants par l'école, et il ne s'est pas trompé. "

Avec retenue et tact, elle évoque ainsi ce massacre qui a tué trente-sept membres de sa famille mais l'a épargnée, et ce parce qu'elle a suivi les conseils de son père et a fait des études qui l'ont éloignée de son pays en 1994. Des années après, elle revient sur les lieux du massacre, et ces moments, peut-être les plus beaux du roman, sont chargés en émotion.

Un beau témoignage très sensible.

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard

Du même auteur : L'iguifou ♥ ♥ ♥ ♥ ; Notre-Dame du Nil ♥ ♥ 

Publié dans Littérature Afrique

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Le Cas Wycherly de Ross MACDONALD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Lew Archer est sollicité par un riche californien Homer Wycherly pour retrouver sa fille disparue depuis deux mois. Mais il demande expressément à Lew de ne pas chercher à contacter pour son enquête son ex-femme Catherine avec qui il semble avoir des rapports houleux, demande qui ne va guère lui faciliter la tâche puisque tout semble converger vers elle... 

Ce roman est hanté par une atmosphère de roman noir opaque avec des secrets de famille, des rapports conflictuels, et un privé au milieu qui se démène pour démêler le vrai du faux. L'intrigue est influencée par la vie privée de l'auteur qui connait aussi des vicissitudes avec sa fille ainée : en 1956, alors qu'elle n'a que dix-sept ans, elle est impliquée dans un homicide involontaire. Trois ans plus tard, alors qu'elle est en liberté conditionnelle et sous traitement psychiatrique, elle disparait pendant une semaine. De fait, les personnages acquièrent une vie propre et leur portrait psychologique sonne tragiquement vrai.

Un roman noir à découvrir !

 

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur :Cible mouvante ♥ ♥ ♥ ♥ (Policier) Noyade en eau douce ♥ ♥ ♥ (Policier) ; La côte barbare ♥ ♥ (Policier)

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Ce genre de petites choses de Claire KEEGAN

Publié le par Hélène

♥ ♥

Bill Furlong est un marchand de bois et de charbon d'origine modeste, à la tête d'une famille de cinq filles, il a su monter sa propre entreprise. Sa mère, domestique, s'étant retrouvée enceinte à 15 ans, il fut élevé par sa patronne, généreuse femme qui a su les prendre sous son aile. Elle a ainsi pu éviter à sa mère d'être enfermée dans le couvent voisin géré par une congrégation religieuse mais cachant en réalité une sombre réalité...

Bill est chargé de livrer ce couvent, et les rencontres qu'il y fait le placent face à un dilemme... Quels choix va t-il faire pour être en paix avec sa conscience ?

"Il pensa à Mrs Wilson, à ses bontés quotidiennes, à la manière dont elle l'avait repris et encouragé, aux petites choses qu'elle avait dites et faites et avait refusé de faire et de dire et à ce qu'elle avait dû savoir, aux choses qui, quand on les totalisait, représentaient une vie."

Le roman fait ainsi allusion au scandale des Magdalen Laundries, institutions gérées par des congrégations religieuses dans lesquelles furent enfermées et maltraitées des centaines de femmes depuis le dix-neuvième siècle, et qui fait l’objet d’une attention particulière depuis les années 1990.

La transposition est plutôt réussie, les personnages suffisamment incarnés pour capter notre attention, avec un Bill attachant cherchant un sens à sa vie que le hasard va peut-être lui offrir.

Ce que j'ai moins aimé :

- La fin, abrupte, bien trop ouverte à mon goût.

Bilan :

Un court roman simple qui laisse un goût d'inachevé...

 

Présentation de l'éditeur : Sabine Wespieser Editeur

Du même auteur : Les trois lumières

Publié dans Littérature Europe

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Le bonhomme de neige de Jo NESBO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

De mystérieuses disparitions semblent aller de paire avec la découverte de bonhomme de neige dans la cour des disparues. Dans le même temps, l'inspecteur Harry Hole reçoit une lettre signée "le bonhomme de neige" qui lui annonce d'autres victimes. Hole découvre en effet d'autres cas similaires de disparitions de femmes mariées mères de famille, et il comprend alors qu'il est confronté à son premier meurtrier en série.

La série des Harry Hole est bien conçue, les enquêtes se déroulant avec un suspens haletant, ponctué de rebondissements savamment dosés, et le tout avec une pointe d'horreur et de surnaturel incarnée ici par ce bonhomme de neige qui semble prendre vie pour rendre sa justice. Le héros est assez stéréotypé, malheureux noyant son amertume dans l'alcool, mais ses imperfections finissent par le rendre attachant.

Je n'ai pas lu la série dans l'ordre et jusqu'ici cela ne m'a pas dérangée, on reprend vite le fil de la vie privée de Harry Hole.
 

Du même auteur : Le léopard ♥ ♥ (Policier) ; Rue sans-soucis ♥ ♥ ♥ (Policier) ; L'étoile du diable  ♥ ♥ (Policier)

La série des Harry Hole dans l'ordre :

  1. L'Homme chauve-souris
  2. Les Cafards,
  3. Rouge-gorge,
  4. Rue Sans-Souci,
  5. L'Étoile du diable,
  6. Le Sauveur,
  7. Le Bonhomme de neige,
  8. Le Léopard,
  9. Fantôme,
  10. Police,
  11. La soif
  12. Le Couteau,
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L'été Diabolik de Thierry SMOLDEREN et Alexandre CLERISSE

Publié le par Hélène

"Car le véritable démon loge dans le coeur des hommes, pas dans les bureaux du KGB"

L'été 67, un innocent match de tennis fait basculer la vie de Antoine, 15 ans. En effet, sa victoire entrainera des rencontres décisives pour la vie future de son père et la sienne. Et pourtant, cet été semblait se placer sous le signe des nouvelles amours et amitiés, mais une atmosphère étrange et macabre s'installe finalement peu à peu, transformant irrémédiablement l'été et la jeunesse du pauvre Antoine . Le jeune homme mettra vingt ans à comprendre ce qui s'est joué cet été-là. Les masques tomberont les uns après les autres, balayant les illusions adolescentes.

L'été Diabolik est un hommage aux revues BD qui sortaient dans les kiosques et ont nourri toute une génération d'adolescents. En effet, Diabolik était une publication de série noire dessinée créée en 1962 par Angela et Luciana Giussani, une BD italienne à l'atmosphère mystérieuse et érotique, propre à séduire les adolescents...

Ce que j'ai moins aimé : Les dessins très vifs censés rappeler les comics ne me parlent malheureusement pas...

Bilan : Mêlant subtilement une intrigue haletante, mystérieuse et une belle réflexion sur l'adolescence, cet été Diabolik marquera les esprits sensibles aux comics colorés ...

 

Présentation de l'éditeur : Dargaud 

D'autres avis : Télérama ; Babélio

 

L'été Diabolik, Thierry Smolderen et Alexandre Clerisse, Dargaud, 168p., 21 euros

Public : Ado-adulte - à partir de 12 ans
 

Bande dessinée qui fait partie de la sélection polar du Prix SNCF du POLAR et aussi du Prix Fnac BD

 

Bd de la semaine chez Moka

 

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Calvin et Hobbes tome 1 de Bill WATTERSON

Publié le par Hélène

 ♥ ♥  

Calvin est un petit garçon de six ans qui se sent un peu seul, mais est doté d'une imagination débordante. Ainsi, il donne vie à son ours en peluche Hobbes, se créant ainsi un meilleur ami de choix !

Ce premier tome se déroule pendant les vacances, Calvin et Hobbes sont soumis a vide des journées qui s'étirent sans fin, journées qu'ils s'empressent de remplir grâce à leurs projets fantasques. Ainsi, ils partent dans la forêt avec un téléphone pour répondre à l'appel de la forêt, jouent au croquet, et finissent par se bagarrer, s'envolent sur le tapis volant-paillasson de l'entrée ou s'amusent à embêter Susie, la petite voisine.

Les autres personnages restent relativement discrets, satellites dans la vie des deux compères, Calvin se plaisant à rappeler que son père est élu et risque de perdre ses prochaines élections... "Si tu penses te représenter comme "papa", tu devrais préparer ta campagne. Franchement, les sondages sont mauvais, ton mandat risque de ne pas être reconduit."
 

Cet hymne à l'imaginaire des enfants résonne de tendresse dans nos coeurs d'adultes !

 

Présentation de l'éditeur : Hors collection

D'autres avis : Convaincue par Sabine ; Mo 

 

Bd de la semaine accueillie par Stephie

 

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