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Un singe en hiver de Antoine BLONDIN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

A l'occasion du centenaire de la naissance de Antoine Blondin (1922-1991), les éditions de la Table ronde proposent une édition collector enrichie d'images du film d'Henri Verneuil (1962).

Dans un hôtel tenu par le couple Quentin, sur la côte normande, s'installe Gabriel Fouquet pour se rapprocher de sa fille Marie, pensionnaire dans le village. Il vient de subir une rupture et noie son chagrin dans l'alcool. Quentin, qui ne boit plus, l'observe et se rapproche peu à peu de lui. Une drôle d'amitié s'établit peu à peu entre eux, faite de fugue, de corridas, de rêves et d'alcool...

La solitude et le désœuvrement de ces êtres est touchante, marqués par la vie, ils tentent de trouver des échappatoires comme ils peuvent. Quand l'un a décidé de vivre dans l'ombre de sa vie, l'autre prend la lumière et entraine son comparse à ses côtés. La même mélancolie les anime, et ils se reconnaissent l'un l'autre.

" Ce que les hommes se disent tient en peu de mots, pensa Fouquet. Depuis hier soir, j'ai un nouvel ami et nous n'avons pas échangé trois paroles sérieuses. Ce qui s'est établi entre nous vient de plus loin, la qualité d'une attitude le révèle, un regard l'illumine ; le reste est de la sauce."

Ce que j'ai moins aimé :

Je gardais un souvenir ému du film, et j'ai été plus déçue par le roman au rythme plus lent. Je pense que mon souvenir devait beaucoup aux acteurs inoubliables Belmondo et Gabin...

Bilan :

Un beau roman empli d'humanité...

Présentation de l'éditeur : Editions de la Table Ronde

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L'archiviste de Alexandra KOSZELYK

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Notre art permet ceci : continuer de faire exister à travers les âges, grâce à notre parole, des poètes qui ne sont plus. L'art est cette opération magique qui, au-delà de lier mots et peinture, fait revenir à la vie des morts, les fait exister entre eux et avec nous, comme nous existons toi et moi en ce moment."

K. est une veilleuse de l'ombre. Alors que la guerre sévit en Ukraine, elle veille sur des œuvres d'art entassées dans sa bibliothèque lors de l'évacuation. Un soir, cette archiviste chevronnée reçoit la visite d'un des officiers envahisseurs qui lui demande de falsifier les œuvres ukrainiennes pour chanter la gloire de la Russie et ainsi réécrire l'histoire.

« Il ne s'agit pas de tout changer, vous l'aurez compris, mais seulement quelques parties, détourner quelques vers, mettre un mot à la place d'un autre, gommer un personnage sur un tableau, remplacer un chef d'État sur une photographie, détourner un objet folklorique de son usage premier. Vous voyez bien, ce n'est pas grand-chose ! Il ne s'agit même pas de destruction mais de réorganisation, voire de création ! de devenir l'autrice de cette nouveauté. »

En échange, il laissera la vie sauve à sa jeune sœur, mystérieusement disparue dans la tourmente de la guerre. K. va tenter alors de jouer un double jeu en faisant semblant d'obéir tout en tentant de sauver ces œuvres immémoriales. 

Chaque œuvre revisitée par K. permet de convoquer des artistes majeurs de l'art ukrainien, comme Sonia Delaunay, ou Lessia Oukraïnka poètesse, Tchoubynsky, Alla Horska, ou encore Maria Primatchenko. L'autrice revient aussi sur les pages marquantes de l'histoire ukrainienne : Holodomor, Tchernobyl ou Maïdan. Ainsi, elle appelle à la résistance, elle enjoint à défendre et à affirmer son identité, qu'il s'agisse de l'âme ukrainienne ou plus universellement, de sa propre histoire. Elle rappelle que l'art est l'âme d'un peuple et son histoire à la fois, et que sans lui, le peuple disparait. Alors si parfois la leçon aurait gagné à être distillée avec plus de subtilité ou de suggestion, il n'en reste pas moins que ce roman est un très bel hymne à l'art et à la résistance !

Présentation de l'auteur : Aux forges de Vulcain

Du même auteur : La dixième muse ♥ ♥ 

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Crazy Brave de Joy HARJO

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Puissent nos yeux et nos oreilles s'ouvrir encore pour entendre et connaitre nos ancêtres. Puissions-nous nous souvenir des histoires. Puisse cette histoire nourrir la vôtre."

Crazy Brave. Folle et Brave. Tels sont les noms que Joy Harjo a reçus en héritage de sa famille amérindienne. Fille d’une mère cherokee et d’un père creek, elle est née dans les années 1950 dans une réserve de l’Oklahoma.

Dans un monde marqué par la violence et l'absence d'espoir pour les femmes, Joy réussit à s'échapper par le biais des arts, du théâtre, du dessin, de la peinture, de la poésie, ou encore de la musique.

Ce que j'ai moins aimé :

Beaucoup de violence, des femmes battues à qui on brûle les ailes, des enfants vivant dans la peur, dans la faim...

Bilan :

Figure iconique du féminisme, nommée « Poète lauréat des États-Unis » en 2019 et 2020, Joy Harjo offre ici une ode à l'émancipation.

Présentation de l'éditeur : J'ai Lu

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Petit éloge de la poésie de Jean-Pierre SIMEON

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

«Je ferai, oui, l'éloge de la poésie. Sans restrictions. Sans états d'âme. Parce que la poésie n'est justement pas le lieu de la demi-mesure. Je le ferai d'une voix pleine, vive s'il le faut. Parce qu'on ne peut admettre plus longtemps, n'est-ce pas, que les poètes, malgré les révérences qu'on leur fait de loin en loin pour se disculper de la désinvolture et de l'indifférence avec lesquelles on les traite ordinairement, soient renvoyés à leur étrange petit commerce particulier qui n'aurait rien à voir avec les affaires du monde. Je veux faire l'éloge de la poésie pour tous, non pas, voyez-vous, comme un agrément, un ornement de l'existence ou le partage de je ne sais quelle distinction supérieure:comme une nécessité vitale.»

Jean-Pierre Siméon chante les vertus millénaires de la poésie dans ce petit recueil à garder précieusement auprès de soi...

"Le poème est un seuil qui mène à l'intensité perdue d'une présence pleine à soi, au tout de la vie, à la vertigineuse intensité du réel et à l'ivresse d'être qui naît en nous de simplement l'approcher."

*

"D'une part, la poésie est un combat contre la pente naturelle et fatale de toute langue, dans on usage social, à imposer une lecture fermée et univoque de la réalité, contre donc sa tentation totalitaire. D'autre part, la poésie nomme une farouche insurrection de la conscience contre tout ce qui ampute la vie de sa force désirante, de son aspiration même à s'affranchir de toutes limites."

*

L' "état de poésie" est un "état incandescent de la conscience propre à percevoir des liens et des affinités ordinairement absents à la pensée entre les lointains et les contraires, le haut et le bas, le concret et l'abstrait, les êtres et les choses, l'esprit et le corps, l'âme et la main, l'infime et l'immense, c'est illimité."

*

Dans un monde essoufflé qui perd son âme, la langue se retrouve asphyxiée et doit être libérée "Il n'est de parole que quand la langue respire. Le poème, c'est l'âme dans la langue. Seul le poème est parole."

A lire, relire, offrir....

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur : La poésie sauvera le monde ♥ ♥ ♥ ♥ (Essai)

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La vie d'adulte de Sophie Adriansen, dessins de Eloisa Scichilone et Mauro Gandini

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Marina, à l'aube de ses trente ans, doit se faire opérer le cerveau. Face aux risques, elle réfléchit alors au sens qu'elle souhaite donner à sa vie, vie qui ne tient finalement qu'à un fil... Après son opération, elle décide de vivre pleinement, sans plus se satisfaire d'un quotidien banal et sans saveurs. Elle plie bagage et part pour l'Italie. Là-bas, elle se délecte des moindres instants et apprend à dîner seule à une table de restaurant, à rester réceptive à ce qui l'entoure, à errer au gré de ses rencontres, à se laisser porter par le vent et le hasard... Elle apprend la liberté, la solitude, pour mieux revenir vers elle-même et les autres. Au terme de cette quête du bonheur, elle apprendra à se reconnecter à son âme d'enfant...

J'ai été conquise par la douceur de cette histoire, certes résolument feel good, mais profondément optimiste et lumineuse.

 Les dessins très colorés éclairent le destin de Marina, et réussissent admirablement à allier douceur et intensité.

Une BD à conseiller en ces temps sombres...

Présentation de l'éditeur : First Editions

Du même auteur : Je vous emmène au bout de la ligne  ♥ ♥ (Essai)  Quand nous serons frère et sœur ♥ ♥ ; Grace Kelly ♥ ♥ (bio) ; Max et les poissons ♥ ♥ ♥ ♥ (Roman jeunesse) ; Naître et grandir en musique  ♥ ♥ (doct) ; Les grandes jambes  ♥ ♥ ♥ (Roman jeunesse) ; Le syndrôme de la vitre étoilée ♥ ♥ ♥ ♥ ; Linea Nigra ♥ ♥ ;  Ailleurs meilleur ♥ ♥ ♥ (Roman jeunesse) ; L'été du changement ♥ ♥ ♥ (Roman jeunesse) ; La remplaçante ♥ ♥ ♥ (BD) ; Hystériques ♥ ♥ ♥

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A celui qui...

Publié le par Hélène

Chez moi, il a une étagère pour lui seul. En hauteur.

Il est celui qui a accompagné une de ces amitiés fusionnelles d’adolescentes,

Nos éclats de rire, nos connivences, nos complicités.

Nous chantions à tue-tête Céline Dion, mais nous lisions Bobin le soir,

Comme un équilibre, comme une évidence pour guider nos vies adolescentes tâtonnantes.

Je recopiais des passages entiers de ses livres sur des cahiers dorés,

Que je relisais inlassablement ensuite pour les faire miens.

Ses mots, ses choix résonnent éternellement en moi.

Il était cet homme simple et humble qui préférait la solitude lové au sein de la nature aux éclats éblouissants des projecteurs,

Cet homme qui pouvait s’émouvoir du vol d’un oiseau, d’une libellule dans un pré, d’un arbre qui frémit,

Cet homme qui avait compris que la vie n’a de sens que dans l’émerveillement du monde.

Désormais, il est parti enchanter les anges.

Puisse son chant résonner encore jusqu’à nous...
 

En ces pages :  Les ruines du ciel  ♥ ♥ ♥ ; La part manquante ♥ ♥ ; L’homme-joie ♥ ♥ ♥ ;  Eloge du rien ♥ ♥ ♥ ; La dame blanche ♥ ♥ ♥ ; La grande vie ♥ ♥ ; L'épuisement  ♥ ♥ ♥ ♥ ; L'inespérée ♥ ♥ ♥

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Gioconda de Nikos KOKANTZIS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Nìkos, un adolescent, et Gioconda, une jeune fille juive, s’aiment d’un amour absolu jusqu’à la déportation de celle-ci à Auschwitz, en 1943.

Le narrateur / auteur décrit les premiers émois amoureux, la découverte de la sexualité, l'émerveillement ressenti face à ce nouveau monde qui s'offre à eux, mais parallèlement, dans l'ombre, la fin se rapproche. Cette alliance entre la découverte de la sensualité, l'amour entier de la jeunesse et cette menace qui rôde dans l'air et les condamne crée toute la subtilité du roman.

Nikos Kokantzis a passé plusieurs années sans souhaiter évoquer cet amour tragique, mais quand il a compris que Gioconda mourrait une deuxième fois si il n'en parlait pas, il lui a écrit ce livre, son unique livre, mémorial inoubliable.

Présentation de l'éditeur : Les éditions de l'aube

Publié dans Littérature Europe

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Le sourire d'ivoire de Ross MACDONALD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

La riche Una Larkin envoie Lew Archer, détective, sur les traces de Lucy, sa femme de chambre noire qui lui aurait volé des bijoux. Mais Lew découvre la jeune femme égorgée dans une chambre de motel. Un autre détective semble suivre les mêmes pistes que lui, et l'affaire se corse indubitablement.

Fidèle à son talent, Ross MacDonald offre une construction au millimètre pour cette intrigue de roman noir. Si Lew navigue entre différents milieux, entre notables, médecins ou petit personnel, tout s'imbrique intelligemment autour de thèmes communs comme le sexe, l'argent, et les femmes fatales.

Il s'agit de la quatrième enquête de Lew Archer et je suis rarement déçue par ces romans !

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur : Cible mouvante ♥ ♥ ♥ ♥ (Policier) Noyade en eau douce ♥ ♥ ♥ (Policier) ; La côte barbare ♥ ♥ (Policier) ; Le cas Wycherly ♥ ♥ ♥ (Policier) 

 

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Le collier rouge de Jean-Christophe RUFIN

Publié le par Hélène

♥ ♥

En 1919, dans une petite ville écrasée par la canicule, un chien hurle à la mort devant la prison. Il attend l'unique prisonnier du lieu, Morlac. Bientôt le juge Lantier arrive pour interroger le prévenu et tente de le convaincre de faire amende honorable, mais Morlac refuse obstinément, assumant l'acte qui l'a mené en prison. Le lecteur ne découvrira la raison de son emprisonnement qu'à la fin du roman.

A travers cette histoire atypique inspirée de celle de son grand père, l'auteur témoigne de l'immensité de la violence vécue, qui transparait notamment dans les récits de guerre de Morlac envoyé à Salonique ou dans la Somme. Il s'interroge surtout sur la question de notre identité humaine qui devrait différer de celle de l'animal, et qui pourtant, en temps de guerre est mise à mal. Qu'est ce qui fait de nous un homme finalement ?

« Il avait toutes les qualités qu’on attendait d’un soldat. Il était loyal jusqu’à la mort, courageux, sans pitié envers les ennemis. Pour lui, le monde était fait de bons et de méchants. Il y avait un mot pour dire ça : il n’avait aucune humanité. Bien sûr, c’était un chien… Mais nous qui n’étions pas des chiens, on nous demandait la même chose. Les distinctions, les médailles, citations, avancements, tout cela était fait pour récompenser des actes de bêtes. « p127

Ce que j'ai moins aimé :

Malgré une construction au cordeau, j'ai trouvé que ce roman manquait d'intensité, d'incarnation et je n'ai pas ressenti l'enthousiasme d'autres lecteurs... A vous de voir...

 

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur : Immortelle randonnée ♥ ♥ ;  Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla ♥ ♥ ; Les flammes de pierre ♥ ♥ ♥ ♥

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Six ans, vingt-huit jours de Antoine RACCAT

Publié le par Hélène

♥ ♥

Alors qu'elle est sans nouvelles de Valentin depuis leur rupture deux ans auparavant, Caroline reçoit un appel de lui : il l'invite en vacances, en Grèce. Juste eux deux pour vingt-huit jours dans un décor paradisiaque. Caroline accepte, par respect pour ce qu'ils ont vécu ensemble.

Tour à tour, Caroline ou Valentin prennent la parole pour raconter, plonger dans le passé ou interroger l'autre à l'aune de ses différences. Cette alternance des points de vue permet de mettre en perspective deux choix d'existence : du côté de Valentin, la stabilité la sécurité, le quotidien, ou la vie au présent incarnée par Caroline qui refuse de ce fait la maternité. Alors que chacun semble sûr de ses choix, peu à peu ils constateront combien les certitudes sont fragiles et peuvent vaciller face à l'autre et tant lesdits choix sont induits par nos rencontres : "De l'autre on ne connait rien. (...) On n'est jamais ceci ou cela. Juste une palette d'humeurs, aux couleurs pâles, pas vraiment tranchées. Des sensations plus ou moins fortes et qui se déclenchent dans des contextes précis, selon tout un tas de paramètres - l'éducation, l'expérience, les gènes. Autrui se révèle par l'expérience ponctuelle et immédiate qu'on en fait, non par une espèce d'appréhension ontologique totale. Je doute qu'on vienne un jour à bout de l'humain."

Ce que j'ai moins aimé :

Le style, pas assez travaillé à mon goût, m'a gêné dés le début du roman.

La fin est un peu trop mélodramatique, était-il nécessaire d'en ajouter autant ?

Bilan :

Mitigé.

Présentation de l'éditeur : Robert Laffont

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