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1350 résultats pour “vie parfaite

Maus d’Art SPIEGELMAN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

 « Auschwitz, personne ne peut comprendre. » (p.64)

 

L’auteur :

 Art Spiegelman est un illustrateur et auteur de bande dessinée américaine, né le 15 février 1948 à Stockholm (Suède). Figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 1970-1980, il est à partir du milieu des années 1980 surtout connu pour sa bande dessinée Maus, qui lui a valu un Prix Pulitzer. C'est également un illustrateur reconnu. Il vit à New York avec sa femme, Françoise Mouly. Il est sacré Grand Prix de la Ville d'Angoulême en 2011.

 L’histoire :

 Le père de l'auteur, Vladek, juif polonais, rescapé d'Auschwitz, raconte sa vie de 1930 à 1944, date de sa déportation. Ce récit est rapporté sous la forme d'une bande dessinée dont les personnages ont une tête d'animal : les juifs sont des souris, les nazis des chats, les Polonais des porcs et les Américains des chiens.

 Ce que j’ai aimé :

-          Art Spiegelman met en avant la force de ce père qui, grâce à son intelligence, à son ingénuosité, àmaus.jpg réussi à survivre. Pour cela il a exercé divers métiers de prof d'anglais à cordonnier en passant par zingueur, mais toujours avec la féroce envie de ne pas sombrer, de survivre coûte que coûte dans un monde impitoyable et inhumain. 

- Si la description du passage par les camps est criante de vérité, l'évocation de l'après-Auschwitz et des séquelles irrémédiables qu'une telle expérience fait peser sur les survivants est expliquée avec autant de brio : Vladek est un homme marqué qui ne s'adapte que très difficilement au monde et aux gens qui l'entourent désormais. Il a perdu une partie de lui-même dans ces camps, il reste un rescapé torturé et torturant pour ses proches.

-           Le dessin en noir et blanc  est en parfaite adéquation avec cette période sombre de l’histoire, permettant à la fois d'en souligner la noirceur mais aussi de masquer quelquefois l'horreur de scènes qui auraient pu être bien plus choquantes en couleurs.

- Enfin, le choix de peindre les êtres sont les traits d'animaux stigmatise le fait que les nazis condamnaient une race entière sans aucun critère rationnel.

 -          Par sa justesse et son intelligence, Maus fait partie des BD indispensables !

 « Alors seul mon petit frère Pinek est sorti vivant de la guerre… Pour le reste de ma  famille, il reste rien, même pas une photo… » (p.116)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien

Vous aimerez aussi :

  Si c'est un homme de Primo Levi

D’autres avis :

Miss Alfie, Zarline, Mango

 

Maus, Art Spiegelman, traduction de Judith Ertel, Flammarion, 1998, 2 tomes, 28 euros

 

 BD du mercredi de Mango 1

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Dans les veines ce fleuve d’argent de Dario FRANCESCHINI

Publié le par Hélène

                                               dans-les-veines.gif

♥ ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

 

Dario Franceschini est un écrivain italien qui signe ici son premier roman. Il a été élu président du groupe parlementaire « l’Olivier » à la Chambre des Députés.

 

L’histoire :

 A l'heure où sa vie approche de son automne, Primo Bottardi décide de revenir sur les lieux de sa jeunesse et de retrouver un ami qui lui avait posé quarante ans plus tôt une question à laquelle il n'avait pas su répondre. Son périple le ramène au bord du Pô, parmi les pêcheurs d'esturgeons, dans une atmosphère de brume et d'eau qui change la plaine en un mirage infini.

 

Ce que j’ai aimé :

Le lent voyage de Primo est teinté de mélancolie, comme si le vieil homme observait le monde pour mieux l’imprégner sur sa rétine, pour n’en perdre aucun détail et s’en souvenir ainsi avec acuité. Il rencontre des personnages atypiques, venus tout droit de son passé comme le magicien Ariodante, il se souvient de rencontres lointaines ou écoutent les hommes et les femmes raconter leur histoire, bercés par le rythme lancinant et immuable du fleuve.

Au fil des pages comme au bord du fleuve s’infiltre une magie parfaitement intégrée à la réalité, parce que l’homme ne peut pas tout expliquer et que la réalité peut prendre des atours mystérieux.

Dans les veines ce fleuve d’argent est un texte magnifique qui nous emporte aux confins de l’existence…

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien

 

Premières phrases :

 « Il avait toujours confondu le silence avec le froid. Pendant les nuits moites d’été, il regardait les lèvres de marie qui bougeaient, sans un bruit, au rythme des mots de son livre, et il commençait à trembler sous les draps rêches de coton blanc. »

 

Vous aimerez  aussi :

 Le jour avant le bonheur de Erri DE LUCA

 

D’autres avis :

Sabbio , Leiloona, Clara

Télérama, Le matricule  des anges

 

Dans les veines ce fleuve d’argent, Dario Franceschini, traduit de l’italien par Chantal Moiroud, éd. L'Arpenteur/Gallimard, 150 p., 13 €.

POCHE : Dans les veines ce fleuve d’argent, Dario Franceschini, traduit de l’italien par Chantal Moiroud, Folio, 4.60 euros

 

challenge voisins voisines

Publié dans Littérature Europe

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Une rivière verte et silencieuse de Hubert MINGARELLI

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

Une petite merveille pour souhaiter une

bonne fête à tous les pères !!!

  

L’auteur :

 

Hubert Mingarelli est un écrivain français. Il est lauréat du Prix Médicis en 2003 pour son roman Quatre Soldats. Il vit aujourd'hui dans un hameau de montagne de Matheysine dans les Alpes françaises.

 

L’histoire :

 

Un petit garçon, Primo, vit seul avec son père, ouvrier au chômage. Pauvreté matérielle et dénuement psychologique marquent ce récit. Le père et l'enfant imaginent faire fortune en cultivant des rosiers. On leur coupe l'électricité. Ils vont manger dans un bistrot où une femme chante des chansons grivoises. Ils volent des cierges dans une église pour s'éclairer. (Présentation Fnac)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Une rivière verte et silencieuse est un texte court et lumineux serti comme une pierre précieuse. Chaque scène est parfaite, s’insérant à merveille dans l’ensemble.

 

-          L’amour du père et du fils est au coeur du roman : ce père attendrissant est considéré comme un raté par tous mais l’amour de son fils va réussir à le sauver. Ils ont besoin l'un de l'autre, quoi qu'il arrive, Primo  veut désespérément croire en cet homme, son seul repère dans une vie solitaire, comme le père a besoin de choyer son fils pour se sentir exister :

 

« Les gens prétendaient que mon père était un raté. Ils omettaient de dire qu’il avait attrapé des truites bleues à la main.

Je fermai les yeux.

Une rivière verte et des truites bleues. » (p. 52)

 

  - C'est un roman très visuel, la brieveté et la pureté des scènes leur apporte une intensité miraculeuse. Il est difficile de trouver les mots pour décrire cette merveille, je n'aurais qu'un seul mot "lisez-le"...

       

   « C'est vraiment pas grand-chose que ce livre, mais un premier roman capable de faire naître autant d'émotions, si on croyait en Dieu, on dirait qu'aujourd'hui c'est presque un miracle. » (Thierry Guichard, Matricule des Anges)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien…

 

Premières phrases :

 

« Cette herbe poussait si vite que personne ne jugeait utile de couper une herbe qui aurait repoussé le lendemain. Elle commençait derrière les maisons et, me semblait-il, s’étendait aussi loin que la vue portait depuis le sommet du château d’eau. Mais je ne pouvais pas l’affirmer, car je n’étais jamais monté sur le château d’eau. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Trois chevaux de Erri DE LUCA

 

D’autres avis :

 

Le Matricule des Anges

 

Une rivière verte et silencieuse, Hubert Mingarelli, Editions du Seuil, 1999, 123 p., 11.43 euros

POCHE : Une rivière verte et silencieuse, Hubert Mingarelli, Points, 2001, 128 p., 5 euros

 

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Le goût des pépins de pomme de Katharina HAGENA

Publié le par Hélène

                                                           gout pépins de pomme  

♥ ♥ ♥ ♥

Un joli roman sur le thème du souvenir.

  

L’auteur :

 

Katharina HAGENA est une écrivaine allemande qui signe là son premier roman. Ell est professeure de littérature à l’université d’Hambourg.

 

L’histoire :

 

A la mort de Bertha, ses trois filles Inga, Harriet, Christa, ainsi que sa petite-fille Iris se retrouvent sur les lieux de leur enfance à Bootshaven au nord de l’Allemagne. Iris hérite de la maison familiale et va s’y installer le temps de régler les questions de succession. Ce sera l’occasion d’appeler à elle les souvenirs liés à la maison.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Le charme diffus qui se dégage de cette lecture. De subtils entrelacs naissent entre la vie des personnages et la nature créant une atmosphère bucolique et aérienne presque magique.

-          Le thème de la mémoire et du souvenir : Iris rassemble des souvenirs éparpillés aux quatre vents et les offre à cette maison dépositaire de la mémoire familiale. La construction du roman épouse le caractère décousu de ses souvenirs confus et marqué quelquefois du sceau des secrets.

-          La description très fine que fait l’auteur des malades d’Alzheimer. Bertha avait sombré en effet les dernières années dans les affres de cette maladie tentaculaire.

-          L’intrigue liée à la mort de Rosemarie, la cousine d’Iris apporte la juste dose de mystère…

-          Plus prosaïquement, j’ai apprécié la couverture du roman, parfaitement en adéquation avec le récit.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Les réflexions quelquefois assenées plus que suggérées en une suite de question sans fin. Le texte pose de lui-même ces questions sur la mémoire et le souvenir, nul besoin d’en rajouter.

-          La bluette sentimentale. Etait-elle bien nécessaire ?

 

Premières phrases :

 

« Tante Anna est morte à seize ans d’une pneumonie qui n’a pas guéri parce que la malade avait le cœur brisé et qu’on ne connaissait pas encore la pénicilline. La mort survint un jour de juillet, en fin d’après-midi. Et l’instant d’après, quand Bertha, la sœur cadette d’Anna, se précipita en larmes dans le jardin, elle constata qu’avec le dernier souffle rauque d’Anna toutes les groseilles étaient devenues blanches. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Les cinq quartiers de l’orange de Joanne HARRIS

 

Merci à Julia GALLET des Editions Anne Carrière pour cette belle découverte.

 

Le goût des pépins de pommes, Katharina HAGENA, Editions Anne Carrière, janvier 2010, 19.50 euros

 

TAGS : Littérature allemande - Famille- Femmes

 

D'autres avis chez Aifelle, Mango, Sylde.

Publié dans Littérature Europe

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Mercy Street de Jennifer HAIGH

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Claudia travaille dans la clinique de Mercy Street à Boston. Là, les femmes désireuses d'avorter sont écoutées, prises en considération et guidées. Claudia les aide en répondant à leurs questions, en les accompagnant dans cette destinée bouleversée. Devant la clinique défilent des militants anti-avortement prêts à tout pour inciter les jeunes femmes désœuvrées à garder leur enfant. Claudia ressent de plein fouet cette pression quotidienne et s'échappe de temps en temps en rendant visite à Timmy, son vendeur d'herbe.

Si l'autrice s'attache aux pas de Claudia, pro-avortement, elle suit aussi la trajectoire des anti-avortements, et de l'un d'eux particulièrement virulent dans ses actes et propos. Elle offre ainsi une vision très juste de l'Amérique à travers ces personnages parfaitement bien cernés. Chacune de leur histoire est esquissée, ils prennent vie sous nos yeux pour incarner leurs idées, Jennifer Haigh fait preuve d'empathie pour chacun d'eux, elle expose les opinions , le passé qui a mené chacun là où il est à présent, pour mieux comprendre - sans excuser - certains choix.

La vision de l'Amérique qui nous est présentée est très réaliste : il s'agit de l'Amérique qui permet tellement facilement de se procurer des armes, de l'Amérique dangereuse inhérente à ces ventes, de l'Amérique des petits trafics de drogue, de l'Amérique qui a donné naissance à des groupuscules qui grâce à internet et à son anonymat se permettent d'aller à l'encontre de la dignité humaine, de l'Amérique qui laisse de côté tellement de misérables. Mais la vision est aussi universelle : la folie des hommes rôde, prête à s'enflammer ...

Pour apaiser les esprits, Jennifer Haigh invite son lecteur à la compassion et à la compréhension des phénomènes. Avec intelligence, elle pose les faits et actes pour ouvrir les esprits et peut-être, espérer enfin un semblant de paix...

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Mois de janvier : Sortie 2022

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Présumée disparue de Susie STEINER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Manon Bradshaw est inspectrice, traquant le jour les criminels, et le soir les prétendants éventuels. Cette célibataire endurcie aimerait ne plus être seule pour affronter les duretés que la vie lui réserve. Une nuit, après une énième rencontre Internet ratée, elle est confrontée à la mystérieuse disparition d'Edith Hind, étudiante à Cambridge. La jeune femme semble s'être volatilisée, et des traces de sang apparaissent dans sa maison. Néanmoins les indices restent minces pour se lancer sur la piste de la jeune femme, et les pressions augmentent étant donné que son père n'est autre que le médecin de la reine. Les points de vue alternent pour proposer un kaléidoscope enrichissant : celui de Manon, de Davy, son jeune collègue, de Miriam, la mère d'Edith ou encore d'Hélèna, la meilleure amie d'Edith.

La trame sociale est dense, mettant en avant l'errance des jeunes, tous milieux confondus, évoquant les foyers d'accueil pour les plus jeunes, pas toujours fréquentables, le rôle des associations. Manon jouera un rôle important pour eux. Ce personnage, appelé à devenir un personnage récurrent des romans de l'auteure, ressemble à de nombreux héros de romans policiers écorchés, exhalant un malaise lancinant. Son originalité tient dans ces rencontres et relations qu'elle enchaine pour combler le vide, à tout prix, parce qu'elle court après une image parfaite de ce qu'elle doit être. Elle apprend au fur et à mesure que la perfection n'existe pas, "Il y a toujours quelque chose : une maladie, un divorce, un deuil, à moins que ce ne soit la découverte d'une face cachée de la personnalité qui rend toute cohabitation impossible. Chacun fait du mieux qu'il peut et purge sa peine, les gens se retrouvent ensemble par accident (...)."

Un bon moment de lecture, mais rien non plus de très nouveau ou original.

 

Présentation de l'éditeur : Les arènes

D'autres avis : découvert chez Eva ; Cathulu ; Clara

Publié dans Roman policier Europe

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Bondrée de Andrée A. MICHAUD

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Je ne suis jamais retournée à Bondrée, mais j’en garde un souvenir vivace me permettant de toucher à la fragilité du bonheur chaque fois qu’un froissement d’ailes soulève un parfum de genièvre et qu’un renard détale, vivant, à l’orée d’un sentier. "

À l’été 67, trois jeunes filles inséparables hantent les épaisses forêts entourant Boundary Pond. Dans ces bois, erre l'âme de Pierre Landry ayant choisi la mort après le rejet de sa belle. Au creux des fourrés, une des jeunes filles est retrouvée morte, sa jambe prise dans un vieux piège rouillé. S'agit-il d'un accident ? Quand sa meilleure amie trouve la mort dans les mêmes circonstances, il devient clair que le tueur n'est pas seulement un vieux piège à ours...

"Rien ne semblait pouvoir assombrir l’indolence bronzée de Boundary, car c’était l’été 67, l’été de Lucy in the Sky with Diamonds et de l’exposition universelle de Montréal, car c’était le Summer of Love, clamait Zaza Mulligan pendant que Sissy Morgan entonnait Lucy in the Sky et que Francky-Frenchie Lamar, munie d’un cerceau orangé, dansait le hula hoop sur le quai des Morgan. Juillet nous offrait sa splendeur et personne ne soupçonnait alors que les diamants de Lucy seraient sous peu broyés par les pièges de Pete Landry. "

Le désarroi des uns et des autres est prégnant dans cette petite communauté écrasée par l'été : désarroi des mères tentées de tenir leurs enfants enfermés, désarroi des policiers hantés par ces jeunes disparues et par ce tueur qui ronge pue à peu leur vie personnelle, désarroi des jeunes filles qui aimeraient courir leur liberté dans les bois. Au milieu d'eux tous, la petite Andrée apporte un peu de fraicheur à cette lourde atmosphère, observant du haut de sa pré-adolescence les errances de chacun, et hésitant à devenir comme les jeunes filles "That's kind of girl".

L'écriture de Andrée Michaud rend parfaitement la moiteur de cet été, et le mélange des communautés de cette région entre Québec et Maine américain. Son style à la fois lyrique et réaliste mélange savamment le français et l'anglais, pour coller au plus près au langage de chacun.

 

Ce que j'ai moins aimé : Quelques longueurs.

 

Bilan :  Pour ceux qui aiment les romans d'atmosphère.

 

Présentation de l'éditeur : Rivages Noir

D'autres avis : Karine, Yueyin, Les deux bouquineuses ; Clara ;

 

En lice pour le prix Polar SNCF

Et ma première participation pour Québec en novembre

avec Karine et Yueyin

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Ruy Blas de Victor HUGO

Publié le par Hélène

                                     

♥ ♥ ♥

"Oh! s'il est vrai que Dieu, par un prodige étrange

En nous donnant l'amour, voulut mêler en nous

Ce qui fait l'homme grand à ce qui le fait doux."

 

La reine, femme du roi Charles II  s'ennuie loin de son Allemagne natale. 

"Pauvre femme ! passer tous ses jours dans la gêne, 

Au fond de cette cour insipide ! et n'avoir

D'autre distraction que le plaisir de voir,

Au bord de ce marais à  l'eau dormante et plate,

Un vieux comte amoureux rêvant sur une patte !"

Seule distraction dans ses journées mornes, la découverte quotidienne d'un bouquet de ses fleurs préférées sur un banc. Elle apprend rapidement que ce don miraculeux est le fait de Don César, un noble. Ce qu'elle ignore est que celui qui se cache sous les traits de Don César n'est qu'un valet, un "ver de terre amoureux d'une étoile", simple outil de la vengeance d'un grand d'Espagne, Don Salluste, disgracié par la reine. Seuls les sentiments de Ruy Blas sont véritables, tout le reste n'étant que faux semblant visant à discréditer la reine. 

Quel sort subira cet amour impossible qui cherche à s'affranchir des lois sociales ? 

Ruy Blas est un symbole puissant pour le romantique Hugo : héros romantique, il a soif d'idéal et vit son amour fantasmatique dans un lyrisme brûlant. Mais il représente aussi le souffle de la révolte puisque pour l'auteur le peuple doit pouvoir accéder aux plus hautes fonctions de la nation. Ruy Blas incarne ce potentiel révolutionnaire du peuple. Face à une noblesse décadente, la vacance du pouvoir permet tous les espoirs.

Hugo malmène les règles classiques dans ce drame romantique : la règle des trois unités n'est guère respectée, l'alexandrin est disloqué et enfin le grotesque cotoie le sublime, parce que seule cette alliance garantit une représentation fidèle de la vie sous tous ses aspects. 

Un drame romantique aux nombreuses ramifications, puissant et émouvant.

 

Vous aimerez aussi : 

Du même auteur : Préface de Cromwell

Autre : On ne badine pas avec l'amour de Musset

Sur l''auteur : Larousse ; BNF 

Sur l'histoire : http://lettres.ac-rouen.fr/francais/romantik/ruy-blas/accueil2.html

 

Ruy Blas, Victor Hugo, Belin Gallimard, Classico lycée, 3.55 euros

Je conseille cette édition, parfaite pour les lycéens car elle comporte un dossier complet en fin de volume avec des fiches sur ce qu'il faut retenir. Très didactique.

Publié dans Théâtre

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Seules les bêtes de Colin NIEL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Au cœur des Causses, une femme a disparu alors qu'elle était partie randonner. Quand les anciens parlent de "la tourmente" qui l'a emportée, d'autres explorent d'autres pistes et remontent le temps pour comprendre. Plusieurs personnes prennent alors la parole tour à tour pour dévoiler des secrets bien tapis au creux des montagnes... Qu'il s'agisse de l'assistante sociale de la région, de son mari Michel, de Joseph, paysan reclus dans ses montagnes, ou de Maribé, nouvellement arrivée dans le village, tous ont des choses à cacher... Si au premier abord, les récits semblent déconnectés les uns des autres, page après page, les vies se raccordent pour trouver leur cohérence.

Les êtres, perdus dans cette montagne qu'ils subissent quelquefois, sont hantés par la solitude qu'ils cherchent à combler à tous prix. Ils ne sont pas tous paysans par choix, beaucoup ont subi l'influence familiale, la pression pour reprendre la ferme des parents pesant sur leurs frêles épaules.  Certains malfaisants profiteront et abuseront de cette solitude pour jouer avec les sentiments de ces êtres vulnérables.

Parfaitement maîtrisé, ce roman puise ses racines aussi bien dans des sujets d'actualité que dans une fine analyse sociologique des milieux paysans. Il est efficace aussi bien quand il nous plonge dans le Massif Central que quand il nous emmène en Afrique.

 

Présentation de l'éditeur : Le Rouergue

Du même auteur : Ce qui reste en forêt

D'autres avis : Babélio

Prix littéraires :


Prix Polar en séries de Quais du Polar 2017
• Prix Polar Landerneau 2017

• Prix de l'Académie cévenole Cabri d'or 2017
• Prix Goutte de Sang d’Encre 2017

• Prix du roman Cézam inter-CE 2018

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Stupeur et tremblements de Amélie NOTHOMB

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Amélie-san ayant vécu au Japon dans son enfance, décide de revenir dans ce pays fantasmé pour y travailler. Elle est alors embauchée dans la firme Yumimoto, en qualité d'interprète. Malheureusement cette expérience s'avère difficile, ne maitrisant pas les codes de la culture, elle multiplie les maladresses et chacune des tâches qu'on lui assigne se solde par un échec. Pourtant, Amélie-san ne se décourage pas, fascinée par Fumuki, sa supérieure hiérarchique, à la beauté parfaite, elle tente de mener à bien ses missions...

Dans ce roman autobiographique, Amélie Nothomb se concentre sur l'entreprise japonaise, les relations régies par une hiérarchie stricte, un système d'avancement long et contraignant, un dévouement pour l'entreprise, quitte à laisser sa vie personnelle de côté comme Fukumi :

« Non : s’il faut admirer la Japonaise – et il le faut -, c’est parce qu’elle ne se suicide pas. On conspire contre son idéal depuis sa plus tendre enfance. On lui coule du plâtre à l’intérieur du cerveau : « Si à vingt-cinq ans tu n’es pas mariée, tu auras de bonnes raisons d’avoir honte », « si tu ris, tu ne seras pas distinguée », « si ton visage exprime un sentiment, tu es vulgaire », « si tu mentionnes l’existence d’un poil sur ton corps tu es immonde », « si un garçon t’embrasse sur la joue en public, tu es une putain », « si tu manges avec plaisir, tu es une truie », « si tu éprouves du plaisir à dormir, tu es une vache », etc. Ces préceptes seraient anecdotiques s’ils ne s’en prenaient pas a l’esprit. »

Plus largement, l'innocence d'Amélie donne lieu à des situations cocasses liées à la différence de culture :

"- Ce qui est certain, c'est que si on en parle pas, il n'y a aucune chance de régler le problème.
- Ce qui me paraît encore plus certain, c'est que si on en parle, il y a de sérieux risques d'aggraver la situation. "

La personnalité attachante de Amélie-San permet de présenter des situations graves, humiliantes, avec humour, à passer outre les orages dégradants grâce à un esprit libre et fantasque.

"La fenêtre était la frontière entre la lumière horrible et l'admirable obscurité, entre les cabinets et l'infini, entre l'hygiénique et l'impossible à laver, entre la chasse d'eau et le ciel. Aussi longtemps qu'il existerait des fenêtres, le moindre humain de la terre aurait sa part de liberté. "

Un roman original qui marque les débuts en littérature d'Amélie Nothomb.

Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999.

 

Du même auteur : Frappe toi le coeur

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